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Big five (chasse)

Les big five ou big 5 (littĂ©ralement « les cinq grands ») sont un ensemble de cinq mammifères africains mis en avant par les autoritĂ©s touristiques dans le cadre des safaris photographiques ou de chasse aux trophĂ©es. Les cinq animaux en question sont le lion d'Afrique, le lĂ©opard d'Afrique, l'Ă©lĂ©phant d'Afrique, le rhinocĂ©ros noir et le buffle d'Afrique[1]. Les big 5 ont Ă©tĂ© « choisis » par Ernest Hemingway dans sa nouvelle Les Vertes Collines d'Afrique. Ă€ l'exception du buffle, ces espèces animales sont très menacĂ©es depuis le XXe siècle. Ces animaux ont Ă©tĂ© qualifiĂ©s de « grands Â», non Ă  cause de leur taille, mais de la difficultĂ© de leur chasse.

Histoire

Au milieu du XIXe siècle, les colons crĂ©ent les premières « rĂ©serves Â» en Afrique de l'Est, surtout pour limiter la chasse « alimentaire Â» pratiquĂ©e par les habitants. Elles vont vite attirer les « vieux fusils Â» occidentaux de l'Ă©poque victorienne. Ainsi naĂ®t le mythe du grand chasseur blanc, immortalisĂ© par Hemingway dans Les Vertes Collines d'Afrique (1935) et Les Neiges du Kilimandjaro (1936).

La faune d'Afrique fait les frais de cet abattage « sportif Â». Entre 1860 et 1930, entre 25 000 et 100 000 Ă©lĂ©phants sont chassĂ©s chaque annĂ©e ; le nombre de rhinocĂ©ros et de lions s'effondre ainsi que celui des buffles et des lĂ©opards. Dans les annĂ©es 1930, les autoritĂ©s crĂ©ent les premiers parcs nationaux oĂą la chasse est strictement interdite. Cependant le dĂ©clin persiste, et un moratoire d'interdiction total de la chasse est adoptĂ© en 1973. Mais la rarĂ©faction des grands chasseurs laisse le champ libre aux braconniers, et les annĂ©es 1970-1980 sont marquĂ©es par la guerre de l'ivoire, le trafic de cornes de rhinocĂ©ros, de peaux de lĂ©opard, etc. Les « Big Five Â» sont dĂ©cimĂ©s Ă  grande Ă©chelle ; certains frĂ´lent l'extinction. En Tanzanie, on voit 80 % des effectifs d'Ă©lĂ©phants disparaĂ®tre. Dans les annĂ©es 1980, États et associations se portent au secours de la faune, sauvant mĂŞme des espèces quasi-moribondes. Au dĂ©but du XXIe siècle, l'avenir des grands animaux d'Afrique reste toujours prĂ©occupant.

Pour les safaris de chasse, 16 400 Ă©trangers sont venus en Afrique entre octobre 2006 et octobre 2008 dĂ©penser plus de 70 millions d'euros selon l'Association des chasseurs professionnels d'Afrique du Sud. L'exportation des trophĂ©es de chasse a augmentĂ© de 1 500 pièces en 2000 Ă  4 000 pièces en 2008. L'engouement pour la chasse au gros gibier a entraĂ®nĂ© le dĂ©veloppement d'enchères aux animaux sauvages (Wildlife Auctions) organisĂ©es par les rĂ©serves oĂą les animaux sauvages sont vendus au plus offrant (un rhinocĂ©ros peut atteindre 42 000 euros)[2].

Les big five

Lion d'Afrique

Le lion d'Afrique est la cible la plus prisĂ©e des chasseurs. Les trois quarts de la population des lions, estimĂ©e Ă  20 000 individus en 2011 se trouvent dans l'Est et le Sud de l'Afrique. La protection du lion est maximale dans les rĂ©serves, mais la situation est prĂ©occupante en dehors de celles-ci[1]. TrophĂ©e : la peau du lion, plus la crinière est grande, plus prestigieux est le trophĂ©e.

Éléphant d'Afrique

L'Ă©lĂ©phant d'Afrique a pu ĂŞtre sauvĂ© par l'action de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacĂ©es d'extinction (CITES) qui a interdit le commerce de tout ou partie de l'Ă©lĂ©phant (notamment son ivoire). La population sauvage est estimĂ©e en 2011 entre 472 000 et 500 000 individus. Cependant, dans certaines rĂ©gions africaines, comme en Tanzanie ou en Zambie, les Ă©lĂ©phants causent des dĂ©gâts considĂ©rables aux cultures[1]. TrophĂ©e : les dĂ©fenses.

Buffle d'Afrique

Le buffle d'Afrique a une population estimée à plus d'un million d'individus[1]. C'est de loin le plus dangereux du big 5, puisqu'il peut attaquer en premier, avant même que le chasseur ait pu ouvrir le feu. Et s'il est blessé, il chargera de toute manière, ce qui implique l'utilisation de munitions de chasse de grande puissance, comme le .458 Winchester Magnum. Il est plus facile de lui tendre une embuscade près d'un point d'eau tôt le matin. Trophée : les cornes, plus la distance entre ses deux pointes est grande, plus prestigieux est le trophée.

LĂ©opard

Les populations de lĂ©opards sont estimĂ©es Ă  environ 700 000 individus dans toute l'Afrique, hormis l'Afrique du Nord oĂą il a disparu. Chasseur nocturne, il doit son abondance Ă  son caractère discret. Les principales menaces pesant sur l'espèce sont la chasse pour sa peau et les reprĂ©sailles des Ă©leveurs lorsqu'il s'attaque au bĂ©tail[1]. Le chasseur safari peut l’appâter avec une carcasse de babouin ou d'antilope accrochĂ©e Ă  une branche solide, et se poster Ă  l'est de l'arbre, de sorte que la silhouette de l’appât soit visible au crĂ©puscule. TrophĂ©e : la peau.

