Nanotechnologie
Les nanosciences et nanotechnologies (dâaprĂšs le grec ÎœÎŹÎœÎżÏ, « nain »), ou NST, peuvent ĂȘtre dĂ©finies au minimum comme lâensemble des Ă©tudes et des procĂ©dĂ©s de fabrication et de manipulation de structures (physiques, chimiques ou biologiques), de dispositifs et de systĂšmes matĂ©riels Ă lâĂ©chelle du nanomĂštre (nm), qui est l'unitĂ© la plus proche de la distance entre deux atomes[1].
Les NST prĂ©sentent plusieurs acceptions liĂ©es Ă la nature transversale de cette jeune discipline. En effet, elles utilisent, tout en permettant de nouvelles possibilitĂ©s, des disciplines telles que lâoptique, la biologie, la mĂ©canique, microtechnologie. Ainsi, comme le reconnaĂźt le portail français officiel des NST, «âŻles scientifiques ne sont pas unanimes quant Ă la dĂ©finition de nanoscience et de nanotechnologieâŻÂ»[2].
Les nanomatĂ©riaux ont Ă©tĂ© reconnus comme toxiques pour les tissus humains et les cellules en culture[3] - [4] - [5] - [6] - [7]. La nanotoxicologie Ă©tudie les risques environnementaux et sanitaires liĂ©s aux nanotechnologies. La dissĂ©mination Ă large Ă©chelle de nanoparticules dans lâenvironnement est sujette Ă des questions Ă©thiques.
Les nanotechnologies bĂ©nĂ©ficient de plusieurs milliards de dollars en recherche et dĂ©veloppement[8]. LâEurope a accordĂ© 1,3 milliard dâeuros pendant la pĂ©riode 2002-2006[9] et 3,5 milliards d'euros pendant la pĂ©riode 2007-2013[10]. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, certains organismes prĂ©disaient que le marchĂ© mondial annuel pourrait ĂȘtre de lâordre de 1 000 milliards de dollars amĂ©ricains dĂšs 2015 (estimation de la National Science Foundation en 2001), jusqu'Ă 3 000 milliards de dollars (estimation Lux Research Inc de 2008)[11].
Historique
Vision de Feynman
Dans son discours donnĂ© le [12] Ă la SociĂ©tĂ© amĂ©ricaine de physique, Richard Feynman Ă©voque un domaine de recherche possible alors inexplorĂ© : lâinfiniment petit; Feynman envisage un aspect de la physique «âŻdans lequel peu de choses ont Ă©tĂ© faites, et dans lequel beaucoup reste Ă faireâŻÂ»[13].
Se fondant sur la taille minuscule des atomes, il considĂšre comme possible dâĂ©crire de grandes quantitĂ©s dâinformations sur de trĂšs petites surfaces : «âŻPourquoi ne pourrions-nous pas Ă©crire lâintĂ©gralitĂ© de lâEncyclopĂŠdia Britannica sur une tĂȘte dâĂ©pingleâŻ?âŻÂ»[14]. Une affirmation qui nâavait pas Ă©tĂ© spĂ©cifiquement relevĂ©e, et qui est aujourdâhui abondamment citĂ©e (de fait, ce qui Ă lâĂ©poque Ă©tait infaisable, semble aujourdâhui parfaitement rĂ©alisable, grĂące aux progrĂšs en microtechnologies). Feynman veut aller au-delĂ des machines macroscopiques avec lesquelles nous vivons : il imagine un monde oĂč les atomes seraient manipulĂ©s un par un et agencĂ©s en structures cohĂ©rentes de trĂšs petite taille.
Microscope Ă effet tunnel
Le dĂ©veloppement des nanosciences et nanotechnologies sâappuie sur lâinvention de deux instruments permettant dâobserver et dâinteragir avec la matiĂšre Ă une Ă©chelle atomique ou subatomique. Le premier est le microscope Ă effet tunnel qui a Ă©tĂ© inventĂ© en 1981 par deux chercheurs dâIBM (Gerd Binnig et Heinrich Rohrer), et qui permet de parcourir des surfaces conductrices ou semi-conductrices en utilisant un phĂ©nomĂšne quantique, lâeffet tunnel, pour dĂ©terminer la morphologie et la densitĂ© dâĂ©tats Ă©lectroniques des surfaces quâil explore. Le second est le microscope Ă force atomique qui est un dĂ©rivĂ© du microscope Ă effet tunnel, et qui mesure les forces dâinteractions entre la pointe du microscope et la surface explorĂ©e. Cet outil permet donc, contrairement au microscope Ă effet tunnel, de visualiser les matĂ©riaux non conducteurs. Ces instruments combinĂ©s avec la photolithographie permettent dâobserver, de manipuler et de crĂ©er des nanostructures.
FullerĂšnes et nanotubes
En 1985, trois chercheurs, Richard Smalley, Robert F. Curl (de lâuniversitĂ© Rice de Houston) et Harold W. Kroto (universitĂ© du Sussex) dĂ©couvraient une nouvelle forme allotropique du carbone, la molĂ©cule C60 constituĂ©e de 60 atomes de carbone rĂ©partis sur les sommets dâun polyĂšdre rĂ©gulier formĂ© de facettes hexagonales et pentagonales. Chaque atome de carbone a une liaison avec trois autres. Cette forme est connue sous le nom de buckminsterfullerĂšne ou buckyball et doit son nom Ă lâarchitecte et inventeur amĂ©ricain Richard Buckminster Fuller qui a crĂ©Ă© plusieurs dĂŽmes gĂ©odĂ©siques dont la forme est analogue au C60[15].
Plus gĂ©nĂ©ralement, les fullerĂšnes dont fait partie le C60, sont une nouvelle famille de composĂ©s du carbone. Non Ă©quilatĂ©raux, leur surface se compose dâune combinaison dâhexagones et de pentagones Ă lâinstar des facettes dâun ballon de football. Cette disposition leur confĂšre des structures toujours fermĂ©es en forme de cage de carbone. Il fallut nĂ©anmoins attendre 1990, pour que Huffman et Kramer de lâuniversitĂ© de Heidelberg, mettent au point un procĂ©dĂ© de synthĂšse permettant lâobtention de ces molĂ©cules en quantitĂ©s macroscopiques. Les nanotubes ont Ă©tĂ© identifiĂ©s six annĂ©es plus tard dans un sous-produit de synthĂšse des fullerĂšnes[16].
Prophéties de Drexler
En 1986, Eric Drexler publie un ouvrage sur lâavenir des nanotechnologies, Engines of Creation, dans lequel il dĂ©livre sa vision des progrĂšs faramineux possibles avec lâessor des nanotechnologies. Ainsi les lois physiques paraissant insurmontables aujourdâhui pourraient ĂȘtre dĂ©passĂ©es, les produits crĂ©Ă©s pourraient ĂȘtre moins coĂ»teux, plus solides, plus efficaces grĂące Ă la manipulation molĂ©culaire. Mais Drexler a Ă©galement prĂ©vu ce quâon pourrait appeler le revers de la mĂ©daille, en effet de telles technologies capables de se reproduire ou du moins de se rĂ©pliquer par elles-mĂȘmes pourraient ĂȘtre tout simplement cataclysmique puisque, par exemple, des bactĂ©ries crĂ©Ă©es dans un quelconque intĂ©rĂȘt commun pourraient se rĂ©pliquer Ă lâinfini et causer des ravages sur la flore mais aussi sur la faune et mĂȘme sur lâhumanitĂ©.
