Division blindée des Guards
La Guards Armoured Division (litt. Division blindée des Guards ) est une division blindée du Royal Armoured Corps britannique qui prit part à la Seconde Guerre mondiale
Division blindée des Guards | |
Sherman Mark V (M4A4) du 2nd Armd Bn Grenadier Guards conservé à l'Imperial War Museum. | |
Création | |
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Dissolution | |
Pays | Royaume-Uni |
Branche | British Army |
Type | Division blindée |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
Batailles | Campagnes d'Europe 1944-45 : Bataille de Normandie Libération de la Belgique et des Pays-Bas Opération Market Garden Opération Spring |
Commandant historique | Oliver Leese |
La division avait pour insigne un écu bleu bordé de rouge et timbré de l'Ever open eye hérité des blindés de la PremiÚre Guerre mondiale[note 1].
Origine et développement (avril 1941-juin 1944)
La décision de créer une division blindée à partir des unités d'infanterie des Guards remonte au début du printemps 1941 et fut motivée par le manque de divisions blindées susceptibles de défendre le territoire du Royaume-Uni en cas d'invasion allemande. Sa création officielle date du mois de . Ses effectifs provenaient des dépÎts des régiments des Guards [note 2] - qui resteront l'exclusive source en personnel jusqu'en 1945. Elle fut placée sous le commandement du Major-Général Sir Oliver Leese.
La division se rĂ©unit Ă plein effectif pour la premiĂšre fois au mois de septembre sur la plaine de manĆuvres de Salisbury, aprĂšs que ses cadres et personnels techniques eurent terminĂ© leur formation aux centres d'instruction d'arme de Bovington (en) et Lulworth (en). Ă cette Ă©poque, les unitĂ©s stationnĂ©es au Royaume-Uni manquaient encore cruellement de matĂ©riel blindĂ© valable, le meilleur de celui-ci Ă©tant affectĂ© en prioritĂ© aux thĂ©Ăątres des opĂ©rations nord-africaines et asiatiques. La toute nouvelle division blindĂ©e se retrouva donc Ă©quipĂ©e de matĂ©riel ancien ou de chars Cruiser retirĂ©s ou Ă©cartĂ©s des zones de combat en raison de leurs piĂštres valeurs et performances comme les Cavaliers et Covenanters. Les pannes frĂ©quentes et la dĂ©licatesse technique de ces matĂ©riels amenĂšrent toutefois les personnels de la division Ă un trĂšs haut niveau de compĂ©tence professionnelle qui se rĂ©vĂ©la particuliĂšrement prĂ©cieux lorsqu'elle fut engagĂ©e par la suite.
Quelques traditions régimentaires héritées des origines historiques des unités la composant influencÚrent aussi l'organisation de la Division : c'est ainsi que le 1er Bataillon des Grenadiers (Guards) fut converti en unité d'infanterie motorisée... ses recrues d'un mÚtre quatre-vingt ou plus ne trouvant pas place dans le compartiment exigu des chars de combat[note 3].
En , la division ayant Ă©tĂ© complĂštement Ă©quipĂ©e et son personnel ayant terminĂ© sa formation thĂ©orique, les premiers exercices grandeur nature Ă l'Ă©chelon divisionnaire eurent donc lieu, le niveau et l'Ă©chelle de ces exercices allant dĂšs lors en se complexifiant en vue de la future invasion de l'Europe. Les leçons de la guerre du DĂ©sert en Afrique du Nord furent pleinement exploitĂ©es, le paysage anglais - campagne boisĂ©e et agraire, villages, petits centres urbains, voies ferroviaires et coupures humides... - se prĂȘtant par ailleurs parfaitement Ă la mise au point de tactiques propres au futur thĂ©Ăątre d'opĂ©ration europĂ©en[note 4].
