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Charolaise

La charolaise est une race de vaches françaises, originaire de la région de Charolles en Bourgogne, spécifiquement sélectionnées pour la consommation de leur chair, dont les individus sont de grand gabarit et de couleur blanche unie tirant parfois vers le crème.

Charolaise
Taureau charolais
Taureau charolais
Région d’origine
Région Charolais et Brionnais, deux régions de Bourgogne en Drapeau de la France France
Caractéristiques
Taille Grande
Robe Unie blanche
Autre
Diffusion Mondiale
Utilisation Bouchère

Fournissant une viande peu grasse et de bonne qualité gustative, elle est réputée pour ses qualités bouchères mais aussi pour sa forte croissance, sa rusticité et sa docilité. Cette race est très utilisée en croisement avec des races laitières ou locales afin d'améliorer la conformation des veaux.

Son élevage marque encore la région de Charolles, où elle est présente depuis très longtemps. D'abord animal de trait spécifique à cette région, cette vache bien adaptée au commerce de la viande a été élevée dans le Nivernais tout proche, puis dans une majeure partie de la France, notamment dans le Bourbonnais voisin, où elle a obtenu le premier label rouge bovin français en 1974. Deux herd-books distincts ont tout d'abord été créés, avant leur fusion en 1920. Au XXe siècle (époque du développement de la mécanisation dans l'agriculture), la race a été spécialisée avec succès dans la production de viande. Elle est ainsi devenue la première race bovine allaitante en France et en Europe.

Faisant l'objet d'un schéma de sélection performant, la charolaise progresse régulièrement. Elle tient également une place importante dans la culture du Charolais, où elle est représentée dans les arts depuis longtemps.

Histoire

Origine de la race et légendes associées

Chromatographie représentant un bœuf charolais en 1850.

On connaît peu de choses sur la véritable origine de la race, mais les légendes ne manquent pas à ce sujet. Ainsi, certains soutiennent que cette race est venue d’Europe centrale avec les grandes invasions, tandis que d’autres considèrent que ce sont des maçons lombards qui l'ont amenée lorsqu'ils sont venus construire les églises romanes du Brionnais et du Clunisois après le passage de Guillaume de Volpiano dans la région. Sanson, un zootechnicien français, pense que la charolaise est originaire du Jura[1]. Edmond Révérend du Mesnil lui attribue une origine plus orientale. Elle aurait selon lui été ramenée aux temps des croisades par les comtes de Damas, seigneurs de Semur[2]. Enfin, certains auteurs s'appuient sur une charte de Louis II le Bègue de 878 pour situer le berceau de la race à Beaujeu[note 1], non loin de Charolles[3]. Edward Gibbon, dans son Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, rapporte que les empereurs sacrifiaient des bœufs blancs. L'hypothèse selon laquelle ces bovins blancs auraient suivi les légions romaines lors de l'invasion de la Gaule pour arriver dans la région de Charolles a également ses adeptes[4], mais elle ne s'appuie sur aucune découverte archéologique, ni aucune conclusion génétique.

Selon Daniel Babo[5], la charolaise appartiendrait au rameau pie rouge des montagnes. En effet, le herd-book originel tolérait des taches rouges sur les individus. Cette hypothèse conforte la théorie de l'origine germanique de la race, la région ayant en effet été sous domination des Burgondes. Toutefois, des études menées par l'INRA sur les relations génétiques entre les principales races bovines françaises[6] la mettent à mal puisqu'elles apparentent la charolaise aux races du rameau blond et rouge du Sud-Ouest comme la limousine, la blonde d'Aquitaine et la salers et aux races du Centre comme la Ferrandaise et l'Aubrac.

Quelle que soit son origine, il est établi que la charolaise est présente depuis longtemps dans les bocages du Charolais et du Brionnais aux environs de la bourgade de Charolles d'où elle tire son nom. La race s’est développée dans ce terroir, bordé par l'Arconce à l'est, la Loire à l'ouest, les monts du Morvan au nord et les monts du Beaujolais au sud[3]. La charolaise serait restée dans cette aire géographique du XIVe à la fin du XVIIIe siècle, les barrières douanières empêchant son implantation dans les régions voisines jusqu'en 1772, après l'intégration de la région de Charolles au royaume de France[4].

De la bĂŞte de trait Ă  la bĂŞte Ă  viande

Vache charolaise et son veau.

Les individus de cette race bovine sont Ă  l'origine utilisĂ©s comme animaux de trait. La Bourgogne connaĂ®t Ă  cette Ă©poque des rendements agricoles faibles, comme d'autres rĂ©gions françaises, pratiquant deux cultures cĂ©rĂ©alières consĂ©cutives suivies d’une jachère alors que les cĂ©rĂ©ales constituent l’essentiel de l’alimentation des ruraux qui forment encore 85 % de la population en 1789. Les animaux vont paĂ®tre sur des surfaces qui leur sont destinĂ©es et qui sont les terres les moins bonnes : les jachères[note 2], les communaux, les prĂ©s après la fauche[note 3] ou mĂŞme dans les bois. Ils sont essentiellement utilisĂ©s pour le trait. Lorsqu'ils ne sont plus aptes au travail, Ă  l'âge de 6 ou 7 ans, ils sont vendus Ă  des emboucheurs qui les revendent pour la boucherie après les avoir engraissĂ©s[3]. Les paysans les plus aisĂ©s font travailler des bĹ“ufs. Les autres utilisent des vaches qui fournissent Ă©galement du lait et un veau par an.

