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MĂ©got

Un mégot est ce qui reste d'une cigarette (ou d'un cigare) aprÚs son usage.

Un mégot avec filtre.
Filtre usagé de cigarette, en acétate de cellulose.
Graphique présentant la proportion de divers déchets (dont mégots en jaune) parmi les déchets urbains (chewing gum exclu) de San-Francisco (en 2009)[1]
AprÚs un certain temps le papier de la plupart de ces mégots s'est biodégradé, mais pas les filtres.
Il existe une « gĂ©ographie » de la densitĂ© de mĂ©gots, liĂ©s aux lieux de consommation[2] (les arrĂȘts de bus ou de train en font partie ; ici : arrĂȘt de train Ă  la gare de Strathfield en Australie).
À l'abri du soleil, comme dans ce puisard (couvert par une grille et Ă  l'ombre d'un immeuble) les filtres de mĂ©gots se dĂ©gradent trĂšs mal.
MĂ©gots (visiblement rĂ©cents) jetĂ©s au sol prĂšs d'une descente de gouttiĂšre, Ă  l'entrĂ©e du service d'urgence d'un hĂŽpital (oĂč il est interdit de fumer) (Allemagne). Une enquĂȘte amĂ©ricaine a montrĂ© que « les lieux mĂ©dicaux et hospitaliers sont entourĂ©s de plus de mĂ©gots que les aires de rĂ©crĂ©ation, bars/restaurants, commerces et centres-villes »[3].

Un mégot de cigarette avec filtre est un déchet toxique[4] - [5] - [6]. Il est difficile à collecter (en raison de sa dispersion), et difficile à valoriser en raison de sa toxicité et du peu de valeur de sa matiÚre. Les fibres synthétiques d'acétate de cellulose (plus connue sous le nom de viscose ou rayonne) qui composent le filtre sont techniquement recyclables.

Une quantitĂ© considĂ©rable et croissante de mĂ©gots est jetĂ©e dans l'environnement par les fumeurs (environ 766 571 tonnes par an en 2011[7]). Les mĂ©gots sont en grande partie non-biodĂ©gradables et en ville ils constituent gĂ©nĂ©ralement le premier dĂ©chet en nombre (parfois, en seconde position derriĂšre les dĂ©bris de verre).

Le ruissellement les emporte dans les Ă©gouts, drains, lacs, ou cours d'eau et in fine souvent jusqu'Ă  l'ocĂ©an et sur ses plages. Les filtres et mĂ©gots sont le dĂ©chet le plus collectĂ© lors des nettoyages internationaux de plage conduits chaque annĂ©e depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990[8] - [9] - [10] - [11] - [12]. En 2013, environ 2 millions de mĂ©gots ont Ă©tĂ© ramassĂ©s par des bĂ©nĂ©voles sur les plages lors de ce nettoyage[6]. C'est l'une des origines des microplastiques trouvĂ©s dans les ocĂ©ans, mais aussi dans les moules, huĂźtres et poissons[13]. À titre d'exemple, Ă  San Francisco en 2008 les mĂ©gots reprĂ©sentaient 10 % du volume total des dĂ©chets collectĂ©s dans l'espace public[14], ce qui a coĂ»tĂ© au contribuable plus de 7,4 millions de dollars dans l'annĂ©e[15].

Le filtre des cigarettes a été conçu pour que les fragments de feuilles de tabac ne passent pas dans la bouche. Slaughter a montré en 1985 que moins de 2 % de la quantité de tous les éléments issus de la combustion du tabac et du papier de cigarette s'adsorbent[16]. Néanmoins ces 2 % suffisent à rendre les mégots trÚs toxiques pour les animaux à sang froid (poissons y compris)[16]. La toxicité aiguë des mégots pour de nombreux animaux serait principalement due à leur teneur en composés organiques ; 14 d'entre eux sont des toxiques bien connus, dont principalement la nicotine et l'éthylphénol[17]. Mais d'autres composés (métaux lourds, métalloïdes et radionucléides notamment) participent à des effets écosystémiques longtemps trÚs sous-estimés. Cette toxicité augmente au fur et à mesure que la cigarette est fumée, et le mégot est plus toxique encore s'il reste un peu de tabac non brûlé devant le filtre. Certains polluants comme les furanes ou le benzÚne (cancérigÚne) sont issus de la combustion[18].

État des lieux

Typologie

Le type de mégot, son état et son odeur et sa toxicité dépendent des caractéristiques du produit (tabac et conditionnement) ainsi que de son usage (consomption spontanée et aspiration par le fumeur ; conditions de fin d'usage) :

  • Cigarette avec filtre : le mĂ©got mesure moins du tiers de la longueur de la cigarette et se compose du filtre (tube de tissu synthĂ©tique ordinairement colorĂ© en pĂ©riphĂ©rie par le fabricant et en son cƓur par les goudrons retenus), de quelques restes de tabac en partie consumĂ©s et de cendre. Parfois, le filtre est lĂ©gĂšrement brĂ»lĂ©. Selon l'intensitĂ© avec laquelle la cigarette a Ă©tĂ© fumĂ©e, le mĂ©got a jouĂ© plus ou moins longtemps son rĂŽle filtrant et s'est chargĂ© plus ou moins des Ă©lĂ©ments toxiques qu'il est censĂ© retenir.
  • Cigarette sans filtre : le mĂ©got, composĂ© d'un peu de tabac, du papier et de cendres, est plus petit ;
    • Fabrication industrielle ;
    • Fabrication personnelle : le mĂ©got moins ferme est pincĂ© cĂŽtĂ© lĂšvres et vaguement cylindrique. Dans ce cas, l'usage d'un fume-cigarette permet d'Ă©viter la formation d'un mĂ©got par la combustion complĂšte du tabac.

Le mĂ©got de cigarette roulĂ©e, ou plus couramment de cigare est parfois conservĂ© Ă  la bouche un bon moment mĂȘme Ă©teint, surtout par ceux fumant sans interruption.

Certains mĂ©gots comportant encore beaucoup de tabac (ils sont le fait de fumeurs interrompus par exemple, par la montĂ©e dans un vĂ©hicule... ou de personnes cherchant Ă  diminuer leur consommation). Statistiquement parlant, les fumeurs de milieux socio-Ă©conomiquement plus aisĂ©s tendent Ă  laisser des mĂ©gots plus longs[19], et chimiquement diffĂ©rents (car ils ont tirĂ© moins de bouffĂ©es de fumĂ©e, Ă  des intervalles plus longs et plus brĂšves en inhalant moins de nicotine et de goudron que les fumeurs des groupes socio-Ă©conomiques plus pauvres[19]. De mĂȘme pour les hommes par rapport aux femmes (en moyenne)[19]. Des indigents peuvent avoir pour habitude ou rĂ©flexe de ramasser ces mĂ©gots dans les cendriers ou au sol dans les lieux frĂ©quentĂ©s, pour consommer ou vendre ce qui peut rester de tabac, directement ou en formant de nouvelles cigarettes.

La forme du mĂ©got peut indiquer la maniĂšre dont il a Ă©tĂ© produit lors de l'extinction gĂ©nĂ©ralement volontaire de la cigarette : par exemple, courbĂ© et fortement Ă©crasĂ© Ă  son extrĂ©mitĂ© ou aplati dans sa longueur quand la cigarette a Ă©tĂ© Ă©crasĂ©e du pied. Un fumeur donnĂ© laisse gĂ©nĂ©ralement des mĂ©gots de mĂȘmes type et allure. S'ils font partie des traces laissĂ©es par des dĂ©linquants distraits ou nĂ©gligents, ils sont porteurs d'informations pour la police qui peut de surcroĂźt y rechercher l'empreinte gĂ©nĂ©tique laissĂ©e par les doigts ou la bouche. Ce sont des indices souvent utilisĂ©s dans les romans ou films policiers.

