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John Carpenter

John Carpenter ([dʒɑn ˈkɑÉčpəntɚ][1]) est un rĂ©alisateur, scĂ©nariste, producteur et compositeur amĂ©ricain nĂ© le Ă  Carthage, dans l'État de New York.

John Carpenter
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
John Carpenter, en 2010.
Nom de naissance John Howard Carpenter
Naissance
Carthage, État de New York, É-U
NationalitĂ© Drapeau des États-Unis AmĂ©ricaine
Profession RĂ©alisateur
Producteur
Scénariste
Compositeur
Monteur
Acteur
Films notables Assaut
Halloween
New York 1997
The Thing
Christine
Invasion Los Angeles

Fort d'une carriĂšre cinĂ©matographique s'Ă©talant sur prĂšs de quarante ans, Carpenter a rĂ©alisĂ© nombre de film d'horreur et de science-fiction qui ont acquis, au fil des ans, une renommĂ©e internationale. RĂ©alisateur indĂ©pendant, il met en scĂšne son premier long-mĂ©trage, Dark Star, en 1974, alors qu’il n'a que 25 ans. Il signe deux ans plus tard un film d'action, Assaut, avant de se tourner vers un autre registre avec Halloween, la nuit des masques : l'horreur. Un genre qui deviendra vite son genre de prĂ©dilection. Sorti en 1978, Halloween rencontre un formidable succĂšs, aussi bien critique que commercial. DĂšs lors, la carriĂšre de Carpenter est lancĂ©e, et les productions se succĂšdent, Hollywood lui ouvrant par ailleurs ses portes grĂące Ă  son nouveau statut de « rĂ©alisateur rentable ».

Fortement influencĂ© par le cinĂ©ma des annĂ©es 1950, notamment par Howard Hawks et les films de science-fiction, John Carpenter est un rĂ©alisateur qui cherche Ă  ĂȘtre « invisible ». Ses films se caractĂ©risent ainsi par une rĂ©alisation et des scĂ©narios dĂ©pouillĂ©s, des montages secs et sans artifices, une musique minimaliste. Metteur en scĂšne polyvalent, Carpenter a d'ailleurs cumulĂ© les fonctions les plus importantes sur la plupart d’entre eux : rĂ©alisateur, scĂ©nariste, compositeur. Au fil de sa carriĂšre, il a progressivement imposĂ© son style dans les registres de l’épouvante et de la science-fiction, au point d’ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le « MaĂźtre de l'Horreur ».

Aujourd'hui, nombre de ses films sont devenus des rĂ©fĂ©rences du cinĂ©ma d'horreur et de science-fiction, notamment New York 1997, The Thing, Invasion Los Angeles, L'Antre de la folie ou encore Halloween. Si tous n'ont pas reçu un accueil critique favorable au moment de leur sortie, un grand nombre sont dĂ©sormais considĂ©rĂ©s comme des films culte, Carpenter Ă©tant lui-mĂȘme reconnu comme l’un des metteurs en scĂšne les plus talentueux et les plus influents de son Ă©poque.

Biographie

Découverte du cinéma

John Howard Carpenter naĂźt Ă  Carthage le . Il est le fils de Milton Jean et de Howard Ralph Carpenter[2]. DĂšs l’ñge de quatre ans, le jeune John dĂ©couvre le cinĂ©ma grĂące Ă  sa mĂšre qui l'emmĂšne Ă  la projection de African Queen, un film d’aventure rĂ©alisĂ© par John Huston. IntriguĂ© par la technique de diffusion des images et par les procĂ©dĂ©s de tournage, Carpenter apprĂ©cie beaucoup cette premiĂšre expĂ©rience, Ă  tel point qu'il dĂ©cide, dĂšs lors, de passer son temps libre au cinĂ©ma. Visionnant deux Ă  trois films chaque semaine. Carpenter assiste Ă  toutes sortes de projection. Il se rend mĂȘme aux « matinees », ces sĂ©ances qui proposaient dans les annĂ©es 1950 et 1960 deux films pour le prix d'un durant l'aprĂšs-midi[3]. Carpenter dĂ©signe rapidement les films d'horreur, de science-fiction et les westerns comme ses genres favoris[2]. Le MĂ©tĂ©ore de la nuit et PlanĂšte interdite, notamment, auront une influence considĂ©rable sur sa cinĂ©philie[4].

Premiers courts métrages

En 1956, la famille Carpenter dĂ©mĂ©nage Ă  Bowling Green, une petite ville conservatrice du Kentucky, oĂč le pĂšre Howard Ralph a dĂ©crochĂ© un poste de professeur de musique[5]. Carpenter est choquĂ© par le caractĂšre conservateur de cette commune dont les habitants, trĂšs croyants et racistes, lui inspirent un profond sentiment d’incomprĂ©hension et d’isolement. Dans ce contexte, le cinĂ©ma constitue pour lui un moyen de s'Ă©vader et d'Ă©chapper Ă  leurs agissements : « Je m’identifiais davantage aux comportements des personnages que je voyais Ă  l’écran qu’à certaines des croyances de la communautĂ© dans laquelle je vivais »[5].

AprĂšs avoir passĂ© son adolescence dans la ville de Bowling Green, Carpenter s’est installĂ© Ă  Los Angeles l’annĂ©e de ses vingt ans.

La mĂȘme annĂ©e, Howard Ralph offre Ă  John la camĂ©ra mm dont il ne se sert plus. MĂ» par un dĂ©sir grandissant de rĂ©aliser ses propres films, Carpenter l’utilise pour tourner des courts mĂ©trages d'horreur et de science-fiction. En 1959, il dĂ©couvre Rio Bravo, de Howard Hawks, un western qui aura un impact dĂ©cisif sur sa volontĂ© de devenir metteur en scĂšne : « C’est en dĂ©couvrant Rio Bravo que j’ai compris pour la premiĂšre fois Ă  quoi servait un rĂ©alisateur »[6].

Au lycĂ©e, ennuyĂ© par les cours qui lui sont dispensĂ©s, Carpenter Ă©prouve un besoin irrĂ©pressible d’exprimer sa crĂ©ativitĂ©. DĂ©laissant ses devoirs, il rĂ©dige des histoires, des poĂšmes et publie trois fanzines consacrĂ©s au cinĂ©ma : Fantastic Film Illustrated (dont il dessine lui-mĂȘme les couvertures), King Kong Journal et Phantasm[7] - [8]. Il Ă©crit Ă©galement des bandes dessinĂ©es et tient une rubrique sur le catch professionnel dans une revue locale. IntĂ©ressĂ©, en outre, par la musique (une passion transmise par son pĂšre qui lui a appris Ă  jouer du violon et du piano), Carpenter forme en 1964 un groupe de folk, les Tomorrow's Children[n 1], avec sa petite-amie Elizabeth Solley et son ami Tommy Lee Wallace, rencontrĂ© Ă  l’école primaire. Lui-mĂȘme et Wallace jouent de la guitare acoustique et interprĂštent la majeure partie du temps des chansons composĂ©es par Carpenter[9]. Deux ans plus tard, tous deux montent avec trois autres camarades de lycĂ©e The Kaleidoscope, un groupe de rock 'n' roll qui reprend des succĂšs des annĂ©es 1960. La bande se produit dans un spectacle, Carpenter et Wallace chantant et jouant de la guitare Ă©lectrique[10].

En parallĂšle de ces activitĂ©s, Carpenter s'adonne Ă  sa vĂ©ritable passion, qui est de tourner des films. Avec la camĂ©ra offerte par son pĂšre, il rĂ©alise dĂšs l'Ăąge de huit ans des courts mĂ©trages dont les histoires s'inspirent des films d'horreur et de science-fiction qu’il a eu l’occasion de voir au cinĂ©ma, comme ceux de Roger Corman[6]. Carpenter met en scĂšne tantĂŽt des marionnettes et des figurines animĂ©es image par image, tantĂŽt de rĂ©els personnages, interprĂ©tĂ©s par ses camarades de classe sinon par lui-mĂȘme quand ces derniers refusent. FascinĂ© par les monstres et les crĂ©atures issus du cinĂ©ma de science-fiction, Carpenter donne Ă  ses courts mĂ©trages des noms Ă©vocateurs, tels que Gorgo vs. Godzilla, Sorcerer from Outer Space, Revenge of the Colossal Beasts, Terror from Space et Warrior and the Demon[11] - [12].

Formation

AprĂšs le lycĂ©e, Carpenter suit pendant deux ans des cours Ă  la Western Kentucky University. En 1968, alors ĂągĂ© de vingt ans, il dĂ©mĂ©nage Ă  Los Angeles et s’inscrit Ă  la prestigieuse UniversitĂ© de Californie du Sud (USC), section licence en production cinĂ©matographique. Il s’agit de l’une des Ă©coles de cinĂ©ma les plus rĂ©putĂ©es des États-Unis[13]. Carpenter y fait la rencontre de Nick Castle et de Dan O'Bannon. L’établissement entretient des liens trĂšs Ă©troits avec Hollywood, si bien que certains cours sont assurĂ©s par des acteurs, des scĂ©naristes ou des producteurs. L’universitĂ© offre Ă©galement aux Ă©lĂšves l’opportunitĂ© de rencontrer quelques-uns des plus grands rĂ©alisateurs de l’époque, comme Orson Welles, Howard Hawks, John Ford, Alfred Hitchcock, Roman Polanski ou Frank Capra[14]. Pendant trois ans, Carpenter apprend l’ensemble des techniques relatives Ă  la rĂ©alisation, de l’écriture de scĂ©nario jusqu’au montage en passant par la projection et le mixage. Il avoue avoir tirĂ© de ses trois annĂ©es d’études Ă  l’USC un bĂ©nĂ©fice Ă©norme[15].

Premiers travaux

En 1969, au cours de sa deuxiĂšme annĂ©e d’étude Ă  l'USC, John Carpenter se voit offrir la possibilitĂ© de participer au tournage du film Des fraises et du sang, de Stuart Hagmann, mais il refuse car il ne souhaite pas quitter son Ă©cole. Avec trois camarades de classe, dont Nick Castle, il dĂ©cide de se consacrer Ă  un autre projet, intitulĂ© The Resurrection of Broncho Billy ; il s’agit d’un court mĂ©trage racontant l’histoire d’un jeune homme qui rĂȘve de devenir cowboy. Le film est rĂ©alisĂ© par James Rokos alors que Carpenter officie en tant que co-scĂ©nariste, monteur et compositeur. Il se charge Ă©galement d’éclairer les plans[16].

John Carpenter a Ă©tudiĂ© le cinĂ©ma Ă  la trĂšs sĂ©lective UniversitĂ© de Californie du Sud, oĂč le projet Dark Star a vu le jour.

Soutenus par le producteur John Longenecker, Carpenter et ses amis financent le court-mĂ©trage de leur poche pour environ 3 000 dollars US. En 1970, The Resurrection of Broncho Billy remporte l’Oscar du meilleur court mĂ©trage en prises de vues rĂ©elles. Longenecker en vend une copie aux studios Universal, qui le diffusera en salles en avant-programme pendant deux ans aux États-Unis et au Canada[17].

En 1971, Carpenter quitte l’école, diplĂŽmĂ©. Son premier long-mĂ©trage, Dark Star, sort quelques annĂ©es plus tard, en 1974. Il s'agit en fait de son film de fin d'Ă©tudes, sur lequel il avait commencĂ© Ă  travailler en 1970. Carpenter et son ami Dan O'Bannon souhaitaient alors rĂ©aliser une comĂ©die de science-fiction, dont l’histoire est centrĂ©e sur les membres d’équipage d’un vaisseau spatial chargĂ© de dĂ©truire les planĂštes instables. Ils initient d’abord un projet nommĂ© Planetfall, qui consiste en un court-mĂ©trage de 45 minutes tournĂ© avec un budget de 6 000 dollars[18]. Toutefois, Ă  sa sortie de l’école, Carpenter est approchĂ© par un producteur canadien qui investit suffisamment d’argent pour transformer son film, dĂ©sormais intitulĂ© Dark Star, en un long-mĂ©trage Ă  part entiĂšre. Un autre producteur, Jack Harris, donne Ă©galement des fonds pour que l’équipe tourne de nouvelles sĂ©quences. AprĂšs l’obtention d’une rallonge de 60 000 dollars, le film bĂ©nĂ©ficie d’un nouveau montage et il peut enfin ĂȘtre distribuĂ© en salles[17].

Sur Dark Star, Carpenter cumule les fonctions de rĂ©alisateur, de compositeur et de producteur. Par ailleurs, il co-Ă©crit le scĂ©nario avec Dan O'Bannon (qui plus tard co-Ă©crira le scĂ©nario de Alien, le huitiĂšme passager), lequel interprĂšte Ă©galement l’un des rĂŽles principaux.

MalgrĂ© une diffusion en salles limitĂ©e Ă  cause de son petit budget (Dark Star sort aux États-Unis dans une cinquantaine de salles en , mais il faudra attendre 1979 pour qu’il soit diffusĂ© en RFA, et 1980 pour qu’il le soit en France[19]), le premier film de Carpenter est un succĂšs critique puisqu’il remporte en 1976 le Saturn Award des meilleurs effets spĂ©ciaux, et est nommĂ© au Prix Hugo du meilleur film et au Prix Nebula du meilleur scĂ©nario, tous deux dans la catĂ©gorie dramatique[20].

En dĂ©pit de cet accueil favorable, Carpenter doit par la suite se contenter d’écrire des scĂ©narios, aucune offre de rĂ©alisation ne lui Ă©tant faite. Il parvient Ă  en vendre plusieurs, dont certains Ă  des noms prestigieux comme Columbia Pictures ou Batjac Productions, la sociĂ©tĂ© de production de John Wayne[11]. Le script intitulĂ© Eyes, notamment, retient l’attention de la Columbia qui souhaite en faire un film oĂč Barbra Streisand tiendrait le premier rĂŽle. Cependant, l’actrice quitte rapidement le projet en raison des modifications scĂ©naristiques imposĂ©es par le studio. Carpenter, lui aussi insatisfait du traitement rĂ©servĂ© Ă  son scĂ©nario, en fait de mĂȘme, et la rĂ©alisation Ă©choit finalement Ă  Irvin Kershner. Quelques annĂ©es plus tard, le film rebaptisĂ© Les Yeux de Laura Mars sort sur les Ă©crans[21].

Avant que la Columbia n’achĂšte Eyes, deux producteurs indĂ©pendants, Joseph Kaufman et J. Stein Kaplan, avaient Ă©galement fait part au rĂ©alisateur de leur intĂ©rĂȘt pour son script. En 1975, Carpenter leur rĂ©dige en guise de dĂ©dommagement un nouveau scĂ©nario, qu’il termine en huit jours. Le synopsis s’inspire fortement du western de Howard Hawks, Rio Bravo[8]. Selon les dires du cinĂ©aste, il s’agit en fait d'une adaptation moderne et urbaine du film[22]. Si, au dĂ©but, Kaufman et Kaplan souhaitaient chacun financer un film de Carpenter, ils dĂ©cident finalement d’investir la totalitĂ© de leur argent dans ce projet, offrant en outre au rĂ©alisateur une totale libertĂ© artistique.

John Carpenter s’est beaucoup inspirĂ© de Rio Bravo pour rĂ©aliser son second long-mĂ©trage.

Ainsi naßt Assaut, le premier « vrai » film de Carpenter. En plus du poste de réalisateur, il occupe celui de scénariste, de compositeur et de monteur, ce dernier sous le pseudonyme de « John T. Chance » (le nom du personnage incarné par John Wayne dans Rio Bravo). Le film marque aussi la premiÚre collaboration entre John Carpenter et Debra Hill, ici au poste d'assistant rédacteur[23].