Drexler Ă©crit que si lâessor des nanotechnologies, apparemment inĂ©luctable dans le processus dâĂ©volution, devait nous apporter Ă©normĂ©ment dans des domaines trĂšs vastes, il est Ă©galement fort probable que ces technologies deviennent destructrices si nous ne les maĂźtrisons pas entiĂšrement.
Ă ce sujet, une des questions qui peuvent ĂȘtre posĂ©es est la forte capacitĂ© pĂ©nĂ©trante quâont les nanoparticules Ă lâĂ©gard des tissus cellulaires. Effectivement, du fait de leur taille infĂ©rieure aux cellules, dĂšs lors que ces derniĂšres sont Ă lâĂ©tat de particules, elles peuvent outrepasser certaines barriĂšres naturelles. Cette propriĂ©tĂ© est dâailleurs dĂ©jĂ exploitĂ©e dans lâindustrie cosmĂ©tique.
Nanophysique
Ă lâĂ©chelle nanomĂ©trique, la matiĂšre prĂ©sente des propriĂ©tĂ©s particuliĂšres, justifiant une approche spĂ©cifique. Il sâagit notamment des propriĂ©tĂ©s quantiques, mais aussi dâeffets de surface, de volume, ou encore dâeffets de bord. Lâenjeu des nanosciences est de comprendre les phĂ©nomĂšnes nanomĂ©triques, au profit des nanotechnologies (conception et utilisation de systĂšmes nanomĂ©triques). De nombreux laboratoires dans le monde y travaillent[17].
Aspects quantiques
Ainsi, conformĂ©ment aux lois de la mĂ©canique quantique, une particule adoptera au niveau nanomĂ©trique un comportement ondulatoire aux dĂ©pens du comportement corpusculaire que nous lui connaissons au niveau macroscopique. Cette dualitĂ© onde-corpuscule est particuliĂšrement visible dans lâexpĂ©rience des fentes de Young. Un faisceau de particules (lumiĂšre, Ă©lectrons, etc.) interfĂšre avec une sĂ©rie de fentes peu espacĂ©es et crĂ©e une figure dâinterfĂ©rences, caractĂ©ristique dâun phĂ©nomĂšne ondulatoire. Cette dualitĂ© onde-particules de la matiĂšre, qui reste Ă ce jour une des grandes interrogations de la physique va provoquer divers phĂ©nomĂšnes au niveau nanomĂ©trique, par exemple :
- quantification de l'Ă©lectricitĂ© : dans les nanofils (ou nanowire) on a remarquĂ© que le courant Ă©lectrique nâest plus constituĂ© dâun flux continu dâĂ©lectrons mais quâil est quantifiĂ©, câest-Ă -dire que les Ă©lectrons circulent par «âŻpaquetsâŻÂ» dans le circuitâŻ;
- quantification de la chaleur : de mĂȘme dans un circuit de taille nanomĂ©trique, on a observĂ© que la chaleur se propage de maniĂšre quantifiĂ©e.
Ces phĂ©nomĂšnes ont Ă©tĂ© constatĂ©s pour la premiĂšre fois de visu en 2001, avec le « chapelet conducteur dâĂ©lectricitĂ© »[18] (electrically conductive string) par son inventeur, le thermodynamicien Hubert Juillet, ce qui a permis de confirmer cet aspect des thĂ©ories de la mĂ©canique quantique. Ce comportement quantique nous oblige Ă revoir notre façon de penser : Pour dĂ©crire une particule, on ne parle plus en termes de position en un temps donnĂ©, mais plutĂŽt en termes de probabilitĂ© que la particule soit dĂ©tectĂ©e Ă un endroit plutĂŽt quâĂ un autre.
Aspects physicochimiques
Les nanoparticules et matériaux offrent de trÚs fortes proportions d'atomes de surface par rapport aux atomes intérieurs qui leur donne une forte réactivité de surface. Ils sont en outre sujet à des changements considérables de propriétés selon leur taille et forme (en lien avec leur réactivité mais aussi avec des effets de confinement quantique)[19]. Leur croissance, agrégation, dissolution ou évaporation sont spécifiques, et jouent un rÎle clé dans leur durée ou cycle de vie, leurs comportements avec d'autres nano-objets, des molécules du vivant, des organes ou organismes vivant dans les environnements de laboratoire ou dans la nature, avec des conséquences globales qu'on commence seulement à évaluer[19].
Ămergence des nanotechnologies
DerriĂšre lâeffet dâannonce, plusieurs Ă©tudes ont Ă©tĂ© menĂ©es pour apprĂ©hender lâĂ©volution des nanotechnologies et des nanosciences. Ainsi, en considĂ©rant le fait que les dĂ©finitions ne sont pas stabilisĂ©es, la composante commune des diffĂ©rentes mĂ©thodes utilisĂ©es est de mesurer lâactivitĂ© nanotechnologique sous trois angles : publications scientifiques (plutĂŽt pour les connaissances fondamentales), brevets (plutĂŽt pour les aspects technologiques), et Ă©ventuellement institutions et entreprises concernĂ©es ou encore les capitaux investis (pour mesurer lâactivitĂ© Ă©conomique et industrielle rĂ©elles). Quâil sâagisse des brevets ou des publications scientifiques, les valeurs prĂ©sentĂ©es dans les tableaux suivant Ă©taient nĂ©gligeables avant les annĂ©es 1990.
Ăvolution technologique de 1995 Ă 2003 dans le monde
Au regard de lâarticle paru dans la revue Nature Nanotechnology[20] en 2006, on note lâĂ©volution suivante pour les brevets dĂ©posĂ©s Ă lâOffice europĂ©en des brevets (EPO):
Année | 1995 | 2000 | 2003 |
---|---|---|---|
Nombre de brevets pour lâannĂ©e | 950 | 1 600 | 2 600 |
Si ces chiffres représentent une forte évolution, on note également une relative stabilité pour ces deux périodes. Néanmoins cette évolution ne prend pas en compte les croissances plus rapides (1997-1999) et les diminutions (2000-2001).
Vers 2005 de nombreux centres de recherches se sont lancĂ©s dans lâĂ©tude des nanofils (nanowire) pour essayer de produire pour lâindustrie, par divers procĂ©dĂ©s dont majoritairement par croissance, un nanofil suffisamment long et solide et qui prĂ©senterait, notamment, les mĂȘmes effets quantiques que le chapelet conducteur dâĂ©lectricitĂ©.
