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Opération Spring

L'opération Spring est une opération militaire menée par les forces alliées, principalement le Canada, pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle s'est déroulée en France au sud de la ville de Caen lors de la bataille de Normandie entre le 25 et le , avec pour but de fixer les forces allemandes, principalement les divisions blindées, à l'est du front pour faciliter à l'ouest l'opération Cobra menée par les Américains qui tentent de percer le front dans le sud du Cotentin.

Opération Spring
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Le faux clair de lune obtenu avec des projecteurs anti-aériens lors de l'opération Spring.
Informations générales
Date -
Lieu Normandie
(France)
Issue Victoire défensive allemande
Forces en présence
8 bataillons d'infanterie
6 escadrons blindés
artillerie divisionnaire
aviation d'appui
1 division de grenadiers
2 Panzerdivisions
artillerie divisionnaire
Pertes
plus de 1 500 pertes,
dont ≈ 450 tuĂ©s
inconnues

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Bataille de Normandie

Opérations de débarquement (Neptune)

Secteur anglo-canadien

Secteur américain

Fin de la bataille de Normandie et libération de l'Ouest

Mémoire et commémorations

CoordonnĂ©es 49° 07â€Č nord, 0° 20â€Č ouest
GĂ©olocalisation sur la carte : Basse-Normandie
(Voir situation sur carte : Basse-Normandie)
Opération Spring
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Opération Spring

Cette opĂ©ration est menĂ©e par le 2e Corps canadien commandĂ© par le Lieutenant gĂ©nĂ©ral (en France, gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Guy Simonds. Elle s'oppose au gros des forces blindĂ©es allemandes, principalement le 1er Corps de SS-Panzer du SS-oberstgruppenfĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral de groupe d'armĂ©e SS) Josef Dietrich qui obtient un succĂšs dĂ©fensif certain.

Dans la nuit du 24 au , Ă  la lueur de projecteurs anti-aĂ©riens et avec l'appui de chars et de l'artillerie, Simonds lance l'infanterie canadienne au sud de Caen, sur les trois axes de May-sur-Orne, VerriĂšres et Tilly-la-Campagne pour atteindre en profondeur Fontenay-le-Marmion, Rocquancourt et Garcelles-Secqueville, et peut-ĂȘtre ouvrir la route de Falaise. À l'exception de la prise du village de VerriĂšres par le Royal Hamilton Light Infantry du lieutenant-colonel John Meredith Rockingham (en), toutes les autres actions canadiennes Ă©chouent face Ă  la rĂ©sistance allemande de la nuit et de la matinĂ©e. Quand le commandement alliĂ© envisage de relancer de nouvelles actions en fin d'aprĂšs-midi, ce sont les blindĂ©s allemands qui passent Ă  la contre-attaque et repoussent les Canadiens sur leur ligne de dĂ©part.

Cette opĂ©ration est trĂšs coĂ»teuse en vies humaines. Au total, elle cause plus de 1 500 pertes canadiennes, dont environ 450 tuĂ©s au combat. C’est, pour les forces armĂ©es canadiennes, l’opĂ©ration la plus importante en pertes humaines de la Seconde Guerre mondiale, aprĂšs le raid de Dieppe, qui fait, sur environ 5 000 combattants, 3 367 pertes dont 907 morts au combat.

L'opĂ©ration Spring est aussi emblĂ©matique de l'incomprĂ©hension, par le commandement suprĂȘme des forces alliĂ©es, de la stratĂ©gie utilisĂ©e par le gĂ©nĂ©ral britannique Bernard Montgomery. Le gĂ©nĂ©ral amĂ©ricain Dwight D. Eisenhower veut une guerre de mouvement, avec des gains territoriaux importants. Mais Montgomery s'en tient toujours Ă  des actions d'envergure limitĂ©e mĂȘme pour la prise de Caen car il se heurte continuellement, tout au long de la bataille de Normandie, Ă  une rĂ©sistance allemande acharnĂ©e. Il s'en tient en fait Ă  l'exposĂ© initial de sa stratĂ©gie : attirer le gros des forces allemandes Ă  l'est du front pour permettre la percĂ©e Ă  l'ouest en direction de la Bretagne. Alors qu'Eisenhower veut une action dĂ©cisive pour percer sur la route de Falaise, Montgomery donne des instructions verbales Ă  Simonds de limiter l'engagement des troupes canadiennes.

L'échec de l'opération Spring et la réussite de l'opération Cobra valent à Montgomery la perte de son commandement sur les troupes américaines et à Simonds de vives critiques.

Situation militaire

Carte générale de la bataille de Normandie avec la situation des opérations Spring et Cobra.

La prise de la ville de Caen et de sa plaine environnante est considĂ©rĂ©e comme trĂšs importante pour permettre aux AlliĂ©s d'y construire des aĂ©rodromes[1]. Elle est initialement l'un des objectifs du Jour J, le premier jour du dĂ©barquement, le , pour le 21e Groupe d’armĂ©es britannique. De plus, Caen Ă©tant situĂ©e sur l'Orne, sa prise permet Ă  la 2e armĂ©e britannique aux ordres du lieutenant-general (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Miles Dempsey et au 2e Corps canadien du lieutenant-general Simonds d'avoir une tĂȘte de pont sur l'autre rive de la riviĂšre, et ainsi de mieux protĂ©ger le flanc est de toutes contre-attaques allemandes[2].

La conquĂȘte de la ville est beaucoup plus difficile que prĂ©vu, provoquant des pertes importantes parmi les soldats canadiens et britanniques[3]. Les forces de la VIIe armĂ©e allemande du SS-obergruppenfĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e-SS) Paul Hausser et du 5e groupe Panzer ouest du general der Panzertruppe (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e) Heinrich Eberbach prĂ©sentes dans cette zone lors du dĂ©barquement sont fortement affaiblies par les combats[4], mais elles reçoivent d'importants renforts blindĂ©s d'autres rĂ©gions. Arrivent : le la 2e Panzerdivision et en provenance de Belgique la 1re SS-Leibstandarte Adolf Hitler, le de Pologne la 9e SS-Hohenstaufen et la 10e SS-Frundsberg et le de Toulouse la 2e SS-Das Reich[5].

Un tank Sherman et un canon antichar Ordnance QF 6 pounder dans le centre de Caen.

Les AlliĂ©s font plusieurs tentatives pour capturer la ville et ses environs en juin et juillet 44, avec pour objectif de dĂ©gager la plaine de Caen pour Ă©tablir des pistes d'aviation en complĂ©ment de l'aĂ©rodrome de Carpiquet pour la chasse et l'appui aĂ©rien[6]. Les diverses opĂ©rations lancĂ©es par le general (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e) Bernard Montgomery, commandant en chef des forces terrestres, sur Caen et au sud de Caen sont toujours sujettes Ă  polĂ©mique[7]. Montgomery est satisfait de sa stratĂ©gie[8] qu'il trouve conforme Ă  celle prĂ©sentĂ©e et approuvĂ©e Ă  Londres le : « la 2e armĂ©e britannique a pour rĂŽle de mener l'assaut Ă  l'ouest de l'Orne et d'engager des opĂ©rations au sud et au sud-est pour s'assurer des aĂ©rodromes et protĂ©ger le flanc est de la 1re armĂ©e amĂ©ricaine, qui devra se saisir de Cherbourg. Par la suite, la 2e armĂ©e pivotera sur sa gauche et prĂ©sentera un front solide contre les manƓuvres adverses venant de l'est[7]. » Les opĂ©rations s'enchaĂźnent mais sans rĂ©sultats dĂ©cisifs, la partie nord de Caen ne tombe que le 10 juillet, aprĂšs de longues opĂ©rations[9], sans jamais que Montgomery envisage de changer de stratĂ©gie[10] : opĂ©rations Perch du 7 au , Epsom du 25 au , Windsor le , Charnwood le , Jupiter le . Le franchissement de l'Orne et le contrĂŽle du sud de Caen n'est possible qu'aprĂšs les opĂ©rations Greenline (), Pomegranate (), Atlantic (17 au ) et Goodwood (18 au ). Toutefois, mĂȘme aprĂšs la prise de la ville, les plages britanniques et canadiennes continuent d'ĂȘtre sous le feu de l'artillerie allemande.

Explosion d'un camion de munitions de la 11e division blindée aprÚs avoir été touché par un tir de mortier durant l'opération Epsom (bataille de Caen) du 25 au 29 juin 1944.

Le general (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e) Dwight David Eisenhower ne perçoit pas les choses de la mĂȘme façon que Montgomery, et juge l’avance trop lente et les pertes humaines trop importantes : 34 700 pertes canado-britanniques, dont 6 010 tuĂ©s et 62 028 pertes amĂ©ricaines, dont 10 641 tuĂ©s[3]. Le commandant suprĂȘme alliĂ© rencontre le lieutenant-general (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Omar Bradley le [11] et Montgomery le 20. DĂšs le lendemain, il confirme Ă  ce dernier le contenu de leur entretien du 20 par lettre au ton particuliĂšrement direct : « la plus directe qu'il lui ait encore [jamais] Ă©crite » selon l'historien Charles Perry Stacey (en)[12]. Il demande mĂȘme l’éviction de Montgomery Ă  Winston Churchill le , mais il n’obtient satisfaction que le 1er aoĂ»t, aprĂšs le succĂšs des gĂ©nĂ©raux Bradley, commandant de la 1re ArmĂ©e amĂ©ricaine et futur commandant du 12e Groupe d'armĂ©es amĂ©ricain, et George S. Patton, commandant de la 3e ArmĂ©e amĂ©ricaine lors de l'opĂ©ration Cobra le .

