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RĂ©serve de chasse

Une réserve de chasse est une zone où, dans l'intérêt de la conservation générale du gibier et de la faune, la chasse est interdite en accord avec les autorités cynégétiques[1] - [2].

Groupe familial, mâles et femelles protĂ©geant les petits dans la rĂ©serve d'Hluhluwe-Umfolozi, première « rĂ©serve de chasse Â» crĂ©Ă©e en Afrique (plus prĂ©cisĂ©ment au KwaZulu-Natal au XIXe siècle) ; la chasse y est interdite, mais le tourisme et les safaris photos autorisĂ©s, sous certaines conditions.
Une réserve de chasse peut aussi être située en pleine mer, comme l'est en France l'île de Béniguet, gérée par l'ONCFS

Certaines de ces rĂ©serves visent la protection d'une espèce particulière (gazelle dans certaines « rĂ©serves de chasse royales Â» du Maroc, canard siffleur dans la rĂ©serve de chasse maritime de la baie du Mont-Saint-Michel (France)[3], ou toute la faune d'une rĂ©gion (par exemple la rĂ©serve d'Hluhluwe-Umfolozi[5]). Certaines rĂ©serves de chasse sont associĂ©es Ă  un milieu particulier (ex : rĂ©serve de chasse du lac Sahaka Ă  Madagascar, crĂ©Ă©e en 1969[6]) pour protĂ©ger la faune typique du pourtour du lac contre sa surexploitation en viande de brousse.

Le pendant « halieutique Â» de ce type de rĂ©serve est la « rĂ©serve de pĂŞche Â».

Autre sens donné à l'expression « réserve de chasse », ou expressions proches

  • En France, cette expression a autrefois (1798) pu dĂ©signer les anciens domaines de chasse royaux, rĂ©servĂ©s aux nobles et interdits au petit peuple[7].
  • L'expression est aussi parfois utilisĂ©e de manière ambiguĂ« pour dĂ©crire des zones, enclos de chasse (ou enclos cynĂ©gĂ©tiques) oĂą des espèces-gibier sont au contraire mise Ă  disposition de chasseurs locaux ou Ă©trangers prĂŞts Ă  venir chasser lĂ  des espèces devenues rares ou qui sont plus difficiles Ă  trouver dans la nature. Il peut ainsi donner lieu Ă  une forme de tourisme cynĂ©gĂ©tique (par exemple avec dans les annĂ©es 1960 en Somalie une « rĂ©serve de chasse » spĂ©cialement rĂ©servĂ©e aux touristes afin qu'ils puissent venir chasser certains ongulĂ©s[8].
  • Il existe au QuĂ©bec des aires au statut intermĂ©diaire, dite rĂ©serves fauniques du QuĂ©bec, oĂą la chasse (Ă  l'orignal par exemple[9]) peut ĂŞtre pratiquĂ©e, sous certaines conditions.

Histoire

On connait quelques exemples anciens de zones soustraites à la chasse, dont en Pologne la forêt de Bialovèse où les derniers exemplaires du bison d'Europe ont pu être sauvé de l'extermination.

Au XIXe siècle de nombreux parcs nationaux sont devenus des aires protégées.

Rôles des réserves de chasse

Ce sont des endroits où les animaux peuvent se reproduire en toute quiétude.

Elles constituent une source de gibier pour repeupler des territoires où certaines espèces ont été décimées par la chasse, un « réservoir d'animaux de proximité (pour les territoires jouxtant la réserve) ou un rôle de réservoir éloigné. C'est ainsi que les réserves nationales de chasse et de faune sauvage de Chambord (Loir-et-Cher) et de La Petite Pierre (Bas-Rhin) ont exporté dans des territoires éloignés 4530 cerfs, Cervus elaphus, entre 1955 et 1995 »[1].

Gestion

Ces rĂ©serves font l'objet d'une gestion conservatoire ou restauratoire dont les objectifs sont plus cynĂ©gĂ©tiques que dans les autres rĂ©serves naturelles[10]. En cas de forte concentration de grands mammifères herbivores ou omnivores et pour y limiter ou rĂ©guler les risques Ă©coĂ©pidĂ©miologiques, l'ONCFS peut y recommander un plan de chasse, incluant la rĂ©serve et sa pĂ©riphĂ©rie ; ce fut le cas pour des chamois (Rupicapra rupicapra) victimes de kĂ©ratoconjonctivite sur 20 000 en Haute-Savoie[1].

En revanche, « pour le petit gibier et pour le gibier d'eau, il faut […], la plupart du temps, maintenir des réserves intégrales. En effet, dans le cas du petit gibier, le milieu (agricole) continue à se dégrader et les effectifs de populations ne remontent pas dans certains endroits, malgré la suspension de la chasse. Dans le cas du gibier d'eau, les oiseaux ont un besoin impérieux de refuges, notamment de zones de repos diurnes »[1].

