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Insémination artificielle

L'insémination artificielle (ou insémination animale, en élevage) est une technique de reproduction assistée consistant à placer du sperme dans l'utérus sans qu'il y ait de rapport sexuel. L’on parle d’IAD (insémination artificielle avec don de sperme) lorsque le sperme provient d’une banque du sperme. Cette technique permet aux couples qui ne peuvent pas avoir d'enfant pour des raisons de défaut des spermatozoïdes (difformes, trop lent... ) d'en avoir tout de même.

Insémination animale sur une vache de race montbéliarde. L'inséminateur immobilise le col de l'utérus par voie rectale et injecte le contenu de la paillette de semence préalablement décongelée au bain-marie.

Lorsque l'on procède à une insémination artificielle non médicalisée, on parle d'insémination artisanale.

Historique

L'insémination artificielle est une « biotechnologie » qui était déjà pratiquée par les Arabes au XIVe siècle sur les juments[1].

La première insémination artificielle sur des femmes aurait eu lieu au 9ème siècle après J.-C. chez les arabes avec des traces écrites dans les livres de droit musulman pour savoir si l'enfant pourrait avoir droit ou non à l'héritage de la mère porteuse ou de la mère biologique. (Koutoub Fatawa Shafiry). La technique employée est expliquée en détail dans un ouvrage de traité de médecine expérimentale avec tous les instruments utilisés ainsi que toutes les étapes de cette opération et l'environnement (bloc opératoire). Dans ce manuscrit, on trouve plusieurs autres techniques de médecine non reconnues et non diffusées de nos jours.

Cette ouvrage est disponible et consultable sur demande à la bibliothèque de Sanaa auprès de l'Ambassade de France au Yémen.

[réf. nécessaire]


C'est Lazzaro Spallanzani, un prêtre scientifique italien qui, en 1780, a découvert et décrit la fécondation d'ovules par des spermatozoïdes et qui fut le premier à réaliser une insémination artificielle chez la chienne[2].

La première insémination artificielle sur un être humain eut lieu à peine neuf ans plus tard, en 1789, lorsque le chirurgien écossais John Hunter obtint une grossesse en déposant les spermatozoïdes du conjoint dans l'utérus de sa femme. Et c'est en 1884 que fut publié à Philadelphie la première insémination artificielle issue d'un donneur, réussie, grâce au Dr. William Pancoast.

La technique a été perfectionnée au début du XXe siècle par des vétérinaires et des scientifiques, et a commencé à être utilisée couramment à partir des années 1940[3]. Elle est à l'origine utilisée pour l'amélioration des races bovines, avant de voir son champ d'applications étendu à d'autres espèces d’intérêt zootechnique[4], dont l'espèce humaine (pour laquelle elle permet de remédier à certains cas d'infertilité).

Le terme est utilisé dès 1936 par Lucien Cuénot et Jean Rostand dans leur livre Introduction à la génétique[5]. Il est formé par dérivation du latin inseminare « semer dans, répandre dans, féconder ». Cette pratique n'est réalisée en France que sous certaines conditions.

Insémination artificielle de la femme

La procréation médicalement assistée apporte une expertise médicale aux couples qui y font appel.

L'insémination artificielle artisanale est l'un des modes les plus répandus dans les communautés LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) des pays dont la législation réserve la PMA aux couples hétérosexuels. Elle ne coûte rien hormis les différents matériaux nécessaires au recueil du sperme et de l'insémination, cependant elle peut demander beaucoup de temps. En effet, toutes les inséminations artisanales ne fonctionnent pas forcément du premier coup, tout comme pour une procréation par rapport sexuel classique qui peut parfois prendre du temps.

Insémination artificielle des autres femelles mammifères

Elle est pratiquée de nos jours à grande échelle sur de très nombreuses espèces animales: bovins, caprins, porcins, ovins, équidés…

Cette méthode de reproduction répond à plusieurs objectifs. D'abord l'amélioration génétique du cheptel: en effet grâce à cette technique il est possible de féconder un grand nombre de femelles avec la semence d'un seul mâle. Comme ses descendants hériteront d'une partie de son patrimoine génétique, ce mâle sera choisi en fonction de ses qualités : développement musculaire par exemple pour un taureau de race à viande.

D'autres raisons sont aussi mises en avant : l'économie permise par la réduction de la population de reproducteurs mâles, la limitation des risques sanitaires (maladies sexuellement transmissibles), ou encore le contrôle de la période de mise-bas. Une étude de 2005 a révélé que l'insémination artificielle coûte en moyenne moins cher à la ferme que l'accouplement naturel[6].