TournĂ© en vingt jours avec un budget de 100 000 dollars, Assaut est en butte Ă  des problĂšmes de censure lors de sa distribution, la Motion Picture Association of America menaçant de lui attribuer la mention « classement X » (exclusivement rĂ©servĂ© Ă  un public adulte) si la scĂšne montrant une fillette assassinĂ©e de sang-froid n’est pas supprimĂ©e[24]. Se pliant Ă  la volontĂ© de la MPAA sur les conseils de son producteur, Carpenter coupe la scĂšne sur la copie qu’il confie Ă  l’association. MalgrĂ© tout, le film est finalement distribuĂ© avec le montage original, incluant donc la fameuse scĂšne[24].

En dĂ©pit d’une diffusion une nouvelle fois limitĂ©e et de ces Ă©cueils avec la censure, Assaut est trĂšs bien accueilli en Europe, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne de l’Ouest, oĂč il sera l’un des films les plus vus l’annĂ©e de sa sortie[25]. Aux États-Unis, en revanche, le public se montre moins rĂ©ceptif, alors qu’en France le film rassemble 133 566 spectateurs[26].

Deux ans plus tard, alors que sort en salles Les Yeux de Laura Mars, Carpenter tourne pour la premiĂšre fois pour la tĂ©lĂ©vision avec Meurtre au 43e Ă©tage, un tĂ©lĂ©film dont il Ă©crit Ă©galement le scĂ©nario et qui est un hommage direct Ă  Alfred Hitchcock, et plus particuliĂšrement Ă  FenĂȘtre sur cour[27]. Durant le tournage, le cinĂ©aste rencontre sa future premiĂšre Ă©pouse, l'actrice Adrienne Barbeau. Initialement prĂ©vu pour une sortie sur grand Ă©cran, le script est finalement destinĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision sur dĂ©cision du studio Warner Bros., le premier grand studio hollywoodien avec lequel collabore Carpenter[27].

Halloween, succĂšs commercial et critique

Halloween, un succÚs mondial qui a lancé la carriÚre de Carpenter.

Quelque temps avant la rĂ©alisation du tĂ©lĂ©film, John Carpenter et Debra Hill se rendent ensemble au Festival du film de Londres pour assister Ă  la projection de Assaut. Ils y font la connaissance des producteurs Moustapha Akkad et Irwin Yablans (en). Le second sollicite Carpenter pour rĂ©aliser un film d'horreur mettant en scĂšne un psychopathe persĂ©cutant des gardiennes d’enfant. EnthousiasmĂ© par le synopsis, le cinĂ©aste accepte le projet, puis il entame l’écriture d’un scĂ©nario intitulĂ© The Babysitter Murders avec Debra Hill[28]. Plus tard, Carpenter dĂ©clarera avoir Ă©tĂ© inspirĂ© par le film Psychose d'Alfred Hitchcock :

« Je voulais faire depuis longtemps un film effrayant et c'est Psychose qui m'a donné envie de faire Halloween. J'ai simplement ajouté au film d'Hitchcock une dimension surnaturelle en faisant du tueur masqué une incarnation du Mal[29]. »

Tandis qu'Akkad avance la somme de 325 000 dollars pour la production du film, Carpenter rebaptise ce dernier Halloween aprĂšs une suggestion de Yablans, lequel souhaitait que l’action se dĂ©roule la nuit du [28]. Cette fois, si le cinĂ©aste fait appel Ă  une actrice encore inconnue pour interprĂ©ter le rĂŽle principal, Jamie Lee Curtis[n 2], il compte pour la premiĂšre fois dans ses rangs un acteur de renommĂ©e : Donald Pleasence, notamment connu pour ses rĂŽles dans La Grande Ă©vasion et On ne vit que deux fois.

RĂ©alisĂ©, comme Assaut, en une vingtaine de jours, le troisiĂšme long-mĂ©trage de Carpenter sort aux États-Unis en octobre 1978, dans le cadre du Festival international du film de Chicago[30]. Si, au dĂ©part, la presse amĂ©ricaine ne semble pas convaincue, Halloween obtient d’excellents rĂ©sultats au box-office, engrangeant pas moins de 47 millions de dollars aux États-Unis[31], et entre 60 et 70 millions Ă  l’international, selon les estimations[32] - [33]. Petit Ă  petit, les critiques commencent Ă©galement Ă  lui tĂ©moigner de l’intĂ©rĂȘt[28], Halloween devenant par ailleurs le film indĂ©pendant le plus rentable jamais rĂ©alisĂ©[34].

En France, John Carpenter obtient en 1979 le prix de la critique au Festival d’Avoriaz, alors que le film remporte la Licorne d’or au Festival international de Paris. Il est Ă©galement nommĂ© au Saturn Award du meilleur film d'horreur.

Le thĂšme musical principal d’Halloween est certainement le plus cĂ©lĂšbre composĂ© par Carpenter. Il est basĂ© sur une rythmique 5/4 (cinq temps dans une mesure) que le pĂšre du cinĂ©aste lui avait apprise au piano quand il Ă©tait enfant[35]. Il l'a rejouĂ©e en y ajoutant diffĂ©rents effets sonores.

SitĂŽt le film sorti en salles, le cinĂ©aste enchaĂźne avec le tournage d’un film biographique consacrĂ© Ă  Elvis Presley, Le Roman d'Elvis, sur un scĂ©nario d'Anthony Lawrence. C'est Ă  ce moment qu'il rencontre Kurt Russell, qui joue ici le rĂŽle du King : c'est le dĂ©but d'une longue amitiĂ© et d'une fructueuse collaboration. Lors de sa premiĂšre diffusion en 1979, l'audience du tĂ©lĂ©film est telle qu'elle dĂ©passe celles de Vol au-dessus d’un nid de coucou et d’Autant en emporte le vent, diffusĂ©s Ă  la mĂȘme heure sur des chaĂźnes concurrentes[36]. Le Roman d'Elvis se voit par ailleurs nommĂ© pour trois Emmy Awards et un Golden Globe, ce dernier dans la catĂ©gorie meilleur film pour la tĂ©lĂ©vision[37]. Le tĂ©lĂ©film bĂ©nĂ©ficiera d'une exploitation en salles en Europe, mais avec une durĂ©e ramenĂ©e Ă  une centaine de minutes au lieu des trois heures du tĂ©lĂ©film d'origine.

Des films Ă  petit budget aux productions hollywoodiennes

Peu aprĂšs la sortie d’Halloween, John Carpenter trouve un accord avec la maison de production AVCO Embassy Pictures, laquelle lui propose un contrat pour la rĂ©alisation de deux longs-mĂ©trages. En ce qui concerne le premier, Carpenter dĂ©cide de dĂ©velopper une idĂ©e inspirĂ©e par un film d'horreur anglais de 1958, The Crawling Eye, oĂč une brume dissimule des monstres surgissant d'une colline[38]. Il oriente ainsi le scĂ©nario (qu'il Ă©crit en deux semaines avec Debra Hill) vers une histoire oĂč le brouillard incarnerait une entitĂ© agissante et malĂ©fique.

John Carpenter retrouve une partie du casting avec lequel il avait collaboré dans Halloween, incluant Jamie Lee Curtis, Nancy Kyes et Charles Cyphers. Pour la deuxiÚme fois également, le réalisateur dirige son ex-amie et désormais épouse Adrienne Barbeau, qui tient cette fois le rÎle principal. La distribution est complétée par Janet Leigh, la mÚre de Jamie Lee.

Fog sort sur les Ă©crans au dĂ©but de l’annĂ©e 1980, au terme d’un tournage difficile (imputable, notamment, aux complications liĂ©es Ă  l’emploi des effets spĂ©ciaux mettant en scĂšne le brouillard[38]), et marquĂ© par des problĂšmes de post-production. En effet, non satisfait du premier montage, Carpenter retourne plusieurs scĂšnes, rĂ©Ă©crit la musique et refait en intĂ©gralitĂ© la bande sonore du film[39]. Environ un quart des sĂ©quences d’origine sont dĂ©finitivement supprimĂ©es[40].

Lors de sa sortie, certains critiques reprochent au film d'ĂȘtre trop traditionnel[41] ; Fog n’en connaĂźt pas moins un important succĂšs commercial puisqu'il rapporte 21 millions de dollars aux États-Unis, pour un budget de production estimĂ© Ă  un million de dollars[42]. Il obtient en outre deux nominations aux Saturn Awards de 1981 (dans les catĂ©gories meilleur film et meilleurs effets spĂ©ciaux), alors que Carpenter remporte pour la seconde fois le prix de la critique au festival d’Avoriaz.

AprĂšs Fog, Carpenter doit tourner un second film pour le compte d'Embassy Pictures. Dans un premier temps, il prĂ©voit d’adapter le dernier scĂ©nario sur lequel il a travaillĂ©, qui est intitulĂ© The Philadelphia Experiment. Cependant, n’arrivant pas Ă  l’achever, le cinĂ©aste propose au prĂ©sident de la sociĂ©tĂ© de production, Robert Rehme, un autre script qu’il avait Ă©crit en 1974 : New York 1997[43]. Carpenter raconte que, cette mĂȘme annĂ©e, aucun studio n’en avait voulu car il Ă©tait considĂ©rĂ© comme Ă©tant « trop violent, trop effrayant, trop bizarre »[44]. L’histoire tourne autour de Snake Plissken, un prisonnier envoyĂ© en mission de sauvetage sur une Ăźle de Manhattan transformĂ©e en gigantesque pĂ©nitencier. Convaincu par le potentiel du scĂ©nario, Robert Rehme donne son aval et alloue Ă  Carpenter un budget de six millions de dollars.

Le rĂŽle de Snake Plissken est confiĂ© Ă  Kurt Russell, lequel joue donc pour la deuxiĂšme fois sous la direction de John Carpenter. Adrienne Barbeau fait Ă©galement partie de la distribution, tout comme Donald Pleasence, auxquels s'ajoutent Lee Van Cleef[n 3], Ernest Borgnine et Isaac Hayes. Pour la premiĂšre fois de sa carriĂšre, Carpenter collabore donc avec des acteurs expĂ©rimentĂ©s et connus du grand public, ce qui est notamment le cas de Van Cleef, lequel n’est autre que la « brute » dans le film de Sergio Leone, Le Bon, la Brute et le Truand.

New York 1997 est un succĂšs critique et financier[45] - [46]. Il rapporte 25 millions de dollars de recette aux États-Unis, et cumule plus d’un million d’entrĂ©es en France[26], permettant Ă  Carpenter de rĂ©aliser son meilleur score dans l’Hexagone. Le film obtient Ă©galement quatre nominations aux Saturn Awards[47].

En 1982, Carpenter Ă©crit en collaboration avec Debra Hill le scĂ©nario de Halloween 2, la suite de Halloween, la nuit des masques. Logiquement pressenti pour rĂ©aliser cette suite, le cinĂ©aste dĂ©cline l’offre, affirmant qu’il a dĂ©jĂ  fait le film une fois et qu’il ne souhaite pas le faire Ă  nouveau[48]. Carpenter tient nĂ©anmoins Ă  s’assurer du succĂšs de l’entreprise, car il officie en tant que producteur. Il compose Ă  nouveau la bande originale et confie la rĂ©alisation Ă  un metteur en scĂšne qu’il estime prometteur, Rick Rosenthal.

À l’issue du premier montage, Carpenter juge le film lent et inefficace. La sociĂ©tĂ© chargĂ©e de la production, Universal Pictures, partage le mĂȘme avis. Le cinĂ©aste dĂ©cide donc, Ă  contre-cƓur, de tourner lui-mĂȘme quelques scĂšnes additionnelles et de remonter en partie le film afin de le rendre plus dynamique[49]. La notoriĂ©tĂ© grandissante de Carpenter lui permettra ensuite d’obtenir des mĂȘmes studios Universal les fonds nĂ©cessaires Ă  la rĂ©alisation de son prochain film : The Thing.

TirĂ© de la nouvelle La BĂȘte d'un autre monde (Who Goes There?) de John W. Campbell figurant dans le recueil Le ciel est mort, The Thing est un remake du film du mĂȘme nom La Chose d'un autre monde rĂ©alisĂ© en 1951 par Christian Nyby et Howard Hawks. Des scientifiques amĂ©ricains dĂ©couvrent puis sont attaquĂ©s par une « chose » extraterrestre capable d’imiter toute forme de vie. Au niveau du casting, la distribution est exclusivement masculine, incluant une nouvelle fois Kurt Russell dans le rĂŽle principal. Ce film marque un tournant dans la carriĂšre de Carpenter puisque, pour la premiĂšre fois depuis ses dĂ©buts, il tourne avec un budget proche des « standards » d’Hollywood : prĂšs de 15 millions de dollars[50]. Le cinĂ©aste cĂšde sa place au poste de compositeur, laissĂ©e Ă  Ennio Morricone, alors que les effets spĂ©ciaux sont l’Ɠuvre de Rob Bottin, lequel avait dĂ©jĂ  travaillĂ© avec Carpenter sur Fog.

Sorti Ă  l’étĂ© 1982, The Thing est trĂšs mal accueilli par la critique et les spectateurs[51]. JugĂ© trop effrayant, trop pessimiste, il souffre de la comparaison avec le « gentil » E.T. l'extra-terrestre de Steven Spielberg, un autre film mettant en scĂšne une forme de vie extra-terrestre, Ă©galement produit par Universal Pictures[52]. Sortis Ă  quelques semaines d’intervalle, les deux films connaissent un succĂšs diamĂ©tralement opposĂ©, E.T. Ă©tant le no 1 au box-office amĂ©ricain de 1982 alors que The Thing n’y figure qu’à la 42e place, rapportant tout juste de quoi couvrir son budget de production[52] - [53]. Cet Ă©chec marque profondĂ©ment Carpenter qui, de son propre aveu, pensait avoir rĂ©alisĂ© lĂ  son meilleur film[54] - [55].

« J’ai Ă©tĂ© attaquĂ© par l’ensemble des critiques, par les fans, et le studio n’était bien Ă©videmment pas satisfait... [
] C’était la premiĂšre fois que je devais subir une telle pression. »

— John Carpenter[56]

The Thing obtiendra la reconnaissance du public bien plus tard, lors de sa sortie sous support VHS puis en DVD. Aujourd’hui, il est considĂ©rĂ© comme un film d'horreur culte, comme le « chef-d’Ɠuvre » de John Carpenter[51].

Le personnage central du film de Carpenter est une Plymouth Fury répondant au nom de « Christine ».

Si l’échec de The Thing n’entache pas la rĂ©putation de Carpenter au sein des studios, le cinĂ©aste en porte encore les stigmates l’annĂ©e suivante, lorsqu’il se voit confier la rĂ©alisation de Christine, un film qu’il tournera, confesse-t-il, sans conviction[56]. AdaptĂ© du roman homonyme de Stephen King, le projet est financĂ© par Columbia Pictures pour la somme de dix millions de dollars[57]. Carpenter, peu enthousiaste aprĂšs une premiĂšre lecture du scĂ©nario, accepte finalement de rĂ©aliser Christine par nĂ©cessitĂ©, afin de poursuivre sa carriĂšre Ă  Hollywood[58].

Carpenter suit la trame globale du livre, en omettant toutefois un Ă©lĂ©ment important : la prĂ©sence du propriĂ©taire original sur la banquette arriĂšre de la Plymouth Fury, ceci pour recentrer l’histoire sur la relation entre le protagoniste principal, Arnie Cunningham, et sa voiture, Christine[59].