La gestion peut faire l'objet d'une évaluation environnementale par des inventaires naturalistes et des études écologiques sur la base desquels des bilans peuvent être proposés[11].

Limites du concept et critiques

La notion de réserve de chasse est périodiquement critiquée ou remise en cause[1], pour des raisons différentes :

  • des raisons d'Ă©thique environnementale quand elles donnent l'impression de justifier un manque de gestion ailleurs. Certains leur prĂ©fèrent une trame verte et bleue nationale plus propice aux dĂ©placements naturels du gibier et de la faune sauvage et Ă  une recolonisation plus naturelle des milieux ; d'autres leurs prĂ©fèrent un statut plus clair de vĂ©ritables rĂ©serves naturelles ou parcs nationaux alors gĂ©rĂ©s comme tels.
  • Un autre problème est que quelques espèces opportunistes comme le sanglier comprennent assez rapidement qu'ils peuvent s'y rĂ©fugier en pĂ©riode de chasse ou toute l'annĂ©e. Faute de grands prĂ©dateurs sauvages (loup, lynx, ou, dans une moindre mesure, ours brun) ils peuvent alors y pulluler et manquer de nourriture, ce qui les conduit Ă  faire des dĂ©gâts dans les propriĂ©tĂ©s et champs cultivĂ©s pĂ©riphĂ©riques.


Quand ils pullulent ou sont maintenus dans la réserve par une pression de chasse périphérique, en raison de leur promiscuité, ils sont également plus vulnérables à la consanguinité, à la dérive génétique et aux parasitoses (via les tiques par exemple), et peuvent alors devenir des vecteurs de maladies, zoonotiques notamment, pouvant aussi affecter des espèces d'élevage (vaches, porcs...) et l'être humain.

Notes et références

  1. Trouvilliez J (1997). Vingt années de réserves de chasse et de refuges en France: Conclusions et recommandations. Gibier faune sauvage, 14(2), 227-235 (Notice et résumé Inist-CNRS)
  2. INPN Réserves nationales de chasse et faune sauvage ; in : Espaces protégés, consulté 2014-04-08
  3. Schricke, V. (1986). Projet d'aménagement du pré-salé de la réserve de chasse maritime de la baie du Mont-Saint-Michel pour la population migratrice et hivernante de canards siffleurs (Anas penelope L., Aves, Anatidae). Acta oecologica. Oecologia applicata, 7(3), 235-250.
  4. Giraut F, Guyot S & Houssay-Holzschuch M (2005) La nature, les territoires et le politique en Afrique du Sud. In Annales. Histoire, sciences sociales (Vol. 60, No. 4, p. 695-717). Éditions de l’EHESS.
  5. Première rĂ©serve crĂ©Ă©e en Afrique, et qui existe encore (sur 280 km), unique endroit de la province du KwaZulu-Natal oĂą l'on peut encore voir les « Big Five » et rĂ©putĂ©e pour abriter la plus grande population mondiale de rhinocĂ©ros blancs du Sud (Ceratotherium simum simum)[4]
  6. Rakotondravony HA. (2006) Communautés locales et gibiers dans la région de Daraina, extrême Nord-Est de Madagascar. Madagascar Conservation & Development, 1(1).
  7. Lepart J & Marty P (2006) Des réserves de nature aux territoires de la biodiversité L'exemple de la France In Annales de géographie (No. 5, p. 485-507), Oct 2006 ; Ed:Armand Colin (résumé)
  8. Funaioli U & Simonetta AM (1961) Statut actuel des Ongulés en Somalie. Mammalia, 25(1), 97-111 DOI:10.1515/mamm.1961.25.1.97, mis en ligne Oct 2009 (résumé)
  9. Saint-Onge S (1995) Inventaires aériens de l'orignal dans les réserves fauniques du Québec ; Ministère de l'environnement et de la faune.
  10. Clairefond P & Schricke V (1994) Gestion de la réserve de chasse et de faune sauvage de la Grand’Mare. Bull ONC, 189, 46-49.
  11. Schricke V (2004) Les aménagements de la réserve de chasse maritime de la baie du Mont Saint-Michel: bilan du suivi ornithologique et botanique. ONCFS, rapport scientifique, 60-64.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

Bibliographie

  • Van Laere G & Boutin JM (1990) Capture de chevreuils (Capreolus capreolus) aux filets. 25 ans de suivi dans la rĂ©serve nationale de chasse de ChizĂ© (Deux-Sevres). Bulletin mensuel de l'Office national de la chasse.
  • Selmi A (2009) L'Ă©mergence de l'idĂ©e de parc national en France. Hors collection, 43-58 (rĂ©sumĂ©.
  • Annie Charlez (2007) Les rĂ©serves de chasse et de faune sauvage : des origines au statut actuel, Mission conseil juridique de l’ONCFS ; Paris (PDF, 6 p), Revue Faune sauvage no 278/novembre 2007 ONCFS


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