Techniques

Prélèvement du sperme d'un cheval par l'homme (une jument en chaleur est utilisée pour stimuler l'éjaculation).
  • PrĂ©lèvement du sperme. En centre de sĂ©lection, la semence est prĂ©levĂ©e sur des mâles sĂ©lectionnĂ©s pour leurs performances. Ă€ cette fin on utilise gĂ©nĂ©ralement un vagin artificiel et divers simulacres visant Ă  stimuler le processus d'Ă©jaculation (mannequin imitant la femelle ou femelle en chaleur).
  • Mise en paillettes. La semence est diluĂ©e dans du liquide physiologique en laboratoire avant d'ĂŞtre fractionnĂ©e en petites doses et refroidie ou congelĂ©e, après avoir Ă©tĂ© mĂ©langĂ©e Ă  des cryoprotecteurs tels que le glycĂ©rol (la capacitĂ© du sperme Ă  supporter la congĂ©lation varie selon les espèces). Chaque dose est appelĂ©e une paillette. Ă€ plusieurs stades, des contrĂ´les sont effectuĂ©s. Les lots susceptibles de ne pas ĂŞtre fertiles sont retirĂ©s.
  • Stockage et transport. La facilitĂ© de stockage et de transport est liĂ©e Ă  l'usage de bonbonnes d'azote liquide.
  • Utilisation. Un insĂ©minateur dĂ©congèle une paillette et l'introduit dans l'utĂ©rus maternel pour assurer la fĂ©condation de l'animal.

Avantages

  • Elle permet la multiplication. Ainsi, un Ă©jaculat diluĂ© permet de donner une centaine de descendants, donnant une diffusion importante des meilleurs reproducteurs mâles et ainsi une amĂ©lioration des performances d'une race ou espèce en direction des objectifs de rentabilitĂ© recherchĂ©s. En monte naturelle bovine, on estime qu'un mâle ne peut fĂ©conder que 30 Ă  40 vaches par an, contre plusieurs milliers pour son congĂ©nère en centre de sĂ©lection.
  • Elle permet la conservation. La semence d'un mâle peut ĂŞtre stockĂ©e pendant des annĂ©es et transportĂ©e aisĂ©ment partout. Cette aptitude est utilisĂ©e Ă  grande Ă©chelle par les centres de sĂ©lection. Les jeunes mâles sont testĂ©s sur descendance en mĂŞme temps que leur semence est recueillie et congelĂ©e. Les tests destinĂ©s Ă  mesurer les performances de leur progĂ©niture peuvent durer plusieurs annĂ©es. Lorsqu'un mâle est jugĂ© intĂ©ressant au vu des tests, il peut ĂŞtre dĂ©jĂ  en fin de vie de reproducteur. Le stock de semence est alors bienvenu pour lui assurer une descendance. Par exemple pour vĂ©rifier qu'un taureau de race laitière apporte bien une amĂ©lioration en termes de potentiel laitier, il faut qu'un nombre suffisant de ses filles aient vĂŞlĂ© et qu'on ait pu estimer leur production laitière. Cette Ă©valuation nĂ©cessite des contrĂ´les (pesĂ©es du lait lors de la traite Ă  diffĂ©rents stades de la lactation), que l'on comparera aux performances des mères. Un modèle mathĂ©matique permettra ensuite d'estimer la valeur gĂ©nĂ©tique du taureau par rapport Ă  l'ensemble de la population contrĂ´lĂ©e : dans le jargon de ce secteur d'activitĂ©, on appelle cela l'index.
  • Aide Ă  la sauvegarde de races menacĂ©es de disparition. Les individus de races Ă  petit effectif sont groupĂ©s en familles et l'insĂ©mination est dirigĂ©e par une association de dĂ©fense. Chaque famille est sĂ©parĂ©e entre mâles et femelles et la semence est choisie dans les familles les plus Ă©loignĂ©es gĂ©nĂ©tiquement. L'insĂ©mination permet de faire voyager la semence lĂ  oĂą le transport d'un reproducteur serait trop coĂ»teux. La Norvège, plutĂ´t que d'entretenir des troupeaux bovins de plus de 1 000 individus, seuil oĂą la consanguinitĂ© est plus facile Ă  gĂ©rer, prĂ©fère stocker de la semence. Ainsi, Ă  chaque gĂ©nĂ©ration, la semence des jeunes mâles correspondant le mieux au standard de race est stockĂ©e. Ă€ l'inverse, de la semence de taureaux morts depuis 20 ou 30 ans est rĂ©injectĂ©e pour apporter du sang neuf.
  • FacilitĂ© d'utilisation. Un Ă©leveur peut choisir sur catalogue le mâle qu'il va accoupler avec la femelle de son Ă©levage. Ainsi, il n'a pas besoin de nourrir un mâle Ă  l'annĂ©e et peut choisir diffĂ©rents gĂ©niteurs pour chacune de ses pensionnaires.
  • Lutte contre les maladies. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des Ă©pidĂ©mies de fièvre aphteuse et de tuberculose bovine font des ravages. L'isolement recommandĂ© par les vĂ©tĂ©rinaires est plus facile Ă  maĂ®triser avec l'insĂ©mination : elle permet de fĂ©conder les vaches sans dĂ©placement ni contacts physiques directs entre mâles et femelles de troupeaux diffĂ©rents.