Les pays charolais et le brionnais commencent à développer l’élevage bovin au XVIIe siècle, grâce au bocage naturel de la vallée de l'Arconce, au sein des bailliages de Charolles et de Semur-en-Brionnais, territoires qui se distinguent du reste de la Bourgogne car partagés en domaines privés et métairies dont les maîtres peuvent jouir de la pleine propriété. Ces deux bailliages accueillent un nombre important de bovins, dans des troupeaux gérés totalement par le propriétaire, sans intervention d'un pâtre extérieur. Nul ne connaît la véritable raison de cette exception faite au droit féodal. On suspecte une franchise accordée aux paysans par les puissants comtes de Sémur. Toujours est-il que ces régions se distinguent par le moindre morcellement des terres agricoles, le très grand nombre de bovins et leur meilleure conformation, le développement de l'engraissement des animaux pour la boucherie et la mise en place très précoce d'un bocage et de fossés permettant de clore les terres[3].

Au milieu du XVIIIe siècle, les troupeaux de Bourgogne commencent à être commercialisés à Paris (au lieu de Lyon, débouché plus habituel). Le voyage dure une vingtaine de jours, et les bêtes y sont menées sur pied, en passant par le Nivernais[note 4]. Cette évolution des pratiques s'inscrit dans une évolution plus générale de l'agriculture en France au XVIIIe : les productions agricoles des différentes provinces tendent à se spécialiser en fonction de leurs atouts géographiques et climatiques, et la réduction des taxes et droits de passages, ainsi que le développement des réseaux routiers (dont les voies royales) et fluviaux, permettent la commercialisation dans les grands centres de population urbaine comme Paris. Il devient alors rentable de développer une culture ou un élevage particulier, comme le vignoble ou la production bovine, et d'acheter le blé aux régions les plus adaptées à sa production. La production de céréales est ainsi remplacée par l’entretien des prairies naturelles et le semis de plantes fourragères.

Développement de la race au XIXe siècle : l'influence du modèle anglais

Comme pour d'autres races bovines françaises, on a tenté de croiser la charolaise avec des bovins de la race durham.

Durant la première partie du XIXe siècle, l'élevage de la charolaise s'étend progressivement dans la Nièvre, certains éleveurs du Charolais (à la tête desquels on trouve Claude Mathieu, fils d'Émilien Mathieu[7]) étant venus s'installer sur ces terres. Il s'étend par la suite dans les autres départements du Centre-Val de Loire. Afin d'améliorer la race, certains producteurs de ces régions font le choix de la croiser avec des animaux anglais de race durham. En effet, l'agriculture pratiquée en Angleterre est largement en avance. Le modèle féodal y a été abandonné plus précocement et les fermes sont de grande taille. Les animaux qui y sont élevés sont nettement mieux conformés que les animaux de trait en France. Soutenu par les pouvoirs publics français, qui ont créé par exemple des prix spéciaux pour les animaux charolais × durham dans les concours[3], l'importation d'animaux Durham est courante entre les années 1830 et les années 1850. Les premiers produits de ces croisements donnent entière satisfaction, ayant hérité notamment de la précocité, la finesse et l'aptitude à l'engraissement de la durham. Toutefois, au fur et à mesure des métissages successifs, les éleveurs s'aperçoivent que leurs animaux perdent de leur rusticité et de leur aptitude au travail, et que leur viande est bien souvent chargée de gras. Cela donne raison aux défenseurs de la sélection en race pure, et l'amélioration de la race par l'intégration de sang durham est finalement abandonnée vers 1850[7].

La période est propice pour le développement du cheptel charolais. En effet, à la suite de l'exode rural et de l'augmentation du niveau de vie dans les villes, il y a une forte demande de viande, et notamment de viande bovine. Entre 1813 et 1852, la consommation de viande bovine augmente de 34 %. Dans un même temps, les progrès techniques, comme le chaulage ou le semis de prairies artificielles, permettent aux éleveurs du Charolais et du Nivernais de voir la productivité de leurs prairies augmentée. Ils peuvent approvisionner sans difficulté les marchés des grands pôles urbains que sont Saint-Étienne et Lyon, d'autant plus que les moyens de transport se développent avec le chemin de fer. L'élevage, autrefois nécessaire pour fournir les animaux de trait indispensables au fonctionnement des systèmes de polyculture-élevage, devient un secteur économique de plus en plus important. Il a l'avantage de demander peu de main d'œuvre par rapport aux cultures et de bénéficier de prix relativement stables (pas d'importations venant d'autres pays), mais requiert un investissement de départ important. L'élevage pratiqué dans le Charolais est également moins sujet aux crises économiques que les secteurs viticoles et céréaliers, pour lesquels l'augmentation du coût de la main d'œuvre est fortement préjudiciable[3].

Le développement de la race

Vache charolaise.

Dès la fin du XIXe siècle, la charolaise voit croĂ®tre rapidement ses effectifs. Ainsi, le contingent total d'animaux charolais passe de 400 000 animaux en 1864 Ă  1 100 000 en 1900. Ă€ cette Ă©poque se crĂ©e une vĂ©ritable Ă©mulation entre Ă©leveurs, notamment par le biais des foires, ce qui permet d'amĂ©liorer la race de manière significative. Les animaux ont une vocation mixte travail et viande, et cela permet l'Ă©volution vers des animaux de grande taille, musclĂ©s et dĂ©posant peu de gras[7].

Le monde rural est fortement touché au début du XXe siècle par les deux conflits mondiaux qui font de très nombreuses victimes dans les campagnes. À ces pertes s'ajoute l'exode rural qui se poursuit et qui contribue à la diminution et au vieillissement de la population rurale. En compensation, l'agriculture va être plus intensive et moins gourmande en main d'œuvre ; la mécanisation va se développer rapidement dans les campagnes françaises en ce début de XXe siècle, notamment à la suite du plan Marshall. C'est un tournant pour l'élevage charolais. De race mixte viande-travail, la charolaise devient une race spécialisée à vocation uniquement bouchère[3].