Ăvolution des connaissances fondamentales entre 1989 et 2000 dans le monde
Nous prendrons pour caractĂ©riser lâĂ©volution des publications scientifiques, un article[21] utilisant une mĂ©thode plus englobante que celle utilisĂ©e dans Nature Nanotechnology et qui permet de caractĂ©riser lâĂ©volution des publications nanotechnologiques :
PĂ©riodes | 1989-1990 | 1991-1992 | 1993-1994 | 1995-1996 | 1997-1998 | 1999-2000 |
---|---|---|---|---|---|---|
Publications cumulées | 1 000 | 10 000 | 20 000 | 35 000 | 55 000 | 80 000 |
Nouvelles publications | 1 000 | 9 000 | 10 000 | 15 000 | 20 000 | 25 000 |
Périodes de créations des entreprises concernées par les NST
En suivant un rapport[22] Ă©mis par la commission europĂ©enne Ă propos de lâestimation du dĂ©veloppement Ă©conomique des NST, nous pouvons regarder les dates de crĂ©ations dâentreprises concernĂ©es par cette activitĂ©.
Périodes de création | Avant 1900 | 1900-1950 | 1951-1980 | 1981-1990 | 1991-2000 |
---|---|---|---|---|---|
Nombre dâentreprises concernĂ©es | 20 | 60 | 45 | 75 | 230 |
Ces chiffres sont Ă©tablis sur un rĂ©pertoire dâentreprises particulier qui semble sous-Ă©valuer les effectifs rĂ©els. Ils montrent bien une nette accĂ©lĂ©ration des entreprises concernĂ©es par les nanotechnologies depuis les annĂ©es 1990, mais dâautres sources, plus complĂštes, font des estimations bien au-dessus de ces chiffres. Le site NanoVIP estimait quâen 2005 plus de 1 400 entreprises Ă©taient identifiĂ©es comme Ă©tant concernĂ©es par les nanotechnologies. Plus rĂ©cemment, des recherches[23] font Ă©tat dâun nombre dâentreprises supĂ©rieur Ă 6 000 en 2006. Ces recherches sâappuient sur une mĂ©thode visant Ă combiner les sources dâinformations[24] en ajoutant plusieurs marqueurs de lâactivitĂ© nanotechnologique, comme les brevets. En 2006, Ă partir de ces rĂ©sultats, les Ătats-Unis accueillent 48 % des entreprises qui investissent dans les nanotechnologies, alors que lâEurope (des 27 et des pays associĂ©s) totalise 30 % et lâAsie 20 %.
Disciplines fondamentales
Le développement actuel des nanosciences et nanotechnologies mobilise et recouvre un large spectre de domaines et de disciplines scientifiques.
Principaux champs scientifiques concernés
Du point de vue de la connaissance scientifique mobilisĂ©e, plusieurs sous-disciplines sont particuliĂšrement utiles aux dĂ©veloppements des connaissances fondamentales des NST. En effet, des analyses dĂ©taillĂ©es[25] de la maniĂšre dont sont publiĂ©s et construits les articles scientifiques concernant les nanotechnologies et les nanosciences, montrent lâĂ©mergence de trois sous-champs spĂ©cifiques :
- biosciences et pharma : autour de la biologie, des laboratoires pharmaceutiques et des biotechnologies. Ce champ peut ĂȘtre qualifiĂ© comme celui de la nanobiologieâŻ;
- nanomatĂ©riaux et synthĂšse chimique : autour de la chimie et des nanomatĂ©riaux. Ce champ peut ĂȘtre qualifiĂ© comme celui des nanomatĂ©riauxâŻ;
- supraconductivitĂ© et ordinateur quantique : essentiellement issue de la microĂ©lectronique, ce champ peut ĂȘtre qualifiĂ© comme celui de la nanoĂ©lectronique.
Lâensemble de ces trois champs sâarticulent les uns aux autres avec plus ou moins dâintensitĂ© et de distance. Ils ont un impact important sur les modalitĂ©s dâorganisation de lâactivitĂ© industrielle quâils mobilisent dans la zone concernĂ©e. En effet, la nanobiologie est essentiellement structurĂ©e autour de nombreuses petites entreprises et des grands groupes pharmaceutiques, alors que les activitĂ©s industrielles concernĂ©es par la nanoĂ©lectronique sâorganisent, pour lâessentiel, autour de trĂšs grands groupes, quelques petites entreprises et des grands Ă©quipements partagĂ©s.
Ingénierie moléculaire
LâingĂ©nierie molĂ©culaire, rendue possible grĂące Ă lâinvention dâun instrument comme le microscope Ă effet tunnel, consiste Ă construire et dĂ©velopper des molĂ©cules «âŻĂ façonâŻÂ»[26].
MĂ©dicales
Les communautĂ©s biologiques et mĂ©dicales exploitent les propriĂ©tĂ©s des nanomatĂ©riaux pour des applications variĂ©es (des agents contrastants pour lâimagerie de cellules, des thĂ©rapeutiques pour la lutte contre le cancer).
On regroupe sous le terme de nanobiologie et de nanomédecine les applications dans ce domaine. En France, Patrick Couvreur est le plus ancien représentant des chercheurs de ce courant des NST.
On peut ajouter des fonctions aux nanomatĂ©riaux en les interfaçant avec des structures ou des molĂ©cules biologiques. Leur taille est en effet assez proche. Les nanomatĂ©riaux sont donc utiles Ă la recherche et aux applications in vivo et in vitro. Cette intĂ©gration permet lâĂ©mergence dâoutils de diagnostic ou dâadministration de mĂ©dicaments.
ĂnergĂ©tiques
On peut voir des avancĂ©es dans le domaine du stockage, de la production dâĂ©nergie ainsi que dans celui des Ă©conomies dâĂ©nergie :
- des structures empilĂ©es de semi-conducteurs permettent dâatteindre de bien meilleurs rendements pour les cellules photovoltaĂŻques ;
- des rĂ©ductions de la consommation dâĂ©nergie sont rendues possible par des systĂšmes dâisolation thermique, une amĂ©lioration des matĂ©riaux conducteurs. Dans le domaine de la production de lumiĂšre, lâutilisation de matĂ©riaux issus des nanotechnologies tels que les LED permettent dâobtenir un rendement trĂšs intĂ©ressant ;
- lâutilisation de matĂ©riaux nano-poreux pour le stockage de lâhydrogĂšne pourrait enfin permettre de dĂ©mocratiser son utilisation, actuellement limitĂ©e par la faible quantitĂ© dâhydrogĂšne stockĂ© dans les rĂ©servoirs conventionnels qui par ailleurs prĂ©sentent de nombreux dĂ©fauts (fuites, rendements mĂ©diocres, lourds, chers, etc.).
Cet hydrogĂšne pourrait alors ĂȘtre utilisĂ© dans des moteurs Ă combustion ou par des piles Ă combustible :
- lâutilisation des nanotubes de carbone dans le domaine du stockage de lâĂ©lectricitĂ© pourrait permettre de crĂ©er une pile, nommĂ©e supercondensateur, qui se rechargerait en quelques secondes, tout en Ă©tant plus lĂ©gĂšre quâune batterie chimique et en ayant une durĂ©e de vie dâenviron 3 000 ans[27].