AprĂšs la visite d'Eisenhower, Montgomery Ă©crit dans une circulaire : « Nous devons amĂ©liorer et conserver sans faiblir la position dĂ©jĂ  bonne que nous occupons sur le flanc est, et nous tenir prĂȘts Ă  passer Ă  l'action de ce cĂŽtĂ©[13]. » Il demande le Ă  son Ă©tat-major une opĂ©ration de grande envergure pour percer le front Ă  l'est, lĂ  oĂč il est le plus faible, le long de la cĂŽte, Ă  travers les marais inondĂ©s de la Dives, en direction de la Seine, face au 86e Corps allemand composĂ© uniquement de trois divisions d'infanterie stationnaires qui n'ont toujours pas combattu. C'est en prĂ©vision de cette opĂ©ration que la 1re armĂ©e canadienne est renforcĂ©e et la rĂ©partition des troupes britanniques et canadiennes sur le front rĂ©organisĂ©e[14].

Les généraux Bradley, Montgomery et Dempsey (de gauche à droite) en Normandie, le 10 juin 1944.

Mais c'est Ă  la demande de Bradley, qui planifie Ă  l'ouest l'opĂ©ration Cobra et qui propose Ă  l'est une opĂ©ration Ă©quilibrante en direction de Falaise, que Montgomery abandonne la percĂ©e en direction de l'est pour planifier l'opĂ©ration Spring, dont l'objectif est juste de fixer les panzers autour de Caen[15]. MĂȘme si Eisenhower attend une opĂ©ration d'envergure sur Falaise, Montgomery laisse Simonds planifier uniquement une opĂ©ration de fixation, avec Ă©ventuellement l'exploitation d'une percĂ©e sous les ordres du commandant de corps si la possibilitĂ© se prĂ©sente. Simonds dĂ©clara plus tard avoir compris qu'il s'agissait simplement d'une « "diversion" ayant pour but d'occuper l'ennemi pendant que l'offensive principale serait lancĂ©e sur le front amĂ©ricain. Mais il ne pouvait ĂȘtre question de donner cours Ă  cette interprĂ©tation, et si elle fut bien comprise aux niveaux supĂ©rieurs, les commandants de division n'en furent pas mis au courant »[16].

L'attentat contre Hitler du ne semble pas avoir de consĂ©quences directes sur le comportement des troupes allemandes en Normandie, mais il renforce la mĂ©fiance d'Hitler envers les chefs militaires issus de la noblesse germanique ; le relĂšvement du generalfeldmarschall (marĂ©chal) von Kluge de son commandement le en est un exemple. Le FĂŒhrer s'appuie de plus en plus sur les chefs SS, exaspĂ©rant ainsi les relations dĂ©jĂ  difficiles entre la Waffen-SS et la Wehrmacht[17].

AprĂšs le succĂšs de la percĂ©e amĂ©ricaine et l'Ă©chec de la contre-offensive allemande LĂŒttich, Montgomery, rĂ©trogradĂ© commandant du 21e groupe d'armĂ©es britannique et promu Field Marshal (marĂ©chal), mais gardant la coordination des deux groupes d'armĂ©es amĂ©ricain et britannique, planifie sa propre percĂ©e Ă  l'est du front, mais en direction du sud et non de l'est, avec les troupes canadiennes et la 1re division blindĂ©e polonaise du general brygady (gĂ©nĂ©ral de brigade) Stanislaw Maczek (dĂ©barquĂ©e le 1er aoĂ»t) lors de l'opĂ©ration Totalize ()[18].

Bradley délaisse en partie la Bretagne et ses ports pour retourner ses troupes américaines avec la 2e DB française du général de division Leclerc (débarquée le 1er août) face à l'est, pour initier l'encerclement des forces allemandes dans le « chaudron » de Falaise (12 au )[19].

Évolution du front autour de Caen.

Historiographie

Lieutenant-general Guy Simonds passant ses troupes en revue en Angleterre.

Les diverses opĂ©rations lancĂ©es par le general (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e) Montgomery sur Caen et au sud de Caen sont toujours sujettes Ă  polĂ©mique[10]. DĂ©jĂ  en juin et , l’Air Chief Marshall (marĂ©chal) Trafford Leigh-Mallory, commandant en chef des forces aĂ©riennes et surtout l’Air Chief Marshal (marĂ©chal) Arthur Tedder, adjoint direct du general (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e) Dwight David Eisenhower, reprochent Ă  Montgomery la faiblesse des gains territoriaux de la plaine de Caen, rendant difficile l'installation de pistes d'aviation[20] - [21]. De plus, l'action du lieutenant-general (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Simonds est fortement soumise Ă  critiques par le commandement supĂ©rieur canadien qui voit dans l'opĂ©ration Spring une action devant ouvrir la route de Falaise, alors que Simonds a toujours dĂ©clarĂ© voir cette opĂ©ration comme une action de fixation d'un maximum de forces allemandes pour favoriser l'opĂ©ration Cobra. C'est ainsi, en tout cas, qu'il a interprĂ©tĂ© les ordres de Montgomery[22].

L’action des troupes canadiennes qui participent Ă  la prise de Caen et Ă  l'opĂ©ration Spring n’échappe pas non plus Ă  la critique. En particulier, on reproche Ă  ces troupes un manque de combativitĂ©[23]. Les premiers ouvrages sont ceux de C. P. Stacey, historien officiel des troupes canadiennes en Normandie, qui fait Ă©tat d'un manque de prĂ©paration des troupes canadiennes, qui montent au front insuffisamment aguerries : « Le manque d'expĂ©rience au combat exerça sans doute, en fin de compte, son effet au sein des formations canadiennes. Elles se tirĂšrent assez bien d'affaire, mais elles s'en seraient tirĂ©es beaucoup mieux si elles n'avaient dĂ» apprendre leur mĂ©tier Ă  mesure qu'elles combattaient. [
] Il n'est pas difficile de signaler certaines occasions au cours de la campagne de Normandie oĂč des formations canadiennes n'exploitĂšrent pas au maximum leurs chances[24]. » Quant Ă  John A. English (en) dans The Canadian Army and the Normandy Campaign: A Study of Failure in High Command publiĂ© en 1991, il fait reposer le poids des Ă©checs sur le commandement canadien et principalement sur le gĂ©nĂ©ral Simonds.

Soldats allemands servant une MG-42 (Maschinengewehr 42).

Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, l'analyse de la situation des troupes canadiennes se renverse. Pour les plus rĂ©cents ouvrages au sujet des Canadiens en Normandie, il faut faire appel Ă  Gregory Liedtke, historien militaire spĂ©cialisĂ© dans l’étude de l’armĂ©e allemande de 1933 Ă  1945 et de la guerre russo-allemande de 1941 Ă  1945, et qui Ă©claire d'un jour nouveau la bataille de Normandie[25]. Liedtke s'appuie sur les analyses plus rĂ©alistes de Terry Copp (en) (2003) et Ken Tout (2000). Il est intĂ©ressant de noter, dit-il, que Ken Tout va jusqu’à affirmer que « c’est nul autre que C. P. Stacey, l’historien officiel, qui a plantĂ© le couteau dans la plaie et l’a tournĂ©. Les autres se sont rangĂ©s en file derriĂšre Brutus, armĂ©s de couteaux encore plus aiguisĂ©s[26]. » Le lieutenant-colonel de rĂ©serve, universitaire et historien, Roman Johann Jarymowycz (en), avait dĂ©jĂ  ouvert la voie de la rĂ©habilitation des capacitĂ©s de combat et de rĂ©sistance des forces allemandes en Normandie et par lĂ  mĂȘme la mise en lumiĂšre des Ă©normes efforts fournis par les troupes alliĂ©es dans la bataille des haies ou la prise de Caen. Les unitĂ©s combattantes forment alors environ 50 % de l'armĂ©e allemande contre 38 % pour les armĂ©es alliĂ©es ; dans les divisions opĂ©rationnelles, la diffĂ©rence est plus importante, 44 % contre 20 %. En fait, les troupes allemandes sont deux fois plus efficaces sur le champ de bataille que les troupes alliĂ©es. Sur le plan matĂ©riel, les MG-maschinen gewehr (mitrailleuses allemandes) ont une cadence de tir deux fois plus Ă©levĂ©e que les Bren et les Vickers, les chars Tigre et Panther sont supĂ©rieurs aux Sherman, Churchill et Cromwell[27]. Une Ă©tude du colonel Trevor Dupuy Ă©value « qu'en toutes circonstances, le fantassin allemand fait rĂ©guliĂšrement 50 % de victimes de plus que son homologue britannique ou amĂ©ricain ». La supĂ©rioritĂ© alliĂ©e tient Ă  sa maĂźtrise de l'air[28] et Ă  ses capacitĂ©s d'approvisionnement logistique. Mais Ă  partir du 1er juillet, Montgomery est confrontĂ© Ă  une contrainte draconienne en ce qui concerne les renforts humains. DĂ©sormais, deux pertes ne sont remplacĂ©es que par un homme. Heureusement pour les AlliĂ©s, ils se battent Ă  25 divisions contre 18 (certainement pas plus de 14 en ce qui concerne les effectifs)[29]. Jarymowycz donne une bonne analyse de l'opĂ©ration Spring dans une Ă©tude de 1993 qui sert aussi de base aux travaux de Gregory Liedtke[30].