Ainsi, la race charolaise prend dĂ©finitivement son essor dans les annĂ©es 1950 avec la rĂ©volution agricole. Les Ă©levages charolais se spĂ©cialisent dans la production de viande, abandonnant peu Ă  peu le schĂ©ma polyculture-Ă©levage traditionnel. La productivitĂ© augmente fortement, aidĂ©e par les nouveaux moyens de conservation de la viande (rĂ©frigĂ©ration, congĂ©lation) permettant d'exporter la charolaise, qui se distingue de la viande des races britanniques par sa faible teneur en gras, liĂ©e Ă  ses origines d'animal de trait[3]. Le cheptel français de race charolaise comprend en 2000 environ 1 850 000 individus[8], ce qui en fait la première race bovine allaitante française en termes d'effectifs. Il comprend environ 135 000 vaches inscrites au herd-book en 2007[9]. Les mâles sont au nombre de 75 000 dont 3 000 sont inscrits et 30 % reproduisent en insĂ©mination artificielle[10]. Le stockage de semence et d'embryons est performant.

Description

Morphologie

Taureau charolais.
  • Robe uniformĂ©ment blanche ou quelquefois crème ;
  • Sans tache ;
  • Muqueuse blanc rosĂ© ;
  • TĂŞte relativement petite, courte, Ă  front large, plat ou lĂ©gèrement concave, Ă  chignon rectiligne, Ă  chanfrein Ă©troit et court, cornes rondes, blanches, allongĂ©es, oreilles moyennes minces et peu garnies de poils, yeux grands et saillants, joues fortes, muscle large ;
  • Encolure courte peu chargĂ©e de fanon ;
  • Poitrine profonde, cĂ´te ronde et fondue avec l'Ă©paule. Dos horizontal et très musclĂ©, rein très large et Ă©pais, hanches lĂ©gèrement effacĂ©es mais très larges, ainsi que la croupe, culotte rebondie et très descendue. Ligne du dessous, parallèle Ă  celle du dos ;
  • Queue sans saillie trop prononcĂ©e, effilĂ©e, terminĂ©e par une touffe de crins fins ;
  • Membres courts et bien d'aplomb sans excès de finesse.
article 13 du règlement intérieur du herd-book charolais

Les animaux portent une robe uniformĂ©ment blanche ou crème, avec des poils mi-longs. Ils sont de grand format (135 Ă  150 cm pour 1 000 Ă  1 650 kg pour les mâles et 135 Ă  150 cm pour 700 Ă  1 100 kg pour les femelles)[11].

Particularités génétiques

Une mutation du gène de la myostatine existe en race charolaise, engendrant le caractère culard chez certains animaux. Ceux-ci présentent alors une hypertrophie musculaire, mais également une plus grande finesse des os et une meilleure valorisation des fourrages, mais sont moins fertiles et posent des problèmes de dystocie lors du vêlage. L'allèle incriminé est toléré en race charolaise, mais il est peu souhaité en raison des problèmes qu'il peut entraîner[12].

La charolaise doit sa couleur blanche a une mutation génétique particulière.

La couleur blanche caractéristique de la charolaise est également liée à une particularité génétique. C'est une mutation du gène responsable de la structure des mélanosomes qui en est à l'origine. Cette mutation génère des mélanosomes non fonctionnels qui ne peuvent pas produire correctement les pigments comme la mélanine, d'où la couleur très claire (diluée en fait) de la charolaise. Cette mutation est spécifique à la race charolaise : tous les animaux de la race la possèdent tandis qu'on ne la retrouve chez aucun représentant des autres races bovines. Elle peut donc être utilisée comme marqueur pour déterminer l'appartenance d'un animal, et même d'un produit d'origine animale, à la race charolaise[13].

Enfin, une maladie génétique existe chez la charolaise, le syndrome d'arthrogrypose-palatoschisis. Le veau nouveau-né atteint présente des signes d’insuffisance cardiaque. Son palais est fendu, et les membres présentent une ankylose au niveau du genou et du boulet. La plupart du temps, le veau meurt rapidement car la fissure de son palais ne lui permet pas de téter[14]. Ce gène, dominant à pénétrance incomplète, était assez fréquent dans les années 1970 (fréquence génique de 20 %), avant que l'on s'applique petit à petit à le supprimer[15]. Il est bien moins fréquent actuellement.

Aptitudes

Une très bonne race bouchère

Taureaux charolais dans une Ă©table.

La charolaise est une excellente race bouchère, apprĂ©ciĂ©e pour la qualitĂ© de sa viande persillĂ©e et avec une faible teneur en gras. Elle doit essentiellement cette caractĂ©ristique Ă  son passĂ© d'animal de trait[16]. Elle se caractĂ©rise Ă©galement par une très forte capacitĂ© de croissance. Celle-ci s'Ă©lève en moyenne Ă  1 100 g par jour dans les 120 premiers jours[17] et peut atteindre ponctuellement des valeurs de 2 000 g par jour. Elle dispose aussi d'une forte capacitĂ© d'ingestion, et son indice de consommation est plus faible que la moyenne[10]. Elle a une bonne conformation, parfois exacerbĂ©e chez les animaux culards. Les rendements carcasses sont toutefois un peu en deçà de ceux d'autres races Ă  vocation bouchère comme la limousine ou la Blonde d'Aquitaine[18], principalement Ă  cause d'une ossature très importante[19].

La charolaise peut être commercialisée comme animal de boucherie sous diverses formes, comme l'indique le tableau suivant.

Différentes formes de commercialisation des animaux de boucherie pour la race charolaise[16]
Type d'animalÂge à l'abattage (mois)Poids vif (kg)Poids de carcasse (kg)
Taurillon15 Ă  18700420
GĂ©nisse lourde24 Ă  36plus de 600plus de 350
Vache de boucherieplus de 36720430
BĹ“ufplus de 30700 Ă  770420 Ă  460

On peut noter que dans sa rĂ©gion d'origine, et plus gĂ©nĂ©ralement en France, très peu des animaux sont engraissĂ©s. Le revenu des exploitations vient de la vente de broutards, des animaux âgĂ©s de seulement 8 Ă  12 mois pour environ 340 kg de poids vif qui partent en direction de l'Italie et de l'Espagne pour y ĂŞtre engraissĂ©s[16].