Ălectroniques
Les structures des puces Ă©lectroniques ou des circuits intĂ©grĂ©s sont dĂ©jĂ Ă lâĂ©chelle du nanomĂštre et utilisent intensivement les nanotechnologies. Les avancĂ©es sont constantes dans les domaines des communications, du stockage dâinformation et du calcul.
Il nây a guĂšre longtemps, on considĂ©rait quâintĂ©grer des composants de deux microns, soit 2 ĂâŻ10â6 m, serait le seuil de miniaturisation absolu pour des dispositifs Ă semi-conducteurs (lâĂ©paisseur du trait sur les circuits des premiers processeurs dâIntel Ă©tait de lâordre de 10 microns. Ă cette Ă©poque, on pensait quâil serait bien difficile de dĂ©passer la barriĂšre dâun micron).
En 2004, des architectures de 90 nanomĂštres (0,09 microns) constituent lâĂ©tat de lâart et les processeurs sont produits en masse avec une finesse de 65 nanomĂštres dĂšs le premier semestre 2006. Des puces gravĂ©es en 45 nanomĂštres sont sorties mi-2007, des puces en {{unitĂ©[32 nanomĂštres}} sont sorties en 2009, la gravure en 22 nanomĂštres est sortie en 2012 et le 3 nanomĂštres est prĂ©vue pour 2022. Mais il y a une limite absolue, tout du moins pour une technologie hĂ©ritĂ©e des procĂ©dĂ©s conventionnels de photolithographie, y compris les Ă©volutions des technologies actuelles, telles que la photolithographie «âŻextrĂȘme-UVâŻÂ», la lithographie Ă rayon X durs, la gravure par faisceau dâĂ©lectrons, etc. Les nanotechnologies suggĂšrent une nouvelle approche plus radicale lorsque les voies classiques auront atteint leurs limites.
Deux difficultĂ©s majeures prĂ©dominent dans la construction de circuits Ă©lectroniques Ă base de nanotechnologie, et donc dans lâĂ©mergence de la nano-informatique :
- Ă lâĂ©chelle du nanomĂštre, tout objet nâest quâun assemblage des mĂȘmes briques Ă©lĂ©mentaires : les atomes. Ă cette Ă©chelle du millioniĂšme de millimĂštre, les propriĂ©tĂ©s physiques, mĂ©caniques, thermiques, Ă©lectriques, magnĂ©tiques et optiques dĂ©pendent directement de la taille des structures et peuvent diffĂ©rer fondamentalement de celles du matĂ©riau au niveau macroscopique, tel quâon lâexploitait jusquâĂ prĂ©sent. Cela est dĂ» Ă un ensemble de raisons qui incluent le comportement quantique, mais Ă©galement lâimportance croissante des phĂ©nomĂšnes dâinterface ;
- on est Ă ce jour incapable de maĂźtriser lâassemblage coordonnĂ© dâun trĂšs grand nombre de ces dispositifs de commutation (par exemple transistor Ă nanotubes de carbone - CNFET pour «âŻCarbon Nanotube Field Effect TransistorâŻÂ» ou encore circuits Ă©lectroniques mono-molĂ©culaires hybrides, etc.) sur un circuit et encore moins de rĂ©aliser cela sur un plan industriel.
DĂ©finitions des NST
La diversitĂ© des recherches engagĂ©es dans le domaine des NST ainsi que la variĂ©tĂ© des savoirs mobilisĂ©s, a amenĂ© la constitution de plusieurs dĂ©finitions des NST dans la littĂ©rature. Ce constat peut sâappuyer sur deux idĂ©es centrales qui ont un impact important sur notre capacitĂ© Ă trouver une dĂ©finition unique et stable :
- le taux de croissance Ă©levĂ© (nombre dâarticles et nombre de brevets par exemple) de cette discipline par rapport Ă des sciences Ă©tablies (en incluant les biotechnologies qui sont en train de se stabiliser)âŻ;
- la nature floue des frontiĂšres de cette jeune discipline qui assemble et rĂ©organise des savoirs jusquâalors (en partie) cloisonnĂ©s.
Définition par les propriétés de la matiÚre
Les NST peuvent ĂȘtre caractĂ©risĂ©es par lâĂ©tude de nouvelles propriĂ©tĂ©s de la matiĂšre[28] apparaissant Ă lâĂ©chelle nanomĂ©trique, en particulier avec les effets de surface et les effets quantiques.
En effet, Ă lâĂ©chelle nanoscopique, le rapport entre les diffĂ©rentes forces dâinteractions est diffĂ©rent du rapport Ă lâĂ©chelle macroscopique. Les forces de surface deviennent prĂ©pondĂ©rantes face aux forces dâinertie, en effet :
- les forces dâinertie et le poids varient avec le cube de la longueur caractĂ©ristique des objets manipulĂ©s (forces volumiques) ;
- les forces de surface telles que les forces de van der Waals ou les forces Ă©lectromagnĂ©tiques varient avec le carrĂ© de la longueur caractĂ©ristique de lâobjet ;
- la force de Casimir est souvent non nĂ©gligeable, et les axes frottent davantage que si elle nâexistait pas.
De surcroĂźt, les faibles dimensions permettent de faire intervenir des effets quantiques tels que lâeffet tunnel, le transport balistique et lâĂ©mission de champs. Il existe des applications directes dans le domaine des semi-conducteurs qui ouvrent des perspectives pour les supraconducteurs.
Pour des tailles de lâordre du nanomĂštre, les caractĂ©ristiques Ă©lectriques, mĂ©caniques ou optiques des matĂ©riaux changent. Dâautre part, les rapports de surfaces devenant prĂ©pondĂ©rants, les nanotechnologies ouvrent des perspectives en chimie, en particulier pour la catalyse.
DĂ©finition par lâapproche dâen bas
Il est également possible de définir les nanosciences et nanotechnologies par la nouvelle démarche qui les caractériserait.
Historiquement, le processus de fabrication dâune machine, ou dâun objet manufacturĂ© simple, relĂšve de manipulations et dâagencements essentiellement macroscopiques. Les matĂ©riaux sont produits, mis en forme par enlĂšvement de matiĂšre[29] ou dĂ©formation, puis assemblĂ©s Ă lâĂ©chelle de grands agrĂ©gats de matiĂšre. Plus rĂ©cemment, lâexemple de la microĂ©lectronique montre que nous sommes en mesure de produire sur une surface Ă©quivalente, un nombre toujours plus Ă©levĂ© dâĂ©lĂ©ments constituants. Ainsi, le nombre de transistors des microprocesseurs sur une puce de silicium double tous les deux ans (vĂ©rifiant la loi de Moore). Cette augmentation illustre le phĂ©nomĂšne de miniaturisation qui prĂ©domine en microĂ©lectronique et plus largement en Ă©lectronique.
Par opposition, la nanotechnologie sâappuie sur le procĂ©dĂ© inverse : elle consiste Ă partir du plus petit pour aller vers le plus grand. Elle va de lâintĂ©rieur (des atomes) vers lâextĂ©rieur (les machines et les produits manufacturĂ©s). Câest pour cela que nous la qualifierons de technologie «âŻascendanteâŻÂ». La nanotechnologie est donc la discipline qui vise Ă Ă©tudier, manipuler et crĂ©er des groupes dâatomes puis des objets manufacturĂ©s par le contrĂŽle individuel des atomes, «âŻdu bas vers le hautâŻÂ».
