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Infanterie motorisée

Pour les membres de l'OTAN et la plupart des pays occidentaux, l'infanterie motorisĂ©e est l'infanterie transportĂ©e par camions ou dans d'autres vĂ©hicules Ă  moteur, ne bĂ©nĂ©ficiant pas d'un blindage ou protection significatifs. Elle est Ă  distinguer de l'infanterie mĂ©canisĂ©e, qui est transportĂ©e dans des vĂ©hicules de transport de troupes, ou des vĂ©hicules de combat d'infanterie, tous ces vĂ©hicules Ă©tant blindĂ©s. En Russie et dans l'ancienne Union soviĂ©tique le terme motostrelki (russe ĐœĐŸŃ‚ĐŸŃŃ‚Ń€Đ”Đ»ĐșĐž) est utilisĂ© pour dĂ©signer l'infanterie mĂ©canisĂ©e, et durant la Guerre de CorĂ©e cet usage s'est imposĂ© dans tous les pays membres du Pacte de Varsovie.

Infanterie motorisée
Présentation
Type
Infanterie de la Bundeswehr avec un camion U 1300 L en Égypte en 2001.

Motoriser l'infanterie est le premier stade de la mécanisation d'une armée. Les camions civils sont facilement adaptables aux usages militaires. Tracter de l'artillerie et transporter des soldats, du matériel et de l'approvisionnement augmente considérablement la mobilité stratégique des unités d'infanterie qui seraient, sans cela, obligées de se déplacer à pied ou par chemin de fer. Dans la pratique, les armées ont trouvé avantageux de développer des camions adaptés à leurs exigences spécifiques, par exemple à transmission intégrale, pour qu'ils soient utilisables par tout temps et sur tout terrain.

La motorisation n'offre pas d'avantage tactique au combat, car les camions et les jeeps sont vulnĂ©rables aux tirs en provenance de l'artillerie ou d'armes de petit calibre. Mais elle augmente la flexibilitĂ© de l'infanterie, car les Ă©lĂ©ments motorisĂ©s peuvent ĂȘtre accompagnĂ©s de leurs propres armes de soutien (mitrailleuses lourdes, mortiers et artillerie de campagne, armes antichar, etc.

L'inconvénient de la motorisation est, de toute évidence, la dépendance à l'approvisionnement en carburant.

Histoire

En Irak, un MRAP en 2008

L'entre-deux-guerres

En 1927, les Britanniques créent une brigade, l'Experimental Mechanized Force (en), pour tester les capacités d'une force combinée motorisée, qui comprend de l'infanterie motorisée.

Certains partisans de la guerre de mouvement comme J. F. C. Fuller proposent des « flottes de tanks » autonomes, mais Heinz Guderian en Allemagne, Adna Romanza Chaffee aux États-Unis et MikhaĂŻl Toukhatchevski en Union soviĂ©tique reconnaissent que les unitĂ©s de tanks avaient besoin d'un support rapprochĂ© de l'infanterie et des autres armes, et que celles-ci devaient donc progresser Ă  la mĂȘme vitesse.

Lors du rĂ©armemement de l'Allemagne dans les annĂ©es 1930, les nouvelles Panzerdivision sont dotĂ©es de brigades motorisĂ©es. L'armĂ©e française commence Ă  mĂ©caniser ses troupes avec les autochenilles KĂ©gresse[1] au cours des annĂ©es 1930, remplacĂ©es par la suite par des vĂ©hicules Ă  roues Lorraine et Laffly[2]. AjoutĂ© Ă  la motorisation de l'infanterie et du train, cela dote ces deux armĂ©es de formations combinĂ©es Ă  grande mobilitĂ©. La doctrine allemande est de les utiliser pour exploiter les percĂ©es de la guerre Ă©clair, tandis que les Français envisagent de les utiliser pour dĂ©placer rapidement leurs unitĂ©s lors d'une guerre dĂ©fensive. L’armĂ©e britannique Ă©quipe ses troupes au cours des annĂ©es 1930 et prĂ©sente en 1939 sept divisions motorisĂ©es [3]. La British Expeditionary force (BEF) comporte des troupes d’infanterie motorisĂ©e lors de son dĂ©ploiement en France auprĂšs de l’armĂ©e française en 1939[4].