Un certain nombre de labels de qualitĂ© vantent la qualitĂ© de viande de la charolaise. On compte notamment deux labels rouges, le Charolais Label Rouge, qui concerne des bĹ“ufs de plus de 30 mois et des gĂ©nisses de plus de 28 mois, et le Charolais du Bourbonnais, qui garantit un Ă©levage Ă  l'herbe des animaux pendant les trois quarts de l'annĂ©e sur les prairies bourbonnaises. Cette dernière appellation, premier label rouge attribuĂ© Ă  une viande bovine en 1974, bĂ©nĂ©ficie d'une Indication GĂ©ographique ProtĂ©gĂ©e (IGP), label europĂ©en qui Ă©tablit qu’il existe un lien entre le produit et le lieu oĂą il est produit ou transformĂ©. Par ailleurs, on peut noter l'existence d'une Appellation d'Origine ContrĂ´lĂ©e (AOC) bĹ“uf de Charolles depuis 2010, et les animaux charolais font partie des animaux autorisĂ©s pour la production de viande de l'AOC Fin gras du MĂ©zenc[20]. Ce type de certification, qui nĂ©cessite qu'un lien Ă©troit existe entre le produit, le terroir auquel il appartient et le savoir-faire de ses producteurs, est difficile Ă  faire valider pour une viande[21].

De bonnes qualités maternelles

Vache charolaise et son veau.

Les vaches sont apprĂ©ciĂ©es pour leurs qualitĂ©s d'Ă©levage. Elles ont une bonne fertilitĂ© (taux de gestation de 92 %[17]) et une bonne prolificitĂ© (106 pour 100 mises bas, ce qui en fait une race commune aux naissances gĂ©mellaires). Le vĂŞlage se passe gĂ©nĂ©ralement sans difficultĂ©, mais il n'est toutefois pas rare que l'Ă©leveur doive intervenir, et il est mĂŞme parfois nĂ©cessaire de rĂ©aliser une cĂ©sarienne pour extraire le veau. Les dystocies, qui posaient autrefois problème car elles se gĂ©nĂ©ralisaient, ont tendance Ă  se faire plus rare sous l'impulsion d'une sĂ©lection drastique. La charolaise a une bonne production laitière, et est rĂ©putĂ©e pour ĂŞtre la meilleure laitière des races Ă  viande[16]. Cela assure au veau une bonne croissance.

Une race rustique et docile

La charolaise est une race rustique, qui se montre capable de s'adapter à des milieux très différents. Elle montre de grandes capacités à utiliser ses réserves graisseuses en cas de période de sécheresse dans des régions chaudes. Par ailleurs, elle est réputée pour sa capacité à valoriser des fourrages grossiers, ce qui, combiné à sa forte capacité d'ingestion, en fait une race parfaitement adaptée à une conduite d'élevage extensive[16].

La docilité de la charolaise est également un de ces atouts. Elle permet un gain de temps et une meilleure sécurité pour l'éleveur, notamment lorsqu'il doit manipuler les animaux. Ce caractère est d'autant plus intéressant pour la conduite de grands troupeaux en élevage extensif[22].

Une race Ă  croisement

La charolaise est Ă  l'origine de diverses races comme la canchim.

La race charolaise est très utilisĂ©e en croisement, car l'utilisation d'un taureau charolais permet d'amĂ©liorer grandement les aptitudes bouchères des veaux de races laitières notamment. Ainsi, en France, sur les 500 000 vaches croisĂ©es, pas moins de 40 % l'Ă©taient avec un taureau charolais[8].

Exportée dès le XIXe siècle, la race charolaise a également pu servir dans de nombreux pays à améliorer les performances de races locales, les produits du croisement étant mieux adaptés au climat local que la charolaise, et mieux conformé que les animaux locaux. Ces croisements ont même conduit à la création de nouvelles races. C'est le cas du charbray aux États-Unis, comportant entre 5/8 et 13/16 de « sang » charolais et entre 3/8 et 3/16 de « sang » zébu[10] (Bos indicus) de race brahmane, et du canchim au Brésil, également par croisement avec le zébu de race indubrazil[17].

Les taureaux charolais primés sont très recherchés et leur prix atteint des sommets à l'exportation. En effet, ils sont réputés transmettre à leur descendance leurs qualités bouchères. De plus leur couleur blanche permet aux éleveurs laitiers de vendre des jeunes veaux croisés de huit jours, leur couleur claire signalant aux acheteurs qu'un mâle boucher a été utilisé, donnant ainsi de la valeur au produit.

SĂ©lection

Deux herd-books pour la race

Le 1er avril 1864 est crĂ©Ă© le herd-book des animaux de la race bovine charolaise amĂ©liorĂ©e dans la Nièvre et connue sous le nom de race nivernaise. Ce livre gĂ©nĂ©alogique, ouvert sous l’impulsion de la sociĂ©tĂ© d’agriculture de la Nièvre, inscrit 145 animaux dont 124 sont blancs, 18 blanc froment et quatre jaunes[3]. Son but est d’assurer le maintien de la puretĂ© de la race ainsi que son amĂ©lioration future. Une commission rapidement mise en place est chargĂ©e d’inscrire de nouveaux animaux. La première commission comprend les membres des sociĂ©tĂ©s d’agriculture de la Nièvre, du Cher, de l'Allier et de l’Indre et inscrira un total de 1 209 animaux dans 125 Ă©levages, dont la large majoritĂ© se situe dans la Nièvre[3].