Critiques

  • Cette pratique est critiquĂ©e par des personnalitĂ©s de la cause animale comme Jacqueline Bousquet qui a dirigĂ© Pro Anima. D'après elle, cette pratique engendre de la souffrance animale et Ă  terme un affaiblissement des espèces.
  • La fĂ©condation n'est pas sĂ»re Ă  100 %. Une seconde tentative engendre un coĂ»t supplĂ©mentaire. Dans les Ă©levages oĂą la « monte » est naturelle, l'Ă©leveur ne se soucie pas de l'accouplement. Il a lieu plusieurs fois jusqu'Ă  ce que la fĂ©condation ait lieu.
  • Cette pratique a contribuĂ© Ă  la forte diminution de la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique Ă  l'intĂ©rieur de certaines espèces, en facilitant la diffusion massive des races les plus productives. Le croisement d'absorption permet de changer de race bovine Ă  l'Ă©chelle d'un troupeau en quelques gĂ©nĂ©rations. C'est ainsi que l'usage de semences de races très productives sur les races anciennes les a progressivement fait disparaĂ®tre.
  • Le pendant de l'amĂ©lioration gĂ©nĂ©tique rapide du cheptel permise par l'insĂ©mination artificielle (voie mâle) est l'augmentation de la consanguinitĂ© dans la population : quelques individus mâles monopolisent une grande partie des gènes de la population et le degrĂ© de parentĂ© entre individus augmente inexorablement. Le risque de voir apparaĂ®tre des tares augmente. Certains caractères qui subissent une forte pression de sĂ©lection peuvent entraĂ®ner des consĂ©quences nĂ©gatives sur d'autres caractères : on parle alors de caractères antagonistes. En sĂ©lectionnant leurs animaux selon le caractère « vitesse de traite » par exemple, les Ă©leveurs de vaches laitières ont augmentĂ© les risques d'infections de la mamelle (mammite), risque directement liĂ© Ă  la conformation du sphincter responsable de l'Ă©jection du lait.
  • Une dĂ©rive possible est l'existence de races qui ne peuvent plus se reproduire naturellement. Les poulets Ă©levĂ©s en batterie grandissent tellement vite que leur squelette fragile cède sous leur poids. Pour obtenir des reproducteurs de ces races, il est nĂ©cessaire de sous-alimenter les individus pour permettre Ă  leur squelette de grandir Ă  la mĂŞme vitesse que leur masse musculaire. Chez les bovins, la race blanc bleu belge a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e sur des individus Ă  la masse musculaire hypertrophiĂ©e. Cependant, la monte naturelle est toujours possible. Par ailleurs, les vaches allaitantes doivent souvent vĂŞler par cĂ©sarienne Ă  cause de la taille importante des veaux.

Procéder à une insémination

« L'emploi de l'insémination artificielle va concourir à la reconstitution des troupeaux » (WOLKOWITSCH, Élev., 1966, p. 81).

« Les races laitières (...) ont été les premières à utiliser l'insémination artificielle à des fins d'amélioration génétique » (Élevage, insémination, no spéc. Statistiques, 1978, p. 36).

Notes et références

  1. Abû Bakr Ibn Badr, M.M Hakimi (Traducteur), Hippologie et médecine du cheval en Terre d'Islam au XIVe siècle. Le traité des deux arts en médecine vétérinaire dit le Nâceri, Errance éditions, Paris 2006
  2. Jean Rostand, in « Les crapauds, les grenouilles et quelques problèmes biologiques », 1955, pages 11
  3. R. Jondet, L'insémination artificielle en France : Les promoteurs de la méthode
  4. La maĂ®trise de la reproduction chez ces espèces repose Ă©galement sur d'autres mĂ©thodes : choix des gĂ©niteurs, collecte et transfert d'embryon, collecte et maturation d'ovocytes suivies d'une fĂ©condation in vitro et d'un transfert d'embryon, clonage qui s’affranchit des alĂ©as de la reproduction sexuĂ©e. Cf « reproduction Â», Encyclopaedia universalis, Volume 19, 1990, p. 845
  5. Lucien Cuénot et Jean Rostand, Introduction à la génétique, Paris, Tournier et Constans, 1936, page 38.
  6. (en) M. W. Overton, « Cost comparison of natural service sires and artificial insemination for dairy cattle reproductive management », Theriogenology, proceedings of the 2005 Annual Conference of the Society for Theriogenology, vol. 64, no 3,‎ , p. 589–602 (ISSN 0093-691X, DOI 10.1016/j.theriogenology.2005.05.015, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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