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Ragnarök

Dans la mythologie nordique, le Ragnarök renvoie Ă  une fin du monde prophĂ©tique comprenant une sĂ©rie d'Ă©vĂ©nements dont un hiver de trois ans sans soleil (Fimbulvetr), suivi d'une grande bataille sur la plaine de VĂ­grĂ­d. La majoritĂ© des divinitĂ©s comme Odin, Thor, Freyr, Baldr, Heimdall et Loki, mais aussi les gĂ©ants et la quasi-totalitĂ© des hommes y mourront, une sĂ©rie de dĂ©sastres naturels verra ensuite le monde submergĂ© par les flots et dĂ©truit par les flammes. Une renaissance suivra, oĂč les dieux restants, dont Baldr, Höd, et Vidar, rencontreront LĂ­f et LĂ­fĂŸrasir, seul couple humain survivant et appelĂ© Ă  repeupler le monde. Le Ragnarök est un thĂšme important dans la mythologie nordique. Il est principalement relatĂ© dans l’Edda poĂ©tique, en section de la VöluspĂĄ, probablement Ă©crite par un clerc islandais aprĂšs l’an mille[I 1], mais aussi dans l’Edda de Snorri, rĂ©digĂ©e au XIIIe siĂšcle par Snorri Sturluson, qui s’est lui-mĂȘme inspirĂ© de l’Edda poĂ©tique.

Le portail nord du XIe siÚcle de la Stavkirke d'Urnes a été interprété comme comportant des scÚnes de serpents et de dragons qui représentent le Ragnarök[1].

Le Ragnarök est l'objet de nombreuses Ă©tudes et controverses visant Ă  dĂ©terminer l'origine rĂ©elle du rĂ©cit rĂ©digĂ© tardivement, aprĂšs la christianisation du monde nordique. De nombreux spĂ©cialistes soutiennent que les textes faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la fin du monde prophĂ©tique sont inspirĂ©s des rĂ©cits bibliques[S 1] - [C 1] du jugement dernier[Y 1], notamment l'Apocalypse et la fin du monde millĂ©nariste[2] - [I 2], et de l’EcclĂ©siaste[C 2] - [3] - [4]. Certains y trouvent Ă©galement des comparaisons avec des rĂ©cits d'autres mythologies indo-europĂ©ennes, qui pourraient indiquer une origine commune du mythe ou des influences paĂŻennes extĂ©rieures. Pour de nombreux Ă©rudits, ces influences empruntĂ©es aux autres cultures et rĂ©Ă©crites par des clercs chrĂ©tiens sont attribuĂ©es Ă  tort Ă  la mythologie viking, et ont dĂ©formĂ© la connaissance que nous avons de la foi scandinave[5] - [Y 1]. Ce texte pourrait Ă©galement puiser ses sources dans l'observation de catastrophes naturelles en Islande.

Richard Wagner a beaucoup popularisé le thÚme du Ragnarök avec son opéra Der Ring des Nibelungen, dont la derniÚre partie a pour titre GötterdÀmmerung, le crépuscule des Dieux.

Étymologie

Le mot en vieux norrois « Ragnarök » est composĂ© de deux mots plus simples. Le premier, Ragna, est le gĂ©nitif pluriel de Regin (« dieux » ou « puissances »), dĂ©rivĂ© du proto-germanique ragenƍ. Le deuxiĂšme mot, rök, a plusieurs significations. L'interprĂ©tation traditionnelle est que, prĂ©alablement Ă  la fusion de /ö/ et /O/ (vers 1200) le mot rök est dĂ©rivĂ© du proto-germanique rako[6]. Le mot ragnarök dans son ensemble est ensuite gĂ©nĂ©ralement interprĂ©tĂ© comme le « destin final des dieux » ou le « destin final des puissances » selon Rudolf Simek[7], ou encore par la « consommation du destin des puissances ». En 2007, Haraldur BernharĂ°sson proposa que la forme originale du mot Ă©tait rok, conduisant au proto-germanique rekwa et Ă  d'autres possibilitĂ©s sĂ©mantiques[8].

À la strophe 39 de l’Edda poĂ©tique, Lokasenna, et dans l’Edda en prose de Snorri, la forme ragnarök(k)r apparaĂźt, oĂč rok(k)r signifie « crĂ©puscule ». Il a souvent Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© que cela indique un malentendu ou une rĂ©interprĂ©tation tirĂ©s de la forme originale : ragnarök[6]. Haraldur BernharĂ°sson fait valoir au contraire que les mots ragnarök et ragnarökkr sont Ă©troitement liĂ©s, Ă©tymologiquement et sĂ©mantiquement, et suggĂšre un sens de « renouvellement de la puissance divine »[9].

Les autres termes utilisĂ©s pour dĂ©signer les Ă©vĂ©nements entourant Ragnarök dans l'Edda poĂ©tique comprennent rök aldar (« fin du monde ») Ă  la strophe 39 de VafĂŸrĂșĂ°nismĂĄl, tiva Rök des strophes 38 et 42 de VafĂŸrĂșĂ°nismĂĄl, Þá er Regin deyja (« quand les dieux meurent ») Ă  partir de la strophe 47 du VafĂŸrĂșĂ°nismĂĄl, um unz rjĂșfask Regin (« quand les dieux seront dĂ©truits ») de VafĂŸrĂșĂ°nismĂĄl, strophe 52, Lokasenna strophe 41, et SigrdrĂ­fumĂĄl strophe 19, Rof aldar (la « destruction du monde ») de HelgakviĂ°a Hundingsbana II strophe 41, Regin ĂŸrjĂłta (« fin des dieux ») du Hyndluljóð strophe 42, et, dans l' Edda en prose, Þá er Muspellz-Synir herja (« quand le fils de Muspell Se dĂ©place dans la bataille ») peut ĂȘtre trouvĂ© dans les chapitres 18 et 36 du Gylfaginning »[7].

L'acception de Ragnarök incombe aussi au fait qu'elle a été retenue par Richard Wagner, qui a fait du Crépuscule des Dieux (Die GötterdÀmmerung) le titre du dernier opéra de sa tétralogie L'Anneau du Nibelung.

Mentions dans les textes mythologiques

Le Ragnarök est expliqué ou mentionné dans plusieurs poÚmes rattachés à l'Edda poétique et en particulier dans la Völuspå, ainsi que dans la partie de l'Edda de Snorri appelée Gylfaginning, surtout à partir du chapitre 51.

Edda poétique

« Kampf der untergehenden Götter » ou « bataille des dieux maudits », dessin de F. W. Heine représentant le Ragnarök.

Völuspå

Le poÚme Völuspå de l'Edda poétique présente les prédictions d'une prophétesse völva. Le Ragnarök y est décrit dans les strophes 40 à 58. La régénération (ou le renouveau) à la suite de la bataille est décrite dans le reste du poÚme, des strophes 59 à 66.