Les élevages situés dans le berceau de la race semblent quelque peu à l’écart des démarches opérées par les éleveurs nivernais. Ils sont par ailleurs peu favorables au croisement de leurs animaux avec des durhams. La réaction a lieu en 1887, lorsque naît à Charolles le Herd-book de la race bovine charollaise[note 5] pure sur l’initiative de la société d’agriculture de Charolles et du Conseil général de Saône-et-Loire. L'utilisation de l'adjectif « pure » vise notamment à dénoncer le fait que les animaux élevés dans le Nivernais avaient gardé les traces des croisements avec la durham[3].

Après une première tentative de rapprochement qui Ă©choue, il faut attendre 1920 pour que la fusion des deux livres gĂ©nĂ©alogiques soit opĂ©rĂ©e pour former le herd-book charolais, avec une race charolaise Ă  la « robe uniformĂ©ment blanche ou quelques fois crème, sans tache ». Ă€ ce moment, 269 Ă©levages, comprenant 2 640 animaux, sont inscrits. La progression est assez lente entre les deux guerres, et prend finalement son essor Ă  partir des annĂ©es 1950[3].

Schéma de sélection actuel

Veaux charolais, issus de transfert d'embryons, avec leurs mères hereford et angus.

Après l'échec de l'amélioration du cheptel par les croisements avec les animaux anglais, les éleveurs décident rapidement d'améliorer les qualités d'animaux homogènes. Le herd-book, garant de l'origine des animaux, joue un rôle important dans cette politique d'amélioration de la race. À la fin du XIXe siècle, ce sont les qualités bouchères des animaux qui sont améliorées, notamment grâce aux concours qui ont récompensé les meilleurs animaux du point de vue de la conformation. À partir du XXe siècle, les enjeux économiques s'immiscent de plus en plus dans la politique d'amélioration de la race. Il ne s'agit plus simplement de produire plus de viande, mais de la produire à moindre coût. Les éleveurs doivent prendre en compte la croissance des animaux. Au cours de la deuxième partie du XXe siècle, de nouvelles techniques se développent qui permettent d'améliorer plus facilement la génétique des animaux, comme l'insémination artificielle ou la transplantation embryonnaire. C'est à cette période que s'est construit le programme de sélection de la race, sous l'égide du herd-book charolais, mais également de Charolais France[23].

La base de ce programme de sĂ©lection rĂ©side avant tout dans le choix des animaux qui seront destinĂ©s Ă  la reproduction. Le tri des meilleurs animaux du point de vue gĂ©nĂ©tique passe tout d'abord par l'Ă©valuation individuelle des animaux et implique diffĂ©rentes mesures. C'est le contrĂ´le de performances qui est chargĂ© de ce travail. Les animaux sont pesĂ©s Ă  120 jours et 210 jours, de façon que l'on puisse comparer les rĂ©sultats obtenus Ă  des âges similaires, et ils sont pointĂ©s. Le pointage consiste en une description de l'animal, de façon Ă  apprĂ©cier notamment sa conformation musculaire, son dĂ©veloppement squelettique et ses caractĂ©ristiques raciales[23]. Ă€ partir des donnĂ©es recueillies lors du contrĂ´le des veaux, 8 000 des 127 000 vaches inscrites au herd-book charolais sont qualifiĂ©es d'après les performances d’au moins trois de leurs veaux et se voient attribuer le qualificatif de reproductrice reconnue[10].

Taureau charolais lors du concours charolais au Salon de l'Agriculture de Paris en 2010.

Les taureaux font l'objet d'une sĂ©lection plus approfondie. En effet, il n'y a pas besoin d'un très grand nombre de taureaux pour assurer la fertilisation des femelles, un taureau pouvant saillir plusieurs femelles, voire des milliers dans le cas de l'insĂ©mination artificielle. Comme les besoins en nombre sont faibles, on peut se permettre d'appliquer une sĂ©lection plus stricte qui passe par une meilleure connaissance des qualitĂ©s gĂ©nĂ©tiques des animaux. Pour cela, on repère les meilleurs veaux au moment du sevrage, et on les rassemble en station d'Ă©valuation. Cela permet notamment d'Ă©lever les animaux dans des conditions strictement identiques, et de pouvoir comparer leurs performances sans biais possible[note 6]. Ce ne sont pas moins de 600 jeunes mâles qui sont Ă©valuĂ©s dans les 8 stations d'Ă©valuations de la race, localisĂ©es Ă  Nouhant dans la Creuse, Ă  la ferme du Marault Ă  Magny-Cours dans la Nièvre, Ă  CrĂ©ancey dans la CĂ´te-d'Or, Ă  Bressuire dans les Deux-Sèvres, Ă  Sommepy-Tahure dans la Marne, Ă  Jalogny en SaĂ´ne-et-Loire et Ă  Migennes et Charmoy dans l'Yonne. Les animaux passent cinq mois et demi dans ces stations, pĂ©riode durant laquelle on mesure leur croissance, leur dĂ©veloppement squelettique, leur dĂ©veloppement musculaire et leur efficacitĂ© alimentaire. Les meilleurs d'entre eux sur ces critères sont qualifiĂ©s, et la plupart d'entre eux sont destinĂ©s Ă  alimenter les Ă©levages en taureaux de monte naturelle[9].

Veau charolais Ă  un concours.