La théorie actuelle et toutes ces études récentes réhabilitent un peu Montgomery, et surtout le mordant et la bravoure des troupes anglo-canadiennes, en mettant en avant la vaillance et le fanatisme des troupes de la VIIe armée allemande. Les diverses batailles autour de Caen en font un pivot qui fixe les troupes allemandes et freine l'envoi de renforts à l'ouest, permettant ainsi de faire la percée décisive, un des principaux objectifs de la bataille de Normandie[10].

Forces en présence

Hans GĂŒnther von Kluge.

C'est le general (général d'armée) Harry Crerar, commandant de la 1re armée canadienne, qui est responsable de la partie est du front. Le lieutenant-general (général de corps d'armée) John Crocker et le 1er Corps britannique tiennent le flanc est, relativement stable depuis la nuit du 5 au . Le front centre-est est sous la responsabilité du lieutenant-general (général de corps d'armée) Miles Dempsey, commandant de la 2e armée britannique. Le sud de Caen, trÚs sollicité, est le champ d'action du 2e Corps canadien du lieutenant-general Guy Simonds. La 1re armée canadienne et la 2e armée britannique sont sous la responsabilité directe du general (général d'armée) Montgomery[31].

Face aux forces alliĂ©es, les Allemands ont rĂ©organisĂ© leurs troupes. Depuis le , le generalfeldmarschall (marĂ©chal) Hans G. von Kluge remplace le generalfeldmarschall Gerd von Rundstedt, relevĂ© de ses fonctions de chef d'Ă©tat-major du front Ouest pour avoir Ă  la question du generalfeldmarschall Wilhelm Keitel de l'OKW « Que faut-il faire ? » rĂ©pondu « La paix »[32]. Il remplace Ă©galement le generalfeldmarschall Rommel Ă  la tĂȘte du Groupe d'armĂ©e B depuis le , date de ses blessures lors d'une attaque aĂ©rienne de sa voiture[33]. La VIIe armĂ©e allemande est sous les ordres du SS-obergruppenfĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e-SS) Paul Hausser, mais les troupes blindĂ©es reprĂ©sentant la 5e groupe Panzer ouest sont sous les ordres du general der Panzertruppe (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e) Heinrich Eberbach relevant directement de Hitler en vertu d'un principe de centralisation dĂ» Ă  sa mĂ©fiance, comme d'ailleurs l'aviation relĂšve directement du Reichsmarschall (marĂ©chal du Reich) Göring et la marine de l'oberbefehlshaber (amiral) Dönitz[34]. Ils prĂ©sentent sur le flanc le 86e Corps allemand face au 1er Corps britannique, au sud de Caen le 1er SS-Panzerkorps face au 2e Corps canadien et le 2e SS-Panzerkorps et le XLVII. Panzerkorps face Ă  la 2e armĂ©e britannique[31].

L'opération Spring ne concerne que le 2e Corps canadien et le 1er SS-Panzerkorps.

Forces en présence autour de Caen
--xxxx-- ligne de partage entre armées
--xxx-- ligne de partage entre corps d'armée
--xx-- ligne de partage entre divisions

Forces canadiennes

Unité support du Royal Scots équipée d'un fusil-mitrailleur BREN.

À l'ouest de la route de Caen Ă  Falaise, entre cette route et l'Orne, le front d'environ km est tenu par la 2e division d'infanterie canadienne sous les ordres du major-general (gĂ©nĂ©ral de division) Charles Foulkes. Ces troupes rĂ©cemment dĂ©barquĂ©es sur le thĂ©Ăątre d'opĂ©ration n'ont pas vraiment l'expĂ©rience du combat. À l'est, entre la route de Caen Ă  Falaise et la route de Caen Ă  MĂ©zidon-Canon, le front d'environ km est tenu par la 3e division d'infanterie sous les ordres du major-general Rodney Keller. Ces troupes sont particuliĂšrement aguerries puisqu'elles combattent depuis le jour J. En arriĂšre de la 2e division, la 2e brigade blindĂ©e canadienne du brigadier (gĂ©nĂ©ral de brigade) R. A. Wyman. DerriĂšre la 3e division, la 7e division blindĂ©e britannique, les fameux « Rats du DĂ©sert » du major-general Gerald L. Verney dĂ©tachĂ©e du 1er Corps britannique du lieutenant-general (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Crocker. En rĂ©serve dans les faubourgs sud de Caen prĂšs d'Ifs, la division blindĂ©e des Guards britanniques commandĂ©e par le major-general Allan H.S. Adair. Ces troupes blindĂ©es ont toutes une sĂ©rieuse expĂ©rience du combat de chars acquise lors de la guerre du dĂ©sert ou la campagne d'Italie[35].

C'est donc au lieutenant-general (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Simonds et Ă  son 2e Corps canadien que le general (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e) Montgomery donne l'honneur d'ouvrir la route de Falaise. Compte tenu des prĂ©cĂ©dentes montĂ©es au front, Simonds mobilise pour la 2e division d'infanterie : le Royal Regiment of Canada et le Royal Hamilton Light Infantry de la 4e brigade, le Black Watch, le rĂ©giment de Maisonneuve et le Calgary Highlanders pour la 5e Brigade, le Queen's Own Cameron Highlanders of Canada pour la 6e brigade. Pour la 3e division d'infanterie : le North Nova Scotia Highlanders et le Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders de la 9e brigade. Cela reprĂ©sente presque une division avec un total de 8 bataillons comprenant environ 4 000 hommes et gradĂ©s. En appui, il mobilise 3 bataillons de blindĂ©s : le 1er et 5e Royal Tank regiment de la 7e division blindĂ©e 22e brigade (dĂ©tachĂ©e du 1er Corps britannique de la 1re armĂ©e canadienne) et le squadron B du Fort Garry Horse et les squadrons B et C des 1st Hussars de la 2e brigade blindĂ©e canadienne, reprĂ©sentant au total 61 chars et 11 blindĂ©s lĂ©gers. La division blindĂ©e des Guards est tenue en rĂ©serve pour exploiter les opportunitĂ©s. Les autres brigades peuvent intervenir en soutien si besoin[36]. Simonds dispose aussi de l'appui feu indirect de l'artillerie divisionnaire de campagne et de l'artillerie royale du groupe d'armĂ©e[37].

Forces allemandes

Lance-roquettes Nebelwerfer.

Pour faire face aux forces britanniques, le SS-oberstgruppenfĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral de groupe d'armĂ©e SS) Sepp Dietrich, commandant le 1er SS-Panzerkorps, est responsable du front au sud de Caen, de l'Orne Ă  la route de Caen Ă  MĂ©zidon-Canon, sur une longueur d'environ 15 km.

À l'ouest, entre l'Orne et la route de Caen Ă  Falaise, la 272e division d'infanterie aux ordres du generalleutnant (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Friedrich-Auguste Schack occupe un front d'environ km. La 272e est une des trois « divisions 270 » levĂ©es Ă  la fin de 1943 et envoyĂ©es en formation en France, elle est remontĂ©e aprĂšs le dĂ©barquement de Normandie de la rĂ©gion de Perpignan. Les « 270 » sont globalement constituĂ©es de vĂ©tĂ©rans allemands et d'enrĂŽlĂ©s russes et polonais (les Osten Truppen). La 272e a affrontĂ© le feu lors de l'opĂ©ration Atlantic du 18 au . Elle prĂ©sente toujours ses trois rĂ©giments de grenadiers, un bataillon de fusiliers et un bataillon de chasseurs de chars Ă©quipĂ© d'anti-chars propulsĂ©s de 75 mm. Son artillerie est encore intacte[38] - [39].

Au centre, de la route de Caen Ă  Falaise Ă  la route de Caen Ă  MĂ©zidon-Canon, la 1re Panzerdivision SS Leibstandarte Adolf Hitler aux ordres du SS-BrigadefĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral de division SS) Theodor Wisch, sur un front d'environ km. La Leibstandarte Adolf Hitler est la meilleure division Panzer, elle s'est illustrĂ©e en Pologne en 1939, en France en 1940, en GrĂšce en 1941 et en Russie en 1942 et 43. Elle arrive de Belgique oĂč elle Ă©tait en reconstitution. Elle prĂ©sente deux bataillons de chars de bataille, un de chars Panthers, l'autre de chars Mark IVs, et de six bataillons d'infanterie montĂ©s avec des transporteurs de troupe semi-blindĂ©s dont un bataillon de Sturmgeschutz III et un de PanzerjĂ€ger avec une compagnie Ă©quipĂ©e de Jagdpanzer IV particuliĂšrement meurtriers. La 1re SS Panzerdivision est renforcĂ©e d'un bataillon indĂ©pendant de Tigres le 101e SS Panzer. La 272e division et la 1re SS Panzerdivision sont les deux forces qui reçoivent le choc de l'opĂ©ration Spring. Elles sont soutenues par l'artillerie du 1er SS Panzerkorps qui vient d'ĂȘtre renforcĂ©e par la 8e brigade Werfer[38] - [39].

Troupe allemande au combat.

À l'est de la route de Caen Ă  MĂ©zidon-Canon, la 12e Panzerdivision SS Hitlerjugend aux ordres du SS-oberfĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral de brigade SS) Kurt Meyer se trouve sur un front d'environ km. Sur les hauteurs de la rive ouest de l'Orne la 10e Panzerdivision SS Frundsberg du SS-GruppenfĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e SS) Heinz Harmel[38] - [39].

En rĂ©serve, en arriĂšre de la 272e division d'infanterie, le long de la vallĂ©e de la Laize, se trouve la 2e Panzerdivision du generalleutnant Heinrich Freiherr von LĂŒttwitz. Sur les arriĂšres de la 1re SS Panzerdivision se rĂ©serve la 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen du SS-BrigadefĂŒhrer Sylvester Stadler, et la 116e Panzerdivision du general (gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e) Gerhard von Schwerin est en rĂ©serve de la 12e SS Panzerdivision, rĂ©cemment arrivĂ©e sur le thĂ©Ăątre d'opĂ©ration et sous le contrĂŽle du commandement suprĂȘme (l'OKW)[38] - [39].