À la strophe 40, la völva explique qu'un membre de la « race de Fenrir » (le loup) dĂ©vorera le Soleil (il s'agit sans doute du loup Sköll). Ainsi on apprend que le Soleil ne brillera plus pendant les Ă©tĂ©s suivants, et que la terre connaĂźtra des tempĂȘtes Ă©pouvantables. La völva dĂ©crit ensuite trois coqs qui chantent le dĂ©but du Ragnarök, Fjalarr dans les bois Ă  Jötunheimr accompagnĂ© du gĂ©ant EggthĂ©r qui joue joyeusement de la harpe sur un tertre, Gullinkambi chez les Ases, et un autre de nom inconnu, rouge, dans les halles de Hel.

À la strophe 44, on apprend que le chien de Hel, Garmr, « aboie de rage devant Gnipahellir » et rompt ses chaines. Cette strophe est un refrain rĂ©pĂ©tĂ© Ă  quatre reprises. Les Ă©vĂ©nements sur terre sont dĂ©crits Ă  la strophe 45 :

45.
BrƓðr munu berjask
ok at bönom verðask,
munu systrungar
sifjum spilla ;
Hart er Ă­ heimi,
hĂłrdĂłmr mikill,
skeggöld, skålmöld,
skildir ro klofnir,
vindöld, vargöld,
åðr veröld steypisk ;
mun engi maĂ°r
öðrum ĂŸyrma[10].
45.
Les frĂšres se battront
Et se mettront Ă  mort,
Les parents souilleront
Leur propre couche ;
Temps rude dans le monde,
AdultĂšre universel,
Temps des haches, temps des épées,
Les boucliers sont fendus,
Temps des tempĂȘtes, temps des loups,
Avant que le monde s'effondre ;
Personne
N'Ă©pargnera personne[B 1].

La völva explique ensuite que Heimdall souffle fort dans son cor Gjallarhorn, Odin consulte la tĂȘte de MĂ­mir, Yggdrasill tremble, Fenrir se libĂšre de ses chaines, et les flammes de Surt embrasent le monde.

À la strophe 50, on apprend que le gĂ©ant Hrym arrive de l'est, armĂ© d'un bouclier, le serpent gĂ©ant Jormungand se retourne en dĂ©chainant ainsi les vagues, un aigle lacĂšre les cadavres, et le bateau Naglfar est dĂ©tachĂ©, puis conduit par le dieu-traitre Loki.

Odin et Fenrir, Freyr et Surt par Emil Doepler (1905).

Surt arrive du sud avec son Ă©pĂ©e qui brille comme le Soleil, « les hommes foulent le chemin de Hel et le ciel se crevasse »[B 2]. À la strophe 53, on apprend qu'Odin meurt contre Fenrir (« le loup »), et Freyr (« le brillant meurtrier de Beli ») contre Surt :

53.
Þá kþmr Hlínar
harmr annarr fram,
er Óðinn ferr
viĂ° Ășlf vega,
en bani Belja,
bjartr at Surti ;
ĂŸĂĄ mun Friggjar
falla angan[10].
53.
Alors arrive Ă  HlĂ­n [ Frigg ]
Une douleur nouvelle,
Quand Odin se met en marche
Contre le loup,
Le brillant meurtrier de Beli,
Contre Surtr ;
Alors de Frigg
PĂ©rira l'amour[B 1].

Un des fils d'Odin, Vidar, venge son pĂšre en enfonçant son Ă©pĂ©e dans le cƓur de Fenrir. Thor combat ensuite le serpent Jormungand et le tue, mais pĂ©rit Ă  son tour, empoisonnĂ© par son venin, aprĂšs avoir effectuĂ© neuf pas. AprĂšs cela, tous les hommes dĂ©sertent leur demeure, le Soleil s'obscurcit et la Terre coule dans la mer, les Ă©toiles disparaissent et les flammes touchent le ciel.

À partir de la strophe 59 et jusqu'Ă  la fin du poĂšme sont expliquĂ©s le renouveau et le monde aprĂšs le Ragnarök. La terre rĂ©Ă©merge de la mer et se couvre de verdure, la völva voit l'image d'une cascade et d'un aigle chassant le poisson. Les Ases ayant survĂ©cu se rĂ©unissent et parlent des Ă©vĂ©nements de la bataille, des runes, et de leurs jeux d'autrefois. Des rĂ©coltes de champs vont repousser sans avoir Ă©tĂ© ensemencĂ©s, et les dieux Hödr et Baldr reviennent ensemble de Hel vivre Ă  Asgard. Elle dĂ©crit le dieu HƓnir qui fait des prophĂ©ties, les fils de deux frĂšres (soit Hödr et Baldr, soit Vili et VĂ©) rebĂątissent le monde. Elle voit Ă  GimlĂ© une salle couverte d'or oĂč les morts fidĂšles du Ragnarök iront habiter Ă©ternellement dans le bonheur. La strophe 65 tĂ©moigne peut ĂȘtre d'une influence chrĂ©tienne :

65.
Þá kþmr inn ríki
at regindĂłmi
öflugr ofan,
så er öllu rÊðr[10].
65.
Alors arrive d'en haut
Au dernier jugement,
Le puissant, le magnifique,
Celui qui tout gouverne[B 3].

Enfin, dans la derniĂšre strophe (66), la völva dĂ©crit le dragon NĂ­dhögg qui transporte des cadavres dans son plumage au-dessus de la plaine. La derniĂšre phrase : « À prĂ©sent, elle va disparaitre », dĂ©signe sans doute par « elle » la völva, car tout le long du poĂšme, la völva se dĂ©signe Ă  la troisiĂšme personne ; c'est chose assez courante dans la poĂ©sie scandinave. Ayant fini de parler, elle s'en va.

VafĂŸrĂșĂ°nismĂĄl

Dans le poĂšme VafĂŸrĂșĂ°nismĂĄl de l'Edda poĂ©tique nous sont donnĂ©s les noms des survivants, humains comme dieux, et d'autres informations sur le Ragnarök, par le jeu (dĂ©fi) de questions et rĂ©ponses entre le gĂ©ant VafĂŸrĂșĂ°nir et le dieu Odin.

Dans la strophe 18, Odin donne le nom de la plaine oĂč se dĂ©rouleront les combats du CrĂ©puscule des Dieux (Vigrid) :

18.
VigriĂŸr heitir vollr,
er finnaz vigi at
Svrtr oc in svaso goĂ° ;
hvndraĂŸ rasta
hann er a hverian veg,
sa er ĂŸeim vollr vitaĂŸr[11].
18.
VĂ­grĂ­dr s'appelle la plaine
OĂč se rencontreront pour le combat
Surtr et les dieux bien-aimés ;
Sur cent vingt mille elle s'Ă©tend
Aux quatre aires du vent.
Cette plaine leur est assignée[B 4].
Fenrir et Odin (1895) de Lorenz FrĂžlich.