Une étude toxicologique australienne[17] a en 2006 montré des différences de toxicité significatives à importantes entre des mégots provenant de marques ou types différents de cigarette, cette toxicité variant aussi selon l'espÚce-modÚle testée : ainsi les lixiviats de mégots provenant de 19 cigarettes de marques différentes, artificiellement fumées en laboratoire se sont montrés jusqu'à 2,9 fois plus toxique (dans le pire des cas, par rapport au mégot le moins toxique) pour un crustacé cladocÚre (Ceriodaphnia dubia et jusqu'à 8 fois à l'égard de la bactérie luminescente Aliivibrio fischeri).

Quantités

En France, vers 2010 les dĂ©bitants de tabac vendaient environ 53 milliards de cigarettes par an, auxquelles s'ajoutent 15 Ă  18 milliards de cigarettes achetĂ©es Ă  l'Ă©tranger et consommĂ©es en France[20], soit des dizaines de milliards de mĂ©gots potentiellement jetĂ©s dans la nature chaque annĂ©e. La ville de Paris ramasse environ 350 tonnes de mĂ©gots par an, et encourage depuis peu leur collecte et recyclage en lien avec deux sociĂ©tĂ©s spĂ©cialisĂ©es[21].

En Australie en 2006, de 24 Ă  32 milliards de mĂ©gots de cigarettes ont fini dans l'environnement[17] - [22]. L'annĂ©e suivante, aux États-Unis, plus de 360 milliards de cigarettes ont Ă©tĂ© fumĂ©es aux États-Unis[15].

Aux États-Unis, vers 2010 le tabagisme aurait diminuĂ© de 28 % en 10 ans, mais, en 2009, 65 % des mĂ©gots sont encore volontairement jetĂ©s dans l'environnement. Avec d'autres dĂ©chets liĂ©s au tabagisme ils constituent 38 % des dĂ©chets ramassĂ©s sur les routes, trottoirs et autres espaces publics extĂ©rieurs[23]. Selon le programme Keep America Beautiful « 77 % des fumeurs interrogĂ©es disent savoir qu'un mĂ©got est un dĂ©tritus » et 14 % des grands fumeurs disent « avoir un cendrier de poche »[3]. La plupart des mĂ©gots de cigarettes sont nĂ©anmoins jetĂ©s au sol urbain (85 %), 37 % sont retrouvĂ©s dans les buissons et arbustes, 25 % dans ou autour des poubelles et 15 % dans des jardiniĂšres[3]. 28,1 % des fumeurs interrogĂ©s disent ne pas avoir de cendrier dans leur voiture[3].

Selon Wallbank & al., en 2015 de un à deux tiers de tous les filtres vendus dans le monde ont été jetés sous forme de mégots sur les routes, les trottoirs, dans les espaces verts ou la nature par des fumeurs[24].

Selon Planetoscope, environ 137 000 mĂ©gots sont jetĂ©s dans l'environnement chaque seconde. En moyenne, il faut 12 ans pour que ces mĂ©gots se dĂ©gradent complĂštement[25] et on sait que le tabagisme se dĂ©veloppe encore dans certains pays en dĂ©veloppement oĂč l'industrie du tabac encourage la consommation par des campagnes de publicitĂ© notamment[26]. MĂȘme si la proportion de fumeurs tend Ă  diminuer dans la population mondiale, le nombre absolu de fumeurs continue Ă  croĂźtre, en raison de la croissance dĂ©mographique mondiale[27].

Localisations

Les jets de mĂ©gots sont gĂ©ographiquement concentrĂ©s en certains lieux : zones fumeurs, zones de circulation, aires de loisirs et sur des plages frĂ©quentĂ©es (19,1 % des objets collectĂ©s en 1997 lors des opĂ©rations internationales de nettoyage de plage[11]. Dans certains contextes, le nombre de mĂ©gots urbains augmente prĂšs des lieux de vente (par exemple en Californie oĂč la loi interdit de fumer dans tous les lieux publics sauf dans les magasins de vente de tabac et dans les « bars Ă  cigare »)[2]. En raison de leur grande longĂ©vitĂ© (surtout Ă  l'abri du soleil) ces mĂ©gots peuvent localement s'accumuler et former de vĂ©ritables tapis.

En prĂ©sence d'eau, les filtres les font d'abord flotter. La pluie, le nettoyage des routes et trottoirs peuvent alors les disperser dans l'environnement, jusqu'en mer parfois. Le vent ou les systĂšmes de nettoyage par soufflage ou le nettoyage Ă  l'eau sous pression emportent ou dispersent les microparticules de plastique issues de ceux des mĂ©gots qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©chiquetĂ©s par les vĂ©hicules et les piĂ©tons. JetĂ©s dans les toilettes Ă  chasse d'eau ou les Ă©gouts, ils sont arrĂȘtĂ©s par les systĂšmes de dĂ©grillage des stations d'Ă©puration, Ă  condition de n'avoir pas dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fragmentĂ©s en microparticules de plastiques, auquel cas ces particules sont retrouvĂ©es dans l'eau et/ou les boues d'Ă©puration)

En connaissant les modes de vente et de consommation, et en utilisant un systĂšme d'information gĂ©ographique, il est possible de modĂ©liser les lieux oĂč l'on risque de trouver le plus de mĂ©gots. Ceci peut aider Ă  mieux cibler des politiques de sensibilisation, ou Ă  Ă©quiper ces lieux en cendriers plus nombreux, ou Ă  mieux Ă©valuer les coĂ»ts sanitaires et socioĂ©conomiques de ce dĂ©chet, ou encore Ă  planifier des stratĂ©gies d'attĂ©nuation du tabagisme[2].

Les filtres ne se biodĂ©gradent pas dans l'air, dans le sol, ni dans l'eau. Leurs fibres finissent simplement par ĂȘtre altĂ©rĂ©es en microparticules puis en nanoparticules de plastique.

Sociologie

Diverses Ă©quipes de chercheurs se sont demandĂ© pourquoi certains fumeurs jetaient leurs mĂ©gots dans l'environnement et pas d'autres ; et pourquoi les premiers semblent moins rĂ©ceptifs aux campagnes de sensibilisation sur le respect du cadre de vie. À titre d'exemple, Ă  San-Francisco, alors que les campagnes de sensibilisation associĂ©es Ă  un effort de nettoyage ont permis entre 2009 et 2014 de trĂšs fortement diminuer (−68 %) la quantitĂ© de dĂ©chets jetĂ©s sur la voie publique, les fumeurs y ont Ă©tĂ© peu sensibles : les dĂ©chets autre que tabagiques ont diminuĂ© de 81 % alors que les dĂ©chets liĂ©s au tabac n'ont diminuĂ© que de 24 % dans le mĂȘme temps, constituant en 2014 plus de la moitiĂ© (53 %) des dĂ©chets que les services municipaux ont collectĂ© en 2014[28]. 3 % des fumeurs amĂ©ricains interrogĂ©s en 2009 disent enfouir leur mĂ©got dans le sol[3], 2 % les jettent dans des coins[3] (ce qui rend les mĂ©gots moins visibles, mais n'attĂ©nue en rien leur Ă©cotoxicitĂ©). 27 % les Ă©crasent du pied, ce qui accĂ©lĂšre leur fragmentation (mais en accĂ©lĂ©rant la production et diffusion de microplastiques et de toxines Ă  partir du filtre).