Le rĂ©alisateur retrouve le poste de compositeur et dirige, comme Ă  ses dĂ©buts, un casting composĂ© d’acteurs relativement inexpĂ©rimentĂ©s, exception faite de Harry Dean Stanton (avec lequel il avait dĂ©jĂ  travaillĂ© sur New York 1997) et de Robert Prosky.

Si King lui-mĂȘme se dira déçu par l’adaptation[59], Christine obtient un accueil chaleureux de la part de la presse et des spectateurs[2]. Le film enregistre Ă©galement de bons rĂ©sultats au box-office national[57], alors qu’il cumule prĂšs d’un million d’entrĂ©es en France[26], correspondant au meilleur chiffre rĂ©alisĂ© par Carpenter dans le pays, aprĂšs New York 1997. Par ailleurs, Christine est nommĂ© au prix du meilleur film d'horreur aux Saturn Awards, Carpenter dĂ©crochant lui-mĂȘme une nomination au Grand Prix du Festival d’Avoriaz. Aujourd’hui, le film est souvent citĂ© comme Ă©tant l'une des meilleures adaptations cinĂ©matographiques de l’Ɠuvre de Stephen King[60].

Sa prestation dans Starman a valu à Jeff Bridges une troisiÚme nomination à la cérémonie des Oscars.

Un an plus tard, Carpenter s’associe de nouveau avec Columbia Pictures, la sociĂ©tĂ© souhaitant concrĂ©tiser un projet en gestation depuis plusieurs annĂ©es. À l’origine, deux scripts traitant de la visite d’un alien sur terre avaient Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s au sein du studio, mais Columbia refusait de financer les deux. Aussi avait-elle choisi Starman, laissant le second Ă  une sociĂ©tĂ© concurrente, Universal Pictures[61] - [n 4]. Jeff Bridges y interprĂšte le rĂŽle d’un extra-terrestre qui s’échoue sur Terre et qui prend l’apparence du mari dĂ©funt d’une jeune veuve, jouĂ©e par Karen Allen.

Produit par Michael Douglas, Starman est une Ɠuvre singuliĂšre dans la filmographie de John Carpenter, un film qui s’apparente davantage Ă  un road movie romantique plutĂŽt qu’à un vrai film de science-fiction, en contraste total avec ses prĂ©cĂ©dents longs-mĂ©trages. En conflit avec Hollywood depuis l’échec de The Thing, le cinĂ©aste dĂ©clare avoir tournĂ© ce film en guise d’excuse aux studios : « Starman Ă©tait une sorte de mea culpa, c’était comme si je disais : vous voyez que je suis aussi capable de faire un joli film romantique[56]. »

Carpenter le considĂšre d’ailleurs comme son film le plus hollywoodien, une sorte d'« E.T. l'extra-terrestre adulte »[22]. Il sort en salles en 1984. Le succĂšs est davantage critique que commercial[62], le film Ă©tant nommĂ© pour de multiples rĂ©compenses[63] - [n 5], incluant l’Oscar et le Golden Globe du meilleur acteur pour Jeff Bridges, et le Golden Globe de la meilleure musique pour Jack Nitzsche.

En 1986, Carpenter met en scĂšne un film d’aventures qui se veut un hommage au cinĂ©ma d'arts martiaux de Hong Kong[22], et plus particuliĂšrement au film Zu de Tsui Hark : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin. Kurt Russell campe une nouvelle fois le rĂŽle principal, celui d’un camionneur qui aide l’un de ses amis dont la fiancĂ©e a Ă©tĂ© enlevĂ©e par un puissant mage dans le Chinatown de San Francisco.

DĂ©tournant les codes du film d’action, Carpenter dĂ©peint son hĂ©ros, Jack Burton, comme un « crĂ©tin balourd et maladroit », en dĂ©calage total avec le portrait habituel du hĂ©ros d’Hollywood, viril et intelligent[59] - [64]. La production de Jack Burton est financĂ©e par la 20th Century Fox, mais le mĂ©lange des genres et le second degrĂ© du long-mĂ©trage sont mal perçus par le public[64]. MalgrĂ© une nomination au Saturn Award de la meilleure musique, Jack Burton est un Ă©chec critique et commercial qui coĂ»te Ă  Carpenter sa crĂ©dibilitĂ© au sein des studios[65] - [66]. À l'instar de The Thing, le film obtiendra nĂ©anmoins un important succĂšs lors de sa sortie en vidĂ©o[59].

Retour aux films indépendants

AprĂšs ce nouveau revers, les studios d’Hollywood tournent le dos Ă  Carpenter, lequel n’a d’autre choix que de revenir au cinĂ©ma indĂ©pendant. En 1987, il signe un contrat de quatre longs-mĂ©trages avec les studios Alive Films, lesquels lui garantissent une totale libertĂ© artistique pour chacun d’eux[67].

La mĂȘme annĂ©e apparaĂźt sur les Ă©crans Prince des tĂ©nĂšbres, un film d'horreur oĂč le cinĂ©aste retrouve Donald Pleasence, qui interprĂšte ici l'un des rĂŽles principaux. Comme c’était le cas pour ses premiers longs-mĂ©trages, Carpenter compose la bande originale et Ă©crit le scĂ©nario, ce dernier sous le pseudonyme de « Martin Quatermass », empruntĂ© au personnage de fiction Bernard Quatermass crĂ©Ă© par Nigel Kneale[68].

Produit pour la somme de trois millions de dollars (Carpenter n’avait pas tournĂ© avec si peu depuis New York 1997), Prince des tĂ©nĂšbres constitue, selon l’expression employĂ©e par le cinĂ©aste, la deuxiĂšme partie de sa « Trilogie de l’Apocalypse », celle-ci ayant Ă©tĂ© entamĂ©e en 1982 avec The Thing[51]. La critique se montre Ă  nouveau dĂ©favorable[69], le film obtenant tout de mĂȘme un succĂšs modĂ©rĂ© en salles[70]. Un an plus tard, il remporte le prix de la critique au Festival d’Avoriaz.

Toujours en 1988, Carpenter revient à la science-fiction avec Invasion Los Angeles, un film dont le scénario de Frank Armitage (alias John Carpenter, le cinéaste ayant emprunté ce pseudonyme à un personnage du romancier H.P. Lovecraft[71]) s'inspire de la nouvelle Les Fascinateurs (Eight O'Clock in the Morning) de Ray Faraday Nelson.

Pour la premiĂšre fois de sa carriĂšre, le cinĂ©aste tient un propos ostensiblement politique, Invasion Los Angeles Ă©tant une critique acerbe de l’AmĂ©rique reaganienne[71] - [72]. Les Ă©lites (principalement les classes sociales aisĂ©es, les prĂ©sentateurs de tĂ©lĂ©vision, les membres du gouvernement et les reprĂ©sentants des forces de l’ordre) y sont reprĂ©sentĂ©es, au sens propre, comme des extra-terrestres qui asservissent la population via les mĂ©dias et la publicitĂ©, ces derniers diffusant en fait des messages subliminaux tels que « ObĂ©issez », « Regardez la tĂ©lĂ©vision » ou « Consommez »[72]. MalgrĂ© des rĂ©sultats honnĂȘtes au box-office[73], Invasion Los Angeles est une nouvelle fois mal accueilli par la presse[64], mais il dĂ©croche tout de mĂȘme deux nominations aux Saturn Awards, dans les catĂ©gories Meilleur film de science-fiction et Meilleure musique.

Années 1990 et déclin commercial

À la suite de ces deux tournages successifs, John Carpenter rompt d’un commun accord le contrat le liant Ă  Alive Films[67]. Sa carriĂšre semble alors au point mort. N’ayant plus de projet pour rĂ©aliser des films Ă  petit budget, il finit par accepter une proposition de l’acteur Chevy Chase au dĂ©but des annĂ©es 1990. Ce dernier souhaite en effet relancer sa carriĂšre en tenant le rĂŽle principal dans un film de science-fiction, le script racontant les pĂ©ripĂ©ties d’un homme d’affaires devenu invisible par accident.

FinancĂ© par une « major » d’Hollywood et par Chevy Chase lui-mĂȘme, le film est entiĂšrement dĂ©volu Ă  l’acteur, et Carpenter n’a pas donc pas la mainmise sur la rĂ©alisation[n 6]. Initialement, c’est d’ailleurs Ivan Reitman, le rĂ©alisateur de Ghostbusters, qui Ă©tait pressenti pour tourner le long-mĂ©trage[74]. AprĂšs avoir vu Starman, Chase avait toutefois insistĂ© pour engager Carpenter. Sorti dĂ©but 1992, Les Aventures d'un homme invisible est un « flop » critique et financier[75] - [76]. Carpenter n’en a pas Ă©crit le scĂ©nario et n’en a pas composĂ© la musique, mais pour la premiĂšre fois de sa carriĂšre il a utilisĂ© les effets spĂ©ciaux numĂ©riques.

L'annĂ©e suivante, Carpenter revient au petit Ă©cran avec Petits cauchemars avant la nuit, un tĂ©lĂ©film composĂ© de trois sketches dont deux qu'il rĂ©alise lui-mĂȘme. Il s'agissait au dĂ©part d'un pilote de sĂ©rie que dĂ©sirait produire la chaĂźne cĂąblĂ©e Showtime, mais le projet fut finalement abandonnĂ©. John Carpenter y joue le rĂŽle d'un mĂ©decin lĂ©giste Ă©trange, apparaissant au dĂ©but et Ă  la fin du tĂ©lĂ©film pour prĂ©senter les histoires, un peu Ă  la maniĂšre du gardien des Contes de la crypte.

L’Antre de la folie est l’un des rares films dont le scĂ©nario fait explicitement rĂ©fĂ©rence Ă  l’Ɠuvre de Lovecraft.

En 1994, Carpenter retrouve le cinĂ©ma indĂ©pendant avec L'Antre de la folie, un film d'horreur fantastique dont le scĂ©nario de Michael De Luca s’inspire de l’univers de H. P. Lovecraft et, dans une moindre mesure, de celui de Stephen King. De Luca avait proposĂ© son script au rĂ©alisateur dĂšs 1988, mais celui-ci l’avait refusĂ© car il l’estimait trop complexe Ă  adapter Ă  l’écran. La persĂ©vĂ©rance du scĂ©nariste et les quelques annĂ©es de rĂ©flexion que s’est accordĂ© Carpenter l’ont finalement convaincu de mettre en scĂšne le film[77].

Dernier volet de la Trilogie de l’Apocalypse[51], L’Antre de la folie est un film trĂšs personnel dans la filmographie de Carpenter, celui-ci livrant un vĂ©ritable hommage aux Ă©crits de Lovecraft, dont il est un grand admirateur[64] - [78]. Le cinĂ©aste reprend le poste de compositeur, alors qu’il collabore pour la deuxiĂšme fois avec l’acteur Sam Neill, lequel interprĂ©tait l’un des rĂŽles-titres dans Les Aventures d’un homme invisible.

Aux États-Unis, le film n’est ni un succĂšs critique[79], ni un succĂšs public[80]. Il dĂ©croche toutefois deux nominations aux Saturn Awards (dans les catĂ©gories meilleur film et meilleur maquillage), tandis que Carpenter remporte le prix de la critique au Fantasporto (le festival du film fantastique de Porto, au Portugal), oĂč le film Ă©tait Ă©galement en lice pour le prix du meilleur long-mĂ©trage. Comme The Thing ou Jack Burton, L’Antre de la folie s’érigera au fil des annĂ©es au rang de film culte[81]. Il permet Ă©galement Ă  Carpenter d’obtenir de nouveau l’appui des studios pour ses futures productions[66].

Ainsi, dĂšs 1995, le cinĂ©aste met en scĂšne Le Village des damnĂ©s, un remake du film du mĂȘme nom de Wolf Rilla, qui Ă©tait tirĂ© du roman de John Wyndham Les Coucous de Midwich. Le projet est financĂ© par Universal Pictures, une major avec laquelle Carpenter n’avait pas collaborĂ© depuis The Thing, en 1982. MalgrĂ© un important budget de production et une distribution composĂ©e d’acteurs qui ont dĂ©jĂ  fait leur preuve, le film est un Ă©chec en salles[82]. Les critiques sont Ă©galement dĂ©favorables[83], le film recevant par ailleurs une nomination au prix du plus mauvais remake Ă  la cĂ©rĂ©monie des Razzie Awards[84].

L’annĂ©e 1996 marque le retour sur les Ă©crans du personnage de Snake Plissken dans Los Angeles 2013. DĂšs 1985, Carpenter avait commandĂ© une premiĂšre version du script, mais il l’avait rejetĂ© en raison de son traitement trop « kitsch ». L'intĂ©rĂȘt pour la rĂ©alisation d’une suite est ravivĂ© par les Ă©meutes et le tremblement de terre qui ont frappĂ© Los Angeles en 1992 et en 1994[85]. En insistant pour reprendre le rĂŽle de Plissken, qui est l’un de ses personnages favoris, Kurt Russell a aussi grandement contribuĂ© Ă  la rĂ©alisation du projet[86]. En plus de rĂ©endosser le rĂŽle, l’acteur officie en tant que producteur, alors qu’il co-Ă©crit le scĂ©nario avec Carpenter et Debra Hill.

FinancĂ© par la sociĂ©tĂ© Paramount Pictures pour une somme colossale (prĂšs de cinquante millions de dollars[87]), Los Angeles 2013 est boudĂ© par la critique, qui lui reproche de ne pas suffisamment se dĂ©marquer de New York 1997, ou simplement d’en ĂȘtre qu'un « remake dĂ©guisĂ© »[64] - [88]. Le film enregistre en outre de mĂ©diocres rĂ©sultats au box-office[89].

En 1998, Carpenter se voit proposer un nouveau projet : Vampires, dont le scĂ©nario est inspirĂ© du roman Vampire$ de John Steakley. Voyant l’opportunitĂ© d’en faire un western moderne plutĂŽt qu’un film de vampires traditionnel Ă  l’ambiance gothique[59], le cinĂ©aste dĂ©cide de prendre en main la rĂ©alisation. Il signe aussi la bande originale, et engage James Woods dans le rĂŽle de Jack Crow, un mercenaire mandatĂ© par le Vatican pour exterminer les « nids » de vampires.

Vampires sort en salles en fin d’annĂ©e et dĂ©marre en trombe au box-office[90]. Se heurtant Ă  des critiques mitigĂ©es[91], il obtient cependant cinq nominations aux Saturn Awards et en ressort avec trois rĂ©compenses[92], incluant le prix du Meilleur acteur pour James Woods, celui du Meilleur maquillage et de la Meilleure musique.

DerniÚres réalisations

John Carpenter, en 2001.

Le succĂšs de Vampires encourage Carpenter Ă  poursuivre sa carriĂšre de metteur en scĂšne. Quelques annĂ©es plus tard, en 2001, le cinĂ©aste est dĂ©jĂ  de retour avec Ghosts of Mars, un film de science-fiction dont l’action se dĂ©roule sur Mars. Carpenter, qui n’avait pas situĂ© l’action d’un film ailleurs que sur Terre depuis Dark Star, en 1974, compose la bande originale et participe Ă  l’écriture du scĂ©nario. Sorti aux États-Unis durant l’étĂ© 2001, Ghosts of Mars partage fortement la critique et les spectateurs[59] - [93]. De surcroĂźt, c’est un Ă©chec commercial[94].

ÉpuisĂ© par le tournage et déçu par le score de son film au box-office, Carpenter dĂ©clare qu’il compte quitter Hollywood pour de bon[95].