Chaine de montage de char Tigre en 1944.

Les forces blindĂ©es opĂ©rationnelles sont encore importantes. En mai-juin-, la Wehrmacht rĂ©ceptionne des chaĂźnes de fabrication 2 315 chars alors qu'elle n'en perd que 1 730, mais les difficultĂ©s viennent des problĂšmes d'acheminement : du au , le groupe d'armĂ©e B ne touche que deux douzaines de chars pour une perte de 3/400, mais surtout 10 078 hommes pour 116 863 pertes[40]. En fait, sur une force thĂ©orique de 80 Ă  88 blindĂ©s par division, il reste 79 chars et 32 canons d'assaut pour la 1re SS Panzerdivision, 58 chars pour la 12e SS Panzerdivision, 20 chars et 11 canons pour la 10e SS Panzerdivision, 60 chars et 15 canons pour la 2e Panzerdivision, 44 chars et 14 canons pour la 9e SS Panzerdivision et 63 chars et 25 canons pour la 116e Panzerdivision. Soit en premiĂšre ligne 157 chars et 43 canons d'assaut, et 167 chars et 54 canons d'assaut en rĂ©serve[41]. Dans la rĂ©gion de BourguĂ©bus, l'artillerie de campagne allemande dispose encore Ă  mi-juillet de prĂšs de 300 canons et 272 lance-roquettes Nebelwerfer Ă  6 tubes[42].

Déroulement de l'opération Spring

Contexte

Réunion au QG du 2e Corps canadien en Normandie, le . (Montgomery (3e à droite) conférant avec Simonds (2e à droite) Photo Lt. Donald I. Grant).

L'opĂ©ration Atlantic permet aux troupes canadiennes d'avancer d'environ 10 km au sud de Caen jusqu'aux villages de Saint-AndrĂ©-sur-Orne et Saint-Martin-de-Fontenay. Les troupes britanniques Ă©galisent le front en progressant de 11 km Ă  l'est de Caen en prenant BourguĂ©bus, en laissant une avancĂ©e allemande Ă  l'ouest de Caen entre Orne et Odon, lors de l'opĂ©ration Goodwood. Mais ni Atlantic ni Goodwood ne peuvent ouvrir la route de Falaise. Elles se sont enlisĂ©es avec le mauvais temps (au sens propre comme au sens figurĂ©) et le front se stabilise le [43].

Pour la partie du front qui concerne l'opĂ©ration Spring, le 2e Corps canadien s'appuie Ă  l'ouest sur l'Orne, est arrĂȘtĂ© au nord de Saint-AndrĂ©-sur-Orne, Saint-Martin-de-Fontenay et de la ferme de Troteval. Il tient les villages de Hubert-Folie, BourguĂ©bus et FrĂ©nouville[43].

Le 1er SS Panzerkorps, km plus au sud, s'est rĂ©organisĂ© sur un front appuyĂ© Ă  l'ouest sur l'Orne et les hauteurs entre Orne et Odon, tenue par le 2e SS Panzerkorps. Il occupe les villages de May-sur-Orne Ă  la confluence de l'Orne et du Laizon, VerriĂšres et Tilly-la-Campagne sur une crĂȘte contrĂŽlant de part et d'autre la route de Caen Ă  Falaise, et Ă  l'est La Hogue et Bellengreville[43]. Il possĂšde aussi des Ă©lĂ©ments avancĂ©s aux villages de Saint-AndrĂ©-sur-Orne, Saint-Martin-de-Fontenay et de la ferme de Troteval[41]. Les Allemands ont eu le temps de la bataille de Caen pour organiser cette ligne de dĂ©fense. Le Black Watch en fait l'amĂšre expĂ©rience quand il est pris Ă  revers par des Ă©lĂ©ments de la 272e division d'infanterie qui sont enterrĂ©s dans des tunnels de mine, dĂ©bouchant au lieu-dit « La Fabrique » et circulant ainsi Ă  l'abri des troupes canadiennes.

Devant les Canadiens, la constitution du terrain est faite de champs ouverts couverts de cĂ©rĂ©ales par endroits mais la configuration du terrain est plus complexe. À l'ouest, la vallĂ©e de l'Orne, ouverte sur sa rive est, est surmontĂ©e de hauteurs sur sa rive ouest. Au centre la route de Caen Ă  Falaise escalade de 25 mĂštres la crĂȘte de VerriĂšres-Tilly-Secqueville avec une forĂȘt Ă  l'ouest de Garcelles-Secqueville. À l'est s'Ă©tendent une forĂȘt entre La Hogue et Secqueville et la plaine de Bellengreville avec les marais du SĂ©millon. À l'arriĂšre des Canadiens se trouve la plaine de Caen, avec Ă  l'ouest la cote 67 prise de haute lutte pendant l'opĂ©ration Atlantic.

La mauvaise météo qui a mis fin aux opérations Atlantic et Goodwood le par manque d'appui aérien est en passe d'amélioration, et les Alliés n'attendent qu'une éclaircie pour lancer l'opération Cobra.

Planification

Depuis le , le lieutenant-general (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Simonds travaille sur l'offensive vers l'est, quand Montgomery lui demande de planifier dans l'urgence l'opĂ©ration Spring. Elle doit pouvoir ĂȘtre lancĂ©e au plus tĂŽt, pour contrebalancer l'opĂ©ration Cobra qui est prĂ©vue initialement pour le mais retardĂ©e jusqu'au 24 pour cause de mauvais temps.

Le « clair de lune » artificiel de Spring.

Simonds prévoit l'opération en trois phases[16] - [22] :

  1. la prise de la ligne de front allemande May-VerriĂšres-Tilly, avec la ligne de crĂȘte VerriĂšres-Tilly, en premiĂšre partie de la nuit ;
  2. l'ouverture du front par la prise de Fontenay-le-Marmion, Rocquancourt et Garcelles-Secqueville en deuxiĂšme partie de la nuit ;
  3. En cas de succÚs, idéalement au lever du jour, l'exploitation par la prise des hauteurs de Cintheaux et de l'éperon de Cramesnil.

Si l'opération aboutit à l'écroulement des forces allemandes et avec l'engagement des régiments de reconnaissance, il envisage des véhicules blindés sur la riviÚre du Laizon à la tombée du jour et pourquoi pas ensuite Falaise.

En préalable, le Queen's Own Cameron Highlanders of Canada doit s'assurer de Saint-André-sur-Orne et Saint-Martin-de-Fontenay pour dégager la ligne de départ des bataillons qui le suivent[16].

Le Calgary Highlanders doit prendre May-sur-Orne, suivi par le Black Watch avec Fontenay-le-Marmion pour objectif aprĂšs s'ĂȘtre assurĂ© l'ouest de la crĂȘte. Leurs actions sont appuyĂ©es par les chars du squadron B des 1st Hussars[16].

Le Royal Hamilton Light Infantry prend en charge le village de VerriĂšres en haut de la crĂȘte avec l'appui des chars du 1re Royal Tank regiment. Il est suivi par le Royal Regiment of Canada qui a pour objectif Rocquancourt avec l'appui des chars du squadron C des 1st Hussars[16].

Tilly-la-Campagne est l'objectif assigné au North Nova Scotia Highlanders avec l'appui des chars du squadron B du Fort Garry Horse. Suit le Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders avec Garcelles-Secqueville pour objectif[16].

Artillerie royale au sud de Caen été 1944.

Simonds mobilise Ă©galement l'artillerie de campagne qui doit soutenir Ă  heure prĂ©cise l'avancĂ©e de l'infanterie et Ă©clairer les lieux de combat au fumigĂšne pour permettre l'intervention de l'appui aĂ©rien. Cet appui d'artillerie est confiĂ© au 3e groupe d'artillerie canadien, aux rĂ©giments de campagne des deux divisions canadiennes et au 19e rĂ©giment de campagne de l'Artillerie royale canadienne ainsi qu’au 25e rĂ©giment de campagne et aux 3e et 8e groupe de l'Artillerie royale anglaise[44].

L’appui aĂ©rien doit s'attaquer Ă  la forĂȘt Ă  l'est de Garcelles dĂšs le Ă  21 h 20. Ce bombardement consiste, au moins en partie, de bombes Ă  retardement rĂ©glĂ©es pour exploser Ă  6 h 30 le lendemain matin. Un nouveau bombardement doit avoir lieu le matin du 25 Ă  7 h 30. La Royal Air Force doit faire Ă©galement de la « reconnaissance armĂ©e », c'est-Ă -dire pilonner tout mouvement des forces ennemies, dĂšs que la visibilitĂ© est suffisante au-dessus du champ de bataille[44].

Simonds prévoit le déclenchement de l'opération de nuit par des combats en milieu urbain à 3 h 30. Si la lune est couverte par un ciel nuageux, il prévoit d'éclairer les nuages bas avec des projecteurs anti-aériens pour baigner le champ de bataille dans un faux clair de lune. La préparation (entre autres le dégagement de la ligne de départ) se fait sans discrétion particuliÚre puisque l'objectif stratégique est de fixer le maximum de chars allemands à l'est. L'opération devant avoir lieu quelles que soient les conditions météo[16].

Actions préparatoires

Boston A-20 en opération de bombardement en Normandie.