L'essentiel de la littĂ©rature disponible sur les jets de mĂ©gots, paquets de cigarette, briquets, etc. dans l'environnement date des annĂ©es 1970 et des annĂ©es 1980. Ces Ă©tudes Ă©taient presque toutes initiĂ©es et/ou financĂ©es par l'industrie du tabac[4]. Par ailleurs « la grande majoritĂ© des recherches existantes repose sur des rapports rĂ©trospectifs des fumeurs sur leur nombre moyen de cigarettes par jour, une mesure qui peut ĂȘtre variable en termes de fiabilitĂ© et de validitĂ© »[29]. De plus jusqu'aux annĂ©es 2010, aucune Ă©tude indĂ©pendante n'a traitĂ© spĂ©cifiquement des dĂ©chets liĂ© au tabagisme, et les diffĂ©rences de comportement entre ceux qui conservent leur mĂ©got pour le jeter Ă  la poubelle, et ceux qui l'Ă©crasent dans un cendrier ou ceux qui le jettent par terre ou par une fenĂȘtre sont encore mal comprises[4].

Quelques facteurs qui interviennent dans le fait de jeter les mégots sont :

  • Le taux de tabagisme, qui varie significativement selon le pays voir la rĂ©gion.
  • L'Ăąge : C'est un facteur parmi d'autres : Les jeunes adultes fumeurs semblent plus enclins Ă  jeter leur mĂ©got[30] - [31].
  • Le sexe : Aux États-Unis, les hommes sont significativement plus nombreux Ă  jeter leurs mĂ©gots dans l'espace public ou la nature, par rapport aux femmes[4].
  • L'attitude sociale Ă  l'Ă©gard du tabagisme est un autre facteur[4].
  • Les « croyances » : la conscience plus ou moins claire du fumeur Ă  l'Ă©gard de la dangerositĂ© des mĂ©gots influe sur son comportement. Moins un fumeur a l'impression que le mĂ©got est un dĂ©chet et qu'il est toxique, plus il tend Ă  le jeter dans l'environnement[4].
  • L'interdiction de fumer dans l'espace public intĂ©rieur ou dans les aires de jeux pour enfant ont fait que les fumeurs sont plus nombreux Ă  fumer dehors, oĂč ils refuseraient ou nĂ©gligeraient de faire quelques pas vers le cendrier le plus proche ou d'utiliser un cendrier portatif[32] (hypothĂšse pĂ©riodiquement Ă©voquĂ©e mais qui reste non testĂ©e)[33]. Selon l'ONG Keep Britain Tidy, aprĂšs l'interdiction de fumer dans les espaces publics intĂ©rieurs (en 2007) le nombre de mĂ©gots trouvĂ©s dehors a augmentĂ© de 43 % dans le pays[6].

La plupart des aspects du tabagisme ont fait l'objet d'Ă©tudes poussĂ©es par l'industrie du tabac (soucieuse de son acceptabilitĂ©)[34]. Ces Ă©tudes internes ont d'ailleurs souvent prĂ©cĂ©dĂ© la littĂ©rature scientifique indĂ©pendante, de plusieurs annĂ©es ou dĂ©cennies parfois[35] - [36]. En rĂ©ponse aux problĂšmes d'image qu'elle a depuis longtemps identifiĂ© l'industrie a parrainĂ© des « groupes anti-dĂ©tritus » et financĂ© de grandes Ă©tudes[37]. Elle a distribuĂ© des centaines de milliers de cendriers portables (souvent porteurs de publicitĂ©) et installĂ© des cendriers permanents dans les centres-villes de nombreuses villes[38], sans jamais rĂ©soudre le problĂšme des mĂ©gots dispersĂ©s dans l'environnement, peut ĂȘtre faute de vouloir modifier les croyances qui influent sur les comportements des fumeurs, en omettant toujours de prĂ©ciser ou reconnaitre que les mĂ©gots sont rĂ©ellement toxiques et Ă©cotoxiques.

Selon Rath (2012) pour ĂȘtre efficaces « les messages diffusĂ©s par campagnes de sensibilisation devraient souligner que les mĂ©gots ne sont pas seulement des dĂ©chets, mais qu'ils sont aussi des dĂ©chets toxiques, nocifs Ă  chaque fois qu'ils sont Ă©liminĂ©s de façon inappropriĂ©e »[4].

Selon Novotny, « la cigarette Ă©lectronique maintenant largement utilisĂ©e par les fumeurs peut ĂȘtre une nouvelle source de contamination environnementale, les cartouches de nicotine utilisĂ©es Ă©tant parfois nĂ©gligemment jetĂ©es dans l'environnement »[6]. et « les fumeurs et les dĂ©cideurs politiques ont Ă©tĂ© trompĂ©s par la promesse de filtres comme dispositifs de protection de la santĂ© alors qu'en en fait ils ne rendent pas les cigarettes plus sĂ»res et ils dĂ©couragent de cesser de fumer. Si ces outils de marketing Ă©taient supprimĂ©s, bien plus de fumeurs dĂ©cideraient d'arrĂȘter de fumer, moins d'enfants commenceront Ă  fumer, l'environnement sera plus propre, et ceux qui cessent de fumer dĂ©penseront leur argent sur d'autres produits de consommation »[6].

Conséquences

Socioéconomiques

Le mégot en tant que déchet toxique en quantité dispersée est l'une des externalités négatives directes et indirectes du tabac.

Il est parfois une source de risques pour la santĂ©, car il est chargĂ© de molĂ©cules toxiques et d'autre part le mĂ©got d'une cigarette fumĂ©e par un malade peut ĂȘtre porteur de virus, de bactĂ©ries et de mycobactĂ©ries[39]).

Le mĂ©got dĂ©valorise le cadre de vie et il a un coĂ»t considĂ©rable en termes de nettoyage des villes et de l'environnement[11] (comme les chewing-gums jetĂ©s sur la voie publique). Ainsi le HECG (Health Economics Consulting Group LLC, un groupe d'Ă©conomistes et de chercheurs universitaires du domaine de la santĂ©) a calculĂ© que les mĂ©gots ont coĂ»tĂ© en 2009 7 487 916 dollars Ă  l'agglomĂ©ration de San Francisco, rien que pour les coĂ»ts directs (c'est-Ă -dire sans tenir compte des effets nĂ©gatifs sur l'environnement et le tourisme)[15]. Sur la base d'une consommation annuelle de 30,6 millions de cigarettes, la ville devrait taxer chaque paquet Ă  hauteur de 0,22 $ pour financer le coĂ»t de collecte et traitement des mĂ©gots)[15], ce qui est lĂ©galement possible aux États-Unis. En 2009, cette ville a prĂ©levĂ© aux buralistes une taxe de 200 US cents par paquet de cigarette ce qui a rapportĂ© 2 millions de dollars aux Ă©quipes de nettoyage. Puis (six ans aprĂšs, en 2015, sur la base d'un rapport fait en 2014[40] qui a Ă©valuĂ© Ă  11,4 millions $ le coĂ»t de nettoyage et de traitement des mĂ©gots pour la ville) la taxe est passĂ© Ă  40 cents par paquet[28]. Pour financer la collecte des briquets, emballages de cigarettes et papier mĂ©tallisĂ©s jetĂ©s dans l’environnement, cette taxe devrait ĂȘtre de 84 cents selon la ville[28].

ÉcotoxicitĂ©

Une Mouette scopuline (Chroicocephalus scopulinus) juvénile tentant d'avaler un mégot à la plage de Petone, en Nouvelle-Zélande.
Une Carpe commune (Cyprinus carpio) saisissant un mégot.
Des tests Ă©cotoxicologiques faits sur Pimephales promelas ont montrĂ© qu'un seul mĂ©got trempĂ© 96 h (4 jours) dans l'eau suffit Ă  rendre un litre d'eau assez toxique pour tuer la moitiĂ© des individus de cette espĂšces exposĂ©s Ă  cette eau. Il en va de mĂȘme en eau de mer pour Atherinops affinis (autre poisson utilisĂ© pour ce type d'Ă©tude)[5]
Chez ce poisson (Oryzias latipes souvent utilisé comme animal de laboratoire) l'exposition à un lixiviat de mégot induit des changements comportementaux à trÚs faible dose : dÚs 0,2 picogramme par litre[41]. Pour ce poisson, le lixiviat d'un mégot se montre environ 100 fois plus toxique que celui d'une cigarette non fumée[42]
Le piétinement dégrade le mégot et le filtre, et la pluie diffuse (par lixiviation) certains des polluants qu'il renferme, nicotine en particulier.