AprĂšs la sortie de Ghosts of Mars, le rĂ©alisateur s'accorde donc une longue pause, ne repassant derriĂšre la camĂ©ra qu'en 2005 pour filmer un Ă©pisode de la premiĂšre saison de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Les MaĂźtres de l'horreur, intitulĂ© La Fin absolue du monde (Cigarette Burns). PrĂ©sentant des similitudes scĂ©naristiques avec L'Antre de la folie, cet Ă©pisode est considĂ©rĂ© comme l'un des plus rĂ©ussis de la sĂ©rie[96] - [97]. L’annĂ©e d’aprĂšs, il renouvelle l’expĂ©rience dans le cadre de la deuxiĂšme saison en rĂ©alisant l'Ă©pisode PiĂ©gĂ©e Ă  l'intĂ©rieur (Pro-Life), qui est beaucoup moins bien accueilli[98] - [99].

John Carpenter ne revient au grand Ă©cran que plusieurs annĂ©es aprĂšs, en 2010, soit presque dix ans aprĂšs la sortie de son dernier long-mĂ©trage. Son nouveau film, The Ward, est une production indĂ©pendante dont le casting est presque exclusivement fĂ©minin, comprenant entre autres Amber Heard. À cette occasion, Carpenter revient Ă  un genre qu’il affectionne particuliĂšrement : l'horreur. The Ward est prĂ©sentĂ© dans le cadre du Festival international du film de Toronto, mais il n’est diffusĂ© en salles qu’à partir de 2011[100]. Il faut attendre le mois de juillet pour qu’il soit distribuĂ© aux États-Unis, alors que certains pays (dont la France) ne sont limitĂ©s qu’à une sortie en DVD[100]. MĂȘme si le retour de Carpenter Ă©tait attendu de longue date, le film n’est pas bien accueilli par la critique, qui juge The Ward comme Ă©tant dĂ©cevant et loin des « classiques » du cinĂ©aste[101].

Projets annoncés et carriÚre musicale

En 2010 toujours, deux nouveaux projets de rĂ©alisation ont Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©s pour Carpenter : Fangland et Darkchylde[102] - [103]. Le premier consisterait en une adaptation d’un roman Ă©crit par John Marks, dont l’histoire est centrĂ©e sur les vampires. Hilary Swank y interprĂšterait le rĂŽle principal. Le second serait Ă©galement une adaptation, d’un comics cette fois. Le site premiĂšre a publiĂ© cette derniĂšre information quelques jours aprĂšs que Carpenter a subi une attaque cardiaque lors d’une sĂ©ance de dĂ©dicaces, dans le cadre d’une convention sur le cinĂ©ma fantastique en Floride[103]. D’aprĂšs le site, le cinĂ©aste s’en est toutefois bien remis avant d’entamer la promotion de The Ward.

Sacred Bones Records a édité chacun des albums de John Carpenter.

D’autres projets ont Ă©galement Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s, comme l’adaptation du jeu vidĂ©o Dead Space dont le scĂ©nario n’est pas sans rappeler celui de The Thing[104] - [n 7]. Par ailleurs, Carpenter a lui-mĂȘme dĂ©clarĂ© fin 2011 qu’il Ă©tait en train de travailler sur un western gothique, un genre qu’il souhaite mettre en scĂšne depuis ses dĂ©buts en tant que cinĂ©aste[105].

Si les projets de rĂ©alisation se sont succĂ©dĂ© depuis la sortie de The Ward, John Carpenter semble nĂ©anmoins avoir mis sa carriĂšre de cinĂ©aste entre parenthĂšses pour se consacrer essentiellement Ă  la musique. En , il annonce en effet la sortie prochaine de son premier album studio, intitulĂ© Lost Themes[106]. Pour la rĂ©alisation de cet album, Carpenter est assistĂ© de son fils Cody et de son filleul Daniel Davies, tous trois officiant en tant que musicien, compositeur et ingĂ©nieur du son. Lost Themes, qui propose neuf titres originaux, sort le aux États-Unis et le en France[107] - [108]. Il est accueilli avec enthousiasme par la critique, celle-ci notant notamment que l’omniprĂ©sence des synthĂ©tiseurs, la tension et l’ambiance trĂšs « annĂ©es 1980 » qui se dĂ©gagent des morceaux rappellent les musiques composĂ©es par Carpenter pour le cinĂ©ma[109].

Quelques mois plus tard, Carpenter annonce via son compte Facebook qu’il effectuera en 2016 une petite tournĂ©e pour promouvoir la sortie de Lost Themes, ainsi que la sortie d’un deuxiĂšme album[110]. En parallĂšle, il collabore avec Jean-Michel Jarre sur le morceau A Question Of Blood, qui figure sur l'album Electronica 1: The Time Machine[111].

Le paraĂźt Lost Themes II[112]. RĂ©alisĂ© par une Ă©quipe qui est restĂ©e inchangĂ©e (John Carpenter est toujours secondĂ© par son fils Cody et Daniel Davies), l’album, qui inclut cette fois onze pistes, fait Ă  nouveau l’unanimitĂ© auprĂšs de la critique. Le jugeant plus harmonieux, plus simple et plus inspirĂ©, elle estime mĂȘme qu’il est supĂ©rieur Ă  l’album original[112].

Le mois suivant, le rĂ©alisateur, accompagnĂ© de son fils et de quatre autres musiciens, entame une tournĂ©e mondiale dont le premier concert est programmĂ© le , Ă  Los Angeles. La bande se produit ensuite Ă  Seattle et New-York, notamment, avant de se rendre en Europe oĂč de nombreuses dates sont prĂ©vues, comme Ă  Barcelone, Copenhague, Londres, Vienne, Dublin et Ă©galement Ă  Paris. John Carpenter a rĂ©alisĂ© sa performance dans la capitale française le , sur la scĂšne du Grand Rex. D’aprĂšs Philippe Guedj, journaliste au Point, les 2 600 personnes prĂ©sentes Ă  l’évĂ©nement ont rĂ©servĂ© un « accueil de rock star » au cinĂ©aste[113].

Carpenter et sa bande, lors d'une performance live en 2016.

AprĂšs la sortie de ces deux albums et la tournĂ©e mondiale pour faire la promotion de Lost Themes II, 2017 est Ă  nouveau une annĂ©e chargĂ©e pour John Carpenter. Ce dernier s’attelle effectivement Ă  la rĂ©alisation d’un troisiĂšme album studio, Anthology: Movie Themes 1974-1998, dont la sortie est prĂ©vue le [114]. ÉditĂ©, comme les deux prĂ©cĂ©dents, par le label indĂ©pendant Sacred Bones Records, cet album est une compilation de treize thĂšmes de film composĂ©s et rĂ©enregistrĂ©s par John Carpenter, son fils Cody et son filleul Daniel Davis. On retrouve notamment les thĂšmes principaux d’Assaut, Halloween, Fog, Christine, New York 1997, et Ă©galement ceux de The Thing et Starman, qui, Ă  l’origine, n’avaient pas Ă©tĂ© composĂ©s par Carpenter.

Pour accompagner la sortie de l’album, le cinĂ©aste a rĂ©alisĂ© un clip illustrant le thĂšme de Christine. On y aperçoit une Plymouth Fury de couleur rouge sillonnant les rues de Los Angeles, de nuit, avant de prendre en chasse une jeune femme dont la voiture est tombĂ©e en panne. Ce clip, qui fait directement Ă©cho au film mis en scĂšne par Carpenter en 1983, a Ă©tĂ© l’occasion pour lui de repasser derriĂšre la camĂ©ra pour la premiĂšre fois depuis sept ans, et la sortie de The Ward[115].

À partir du , le rĂ©alisateur dĂ©bute une nouvelle tournĂ©e aux États-Unis et au Canada. Une quinzaine de dates sont prĂ©vues, rĂ©parties sur trois semaines[116].

Entre-temps, Carpenter a rĂ©vĂ©lĂ© qu’il participera au dĂ©veloppement d’un nouveau film de la franchise Halloween, en tant que producteur dĂ©lĂ©guĂ©. Cependant, dans une interview accordĂ©e Ă  Comingsoon.net, le producteur principal du film, Jason Blum, a prĂ©cisĂ© que le rĂŽle de Carpenter va bien au-delĂ  : « À chaque fois que nous prenons une dĂ©cision importante sur le plan crĂ©atif, il est impliquĂ©, et nous ne faisons rien sans sa bĂ©nĂ©diction »[117]. Le rĂ©alisateur a ensuite confirmĂ© qu’il composera Ă©galement la musique de ce nouvel opus, indiquant qu'il se penchera soit sur la crĂ©ation d'un nouveau thĂšme, soit sur une adaptation de l’ancien, ou simplement sur une combinaison des deux[118]. Halloween, qui marquera le retour de Jamie Lee Curtis dans le rĂŽle de Laurie Strode, sortira aux États-Unis le pour coĂŻncider avec les quarante ans de la sortie de Halloween, premier du nom.

Il sort Lost Themes III: Alive After Death en février 2021.

Style

L’Ɠuvre de Howard Hawks (ici en compagnie de Lauren Bacall) a considĂ©rablement influencĂ© John Carpenter.

CinĂ©phile dĂšs son plus jeune Ăąge, John Carpenter voue une grande admiration aux films d’épouvante et Ă  la littĂ©rature fantastique. TrĂšs influencĂ© par le cinĂ©ma des annĂ©es 1950, il estime que la mise en scĂšne doit rester « invisible », Ă©tant uniquement au service de l’histoire qu’il a choisi de raconter[64]. Ses films se caractĂ©risent ainsi par des scĂ©narios et une rĂ©alisation Ă©purĂ©s, une musique minimaliste, la recherche constante d’une efficacitĂ© absolue de la narration, des montages limpides[119].

FormĂ© Ă  l'art de la sĂ©rie B, Carpenter a rĂ©alisĂ© la majeure partie de ses longs-mĂ©trages dans le cocon du cinĂ©ma indĂ©pendant, tournant souvent avec des budgets trĂšs minces. TrĂšs vite, il s’est distinguĂ© en mettant en scĂšne des films d'horreur, de science-fiction et des films fantastiques, y apportant un style trĂšs personnel, fondĂ© notamment sur le minimalisme de son travail[120].

John Carpenter se dĂ©finit comme un metteur en scĂšne qui se fie Ă  son instinct et Ă  ses intuitions[121] - [122]. Il s’identifie beaucoup au style d’Howard Hawks, qu’il considĂšre comme son maĂźtre Ă  penser. D’aprĂšs lui, Hawks se reposait entiĂšrement sur ses intuitions, au contraire d’Alfred Hitchcock qui avait pour habitude d'Ă©laborer chaque plan de tournage Ă  l’avance. Carpenter voit ainsi Hitchcock comme un rĂ©alisateur « glacial », dont les scĂšnes de suspense sont dĂ©pourvues de surprise.

« Tout penser en amont, tout prĂ©voir Ă  l’avance dĂ©truit cette part de spontanĂ©itĂ© qui joue un rĂŽle capital dans l’art de la mise en scĂšne[121]. »

— John Carpenter

Le plus grand dĂ©fi que s’impose John Carpenter est de rester « invisible » ; il dĂ©termine ainsi la meilleure façon de tourner une scĂšne d’aprĂšs l’environnement. En amont d’un tournage, il visualise les scĂšnes « avec son propre regard ». Il place ensuite sa camĂ©ra Ă  l’endroit qui constitue selon lui le meilleur point de vue, afin de capter au mieux les Ă©motions des personnages et l’intensitĂ© des scĂšnes[123].

Écriture des scĂ©narios

Carpenter se considĂšre comme un mauvais scĂ©nariste, et ce bien qu’il ait Ă©crit les histoires de la majoritĂ© de ses films. Il avoue dĂ©tester le processus d’écriture, d’autant qu’il a travaillĂ© sur de nombreux scĂ©narios au cours de sa carriĂšre, notamment pendant la pĂ©riode qui a prĂ©cĂ©dĂ© le tournage d’Assaut. Selon ses dires, il s’agit d’un exercice « Ă©pouvantable »[124]. Carpenter a ainsi l’habitude d’écrire ses scĂ©narios en un temps record, souvent en collaboration avec un partenaire, comme Debra Hill. Le duo a bouclĂ© le script d’Halloween en huit jours, et celui de Fog en deux semaines[36]. AprĂšs que le projet Eyes a Ă©tĂ© pris en charge par la sociĂ©tĂ© Columbia Pictures, Carpenter a rĂ©digĂ© le scĂ©nario d’Assaut en huit jours Ă©galement[125].

John Carpenter cherche Ă  Ă©purer au maximum ses scĂ©narios, de maniĂšre Ă  ne pas les encombrer avec des Ă©lĂ©ments qui ne sont pas nĂ©cessaires Ă  l’histoire. Pour lui, avant d’ĂȘtre adaptĂ© Ă  l’écran, un script doit ĂȘtre « bref et rapide »[126]. Le rĂ©alisateur confesse que ses personnages sont assez stĂ©rĂ©otypĂ©s, Ă©tant issus de « lĂ©gendes ou de fantasmes ». Ils disent gĂ©nĂ©ralement ce qu’ils pensent et ont tendance Ă  prendre les choses au sĂ©rieux, ce qui, d’aprĂšs Carpenter, n’est pas rĂ©aliste car dans la vie de tous les jours les gens passent leur temps Ă  se mentir.

Pour Ă©crire ses dialogues, Carpenter s’inspire Ă  la fois des films qu’il a vus et de ses propres expĂ©riences sociales. À travers les rĂ©pliques, il dĂ©sire donner une cadence au scĂ©nario. Carpenter rĂ©Ă©crit trĂšs souvent les dialogues, dans le but de trouver des phrases qui « sonnent bien ». Pour lui, l’important n’est pas d’écrire des rĂ©pliques rĂ©alistes, mais de faire croire au public que celles-ci peuvent ĂȘtre rĂ©ellement prononcĂ©es.

Le plus souvent, Carpenter adapte Ă  l’écran ses propres scĂ©narios, mais cela ne lui pose pas de problĂšme de travailler sur des histoires Ă©crites par un tiers. Au contraire : considĂ©rant que le mĂ©tier de metteur en scĂšne est trĂšs distinct de celui de scĂ©nariste, il trouve intĂ©ressant de transposer Ă  l’écran un script qu’il n’a pas rĂ©digĂ© lui-mĂȘme, car cela lui permet d’aborder la mise en scĂšne « sans prĂ©conception de la sĂ©quence Ă  tourner »[127].

La plupart du temps, Carpenter nomme ses protagonistes d’aprĂšs des personnes qu’il a rĂ©ellement connues. Pour lui, c’est un moyen efficace de gagner du temps pendant l’écriture d’un script car, de toute maniĂšre, les premiers noms qui viennent Ă  l’esprit sont souvent clichĂ©s. De fait, le Ben Tramer mentionnĂ© dans Halloween n’est autre qu’un ancien camarade d’école du rĂ©alisateur, alors que le personnage interprĂ©tĂ© par Jamie Lee Curtis dans Fog est nommĂ© d’aprĂšs le nom de sa premiĂšre petite amie, Elizabeth Solley[2]. Dans New-York 1997, Lee Van Cleef joue le rĂŽle de Bob Hauk, qui est le nom du professeur de mathĂ©matiques que Carpenter avait au lycĂ©e.

En , il dit :

« J'ai injecté une bonne partie de mes peurs dans mes films[128]. »

Direction des acteurs

John Carpenter a apprĂ©ciĂ© sa collaboration avec Sam Neill, qu’il considĂšre comme « son » genre d’acteur.