Ensuite, Odin questionne le gĂ©ant VafĂŸrĂșĂ°nir sur la prophĂ©tie. À partir de la strophe 44, on trouve des questions sujettes au Ragnarök. On apprend notamment dans la strophe 45 que seul le couple d'humains LĂ­f et LĂ­fĂŸrasir survivra au « formidable hiver » (Fimbulvetr) en se cachant dans le bois de HĂłddmĂ­mir (« bois de MĂ­mir au TrĂ©sor », c'est-Ă -dire l'arbre-monde Yggdrasill au pied duquel se trouve la tĂȘte de MĂ­mir, source de science, donc de trĂ©sor) et se nourrissant de la rosĂ©e du matin. Odin demande ensuite Ă  la strophe 46 ce qu'il adviendra du Soleil aprĂšs que Fenrir l'aura dĂ©vorĂ©, et le gĂ©ant rĂ©pond que le Soleil aura le temps d'engendrer une fille unique juste avant, celle-ci suivra la mĂȘme route que sa mĂšre (47).

Víðarr retient la mùchoire de Fenrir (1908) de W. G. Collingwood, inspiré de la croix de Gosforth.

Odin demande dans la strophe 50 quels Ases gouverneront aprĂšs le Ragnarök, et VafĂŸrĂșĂ°nir rĂ©pond dans la strophe 51 :

51.
ViĂŸarr oc Vali
byggia vé goða,
ĂŸa er slocnar Svrta logi ;
MĂłĂŸi oc Magni
scolo Miollni hafa
Vingnis at vigĂŸroti[11].
51.
Vidarr et VĂĄli
Habiteront les aĂźtres des dieux
Quand la flamme de Surtr se sera Ă©teinte ;
MĂłdi et Magni
Auront Mjölnir
À la fin du combat de Vingnir [ Thor ][B 5].

Enfin, Odin demande dans la strophe 52 ce que sera la cause de sa mort au Ragnarök, et le géant répond dans la strophe 53 que c'est « le loup » (comprendre Fenrir) qui le tuera, mais que son fils Vidar le vengera en fendant le loup pendant la bataille.

Autres mentions

D'autres poĂšmes eddiques mentionnent le Ragnarök sans toutefois apporter plus d'informations Ă  l'histoire car il s'agit de poĂšmes dĂ©diĂ©s Ă  d'autres mythes. Le Ragnarök est parfois dĂ©signĂ© comme un Ă©vĂ©nement qui mettra fin Ă  certaines situations puisque tout sera bouleversĂ©. Ainsi on retrouve des vers comme « Jusqu'Ă  la consommation du destin des Puissances » dans plusieurs poĂšmes ; FjölsvinnsmĂĄl 20 (deux chiens gardent un enclos jusqu'au Ragnarök)[B 6], Lokasenna 39, 41 (Loki et Fenrir enchaĂźnĂ©s jusqu'au Ragnarök)[B 7], SigrdrĂ­fumĂĄl 19 (jouir des runes jusqu'au Ragnarök)[B 8], Baldrs draumar 14 (une voyante morte restera seule jusqu'au Ragnarök)[B 9], GrĂ­mnismĂĄl 4 (Thor rĂ©side Ă  ThrĂșdheimr jusqu'au Ragnarök)[B 10]. D'autres rapides rĂ©fĂ©rences Ă  la fin des temps se trouvent dans les poĂšmes HelgakviĂ°a Hundingsbana II 40-41 (en voyant chevaucher des morts, une servante pense que le Ragnarök a commencĂ©)[B 11], Hyndluljóð 44 (une rĂ©fĂ©rence au combat entre Odin et le loup Fenrir au Ragnarök)[B 12].

L'Edda de Snorri

L’Edda de Snorri est un texte mythologique en prose, qui cite de nombreux vers de la VöluspĂĄ. Il mentionne ou fait rĂ©fĂ©rence au Ragnarök, ou « CrĂ©puscule des Dieux », et ce dans plusieurs chapitres de la partie nommĂ©e Gylfaginning. Le Ragnarök est aussi rapidement mentionnĂ© Ă  la fin de la partie SkĂĄldskaparmĂĄl, au chapitre 9, parlant du fait que la famille des Hiadningar se battront jusqu'au CrĂ©puscule des dieux[D 1].

Avant le Ragnarök

Au chapitre 17 du Gylfaginning on apprend que la halle Gimlé située dans le ciel survivra au Ragnarök et c'est là qu'habiteront les hommes justes.

Dans le chapitre 26, on lit « Elle [ Idunn ] conserve dans son coffre les pommes auxquelles les dieux doivent goĂ»ter quand ils vieillissent : tous retrouvent alors la jeunesse, et il en ira ainsi jusqu’au CrĂ©puscule des dieux »[D 2].

Au chapitre 34, aprĂšs l’épisode oĂč le loup Fenrir est attachĂ© par les dieux, on lit « Les dieux avaient tellement de respect pour leurs sanctuaires et leurs lieux inviolables qu’ils ne voulurent pas les souiller du sang du loup, bien que les prophĂ©ties eussent annoncĂ© qu’il provoquerait la mort d’Odin »[D 3]. Ici, la prophĂ©tie dont il est question est le Ragnarök, durant lequel il est dit qu’Odin trouvera la mort face Ă  Fenrir enfin libĂ©rĂ©.

Dans le chapitre 50, on nous explique que les dieux Ases ont capturĂ© Loki et le punissent pour le meurtre de Balder en l’attachant sur trois pierres, surplombĂ© par un serpent dont le venin dĂ©goutte sur lui. On peut lire Ă  la fin de ce chapitre : « Loki restera attachĂ© lĂ  jusqu’au CrĂ©puscule des dieux »[D 4]. Il sera en effet libĂ©rĂ© (comme Fenrir) au commencement du Ragnarök, et combattra Heimdall. Ils mourront tous les deux.

L’évĂ©nement

« Thor et le Serpent de Midgard » par Emil Doepler (1905).

Le chapitre 51 offre une explication dĂ©taillĂ©e du Ragnarök avec de nombreuses citations en vers de la VöluspĂĄ. Il est expliquĂ© que le Ragnarök sera d’abord annoncĂ© par trois hivers oĂč des guerres entre les hommes surgiront de par le monde, poussant les frĂšres Ă  s’entretuer, les pĂšres Ă  tuer leurs fils, ou Ă  commettre des actes incestueux. Est ensuite citĂ©e la strophe 45 de la VöluspĂĄ, qui relate ces faits comme dit prĂ©cĂ©demment. Un loup dĂ©vorera le Soleil et son frĂšre la Lune. Les Ă©toiles disparaitront. Arrivera ensuite un terrible hiver nommĂ© Fimbulvetr (« Grand Hiver ») oĂč le Soleil ne brillera pas. Se succĂšderont ainsi trois hivers sans Ă©tĂ© pour les sĂ©parer. Il est expliquĂ© ensuite que la terre tremblera, que les montagnes s’écrouleront et que tous les liens cĂšderont, libĂ©rant ainsi Fenrir. Le serpent gĂ©ant Jörmungand gagnera le rivage faisant dĂ©ferler l’ocĂ©an dans les terres[D 5].