L’opĂ©ration Spring commence donc par l’attaque aĂ©rienne de 21 h 20 sur la forĂȘt Ă  l'est de Garcelles. Elle est de peu de rĂ©sultats Ă  cause d'intenses tirs de DCA, Ă  peine un avion sur quatre trouvent l’objectif[45] - [46]. Au mĂȘme moment sont lancĂ©es les deux opĂ©rations prĂ©paratoires pour dĂ©gager la ligne de dĂ©part. Une autre attaque aĂ©rienne a lieu Ă  6 h 12 et Ă  8 h 30 sur la forĂȘt proche de la Hogue avec 46 Mitchell et 28 Boston. Des incendies et des explosions indiquent que des objectifs sont atteints[47].

Ferme de Troteval

Une compagnie des Fusiliers Mont-Royal prend d'assaut avec succÚs la ferme Troteval, soutenue par un feu d'artillerie et de mortiers lourds et appuyée par des chars des Sherbrooke Fusiliers[45]. Mais la prise de Saint-André-sur-Orne et Saint-Martin-de-Fontenay est plus difficile.

Bataille de Saint-André-sur-Orne et Saint-Martin-de-Fontenay

Char Churchill dans le village de Maltot, .

La prise de ces deux villages, positions avancĂ©es de la 272e division d'infanterie allemande, est confiĂ©e au Queen's Own Cameron Highlanders of Canada, soutenu lui aussi par les chars du Sherbrooke Fusiliers. Le Cameron Highlanders l’ignore encore mais il va se confronter Ă  rude partie. En effet, la prĂ©sence au sud de Saint-AndrĂ©-sur-Orne, au lieu-dit La Fabrique, d’un puits de mine creusĂ© au centre d'un groupe de bĂątiments et communiquant directement avec tout un rĂ©seau d'ouvrages souterrains, permet aux troupes allemandes de circuler sans danger d'un secteur Ă  l'autre du front et de rĂ©occuper des positions aprĂšs en avoir Ă©tĂ© dĂ©logĂ©es[47] - [48].

À 21 h 20 dans l’obscuritĂ©, les Camerons rencontrent toutes les difficultĂ©s Ă  dĂ©gager la ligne de dĂ©part. Ils livrent des combats acharnĂ©s et confus parmi les bĂątiments de Saint-AndrĂ©-sur-Orne et de Saint-Martin-de-Fontenay. De plus, le 2e SS-Panzerkorps tient la colline 112 et les autres positions Ă©levĂ©es de la rive gauche de l’Orne ce qui lui permet de faire feu de flanc et d’arriĂšre sur les deux villages en appui au 272e. Les projecteurs Ă©clairent les nuages qui donnent un semblant de « clair de lune » au thĂ©Ăątre d'opĂ©ration. Vers minuit, les Camerons annoncent la « prise partielle » de Saint-Martin-de-Fontenay et juste dans les temps, Ă  3 h 30, la prise de Saint-AndrĂ©-sur-Orne. Ils dĂ©clarent la ligne dĂ©gagĂ©e malgrĂ© la prĂ©sence d’une vive rĂ©sistance favorisĂ©e par le rĂ©seau souterrain de galeries de la mine de fer[47].

Attaque alliée

Déroulement de l'attaque des troupes alliées le .
LĂ©gende : BW : Black Watch of Canada - CH : Calgary Highlanders - CHC : Queen's Own Cameron Highlanders of Canada - FGH : Fort Garry Horse - FMR : Fusiliers Mont-Royal - NNSH : North Nova Scotia Highlanders - RHLI : Royal Hamilton Light Infantry - RRC : Royal Regiment of Canada - SF : Fusiliers de Sherbrooke - 6RB : 1st Hussars
DI : Division d'infanterie allemand - PZ : Division blindée allemande

Bataille de May-sur-Orne

Fantassin canadien dans May-sur-Orne.

À 3 h 30, le Calgary Highlanders attaque Ă  partir de Saint-AndrĂ©-sur-Orne avec pour objectif de s'emparer de May-sur-Orne. Il constate immĂ©diatement que la ligne de dĂ©part n'est pas complĂštement dĂ©gagĂ©e et sa progression est retardĂ©e dĂšs le dĂ©but[49] - [48].

En début de matinée, des éléments du bataillon atteignent les limites nord de May mais ils doivent reculer sur leur ligne de départ devant la contre-attaque de la 272e division d'infanterie du generalleutnant (général de corps d'armée) Schack. Le lieutenant-colonel D. G. MacLauchlan, commandant le Calgary Highlanders, est dans l'impossibilité de se faire une idée précise des actions de ses compagnies du fait de mauvaises communications radio, et laisse ses troupes à leurs initiatives[49].

Elles repartent en milieu de matinĂ©e de l'avant pour s'assurer le village de May, mais une fois de plus la rĂ©sistance allemande les repousse aux environs de Saint-AndrĂ©, en infligeant au bataillon de lourdes pertes. L'Ă©chec du Calgary Highlanders laisse Ă  dĂ©couvert le flanc droit du Black Watch qui doit opĂ©rer en direction de Fontenay-le-Marmion[49]. C'est pourquoi un escadron des 1st Hussars est envoyĂ© en direction de May et, de lĂ , soutenir le Black Watch par des tirs de flanc. Trois troops de chars entrent dans May avant que le Black Watch atteigne la crĂȘte, sans pouvoir lui apporter son appui car les troops sont violemment attaquĂ©es par des canons antichars et des chars Panther. Les chars de trois chefs de troop Ă©tant mis hors combat, les autres chars encore aptes au combat font repli. Au cours de la journĂ©e, tous les officiers de l'escadron sauf un seront portĂ©s sur la liste des pertes[50].

Bataille de Fontenay-le-Marmion

En attente de la fin du tir d'artillerie pour monter à l’assaut.

À 3 h 30, le Black Watch prend sa position de dĂ©part avancĂ©e Ă  Saint-Martin-de-Fontenay. La traversĂ©e des lignes du Queen's Own Cameron Highlanders of Canada est particuliĂšrement difficile du fait de la prĂ©sence d'Allemands. Le Black Watch perd beaucoup de temps Ă  les dĂ©loger dans l'obscuritĂ©. C'est au cours de l'action que le lieutenant-colonel S. S. T. Cantlie, commandant le Black Watch, est mortellement blessĂ© par une rafale de mitrailleuse. Le commandement revient alors au major (commandant) F. P. Griffin[51] - [48].

Tous ces retards ne permettent pas d'exécuter l'attaque selon l'horaire établi sous le couvert de l'artillerie à heures fixes. Griffin conduit son bataillon à Saint-André-sur-Orne que le Queen's Own Cameron Highlanders of Canada vient de déclarer clair. Il demande un nouveau plan d'appui coordonné avec l'artillerie et les chars et, en attendant, il envoie une reconnaissance à May-sur-Orne. La patrouille pénÚtre dans le village et déclare au Calgary Highlanders que la position est peu défendue par les Allemands. Plus tard, celui-ci constate lors de son attaque que les Allemands n'ont fait que retenir leur feu[51] (voir ci-dessus).

Ayant déjà subi d'assez lourdes pertes, une compagnie n'est plus commandée que par un sergent. Le Black Watch reçoit à 6 h 47, du Brigadier (général de brigade) W. J. Megill à son QG, l'ordre d'aller de l'avant. Le major Griffin, lors d'un « groupe de commandement », obtient l'appui du 5e régiment de campagne de l'Artillerie royale canadienne et de l'escadron de chars des 1st Hussars (6e régiment blindé), qui seconde le bataillon[51].

Une compagnie des Royal Winnipeg Rifles marche prÚs d'Ifs au cours de l'opération Spring, le . (Ken Bell, MDN.

À 9 h 30, le Black Watch part du sud de Saint-Martin, avance en terrain dĂ©couvert Ă  l'extrĂ©mitĂ© ouest de la crĂȘte, en direction de Fontenay-le-Marmion. Le bataillon est Ă  peine en ordre de marche qu'il affronte dĂ©jĂ  un feu intense et prĂ©cis venant de toutes parts, en provenance de la 2e Panzerdivision du generalleutnant (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Heinrich Freiherr von LĂŒttwitz sur la crĂȘte de VerriĂšres, de la 272e division d'infanterie aux ordres du generalleutnant Schack du village de May et des positions de la 10e Panzerdivision SS Frundsberg du SS-gruppenfĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e SS) Heinz Harmel au-delĂ  de l'Orne. Les pertes sont importantes mais le Black Watch continue d'avancer sans flĂ©chir entraĂźnĂ© par le major Griffin. Sur les 325 hommes de tous grades, une soixantaine seulement atteignent le plateau qui forme le sommet de la crĂȘte. Ils se heurtent lĂ  Ă  une position de la 272e d'infanterie bien camouflĂ©e, renforcĂ©e de chars enterrĂ©s de la 503e Panzerdivision. Ils sont clouĂ©s au sol par la puissance de feu de l'ennemi[51] - [48].

Griffin est dans l'impossibilitĂ© de communiquer avec la 5e brigade d'infanterie, sa jeep radio Ă©tant dĂ©truite dĂšs le dĂ©but de l'attaque. Le brigadier Megill, commandant de la brigade, est dans l'incertitude quant au sort de l'unitĂ©. L'appui d'artillerie continue par salves, y compris d'obus fumigĂšnes, dans l'espoir de protĂ©ger au mieux les hommes. Comme il n'est plus possible de progresser, Griffin ordonne Ă  ses hommes de rebrousser chemin, chacun pour soi. Seuls quinze d'entre eux rĂ©ussissent Ă  regagner les lignes canadiennes. Quand les AlliĂ©s reprennent la position lors de l'opĂ©ration Totalize, ils retrouvent le corps du major Griffin parmi ceux de ses hommes tombĂ©s sur la crĂȘte[51] - [48].