Pour atteindre un niveau de prĂ©cision encore plus important dans la connaissance de la valeur gĂ©nĂ©tique des animaux, 130 jeunes mâles, sĂ©lectionnĂ©s sur leur ascendance, font l'objet d'un programme de sĂ©lection visant Ă  choisir les taureaux qui seront utilisĂ©s pour l'insĂ©mination artificielle. Ces animaux sont eux aussi contrĂ´lĂ©s en station, puis les 45 meilleurs taureaux Ă  la sortie de la station sont Ă©valuĂ©s sur leur descendance. Cela consiste Ă  faire reproduire ces taureaux, puis de mesurer avec prĂ©cision les performances de leurs descendants afin d'en dĂ©duire leur valeur gĂ©nĂ©tique, estimĂ©e par une valeur nommĂ©e index et calculĂ©e par l'INRA Ă  partir de l'ensemble des donnĂ©es rĂ©coltĂ©es sur l'animal, avec plus de prĂ©cision. Ainsi, on rĂ©alise 300 insĂ©minations artificielles dites de testage pour chacun des taureaux Ă  tester. Ă€ la naissance des veaux, on Ă©tudie les conditions dans lesquelles se rĂ©alise le vĂŞlage afin d'Ă©valuer le taureau sur la facilitĂ© de naissance de ses veaux[23]. Au sevrage de ces veaux, les femelles sont dirigĂ©es vers la station d'Ă©valuation d'Agonges dans l'Allier. LĂ , elles sont Ă©levĂ©es dans l'optique de vĂŞler Ă  2 ans. Au cours de leur sĂ©jour dans la station, on s'intĂ©resse particulièrement Ă  leur croissance et leur morphologie, Ă  leur fertilitĂ© et Ă  leurs aptitudes au vĂŞlage et Ă  l'allaitement. Les rĂ©sultats de ces gĂ©nisses vont permettre d'attribuer la qualification « qualitĂ©s maternelles » Ă  certains de leurs pères. Les mâles issus des insĂ©minations de testage sont eux dirigĂ©s vers les stations de Lempdes dans le Puy-de-DĂ´me et de Pont-Sainte-Marie dans l'Aube.

Perspectives

La sélection vise aujourd'hui à améliorer la facilité de naissance des veaux. En effet, il arrive qu'on reproche à la vache charolaise de vêler parfois avec difficulté et qu'une intervention par césarienne soit de temps en temps nécessaire. De nombreux efforts ont d'ores et déjà permis d'améliorer la situation, mais il convient encore de repérer les lignées à problème de vêlage, et à mettre à disposition des éleveurs des taureaux d'insémination à vêlage facile, afin notamment d'éviter que les éleveurs mettent leurs génisses à la reproduction avec des animaux d'autres races[24]. Par ailleurs, les objectifs de sélection sur la période 2000-2010 sont de favoriser l'amélioration des pieds, la fertilité, la production laitière, la rusticité (notamment à travers les aplombs), la capacité de croissance et le rendement des carcasses[25].

De nombreux éleveurs coupent les cornes de leurs animaux, d'où l'intérêt d'obtenir des vaches sans cornes par sélection artificielle.

Certains éleveurs s'attachent aussi à développer une lignée sans corne, par mutation génétique. L'absence de corne assure une plus grande sécurité pour l'homme et limite les risques lors d'éventuels combats entre les animaux[26]. Les animaux sans cornes sont de plus en plus présents dans les manifestations et concours liés à la race.

Des modifications vont également concerner le schéma de sélection. Actuellement les organismes ayant en charge la race s'intéressent à la mise en œuvre d'un contrôle sur descendance des qualités maternelles des animaux destinés à l'insémination artificielle ; ce contrôle doit être intégralement effectué à la ferme. Les éleveurs vont gérer les génisses issues de testage de la même manière que les autres animaux de l'exploitation et les mesures (pointage, croissance) vont avoir lieu dans l'exploitation ; elles doivent concerner l'ensemble des animaux contemporains aux génisses de testage, afin de pouvoir effectuer des comparaisons et calculer les index[27]. Ainsi, la station d'évaluation d'Agonges ne devrait plus être en service à partir de 2011[28].

Enfin, les éleveurs cherchent à se doter de nouveaux outils pour la sélection tels que les locus de caractères quantitatifs (LCQ), gènes particulièrement intéressants qui permettraient de pratiquer la sélection assistée par marqueurs (SAM) comme elle existe déjà pour les races laitières. De nombreux programmes de recherche tentent de trouver de tels marqueurs génétiques pour les races bovines à vocation bouchère[29].

Diffusion de la race

En France

Vaches charolaises dans le Morvan, non loin de leur berceau d'origine.

Les vaches de race charolaises, originaires du Charolais et du Brionnais, ont Ă©tĂ© Ă©levĂ©es dans le Nivernais dès le XVIIIe siècle puis, progressivement durant le XIXe siècle, dans d'autres dĂ©partements voisins du Centre et de l'Est de la France comme l'Allier, le Cher, l'Indre, la Creuse, le Puy-de-DĂ´me, la Loire, la CĂ´te-d'Or et l'Yonne. Leurs qualitĂ©s d'animal de trait sont particulièrement apprĂ©ciĂ©es dans les zones cĂ©rĂ©alières de la rĂ©gion Centre, ce qui favorise Ă  l'Ă©poque le dĂ©veloppement de la race dans cette rĂ©gion[7]. Ă€ la fin du XIXe siècle, la VendĂ©e et les Deux-Sèvres, dont le bocage et les sols ressemblent Ă  ceux du Charolais, voient Ă  leur tour l'arrivĂ©e durable de bovins charolais[note 7]. La race a connu une seconde phase d'expansion durant les annĂ©es 1970 et 1980, se dĂ©veloppant fortement en Bretagne, en Normandie et en Lorraine. Au dĂ©but des annĂ©es 1990, la race est prĂ©sente dans 89 dĂ©partements : seuls les dĂ©partements de l'agglomĂ©ration parisienne et ceux de la CĂ´te d'Azur n'Ă©lèvent pas de charolaises[30].

À l’étranger

Taureau charolais sauvage dans la Sierra Nevada de MĂ©rida Ă  4 600 mètres d'altitude au Venezuela.