« Asgard brûle » par Emil Doepler (vers 1905)

Le bateau Naglfar, fait d’ongles humains, sera dĂ©tachĂ© et naviguera dans le dĂ©ferlement de l’ocĂ©an, pilotĂ© par le gĂ©ant Hrym (en contradiction avec la VöluspĂĄ, oĂč il est dit que c'est Loki qui pilote Naglfar). Le loup gĂ©ant Fenrir ira la mĂąchoire ouverte (la partie infĂ©rieure rasant la terre et la partie supĂ©rieure touchant le ciel), avec ses yeux et narines crachant du feu. À ses cĂŽtĂ©s, Jörmungand empoisonnera l’air et la mer de son venin.

Le ciel s’ouvrira et les fils de Muspellheim jailliront, entourĂ©s de flammes, ils seront commandĂ©s par Surt dont l’épĂ©e brille plus que le Soleil. Brisant le pont Bifrost, ils se dirigeront alors vers la plaine de Vigrid, rejoignant ainsi Fenrir et Jörmungand, Loki avec les morts de Hel et Hrym avec tous les gĂ©ants du givre. La plaine « s’étend sur cent lieues dans toutes les directions ». À ce moment-lĂ , Heimdall soufflera dans Gjallarhorn rĂ©veillant ainsi les dieux. Odin demandera conseil Ă  la tĂȘte de Mimir. Yggdrasil tremblera, et toutes les crĂ©atures auront peur. Les Ases et les Einherjar armĂ©s iront vers la plaine, guidĂ©s par Odin. Odin combattra Fenrir[D 6], Thor combattra Jörmungand, Freyr combattra Surt et mourra car il lui manquera son Ă©pĂ©e qu’il a donnĂ© Ă  Skirnir. Le chien Garm sera aussi libĂ©rĂ© et affrontera TĂœr, ils mourront tous les deux. Thor tuera Jörmungand et mourra de son venin aprĂšs avoir fait neuf pas. Fenrir dĂ©vorera Odin, mais le dieu sera ensuite vengĂ© par son fils Vidar, qui dĂ©chirera la mĂąchoire du loup. Heimdall combattra Loki et ils s’entretueront. Enfin, Surt incendiera le monde entier[D 7].

Sont ensuite citĂ©es les strophes 46 et 47 de la VöluspĂĄ, ainsi que la strophe 18 du VafĂŸrĂșĂ°nismĂĄl (ce dernier donne des informations sur le champ de bataille, Vigrid)[D 8].

Conséquences

Dans le chapitre 52, est expliquĂ© ce qu’adviendra de tous les morts du Ragnarök. Les demeures sont nombreuses, bonnes ou mauvaises. La meilleure sera nommĂ©e GimlĂ©, elle abrite une halle nommĂ©e Brimir oĂč il y aura abondance de boissons. Une autre halle nommĂ©e Sindri sera la demeure des hommes bons et vertueux. Aux Nastrandir, se trouvera une halle sinistre faite de serpents « de sorte que le long de la halle coulent des fleuves de venin, dans lesquels marchent les parjures et les meurtriers » (lĂ  les strophes 38 et 39 de la VöluspĂĄ sont citĂ©s). La pire demeure sera Ă  Hvergelmir, est citĂ© un passage de la VöluspĂĄ indiquant que lĂ  le dragon Nidhogg tourmentera le cadavre des trĂ©passĂ©s[D 9].

Le chapitre 53 explique le sort des dieux et de la terre. On y apprend que la terre resurgira de la mer et retrouvera sa beautĂ©. Vidar et Vali survivront et habiteront Ă  Idavoll (lĂ  oĂč se trouvait auparavant Asgard). Y viendront les fils de Thor ; Modi et Magni, avec le marteau Mjollnir. Balder et Hodr venus de Hel y iront aussi. Ils discuteront des Ă©vĂ©nements passĂ©s. Un couple d’humains survivra, Lif et Lifthrasir, s’étant cachĂ©s dans le bois de HĂłddmĂ­mir pendant l’incendie de Surt (citation de la strophe 45 du VafĂŸrĂșĂ°nismĂĄl). Sol aura donnĂ© naissance Ă  une fille tout aussi belle qui la remplacera[D 10] (et la strophe 47 du VafĂŸrĂșĂ°nismĂĄl, oĂč ceci est expliquĂ©, est citĂ©e).

Témoignages archéologiques

Croix de Thorwald

Croix de Thorwald sur le sol de Kirk Andreas, Île de Man.

La croix de Thorwald, situĂ©e sur l'Île de Man et datĂ©e du XIe siĂšcle[12] ou du Xe siĂšcle par Rundata[13], comprend un mĂ©lange d'iconographie paĂŻenne et chrĂ©tienne. Un dessin reprĂ©sente un homme barbu tenant une lance vers un loup, avec son pied droit dans la gueule et avec un oiseau posĂ© sur son Ă©paule. Ceci reprĂ©senterait Odin avec un de ses corbeaux, se faisant dĂ©vorer par le loup Fenrir au Ragnarök.

Croix de Gosforth

La croix de Gosforth en Cumbria, Angleterre, datĂ©e du Xe siĂšcle ou XIe siĂšcle, prĂ©sente un mĂ©lange d'iconographie chrĂ©tienne et paĂŻenne, ce qui la rend comparable Ă  la croix de Thorwald. On y voit notamment une scĂšne reprĂ©sentant un homme avec une lance face Ă  une tĂȘte monstrueuse avec une langue fourchue, un pied de l'homme appuie sur la mĂąchoire infĂ©rieure du monstre et une main pousse sa mĂąchoire supĂ©rieure. Ceci renvoie sans doute Ă  la scĂšne du Ragnarök quand Vidar dĂ©chire la gueule du loup Fenrir, telle qu'elle est dĂ©crite dans l'Edda de Snorri[14].

Pierre runique de Ledberg

Pierre de Ledberg.

La pierre runique de Ledberg (en) situĂ©e en Östergötland en SuĂšde et datant du XIe siĂšcle comporte un dessin d'un homme avec son pied dans la gueule d'une bĂȘte Ă  quatre pattes (comparable aussi au dessin de la croix de Thorwald), ce qui pourrait ĂȘtre une reprĂ©sentation d'Odin se faisant dĂ©vorer par le loup Fenrir au Ragnarök, comme dĂ©crit dans la VöluspĂĄ.

Pierre runique de SkarpÄker

Sur la pierre runique de SkarpÄker du Södermanland en SuÚde datant du XIe siÚcle, un pÚre pleure la mort de son fils. Afin d'exprimer l'ampleur de sa peine il fait allusion au Ragnarök avec un poÚme en vers rappelant par sa forme les poÚmes de l'Edda Poétique :

IarĂ° skal rifna
ok upphiminn
La Terre sera déchirée
et les hauts cieux[15].