Bien qu'individuellement apparemment anodins, les mégots répandus dans l'environnement posent (de par le nombre, leur longévité et leur toxicité intrinsÚque) des problÚmes environnementaux qui ont été longtemps sous-estimés. Ils pourraient aussi poser des problÚmes sanitaires pour l'Homme.

Leur Ă©cotoxicitĂ© a Ă©tĂ© prouvĂ©e pour des espĂšces aquatiques considĂ©rĂ©es comme bioindicatrices tant en eau douce (cladocĂšres notamment[17]) qu'en eau de mer[43]. L'un des toxiques en cause est la nicotine ; relarguĂ©e par les mĂ©gots elle est retrouvĂ©e en quantitĂ© significative dans les eaux urbaines, avec des variations spatiales et saisonniĂšres[44]. La vitesse et le taux de libĂ©ration de nicotine par un mĂ©got dans une flaque d'eau ou quand il est exposĂ© Ă  un cycle pluies-sĂ©chages ont Ă©tĂ© mesurĂ©s Ă  Berlin, ville qui produit localement toute sa ressource en eau potable : Dans une flaque d'eau un mĂ©got libĂšre en moyenne 7,3 mg de nicotine par gramme de mĂ©got, dont 50 % sont Ă©mis dans les 27 premiĂšres minutes. Pour les mĂ©gots simplement exposĂ©s Ă  un cycle de 15 pluies (de 1,4 mm chacune) la libĂ©ration cumulative de nicotine est de 3,8 mg par gramme de mĂ©got, avec 47 % de cette nicotine larguĂ©e lors de la premiĂšre pluie. Un seul mĂ©got peut ainsi contaminer 1 000 litres d'eau Ă  des concentrations supĂ©rieures Ă  la dose prĂ©vue sans effet (PNEC) qui est de seulement 2,4 Ă— 10−3 mg L−1 selon ValcĂĄrcel et al. (2011). Les auteurs ont conclu que « Ă©tant donnĂ©e la quantitĂ© de mĂ©gots jetĂ©s [Ă  Berlin] et vu la vitesse Ă  laquelle ils relarguent leur nicotine, ils sont Ă  considĂ©rer comme une menace significative pour la qualitĂ© des eaux urbaines et par consĂ©quent pour l'eau potable ».

La nicotine n'est pas le seul polluant relarguĂ© par les mĂ©gots : un filtre a Ă©tĂ© traversĂ© par une fumĂ©e contenant environ 4 000 substances chimiques et il faut jusqu'Ă  12 ans voire plus pour sa totale dĂ©gradation. Au fur et Ă  mesure de sa fragmentation le filtre relarguera dans l'environnement (dans l'air ou dans l'eau via la lixiviation) les toxines qu'il a accumulĂ©es. Un seul mĂ©got peut ainsi polluer m3 de neige[45] - [20].

Dans le monde vers 2008, pour environ 5 600 milliards de cigarettes fumĂ©es par an, il a Ă©tĂ© estimĂ© qu'environ 4 500 milliards de mĂ©gots ont Ă©tĂ© jetĂ©s dans l'environnement[46] - [47].

Selon une étude faite par l'industrie du tabac (vers 1990, mais publiée bien plus tard) : aprÚs deux mois sur un sol urbain, un mégot ne présente aucun signe de biodégradation[48]. Dans la nature un mégot met six mois à 10 ou 12 ans voire bien plus pour se décomposer (selon qu'il comporte ou non un filtre et selon les conditions pédo-climatiques) et d'exposition au soleil[49].

Le filtre d'une cigarette est principalement constituĂ© d'acĂ©tate pur, sous forme d'un feutrage composĂ© d'environ 12 000 fibres[47] chacune Ă©paisse de 20 ÎŒm[50]. L'acĂ©tate pur ne prĂ©sente pas de toxicitĂ© intrinsĂšque, mais en raison des groupes acetyl qu'on a ajoutĂ©s Ă  la cellulose, par substitution Ă  du glucose, il n'est pas directement biodĂ©gradable[51] (sauf aprĂšs un prĂ©-traitement chimique (hydrolyse chimique partielle) ou sauf s'il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© trĂšs fragmentĂ© et prĂ©-dĂ©gradĂ© par des enzymes (estĂ©rases) qui ont commencĂ© Ă  le dĂ©polymĂ©riser (Ă©tape de dĂ©sacĂ©tylation, Ă  laquelle peuvent contribuer divers microorganismes produisant de l'acĂ©tyl estĂ©rase) ; alors le squelette cellulosique de la molĂ©cule de plastique peut ĂȘtre rapidement biodĂ©gradĂ©e[52], par des organismes fongiques[53]. Selon deux chercheurs en mĂ©decine lĂ©gale (Northrop et Rowe, 1987) des fibres d'acĂ©tate enfouies dans un sol humide y subissent une biodĂ©tĂ©rioration pouvant conduire Ă  leur dĂ©gradation totale aprĂšs 4-9 mois alors que dans les mĂȘmes conditions (sol de pH 7,5 et Ă  29 % de matiĂšre organique) le nylon, polyester et acryliques ne prĂ©sentent pas de changement significatif Ă  aprĂšs 12 mois (date de la fin de l'Ă©tude)[54]. Une autre Ă©tude de biodĂ©gradation aĂ©robie oĂč une partie du carbone des fibres d'acĂ©tate de cellulose Ă©tait radiomarquĂ©e (14C)[55] a montrĂ© que la biodĂ©gradation Ă©taient rĂ©duite mais non stoppĂ©e par les groupements acĂ©tyl. Un essai fait en 1993 avait montrĂ© que dans un milieu de culture enrichi, et dans le bassin d'une station d'Ă©puration Ă  boues activĂ©es, plus de 60 % des molĂ©cules d'un film d'acĂ©tate de cellulose sont dĂ©gradĂ©es en 4 et 10 semaines respectivement[56]. Plus l'acĂ©tate est « substituĂ© », plus il rĂ©siste Ă  la biodĂ©gradation[56]. Ces Ă©tudes ont portĂ© sur de l'acĂ©tate pur et propre (qui prĂ©sente une certaine biodĂ©gradabilitĂ© dans un compost, alors que l'acĂ©tate d'un mĂ©got a adsorbĂ© de nombreux composĂ©s Ă©cotoxiques pouvant inhiber l'activitĂ© les bactĂ©ries et champignons actifs dans le processus du compostage. Le compost sera en outre polluĂ© par les mĂ©taux et mĂ©talloĂŻdes retenus par le filtre.

Choisie parce qu'offrant le meilleur rapport prix/poids[57] cette molécule présente une certaine photodégradabilité (en conditions idéales les rayons ultraviolets solaires cassent les fibres en petits morceaux de plastique, en 18 mois si les meilleures conditions de lumiÚre sont réunies selon Ach (1993)[58], mais d'une part la quantité totale d'acétate de cellulose n'est pas réduite par une telle dégradation ; la fibre est simplement dispersée dans l'environnement en plus petites particules[59] et d'autre part cette fibre n'est dégradée que par des lumiÚres dont la longueur d'onde est inférieure à 280 nm, et sa photodégradabilité au soleil est limitée par le fait que cette matiÚre ne comporte pas de chromophores absorbant la lumiÚre ultraviolette[52] (le TiO2, azurant optique parfois utilisé comme agent blanchissant et azurant optique, pourrait toutefois jouer ce rÎle[52], mieux encore en nanoparticules[60] ou s'il est dopé avec du phosphate de baryum[61], mais avec alors d'autre problÚmes toxicologiques).