Fin 1942, la composition de l'unitĂ© fut modifiĂ©e, une des deux brigades blindĂ©es d'origine Ă©tant remplacĂ©e par une brigade d'infanterie motorisĂ©e transportĂ©e par camion. Le groupe de soutien d'artillerie de la division fut rĂ©organisĂ© et intĂ©grĂ© en tant qu'artillerie divisionnaire organique. Le rĂ©giment d'auto-mitrailleuses fut retirĂ© pour devenir unitĂ© hors-rang de Corps d'armĂ©e et remplacĂ© par un rĂ©giment de reconnaissance blindĂ© Ă©quipĂ© de chars. C'est dans cette disposition que la Division combattra jusqu'en 1945. Sir Oliver Leese fut remplacĂ© Ă la tĂȘte de la Division par le Major-GĂ©nĂ©ral Adair - qui assumera cette fonction jusqu'Ă la fin du conflit - et les Brigadiers N.W. Gwatkin et G.F. Johnston promus respectivement aux commandements des 5th Guards Armoured Brigade et 32nd Guards Brigade - les deux grandes unitĂ©s - respectivement de chars et d'infanterie motorisĂ©e- constituant celle-ci.
L'année 1942 vit aussi la livraison massive de matériels américains au Royaume-Uni - et notamment du char M4 Sherman dont les premiers exemplaires furent immédiatement engagés en Afrique du Nord. Ce char allait devenir la « monture » de la Division, la seule des trois divisions blindées britanniques à le conserver jusqu'à la fin du conflit, les deux autres (7e (Les Rats du Désert) et 11e) le remplaçant graduellement par le Cromwell et le Comet de fabrication indigÚne.
Rééquipée à neuf - notamment grùce à l'arrivée de ce matériel américain dans le cadre du Lend-Lease - et perfectionnant sa formation et son entraßnement dans le Suffolk et le Yorkshire, la Division fut finalement rassemblée dans la région de Brighton en .
Organisation
Jusqu'en 1942, la division comptait deux brigades blindées (5th et 6th Guards Armoured Brigades) - ayant été ainsi constituée par crainte d'une invasion allemande attendue du Royaume-Uni. Ce danger s'étant éloigné, les responsables alliés commençant par ailleurs à préparer la libération de l'Europe, elle fut alors réorganisée selon un schéma plus offensif à cette fin, une des brigades blindées (la 6th) étant remplacée par une brigade d'infanterie mécanisée (la 32nd Guards Brigade).
L'organigramme de la division suit le schéma classique de la division blindée de 1944 :
- état-major divisionnaire, transmissions et 2nd Armoured Recce Bataillon Welsh Guards (unité de reconnaissance équipée de chars rapides Cromwell et de M3/M5 Stuart américains),
- brigade blindée (en l'occurrence la 5th Guards armoured brigade - EM, 2nd Armd Bn Grenadier Guards, 1st Armd Bn Coldstream Guards, 2nd Armd Bn Irish Guards et 1st Motor Bn Coldstream Guards (infanterie mécanisée montée sur semi-chenillés USM3 Half-tracks) ) ;
- brigade d'infanterie motorisée (32nd Guards brigade - EM, 5th Bn Coldstream Guards, 3rd Bn Irish Guards, 1st Bn Welsh Guards - remplacée début 1945 par le 2nd Bn Scots Guards - et 1st Independant Machine Gun Company, Northumbrian Fusiliers) ;
- et les unités divisionnaires :
- artillerie (EM, 55 et 153 Field Regt(s) Royal Artillery, 21 Antitank Rgt RA, 94 Light AA Rgt RA) ;
- génie (Royal Engineers : EM, 148 Field Park Squadron, 14 et 615 Field Sqn(s) et 11 Bridging Troop) ;
- intendance (Royal Army Supply Corps : EM, 310 Armoured Brigade Company, 224 Infantry Brigade Coy, 535 Divisional Troops Coy et trois RASC Troop-carrying detachments) ;
- mécaniciens et services techniques (Royal Electrical & Mechanical Engineers : EM, 5th Armd Bde Workshop et 32nd Guards Bde Workshop) ;
- services médicaux (EM, ambulances, service d'hygiÚne, etc.) ;
- divers services administratifs : poste, police militaire, Mobile Laundry & Bath unit, etc.
Alors que dans les autres divisions blindées, les unités de service forment un groupe hétérogÚne sous l'autorité d'un EM d'échelon arriÚre, la division des Guards regroupa ceux-ci au sein d'une troisiÚme brigade « virtuelle ».
- Organisation de lâArmoured Bataillon
Note prĂ©liminaire : les rĂ©giments de la Garde ne pouvant ĂȘtre dĂ©doublĂ©s par tradition, les bataillons furent portĂ©s Ă effectifs rĂ©gimentaires tout en conservant leur "title" d'origine.