Origines des textes

La question de l'origine des textes Ă©voquant le Ragnarök et des influences et apports extĂ©rieurs est trĂšs discutĂ©e, plusieurs travaux de recherche et de comparaison ayant Ă©tĂ© effectuĂ©s. Ce texte et tous les textes nordiques sont le fruit d’un trĂšs lointain hĂ©ritage commun, il est difficile de savoir si le Ragnarök est d’origine paĂŻenne, issu de l'observation de catastrophes naturelles, issu de la mythologie grĂ©co-romaine ou encore de la religion chrĂ©tienne. Il pourrait s'agir d'un mixage de tous ces textes, qui pourrait emprunter le dĂ©but Ă  la mythologie grecque et la fin Ă  l’apocalypse chrĂ©tienne.

Mythologie comparée

Par la mythologie comparée, des spécialistes ont tenté de comparer le Ragnarök avec d'autres récits mythologiques anciens, soit pour démontrer une influence issue d'autres cultures, soit pour prouver par exemple que les racines du récit du Ragnarök proviennent d'un mythe originel proto-indo-européen dont seraient issus tous les mythes indo-européens similaires.

MahĂąbhĂąrata

Un manuscrit illustré de la guerre de Kurukshetra, entre les Kauravas et les Pùndavas, telle qu'elle est décrite dans le Mahùbhùrata.

Georges DumĂ©zil note une ressemblance entre le Ragnarök et un rĂ©cit hindou, donc issu d'une autre religion indo-europĂ©enne : la guerre de Kurukshetra, de l'Ă©popĂ©e le MahĂąbhĂąrata. Il note que l'Ă©pisode du meurtre de Baldr et son sĂ©jour dans le monde des morts est comparable dans l'hindouisme Ă  l'exil des PĂąndavas, de par les thĂšmes et les fonctions des personnages principaux qui sont plus ou moins Ă©quivalents[16]. Ces pĂ©riodes d'attente dans les deux rĂ©cits se terminent par une grande bataille oĂč pĂ©rissent tous les reprĂ©sentants du mal et la majoritĂ© des reprĂ©sentants du bien, et des personnages homologues semblent avoir des rĂŽles similaires[16]. DumĂ©zil a aussi soutenu que Heimdall a pour homologue le hĂ©ros indien Bhishma, et il s'avĂšre que les deux personnages sont les plus anciens protagonistes existant ainsi que les derniers Ă  pĂ©rir pendant la grande bataille[17].

Ayant effectuĂ© cette comparaison, Georges DumĂ©zil conclut que « L'ampleur et la rĂ©gularitĂ© de cette harmonie entre le MahĂąbhĂąrata et l'Edda rĂšglent, je pense, les problĂšmes [...] du Ragnarök, qu'on a eu tort de morceler. Et, ce problĂšme [...], elles le rĂšglent d'une maniĂšre inattendue, Ă©cartant, sauf pour quelques dĂ©tails accessoires et tardifs, les solutions fondĂ©es sur l'emprunt, iranien, caucasien ou chrĂ©tien, et mettant au jour un vaste mythe sur l'histoire et le destin du monde, sur les rapports du mal et du bien, qui devait ĂȘtre constituĂ© dĂ©jĂ , avant la dispersion, chez une partie au moins des Indo-EuropĂ©ens[16] ».

Autres motifs indo-européens

Des parallÚles ont été mis en évidence entre le Ragnarök du paganisme nordique, et d'autres événements relatés dans les croyances indo-européennes. L'une de ces théories veut que le Ragnarök soit une évolution tardive de la religion des proto-indo-européens. Ces comparaisons incluent l'hiver cosmique qui dure trois saisons (le Fimbulvetr), dont on retrouve trace chez les anciens iraniens dans le Bundahishn et le Yima[18]. Víðarr est comparable au dieu védique Vishnou, car les deux ont une foulée « cosmique » avec laquelle ils réussissent à défaire les forces du mal qui ont obtenu une victoire éphémÚre[19]. Des comparaisons plus larges ont été effectuées concernant le thÚme de la « bataille finale » dans les cultures indo-européennes, y reviennent la présence d'un aveugle (ou d'un borgne) dans cette bataille, ainsi que des thÚmes et des chiffres similaires[18].

Inspirations chrétiennes

De nombreux historiens[Note 1] s'accordent pour affirmer que le Ragnarök, en dĂ©pit d'un fond nordique (et plus largement indo-europĂ©en), a Ă©tĂ© rĂ©Ă©crit en Islande par des chrĂ©tiens, deux siĂšcles et demi aprĂšs l'Ă©vangĂ©lisation de l'Ăźle, soit au XIIIe siĂšcle, et mettent en garde sur le fait que les auteurs de tous les textes conservĂ©s sur la mythologie nordique Ă©taient des clercs, ou avaient reçu une formation clĂ©ricale. Toutes les sources littĂ©raires de la mythologie nordique sont donc « impures »[I 3], et RĂ©gis Boyer ajoute qu'« il faut garder constamment ses distances envers ce texte trop beau pour ĂȘtre vrai »[Y 1], parlant mĂȘme d’intoxication : « il faut demeurer conscient que cette imprĂ©gnation pour ne pas dire intoxication littĂ©raire (chrĂ©tienne et classique), afin d’apprĂ©cier Ă  leur juste valeur les prestations scaldiques, eddiques, et sagas »[I 4]. Les influences chrĂ©tiennes dans les rĂ©cits nordiques avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© traitĂ©es par Axel Olrik dĂšs le dĂ©but du XXe siĂšcle (Om Ragnarok, 1902). Les auteurs de ces textes se sont probablement livrĂ©s Ă  l’interprĂ©tation de textes bibliques tels que l’Apocalypse[20]. RĂ©gis Boyer ajoute que les auteurs des Ɠuvres majeures concernant les croyances scandinaves, comme Saxo Grammaticus (gesta danorum, vers 1200) et Snorri Sturluson (Edda en prose, vers 1220) Ă©taient fĂ©rus de culture classique. Ainsi, ils ont pu faire de l’interprĂ©tation[I 5] - [I 6] vis-Ă -vis d'histoires qu’ils voulaient raconter et que souvent, ils n’entendaient plus[Y 2]. Ils connaissaient trĂšs bien la Bible[I 7] et il faut tenir compte de leurs possibles adaptations ou rĂ©Ă©critures[C 3].

Selon Régis Boyer, le Ragnarök serait un texte avec un fond païen, remanié par les chrétiens[S 1] - [I 3] - [Y 1] - [I 4] et la Völuspå pourrait avoir été écrite par Hildegarde de Bingen[Y 3], une sainte chrétienne qui écrivait ses visions cosmogoniques d'ordre mystique, rattachées à une forme de merveilleux chrétien. « Tous les documents islandais anciens sont écrits sur palimpsestes, et il faut gratter l'apport continental chrétien pour tenter de retrouver l'authenticité scandinave (et germanique) ancienne[I 8] ». Il tente ainsi de reconstituer les textes originaux plutÎt que de prendre à la lettre ce qu'il juge comme « des récits souvent trop complaisants ou adaptés de sources latines »[C 4].

L'historienne Hilda Ellis Davidson pense que « dans cette description nous avons affaire Ă  un monde mythique artificiel, bien Ă©loignĂ© de la foi vivante de l’ùre paĂŻenne »[5].