  • Le groupement Trinquet ou les effets des troupes motorisĂ©es : la campagne de l’Anti-Atlas, - [5]

Le gouvernement d'Édouard Daladier dĂ©sire achever la Pacification du Maroc dĂ©butĂ©e en 1912, pour rapatrier le maximum de troupes en mĂ©tropole. Le GĂ©nĂ©ral Antoine HurĂ© favorise la surprise tactique appuyĂ©e sur le mouvement et la vitesse. Les qualitĂ©s des troupes motorisĂ©es et de l'aviation sont utilisĂ©es au maximum et l'Ă©tat-major suit l'Ă©volution des combats par liaisons radios. La concentration de troupes comprend 35 000 hommes, 500 vĂ©hicules dont une centaine de blindĂ©s, 10 500 montures et 8 escadrilles ou une centaine d'avions, principalement des Potez 25 TOE[6]. L'ensemble comporte deux groupes d’opĂ©rations ou GO. Le GO ouest du GĂ©nĂ©ral Georges Catroux comprend 3 groupements formĂ©s d’infanterie lĂ©gĂšre, d’escadrons de cavalerie Ă  cheval, d’artillerie tractĂ©e et de compagnies de chars. Le GO est du GĂ©nĂ©ral Henri Giraud bĂ©nĂ©ficie du gros des moyens, avec deux groupements. Le groupement du colonel Maratuech est identique au GO ouest. Le groupement du colonel Trinquet[7] concentre la majoritĂ© des unitĂ©s motorisĂ©es. Il bĂ©nĂ©ficie d'un appui constant de l'aviation, qui assure l'Ă©clairage et attaque les objectifs d'opportunitĂ© Ă  la bombe et Ă  la mitrailleuse. Le groupement Trinquet dĂ©stabilise les arriĂšres ennemis par des manƓuvres de dĂ©bordement de plus de 200 kilomĂštres. Les unitĂ©s motorisĂ©es devancent toute tentative d'offensive ou de fuite. Les tribus de l'Anti-Atlas se rendent en masse sous l'effet de l'encerclement, le GO ouest et le groupement Maratuech rĂ©alisant la prise de contrĂŽle du terrain. Ce rĂ©sultat est obtenu par une manƓuvre inter-armes oĂč les qualitĂ©s de vitesse et d'Ă©longation des unitĂ©s motorisĂ©es et des escadrilles d'aviation provoquent la dislocation de l'ennemi.

La Seconde Guerre mondiale

La rapidité de l'infanterie motorisée devint prépondérante au cours de la Seconde Guerre mondiale, lors de la Blitzkrieg allemande. Quoiqu'aussi vulnérable que l'infanterie à pied, l'infanterie motorisée se révéla décisive dans la stratégie de Blitzkrieg, grùce à sa capacité à suivre les panzer et à défendre les flancs de leurs percées.

En dĂ©pit des avantages Ă©vidents de la motorisation, la plupart des pays belligĂ©rants de la Seconde Guerre mondiale ne motorisĂšrent que partiellement leur infanterie, pour des raisons de coĂ»t et de logistique. Le gros de l'infanterie allemande et soviĂ©tique resta Ă  pied, tandis que chaque division d'infanterie amĂ©ricaine pouvait, si nĂ©cessaire, rĂ©affecter assez de camions pour motoriser un rĂ©giment d'infanterie. De la mĂȘme façon, les divisions d'infanterie britanniques pouvaient motoriser certaines de leurs unitĂ©s, mais leur infanterie se dĂ©plaçait le plus souvent Ă  pied.

L'aprĂšs-guerre froide

Actuellement, dans le monde d'aprÚs la guerre froide, la motorisation de l'infanterie est presque devenue la norme, d'autant que dans les opérations de maintien de la paix les troupes agissent quasiment comme des unités de police. Il existe aussi une tendance au blindage (véhicules MRAP) pour contrecarrer les nouveaux modes d'action contre l'infanterie (guérilla irakienne).