- Les trois bataillons blindés de la 5th Armoured Brigade sont organisés selon le schéma suivant : un Regimental Headquarter (RHQ) (quatre chars, un half-track et une scout car), un Signal Troop (transmissions équipés de camions), un Light Aid Detachment (service de dépannage mécanique : camions, un half-track et deux dépanneuses Scammel - les chars dépanneurs Sherman ARV étant intégrés aux Squadrons blindés), un Headquarter Squadron et trois Squadrons (A, B et C) ;
- Le HQ Squadron se décompose en un EM (deux jeeps et un camion), un Admin. Troop, un Recce Troop (onze chars M3/M5 Stuart), un Intercom Troop (neuf Scout cars) et un AA Troop (Défense antiaérienne : huit chars DCA Crusader) ;
- Les Squadrons se décomposent en cinq Troops de trois chars (deux M4 Sherman de 75 mm et un M4 Sherman Firefly équipé d'un canon de 17pdr, équivalent britannique du redoutable 88 mm allemand) plus un Troop de service (trois half-tracks, quatorze camions).
- Organisation du Motor Bataillon
- Le 1st Motor Bn Grenadier Guard est le régiment d'infanterie blindée de la 5th Armd Brig (voir remarque supra). Son organigramme s'établit de la façon suivante : EM, une Support Company et trois Motor Companies.
- La Support Coy compte trois Anti-tank platoons équipés chacun de deux canons de 6 pdr tractés par des carriers chenillés et deux Machine Guns Platoons équipés de quatre mitrailleuses Vickers transportées elles aussi par des chenillettes;
- Les Motor Cies se décomposent en un EM disposant de deux M3 White Scout Cars (camions blindés) et ayant sous ses ordres une section de trois mortiers de 3 inches, trois Motor Platoons disposant de quatre half-tracks et de diverses armes d'appui (mortiers, PIAT antichar et FM Bren) et un Carrier Platoon équipé de onze carriers, de mortiers, de PIAT et de FM.
- Tous les véhicules de ce Bataillon sont timbrés d'un carré rouge marqué du chiffre 54[1].
- Organisation du 2nd Armd Recce Bn Welsh Guards
- Le rĂ©giment blindĂ© de reconnaissance de la division prĂ©sente la mĂȘme structure que les trois bataillons de la brigade blindĂ©e mais est Ă©quipĂ© de chars britanniques Cromwell et Challenger (chĂąssis de Cromwell avec une tourelle Ă©quipĂ©e du 17pdr) et de chars amĂ©ricains Stuart - qui seront rapidement remplacĂ©s par des Cromwells. Deux chars Cromwell CS (Close Support) armĂ©s d'un canon de 95 mm Ă©taient affectĂ©s Ă titre de vĂ©hicules d'appuie-feu Ă chaque Squadron. Les vĂ©hicules de cette unitĂ© Ă©taient marquĂ©s d'un carrĂ© bicolore (partage horizontal) vert/bleu timbrĂ© du chiffre 45.
Voir aussi : Signalétique des unités britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale
Ăquipement
- M4 Sherman. Ce char de conception et de fabrication américaine constitua véritablement le cheval de bataille de la division jusqu'en 1945. Compte tenu de ses différentes versions (au niveau notamment de la motorisation), les Américains avaient donné à celles-ci une dénomination particuliÚre : M4 pour la version de base à moteur en étoile, M4A1 pour la version à coque moulée, M4A2 pour la version à motorisation diesel, etc. Les Britanniques établirent leur propre nomenclature pour leur parc qui tenait compte elle en plus du type d'armement : Mk I pour la version M4, Mk III pour la version diesel, Mk V pour la version rallongée M4A4 équipée d'un banc de cinq moteurs d'automobile Chrysler. Un suffixe alphabétique indiquait le type d'armement : un Mk I ou Mk V était armé du canon de 75 mm d'origine, un Mk IIIA était armé du canon américain de 76 mm, un Mk IB d'un obusier de 105 mm (ce type ne fut engagé par les Britanniques que sur le front italien) et le suffixe C était attribué aux versions réarmées du redoutable canon anglais de 17pdr (76,8 mm), la version la plus performante de ce char pendant la DeuxiÚme Guerre mondiale.