Novotny signale aussi que des fragments de fibres issues du filtre peuvent aussi pénétrer les poumons du fumeur (Novotny et al. 2009)[47].

De plus certains additifs peuvent lui ĂȘtre adjoints dans le processus de fabrication (exemple : retardateur de flamme tels que le Tungstate de sodium ; agent blanchissant tel que le dioxyde de titane[62] et colle (TriacĂ©tine[62], qui ne semble toutefois pas interagir significativement avec la vitesse (faible) de biodĂ©gradation du mĂ©got)[63].

Ensuite de petites quantitĂ©s de milliers de substances nocives - dont mĂ©taux lourds, mĂ©talloĂŻdes et plus de 50 molĂ©cules cancĂ©rigĂšnes (toluĂšne par exemple[64] ou N-nitrosamines, spĂ©cifiques de la cigarette[18]) - s'y accumuleront au fur et Ă  mesure que la cigarette est fumĂ©e (de mĂȘme que sur les restes de tabac d'un mĂ©got sans filtre) ; Des restes de tabac imbrĂ»lĂ© contiennent en outre encore de la nicotine toxique pour les insectes, les amphibiens et les poissons[65] - [16] et la vie aquatique en gĂ©nĂ©ral[66], y compris en milieu marin[5].

Comme les mĂ©gots finissent souvent en grande quantitĂ© dans le sol et/ou dans l'eau, se pose le problĂšme de sa pollution de ces milieux. Les mĂ©gots sont des dĂ©chets toxiques en quantitĂ©s dispersĂ©es qui posent un problĂšme esthĂ©tique, mais aussi de pollution chronique[67] - [68], la fumĂ©e de cigarette constitue en effet un cocktail de plus de 4 000 substances chimiques[69], dont au moins 250 sont reconnues nocives et plus de 50 cancĂ©rigĂšnes, certaines Ă©tant aussi mutagĂšnes[70]. Par exemple en 2011 Moerman & Potts ont montrĂ© qu'un mĂ©got abandonnĂ© dans la nature et exposĂ© Ă  l'eau est une petite source de contamination chronique par divers mĂ©taux, dont par le baryum, le fer, le manganĂšse et le strontium pour au moins un mois, qu'il ait ou non un filtre[71]. Les quantitĂ©s de toxines relarguĂ©s par un seul filtre semblent nĂ©gligeables, mais les expĂ©rimentations de Slaughter & al. (2011) sur le lixiviat de cigarette non fumĂ©e et de mĂ©gots ont montrĂ© un seul mĂ©got par litre d'eau suffit Ă  tuer jusqu'Ă  la moitiĂ© des poissons (Atherinops affinis et Pimephales promelas) qui y sont exposĂ©s[5] (A l'occasion cette Ă©tude a montrĂ© que le lixiviat d'une cigarette non fumĂ©e est Ă©galement Ă©cotoxique pour ces deux poissons) ; Or ce sont des milliards de filtres qui sont perdus dans l'environnement chaque annĂ©e, et souvent aux mĂȘmes endroits.

Des mégots sont aussi directement jetés dans la zone intertidale à marée basse. Une étude a montré en 2015 que les mollusques intertidaux communs y sont également sensible[43]. Placés laboratoire en contact avec un lixiviat de mégot à diverses concentrations, leur mortalité est trÚs élevée : 100 % de mortalité en moins de 8 jours (pour toutes les espÚces testées) pour un lixiviat issu du trempage de 5 mégots par litre durant seulement 2 h[43]. Certaines espÚces comme Austrocochlea porcata en meurent à des concentrations bien plus faibles (10 %, 25 %) et d'autres (ex : Nerita atramentosa) y semblent un peu moins vulnérables, ce qui montre que les mégots peuvent aussi modifier l'abondance relative des escargots aquatiques selon leur quantité et le taux de polluants qu'ils libÚrent. Des effets comportementaux sublétaux (c'est-à-dire non-mortels) ont aussi été mis en évidence par cette étude et d'autres (dont à trÚs faible dose, à partir de moins de 0,2 picogramme par litre chez des poissons[41] alors que les premiers effets ne se manifestent qu'à partir de 20 pg/L (concentration 100 fois plus élevée) pour un lixiviat de cigarette non fumée[42]), et avec des réponses différentes de la part de mollusques pourtant étroitement apparentés. Ceci confirment que le tabagisme a aussi des impacts écosystémiques, « méconnu ou ignoré du public »[41] et encore trÚs peu explorés, dont en zone intertidale[43].

Dans divers pays, depuis les annĂ©es 1970, des ornithologues signalent que des oiseaux urbains (moineaux, pinsons, Grive musicienne notamment) construisent frĂ©quemment leurs nids en y incorporant des mĂ©gots ou des fibres d'acĂ©tate extraites de mĂ©gots ; a priori pour profiter d'un effet insecticide et rĂ©pulsif diminuant la charge parasitaire du nids[72] - [73], avec une efficacitĂ© qui a pu ĂȘtre confirmĂ©e en laboratoire[74] - [75] - [76] - [77]. On ignore encore si les mĂ©gots sont dĂ©libĂ©rĂ©ment choisis par les oiseaux pour leur toxicitĂ© pour les parasites (automĂ©dication animale[78] ?) ou s'ils le sont parce qu'ils sont thermiquement isolant. On ignore aussi si le bĂ©nĂ©fice apportĂ© par l'effet insecticide et acaricide des mĂ©gots ou de leurs fibre compense les effets toxiques des composants accumulĂ©s dans les mĂ©gots (Les moineaux comptent en tous cas parmi les espĂšces en forte rĂ©gression). Une thĂšse est qu'il pourrait s'agir d'une manifestation urbaine et rĂ©cente de comportement prĂ©existant chez des oiseaux naturellement capables de dĂ©tecter Ă  l'odeur de plantes Ă©mettant des substances antiparasitaires[79] seraient aussi capable d'identifier des molĂ©cules de ce type (nicotine par exemple) dans les mĂ©gots.

Les effets ci-dessus dĂ©crits s'ajoutent Ă  ceux de la dĂ©forestation induite par l'industrie du tabac dans certains pays en dĂ©veloppement[80] - [81] et aux effets globaux de la pollution par les pesticides utilisĂ©s sur les cultures de tabac[82]. En outre le tabagisme est souvent associĂ© Ă  la consommation de cafĂ©ine[83] - [84], ce qui fait que ces deux composants psychoactifs sont de plus en plus conjointement prĂ©sents dans l'environnement aquatique, et considĂ©rĂ©s par certaines Ă©tudes comme des « contaminants Ă©mergents » des eaux usĂ©s arrivant en station d'Ă©puration[85]. À la diffĂ©rence de la cafĂ©ine, la nicotine peut ĂȘtre trĂšs prĂ©sente dans les rĂ©seaux d'eaux pluviales sĂ©paratifs, et ĂȘtre alors rejetĂ©e sans traitement adaptĂ© dans le milieu naturel.

La daphnie Ceriodaphnia dubia y est toxicologiquement 15,4 fois plus sensible que la bactĂ©rie Aliivibrio fischeri et la toxicitĂ© d'un mĂ©got pour ces deux espĂšces varie selon la marque et le type de cigarette[17]. Ceci montre qu'une Ă©valuation objective et complĂšte de la toxicitĂ© des mĂ©gots devrait ĂȘtre faite en la testant Ă  partir de divers types de cigarettes et sur un grand nombre d'espĂšces, et qu'on ne dispose pas d'un nombre suffisant de donnĂ©es pour modĂ©liser les effets rĂ©els des mĂ©gots sur l'environnement[17].