Bataille de VerriĂšres

Appui de mortier canadien.

À 3 h 30, le Royal Hamilton Light Infantry du lieutenant-colonel J. M. Rockingham prend position Ă  l'ouest de la route de Caen Ă  Falaise avec pour objectif le village de VerriĂšres. À la demande du commandant de bataillon, l'assaut est retardĂ© d'une demi-heure pour lui permettre d'envoyer sa compagnie de rĂ©serve contre des chars allemands qui menacent l'extrĂ©mitĂ© ouest de sa ligne de dĂ©part, auparavant dĂ©clarĂ©e libre par les Fusiliers Mont-Royal[49].

À 4 h 10, le bataillon traverse la route de Saint-Martin-de-Fontenay Ă  Hubert-Folie, sans les tirs de barrage de l'artillerie prĂ©vus pour 3 h 30. Les compagnies de pointe, en remontant la pente en direction de VerriĂšres, essuient le feu nourri de mitrailleuses de chars de la 2e Panzerdivision du generalleutnant (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Heinrich Freiherr von LĂŒttwitz. Quatre de ces chars allemands sont dĂ©truits, depuis la ferme Troteval, par des obus de 17 livres d'un dĂ©tachement du 2e rĂ©giment antichars de l'Artillerie royale canadienne. Les compagnies de flanc avancent avec cet appui et celui de l'artillerie de campagne pour seconder la compagnie du Royal Hamilton Light Infantry qui tient le village de VerriĂšres. Ils repoussent une contre-attaque de chars ennemis au moyen de PIAT et, aprĂšs de rudes combats, le bataillon se dĂ©clare maĂźtre de VerriĂšres Ă  7 h 50[49] - [52].

La journée se passe sans action notable quant à 18 h la 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen déclenche une puissante contre-attaque contre VerriÚres, seul objectif atteint et tenu par les troupes canadiennes[53]. Le Royal Hamilton Light Infantry tient héroïquement ses positions avec l'aide des chars et de l'aviation, au prix de 53 nouveaux tués et de nombreux blessés[54].

Bataille de Rocquancourt

À 9 h le Royal Regiment of Canada du lieutenant-colonel J. E. Ganong traverse Ă  VerriĂšres les lignes du Royal Hamilton Light Infantry et avec les chars de la 7e division blindĂ©e poussent vers leur objectif de Rocquancourt. Vers 9 h 30, les troupes canadiennes avancĂ©es d'environ 400 mĂštres au sud de VerriĂšres sont prises sous un feu intense. Les chars britanniques du 1er Royal Tank RĂ©giment sont arrĂȘtĂ©s par des canons antichars Ă©tablis au nord de Rocquancourt. La compagnie C du bataillon canadien signale la prĂ©sence d'environ 30 chars allemands de la 2e Panzerdivision du generalleutnant (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Heinrich Freiherr von LĂŒttwitz enterrĂ©s sur la crĂȘte entre Fontenay et Rocquancourt et au nord-est de Rocquancourt. Elle s'engage mais est presque anĂ©antie[49] - [48].

Bataille de Tilly-la-Campagne

North Nova Scotia Highlanders montant en ligne.

L'objectif de Tilly-la-Campagne est confiĂ©, au dĂ©part de BourguĂ©bus, au North Nova Scotia Highlanders sous les ordres du major (commandant) J. D. Learment. Pour affronter la 1re Panzerdivision SS Leibstandarte Adolf Hitler aux ordres du SS-brigadefĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral de division SS) Theodor Wisch, il y lance trois compagnies. Les compagnies B et D avancent Ă  l'est et la compagnie C Ă  l'ouest de la voie ferrĂ©e qui relie BourguĂ©bus Ă  Tilly. Une fois l'assaut dĂ©clenchĂ©, les projecteurs s'allument pour Ă©clairer le thĂ©Ăątre d'opĂ©ration mais le commandement se plaint qu'ils dĂ©coupent la silhouette des assaillants qui sont alors pris pour cible d'un feu nourri de mitrailleuses. La compagnie C prend position au nord de Tilly sans trop subir de pertes. Les compagnies B et D doivent livrer un terrible combat Ă  l'infanterie allemande bien protĂ©gĂ©e dans un rĂ©seau de tranchĂ©es. À la compagnie D, le major Matson est tuĂ© Ă  la tĂȘte de sa section. Les compagnies rĂ©ussissent Ă  se renforcer dans un verger situĂ© au nord-est du village. Mais une fois dans Tilly, elles n'arrivent pas Ă  en prendre possession. Le second du major Matson, le captain (capitaine) Nicholson, qui a pris le commandement, est tuĂ© Ă  son tour. La compagnie B rencontre les mĂȘmes difficultĂ©s et le major Wilson, blessĂ©, sauve sa vie en tuant deux Allemands. Il parvient plus tard Ă  rejoindre sa ligne de dĂ©part. La compagnie C est envoyĂ©e Ă  la rescousse, avec mission d'attaquer le village par le flanc ouest. Des chenillettes Bren et plusieurs canons antichars autopropulsĂ©s se lancent aussi dans la bataille[55]. Mais ces tentatives se soldent par de lourdes pertes. Alors qu'il explore le terrain avec le major Jefferson, le captain McNeil est gravement blessĂ©. Un autre soldat blessĂ© qui tente de rejoindre ses lignes dĂ©couvre les corps d'une vingtaine d'allemands tuĂ©s par des tirs amis alors qu'ils tentaient de prendre Ă  revers les troupes canadiennes[54].

Regroupement des blindés du Fort Garry Horse.

Les contacts avec le poste de commandement du bataillon, une fois de plus, sont interrompus. À 5 h 25, le colonel Petch, chef de bataillon, annonce que les compagnies B et D ont atteint leur objectif. Mais Ă  6 h 14, apprenant l'Ă©chec, il demande l'aide de l'escadron de chars du Fort Garry Horse (10e rĂ©giment blindĂ© canadien), qui est en rĂ©serve pour appuyer le Highland Light Infantry of Canada lors de la phase suivante, l'attaque de Garcelles-Secqueville. L'escadron B du 10e rĂ©giment blindĂ© se dĂ©ploie Ă  l'ouest du village oĂč il se mesure Ă  des chars Panther et des canons antichars de la SS Leibstandarte Adolf Hitler en tentant de couvrir de son feu l'avance de la compagnie C. Mais les blindĂ©s pris Ă  partie perdent onze chars[55] - [54].

Dans l'aprĂšs-midi Ă  16 h 25, le reste du 10e rĂ©giment blindĂ© se replie sur BourguĂ©bus, d'oĂč il continue Ă  appuyer l'action de loin. L'infanterie reçoit l'ordre de s'enterrer et d'essayer de revenir Ă  la nuit sur sa base de dĂ©part. Seule une centaine d'hommes de tous grades rentre. Au dĂ©but de la matinĂ©e du 26, le commandant de la compagnie A revient avec seulement neuf de ses hommes. Il dĂ©clare que des petits groupes tiennent encore le terrain autour du village mais qu'ils ne peuvent pas s'en sortir par leurs propres moyens. Ils doivent faire face Ă  une dizaine de chars et Ă  deux compagnies d'infanterie. Le Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders reçoit alors l'ordre de se tenir prĂȘt Ă  passer Ă  l'action pour rĂ©cupĂ©rer les restes du North Nova Scotia. Mais cette unitĂ© n'est pas engagĂ©e, le commandement reconnaissant l'Ă©chec de l'opĂ©ration, le SS-BrigadefĂŒhrer Theodor Wisch reste maĂźtre de Tilly. Les changements de commandement au sein de la 9e brigade, principalement du North Nova Scotia Highlanders et du Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders, montrent que les officiers sont jugĂ©s, par le commandement supĂ©rieur canadien, responsables de cet Ă©chec[55] - [46].

Contre-attaque allemande

Le matin du Ă  8 h 45, le generalfeldmarschall (marĂ©chal) von Kluge visite le 1er SS-Panzerkorps[53] et, informĂ© de la situation, donne l’ordre d’attaquer au nord et de rĂ©tablir la HauptKampfLinie (HKL, le front en avant du secteur de combat)[56]

La doctrine de défense allemande utilisée pendant la bataille de Normandie repose sur trois principes forgés pendant les derniÚres années de la PremiÚre Guerre mondiale[37] :

  • directement derriĂšre la HKL, une zone avant lĂ©gĂšrement tenue ;
  • ensuite un secteur de dĂ©fense principal ;
  • enfin en arriĂšre un secteur de rĂ©serves prĂȘtes Ă  bloquer toute intrusion ou Ă  contre-attaquer si l'attaquant est bloquĂ© en avant.