Au dĂ©but du XIXe siècle, les races britanniques sont les plus apprĂ©ciĂ©es mondialement, mais la tendance s'inverse vite devant les progrès rĂ©alisĂ©s par les races françaises et notamment la charolaise, qui profite de très bonnes aptitudes Ă  l'engraissement et d'une viande plus maigre que celle de ces homologues britanniques. Le Syndex, syndicat central d'exportation de la race charolaise, aujourd'hui disparu[31], se charge rapidement de dĂ©velopper l'Ă©levage de charolais dans d'autres pays d'Europe. Ainsi, au dĂ©but du XXe siècle, des animaux charolais sont acheminĂ©s vers l'Italie. Aujourd'hui encore, de nombreux broutards charolais sont exportĂ©s de la France vers les ateliers d'engraissement italiens[32]. Ă€ partir des annĂ©es 1950 et 1960, des bovins charolais sont exportĂ©s en Espagne, au Portugal, en Europe de l'Est, en URSS, en Scandinavie, au Royaume-Uni et en Irlande, oĂą la race charolaise est aujourd'hui majoritaire parmi les races Ă  viande. Dans tous ces pays, les charolais peuvent ĂŞtre Ă©levĂ©s en race pure, mais bien souvent ils sont utilisĂ©s en croisement avec les races locales, notamment pour augmenter le poids des veaux des vaches laitières. Ils font parfois preuve d'une très bonne adaptation Ă  des conditions climatiques difficiles. La politique d'exportation ne se limite pas Ă  l'Europe. Dès la fin du XIXe siècle, des Ă©leveurs sud-amĂ©ricains achètent quelques animaux charolais, mais c'est en 1910 que commence rĂ©ellement l'exportation avec le voyage d'animaux charolais partis Ă  la foire exposition de Buenos Aires. Le Syndex, crĂ©Ă© en 1921, se chargera d'amplifier le processus. C'est ainsi que la charolaise se dĂ©veloppe en Argentine et au BrĂ©sil, oĂą l'on rencontre un des plus grands contingents d'animaux charolais au monde, puis dans le reste de l'AmĂ©rique du Sud : Chili, Paraguay, Uruguay, PĂ©rou, Colombie, Mexique et Cuba croisent leurs animaux avec des charolais dès les annĂ©es 1950. L'essor de la charolaise dans ces pays est d'autant plus fort Ă  partir des annĂ©es 1950 que de plus en plus de consommateurs souhaitent alors une viande moins grasse, ce qui constitue une particularitĂ© de la charolaise et lui donne l'avantage sur ses concurrentes britanniques. L'arrivĂ©e des charolais en AmĂ©rique du Nord est un peu plus tardive. Il faut attendre les annĂ©es 1960 pour voir les bovins de la race s'implanter au Canada et aux États-Unis, oĂą leur entrĂ©e a longtemps Ă©tĂ© ralentie pour des questions sanitaires[note 8]. LĂ -bas les charolais sont croisĂ©s avec des zĂ©bus Brahmane (race bovine) pour former le « Charbray ». La race est Ă©galement utilisĂ©e en Afrique en croisement avec les races locales, et commence Ă  se dĂ©velopper en Asie et en OcĂ©anie. Sa prĂ©sence dans pas moins de 70 pays en fait une des principales races bovines au monde[30]. Après la France, les plus gros cheptels sont celui du BrĂ©sil qui compte 40 000 tĂŞtes et celui de l'Irlande qui reprĂ©sente 8 000 animaux[18].

La charolaise dans la culture

Labourage nivernais, toile de Rosa Bonheur.

La race charolaise est bien ancrée dans la culture de sa région d'origine, où elle fait la fierté des éleveurs. L'importance de la charolaise s'y révèle par exemple lors des manifestations locales, telle que la fête du charolais qui a lieu tous les ans à Saulieu, dans le Morvan[33], ou encore dans des établissements comme l'espace muséographique de la Maison du Charolais à Charolles, consacré à l'élevage de cet animal[34].

En 2010, l'ancrage de la race charolaise dans son berceau s'est matérialisé par la création d'une AOC Bœuf de Charolles[35].

En 2011, le Pays Charolais-Brionnais, berceau de la race bovine, a lancé une candidature pour inscrire le territoire au patrimoine mondial de l'UNESCO[36]. Les principaux enjeux de cette candidature sont la préservation d'un paysage de bocage et de pratiques traditionnelles d'élevage en harmonie avec la nature et en phase avec les attentes sociétales du bien-être animal[37].

Art

Bien avant qu’ils soient associés à la race charolaise, les taureaux blancs ont inspiré de nombreuses légendes, comme l’enlèvement de Io par Zeus. Beaucoup plus tard, des peintres animaliers tels que Rosa Bonheur ont représenté des animaux charolais.

Gastronomie

En cuisine, la viande charolaise a la réputation d'être goûteuse et pauvre en gras de couverture. On l'associe parfois à la cuisine traditionnelle bourguignonne, comme le bœuf bourguignon[38]. Bernard Loiseau, le célèbre restaurateur de Saulieu, préférait la viande d’un bœuf charolais de trois ans, veinée de gras et persillée. « C’est le gras qui nourrit la viande, qui la rend moelleuse, juteuse, savoureuse. Il faut que les viandes soient rassises, qu’elles aient au moins trois semaines de maturation. », affirmait-il[39].

Deux confréries promeuvent la viande charolaise : l’Ambassade du Charolais de Saulieu depuis 1983 et la Confrérie des Fins Goûteurs de Charolais de Nevers depuis 1993.

Depuis 2010, une appellation d'origine contrôlée concerne la viande de bœuf de Charolles[40].