Incendies

Des cigarettes ou - ce qui est en gĂ©nĂ©ral le cas - des mĂ©gots non ou mal Ă©teints provoquent chaque annĂ©e des incendies de forĂȘts, de maisons et de voitures causant des dĂ©gĂąts matĂ©riels importants et rĂ©guliĂšrement des blessĂ©s et des morts. Souvent les coupables ne peuvent pas ĂȘtre identifiĂ©s et il est probable qu'ils n'en aient mĂȘme pas conscience[86] - [87] - [88] - [89].

Dans les Bouches-du-RhÎne, 16 % des départs d'incendies sont dus à des mégots jetés par des conducteurs, et prÚs de 14 % le sont par les promeneurs qui éteignent mal leurs mégots[32].

Recyclage

Le recyclage du papier, des restes de tabac et mĂȘme du filtre est techniquement possible.

  • La loi no 2020-105 du relative Ă  la lutte contre le gaspillage et Ă  l'Ă©conomie circulaire prĂ©voit la mise en place d'une filiĂšre Ă  responsabilitĂ© Ă©largie du producteur (REP) pour les produits du tabac, Ă  compter du . Cette filiĂšre a pour objectif de rĂ©duire la prĂ©sence des mĂ©gots jetĂ©s de maniĂšre inappropriĂ©e dans l’espace public. Les collectivitĂ©s locales peuvent bĂ©nĂ©ficier d'une subvention (de 0,50 Ă  2,08 € par habitant selon le type de commune) pour financer la communication, la sensibilisation, la collecte et le recyclage des mĂ©gots[90]. La sociĂ©tĂ© Alcome obtient un agrĂ©ment pour 6 ans pour s'acquitter de cette tĂąche[91].
  • La SociĂ©tĂ© MĂ©GO! en Bretagne, a dĂ©veloppĂ© une solution brevetĂ©e de recyclage des mĂ©gots[92].
  • Depuis , une start-up française, ÉcoMĂ©got, a ramassĂ© plus de 9 millions de mĂ©gots en France afin de les valoriser. Elle propose aujourd'hui une solution complĂšte de sensibilisation, collecte et recyclage des mĂ©gots de cigarette. Elle accompagne des structures publiques, des structures privĂ©es ainsi que des Ă©vĂ©nements dans la crĂ©ation d'espace zĂ©ro mĂ©got[93]. Une autre entreprise, Terracycle, procĂšde de mĂȘme : « Pour le moment, nous stockons les mĂ©gots que nous collectons en France et dans les autres pays d’Europe afin d’obtenir des quantitĂ©s suffisantes pour pouvoir les recycler Ă  grande Ă©chelle sur des Ă©quipements qui nĂ©cessitent en gĂ©nĂ©ral des volumes Ă©quivalents Ă  plusieurs dizaines de tonnes ». SpĂ©cialisĂ©e dans le recyclage des dĂ©chets difficilement ou non recyclables, cette « micromultinationale » amĂ©ricaine fondĂ©e en 2001 par Tom Szaky revendique la mise au point d’un procĂ©dĂ© technologique « confidentiel » pour dĂ©contaminer et recycler les rĂ©sidus de tabac et mĂ©gots, mais elle n'a pour l’instant effectuĂ© en Europe que des « tests de recyclage » dans son usine britannique[94].
  • Des chercheurs australiens et malais ont rĂ©cemment (2015) testĂ© le mĂ©lange de quelques mĂ©gots Ă  de l'argile pour ensuite en faire des briques[95]. Des tests ont Ă©tĂ© faits avec 2,5 %, 5 %, et 10 % de mĂ©gots par brique. Les rĂ©sultats montrent que plus l'argile est enrichi en mĂ©gots, plus la brique est poreuse Ă  l'eau[96]. La brique est allĂ©gĂ©e (densitĂ© sĂšche diminuant jusqu'Ă  −30 %) et sa cuisson consomme moins d'Ă©nergie (jusqu'Ă  −58 %), mais la rĂ©sistance de la brique Ă  la compression est diminuĂ©e (−88 % pour les briques contenant 10 % de mĂ©gots)[95]. Selon les auteurs de l'Ă©tude une brique Ă  1 % de mĂ©got conserve des caractĂ©ristiques acceptables[95]. IntĂ©grer des mĂ©gots dans 2,5 % des briques produits dans le monde suffirait Ă  absorber la quantitĂ© de mĂ©gots produite annuellement ajoutent-ils[95]. La tempĂ©rature de cuisson influe aussi sur la qualitĂ© des gaz relarguĂ©s par la brique en train de cuire (une montĂ©e plus rapide en tempĂ©rature se traduit par moins de gaz Ă©mis, une brique plus fragile, mais a peu d'effet sur la capacitĂ© d'absorption d'eau)[97].
  • En 2014, Ă  l'universitĂ© nationale de SĂ©oul des chercheurs ont publiĂ© un procĂ©dĂ© simple permettant en une seule Ă©tape de convertir l'acĂ©tate de cellulose (matĂ©riau des filtres de cigarettes) en un matĂ©riau hybride « mĂ©so/microporeux » (NCF) dopĂ© Ă  l'azote (N-dopĂ©) par le traitement thermique, pouvant ĂȘtre utilisĂ© dans le domaine des nanotechnologies, par exemple pour la permĂ©ation d'Ă©lectrolytes et la rĂ©alisation de supercondensateurs. En effet la mousse de carbone obtenue aprĂšs traitement thermique sous atmosphĂšre d'azote et dopage Ă  l'azote est plus poreuse et prĂ©sente un meilleur dĂ©bit et une capacitĂ© Ă©lectrique plus Ă©levĂ©e que le charbon actif classique (153,8 F/g au lieu de 125,0 F/g), pour une densitĂ© de courant de A/g) ; il acquiert ainsi des caractĂ©ristiques proches de celles du graphĂšne et des nanotubes de carbone le rendant utilisable pour fabriquer des Ă©lectrodes Ă  hautes capacitĂ©s[98]. Selon les auteurs, le matĂ©riau de carbone ainsi obtenu a lors de tests conservĂ© sa performance Ă©lectrochimique durant les 6000 cycles requis de mesures de charge/dĂ©charge.
  • En 2013, il a Ă©tĂ© proposĂ© de recycler les mĂ©gots en un pesticide (larvicide) destinĂ© Ă  lutter contre les larves de moustiques Aedes aegypti vecteurs de la dengue[99]. Les tests ont montrĂ© que les mĂ©gots tuent une grande partie des jeunes larves, mais qu'ils sont moins efficaces pour les larves ĂągĂ©es, sauf en augmentant le nombre des mĂ©gots, au risque alors d'affecter tout l'Ă©cosystĂšme. Les auteurs voient dans ce type de dĂ©chet de nouvelles voies pour l'identification de nouveaux produits insecticides[99].
  • En 2010, d'autres chercheurs ont proposĂ© d'en faire un inhibiteur de corrosion de l'acier[100].

Mais faute de filiĂšre dĂ©diĂ©e, et faute d'Ă©cotaxe, la collecte des mĂ©gots Ă©parpillĂ©s dans l'environnement, et mĂȘme rapportĂ©s par les fumeurs n'est pas actuellement rentable. En France, au nom du principe « pollueur-payeur » une proposition de taxe environnementale sur les mĂ©gots (0,05 centime d'euro par cigarette, soit 1 centime par paquet de 20 cigarettes Ă  la charge des fabricants de tabac et qui « serait maintenue chaque annĂ©e, tant que la pollution gĂ©nĂ©rĂ©e par les mĂ©gots subsiste ») Ă©tĂ© proposĂ©e. Cette taxe aurait rapportĂ© « 26,5 millions d'euros par an » et aurait pu en partie « ĂȘtre reversĂ©e aux collectivitĂ©s locales au travers de la dotation globale de fonctionnement », mais elle n'a finalement pas Ă©tĂ© votĂ©e[20].