John Carpenter choisit ses acteurs de maniĂšre instinctive, en fonction d’abord de leur apparence. Ensuite, il cherche Ă  connaĂźtre leur capacitĂ© en tant que comĂ©diens, l’étendue de ce qu’ils sont capables d’interprĂ©ter Ă  l’écran. Carpenter souhaite Ă©galement Ă©tablir des liens et dĂ©couvrir leurs motivations pour jouer dans son film. Il travaille intuitivement avec les acteurs afin que leur jeu soit le plus spontanĂ© possible. Sur un plateau, il se considĂšre Ă  la fois comme un psychologue, un gĂ©nĂ©ral et un chef d’orchestre, mais par-dessus tout comme une figure paternelle qui se doit d’aider et de mettre en confiance ses comĂ©diens[129].

Carpenter apprĂ©cie les acteurs qui aiment leur personnage et qui peuvent s’identifier Ă  eux, ceux qui connaissent leur rĂ©plique et qui abordent leur travail sans prĂ©tention. Selon lui, Kurt Russell, Sam Neill, Jeff Bridges et James Woods font partie de ce genre d’acteur[130].

Le cinĂ©aste donne quelques directives Ă  ses comĂ©diens mais les laisse gĂ©nĂ©ralement libres de s’exprimer. Avec son Ă©quipe technique, Carpenter agit de la mĂȘme maniĂšre : il souhaite avant tout qu’ils donnent le meilleur d’eux-mĂȘmes, et non qu’ils se contentent d’exĂ©cuter ses ordres[131]. Il reste trĂšs ouvert aux suggestions. Par exemple, le port d’un bandeau sur l’Ɠil gauche de Snake Plissken est une idĂ©e que Kurt Russell a suggĂ©rĂ©e Ă  Carpenter[132].

Tournage

John Carpenter a tournĂ© un grand nombre de films pour le compte du cinĂ©ma indĂ©pendant. En raison de ses budgets limitĂ©s, il a parfois dĂ» composer avec des dĂ©lais serrĂ©s et rĂ©aliser des sĂ©quences dans des conditions trĂšs difficiles. Les prises de vues pour Assaut et Halloween ont ainsi Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es en seulement une vingtaine de jours, alors que celles de Fog, de New York 1997 et de Prince des tĂ©nĂšbres ont Ă©tĂ© bouclĂ©es en seulement quelques semaines. Durant la production d’Assaut, Carpenter a mĂȘme Ă©tĂ© contraint Ă  un moment donnĂ© de tourner non-stop pendant vingt quatre heures de suite en raison de ses contraintes budgĂ©taires[133]. Il avoue toutefois que l’expĂ©rience la plus Ă©prouvante reste le tournage du tĂ©lĂ©film Le Roman d’Elvis. Budget oblige, la chaĂźne finançant le projet a imposĂ© Ă  Carpenter de mettre en boĂźte trois heures de film en trente jours, avec quatre vingt lieux de tournage diffĂ©rents[134].

MĂȘme si les petits budgets l’ont parfois obligĂ© Ă  Ă©laborer Ă  l’avance ses plans de tournage, Carpenter prend la majeure partie du temps ses dĂ©cisions sur le vif, de maniĂšre instinctive. Du coup, il refuse de passer par l’étape du storyboard avant de tourner une sĂ©quence : « Bien sĂ»r qu’il faut planifier un film, surtout lorsque vous travaillez sur un gros budget [
] Mais j’ai arrĂȘtĂ© de storyboarder mes sĂ©quences. C’est une perte de temps. J’ai appris Ă  conserver la spontanĂ©itĂ© du moment »[125]. L’une des seules exceptions reste la scĂšne du marchand de glace dans Assaut : Carpenter en a dessinĂ© lui-mĂȘme tous les plans en amont du tournage[133]. Concernant les rĂ©pĂ©titions avec les acteurs, le cinĂ©aste y consacre tout au plus deux semaines[135].

Carpenter apprĂ©cie de travailler en studio, car tout peut y ĂȘtre contrĂŽlĂ©. Cependant, il estime que les tournages en extĂ©rieur « apportent quelque chose d’autre au jeu des acteurs » et aux scĂšnes[136]. Carpenter a rĂ©alisĂ© la plupart de ses films en dĂ©cors naturels. Assaut, Christine, Prince des tĂ©nĂšbres et Invasion Los Angeles ont Ă©tĂ© tournĂ©s presque exclusivement dans la ville de Los Angeles et dans sa proche banlieue. Vampires a Ă©tĂ© tournĂ© au Nouveau-Mexique et L’Antre de la folie dans la rĂ©gion de l’Ontario, au Canada. Pour The Thing, une partie des sĂ©quences a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en studio tandis que d’autres ont Ă©tĂ© tournĂ©es en Colombie-Britannique.

Polyvalence

Tout au long de sa carriĂšre, John Carpenter s’est battu pour obtenir le contrĂŽle artistique de ses films, le fameux final cut. Cela a Ă©tĂ© rendu possible grĂące Ă  sa collaboration avec le cinĂ©ma indĂ©pendant, qui accorde gĂ©nĂ©ralement une certaine libertĂ© aux rĂ©alisateurs Ă©tant donnĂ© que les budgets allouĂ©s sont nettement plus faibles que ceux accordĂ©s par les grandes sociĂ©tĂ©s de production[137].

Ce dĂ©sir de contrĂŽle induit que, sur le plan crĂ©atif, John Carpenter est un rĂ©alisateur « touche Ă  tout ». Il a cumulĂ© les fonctions les plus importantes sur quasiment tous ses films : metteur en scĂšne, scĂ©nariste, acteur, compositeur et producteur. Sur Assaut, il a mĂȘme assurĂ© le montage. The Ward reste le seul film sur lequel Carpenter n’a pas officiĂ© Ă  un autre poste que celui de rĂ©alisateur.

Image

Visuellement, les films de John Carpenter se caractĂ©risent par un Ă©clairage et une photographie minimalistes, des travellings lents et des camĂ©ras statiques. À partir d’Assaut, il a tournĂ© tous ses longs-mĂ©trages en 2,35:1, soit le format le plus large disponible[138].

La premiĂšre scĂšne d’Halloween a Ă©tĂ© tournĂ©e intĂ©gralement avec le steadicam.

John Carpenter est reconnu pour sa grande maĂźtrise technique, qui lui permet d’installer et de faire monter la tension chez le spectateur[64]. Souvent, il parvient Ă  crĂ©er cette tension en jouant sur les anticipations. Par exemple, lorsqu’il filme une piĂšce vide, il provoque un sentiment d’apprĂ©hension, car au cinĂ©ma le vide n’est pas naturel et renvoie Ă  une situation anormale. Dans The Thing, la station scientifique, vide, est filmĂ©e plusieurs fois Ă  travers de longs plans fixes, conduisant le spectateur Ă  anticiper que quelque chose va se produire. Dans Halloween, Fog et L’Antre de la folie, le mĂȘme genre de plan est utilisĂ© pour filmer les villes dĂ©sertes[139].

Carpenter pose ce sentiment de tension dĂšs le dĂ©but de ses films ; ensuite, il ne cesse de le dĂ©velopper, jusqu’à lui faire atteindre son paroxysme dans la sĂ©quence finale, qui est souvent le thĂ©Ăątre de l’affrontement entre le personnage principal et l’antagoniste de l’histoire : Laurie Strode et Michael Myers dans Halloween, la population d’Antonio Bay et les fantĂŽmes dans Fog, MacReady et la « Chose » dans The Thing[119]. Carpenter joue beaucoup avec les mouvements de camĂ©ra, les cadrages et l’utilisation de la bande sonore, ce qui est le cas en particulier dans Halloween oĂč le tueur ne cesse d’apparaĂźtre dans chaque coin de l’image, Ă  l’arriĂšre et Ă  l’avant-plan[120].

HabituĂ© aux plans fixes, Carpenter est aussi un amateur des tournages en plan-sĂ©quence. Il utilise ce procĂ©dĂ© dans deux films en particulier : Halloween et New York 1997. Dans le premier, la scĂšne d’ouverture, qui adopte le point de vue du tueur, est un long plan (en fait, il s’agit de deux plans qui ont Ă©tĂ© raccordĂ©s a posteriori) tournĂ© entiĂšrement en camĂ©ra subjective, avec le steadicam[140]. Dans le second, l’une des sĂ©quences initiales, celle oĂč Snake Plissken est escortĂ© par les policiers Ă  l’intĂ©rieur du pĂ©nitencier, est Ă©galement tournĂ©e en plan-sĂ©quence[141].

L’une des techniques incontournables utilisĂ©es par Carpenter est celle qu’il nomme la « cheap scare » (littĂ©ralement, la peur pas cher), qui consiste Ă  faire apparaĂźtre un objet ou une personne de maniĂšre soudaine dans le champ pour effrayer le spectateur[142]. Ce procĂ©dĂ© de mise en scĂšne, souvent intensifiĂ© avec la musique, est notamment employĂ© dans Halloween, Fog, The Thing et Prince des tĂ©nĂšbres. Dans The Thing, par exemple, un chien bondit subitement sur le personnage de Clark alors que celui-ci s’approche du chenil oĂč la « Chose » est en train de prendre forme[143]. Le hors-champ et la suggestion figurent Ă©galement parmi ses techniques rĂ©currentes, comme dans Fog oĂč la plupart des meurtres perpĂ©trĂ©s par les fantĂŽmes sont invisibles pour le spectateur car dissimulĂ©s par la brume[119] - [144].

Une autre constante dans l’Ɠuvre « carpentĂ©rienne » est le cadre d’action des films, lesquels se dĂ©roulent gĂ©nĂ©ralement de nuit. Les scĂšnes en voiture et en hĂ©licoptĂšre sont frĂ©quentes, de mĂȘme que la mise en scĂšne de transformations corporelles et l’utilisation des effets visuels[142].

Musique

« Je travaille instinctivement, et c'est particuliÚrement vrai au plan musical, cela n'a rien d'intellectuel, c'est seulement trÚs émotionnel. J'improvise presque tout, et cela surgit instinctivement du musicien qui sommeille en vous. C'est aussi une forme d'expression non littéraire. La musique occupe une grande place dans ma vie, et j'ai seulement trouvé préférable de composer personnellement les bandes originales de mes films. »[145]
— John Carpenter
Le synthĂ©tiseur est l’instrument de prĂ©dilection de John Carpenter.

À l'exception de The Thing, Starman, Les Aventures d’un homme invisible et The Ward[n 8], John Carpenter a toujours composĂ© la musique des films qu'il a rĂ©alisĂ©s. Parfois en collaboration avec Alan Howarth, Shirley Walker, Dave Davies ou Jim Lang. Selon le cinĂ©aste, une fois qu’un film est montĂ©, la musique constitue la « couche d’émotion pure » Ă  ajouter[145]. Aussi prĂ©fĂšre-t-il composer lui-mĂȘme la bande originale de ses longs-mĂ©trages, car, selon lui, il s’agit de « la forme d’expression artistique la plus directe ». Carpenter avoue cependant ĂȘtre incapable d’écrire la moindre note de musique, bien qu’il sache en jouer.

La musique est un Ă©lĂ©ment incontournable des films de Carpenter. Elle a beaucoup contribuĂ© Ă  sa notoriĂ©tĂ© et Ă  l’ambiance horrifique de ses longs-mĂ©trages. Le succĂšs d’Halloween, par exemple, est souvent attribuĂ© Ă  sa bande originale[146]. À ce propos, le cinĂ©aste dĂ©clare : « Je crois que l'aspect rĂ©pĂ©titif et minimaliste de la mĂ©lodie a permis d'accroĂźtre la tension des images »[145].

Carpenter compose ses bandes originales en improvisant, il ne travaille jamais la musique avant que le film ne soit entiĂšrement montĂ©[147]. Ses compositions sont reconnaissables Ă  leurs thĂšmes simples et Ă  leurs rythmiques minimalistes. John Carpenter dĂ©finit ainsi son style musical comme de « l’anti John Williams », dont les thĂšmes sont bien plus lyriques et plus complexes[148].

Le cinĂ©aste compose le plus souvent ses bandes originales au synthĂ©tiseur. Dans ses premiers films, notamment Assaut, Halloween et Fog, mais aussi dans Prince des tĂ©nĂšbres, John Carpenter a Ă©laborĂ© des thĂšmes rĂ©pĂ©titifs et facilement identifiables, exclusivement avec cet instrument, en y ajoutant des accompagnements au piano[149]. Pour ses films d’action, comme New York 1997, Jack Burton et Vampires, il a composĂ© une musique plus « westernienne » faisant appel Ă  d’autres instruments, par exemple des guitares Ă©lectriques. Dans Invasion Los Angeles, la sĂ©quence d’ouverture est accompagnĂ©e d’un blues typique des westerns, interprĂ©tĂ© Ă  l’harmonica[150]. Pour L’Antre de la folie, Carpenter a de nouveau composĂ© une bande originale aux accents rock, Ă  l’aide de guitares Ă©lectriques, alors que pour Ghosts of Mars il a composĂ© une musique inspirĂ©e du heavy metal[151].

Au dĂ©but de sa carriĂšre, John Carpenter a composĂ© ses bandes originales sur des synthĂ©tiseurs primitifs. À partir de 1985, lors de la production de Jack Burton, il a eu Ă  sa disposition un matĂ©riel plus moderne qui lui a permis de signer des partitions plus Ă©laborĂ©es[147]. Parfois, avant de composer, Carpenter cherche l’inspiration en Ă©coutant des bandes originales de films. Il cite Bernard Herrmann et Ennio Morricone comme ses deux plus grandes influences : « L’habiletĂ© d’Herrmann Ă  crĂ©er un score imposant et puissant avec un orchestre limitĂ© et en utilisant le son d’un instrument en particulier, est impressionnante »[149].

Effets spéciaux

La majorité des scÚnes de New York 1997 a été tournée dans la ville de Saint-Louis, dans le Missouri.

La filmographie de John Carpenter est marquĂ©e par un usage intensif des effets visuels. Le cinĂ©aste avoue qu’il en est friand, car « ils rendent le film plus effrayant, lui donnent un aspect Ă©trange »[122].

En raison de ses maigres budgets, Carpenter a souvent confectionnĂ© ses effets spĂ©ciaux de maniĂšre artisanale, sans faire appel Ă  des sociĂ©tĂ©s spĂ©cialisĂ©es. À titre d’exemple, dans Fog, certaines sĂ©quences mettant en scĂšne le brouillard ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es en superposant un plan oĂč de la fumĂ©e a Ă©tĂ© projetĂ©e avec un autre plan montrant la ville seule : il s’agit d’une surimpression. Dans Dark Star, le vaisseau spatial a Ă©tĂ© incrustĂ© sur un fond Ă©toilĂ© grĂące Ă  une technique voisine, le cache/contre-cache[152]. Dans New York 1997, Carpenter parvient Ă  donner l’illusion que l’action se dĂ©roule effectivement Ă  New York (le tournage a en fait eu lieu principalement dans la ville de Saint-Louis) grĂące Ă  l’utilisation de maquettes et de peintures de verre[153].

Dans The Thing, Rob Bottin et son Ă©quipe ont ƓuvrĂ© sur les effets spĂ©ciaux les plus Ă©laborĂ©s de la carriĂšre de John Carpenter. Pour illustrer les transformations de la Chose, Bottin a utilisĂ© du maquillage Ă  base de mousse de latex, de silicone ou encore de produits alimentaires ; il l’a ensuite animĂ©e en combinant des techniques simples (animation image par image, utilisation de fils invisibles et de marionnettes) avec des techniques plus sophistiquĂ©es (recours Ă  des micro-mĂ©canismes). Le budget effets spĂ©ciaux de The Thing a dĂ©passĂ© finalement 1,5 million de dollars[154].