Dans le cadre de cette stratégie, les forces canadiennes ont donc franchi la HKL, ont traversé la premiÚre zone et butent maintenant sur le secteur de défense principal. Les Allemands organisent la contre-attaque aprÚs avoir pris la mesure des forces alliées. Cette contre-attaque est en fait constituée de trois opérations conduites chacune par une force de réserve dans des conditions défavorables, compte tenu de la suprématie aérienne et de l'efficacité de l'artillerie alliée[37] :

DĂ©roulement de la contre-attaque des troupes allemandes le .
LĂ©gende : BW : Black Watch of Canada - CH : Calgary Highlanders - CHC : Queen's Own Cameron Highlanders of Canada - FGH : Fort Garry Horse - FMR : Fusiliers Mont-Royal - NNSH : North Nova Scotia Highlanders - RDM : RĂ©giment de Maisonneuve - RHLI : Royal Hamilton Light Infantry - RRC : Royal Regiment of Canada - SDGH : Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders - SF : Fusiliers de Sherbrooke - 1RT : 1er Royal Tank - 6RB : 1st Hussars
DI : Division d'infanterie allemand - PZ : Division blindée allemande

Contre-attaque de la 1re SS Panzerdivision

AprĂšs avoir tenu front et repoussĂ© le North Nova Scotia Highlanders et les Shermans du Fort Garry Horse, la 1re Panzerdivision SS Leibstandarte Adolf Hitler a tenu ses positions-clĂ©s, Ă  l’exclusion de VerriĂšres oĂč le Royal Hamilton Light Infantry tient le village depuis le dĂ©but de la matinĂ©e. Mais le contrĂŽle de Tilly-la-Campagne permet Ă  la 1re Panzerdivision de dominer la route de Caen Ă  Falaise et de dĂ©livrer son feu sur les troupes canadiennes en possession de VerriĂšres. Elle apporte ensuite son soutien Ă  la contre-attaque menĂ©e par la 9e SS Panzerdivision Hohenstaufen sur le village de VerriĂšres[57].

Contre-attaque de la 9e SS Panzerdivision

Un blindé Panther V utilisé par la 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen.

La 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen organise deux Kampfgruppen de contre-attaque :

  • le Kampfgruppe aux ordres de l’SS-obersturmbannfĂŒhrer (lieutenant-colonel) Otto Meyer composĂ© de Panthers et de Mark IVs, d’un bataillon de Panzergrenadiers, d’une division du gĂ©nie utilisĂ©e comme infanterie et d’une batterie de canons anti-aĂ©riens trĂšs efficace contre les chars[56] ;
  • le Kampfgruppe commandĂ© par l’SS-obersturmbannfĂŒhrer Emil Zollhöfer composĂ© d’un rĂ©giment de Panzergrenadiers, d’une division de SturmgeschĂŒtz et d’une grande partie de l’artillerie de la 9e SS Panzerdivision[56].

L’objectif de ces deux Kampfgruppen est de contre-attaquer sur VerriĂšres. Les deux attaques sont lancĂ©es Ă  18 h, Ă  l'est de la position par le Kampfgruppe Meyer et Ă  l'ouest par le Kampfgruppe Zollhöfer. Le temps est couvert mais n’empĂȘche pas l’intervention de l’aviation alliĂ©e[56]. Huit chars prennent Ă  partie les positions avancĂ©es du Royal Hamilton Light Infantry Ă  l'ouest de VerriĂšres. Un combat mortel s'engage, mais l'action d'un escadron du 1er Royal Tanks et douze Typhoons des escadrilles 181 et 182 de la Royal Air Force, entre 18 h 40 et 19 h 40, armĂ©s de roquettes, et de l'artillerie qui utilise des obus Ă  fumĂ©e rouge pour indiquer les cibles aux avions, sauvent la position. Un de ces obus tombe sur le QG du lieutenant-colonel Rockingham, qui est alors attaquĂ© par des roquettes, en ne faisant toutefois que des blessĂ©s[58].

Devant la résistance acharnée des Canadiens, à VerriÚres mais aussi autour de « la Fabrique » de Saint-Martin-de-Fontenay, le Kampfgruppe Zollhöfer est détourné à 18 h 40 pour aider la contre-attaque sur les villages de Saint-Martin et Saint-André-sur-Orne qui marque le pas. Le Kampfgruppe Meyer prend alors seul en charge la contre-attaque sur VerriÚres mais à la tombée de la nuit, le Royal Hamilton Light Infantry demeure maßtre de VerriÚres[59].

Contre-attaque de la 2e Panzerdivision

Infanterie allemande en action.

La contre-attaque sur les deux villages de Saint-Martin-de-Fontenay et Saint-AndrĂ©-sur-Orne, sur la ligne de dĂ©part de l’opĂ©ration Spring pour la 3e DI canadienne et tenus par le Queen's Own Cameron Highlanders of Canada et les chars des Sherbrooke Fusiliers toujours aux prises avec la 272e division d'infanterie, revient au kampfgruppe de la 2e Panzerdivision commandĂ© par le Major (commandant) Werner Sterz[60].

Le Kampfgruppe Sterz est composĂ© de son bataillon anti-chars Jagdpanzer IV de la 2e Panzerdivision auquel est joint le 3e rĂ©giment de Panzer leichterzug, une compagnie de chars Panther et un bataillon de grenadiers montĂ©s sur des transports de troupe semi-blindĂ©s. Ce sont ces troupes qui repoussent dans la matinĂ©e vers 9 h 45 la deuxiĂšme attaque des Calgary Highlanders sur May-sur-Orne. Sterz continue son action en repoussant les Shermans des 1st Hussars en leur infligeant de lourdes pertes. Ensuite, Ă  13 h 30, avec l’appui feu de la 10e SS Panzerdivision Frundsberg Ă  partir des hauteurs Ă  l’ouest de l’Orne, il lance ses Panthers en direction du nord, obligeant les Canadiens Ă  se retirer sur leurs bases de dĂ©part[60].

Avec l’aide du Kampfgruppe Zollhöfer, ils repoussent le RĂ©giment de Maisonneuve, qui est venu en soutien pour ne pas perdre la position au nord des villages, et rĂ©tablissent ainsi la HKL.

Il est possible mais pas certain que le kampfgruppe Zollhöfer ait poursuivi son action pour reprendre la colline 67. Ce fait est uniquement accrĂ©ditĂ© par la mention dans les journaux de guerre du Calgary Highlanders et du Black Watch d’un recul Ă  Fleury-sur-Orne au nord de la colline 67. Cette percĂ©e n’est pas confirmĂ©e par les journaux des autres bataillons qui tiennent le nord de Saint Martin-de-Fontenay et Saint AndrĂ©-sur-Orne et est peu vraisemblable compte tenu de l'action du rĂ©giment de Maisonneuve[61].

Suite des opérations

Char américain traversant Coutances aprÚs la percée de l'opération Cobra.

À 17 h 30, le lieutenant-general (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Simonds, commandant du corps d'armĂ©e, demande un renforcement des positions. Il est alors dĂ©cidĂ© de nouvelles attaques sur May-sur-Orne pour stopper la contre-attaque de la 2e Panzerdivision, sur Fontenay-le-Marmion pour aider le Black Watch, sur Rocquancourt et sur Tilly-la-Campagne. Il espĂšre encore un succĂšs de l'opĂ©ration Spring[50].

À 18 h, le major-general (gĂ©nĂ©ral de division) Foulkes, commandant divisionnaire, entourĂ© de ses brigadiers, Ă©tudie l'ordre de bataille de la nuit et du lendemain Ă  la suite des nouveaux ordres de Simonds. Le brigadier (gĂ©nĂ©ral de brigade) Young de la 6e brigade dĂ©clare qu'Ă  son avis, il est impossible d'envisager d'autres opĂ©rations sur ce front aussi longtemps que les Allemands tiennent leurs positions sur les hauteurs Ă  l'ouest de l'Orne. Foulkes, d'accord avec Young, dĂ©cide d'en confĂ©rer avec Simonds. Au QG du corps d'armĂ©e, il apprend que Simonds, anticipant sur sa dĂ©marche, est parti voir le lieutenant-general (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Miles Dempsey. Le commandant d'armĂ©e se rend Ă  l'avis de Simonds et dĂ©cide qu'il faut arrĂȘter l'opĂ©ration Spring et consolider le peu qui avait Ă©tĂ© gagnĂ©, sans engager de nouvelles troupes[62] - [63].

Malgré tout, et surtout ou à cause de la contre-attaque généralisée des forces allemandes, la 2e division attaque avec l'appui de toutes les batteries du corps d'armée, à 18 h 30 Rocquancourt, à 21 h May-sur-Orne et encore le à l'aube, Fontenay-le-Marmion. Seule l'action sur Tilly-la-Campagne au cours de la nuit est annulée[50]. Toutes ses actions n'ont qu'un effet limité hormis la stabilisation du front jusqu'à l'opération Totalize qui ouvre alors la route de Falaise.

La 2e SS-Panzerdivision Das Reich prise dans la poche de Falaise.

Dans la soirĂ©e, les restes de la 272e division d'infanterie du generalleutnant (gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e) Schack, qui ont subi les plus lourdes pertes, est relevĂ©e par la 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen du SS-BrigadefĂŒhrer (gĂ©nĂ©ral de division SS) Sylvester Stadler sur ordre direct du generalfeldmarschall (marĂ©chal) von Kluge. La 2e Panzerdivision du generalleutnant Heinrich Freiherr von LĂŒttwitz s'avance en deuxiĂšme ligne Ă  la place de la 9e Panzerdivision et se tient prĂȘte Ă  contre-attaquer[64].

Le generalfeldmarschall von Kluge et l'état-major allemand du front Ouest attendent toujours la grande attaque au sud de Caen qui ouvrirait la route de Paris. Le general (général d'armée) Bernard Montgomery qui a craint un instant que le faux départ de l'opération Cobra le , causé par le mauvais temps, n'alerte les Allemands ; au contraire cela a renforcé leur croyance en une attaque d'envergure à l'est. PlutÎt que de dégarnir cette partie du front, von Kluge préfÚre faire venir des renforts du Groupe d'armées G cantonnée dans le sud de la France ainsi que de la XVe armée au nord de la Seine[64].