Arnaud d'Apremont ajoute que « sous le vernis chrĂ©tien se trouvent de grands textes de la littĂ©rature europĂ©enne »[21]. Einar Ólafur Sveinsson, spĂ©cialiste islandais actuel, dit en parlant de tous les textes que : « la littĂ©rature ancienne de son pays est mi-ecclĂ©siastique, mi-sĂ©culiĂšre », et RĂ©gis Boyer constate qu'« on ne voit pas comment le contredire »[I 9].

L’éducation chrĂ©tienne de Snorri pourrait avoir altĂ©rĂ© sa conception du paganisme, Ă  travers sa prĂ©sentation Ă©vhĂ©mĂ©riste des dieux paĂŻens[22].

Motifs rappelant l’Apocalypse biblique

Illustration de l'Apocalypse chrétienne, avec les anges jouant de la trompette.

Une foule de dĂ©tails relevĂ©s par Jean Renaud dans le Ragnarök rappellent l’Apocalypse de la Bible, car Heimdall souffle dans son cor comme les anges sonnent la trompette, le Soleil s’obscurcit, les Ă©toiles tombent du ciel, de grands cataclysmes arrivent, les monstres se libĂšrent au Ragnarök tout comme les bĂȘtes de la mer et de la terre que dĂ©crit saint Jean. Les dieux combattent contre les forces du dĂ©sordre, comme l’archange Michel fait la guerre aux dragons et Ă  ses anges. Or, ce dragon est le diable et Loki correspond Ă  Lucifer, car Satan et Loki sont tous deux enchaĂźnĂ©s avant d’ĂȘtre dĂ©finitivement vaincus. Le Ragnarök, tout comme l’Apocalypse, est suivi d’une rĂ©gĂ©nĂ©ration universelle oĂč Baldr doit revenir, tout comme le Christ au jugement dernier[2] - [Y 1].

Autres motifs rappelant la Bible

RĂ©gis Boyer ajoute que le couple humain sauvĂ© par le tronc d'Yggdrasil Ă©voque Ève et Adam, puis que Baldr retrouve les merveilleuses tables d'or, tout comme MoĂŻse retrouve les tables de la loi[Y 4]. Selon lui, la Bible a Ă©tĂ© pillĂ©e[S 2], « tout comme les Etymologiae d’Isidore de SĂ©ville XI :3, que Snorri Sturluson avait lues de prĂšs »[Y 5]. Il cite un exemple de vieux texte germanique rĂ©Ă©crit par des chrĂ©tiens, « Muspilli » (dont le terme est un hapax: expression que l'on a observĂ©e qu'une seule fois Ă  une Ă©poque donnĂ©e). Surtr y est remplacĂ© par l'AntĂ©christ, Elias remplace Thor, Loki remplace Satan, la bataille remplace le jugement dernier... Grau propose un rapport de tout le texte de la poĂ©sie, Ă  part deux vers, Ă  celui de l’ouvrage du thĂ©ologien du IVe siĂšcle Saint Éphrem le Syrien[23] - [24]. La littĂ©rature apocalyptique de la Bible, prolifĂ©rante au Moyen Âge et en particulier Ă  l’époque du millĂ©narisme, a probablement beaucoup influencĂ© les auteurs des textes de la mythologie nordique[I 6] - [I 2] - [I 10] - [Y 1]. Ces similitudes sont trĂšs antĂ©rieures Ă  l’époque Viking, et se retrouvent dans le Ragnarök, Ă©crit en pleine Ă©poque chrĂ©tienne par des chrĂ©tiens soumis Ă  de sĂ©vĂšres censures[I 11] - [S 3].

HypothĂšses

Les historiens ont émis différentes hypothÚses pour expliquer les origines des textes mentionnant le Ragnarök

Terreur de l'an mil

Régis Boyer note des influences chrétiennes sur la rédaction de la Völuspå, semblable à la fin du monde millénariste et au jugement dernier dans la derniÚre partie de la Bible, nommée l'Apocalypse[Y 1] - [I 2] - [I 1]. Le millénarisme soutient l'idée d'un rÚgne terrestre du Messie aprÚs que celui-ci aura chassé l'Antéchrist, préalablement au Jugement dernier.

L'hypothĂšse qu'il dĂ©fend est que pour l'an mil chrĂ©tien, les serviteurs de la Bible menaçaient d'une fin du monde imminente[I 1]. Ils se fondaient, entre autres, sur le dernier livre de la Bible, l'Apocalypse[I 2] - [I 1]. Cette fin du monde n'eut Ă©videmment pas lieu, l'an mil et les annĂ©es suivantes s'Ă©coulĂšrent normalement sans le courroux divin. Le monde chrĂ©tien fut rassurĂ© d'avoir Ă©chappĂ© Ă  la colĂšre divine, mais se trouva fort dĂ©sappointĂ© quant Ă  ces fausses prĂ©dictions. L’Église devait rĂ©pondre de cette fin du monde annoncĂ©e, c’était vital pour la pĂ©rennitĂ© de la religion chrĂ©tienne. Les autoritĂ©s chrĂ©tiennes rĂ©vĂ©lĂšrent alors que cette apocalypse dont ils parlaient tant ne visait en fait que « la fin du systĂšme mauvais » : seuls les dieux, gĂ©ants et monstres paĂŻens furent dĂ©truits, les deux textes principaux de la mythologie nordique, celui de la VöluspĂĄ[I 1] et le texte de Snorri, Ă©crit deux siĂšcles et demi aprĂšs l’adoption du christianisme, auraient ainsi pu ĂȘtre prĂ©sentĂ©s comme des explications.

Diabolisation des religions païennes et évhémérisme

Historiquement, durant la christianisation de la NorvÚge, le roi Olaf Tryggvason usait de moyens élaborés pour tuer ceux qui refusaient le christianisme.

Une autre hypothĂšse concernant le Ragnarök est liĂ©e au fait que le contexte chrĂ©tien n’était pas favorable Ă  la persistance du culte des divinitĂ©s paĂŻennes, ainsi, dans la Saga du Roi Olaf Tryggvason, afin de prouver leur piĂ©tĂ©, les gens doivent insulter et ridiculiser les dĂ©itĂ©s majeures des paĂŻens quand ils sont nouvellement convertis au christianisme[25] - [26].

Les Vikings avaient l’obligation d’abandonner leurs anciennes croyances[27]. Le prologue de l’Edda de Snorri, s’adressant aux jeunes Scaldes, dit ainsi que les chrĂ©tiens n’ont pas Ă  croire aux dieux paĂŻens[Y 6]. Les auteurs chrĂ©tiens (Ă©vhĂ©mĂ©ristes)[I 5] - [I 6] qui ont rĂ©Ă©crit tous les textes nordiques paĂŻens, dĂ©considĂ©raient et vilipendaient les dieux paĂŻens[27] pour en faire de simples mortels[I 12] - [I 13]. RĂ©gis Boyer fait savoir que l’Église entreprend un travail d’éradication[S 3] en s’efforçant de dĂ©valuer les croyances et pratiques menaçant la doctrine chrĂ©tienne, les dieux passent Ă  l’état de diables, ou subtilement, se retrouvent ridiculisĂ©s[C 5] - [C 6], c'est ainsi, selon lui, qu'ils pĂ©rissent lors du combat final relatĂ© dans la VöluspĂĄ, et dans les textes constituant le Ragnarök[I 14] - [C 6].