- Cruiser Tank Cromwell et M3/M5 Stuart. Le Cromwell constituait le dernier descendant de la lignée des chars Cruiser (char de bataille par opposition aux Infantry Tanks comme le Churchill destiné à appuyer l'infanterie dans la vision britannique de la guerre mécanisée) dont faisaient partie le désastreux Covenanter et le trÚs contesté Crusader. Le Cromwell se révéla cependant nettement supérieur à ses prédécesseurs, notamment en matiÚre de vitesse et d'armement (canon Ordnance QF 6 pounder) ce qui en fit en fin de compte un excellent char de reconnaissance, ce qui n'était pas a priori sa destination premiÚre. Attribué exclusivement, au sein de la division, au Bataillon de reconnaissance des Welsh Guards[note 5], il finit par supplanter dans cette unité ses homologues américains M3/M5 Stuart, trop faiblement blindés et armés, dont elle était également dotée (les Stuarts resteront cependant en service dans les Recce Troops des bataillons blindés). Le canon de 37 mm de ce dernier étant en effet devenu obsolÚte à cette période du conflit, les M5 restant en service furent en général amputés de leurs tourelles et réarmés de mitrailleuses sur affût pour en faire des sortes d'automitrailleuses de reconnaissance chenillées. Existant également en version 17pdr (Challenger) et en version d'appui équipé d'un obusier de 95 mm, le Cromwell sera encore aligné pendant la Guerre de Corée et donnera naissance au char Comet, dont les premiers exemplaires seront alignés à la fin de la guerre et qui servira encore dans d'autres armées (Irlande, Finlande...) aprÚs ce conflit.
- Armement collectif de l'Infanterie divisionnaire. Cet arsenal souvent transporté au moyen de chenillettes Universal Carrier de différents modÚles, comprend le FM Bren, l'arme antichar PIAT (acronyme de Projector Infantry Anti-Tank), équivalent britannique du Bazooka américain ou du Panzerfaust allemand, la mitrailleuse lourde (HMG - Heavy Machine Gun) Vickers.303 et le canon antichar de 6pdr ( 57 mm) ainsi que des mortiers de 2, 3 et 4,2 pouces.
- Canon antichar de 17pdr. Cette piÚce antichar, la plus performante de l'arsenal allié, équipait au sein de la division le 21 Antitank Regiment, Royal Artillery tant dans sa version tractée que dans sa version auto-propulsée (montée sur chùssis de M10 américain surnommé Achilles par les Britanniques). Le régiment alignait deux batteries auto-propulsées (douze Achilles par batterie - certains encore armés de leur canon américain de 90 mm (3 pouces) d'origine) et deux batteries tractées (douze piÚces par batterie, tractées par des semi-chenillés). à la fin du conflit, l'opposition blindée allemande étant devenue quasi inexistante, les deux batteries tractées de la division furent converties en unités d'infanterie.
- Obusier de 25pdr. Cet obusier d'un calibre équivalent au 105 mm équipait les 55th Field Regiment Royal Artillery dans sa version tractée et 153rd Field Rgt RA dans sa version autopropulsée (Sexton sur chùssis d'anciens chars M3 Lee/Grant comme le M7 Priest américain)
- Canon antiaérien Bofors 40 mm. Ce fut cette excellente piÚce d'artillerie anti-aérienne qui établit la réputation de la firme suédoise dans ce domaine. Née dans les années 1930 d'un développement conjointement financé avec la marine suédoise, elle fut fabriquée sous licence ou copiée et alignée par presque tous les belligérants (Pologne, Belgique, USA, GB du cÎté allié, Japon et Hongrie du cÎté de l'Axe) et utilisée au sein de la Guards Armoured Division par le 94th Light Anti-Aircraft Regt Royal Artillery tant dans sa version tractée (une batterie de 18 piÚces) qu'auto-propulsée (idem - montée sur chùssis de camions Morris) conjointement à une batterie de 18 piÚces de 20 mm[note 6]
- Portrait classique du tireur FM Bren britannique pendant la campagne d'Europe en 1944-45
- Projector Infantry Anti-Tank
- Canon antichar 6pdr (57 mm) des unités divisionnaire d'infanterie
- Canon antichar de 17pdr des Guards protégeant le pont de NimÚgues pendant l'opération Market Garden
- Obusier 25pdr en version autopropulsée Sexton (ici de la 11th Armoured Division)
- L'obusier de 25pdr en version tractée avec son caisson à munitions
- Des 25pdr des Guards en action prĂšs d'Hechtel en
- Canon Bofors 40 mm (ici utilisé par des troupes canadiennes)
Bataille de Normandie et campagne de France (juin-septembre 1944)
Le personnel de la division dĂ©barqua en Normandie avec la deuxiĂšme vague de l'invasion et passa le mois de juin Ă l'ouest de Caen dans l'attente de son matĂ©riel avant d'ĂȘtre affectĂ©e au VIII Corps avec les 11th Armoured et 15th (Scottish) Infantry.