Ce n'est que le que la rĂ©alitĂ© de la situation apparaĂźt aux Allemands et ces deux jours de retard ne seront jamais repris[64]. Le 27 au soir, la 3e armĂ©e amĂ©ricaine du general (gĂ©nĂ©ral d'armĂ©e) Patton, est sur la route de Coutances et le 30 Ă  Avranches[65]. Sur ordres directs d'Hitler, toutes les forces blindĂ©es allemandes sont mobilisĂ©es pour la contre-attaque LĂŒttich sur Mortain. Cela dĂ©garnit le front Ă  l'est, permettant enfin la percĂ©e de Falaise. Toutes les forces blindĂ©es allemandes s'enferrent alors dans la poche de Falaise. La VIIe armĂ©e allemande et le 5e groupe Panzer ouest sont anĂ©antis, mettant ainsi fin Ă  la bataille de Normandie et autorisant ainsi la LibĂ©ration symbolique de Paris.

Pertes humaines

Service funéraire pour enterrer des morts canadiens en Normandie en juillet 1944.
Jeunes soldats allemands tués.

Il est impossible de donner avec précision les pertes subies par les troupes canadiennes comme par les troupes allemandes engagées dans l'opération Spring. Il n'existe que des dénombrements partiels.

Il est certain que la journĂ©e du est l'une des plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale pour les troupes canadiennes. Les Ă©tats officiels s'Ă©lĂšvent Ă  1 202 pertes dont 362 tuĂ©s au combat. Mais toutes les pertes de cette journĂ©e n'ont pas Ă©tĂ© comptabilisĂ©es sur le . Les Black Watch inscrivent pour le pertes dont 83 tuĂ©s, mais ils ont 140 autres pertes pour la pĂ©riode du 26 au sans que le bataillon n'ait Ă©tĂ© engagĂ© ces jours-lĂ . Au total, 5 officiers et 118 hommes de troupe ont trouvĂ© la mort dans ce bataillon pendant l'opĂ©ration Spring[62]. Le North Nova Scotia Highlanders annonce une perte de 139 hommes (61 tuĂ©s au combat, 46 blessĂ©s et 32 prisonniers) de tous grades pour la journĂ©e du [66] et 293 pertes dont 52 tuĂ©s pour les jours suivants. Le Royal Hamilton Light Infantry, qui tient VerriĂšres en livrant pendant plusieurs jours des combats dĂ©fensifs, affiche plus de 200 pertes dont 53 tuĂ©s[62] - [54].

Les Ă©tats du 26 au font apparaitre, en plus des pertes du , 432 pertes supplĂ©mentaires dont 113 tuĂ©s. Cela fait un total de 1 634 pertes dont 475 tuĂ©s, mais toutes ces pertes ne sont pas Ă  imputer Ă  l'opĂ©ration Spring[53]. Elles sont globalement estimĂ©es Ă  plus de 1 500 pertes dont environ 450 tuĂ©s[67].

Aucun Ă©tat prĂ©cis des pertes n'existe pour les troupes allemandes. Le gĂ©nĂ©ral Zimmermann, qui appartient Ă  l'Ă©tat-major du commandement ouest, parle de 51 075 pertes entre le et le [4]. Gregory Liedtke cite une source allemande (un historien de la 9e SS Panzerdivision) qui donne environ 2 000 pertes pour la seule 9e Panzerdivision SS Hohenstaufen les derniers jours de juin et au cours du mois de [41].

Les soldats canadiens tués pendant l'opération reposent au cimetiÚre canadien de Bretteville-sur-Laize. Les soldats allemands tués lors de la bataille de Normandie sont regroupés et enterrés au cimetiÚre allemand de La Cambe.

Notes et références

  1. Compagnon 2000, p. 59
  2. Mann 2004, p. 59
  3. Florentin 2002, p. 11
  4. Compagnon 2000, p. 143
  5. Compagnon 2000, p. 124-125
  6. Compagnon 2000, p. 124
  7. Compagnon 2000, p. 123
  8. Compagnon et 2000, p. 131
  9. Mann 2004, p. 72
  10. Mann 2004, p. 92
  11. Compagnon 2000, p. 130
  12. Stacey 1960, p. 189
  13. Grandais 1973, p. 330
  14. Stacey 1960, p. 192-194
  15. Mann 2004, p. 102
  16. Stacey 1960, p. 197
  17. Compagnon 2000, p. 132, 140
  18. Compagnon 2000, p. 139
  19. Florentin 2002, p. 49-50
  20. Stacey 1960, p. 188-189
  21. Compagnon 2000, p. 124, 130
  22. Jarymowycz 1993, p. 75
  23. Mann 2004, p. 93
  24. Stacey 1960, p. 290-291
  25. Liedtke 2007, p. 60-68
  26. Liedtke 2007, p. 67
  27. Mann 2004, p. 94
  28. Mann 2004, p. 95
  29. Mann 2004, p. 97
  30. Jarymowycz 1993, p. 75–89
  31. Liedtke 2007, p. 61
  32. Mann 2004, p. 98
  33. Compagnon 2000, p. 129
  34. Compagnon 2000, p. 43, 46-47
  35. Jarymowycz 1993, p. 77
  36. Liedtke 2007, p. 62-63
  37. Jarymowycz 1993, p. 76
  38. Jarymowycz 1993, p. 76-77
  39. Liedtke 2007, p. 62-64
  40. Compagnon 2000, p. 132
  41. Liedtke 2007, p. 63
  42. Mann 2004, p. 103
  43. Liedtke 2007, p. 62
  44. Stacey 1960, p. 198
  45. Stacey 1960, p. 199
  46. Grandais 1973, p. 335
  47. Stacey 1960, p. 200
  48. Grandais 1973, p. 334
  49. Stacey 1960, p. 202
  50. Stacey 1960, p. 204
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  52. Grandais 1973, p. 333
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  56. Jarymowycz 1993, p. 83
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  58. Stacey 1960, p. 204-205
  59. Jarymowycz 1993, p. 86
  60. Jarymowycz 1993, p. 82
  61. Jarymowycz 1993, p. 87
  62. Stacey 1960, p. 205
  63. Grandais 1973, p. 337
  64. Stacey 1960, p. 206-207
  65. Grandais 1973, p. 329
  66. Stacey 1960, p. 201
  67. « Le désastre de 25 juillet », sur MinistÚre des anciens combattants canadiens (version du 25 août 2005 sur Internet Archive).

Références bibliographiques

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Jean Compagnon, 6 juin 1944, DĂ©barquement en Normandie, Victoire stratĂ©gique de la guerre, Rennes, Éditions Ouest-France, coll. « MĂ©moires de l'histoire », . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Eddy Florentin, Stalingrad en Normandie, Paris, Perrin, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Albert Grandais, La Bataille du Calvados, Paris, Presses de la CitĂ©, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Roman J. Jarymowycz, « Der Gegenangriff vor VerriĂšres. German Counterattacks during Operation 'Spring' : 25–26 July 1944 », Canadian Military History Journal, vol. 2, no 1,‎ , p. 75-89. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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  • John Mann (trad. Anne-Marie Darras et Jacques Vernet), Atlas du dĂ©barquement et de la bataille de Normandie, Paris, Éditions Autrement, coll. « Atlas/MĂ©moires », (1re Ă©d. 1994). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Charles Perry Stacey, Histoire officielle de la participation de l'ArmĂ©e canadienne Ă  la seconde guerre mondiale. La campagne de la victoire : les opĂ©rations dans le nord-ouest de l'Europe, 1944-1945, vol. 3, Ottawa, Imprimeur de la Reine et contrĂŽleur de la papeterie, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Annexes

Orientation bibliographique

  • Jean-Pierre Benamou, Bataille de Caen, 6 juin au 15 aoĂ»t 1944, Heimdal,
  • (en) Terry Copp, Fields of Fire : The Canadians in Normandy, Toronto, University of Toronto Press,
  • (en) John English, The Canadian Army and the Normandy Campaign : A Study of Failure in High Command, Westport (Connecticut), Praeger,
  • (de) Mayer Horst, Soldatenschicksale : Das Ringen um Caen, Rastatt, Pabel Moewig,
  • (en) Guy Simonds, « OpĂ©ration Spring », Canadian Military History Journal, vol. 1, nos 1-2,‎ , p. 65-68
  • StĂ©phane Simonnet, Atlas de la libĂ©ration de la France, Paris, Éditions Autrement, coll. Atlas/MĂ©moires,
  • (en) Ken Tout, The Bloody Battle for Tilly : Normandy 1944, Stroud (Royaume-Uni), Sutton Publishing Ltd.,
  • (en) Ken Tout, Roads to Falaise : Cobra and Goodwood Reassessed, Stroud (Royaume-Uni), Sutton Publishing Ltd.,

Filmographie

Vidéo ludique

L'opération Spring a servi de base à de nombreuses adaptations dans le domaine vidéo ludique, dont :

  • Un jeu de rĂŽle : « OpĂ©ration Spring » dans Days of wonder, un jeu de guerre dĂ©veloppĂ© sous le haut patronage de la Mission du 60e anniversaire des DĂ©barquements et de la LibĂ©ration de la France. Ce jeu simule les Ă©vĂšnements-clĂ©s de Ă  , depuis le dĂ©barquement de Normandie jusqu'Ă  la bataille des Ardennes, et entre autres l'opĂ©ration Spring.
  • Un jeu de stratĂ©gie en temps rĂ©el essentiellement multijoueur gratuit basĂ© sur le moteur Ă©ponyme en open source est rebaptisĂ©e pour l'occasion Spring: 1944, mode se voulant aussi rĂ©aliste que possible du jeu vidĂ©o avant gardiste Spring.

Articles connexes

Liens externes

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