Dans cette perspective, le terme gĂ©nĂ©rique «âŻnanotechnologiesâŻÂ» concerne lâassemblage contrĂŽlĂ© dâatomes et de molĂ©cules en vue de former des composants de taille supĂ©rieure caractĂ©risĂ©s parfois par de nouvelles propriĂ©tĂ©s physico-chimiques.
Nanotechnologies et applications
Nanoparticules, nanomatériaux et applications commercialisées
MĂȘme sâil y a eu un engouement sur les applications potentielles des nanotechnologies, une grande partie des applications commercialisĂ©es se limitent Ă lâutilisation dâune «âŻpremiĂšre gĂ©nĂ©rationâŻÂ» de nanomatĂ©riaux passifs. Cela inclut les nanoparticules de dioxyde de titane dans les crĂšmes solaires, cosmĂ©tiques et certains produits alimentairesâŻ; des nanoparticules de fer dans le packaging alimentaireâŻ; des nanoparticules dâoxyde de zinc dans les crĂšmes solaires et les cosmĂ©tiques, dans les enduits extĂ©rieurs, peintures, et dans les vernis dâameublementâŻ; et des nanoparticules dâoxyde de cĂ©rium intervenant comme un catalyseur de carburant. Des nano-aimants, Ă©galement appelĂ©s aimants molĂ©culaires, sont Ă©galement en cours de dĂ©veloppement depuis 1993.
Un projet, The Project on Emerging Nanotechnologies, recense les diffĂ©rents produits contenant des nanoparticules et fondĂ©s sur des nanotechnologies. En 2007, ce projet identifie plus de 500 produits de consommation fondĂ©s sur des nanotechnologies. En 2008, le rapport issu de ce projet nous indique que le principal secteur concernĂ© par les produits de consommation nanotechnologiques est celui de la santĂ© et des sports (vĂȘtements, accessoires de sport, cosmĂ©tiques, soins personnels, crĂšme solaire, etc.) avec 59 % des produits, suivi de lâĂ©lectronique et de lâinformatique qui en rassemblent 14 % (audio et vidĂ©oâŻ; camĂ©ra et pellicules ; matĂ©riel informatique ; dispositifs mobiles et communication).
Approche bottom up et perspectives
De plus, les applications exigeant la manipulation ou lâarrangement des composants Ă une Ă©chelle nanomĂ©trique (atome par atome) nĂ©cessitent lâapprofondissement des recherches en cours avant dâaboutir Ă leur commercialisation. En effet, les technologies actuellement marquĂ©es avec le prĂ©fixe «âŻnanoâŻÂ» sont parfois peu liĂ©es et Ă©loignĂ©es des objectifs finaux annoncĂ©s par les nanotechnologies, en particulier dans le cadre de la fabrique molĂ©culaire qui est une idĂ©e toujours suggĂ©rĂ©e par le terme. Ainsi, il peut y avoir un danger quâune «âŻbulle nanoâŻÂ» se forme (ou soit en train de se former), issue de lâutilisation du terme par les scientifiques et les entrepreneurs afin de recueillir des moyens financiers supplĂ©mentaires, aux dĂ©pens de lâintĂ©rĂȘt rĂ©el que reprĂ©sentent les possibilitĂ©s des transformations technologiques Ă long terme[30].
David M. Berube, dans un livre sur la bulle nanotechnologique[31], conclut Ă©galement dans ce sens en rappelant quâune partie de ce qui est vendu en tant que «âŻnanotechnologiesâŻÂ» est en fait un remaniement de la science des matĂ©riaux. Ce phĂ©nomĂšne pourrait mener au fait que les nanotechnologies soient reprĂ©sentĂ©es par une industrie fondĂ©e essentiellement sur la vente de nanotubes et de nanowires (fils unidimensionnels mesurĂ©s en nanomĂštres), ce qui aurait pour effet de limiter le nombre de fournisseurs Ă quelques entreprises vendant des produits Ă faibles marges avec des volumes trĂšs importants.
Organisation
Financements
La recherche scientifique requiert un investissement souvent important. Dans le cas des nanotechnologies, oĂč lâobjet dâĂ©tude se spĂ©cialise et qui nĂ©cessite des Ă©quipements spĂ©cifiques et coĂ»teux, les investissements nĂ©cessaires ne peuvent ĂȘtre supportĂ©s par une seule Ă©quipe. Pour continuer leurs recherches, les scientifiques et les ingĂ©nieurs sont financĂ©s par une grande diversitĂ© dâacteurs qui peuvent ĂȘtre regroupĂ©s en trois catĂ©gories[32] :
- les organisations publiques (Ătats) : les gouvernements soutiennent fortement Ă la fois la recherche appliquĂ©e et la recherche fondamentale. En effet, certains pays ont un systĂšme de validation des brevets qui leur sont propres, ainsi quâun grand nombre dâagences et de dĂ©partements, qui permettent de favoriser lâobtention de contrats ou la protection de la propriĂ©tĂ© intellectuelle. Les organisations publiques jouent donc un rĂŽle important dans le dĂ©ploiement des moyens de coordination, permettant dâamĂ©liorer la circulation des connaissances dans la communautĂ© scientifique, ainsi que de favoriser la rencontre entre les chercheurs, organisations, universitĂ©s et institutions ;
- les organisations Ă but non lucratif : les universitĂ©s constituent le cĆur de cette catĂ©gorie, bien que pour leurs recherches elles reçoivent souvent des financements de sources extĂ©rieures, comme le gouvernement mais aussi les secteurs industriels concernĂ©s. Dans cette catĂ©gorie interviennent aussi une multitude dâorganisations de bases privĂ©es et dâautres organismes qui soutiennent, sans objectifs directement financiers, la recherche en sciences ;
- entreprises et secteur privĂ© : dans la plupart des pays dĂ©veloppĂ©s, le secteur privĂ© est Ă lâinitiative dâenviron les trois quarts des dĂ©penses nationales de recherches et de dĂ©veloppement. Cette importance du secteur privĂ© est Ă nuancer avec des situations comme celles des Ătats-Unis ou de lâUnion europĂ©enne, qui ont des gouvernements qui investissent dans les NST en proposant une politique de recherche et dâinnovation forte, en particulier dans les premiĂšres phases de dĂ©veloppement de secteurs industriels nouveaux, comme lâest celui des NST.