Notes et références

Notes

  1. Où Beaujeu serait mentionné comme villa bogenia, qu'ils interprètent comme « le domaine des bœufs blancs » en celtique (gaulois), hypothèse sans fondement, puisque « bœuf » se disait *bous (bo- > bou-) en gaulois et « blanc », vindo-. cf. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gaulois, éditions Errance 2003. En outre, Albert Dauzat et Charles Rostaing mentionnent la forme de Bellojoco au XIVe siècle, remontant selon eux à un *bel joux, le mot joux étant un terme topographique issu du latin jugum « hauteur, mont », confondu plus tard avec jocum « jeu » cf. Albert Dauzat et Charles Rostaing, Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, réédition Guénégaud, 1979, p. 62b.
  2. À l'époque, il n'existe pas d'engrais pour permettre aux champs de conserver leur fertilité, et les paysans sont assujettis à la rotation triennale : la 1re année sont semés du blé et du seigle, la seconde de l'orge et de l'avoine ; la 3e année le champ est laissé au repos et le troupeau communal est autorisé à y paître, sous la surveillance d'un pâtre. Cela met du terrain à la disposition des animaux.
  3. Là encore, lorsqu'une prairie est fauchée, son propriétaire perd en quelque sorte ses droits de propriété dessus et elle est ouverte aux animaux des autres habitants de la paroisse jusqu'à la fin de la saison de pâturage.
  4. La lĂ©gende populaire affirme que le voyage d'Émilien Mathieu, un Ă©leveur du Brionnais, parti Ă  pied vendre ses bĹ“ufs Ă  Paris en 1747 et dont le voyage dura 17 jours, marque le dĂ©but de l'approvisionnement du marchĂ© parisien en viande charolaise.
  5. On peut noter ici l'utilisation de deux « l » dans le mot charollais, alors que la race actuelle n'en compte qu'un seul. D'une manière générale, on désigne par charollais ce qui a trait à la ville de Charolles et par charolais ce qui a trait à l'ensemble de la région. L'orthographe « charolais » a été définitivement adoptée lors de la fusion des deux herd-books.
  6. Les conditions d'alimentation différentes peuvent créer de très fortes différences dans les performances des animaux, et masquer la valeur génétique intrinsèque à l'animal, valeur qui intéresse en priorité les éleveurs.
  7. Dans le bocage vendéen, la règle est que le métayer se voit attribuer tous les bénéfices liés à la production de lait, tandis qu'il partage ceux liés à la viande avec le propriétaire. C'est ce qui pousse les grands propriétaires vendéens à importer sur leur territoire des animaux charolais, mieux conformés que ceux de race vendéenne.
  8. Contrairement aux pays d'Europe, l'Amérique du Nord est indemne de la fièvre aphteuse, et les États-Unis prennent souvent des mesures draconiennes pour ne pas laisser cette maladie pénétrer sur le continent.

Références

  1. (fr) « La Race Charolaise > Historique » (consulté le ).
  2. [Du Mesnil 1891] Clément-Edmond Révérend Du Mesnil, De la Race bovine charollaise, Saint-Étienne, impr. Théolier, , 13 p. (BNF 31202700).
  3. (fr) Daniel Meiller et Paul Vannier, Le charolais, Chalon-sur-Saône, ANCR, , 258 p. (ISBN 2-907376-02-0), « Origine et historique ».
  4. (fr) « Bœuf charolais, la viande de qualité » (consulté le ).
  5. Les races bovines françaises, éditions France agricole, 1998, Introduction : « les races bovines françaises au sein de l'Europe de l'Ouest. ».
  6. Grosclaude, F., Aupetit, RY, Lefebvre, J. et Mériaux, JC, « Essai d'analyse des relations génétiques entre les races bovines françaises à l'aide du polymorphisme biochimique », Genetics Selection Evolution, EDP Sciences, vol. 22, no 3,‎ , p. 317-338 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
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  8. (fr) Recensement général agricole, 2000.
  9. (fr) « Les chiffres clés », herd-book charolais (consulté le ).
  10. (fr) BRG - Ressources génétiques animales - Base de données - bovins - race : Charolaise.
  11. (fr) « La Race Charolaise > Présentation » (consulté le ).
  12. Roger Hanset, « Le gène culard sous toutes ses formes », Le Sillon,‎ (lire en ligne [PDF]).
  13. M. Girardot et al, « Exploitation des gènes de la coloration de la robe pour une traçabilité raciale des produits d’origine bovine », Rencontre recherche ruminants,‎ (lire en ligne [PDF]).
  14. Arnaud Darnis, Les anomalies d'origine héréditaire chez les bovins, (lire en ligne [PDF]).
  15. G. Lefort, J. J. Lauvergne et P. Fabregue, « Fréquence et pénétrances du gène responsable du Syndrome d’Arthrogrypose et de Palatoschisis dans le bétail charolais en France », Ann. Génet. Sél. Anim., vol. 9,‎ (lire en ligne [PDF]).
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  31. « Rapport moral et d’orientation de Michel BAUDOT Président du Herd Book Charolais » [PDF], (consulté le ).
  32. « PRESENTATION », Charolais International (consulté le ).
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  37. « Anzy-le-Duc - Le Pays Charolais-Brionnais veut convaincre la population de l’intérêt de sa candidature UNESCO », Le Journal de Saône-et-Loire,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  38. (fr) « Le Bœuf Bourguignon » (consulté le ).
  39. (fr)Gérard Le Puill, « La charolaise en son berceau », L'humanité,‎ (lire en ligne).
  40. INAO, « Décret n° 2010-1033 du 31 août 2010 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Bœuf de Charolles » », Site legifrance.gouv.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Vache de race charolaise au pré.
  • Daniel Meiller et Paul Vannier, Le charolais : une race mondiale, Chalon-sur-SaĂ´ne, ANCR, , 258 p. (ISBN 2-907376-02-0)
  • J-L Petit et M-G Vaude, Le Charolais, Castor Et Pollux, coll. « Photo Poche Castor Et Pollux »,

Articles connexes

Liens externes

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