Lorsque les grands studios hollywoodiens ont produit ses films, comme Starman ou Los Angeles 2013, Carpenter a pu collaborer avec des compagnies renommĂ©e dans le milieu, comme ILM, Boss films et Buena Vista Special Effects. Sur Les Aventures d’un homme invisible, ILM a Ă©tĂ© chargĂ©e d’élaborer les effets numĂ©riques, que Carpenter utilisait pour la premiĂšre fois[154].

Signes distinctifs

Plusieurs Ă©lĂ©ments rĂ©currents rendent identifiables les films de John Carpenter. Pour commencer, ils utilisent tous le titre possessif. Par exemple : « John Carpenter’s Christine », que l’on peut traduire en français par « Christine, de John Carpenter ». Les producteurs indĂ©pendants autorisent les rĂ©alisateurs Ă  utiliser ces titres afin de mettre en Ă©vidence leur implication dans le processus crĂ©atif du film[155]. MĂȘme pour ses longs-mĂ©trages produits par les grands studios, comme Starman, Jack Burton ou Los Angeles 2013, Carpenter a pu employer le titre possessif. Les Aventures d’un homme invisible demeure la seule exception.

Habituellement, Carpenter ouvre ses films sur un gĂ©nĂ©rique avec en musique de fond le thĂšme principal. L’utilisation de pseudonyme dans ces gĂ©nĂ©riques est une constante dans son Ɠuvre. En effet, ne dĂ©sirant pas voir son nom apparaĂźtre plusieurs fois par crainte que cela ne trahisse le budget modeste du film (dans le cinĂ©ma indĂ©pendant, les rĂ©alisateurs cumulent souvent plusieurs fonctions), Carpenter prĂ©fĂšre apparaĂźtre sous des noms d’emprunt[156]. Dans Assaut, il est crĂ©ditĂ© au poste de monteur sous le pseudonyme de John T. Chance, en hommage Ă  Rio Bravo, alors que dans Invasion Los Angeles, il apparaĂźt au poste de scĂ©nariste sous le pseudonyme de Frank Armitage, qui est le nom de l’un des hĂ©ros du romancier H.P. Lovecraft. Le scĂ©nario de Prince des tĂ©nĂšbres est signĂ© Martin Quatermass, qui est une rĂ©fĂ©rence au physicien fictif crĂ©Ă© par le scĂ©nariste Nigel Kneale. Enfin, dans Les Aventures d’un homme invisible et Le Village des damnĂ©s, John Carpenter est crĂ©ditĂ© en tant qu’acteur sous le nom de Rip Haight[144].

Outre son rĂŽle de metteur en scĂšne, de scĂ©nariste, de monteur et de compositeur, Carpenter a aussi fait de nombreuses apparitions dans ses films, sous la forme de camĂ©os. Ils n’ont cependant jamais Ă©tĂ© crĂ©ditĂ©s, sauf dans Les Aventures d’un homme invisible et dans Le Village des damnĂ©s. Dans Halloween, le cinĂ©aste prĂȘte sa voix Ă  Paul, le petit ami du personnage interprĂ©tĂ© par Nancy Kyes avec lequel elle s’entretient au tĂ©lĂ©phone. Dans Fog, il s’autorise une brĂšve apparition au dĂ©but du film, dans le rĂŽle de Benett. De maniĂšre rĂ©currente, on peut l’apercevoir sous les traits d’un pilote d’hĂ©licoptĂšre, alors que dans Assaut, il interprĂšte l’un des nombreux assaillants tuĂ©s en essayant d’entrer dans le commissariat[125].

ThÚmes abordés

John Carpenter a nourri trĂšs tĂŽt l’espoir de devenir metteur en scĂšne. Il confie avoir Ă©tĂ© trĂšs influencĂ© par ses parents, et surtout par sa mĂšre qui lui a transmis son goĂ»t pour l’imaginaire[157]. Carpenter avait quatre ans quand il a dĂ©couvert Le MĂ©tĂ©ore de la nuit, une Ɠuvre qui a marquĂ© son envie de rĂ©aliser des films d'horreur : « Au moment oĂč le mĂ©tĂ©ore a semblĂ© jaillir de l’écran en explosant, j’ai eu l’impression d’ĂȘtre frappĂ© par une boule de feu, et ça m’a terrifiĂ©. [
] C’est de lĂ  qu’est certainement nĂ© mon dĂ©sir de faire peur aux gens »[6].

Carpenter a grandi dans la petite commune de Bowling Green. N’étant pas originaire de la ville, il se considĂ©rait comme un Ă©tranger, un « contemplateur » qui passait son temps Ă  observer les habitants et leurs comportements[158]. Au fil du temps, Carpenter a dĂ©veloppĂ© des tendances voyeuristes, puis il a ainsi rĂ©alisĂ© des films oĂč les personnages se retrouvent prisonniers dans un espace clos, ce qui est propice Ă  l’observation. L’un de ses thĂšmes de prĂ©dilection est donc l’enfermement. La peur, la paranoĂŻa et l’invasion extra-terrestre figurent Ă©galement parmi ses thĂšmes rĂ©currents, de mĂȘme que la critique du capitalisme et des pouvoirs politiques et religieux.

Peur et paranoĂŻa

Dans ses films, John Carpenter n’accorde aucun moment de rĂ©pit Ă  ses personnages. Ceux-ci sont en butte aux situations les plus extrĂȘmes et aux antagonistes les plus vils et les plus dangereux. La plupart du temps, ces antagonistes sont une incarnation abstraite du « Mal », reprĂ©sentĂ©s par des ombres ou des entitĂ©s dĂ©personnalisĂ©es, auxquelles Carpenter confĂšre une dimension surnaturelle. Par exemple, dans Assaut, la bande organisĂ©e semble invincible car dĂšs que des bandits sont tuĂ©s, d’autres apparaissent pour assaillir le commissariat. Dans Halloween, Michael Myers est insensible Ă  la douleur, il se relĂšve Ă  chaque fois que Laurie Strode pense l’avoir tuĂ©. Dans The Thing, Prince des tĂ©nĂšbres, L’Antre de la folie et Vampires, les protagonistes font face Ă  des aliens ou Ă  des entitĂ©s dotĂ©s d’une force surhumaine[159].

En refusant de personnifier le Mal, Carpenter joue sur la peur de l’inconnu. En outre, il renforce d’autant plus l’aspect angoissant de son Ɠuvre qu’il ne justifie pas les actes de ces antagonistes. Dans Christine, il n’explique jamais pourquoi la voiture est mue par des instincts meurtriers, pas plus qu’il n’explique les agissements des criminels dans Assaut ou ceux du tueur dans Halloween[120].

La peur des protagonistes engendre souvent un sentiment de paranoĂŻa. Dans The Thing, les membres de la base scientifique assistent aux premiĂšres transformations de la Chose, et ils comprennent alors qu’elle peut infecter n’importe qui. Ils se suspectent les uns les autres, si bien qu’ils deviennent paranoĂŻaques. Ce sentiment est partagĂ© par le spectateur car son rĂ©fĂ©rent, le personnage principal de l’histoire, MacReady, se retrouve lui-mĂȘme suspectĂ© d’ĂȘtre la Chose[160]. Au dĂ©but d’Halloween, Laurie Strode voit le tueur apparaĂźtre et disparaĂźtre sans arrĂȘt, au point d’avoir des doutes sur ce qu’elle aperçoit rĂ©ellement[120]. Dans L’Antre de la folie, John Trent vit une situation semblable : il ne croit pas ce qu’il voit, il refuse d’accepter la rĂ©alitĂ© dans laquelle il vit, et il en devient fou.

Enfermement

Dans Fog et Prince des tĂ©nĂšbres, les protagonistes sont assaillis Ă  l’intĂ©rieur d’une Ă©glise.

L’Ɠuvre de John Carpenter est caractĂ©risĂ©e par une gestion rigoureuse de l’espace. Dans la plupart de ses films, le cadre d’action est rĂ©duit, Ă©tant limitĂ© Ă  un lieu unique comme une ville, une maison ou une Ă©glise. Assaut, New York 1997, The Thing, Prince des tĂ©nĂšbres et Los Angeles 2013 sont autant de huis clos oĂč les personnages se retrouvent piĂ©gĂ©s dans un lieu cloisonnĂ©, sans la possibilitĂ© d’en sortir. Carpenter aime utiliser ce procĂ©dĂ© afin de rĂ©vĂ©ler la nature profonde des personnages, lesquels n’ont d’autres choix que de se dĂ©fendre pour survivre[119]. C’est Ă©galement, pour lui, un moyen de les observer et d’analyser leur comportement, de la mĂȘme maniĂšre qu’il observait les habitants de la ville de Bowling Green quand il Ă©tait jeune.

Carpenter a l’habitude de resserrer progressivement l’étau sur ses protagonistes. Dans Halloween, par exemple, Laurie Strode est d’abord traquĂ©e par le tueur en pleine ville. Elle est ensuite assiĂ©gĂ©e dans une maison, puis dans un placard. Dans Fog, le groupe essayant d’échapper au brouillard se rĂ©sout, au dĂ©part, Ă  quitter la ville, puis il se rend dans une Ă©glise et termine assailli dans une petite piĂšce. Ce rĂ©trĂ©cissement de l’espace donne Ă  penser que les personnages ne peuvent fuir et que la confrontation avec l’antagoniste est inĂ©vitable[120] - [161].

Tout au long de sa carriĂšre, le cinĂ©aste a explorĂ© diffĂ©rentes formes d’enfermement. Dans ses premiers films, les personnages sont piĂ©gĂ©s dans un espace gĂ©ographique. Ensuite, dans The Thing, ils se retrouvent prisonniers de leur propre corps. Enfin, dans L’Antre de la folie, l’enfermement devient cĂ©rĂ©bral. Carpenter a dĂ©peint cette Ă©volution de maniĂšre volontaire, afin d’évoquer l’enfermement d’un point de vue mĂ©taphorique. Pour lui, il y a des tas de façons de se sentir prisonnier, comme prisonnier de ses Ă©motions. C’est une sensation que Carpenter a Ă©prouvĂ©e durant sa jeunesse, et qu’il a dĂ©cidĂ© de transposer Ă  l’écran[162].

Personnage de l’anti-hĂ©ros

Les héros des films de Carpenter sont semblables au personnage de Dude interprété par Dean Martin dans Rio Bravo.

PassionnĂ© par les westerns, John Carpenter a rĂ©alisĂ© des films qui font de nombreux clins d’Ɠil au genre. Il reconnaĂźt les liens de parentĂ© entre son Ɠuvre et celle de Howard Hawks, en particulier en ce qui concerne le personnage du hĂ©ros. Le hĂ©ros carpentĂ©rien est en effet proche du hĂ©ros « hawksien » : il s’agit de quelqu’un qui n’accorde pas sa confiance aux autres, et qui n’agit pas dans le but d’obtenir une reconnaissance[163].

Les personnages de Carpenter font figure d’anti-hĂ©ros. Ce sont des hommes au passĂ© mystĂ©rieux, cyniques, solitaires, dĂ©sabusĂ©s et nihilistes ; ils sont souvent contraints de verser le sang pour survivre. Napoleon Wilson dans Assaut ou Snake Plissken dans New York 1997 et sa suite sont typiquement des hĂ©ros carpentĂ©riens, comme John Nada (dont le nom est Ă©vocateur puisque nada signifie « rien », en espagnol) dans Invasion Los Angeles, Jack Crow dans Vampires et, dans une moindre mesure, MacReady dans The Thing et John Trent L’Antre de la folie[164]. La plupart sont des individualistes qui ont depuis longtemps rompu avec la sociĂ©tĂ©, des sociopathes qui ne sont intĂ©ressĂ©s que par leur propre sort. John Carpenter dĂ©finit ainsi Snake Plissken comme quelqu’un qui « se fiche de tuer, de secourir des gens. Il est terriblement mauvais, terriblement innocent. Rien ne peut le changer, c’est un incorruptible. Tout ce qu’il dĂ©sire c’est vivre soixante secondes de plus »[56].

Chez Carpenter, le hĂ©ros, comme tout protagoniste, se dĂ©finit par ses actions. Il n’est pas nĂ©cessairement quelqu’un de bien, une personne qui vĂ©hicule des valeurs positives. Selon sa dĂ©finition, il s’agit d’un « personnage qui n’a qu’un seul objectif. [
] MĂȘme si c’est un meurtrier ou qu’il n’a aucun modĂšle de droiture, il n’en demeure pas moins un hĂ©ros »[165].

Invasion extra-terrestre

Chez Carpenter, la menace a parfois des origines extra-terrestres. L’idĂ©e selon laquelle « ils » sont parmi nous, et qu’ils cherchent Ă  nous envahir, est une constante dans son Ɠuvre. Dans The Thing, il s’agit d’un virus extra-terrestre qui prend l’apparence des humains et imite leur comportement, alors que dans Invasion Los Angeles (dont le titre original, They Live, signifie littĂ©ralement « ils vivent ») et Le Village des damnĂ©s, il s’agit d’une invasion physique[120] - [64].

Carpenter utilise ces formes de vie extra-terrestres pour reprĂ©senter certains traits de caractĂšre propres aux humains, comme l’avarice et la cupiditĂ©. Par exemple, dans The Thing, la Chose incarne une sorte de vice qui infecte les membres de la base scientifique et leur fait perdre leur humanitĂ©[166]. Dans Invasion Los Angeles, des aliens Ă  l’apparence humaine ont investi les pouvoirs politiques et Ă©conomiques afin d’asservir la population et de piller les ressources de la Terre, ce qui est une analogie avec le libĂ©ralisme instituĂ© par Ronald Reagan et avec la course au profit dans laquelle s’est lancĂ©e l’AmĂ©rique dans les annĂ©es 1980[167].

Discours

À travers son Ɠuvre, John Carpenter critique ouvertement le capitalisme, les États-Unis et leurs dirigeants. Invasion Los Angeles est probablement le film le plus engagĂ© de sa carriĂšre, et le plus reprĂ©sentatif de son discours. L’AmĂ©rique y est montrĂ©e comme un pays profondĂ©ment inĂ©galitaire, oĂč la classe ouvriĂšre est dĂ©laissĂ©e et mĂ©prisĂ©e. La sociĂ©tĂ© est dominĂ©e par une Ă©lite que le rĂ©alisateur assimile Ă  des extra-terrestres. Ces derniers occupent les postes stratĂ©giques (journalistes, forces de police, hommes politiques), utilisant les mĂ©dias et la publicitĂ© pour diffuser des messages incitant Ă  l’apathie et au consumĂ©risme[64] - [168]. Carpenter a dressĂ© ce portrait des États-Unis pour exprimer sa colĂšre et son indignation vis-Ă -vis du capitalisme et du pouvoir politique amĂ©ricain : « J’en avais marre qu’on me rĂ©pĂšte qu’ĂȘtre un consommateur n’a que des avantages. On ne produit plus rien aux États-Unis. On ne fait que consommer et manger dans l’assiette d’autrui. On achĂšte des choses, on accumule des choses, on jette l’argent par les fenĂȘtres, mais on ne fait plus rien de bien »[169].

Dans New York 1997, Carpenter dĂ©crit les États-Unis comme un pays totalitaire dont les dirigeants sont corrompus. Dans sa suite, Los Angeles 2013, le prĂ©sident a aboli les libertĂ©s individuelles et fait du pays un Ă©tat fasciste, si bien que la « ville-prison » de Los Angeles, oĂč sont envoyĂ©s les condamnĂ©s, s’apparente Ă  la seule vĂ©ritable terre de libertĂ©. Le cinĂ©aste entend ainsi dĂ©noncer son pays qui « abandonne la libertĂ© au profit de l’ordre »[170] - [171]. Avec Vampires, Carpenter critique une autre forme de pouvoir : le pouvoir religieux. Dans le film, les curĂ©s sont effectivement dĂ©peints comme des personnes lĂąches et hypocrites, ou comme des souffre-douleurs[172].