En prenant en compte Ă la fois les investissements privĂ©s et publics de recherche et dĂ©veloppement concernant les nanotechnologies, il est possible de positionner les pays les uns par rapport aux autres en fonction du volume des investissements rĂ©alisĂ©s. Toutefois, cette opĂ©ration nĂ©cessite des prĂ©cautions dans la mesure oĂč, dâune part la taille des entitĂ©s comparĂ©es intervient et dâautre part, pour le fait que chaque gouvernement a souvent un appareil ainsi que des modalitĂ©s de financements de la recherche spĂ©cifiques. Ainsi, en 2005, la recherche et dĂ©veloppement des NST Ă©tait financĂ©e Ă la hauteur de 48,1 % par les gouvernements, de 46,6 % par les entreprises et 5,2 % par du capital risque pour un total investi sur lâannĂ©e de 9,57 milliards de dollars[33]. En suivant cette rĂ©partition, le pays arrivant en tĂȘte est les Ătats-Unis (1,606 milliard de dollars), suivi du Japon (1,1 milliard de dollars), de lâAllemagne (413 millions de dollars), de lâUnion europĂ©enne (269 millions de dollars), et de la Chine (250 millions de dollars). La France, quant Ă elle, arrive en 8e position, en cumulant un total de 103 millions de dollars allouĂ© Ă la recherche et dĂ©veloppement des nanotechnologies[33].
Structuration institutionnelle et institutions concernées
En Europe, le 7e PCRD joue un rĂŽle important dans lâorganisation des recherches en NST Ă lâĂ©chelle du continent. Le 7e Programme Cadre de Recherche et DĂ©veloppement est issu de la stratĂ©gie de Lisbonne, dont les objectifs gĂ©nĂ©raux ont Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©s en 2000, qui dĂ©finit les orientations Ă©conomiques et politiques afin de doter lâUnion europĂ©enne dâune Ă©conomie de la connaissance compĂ©titive et dynamique : «âŻLes objectifs gĂ©nĂ©raux du 7e PC ont Ă©tĂ© regroupĂ©s en quatre catĂ©gories : CoopĂ©ration, IdĂ©es, Personnes et CapacitĂ©s. Pour chaque type dâobjectif, il existe un programme spĂ©cifique correspondant aux domaines principaux de la politique de recherche de lâUE. Tous les programmes spĂ©cifiques Ćuvrent en commun pour promouvoir et encourager la crĂ©ation de pĂŽles europĂ©ens dâexcellence (scientifique)âŻÂ»[34]. LâUnion europĂ©enne annonce plus dâun doublement des budgets allouĂ©s aux programmes cadres qui passeraient dâenviron 20 milliards dâeuros (entre 2002 et 2006) Ă 53,2 milliards (pour la pĂ©riode 2007 Ă 2013)[35]. Ă ce titre, les nanotechnologies figurent en bonne position dans la catĂ©gorie CoopĂ©rations du 7e PCRD, qui visent essentiellement Ă favoriser la crĂ©ation de partenariats entre diffĂ©rentes Ă©quipes de recherche europĂ©ennes (et les pays partenaires), ainsi quâĂ dĂ©velopper des recherches pluridisciplinaires et transversales[35].
En symĂ©trie avec le Programme cadre de lâUnion europĂ©enne, les Ătats-Unis ont dĂ©fini la National Nanotechnology Initiative (NNI) qui a dĂ©butĂ© en 2001. Contrairement Ă lâUnion europĂ©enne, ce programme fĂ©dĂ©ral de Recherche et DĂ©veloppement est spĂ©cifiquement consacrĂ© aux nanotechnologies, mais vise Ă©galement Ă coordonner les efforts des multiples agences qui travaillent Ă une Ă©chelle nanomĂ©trique en science et technologie[36]. En 2008, le budget allouĂ© Ă la NNI serait de 1,5 milliard de dollars, soit plus du triple des dĂ©penses estimĂ©es pour lâannĂ©e 2001 (464 millions de dollars)[37].
Au regard des sommes investies, ce type de programme influe fortement sur la structuration des espaces de la recherche scientifique et sur la nature des collaborations engagĂ©es. En effet, câest Ă partir dâaxes initiaux de dĂ©veloppement que sont dĂ©finis des objectifs concrets qui amĂšnent Ă construire des appels Ă projets.
Ă noter en matiĂšre de nanotechnologies, lâimportance de la technopole grenobloise qui reprĂ©sente un bassin de recherche et dâingĂ©nieurs unique en Europe dans ce domaine. Des pays Ă©mergents, notamment le Maroc, ont crĂ©Ă© des zones prioritaires consacrĂ©es Ă la recherche en nanotechnologies.
Inconvénients
Dangers
De nombreux nanomatĂ©riaux sont reconnus comme toxiques pour les tissus humains et les cellules en culture[38]. Ils induisent un stress oxydant, des inflammations Ă la cytokine et la nĂ©crose cellulaire[3]. Contrairement aux particules plus larges, les nanomatĂ©riaux peuvent ĂȘtre absorbĂ©s par les mitochondries[4] et par le noyau cellulaire[6] - [5]. Des Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© la possibilitĂ© pour les nanomatĂ©riaux de causer des mutations de lâADN[5] et dâinduire des changements majeurs Ă la structure mitochondriale, pouvant conduire Ă la mort de la cellule[4] - [7]. Les nanoparticules peuvent ĂȘtre mortelles sur le cerveau des truites avec des effets comparable Ă un empoisonnement au mercure[39].
Un projet dit «âŻNanogenotoxâŻÂ» projet Nanogenotox , coordonnĂ©e par lâAfsset mais impliquant plusieurs pays europĂ©ens vise sur 3 ans Ă offrir Ă la Commission europĂ©enne « une mĂ©thode alternative, robuste et fiable de dĂ©tection du potentiel gĂ©notoxique des nanomatĂ©riaux susceptibles dâengendrer un risque de cancer ou de reprotoxicitĂ© chez l'Homme ». Dans ce cadre, 14 nanomatĂ©riaux manufacturĂ©s (classĂ©s en trois groupes : dioxyde de titane, dioxyde de silicium et nanotubes de carbone choisis car dĂ©jĂ utilisĂ©s dans des produits tels que cosmĂ©tiques, aliments, produits de consommation courante) seront Ă©tudiĂ©s dont du point de vue des risques dâexposition (orale, cutanĂ©e, inhalĂ©e, avec test in vivo) et de leur production en Europe[40]. Selon Bruno Bernard, «âŻLes nanoparticules sont comme lâamiante dans les annĂ©es 1960 une rĂ©volution dangereuse si pas encadrĂ©eâŻÂ»[41].
Tous les deux ans depuis 2008, la plateforme nano-sécurité[42] (PNS) installée prÚs de Minatec sur le polygone scientifique de Grenoble, organise la conférence internationale Nanosafe[43] à la maison Minatec. Des centaines de scientifiques y abordent la question de l'utilisation des nanoparticules dans notre société et les conséquences sur la santé humaine[44].
Problématiques de recyclage
MĂȘme si les nanotechnologies sont censĂ©es Ă©conomiser de la matiĂšre en favorisant la miniaturisation ou la substitution, dans lâimmense majoritĂ© des cas, les applications conduisent Ă des usages dispersifs, en incorporant des particules de mĂ©taux dans des produits sans espoir de recyclage. Cela est particuliĂšrement gĂȘnant pour des mĂ©taux comme le zinc, le titane et lâargent. Les volumes en jeu ne sont pas anecdotiques. Par exemple, la production de nano-argent reprĂ©sentait 500 tonnes en 2008, soit prĂšs de 3 % de la production mondiale dâargent mĂ©tal[45].