Le marqua le début de son engagement dans l'opération Goodwood en direction de Falaise[2]. La journée du 18 fut consacrée à la prise du village de Cagny au sud-est de Caen, engagement au cours duquel les Guards détruisirent un Koenig Tiger[3]. Pendant les jours suivants, elle fut confrontée dans ce secteur aux 1re et 12e SS-Panzer Divisions, subissant certes des pertes sévÚres mais enregistrant aussi d'importants succÚs locaux face à ces deux divisions allemandes d'élite. Ces engagements mirent en évidence l'importance d'une parfaite collaboration entre les chars et l'infanterie.
AprĂšs la percĂ©e amĂ©ricaine au sud, les forces britanniques se portĂšrent vers la zone de collines boisĂ©es de Caumont afin de protĂ©ger le flanc gauche des troupes amĂ©ricaines (opĂ©ration Bluecoat), la division des Gardes se trouvant initialement en rĂ©serve. Le , la division scindĂ©e en modules mixtes infanterie/blindĂ©s s'engage dans la bataille du bocage, dont la topographie n'est pas sans rappeler la campagne britannique oĂč elle s'Ă©tait prĂ©cĂ©demment entraĂźnĂ©e. La division s'y heurte aux Ă©lĂ©ments des 21e Panzer Division et 9e et 10e SS-Panzer Divisions engagĂ©s au compte-goutte[4]. La nature du terrain, propice au combat d'embuscade et dĂ©favorable aux blindĂ©s, rend les combats particuliĂšrement Ăąpres. Une des batteries divisionnaires manque d'ĂȘtre capturĂ©e par des blindĂ©s allemands qui seront repoussĂ©s par les auto-moteurs antichars.
Le , les Allemands ayant lancé leur tentative de contre-offensive contre la percée américaine dans le secteur de Mortain, marque le début d'un bref moment de relatif répit pour la Guards Armoured Division. L'échec de la contre-offensive allemande sera le signe de l'amorce d'une débùcle allemande à partir du 15 qui atteindra son point culminant avec la destruction de la poche de Falaise.
Le , la division passe au XXXth Corps du général Brian Horrocks et récupÚre le 2nd Household Cavalry Regiment, permettant une réorganisation en groupes des combats plus efficaces, fruit des enseignements de la campagne de Normandie. Les unités d'infanterie et de blindés des 5th et 32th Brigades sont en effet regroupées en quatre groupements de combat mixtes - Battle Groups : les Grenadier Group et Irish Group sous le commandement du Brigadier N.W. Gwatkinet (5th) les Coldstream Group et Welsh Group sous l'autorité du brigadier G.F. Johnston (32th).
Le 29, la division franchit la Seine Ă Ăvreux et prend la direction de la Belgique, couvrant le flanc droit de la progression britannique. La Seine franchie, le tempo de la progression alliĂ©e vers le Nord va dĂšs lors s'accĂ©lĂ©rer, n'ayant plus devant elle que des unitĂ©s allemandes dĂ©sorganisĂ©es qui battent en retraite. DĂšs le 26, Montgomery avait prĂ©cisĂ© ses objectifs et son dispositif dans sa « Directive M-520 » : la Somme puis Bruxelles deviennent les objectifs de la Guards Division. Beauvais est libĂ©rĂ©e dĂšs le 30 en fin de journĂ©e et le 31 Ă midi, les Guards s'emparent de trois ponts intacts sur la Somme ouvrant ainsi la route vers la Belgique. Arras tombe le jour suivant, malgrĂ© l'opposition d'un Kampfgruppe de la 10e SS Panzer Division. DĂ©sormais, seul l'enthousiasme des populations libĂ©rĂ©es et les problĂšmes d'intendance vont ralentir la progression de la division qui le 2 se retrouve Ă Douai[5]..