Toujours selon Boyer, Snorri Sturluson et Saxo Grammaticus font de l’évhĂ©mĂ©risme en affirmant que les dieux ne sont que d’anciens magiciens divinisĂ©s, comme dans la Trojumanna saga (saga des Troyens)[I 2] - [I 12] - [I 13].

Confusion entre bataille ultime et bataille Ă©ternelle

RĂ©gis Boyer note une possible confusion entre le Ragnarök, bataille ultime oĂč les dieux nordiques principaux et les guerriers meurent[S 3], et la bataille Ă©ternelle oĂč les dieux nordiques paĂŻens ne pĂ©rissent pas, seuls les guerriers y risquent la mort mais reprennent vie aprĂšs le combat pour festoyer. C'est un texte trĂšs ancien que l’on retrouve dans divers documents comme HjaĂ°ningavĂ­g[Y 7]. Boyer parle de « retrouver le vrai texte paĂŻen derriĂšre les rĂ©Ă©critures chrĂ©tiennes »[C 4], et le texte le plus probable pourrait ĂȘtre celui de la bataille Ă©ternelle, la bataille ultime Ă©tant une rĂ©Ă©criture de la Bataille Ă©ternelle[Y 7] :

« Plus important est le peuplement de la Valhöll, ces einherjar (einheri), qui sont « ceux qui constituent une armĂ©e ». Selon Gylfaginning 24-25, ils sortiront au Ragnarök par rang de 800 Ă  la fois, par chacune des 640 portes simultanĂ©ment afin d'affronter les forces du Mal. Ce serait afin de pourvoir Ă  cet ultime assaut fatidique qu’Odinn se soucierait tant de peupler sa Valhöll. En somme, ces morts auraient pour mission suprĂȘme d’assurer la victoire des forces de vie au moment le plus dramatique de toute l’histoire mythique du monde, motif qui coĂŻncide bien avec l’esprit profond de toute la thĂ©matique que je dĂ©taille ici. En attendant, les einherjar passent leur journĂ©e Ă  s’entre-combattre, mais blessĂ©s et « morts » reviennent Ă  la pleine vigueur ou Ă  la vie chaque soir pour banqueter joyeusement de la chair de Saehrimnir, servis par les valkyries. De ce fait nous voici renvoyĂ©s Ă  un autre motif lĂ©gendaire bien vivant dans le Nord, celui de la bataille Ă©ternelle. Qui prĂ©sente des rapports Ă©vidents, si elle n’en est pas une version plus Ă©laborĂ©e, d’un mythe trĂšs ancien, attestĂ© par l'Edda de Snorri, la Ragnarsdrapa de Bragi Boddason ou des textes plus rĂ©cents comme Saxo Grammaticus ou le Sörla Thattr (XIIIe siĂšcle), celui de la Hjadninga Ă©l ou HjaĂ°ningavĂ­g (combat des Hjadningar), lui-mĂȘme tirĂ© d’une Hildar saga, aujourd'hui disparue. Le trait commun Ă  ces diverses versions est une bataille Ă©ternelle, provoquĂ©e par une femme
 »

— RĂ©gis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves[Y 7]

Volcanisme en Islande

Hilda Ellis Davidson dĂ©fend une thĂ©orie selon laquelle les Ă©vĂ©nements de la VöluspĂĄ survenant aprĂšs la mort des dieux (le Soleil qui devient noir, la fumĂ©e, les flammes qui touchent le ciel, etc) pourraient ĂȘtre inspirĂ©s par des Ă©ruptions volcaniques en Islande. Les tĂ©moignages des Ă©ruptions en Islande comportent de grandes similitudes avec les Ă©vĂ©nements dĂ©crits dans la VöluspĂĄ, en particulier l'Ă©ruption qui s'est produite aux LakagĂ­gar en 1783[28]. Bertha Phillpotts suppose que le jötunn Surt a Ă©tĂ© inspirĂ© par des Ă©ruptions islandaises, et qu'il Ă©tait un dĂ©mon volcanique[28].

Dans la culture moderne

Grani et Brunehilde se sacrifient dans le brasier funĂ©raire de Siegfried Ă  la fin de l’acte III de GötterdĂ€mmerung, et le Ragnarök fait suite.

Musique

Le Ragnarök est devenu une source d’inspiration moderne, dont l’adaptation la plus cĂ©lĂšbre est celle de Richard Wagner, qui a fait du CrĂ©puscule des Dieux (Die GötterdĂ€mmerung) le titre de la derniĂšre partie de son opĂ©ra L'Anneau du Nibelung. L’opĂ©ra s’arrĂȘte cependant avec le Ragnarök, et ne le met pas en scĂšne directement.

Le Ragnarök est aussi souvent rĂ©fĂ©rencĂ© dans la musique moderne, surtout dans les genres de heavy metal. Il a notamment inspirĂ© le nom du groupe de black metal norvĂ©gien Ragnarok (1994), l’album Ragnarok (1995) du groupe de metal amĂ©ricain GWAR, la chanson I lenker til Ragnarok (« EnchaĂźnĂ© jusqu’au Ragnarök ») de l’album Blodhemn (1998) du groupe de black metal norvĂ©gien Enslaved, l’album Ragnarok (2006) du groupe fĂ©roĂŻen de Viking metal TĂœr, l’album Twilight of the Thunder God (2008 — en français « CrĂ©puscule du dieu du Tonnerre ») du groupe de death metal suĂ©dois Amon Amarth, la chanson Ragnarok de l’album Njord (2009) du groupe de metal symphonique germano-norvĂ©gien Leaves' Eyes, la chanson Ragnarok (Dream of the End) du groupe de power metal Spellblast, la chanson Prophecy of Ragnarök de l'album du mĂȘme nom (2017) du groupe de power metal Brothers of Metal et un festival allemand de pagan metal, le Ragnarök Festival.

Littérature et bande dessinée

Dans les mangas, le Ragnarök sert de titre au manhwa Ragnarok (1995-) qui a Ă©tĂ© adaptĂ© en MMORPG sous le titre de Ragnarök Online en 2001 et qui a donnĂ© lui-mĂȘme lieu Ă  une sĂ©rie d’animation japonaise sous le titre Ragnarök the Animation en 2004. Le manga japonais Loki le dĂ©tective mythique (1999-2001) a pour titre original « Le dĂ©tective mythique Loki Ragnarok ». Peut Ă©galement ĂȘtre citĂ© l’anime Code Geass dont l’épisode de la deuxiĂšme saison s’intitule La Connexion Ragnarok[29]. Ragnarök se retrouve dans le manga Soul Eater en lame damnĂ©e contrĂŽlĂ©e par Crona[30]. Dans le manhwa Noblesse (2008-) le Ragnarök est le nom de l’épĂ©e laissĂ©e par l’ancien roi dans le temple de Rai (chapitre 179).