Sociologie
Dans les sciences sociales, les NST se prĂ©sentent encore comme des objets Ă©mergents. En France, le CNRS a crĂ©Ă© une commission interdisciplinaire «âŻImpacts sociaux des nanotechnologiesâŻÂ» qui a fonctionnĂ© entre 2004 et 2007, mais nâa pas Ă©tĂ© renouvelĂ©e. Les travaux sur les usages effectifs sont inexistants, puisque les gens, pour la plupart dans lâignorance de ce que sont les nanotechnologies, nâont rien Ă en dire, qui fourniraient matiĂšre Ă des entretiens et des questionnaires. Les sociologues se concentrent pour le moment sur lâanalyse des discours qui sont tenus par les scientifiques et les hommes politiques (Ă lâexception des Ă©tudes de laboratoire, qui portent leur attention sur les changements de pratiques et dâorganisation liĂ©s Ă lâĂ©mergence des nanotechnologies[46] - [47]).
Projet de société des rapports scientifiques
Les NST impliquent une ingĂ©nierie dâassemblage qui associe Ă©troitement science et technologie : elles permettent donc dâenvisager les applications technologiques futures, lesquelles reprĂ©sentent des enjeux Ă©conomiques considĂ©rables. Tous les laboratoires affichant leur appartenance au domaine des NST nâont pas nĂ©cessairement inflĂ©chi leurs thĂ©matiques de recherche. Certains ont «âŻre-labellisĂ©âŻÂ» leur travaux en ajoutant le prĂ©fixe «âŻnanoâŻÂ» Ă lâintitulĂ© de leur programme, sans rien changer sur le fond. Les NST alimentent ainsi un discours de la promesse, avec ses retombĂ©es Ă©conomiques, mais aussi institutionnelles, politiques et idĂ©ologiques[48]. Les sociologues analysant le contenu des rapports des institutions de la recherche constatent que depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000 ceux-ci ne sont plus seulement diagnostiques : ils formulent un vĂ©ritable projet de sociĂ©tĂ©[49]. Le dĂ©veloppement de ces nouvelles techniques est prĂ©sentĂ© comme irrĂ©sistible et conduisant naturellement au progrĂšs social, selon une vision scientiste, câest-Ă -dire mĂ©canique, rationnelle et programmable de lâĂ©volution des connaissances. Les dĂ©veloppements technologiques sont prĂ©sentĂ©s comme inĂ©vitables par des experts, qui sont suivis par les responsables politiques, induisant un dĂ©veloppement tout aussi inĂ©luctable de la sociĂ©tĂ©. Une science prĂ©dictive de la sociĂ©tĂ© permet de justifier les politiques Ă mettre en Ćuvre, y compris les actions correctives destinĂ©es aussi bien Ă limiter les risques quâĂ rĂ©duire les rĂ©sistances.
DĂ©bat sur les risques
Les nanotechnologies sont lâobjet dâun dĂ©bat de sociĂ©tĂ©, qui a dâabord Ă©tĂ© limitĂ© au milieu scientifique. Le dĂ©bat est entrĂ© dans lâarĂšne mĂ©diatique en 2000 avec lâarticle de Bill Joy «âŻPourquoi le futur nâa pas besoin de nousâŻÂ» dans la revue Wired, lâun des titres les plus connus de la cyberculture[50]. Dans les pays industrialisĂ©s le dĂ©bat public Ă©merge Ă peine alors que de nombreux nanoproduits sont fabriquĂ©s et diffusĂ©s. Câest le cas aux Ătats-Unis notamment[51] ou au Royaume-Uni[52].
Les enjeux et les risques induits par lâincorporation de matĂ©riaux nanotechnologiques[53] (en particulier avec les nanoparticules[54]) ainsi que les nouvelles applications qui seront permises par le biais de la maĂźtrise de la fabrication Ă lâĂ©chelle atomique, suscitent des inquiĂ©tudes et mĂȘme des alertes[55].
Nanotoxicology, une revue scientifique publiĂ©e depuis 2007 par Taylor & Francis, est consacrĂ©e spĂ©cifiquement Ă lâĂ©tude de la toxicitĂ© des nanotechnologies[56].
En France
En France, aprĂšs une premiĂšre manifestation contre les nanotechnologies les 2 et [57] - [58] - [59] lors de l'inauguration du complexe Minatec, un dĂ©bat public national sur les nanotechnologies est organisĂ© en 2009-2010[60] mais tourne court. Depuis, le site de veille dâinformation citoyenne[61] permet de suivre les diffĂ©rents enjeux.
En Belgique
, le Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ© a publiĂ© un avis sur un projet dâArrĂȘtĂ© Royal (AR) relatif Ă la mise sur le marchĂ© des substances manufacturĂ©es et la crĂ©ation dâun registre officiel de dĂ©claration de ces produits. Pour la Belgique, le Conseil recommande donc pour lâinstant :
- de poursuivre lâinitiative du projet dâAR en tenant compte des remarques gĂ©nĂ©rales et spĂ©cifiques formulĂ©es dans lâavisâŻ;
- de prĂ©voir dans lâAR une publication rĂ©guliĂšre (annuelle) des donnĂ©esâŻ;
- de prĂ©voir lâĂ©largissement de lâAR aux mĂ©dicaments, aux cosmĂ©to et Ă lâalimentationâŻ;
- de prĂ©voir la mise en place dâun Laboratoire National de RĂ©fĂ©renceâŻ;
- de garantir la fiabilitĂ© des donnĂ©es Ă collecter par un contrĂŽle de qualitĂ©âŻ;
- de tenir compte dans lâanalyse et la gestion du risque dâune source dâexposition qui nâest pas reprise par ce projet dâAR et qui rĂ©sulte des achats via internet par des particuliers. La difficultĂ© de rĂ©guler ce type dâactivitĂ© est bien connue. Les autoritĂ©s doivent donc ĂȘtre bien conscientes du problĂšme et relayer cette prĂ©occupation Ă dâautres niveaux de pouvoir comme la Commission EuropĂ©enne (CE), lâOrganisation Mondiale de la SantĂ© (OMS), lâOrganisation Mondiale du Commerce (OMC), etc.âŻ;
- de prĂ©ciser les aspects concernant la gestion des dĂ©chets pour les substances, mĂ©langes et articles concernĂ©s. Nous ne trouvons malheureusement pas dâinformations relatives Ă la gestion des dĂ©chets. Or il semble impĂ©ratif de pouvoir opĂ©rer une distinction entre usages confinĂ©s (avec Ă©ventuellement une filiĂšre spĂ©cifique de traitement des dĂ©chets) et usages en milieu ouvert avec impact potentiel plus important sur les travailleurs, lâenvironnement (eaux, sols, atmosphĂšre), la chaĂźne alimentaire, etc.âŻ;
- de tenir compte des dangers potentiels pour lâenvironnement (accumulation dans la chaĂźne alimentaire, migration dans le sol et risques de pollutions des eaux, types dâorganismes particuliĂšrement sensibles, etc.). Cette importante tĂąche semble au CSS hors de portĂ©e de beaucoup dâentreprises, il faut donc prĂ©voir un organisme capable dâeffectuer ces prestations et de conseiller lâentreprise selon les recommandations internationale (par exemple lâEFSA en matiĂšre dâalimentation).