Ă Douai, la Guards Division est rejointe par le 1st Belgian Group du Colonel Piron, rappelĂ©e d'urgence du Havre pour participer Ă la libĂ©ration de son pays (opĂ©ration Sabot). Son escadron d'automitrailleuses sera joint au Recce Bn des Welsh Guards en tĂȘte de colonnes[6].
Belgique et Pays-Bas (septembre 1944 - janvier 1945)
- Libération de la Belgique
- L' Operation Sabot dĂ©bute le aux petites heures du matin et tourne vĂ©ritablement Ă la course entre les diffĂ©rents Battle Groups et les unitĂ©s belges vu la quasi absence de quelque opposition allemande organisĂ©e[7]. Les Gallois et les Belges atteignent les premiers le pont de chemin de fer fixĂ© par le GĂ©nĂ©ral Adair comme point de ralliement au sud de Bruxelles, les Welsh Guards pĂ©nĂ©trant au cĆur historique de la capitale belge par le boulevard de Waterloo, au milieu de l'enthousiasme dĂ©lirant de la population qui contraint les conducteurs de vĂ©hicules Ă la plus extrĂȘme prudence. Les Battle Groups se dĂ©ploient alors rapidement tout autour de la ville pour la protĂ©ger[8].
- Le 4, le 2nd HCR se porte sur Louvain oĂč il capture un pont sur la Dyle. Le 6, la division se porte sur le canal Albert dans le Limbourg, le Welsh Group le franchissant dĂšs le lendemain. La dĂ©fense allemande se raidit Ă l'approche de la frontiĂšre belgo-hollandaise et la division mettra une dizaine de jours Ă conquĂ©rir la Campine qui servira de base de dĂ©part Ă l'opĂ©ration Market Garden.
- Market Garden
- Les Cromwell de reconnaissance des Welsh Guards dans un paysage typiquement batave
- Un Troop (deux Shermans 75 mm appuyés par un Firefly) des Irish Guards pendant la progression vers Arnhem
- M4 Shermans des Guards sur la Hells Highway vers Arnhem. L'insigne de la division est visible sur l'arriÚre du char embusqué dans la haie
- For King and Country. L'opération Market Garden se révéla particuliÚrement coûteuse en hommes et en matériel pour la Guards Division.
- ĂlĂ©ment de pointe du XXXth Corps pendant toute la durĂ©e de l'opĂ©ration, la Guards Division participa dĂšs lors Ă tous les combats majeurs sur la route vers le Rhin, subissant de lourdes pertes en personnels et matĂ©riels. Le Welsh Group dut mĂȘme renoncer Ă une tentative de dĂ©gagement des parachutistes coincĂ©s dans Arnhem du fait des pertes subies et du manque de munitions et de carburant, cĂ©dant la main Ă la 43rd Infantry Division qui n'eut guĂšre plus de succĂšs. Jusque fin septembre, lâIrish Group participa aussi activement aux combats dĂ©fensifs pour protĂ©ger les maigres gains de l'opĂ©ration, prenant part notamment Ă la dĂ©fense du pont de NimĂšgue face aux contre-attaques des 9e SS Panzer Division Hohenstaufen et 116e Panzer Division.
- Le , la division sera placĂ©e en rĂ©serve au sud de NimĂšgue, bĂ©nĂ©ficiant d'un mois de semi-repos et de permissions Ă Bruxelles et Anvers. En novembre, elle sera ramenĂ©e plus au sud encore, dans la rĂ©gion de Sittard, en remplacement de la 9e ArmĂ©e amĂ©ricaine, oĂč elle restera cinq semaines et percevra ses Ă©quipements hivernaux en plus du matĂ©riel de remplacement. La fin de l'annĂ©e 1944 et les premiers jours de 1945 seront ainsi consacrĂ©s Ă des opĂ©rations de patrouilles, de sĂ©curitĂ©, de reconnaissance des dĂ©fenses allemandes et de rĂ©Ă©quipement de la division, aprĂšs un bref retour vers Bruxelles Ă la suite de l'offensive allemande dans les Ardennes belges.