À Paris, des « boites zĂ©ro-dĂ©chet » (pouvant contenir jusqu'Ă  5 300 mĂ©gots) sont proposĂ©es. Bordeaux s'Ă©quipe de cendriers dont la collecte et le recyclage est effectuĂ© par une association locale.

Les mĂ©gots contiennent des restes de tabac non brĂ»lĂ© qui sont, comme le filtre, riches en nicotine. Cette molĂ©cule est Ă©cotoxique pour de nombreux invertĂ©brĂ©s (larves d’insectes), mais le tabac peut ĂȘtre compostĂ© en mĂ©lange avec d'autres rĂ©sidus. Des essais de rĂ©utilisation de dĂ©chets de tabac en plantations ont Ă©galement Ă©tĂ© faits sur un substrat composĂ© de compost de divers vĂ©gĂ©taux, ensuite enrichi de 10, 20 ou 40 % de rĂ©sidus de tabac[101]. Le compostage de poussiĂšre de tabac avec des boues d'Ă©puration a Ă©tĂ© testĂ©[102]. Des essais ont ensuite portĂ© sur les effets du tabac compostĂ© sur la biomasse microbienne du sol et sur la croissance de certaines plantes[103].

Pour contribuer Ă  la rĂ©duction de la pollution constituĂ©e par les mĂ©gots, des chercheurs de plusieurs universitĂ©s chinoises ont trouvĂ© en 2016 un moyen de valoriser les mĂ©gots usagĂ©s. L'expĂ©rience avait pour objectif de transformer ces filtres en matĂ©riaux « superhydrophobes » afin qu'ils puissent ĂȘtre employĂ©s pour absorber des nappes d'huiles qui seraient dĂ©versĂ©es dans les eaux. Les filtres sont immergĂ©s dans une solution de soude aqueuse puis dans un mĂ©lange d'Ă©thanol et d'hexadĂ©cylmĂ©thoxysilane pour acquĂ©rir les propriĂ©tĂ©s souhaitĂ©es. Par la suite, les scientifiques ont procĂ©dĂ© Ă  un test consistant au dĂ©pĂŽt d'une nappe de kĂ©rosĂšne Ă  la surface d'un plan d'eau. L'expĂ©rience a montrĂ© que les filtres pouvaient absorber le kĂ©rosĂšne[104].

Sanitaires

Pour les plus petits, explorer le monde en prenant des objets connus ou inconnus dans la bouche est un comportement normal. Il est également normal que des enfants un peu plus ùgés cherchent à imiter les adultes (fumeurs notamment). Des enfants en bas ùge portent des mégots à la bouche, sont parfois trouvés en train d'en mùchouiller[105] ou en avalent accidentellement[106] - [107]. Ceci est rare, mais présente un réel risque d'intoxication[108] - [67] - [109] notamment si des fumeurs ont jeté leurs mégots, dans les bacs à sable, jardins, plages ou terrains de jeux.

Certains adultes (handicapĂ©s mentaux en gĂ©nĂ©ral) ingĂšrent volontairement de la cendre de cigarette, voire prĂ©sentent une addiction Ă  cette consommation, ce qui serait une des formes que peut prendre la Pica. La Pica est une source commune et connue de saturnisme, mais elle peut dans ce cas aussi causer des intoxications par la nicotine[110], et probablement ĂȘtre source de cancers ou d'autres maladies dues aux composĂ©s toxiques du mĂ©got. Ce domaine de la mĂ©decine et de la sychologie fait encore l'objet d'Ă©tudes socio-culturelles et mĂ©dicales visant Ă  mieux comprendre l'Ă©tiologie de la Pica.

LĂ©gislation et politiques publiques

Selon Thomas E. Novotny & al. (2009)[47], plusieurs options permettraient de réduire l'impact environnemental des mégots en tant que déchets dont :

  • le dĂ©veloppement par l'industrie de filtres biodĂ©gradables (ou rendus plus dĂ©gradables ; par exemple il a Ă©tĂ© proposĂ© de mobiliser la chimie verte pour utiliser des fibres photodĂ©gradables et/ou intĂ©grer dans le filtre de petits comprimĂ©s d'acide (de qualitĂ© alimentaire) qui une fois assez humide, libĂ©reraient de l'acide pour accĂ©lĂ©rer la dĂ©gradation Ă  environ deux semaines[111], en complĂ©ment des acides libĂ©rĂ©s par la fumĂ©e elle-mĂȘme, mais si ces mĂ©thodes accĂ©lĂšreraient la disparition visuelle du mĂ©got[112] en rĂ©glant la part esthĂ©tique du problĂšme, elle se traduirait aussi par une production accĂ©lĂ©rĂ©e de micropastique, avec dispersion des polluants accumulĂ©s dans le filtre ;
  • la recherche de substances anti-mutagĂšne (ex : ÎČ-caryophyllĂšne et/ou oxyde de ÎČ-caryophyllĂšne oxyde) susceptibles de rendre les mĂ©gots collectĂ©s dans l'environnement moins mutagĂšnes[113] ;
  • l'augmentation des amendes et des pĂ©nalitĂ©s concernant l'abandon des dĂ©chets en gĂ©nĂ©ral ou des mĂ©gots en particulier (Ainsi dans l'État de Washington, Ă  la suite des incendies accidentels de forĂȘt dĂ©clenchĂ©s par des fumeurs, jeter un mĂ©got par terre, mĂȘme bien Ă©teint peut justifier une amende de 1 025 $[114] ;
  • une Ă©cotaxe sur les filtres (dĂ©jĂ  proposĂ©e mais non votĂ©e en France) ;
  • responsabiliser les producteurs selon le principe de la responsabilitĂ© Ă©largie du producteur (REP), dans le cadre d'une loi[115] - [116]. Ce principe est dĂ©jĂ  utilisĂ© dans divers pays et dans 32 États amĂ©ricains, avec un certain succĂšs, pour financer et organiser la collecte de dĂ©chets « post-consommation » toxiques et dispersĂ©s (ex : piles au mercure, batteries, tĂ©lĂ©phones portables, dĂ©chets Ă©lectroniques, lampes fluorescentes, thermomĂštres au mercure, contenants de pesticides, etc. ) et pourrait ĂȘtre dĂ©clinĂ© aux dĂ©chets induits par la consommation de tabac[117] ;
  • des paquets de cigarettes dotĂ©s d'un compartiment destinĂ© Ă  recueillir les mĂ©gots ;
  • l'augmentation du nombre de cendriers publics ;
  • une mention « ne pas jeter sur la voie publique ou l'environnement » sur le filtre et/ou sur le paquet[118] ;
  • l'Ă©ducation du public et des fumeurs ;
  • des Ă©tudes plus objectives et scientifiques pour mieux comprendre le comportement et les motivations des fumeurs qui jettent leurs mĂ©gots dans la nature[119] ;
  • ou ultime solution : l'interdiction des cigarettes Ă  filtres tant que les industriels ne leur adjoindront pas de filtres biodĂ©gradables[47]. DĂ©but2014, des Ă©lus de l’État de Californie ont soumis un projet de loi Ă  l'AssemblĂ©e de l'État, visant Ă  interdire la vente de cigarettes Ă  filtre. Le projet de loi a Ă©chouĂ©, mais ses promoteurs ont annoncĂ© qu'ils essayeraient Ă  nouveau de la faire passer.