Rhinocéros noir

La corne du rhinocéros noir a longtemps été recherchée comme aphrodisiaque ou signe de virilité. Les populations ont été chassées à outrance, l'une des quatre sous-espèces a été déclarée éteinte le par l'UICN[3] - [4]. Lors des safaris du début du XXe siècle, le rhinocéros fut relativement facile à chasser, puisqu'il se laisse facilement approcher, contrairement au buffle. Trophée : la tête avec corne.

DĂ©rives

Les safaris peuvent être atteints de dérives graves pour le bonheur de riches chasseurs prêts à payer pour tuer l'un des big 5. Ainsi, dans certaines chasses privées, les animaux sauvages peuvent être drogués pour être plus facilement tués, ou alors des animaux élevés en captivité peuvent être présentés comme des animaux sauvages[2].

L'Ă©levage d'animaux en captivitĂ© Ă  des fins de chasse (la chasse close ou en anglais canned hunting) n'est pas considĂ©rĂ© comme interdit par la Cites car il ne s'agit pas d'animaux sauvages. Cependant, les petits sont souvent prĂ©levĂ©s dans la nature. En 2006, une loi interdit cette pratique. Toutefois, comme il s'agit d'animaux captifs, il est impossible de les relâcher dans la nature. Le gouvernement ne pouvant tous les recueillir (seulement 1 000 places disponibles pour 5 000 lions captifs), les Ă©leveurs de fauves ont pu continuer leur activitĂ©[2].

Des failles administratives sur la distribution des permis de chasse sont également exploitées afin d'obtenir le maximum de permis[2].

MĂŞme pour les safaris plus « Ă©cologiques », les dĂ©rives peuvent exister. Par exemple, lors des safaris photos au cratère du Ngorongoro oĂą le nombre de vĂ©hicules est limitĂ© Ă  cinq par animal, les guides se prĂ©viennent par radio pour s'approcher des animaux, peu importe le nombre de 4x4 sur le site[5]. La « chasse Ă©cologique Â», oĂą les animaux sont endormis plutĂ´t que tuĂ©s, a Ă©tĂ© interdite car certains animaux avaient Ă©tĂ© tirĂ©s jusqu'Ă  huit fois par mois, mettant leur santĂ© en danger[2].

Armement

L'Afrique australe est le terrain de chasse privilĂ©giĂ© en Afrique[2]. Dans les pays oĂą la chasse au Big 5 est autorisĂ©e, un calibre minimal de 9,3 x 64 mm ou le .375 Holland & Holland Magnum et plus, peut ĂŞtre imposĂ© par la juridiction, pour des raisons de prise de responsabilitĂ©s par les autoritĂ©s en cas d'accidents survenus lors d'utilisation de munitions de moyenne et faible puissance sur le gros gibier. En gĂ©nĂ©ral, on utilise des munitions telles que celles citĂ©es ci-dessus plus le .450/400, .404 Jeffery, .416 Rigby, .416 Remington Magnum, .416 Ruger, .458 Winchester Magnum, .458 Lott, .450 Rigby, .450 Nitro Express, .470 Nitro Express, .500 Nitro Express, .505 Gibbs, .500 Jeffery et voire plus (le .577 Tyrannosaur ou encore le .700 Nitro Express). Le prix unitaire des cartouches peut varier entre 6 et 30 euros pièce, voire plus. Le calibre minimal est le 9,3 Ă— 62 mm dit Mauser qui a fait ses preuves mais seulement entre les mains de chasseurs expĂ©rimentĂ©s. D'autre calibres infĂ©rieurs en poids et diamètre pourraient ĂŞtre suffisamment efficaces, mais avec davantage de risques pour le chasseur. Les carabines qui peuvent tirer ces calibres sont très solides et lourdes, certaines pouvant aller jusqu'Ă  5 kg. Selon la distance de tir prĂ©vue, elles seront Ă©quipĂ©es soit d'une « visĂ©e mĂ©canique ouverte Â» (« open sight ») soit d'une lunette Ă  faible grossissement (1,5-5x24 par exemple), soit d'un « point rouge Â» qui accepte le fort recul.

Leur finition va de « l'outil Â» Ă  l'Ĺ“uvre d'art et leur prix est en consĂ©quence. Les carabines traditionnelles sont les carabines Double Express (canons juxtaposĂ©s). Elles sont aussi les plus chères. Les carabines « double express juxtaposĂ© Â» françaises sont mondialement renommĂ©es.

Billets de banque sud-africains

Les billets sud-africains de 10, 20, 50, 100, et 200 Rands portent respectivement, au recto, un dessin de rhinocéros, éléphant, lion, buffle et léopard.

Notes et références

  1. (fr) Béatrice Leproux, « Le lion est mort ? », GEO, no 384,‎ (ISSN 0220-8245).
  2. (fr) Sylvain Lapoix, « Au bonheur des flingueurs », GEO, no 384,‎ (ISSN 0220-8245).
  3. (en) « Diceros bicornis ssp. longipes », sur iucnredlist.org (consulté le ).
  4. (en) « Western black rhino declared extinct », sur bbc.co.uk (consulté le ).
  5. (fr) Laure Dubesset-Chatelain, « L'Afrique des safaris : Tanzanie - On en prend plein les yeux ! », GEO, no 384,‎ .

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (fr) « L'Afrique des Safaris », GEO, no 384,‎ (ISSN 0220-8245)
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