À l’écran

Kurt Russell, acteur récurrent dans la filmographie de Carpenter.
Jamie Lee Curtis a tourné à quatre reprises sous la direction de John Carpenter.

Kurt Russell est l’acteur fĂ©tiche de John Carpenter. Ils se sont rencontrĂ©s durant la prĂ©-production du tĂ©lĂ©film Le Roman d’Elvis, et ont tout de suite sympathisĂ©. Le cinĂ©aste raconte : « Nous aimions tous les deux Elvis, et nous partagions les mĂȘmes idĂ©es Ă  son sujet. Ses capacitĂ©s d’acteur, son expĂ©rience, ce qu’il a apportĂ© au film, tout cela nous a liĂ©s pour de bon. Son entrain au travail, sa bonne humeur, sa vision de la vie font de lui quelqu’un de vraiment formidable »[173]. Russell a ensuite tenu le rĂŽle principal dans quatre longs mĂ©trages de Carpenter : New York 1997, The Thing, Les Aventures de Jack Burton et Los Angeles 2013.

Jusqu’à sa mort, Donald Pleasence a Ă©galement Ă©tĂ© un ami proche du rĂ©alisateur Il a jouĂ© le premier rĂŽle dans deux de ses films, Halloween et Prince des tĂ©nĂšbres, et un second rĂŽle dans New York 1997. Parmi ses collaborateurs rĂ©guliers, Carpenter compte aussi Charles Cyphers, qu’il a dirigĂ© Ă  six reprises dont deux fois dans un tĂ©lĂ©film, Jamie Lee Curtis (quatre films), Adrienne Barbeau (trois films et un tĂ©lĂ©film) et Nancy Kyes (trois films). Deux apparition de Curtis, dans New York 1997 et Los Angeles 2013, et une de Barbeau, dans The Thing, ont consistĂ© en des camĂ©os. Peter Jason est l’acteur qui a le plus collaborĂ© avec le cinĂ©aste, dans des rĂŽles toutefois secondaires. Il est apparu dans sept rĂ©alisations de Carpenter, dont un tĂ©lĂ©film.

DerriÚre la caméra

Carpenter dĂ©clare que, si cela ne tenait qu’à lui, il s’occuperait de tout sur ses films[174]. De fait, il fait en sorte de s’entourer de gens en qui il a confiance, comme ses amis. Carpenter a frĂ©quentĂ© Debra Hill Ă  la fin des annĂ©es 1970, et ils ont Ă©crit ensemble les scĂ©narios d’Halloween, de Fog et de Los Angeles 2013, oĂč Hill a Ă©galement officiĂ© en tant que productrice. Tommy Lee Wallace, l’ami d’enfance de Carpenter, a montĂ© Halloween, Fog, et a Ă©tĂ© directeur artistique sur Dark Star et Assaut. RĂ©alisateur de seconde Ă©quipe sur Les Aventures de Jack Burton, Wallace a aussi mis en scĂšne un film de la franchise Halloween, Halloween 3, et Vampires 2. De son cĂŽtĂ©, Nick Castle, que Carpenter a rencontrĂ© pendant ses Ă©tudes Ă  l’USC, a co-Ă©crit les scĂ©narios de The Resurrection of Broncho Billy et de New York 1997. Dans Halloween, il joue Ă©galement le rĂŽle de Michael Myers, Ă©tant crĂ©ditĂ© en tant que « The Shape » (« La silhouette ») au gĂ©nĂ©rique. Enfin, Sandy King, la femme de Carpenter, a produit chacun de ses longs mĂ©trages Ă  partir d’Invasion Los Angeles, Ă  l’exception de The Ward[175].

Tout au long de sa carriĂšre, Carpenter a privilĂ©giĂ© les relations Ă  long terme avec ses partenaires. Larry J. Franco a ainsi produit tous ses films de New York 1997 Ă  Invasion Los Angeles, officiant Ă©galement en tant que rĂ©alisateur de seconde Ă©quipe. Dans ce dernier film et dans The Thing, il a mĂȘme effectuĂ© un camĂ©o. Sur la mĂȘme pĂ©riode, Alan Howarth a secondĂ© Carpenter au poste de compositeur, sauf sur The Thing et Starman, dont les bandes originales ont Ă©tĂ© composĂ©es respectivement par Ennio Morricone et Jack Nitzsche. Dean Cundey, lui, a Ă©tĂ© le directeur de la photographie attitrĂ© de John Carpenter, jusqu’à Jack Burton. Ensuite, Ă  partir de Prince des tĂ©nĂšbres, il a Ă©tĂ© remplacĂ© par Garry B. Kibbe[175].

John Carpenter a rĂ©guliĂšrement collaborĂ© avec des personnalitĂ©s du monde de la musique, Ă©tant lui-mĂȘme le fils d’un professeur ayant enseignĂ© la discipline. Dans New York 1997, il a dirigĂ© le chanteur de soul Isaac Hayes, qui interprĂšte le rĂŽle du Duc. Dans Prince des tĂ©nĂšbres, Alice Cooper joue le leader du groupe de clochards zombies, alors que dans Ghosts of Mars, le rappeur Ice Cube campe l’un des rĂŽles principaux[176]. Carpenter a d’ailleurs composĂ© la musique du film en collaboration avec de nombreux artistes dont la spĂ©cialitĂ© est le rock ou le heavy metal, comme Anthrax, Buckethead, Steve Vai et Eliott Easton[151].

Influences

Alfred Hitchcock compte parmi les réalisateurs qui ont influencé Carpenter.

Le cinĂ©ma des annĂ©es 1950, les westerns et les films de science-fiction ont eu un impact dĂ©terminant sur l’Ɠuvre de John Carpenter. Sa plus grande source d’inspiration reste les films de Howard Hawks, en particulier Rio Bravo, La RiviĂšre rouge, Le Grand Sommeil et Seuls les anges ont des ailes, la moitiĂ© Ă©tant des westerns. Carpenter aime Ă©galement ceux de John Ford et d’Anthony Mann, mais il prĂ©cise qu’il s’identifie avant tout au style de Hawks, qui, selon lui, a « montrĂ© l’AmĂ©rique moderne, pas l’AmĂ©rique des immigrants comme l’ont fait Alfred Hitchcock ou John Ford. Le travail de John Ford parle de la famille, de l’implantation des Irlandais dans le pays. Les femmes sont toujours mĂšres ou Ă©pouses. Les hommes sont toujours des patriotes et toujours prĂ©sents dans un but prĂ©cis. Les films de Hawks sont complĂštement diffĂ©rents »[177].

Howard Hawks a beaucoup influencĂ© Carpenter par rapport au traitement qu’il rĂ©serve Ă  ses personnages, lesquels sont souvent dĂ©peints comme des anti-hĂ©ros, et par rapport Ă  la maniĂšre dont il gĂšre l’espace et le temps. Les films de Hawks sont en effet une dĂ©clinaison de huis clos dont les histoires se dĂ©roulent dans un court intervalle de temps, comme ceux de Carpenter : « Hawks avait l’habitude de faire des films qui se dĂ©roulent dans les lieux confinĂ©s, durant un laps de temps donnĂ©. J’ai toujours Ă©tĂ© trĂšs impressionnĂ© par ce genre de films »[43].

Avec son second long-mĂ©trage, Assaut, le cinĂ©aste a livrĂ© un vĂ©ritable hommage Ă  Hawks et Ă  son film, Rio Bravo, dont il a repris le scĂ©nario. Carpenter en a signĂ© le montage sous le pseudonyme de John T. Chance, qui est le nom du personnage incarnĂ© par John Wayne dans le film de Hawks. Il a transposĂ© l’action dans les annĂ©es 1970, en milieu urbain, et rempli son film de nombreux moments « hawksiens », comme la scĂšne de sĂ©duction entre le personnage de Leigh et celui de Napoleon Wilson, oĂč ce dernier lui demande d’allumer sa cigarette[178]. D’autre part, Wilson, qui a Ă©tĂ© condamnĂ© pour meurtre, prĂ©sente les caractĂ©ristiques typiques du mĂąle hawksien : il est intelligent, courageux et moralement ambigu, Ă  l’instar de Dude dans Rio Bravo[179].

« Hawks a toujours eu une grande influence sur mon travail. J’apprĂ©cie John Ford, mais je n’aime pas son sentimentalisme, son romantisme ni son respect pour les valeurs morales. Les films de Hawks sont plus ambigus[180]. »

— John Carpenter

D’autres rĂ©alisateurs ont inspirĂ© John Carpenter, notamment Alfred Hitchcock. Si Carpenter avoue ne pas apprĂ©cier son style « glacial », celui-ci ne l’en a pas moins influencĂ©. Ainsi, dans Meurtre au 43e Ă©tage, le zoom effectuĂ© sur le cadeau reçu par la protagoniste au dĂ©but du tĂ©lĂ©film rappelle le travelling compensĂ© employĂ© dans Sueurs froides, alors que l’histoire s’inspire de celle de FenĂȘtre sur cour, Ă  la diffĂ©rence qu’elle est racontĂ©e du point de vue de la personne observĂ©e, et non du voyeur[181]. Halloween, aussi, a subi l’influence d’Hitchcock, notamment de Psychose. Le scĂ©nario des deux films tourne effectivement autour d’un tueur masquĂ© assassinant ses victimes Ă  l’arme blanche. En outre, dans Halloween, le personnage interprĂ©tĂ© par Donald Pleasence, Samuel Loomis, porte le mĂȘme nom que le compagnon de Marion Crane dans Psychose. Janet Leigh, qui incarne Marion Crane, est la mĂšre de Jamie Lee Curtis, celle-jouant le rĂŽle principal dans le film de Carpenter[182].

Dans Dark Star, Carpenter a parodiĂ© deux des films les plus connus de Stanley Kubrick : 2001, l'OdyssĂ©e de l'espace et Docteur Folamour. Il a notamment repris l’idĂ©e de 2001 et de sa bombe parlante qui refuse d’obĂ©ir aux ordres des humains, et qui se livre Ă  des rĂ©flexions philosophiques[183].

John Carpenter reconnaĂźt Ă©galement avoir Ă©tĂ© influencĂ© par le rĂ©alisateur de film de science-fiction Roger Corman, le scĂ©nariste Nigel Kneale, la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e La QuatriĂšme Dimension et la littĂ©rature fantastique, en particulier les Ă©crits de H. P. Lovecraft, Stephen King et Edgar Poe[2] - [6]. Dans Fog, dĂšs l’ouverture du film, le cinĂ©aste fait d’ailleurs un clin d’Ɠil Ă  ce dernier avec cette citation, tirĂ©e de l’un de ses poĂšmes : « Tout ce que l’on voit ou donne l’impression d’ĂȘtre n’est-il qu’un rĂȘve dans un rĂȘve ? »[184]. L’Antre de la folie est un hommage avouĂ© Ă  l’Ɠuvre de Lovecraft, alors que le scĂ©nario de New York 1997 a des liens de parentĂ© avec les romans de science-fiction d’Harry Harrison, comme Soleil vert et Planet of the Damned[41].

HĂ©ritage

« En France, je suis un auteur, en Allemagne, je suis un cinĂ©aste. En Grande-Bretagne, je suis un rĂ©alisateur de film d'horreur. Aux États-Unis, je suis un ratĂ©[185]. »

Au fil de ses quarante ans de carriĂšre, John Carpenter s'est bĂąti une grande rĂ©putation en tant que cinĂ©aste indĂ©pendant. Bien qu'il se soit essayĂ© Ă  de nombreux genres, il s’est principalement distinguĂ© en rĂ©alisant des films d'horreur et de science-fiction, y incluant un style trĂšs personnel. Mais cette reconnaissance fut longue Ă  obtenir, surtout aux États-Unis. Carpenter le reconnaĂźt avec ironie[185], expliquant par ailleurs :

« Ce qui me rend marginal Ă  Hollywood, c’est que je suis incapable de tourner des films destinĂ©s au grand public[186]. »

Ainsi, si certains de ses films ont su captiver le public dĂšs leur sortie en salles, d’autres n’ont en effet acquis leur renommĂ©e que bien plus tard, lors de leur commercialisation sur le marchĂ© de la vidĂ©o.

DĂšs ses dĂ©buts en tant que cinĂ©aste, Carpenter a dĂ» faire face au scepticisme du public amĂ©ricain avec Dark Star[187]. L’accueil rĂ©servĂ© Ă  Assaut ne fut pas plus chaleureux[2], alors que le film obtint un grand succĂšs en Europe. Par la suite, Fog, New York 1997 et Halloween, surtout, ont rĂ©ussi Ă  sĂ©duire le public, avant que celui-ci se dĂ©chaĂźne contre The Thing et Jack Burton. Entre-temps, Starman avait Ă©tĂ© le plus grand succĂšs critique du rĂ©alisateur, alors qu’il s’agit de son film le moins personnel. Ensuite, Ă  partir de la fin des annĂ©es 1980, la cote de Carpenter a fortement dĂ©clinĂ© aux États-Unis.

Alain Pelosato, auteur de nombreuses Ă©tudes sur le cinĂ©ma fantastique, parle d’un rĂ©alisateur « sous-estimĂ© car il s’est cantonnĂ© dans le cinĂ©ma fantastique. Mais il est celui qui l’a le plus renouvelĂ©, modernisĂ©. »[188]. Il ajoute : « Formidable fantastiqueur, il sait utiliser toutes les ressources du cinĂ©ma pour tenir en haleine le spectateur. »[189]

Carpenter a toujours Ă©tĂ© trĂšs populaire en Europe, notamment en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne. En Espagne aussi, il jouit d’une solide rĂ©putation, faisant partie de ce que le pays a coutume d’appeler le clan des « 3 C » de la terreur, avec David Cronenberg et Wes Craven[190].

Reconnaissance tardive

La mĂ©thode de travail de Carpenter n’a jamais coĂŻncidĂ© avec la politique d’Hollywood.

Certains films de Carpenter ont Ă©tĂ© rĂ©prouvĂ©s par la critique et les spectateurs lors de leur sortie en salles, ce qui est le cas notamment de Assaut, The Thing et Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin. Par la suite, ils ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d'un nouvel intĂ©rĂȘt lors de leurs sorties en VHS puis en DVD, trouvant leur public des annĂ©es aprĂšs leur exploitation en salles[191]. Fog et Invasion Los Angeles figurent Ă©galement parmi les films du cinĂ©aste qui sont devenus des « classiques » longtemps aprĂšs leur sortie[191].

La rĂ©Ă©valuation de ces longs-mĂ©trages sur des sites recensant des critiques en provenance d’internautes ou de journalistes tĂ©moigne de cette reconnaissance tardive. Sur le site anglophone Rotten Tomatoes, par exemple, Dark Star recueille dĂ©sormais 79 % de critiques favorables[192], tout comme The Thing[192], le « Tomatometer » culminant Ă  97 % pour Assaut[192], Ă  82 % pour Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin[192] et Ă  89 % pour Invasion Los Angeles[192].

Cependant, ce regain d’intĂ©rĂȘt a surtout concernĂ© The Thing, Ă  tel point que le film a fini par dĂ©velopper un vĂ©ritable culte. Largement sous-estimĂ© lors de sa sortie en salles, il est dĂ©sormais considĂ©rĂ© par beaucoup comme l'un des plus grands films d'horreur jamais rĂ©alisĂ©s[2] - [193], doublĂ© du chef-d’Ɠuvre de John Carpenter[194]. Sur l’IMDb, il figure Ă  la 146e place du top 250 des internautes, avec une moyenne de 8,1/10[195].