En bande dessinĂ©e francophone, on retrouve Siegfried (2007-) d’Alex Alice inspirĂ© surtout de l’opĂ©ra de Wagner et, par consĂ©quent, le troisiĂšme tome (Ă  paraĂźtre) se nomme Le CrĂ©puscule des Dieux. Il existe aussi la sĂ©rie Le CrĂ©puscule des Dieux (2007-2009), inspirĂ©e Ă©galement de l’opĂ©ra. C'est partie du titre du 4e album de la sĂ©rie de bande dessinĂ©e Kookaburra, SystĂšme Ragnarok. Raghnarok est aussi le nom d'une sĂ©rie de Boulet pour la jeunesse, incarnant un jeune dragon peu douĂ©.

Aux États-Unis, les comics Marvel reprennent Ă©galement l'Ă©vĂ©nement du Ragnarök, provoquĂ© par le sacrifice de la hache de Skurge dans le Vaisseau des morts de la dĂ©esse Hela. Contrairement au Ragnarök originel de la mythologie scandinave, Thor survit aux Ă©vĂ©nements. Cet Ă©vĂ©nement sera d'ailleurs rĂ©interprĂ©tĂ© et intĂ©grĂ© Ă  l'univers cinĂ©matographique Marvel dans le cadre du film Thor 3 : Ragnarok sorti en 2017.

Chez l'Ă©diteur Dark Horse Comics, et plus particuliĂšrement l'univers Hellboy, il s'agit du nom d'un projet secret menĂ© par Raspoutine pour l’Allemagne nazie visant Ă  dĂ©clencher l'apocalypse. Dans cet univers, "Ragna Rok" survient effectivement dans l'arc scĂ©naristique de BPRD : Un mal bien connu.

Télévision et cinéma

La comĂ©die de Terry Jones Erik, le Viking (1989) est centrĂ©e sur un viking qui tente de mettre fin Ă  l’ñge du Ragnarök.

Thor : Ragnarok, film de Taika Waititi, sorti en 2017, se déroule durant le Ragnarök

Dans Le Seigneur des anneaux : Le Retour du roi, Aragorn tient un discours Ă  ses troupes lors de la bataille de la Porte noire oĂč il reprend des thĂšmes du Ragnarök.

Dans le dessin-animé Zak Storm, super pirate, Crogar, un jeune viking pas trÚs futé, compagnon du héros et trÚs grand combattant, a toujours pour cri de guerre : « RagnÀrok ! »

Dans l’univers mĂ©diĂ©val fantastique du DuchĂ© de Bicolline, le Ragnarok est le nom donnĂ© par ses ennemis a un clan de guerriers et guerriĂšres vikings, Ă©tabli et contrĂŽlant le Kintzheim, la plus grande province de lÂŽEmpire. Reconnu et redoutĂ© en tant que la plus importante guilde militaire, ce groupe incontrĂŽlable a Ă  sa tĂȘte Thorstein, fils d’Osulf.

Jeux vidéo

Le Ragnarok apparait dans un grand nombre de jeux vidéo :

  • Dofus (2004), le Ragnarok est le nom d'un marteau
  • Breath of fire 3 (1998), Ragnarok est un sort utilisĂ© par Momo
  • Rune (2000), le personnage Ragnar empĂȘche Loki de dĂ©clencher le Ragnarök
  • Kingdom Hearts (2002), Sora a une prise appelĂ©e Ragnarok
  • MechAssault (2002), Ragnarok est un « Mech » dĂ©blocable en finissant le jeu
  • Age of Mythology (2002) Le concept de Ragnarok, dans son ensemble (thĂšme de la fin du monde), est rĂ©utilisĂ© dans le jeu
  • Tomb Raider: Underworld (2008), Lara Croft empĂȘche le Ragnarök de se produire
  • Max Payne (2001), Ragna Rock est le nom d'une boite de nuit
  • Ragnarök Online (2001) un MMORPG adaptĂ© du manhwa Ragnarok (1995-)
  • Golden Sun, Ragnarok est une attaque invoquant une Ă©pĂ©e gigantesque
  • Valkyrie Profile (2000), Le Ragnarok est le dĂ©nouement de l'histoire
  • League of Legends, Ragnarok est un sort pouvant ĂȘtre lancĂ© par le champion Olaf (lui-mĂȘme Ă©tant un viking)
  • World of Warcraft, l'un des seigneurs Ă©lĂ©mentaire (celui du feu) a pour nom Ragnaros et apparaĂźt une premiĂšre fois en boss lors du raid « CƓur du Magma » puis de nouveau lors de l'extension Cataclysm sortie en 2010
  • The Witcher 3 (2015), le protagoniste GĂ©ralt de Riv doit participer Ă  sauver le monde du Ragh nar Roog dans l'archipel de Skellige, en rĂ©fĂ©rence certaine au Ragnarök, le nom ayant Ă©tĂ© adaptĂ© pour mieux coller avec l'univers de la saga
  • God of War: Ragnarök (2022), le jeu apporte une adaptation originale de la mythologie nordique pour y intĂ©grer son personnage principal, Kratos. Le Ragnarök est la bataille finale du jeu. Kratos sonne, a l'aide du Lur "Gjallarhorn", le dĂ©but des combats, opposant tous les royaumes contre Asgard. Durant la bataille, on peut apercevoir Jormungandr (Le Serpent-Monde) contre Thor, les Elfes et les Valkyries, ou encore Surt le gĂ©ant de feu. Ce dernier dĂ©truira Asgard.
  • Assassin's Creed Valhalla (2020)
  • Le Ragnarok est le nom d’une Ă©pĂ©e dans les jeux vidĂ©o Final Fantasy IV (1991), Final Fantasy VI (1994), Final Fantasy VII (1997), Final Fantasy IX (2000), Final Fantasy XI (2002)[31], ainsi que dans Final Fantasy XII (2006)
  • C’est un vaisseau dans Final Fantasy VIII (1999) et un monstre dans Final Fantasy XIII (2009)

Notes

  1. Einar Ólafur Sveinsson, Hilda Roderick Ellis Davidson, Viktor Rydberg, Eugen Mogk, Jean Renaud, Jacob Grimm, A. d'Apremont, Keary Charles, ou encore Grau

Références

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  • RĂ©gis Boyer, Yggdrasill, la religion des anciens Scandinaves, Paris, Payot, , 249 p. (ISBN 978-2-228-90165-9)
  1. p. 37
  2. p. 27
  3. p. 8
  4. p. 205
  5. p. 125
  6. p. 36
  7. p. 141
  • RĂ©gis Boyer, Le Christ des Barbares : le monde nordique, IXe-XIIIe s., Paris, Cerf, , 155 p. (ISBN 978-2-204-02766-3 et 2-204-02766-9)
  1. p. 121
  2. p. 148
  3. p. 17
  4. p. 18
  5. p. 33
  6. p. 34
  1. p. 172
  2. p. 71-72
  3. p. 122

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

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