Pour plus dâinformations sur le projet dâAR en cours de discussions et les recommandations spĂ©cifiques du CSS sur ce projet[62].
RĂ©actions militantes
Aux Ătats-Unis, la critique portĂ©e par lâinformaticien Bill Joy dans son article Pourquoi le futur nâa pas besoin de nous (2000) a Ă©tĂ© lâune des plus mĂ©diatisĂ©es. Elle insiste sur la nĂ©cessitĂ© dâun principe de prĂ©caution[63].
En France, les réactions au phénomÚne des nanotechnologies vont du questionnement à la dénonciation.
RĂ©alisĂ© en 2007, le documentaire Le Silence des Nanos de Julien Collin se veut «âŻune mise en questionnement critique et nĂ©anmoins rationnelle de lâactivitĂ© scientifique et du dĂ©veloppement technologique dâun point de vue anthropologique, philosophique et politiqueâŻÂ»[64].
Plus engagĂ©, le groupe Marseille-Aix[65] de lâAssociation internationale Jacques Ellul[66] recadre les recherches sur les nanotechnologies dans le contexte du transhumanisme, phĂ©nomĂšne quâil explique[67] lui-mĂȘme selon les thĂšses exprimĂ©es dĂšs le milieu du XXe siĂšcle par le sociologue Jacques Ellul. Celui-ci considĂšre que la technique a changĂ© de statut : elle a cessĂ© dâĂȘtre «âŻun vaste ensemble de moyens assignĂ©s chacun Ă une finâŻÂ» et sâest muĂ©e en «âŻmilieu environnant Ă part entiĂšreâŻÂ» pour devenir «âŻun phĂ©nomĂšne complĂštement autonome (...) Ă©chappant de plus en plus au contrĂŽle de lâhomme et faisant peser sur lui un grand nombre de dĂ©terminationsâŻÂ»[68]. Ellul prĂ©cise quâon ne peut critiquer la technique sans se rĂ©fĂ©rer Ă des considĂ©rations mĂ©taphysiques : «âŻCe nâest pas la technique qui nous asservit mais le sacrĂ© transfĂ©rĂ© Ă la techniqueâŻÂ»[69] tandis que la politique, face Ă ce sacrĂ©, ne peut ĂȘtre quâimpuissante et mĂȘme «âŻillusoireâŻÂ»[70].
Plus ancrĂ© dans le champ politique, misant sur une rĂ©action citoyenne mais se dĂ©fendant dâĂȘtre technophobe, le collectif grenoblois PiĂšces et main dâĆuvre voit dans les nanotechnologies lâexpression dâun nouveau totalitarisme[71].
Dans la culture
En littérature
La nanotechnologie dans la fiction (en) a contribué à populariser le sujet. Depuis les années 1980, de nombreux textes de science-fiction abordent les nanotechnologies. Parmi les exemples notoires, on peut citer :
- Nouvelles Aventures d'Ijon Tichy (1985) de Stanislas Lem
- Isolation (1992) de Greg Egan
- LâĂge de diamant (1995) de Neal Stephenson
- Le Sauveur (2000) de Nancy Kress
- La Proie (2002) de Michael Crichton
Chronologie
- 1911 : premiĂšre utilisation du prĂ©fixe «âŻnanoâŻÂ» par un scientifique, qui veut dire nain en grec.
- 1956 : choix du prĂ©fixe «âŻnanoâŻÂ» par le BIPM comme une sous unitĂ© du mĂštre
- 1959 : Richard Feynman tient son discours au Caltech oĂč il dĂ©clare «âŻThere is Plenty of Room at the BottomâŻÂ» (Il y a beaucoup dâespace en bas, sous-entendu : Ă Ă©tudier)
- 1974 : premiÚre mention du terme nanotechnologie, forgé par Norio Tanigushi
- 1974 : invention de la diode moléculaire par A. Aviram et M. Ratner
- 1981 : invention du microscope Ă effet tunnel
- 1983 : invention du chapelet conducteur dâĂ©lectricitĂ©.
- 1985 : découverte des fullerÚnes
- 1986 : invention du microscope Ă force atomique par des chercheurs dâIBM Ă Zurich
- 1986 : parution de Engines of Creation: The Coming Era of Nanotechnology, de Kim Eric Drexler
- 1987 : la pointe du microscope Ă effet tunnel est utilisĂ©e par des chercheurs dâIBM pour faire commuter un seul interrupteur molĂ©culaire
- 1990 : des chercheurs dâIBM Ă©crivent le nom de leur sociĂ©tĂ© avec 35 atomes de xĂ©non Ă lâaide dâun microscope Ă effet tunnel
- 1991 : découverte des nanotubes
- 1995 : premier contact électrique sur une seule molécule
- 1997 : premier amplificateur réalisé avec une seule molécule
- 1998 : premiĂšre observation de la rotation dâune molĂ©cule rotor de 1 nm de diamĂštre
- 2001 : premier transistor réalisé avec un nanotube
- 2001 : invention de la molécule brouette par des chercheurs toulousains
- 2003 : Millipede, prototype de systÚme de stockage d'information, réalisé par IBM, et utilisant des perforations nanométriques
- 2004 : premiers microprocesseurs gravés avec une finesse de 0,09 ”m, soit 90 nm, chez Intel et AMD
- 2005 : Intel construit des transistors de 65 nm
- 2006 : Ouverture de Minatec
- 2006 : Intel est en phase de test pour la gravure en 45 nm qui devrait arriver en 2007
- 2007 : invention du premier dispositif mĂ©canique molĂ©culaire : un pignon le long dâune crĂ©maillĂšre
- 2011 : Intel et AMD commercialisent respectivement les Sandy Bridge et Llanos gravés en 32 nm
- 2012 : Intel commercialise les Ivy Bridge gravés en 22 nm
Notes et références
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Annexes
Articles connexes
Livres
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- Jean-Pierre Dupuy, «âŻLe risque inouĂŻ des nanotechnologiesâŻÂ», LâĂcologiste, no 10, , p. 70-72. Lâun des articles clefs du premier dossier critique de la presse française sur les nanotechnologies.
Liens externes
- Ressources relatives à la santé :
- (en) Medical Subject Headings
- (no + nn + nb) Store medisinske leksikon
- Ressource relative à la littérature :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Le site http://veillenanos.fr, site de l'Association de Veille et d'information citoyenne sur les enjeux des nanosciences et nanotechnologies (AVICENN) (2017)
- «âŻNanotechnologies et SantĂ©âŻÂ», dossier du CNRS (2007)
- Dossier du CEA consacrés aux nanos (2005)
- « Les Nanotechnologies »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?) (consulté le ), avis du Conseil économique, social et environnemental (2008)
- « L'avenir des nanotechnologies »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?) (consultĂ© le ), confĂ©rence dâĂtienne Klein Ă lâInstitut Diderot, le .
- «âŻNanotechnologie : les incroyables applicationsâŻÂ» Futura-Sciences