De nombreux pays ont durci leur lĂ©gislation relative au risque d'incendies de forĂȘt. Des mĂ©gots mal Ă©teints sont de frĂ©quentes sources d’incendies, Ă©ventuellement mortels. La justice est pĂ©riodiquement saisie d’affaires liĂ©es Ă  des incendies, explosions ou dĂ©gradations matĂ©rielles induites par des mĂ©gots mal Ă©teints, dont en France[120] - [121] - [122].

France

En France, jeter un mĂ©got (ou autre dĂ©tritus) sur la voie publique relĂšve de l'« abandon d'ordures, dĂ©chets, matĂ©riaux ou autres objets ». C’est une action « portant atteinte Ă  la propretĂ© des espaces publics », pouvant ĂȘtre punie d’une amende de 2e classe (soit 150 euros), passĂ©e Ă  450 euros en devenant contraventions de la 3e classe Ă  la suite d'un dĂ©cret ministĂ©riel du « relatif Ă  l'abandon d'ordures et autres objets » et visant l'amĂ©lioration de la propretĂ© des espaces publics[123].

« En vertu de l'article R48-1 (3°) CPP, les contraventions en matiÚre de protection de l'environnement réprimées par l'article R633-6 code pénal sont soumises à la procédure d'amende forfaitaire. Le montant de l'amende forfaitaire (contraventions de la 3e classe) s'élÚve à 68 euros (article R49 CPP) et à 180 euros en cas d'amende forfaitaire majorée (article R49-8 CPP)[21] ».

Si les mĂ©gots ont Ă©tĂ© jetĂ©s Ă  partir d'un vĂ©hicule dans certains cas, ils peuvent justifier d'une contraventions de la 5e classe[124]. Et les amendes peuvent ĂȘtre fortement aggravĂ©es en cas de rĂ©cidive dans les 1 Ă  3 ans Ă  compter de l'expiration ou de la prescription de la prĂ©cĂ©dente peine[125].

En France, fumer dans des aires de jeux pour enfants est interdit depuis le [126].

En 2018, la secrĂ©taire d’État Ă  la Transition Ă©cologique et solidaire Brune Poirson invite les industriels du tabac dans le but de les inciter Ă  participer Ă  la collecte des mĂ©gots jetĂ©s dans la nature[127].

Il existe plusieurs associations et entreprises agissant pour empĂȘcher le jet des mĂ©gots dans l'environnement et optimiser leur recyclage.

Position de l'industrie du tabac

Selon une Ă©tude[7] publiĂ©e en 2010 et basĂ©e sur une analyse interprĂ©tative d'environ 680 documents publiĂ©s de 1959 Ă  2006 dans plusieurs bases bibliographiques dĂ©diĂ©es au tabac et Ă  son commerce qui rassemblant plusieurs millions de documents[128]: « L'industrie du tabac craint (au moins depuis 1990) d'ĂȘtre tenue pour responsable des mĂ©gots dispersĂ©s dans l'environnement) ». Ses efforts pour Ă©viter cette responsabilitĂ© ont Ă©tĂ© doubles :

  1. L'industrie a inventé des filtres biodégradables (avec de nombreux dépÎts de brevets[62]). Stanelco a ainsi créé un filtre fait de fibres biosourcées, issues du riz et/ou de la pomme de terre, encore moins chÚre que l'acétate, et qui se biodégrade en 60 jours[129]). Ces filtres n'ont cependant pas été mis sur le marché, car diverses études commandées par les fabricants ont conclu que « les filtres biodégradables favoriseraient sans doute encore plus les jets de mégots dans la nature et ne seraient pas commercialisables ». Selon Smith & Novotny (2011), ces travaux indiquaient que les fumeurs étaient « sur la défensive » concernant la récupération de leurs mégots, et qu'« ils ne peuvent pas faire l'objet d'encouragement à ne pas jeter leurs mégots par terre »[7].
  2. L'industrie a financé de nombreuses campagnes encourageant à ne pas jeter ses mégots. ParallÚlement elle a distribué de grandes quantités de cendriers permanents et portatifs pour inciter les fumeurs à ne pas jeter leurs mégots (l'usage d'une poubelle ordinaire présentant en outre un risque d'incendie). Cependant l'industrie n'a jamais communiqué sur le fait que les mégots étaient toxiques et écotoxiques et qu'il fallait pour cette raison les collecter et traiter dans une filiÚre déchets adéquate.

Smith & Novotny concluent de ceci que ceux qui lutte contre le tabagisme et les protecteurs de l'environnement devraient établir des partenariats pour « obliger l'industrie à assumer sa responsabilité financiÚre et pratique dans la gestion des déchets du tabac »[7].

Culture populaire

Le mot « mĂ©got » est apparu assez tardivement dans la langue française[130], son Ă©tymologie est incertaine. Le mot serait un diminutif du mot d'argot mec, parfois sous la forme meg, ou moins probablement du verbe populaire mĂ©gauder employĂ© pour le nourrisson qui tĂȘte le sein[131].

Le mot a donnĂ© le verbe « mĂ©goter », qui signifie en langage populaire : s'attacher Ă  des dĂ©tails insignifiants, « pinailler ». Les clochards, habituĂ©s Ă  ramasser les mĂ©gots pour en rĂ©cupĂ©rer le tabac, ce qui, aux Ă©poques de pĂ©nuries pouvait ĂȘtre une vĂ©ritable activitĂ©, Ă©taient appelĂ©s des mĂ©gotiers.

Notes et références

  1. D'aprÚs des chiffres de McKenney M.G (2009) « San Francisco Super Site Data 2009 ». Osoyoos, BC, Canada: MGM Management & HDR Engineering cités par Health Economics Consulting Group (2009) Cost of Tobacco Litter in San Francisco and Calculations of Maximum Permissible Per-Pack Fees . Health Economics Consulting Group. PDF, 19 pp (voir p. 7 et p. 19)
  2. Maacah Marah, Thomas E Novotny (2011) « Geographic patterns of cigarette butt waste in the urban environment » ; Tobacco Control 2011;20:i42-i44 doi:10.1136/tc.2010.042424
  3. The 2009 National Visible Litter Survey and Litter Cost Study, prepared by MidAtlantic Solid Waste Consultants for Keep America Beautiful, Inc. TĂ©lĂ©chargeable sur www.kab.org/research09. Keep America Beautiful, Inc. Étude financĂ©e par le cigarettier Philip Morris USA (Altria Company) & Wm. Wrigley Jr. Company Foundation sponsored the creation of these fact sheets. (synthĂšse, PDF, 2p)
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  5. Slaughter, E., Gersberg, R. M., Watanabe, K., Rudolph, J., Stransky C & Novotny T.E (2011) Toxicity of cigarette butts, and their chemical components, to marine and freshwater fish. Tobacco Control, 20 (Suppl 1), 125-129.
  6. Thomas Novotny, « Time to kick cigarette butts – they're toxic trash : Poisons leach from the 4 trillion cigarette filters that we chuck each year, harming health and environment alike. They should be banned », New Scientist, (consultĂ© le ).
  7. Elizabeth A Smith & Thomas E Novotny (2011), « Whose butt is it? » Tob. Control ; 20:i2-i9 ; doi:10.1136/tc.2010.040105 (Open Access) (résumé)
  8. Oigman-Pszczol SS & Creed JC (2007). Quantification and classification of marine litter on beaches along Armacao dos Buzios, Rio de Janeiro, Brazil. J Coast Res ;23:421–8.
  9. Ocean Conservancy (2010) http://www.oceanconservancy.org/our-work/marine-debris/program_marinedebris_iccreport.html Rapport International Coastal Cleanup 2010]. The Ocean Conservancy
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