Voir aussi : Ordre de bataille de l'opération Market Garden
Campagne d'Allemagne du Nord (1945)
En tant qu'Ă©lĂ©ment du XXXth Corps affectĂ© en renfort de la 1st Canadian Army, la division prend part dĂšs le Ă l'opĂ©ration VĂ©ritable qui vise la conquĂȘte de l' interland germano-batave entre Meuse et Rhin, l'opĂ©ration Ă©tant au dĂ©part fortement entravĂ©e par les inondations causĂ©es par la destruction par les Allemands des barrages de la Roer. La dĂ©termination des Allemands Ă dĂ©fendre chĂšrement les marches du Vaterland, en particulier des unitĂ©s de parachutistes, cause une nouvelle fois des pertes sĂ©vĂšres. Veritable sera d'ailleurs l'un des plus dures batailles livrĂ©es par la Guards Division avec celle de Normandie.
DĂ©but mars, la division sera engagĂ©e dans l'opĂ©ration Plunder visant au franchissement du Rhin en direction du Nord de l'Allemagne aux cĂŽtĂ©s de la 6th Tank Brigade - rebaptisĂ©e 6th Armoured Brigade. Le , elle atteint Lingen sur la riviĂšre Ems, le commandant de la compagnie d'infanterie des Coldstreams, le Captain I.O. Liddle recevant la croix de Victoria pour sa conduite hĂ©roĂŻque lors de la prise du pont sur l'Ems. Dans les jours suivants, la Guards Division fait mouvement vers BrĂȘme, se heurtant toujours aux unitĂ©s de Fallschirmjagern (parachutistes) renforcĂ©s par la 15e Panzer Division et des bataillons du Volkssturm.
Le , la division est transfĂ©rĂ©e au VIIIth Corps avec pour mission la conquĂȘte de la rĂ©gion situĂ©e entre BrĂȘme et Hambourg dĂ©fendue par des unitĂ©s de la Kriegsmarine constituĂ©es d'Ă©quipages de navires et de sous-marins encadrĂ©s d'officiers du Tirpitz et de bataillons du Volkssturm dont les familles des membres avaient Ă©tĂ© menacĂ©es de reprĂ©sailles par Himmler en cas de dĂ©sertion. Ces unitĂ©s disparates, bien Ă©quipĂ©es en armes antichars, se rĂ©vĂšlent des adversaires coriaces mĂȘme pour les Guards. Le reste du mois d'avril ne sera qu'une suite de brefs mais Ăąpres combats entre Elbe et Weser, les Allemands recyclant des mines marines capables de volatiliser un tank pour renforcer leurs dĂ©fenses. Lors de ces affrontements, les Guards captureront un canon de 88 mm dont tous les servants Ă©taient des volontaires fĂ©minines. Le 27, le 1st HCR rejoint la division pour le reste de la campagne et l'accompagne jusque Oste, Ă mi-chemin entre Hambourg et BrĂȘme oĂč la guerre se terminera le pour les unitĂ©s des Guards. La division se portera ensuite vers Cuxhaven pour recevoir la reddition de la 7e division de parachutistes allemande tandis qu'une compagnie des Scots recevra celle de la garnison d'Heligoland.
Au cours de sa progression dans le Nord de l'Allemagne, la Guards Division participa à la libération des camps de concentration de Sandbostel et Bergen-Belsen.
Bibliographie
- Le matériel léger de la division : moto BSA de fabrication britannique.
- Jeep américaine Willys.