Comparaison des différents types d'infanterie

Comparaison des différents types d'infanterie[8]
Photo SystÚme Charge Rayon d'action Vitesse de déplacement Approvisionnement quotidien
soldats australiens, 1945Infanterie Ă  pied25 kg40 km/jour5 km/h1,5 kg de rations
10 L d'eau
Infanterie cycliste35 kg120 km/jour16 km/h1,5 kg de rations
10 L d'eau
gravure d'un dragonInfanterie montĂ©e45 kg160 km/jour24 km/hSoldat : 1,5 kg de rations
10 L d'eau
Cheval : 18 kg de foin
68 L d'eau
Infanterie Ă  moto45 kg480 km/jour64 km/h1,5 kg de rations
10 L d'eau
18 L d'essence
Infanterie motorisĂ©e4,5 tonnes480 km/jour64 km/h1,5 kg de rations
10 L d'eau
368 L de diesel
LAVInfanterie mĂ©canisĂ©e4,5 tonnes289 km/jour48 km/h1,5 kg de rations
10 L d'eau
640 L de diesel

Notes et références

  1. zervan.fr - 2e GM : les semi-chenillĂ©s français « http://zervan.fr/index.php/militaria/france/semi-chenilles »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?)
  2. zervan.fr - 2e GM véhicules de Dragons portés-vdp
  3. Max Schiavon, « Les relations entre hauts commandements français et britannique en 1939-1940 », Revue historique des armées [En ligne], 264 | 2011
  4. Le corps expĂ©ditionnaire britannique (BEF, British Expeditionary Force) en France, septembre 1939 – juin 1940, Epcad, 20 p.
  5. ComitĂ© scientifique international pour la rĂ©daction d'une Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Afrique, L'Afrique sous domination coloniale, 1880-1935, Histoire gĂ©nĂ©rale de l'Afrique, Unesco, 1987, (ISBN 978-92-3-201713-0), p. 130-131 ; Jean-Paul Mahuault, L'Ă©popĂ©e marocaine de la LĂ©gion Ă©trangĂšre, 1903-1934, ou, Trente annĂ©es au Maroc, Éditions L'Harmattan, 2005, (ISBN 2-7475-8057-1), p. 183 Ă  227 ; Abraham Lahnite, La politique berbĂšre du protectorat français au Maroc, 1912-1956 : L'application du TraitĂ© de Fez dans la rĂ©gion de Souss, Éditions L'Harmattan, 2011, (ISBN 978-2-296-54982-1), p. 20-21 ; Thibault de Lacoste Lareymondie, La campagne de l’Anti-Atlas occidental: similitudes tactiques entre l’armĂ©e française de 1934 et la Wehrmacht de 1940 autour du renouveau de la guerre de mouvement, Cahiers du CESAT no 28, juin 2012 - ; Thibault de Lacoste Lareymondie, La campagne de l’Anti-Atlas occidental - ; StĂ©phane Ferrard, Maroc 1934. Un sous-groupement oubliĂ© in EBRC. Tout viendra Ă  point pour qui saura attendre, DĂ©fense & SĂ©curitĂ© Internationale, no 94, juillet-aoĂ»t 2013, p. 84 ; Ouarzazate au temps du protectorat - 1934. Anti-Atlas
  6. Pierre Daillier, Terre d'affrontements: le sud-tunisien, la ligne Mareth et son Ă©trange destin, Nouvelles Éditions Latines, 1985, (ISBN 2-7233-0274-1), p. 34 ; Pierre Cortet, Christophe Cony, Lucien Morareau, Le Potez 25, Éditions Lela Presse, 1996, p. 100.
  7. Maurice Trinquet, 1879-1941 ; Pierre Gourinard, Dossier : l'Armée d'Afrique. Les troupes sahariennes, note (4), textes extraits de L'Algérianiste, no 19, 15 septembre 1982
  8. (en) Montague Paratrooper Tactical Folding Mountain Bike: Efficiency par militarybikes.com

Voir aussi

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