- Scout Car Dingo, véhicule légÚrement blindé de liaison et de commandement.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Bibliographie générale :
- Armoured Guardsmen: A War Diary from Normandy to the Rhine Robert Boscawen MC, Stackpole Books 2009 ;
- British Guards Armoured Division 1944-45 John Sandars & Mike Chappell Osprey Publishing série Vanguard no 9, 1979;
- The Guards Divisions 1914-45 Mike Chappell Osprey Publishing série Elite no 61, 1995;
- The Grenadiers Guards Gén. Sir David Fraser, R.J. Marrion, D.S.V. Fosten et Angus McBride Osprey Publishing série Men at Arms 1977 ;
- The Scots Guards 1919-1955 David Erskine, Naval & Military Press 2001 ;
- Les OpĂ©rations en Europe du Corps ExpĂ©ditionnaire alliĂ© MarĂ©chal B.L. Montgomery, GĂ©n. D.D. Eisenhower, GĂ©n. Sir Maitland Wilson, Ăditions Berger-Levrault 1947 ;
- Magazine Ligne de front - Hors série no 5 (sept/oct 2008) Le Guide des divisions blindées allemandes & alliées, de juin à ;
- Magazines 1939-45 et Militaria
- Bibliographie technique :
- The Sherman tank in British Service 1942-45 John Sandars, Michael Roffe & Mike Chappell Osprey Publishing série Vanguard no 15, 1982 ;
- Allied Tank Destroyers Bryan Perrett & Mike Chappell, idem no 10, 1979 ;
- Campagne de France(été 1944)
- Revue 39-45 Magazine Historica n° avril/juin et juillet/ & no 77 et 98 pour la Campagne de Normandie ;
- Revue Armes Militaria Magazine Hors-série no 26-29-46-55-58-65-62 et 69 idem ;
- Le Blitzkrieg de Montgomery de la Seine à la Somme Ronald Mac Nair Historica Hors-série no 61, 1999 ;
- Campagnes de Belgique et des Pays-Bas (automne-hiver 1944-45)
- Tank Museum News, MusĂ©e Royal de l'ArmĂ©e et de l'Histoire Militaire numĂ©ro spĂ©cial commĂ©moratif 1944-1994 prĂ©sentĂ© par le Lt-GĂ©n. J. Berhin, Aide de Camp du Roi et Chef d'Ătat-Major de la Force Terrestre ;
- Objectif Anvers : De la Somme à la Meuse Ronald Mac Nair Historica Hors-série no 62, 2000 ;
- Operation Market Garden Yves Buffetaut & Jean Restayn Armes Militaria HS no 23, 1996 ;
- Campagne d'Allemagne (1945)
- No Triumphant Procession - The Forgotten Battles of April 1945 John Russel & R. De Normann Arms and Armour Press 1994 ;
Memorabilia
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
Notes
- Selon la tradition, un coolie chinois superstitieux qui avait assisté au débarquement des premiers tanks en France s'était demandé comment ces « monstres » pouvaient voir sans yeux et en aurait dÚs lors dessinés sur les flancs d'un des véhicules. L' Ever open eye est devenu depuis lors l'insigne traditionnel des unités blindées britanniques et en particulier des Royal Tank Regiments (RTR)
- Bien qu'à effectifs régimentaires, les unités intégrées dans la division continueront à garder le titre de leur bataillon d'origine
- Créés au XVIIe siÚcle, les régiments de Grenadiers étaient considérés comme l'élite des unités d'infanterie. Véritables vitrines de propagande militaire des souverains de l'époque, ces régiments recrutaient donc les meilleurs éléments et aussi les plus impressionnants par leur stature, les plus célÚbres d'entre eux étant les Landsknechten (Grands Gaillards) des rois Friedrich Ier et Friedrich II de Prusse ou les Grognards de la Garde impériale de Napoléon Ier.
- Le Royaume-Uni servit aussi de centre de formation et d'entraßnement intensifs des unités américaines, plus habituées aux grands espaces de leurs centres d'entraßnement nationaux. Lire à ce sujet Military Training in the British Army, 1940-1944 - From Dunkirk to D-Day de Timothy Harrison Place, Taylor & Francis, Inc 2000 - (ISBN 978-0-7146-5037-1)
- Quelques exemplaires avaient aussi été distribués au niveau des échelons de commandement au sein de la division
- Voir l'article de Wikipedia en anglais en:Bofors 40 mm pour l'historique de cette piÚce encore fabriquée de nos jours]
Références
- Organigramme d'un Motor Bataillon
- D-Day-Overlord - La Bataille de Normandie.
- La division des Guards pendant l'opération Goodwood.
- La Bataille du Bocage normand.
- Pour cette section Bataille de Normandie, voir notamment: Historique illustré de la Guards Armoured Division sur le site du Mémorial Montormel.
- La Campagne de Belgique.
- Id.
- La libération de Bruxelles 4 septembre 1944