Sinon, dans sa revue de juillet 1999, le magazine PremiĂšre a placĂ© Assaut dans sa liste des « 50 classiques mĂ©connus du cinĂ©ma »[196]. En 1995, L’Antre de la folie est classĂ© 10e meilleur film de l’annĂ©e par les Cahiers du cinĂ©ma[197]. En 2006, Halloween est choisi par la BibliothĂšque du CongrĂšs aux États-Unis pour figurer au National Film Registry en tant qu’Ɠuvre « culturellement, historiquement ou esthĂ©tiquement importante »[198]. Quant Ă  Carpenter, il reçoit en 2010 le « Lifetime Achievement Award » dĂ©cernĂ© par le Freak Show Horror Film Festival[199].

D’autre part, plusieurs de ses films ont Ă©tĂ© rĂ©Ă©ditĂ©s en DVD pour des Ă©ditions spĂ©ciales, agrĂ©mentĂ©es de nombreux bonus. Par exemple, des Ă©ditions collector ont Ă©tĂ© rĂ©servĂ©es Ă  Halloween, New York 1997, Christine, The Thing, Assaut et Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin[2]. Au Royaume-Uni, certains films sont sortis avec un commentaire audio de Carpenter et de ses collaborateurs (comme Roddy Piper dans Invasion Los Angeles ou Jeff Bridges dans Starman) mais ceux-ci ne sont toujours pas parus aux États-Unis[2].

Un grand nombre de rĂ©alisateurs ont aussi exprimĂ© leur admiration vis-Ă -vis de l’Ɠuvre de Carpenter, incluant James Cameron, Robert Rodriguez, Paul W. S. Anderson, Guillermo Del Toro, James Wan, Paul Thomas Anderson, Jordan Peele et Quentin Tarantino[2].

Influence

Dans Scream, Wes Craven multiplie les références à Halloween, dont il s'est largement inspiré.

John Carpenter est reconnu comme l'un des rĂ©alisateurs les plus accomplis et les plus influents de son Ă©poque[199]. De par sa longue carriĂšre et sa filmographie singuliĂšre, il s'est vu attribuer un certain nombre de surnoms, souvent en rĂ©fĂ©rence Ă  son talent pour susciter l'angoisse. Parmi ses surnoms les plus frĂ©quemment utilisĂ©s, on pourra citer le « MaĂźtre de l'Horreur », le « Prince des tĂ©nĂšbres »[142] (d’aprĂšs son film du mĂȘme nom), « JC »[2], ou encore « Big John », lequel est souvent employĂ© par les inconditionnels de Carpenter[194] - [200] - [201], et parfois par les journalistes eux-mĂȘmes[202].

Le cinĂ©aste a mis en scĂšne des longs-mĂ©trages qui ont eu un impact considĂ©rable sur le cinĂ©ma d'horreur. Halloween, par exemple, est considĂ©rĂ© comme le prĂ©curseur du mouvement slasher[146], un sous-genre du film d'horreur. Sorti en 1978, il a ouvert la voix Ă  de nombreuses suites[n 9] ainsi qu’à plusieurs sĂ©ries de films d'horreur Ă  succĂšs, comme Vendredi 13, Les Griffes de la nuit et Scream.

Scream, premier du nom, est d'ailleurs un film qui a fortement subi l'influence d'Halloween, le rĂ©alisateur Wes Craven y faisant de multiples rĂ©fĂ©rences. DĂšs la scĂšne d'ouverture, quand le tueur demande Ă  son interlocutrice quel est son film d'horreur prĂ©fĂ©rĂ©, au tĂ©lĂ©phone, celle-ci rĂ©pond en effet « Halloween ». Plus tard, entre autres rĂ©fĂ©rences, la meilleure amie de la protagoniste avoue que l’histoire qu'elles vivent lui Ă©voque un film de « Wes Carpenter »[203], lequel est bien sĂ»r un rĂ©alisateur fictif reprenant le patronyme de Carpenter et le prĂ©nom de Craven. À la fin, le personnage de Randy Meeks se sert de Halloween pour exposer les « rĂšgles » Ă  suivre pour survivre dans un film d'horreur[203].

Plusieurs films de John Carpenter ont aussi fait l'objet d'adaptation littĂ©raire ou vidĂ©oludique. C'est le cas de New York 1997, qui a Ă©tĂ© adaptĂ© sous forme de roman[204], le personnage de Snake Plissken ayant par ailleurs inspirĂ© le hĂ©ros d’une saga de jeu vidĂ©o : Metal Gear Solid[205]. Quant Ă  The Thing, il a donnĂ© naissance au jeu du mĂȘme nom dont l'action se dĂ©roule directement aprĂšs les Ă©vĂšnements du film[206].

Depuis le milieu des annĂ©es 2000, plusieurs longs-mĂ©trages de Carpenter sont Ă©galement sujets Ă  des remakes, en particulier ses films d'horreur. Chronic'art ironise sur cette tendance, en faisant rĂ©fĂ©rence Ă  L'Invasion des profanateurs « (
) une intĂ©grale bis qui serait la sienne mais dont il ne serait pas l'auteur, le body snatching en rĂšgle (
) »[207]. En 2005, Rupert Wainwright met en scĂšne une nouvelle version de Fog (produite par Carpenter), alors que la mĂȘme annĂ©e paraĂźt Assaut sur le central 13, d'aprĂšs Assaut, du français Jean-François Richet. En 2007, Rob Zombie rĂ©alise et produit un remake de La nuit des masques avec Halloween, auquel il donne une suite deux ans plus tard. Puis en 2011, The Thing sort en salles, se revendiquant comme une prĂ©quelle du film original. Les remakes de Invasion Los Angeles[208] et New York 1997[209] sont aussi envisagĂ©s.

Par extension, on peut aussi évoquer l'affaire du plagiat de Lock Out, film sorti en 2012 et s'inspirant trÚs fortement de New York 1997 : à part l'évolution technique et la transposition spatiale d'une ßle isolée à une station spatiale, sont reproduits le physique du héros et de trÚs nombreuses péripéties, jusqu'à la prise d'otage. John Carpenter et Studio Canal, détenteurs des droits, ont porté plainte en 2014 pour contrefaçon contre EuropaCorp. Le plagiat est reconnu, EuropaCorp est condamné à l'amende en 2015, alourdie en appel en 2016[210] - [211] - [212].

Les parodies n'ont pas manquĂ© non plus. Le film de Carpenter qui en a subi le plus est certainement Halloween, l'IMDb relevant prĂšs de quatre cents connexions entre le film et d'autres Ɠuvres, notamment cinĂ©matographiques et tĂ©lĂ©visuelles[213]. Le Village des damnĂ©s a quant Ă  lui Ă©tĂ© parodiĂ© par Les Simpson, dans l'Ă©pisode Sbartacus prĂ©sent dans la onziĂšme saison[214], alors que Christine s’est vu parodiĂ© dans Scary Scream Movie[215].

Activités en dehors du cinéma

Musique

Fils d’un professeur de musique, John Carpenter a appris dĂšs son enfance Ă  jouer du violon et du piano. Adolescent, il a montĂ© un groupe de folk puis un groupe de rock avec son ami Tommy Lee Wallace et d’autres camarades de lycĂ©e. Ensuite, toujours dans un esprit de rĂ©crĂ©ation, tous deux ont fondĂ© avec Nick Castle un autre groupe de rock, The Coupe de Villes. Le trio interprĂšte une chanson figurant sur la bande originale de Halloween[28], ainsi que la chanson du gĂ©nĂ©rique de fin dans Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin (dans laquelle c'est Carpenter lui-mĂȘme qui chante)[216]. En 1985, le groupe a publiĂ© confidentiellement un album intitulĂ© Waiting Out The Eighties[217].

En 2015, John Carpenter sort son premier vĂ©ritable album studio, intitulĂ© Lost Themes. MalgrĂ© ce que pourrait laisser suggĂ©rer son nom, l'album n'est pas une compilation de morceaux « perdus » composĂ©s par Carpenter pour des bandes originales de film. Il s’agit bel et bien de titres originaux, composĂ©s exclusivement pour cet album.

En 2016, le réalisateur publie son deuxiÚme album studio, Lost Themes II. Il entame ensuite une tournée internationale qui débute à Los Angeles le et qui s'étale sur six mois, la derniÚre date étant prévue à Houston le [113].

Jeux vidéo

John Carpenter est un grand amateur de jeux vidĂ©o, auxquels il joue occasionnellement avec son fils John Cody. Il apprĂ©cie notamment les jeux de tirs et les jeux d’action, citant Dishonored, God of War et Assassin's Creed III parmi ses jeux prĂ©fĂ©rĂ©s[142].

Le cinĂ©aste a plusieurs fois collaborĂ© avec l’industrie vidĂ©oludique. En 1998, il a composĂ© la bande originale de Sentinel Returns, un jeu vidĂ©o de puzzle conçu par Geoff Crammond et Ă©ditĂ© sur PlayStation[218]. Une dizaine d’annĂ©es plus tard, Carpenter a Ă©crit en duo avec Steve Niles le scĂ©nario de FEAR 3, un jeu de tir Ă  la premiĂšre personne sorti Ă  l'Ă©tĂ© 2011[219].

Vie privée

John Carpenter a entretenu une relation amoureuse avec la scĂ©nariste et productrice Debra Hill, avec qui il commença Ă  travailler lors de la prĂ©paration du film Assaut, en 1975. Le couple s’est sĂ©parĂ© en 1978, au moment oĂč Carpenter rencontra l’actrice Adrienne Barbeau sur le tournage du tĂ©lĂ©film Meurtre au 43e Ă©tage. Ils se sont mariĂ©s le , puis ont divorcĂ© en 1984. Cette mĂȘme annĂ©e, leur fils John Cody est nĂ©, le [2].

Malgré leur séparation, Carpenter et Debra Hill ont poursuivi leur collaboration sur plusieurs films, incluant Fog, New York 1997 et Los Angeles 2013.

Depuis 1990, Carpenter est mariĂ© Ă  la productrice Sandy King. Celle-ci a participĂ© Ă  la production de chaque film du cinĂ©aste Ă  partir d’Invasion Los Angeles, exception faite de The Ward[2].

Filmographie

RĂ©alisateur

Les titres originaux sont Ă©crits entre parenthĂšses.

Cinéma

Télévision

Courts-métrages

  • 1962 : Revenge of the Colossal Beasts, rĂ©alisĂ© Ă  14 ans
  • 1963 : Terror from Space, rĂ©alisĂ© Ă  15 ans
  • 1969 : Captain Voyeur, retrouvĂ© dans les archives de lÂŽUSC en 2011[220]
  • 1969 : Warrior and the Demon, crĂ©ditĂ© en tant que Johnny Carpenter
  • 1969 : Sorceror from Outer Space
  • 1969 : Gorgo versus Godzilla
  • 1969 : Gorgon, the Space Monster

Clips

Scénariste

Dans les sections ScĂ©nariste, Compositeur, Acteur, Producteur et Monteur, les films dont le rĂ©alisateur n’est pas prĂ©cisĂ© sont de Carpenter.

Cinéma

Télévision

Jeux vidéo

Comics

Cinéma

Jeux vidéo

Acteur

Producteur

Monteur

Discographie

Distinctions

Les informations ci-aprùs sont extraites de l’Internet Movie Database[221].

RĂ©compenses

Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur
Festival international du film fantastique d’Avoriaz
  • 1979 : Prix de la critique pour Halloween
  • 1980 : Prix de la critique pour Fog
  • 1988 : Prix de la critique pour Prince des tĂ©nĂšbres
Festival international du film de Catalogne
Los Angeles Film Critics Association
  • 1979 : New Generation Award
CableACE Awards
  • 1991 : Meilleur scĂ©nario pour El Diablo
Fantasporto
  • 1995 : Prix de la critique pour L’Antre de la folie
National Film Registry
  • 2006 : SĂ©lection pour Halloween
Freak Show Horror Film Festival
  • 2010 : Lifetime Achievement Award pour l’ensemble de sa carriĂšre
Festival de Cannes

Nominations

Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur
Fantasporto
  • 1989 : Meilleur film fantastique pour Invasion Los Angeles
  • 1993 : Meilleur film fantastique pour Les Aventures d’un homme invisible
  • 1994 : Meilleur film fantastique pour Petits cauchemars avant la nuit
  • 1995 : Meilleur film fantastique pour L'Antre de la folie
Festival international du film de Catalogne
  • 1995 : Meilleur film pour Le Village des damnĂ©s
  • 2001 : Meilleur film pour Ghosts of Mars
  • 2006 : Meilleur film pour Les MaĂźtres de l'horreur (Ă©pisode La Fin absolue du monde)
Festival international du film de Chicago
  • 1978 : Hugo d’or pour Assaut
  • 1978 : Hugo d’or pour Halloween
Prix Hugo
  • 1976 : Meilleur film pour Dark Star
Science Fiction and Fantasy Writers of America
Prix Edgar-Allan-Poe
  • 1979 : Meilleur tĂ©lĂ©film pour Meurtre au 43e Ă©tage
Festival international du film fantastique d’Avoriaz
  • 1984 : Grand Prix pour Christine
Young Artist Awards
Razzie Awards
Prix Bram Stoker
  • 1999 : Meilleure musique pour Vampires
International Horror Guild Awards
  • 1999 : Meilleur film pour Vampires

Box-office

Box-Office des films réalisés par John Carpenter
Film Budget Drapeau des États-Unis États-Unis Drapeau de la France France Monde Monde
Dark Star (1974)60 000 $[223]NC15 795 entrĂ©es[223]NC
Assaut (1976)100 000 $[24]11 748 $[224]133 566 entrĂ©es[225]NC
La Nuit des masques (1978)325 000 $[89]47 000 000 $[89]283 934 entrĂ©es[26]60 000 000 $[32]
Fog (1980)1 000 000 $[26]21 378 361 $[89]942 885 entrĂ©es[26]NC
New York 1997 (1981)6 000 000 $[26]25 244 626 $[89]1 278 378 entrĂ©es[26]NC
The Thing (1982)15 000 000 $[50]19 629 760 $[89]562 478 entrĂ©es[26]NC
Christine (1983)9 700 000 $[57]21 017 849 $[89]981 177 entrĂ©es[26]NC
Starman (1984)24 000 000 $[26]28 744 356 $[89]411 022 entrĂ©es[26]NC
Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (1986)25 000 000 $[226]11 100 000 $[89]766 894 entrĂ©es[26]NC
Prince des tĂ©nĂšbres (1987)3 000 000 $[26]14 182 492 $[89]169 515 entrĂ©es[26]NC
Invasion Los Angeles (1988)4 000 000 $[26]13 008 928 $[89]177 294 entrĂ©es[26]NC
Les Aventures d'un homme invisible (1992)40 000 000 $[26]14 358 033 $[89]284 996 entrĂ©es[26]NC
L'Antre de la folie (1995)8 000 000 $[89]8 924 549 $[89]182 061 entrĂ©es[26]NC
Le Village des damnĂ©s (1995)22 000 000 $[82]9 418 365 $[89]144 975 entrĂ©es[26]NC
Los Angeles 2013 (1996)50 000 000 $[26]25 477 365 $[89]293 540 entrĂ©es[227]42 179 912 $[26]
Vampires (1998)20 000 000 $[89]20 308 772 $[89]482 383 entrĂ©es[26]28 877 297 $[26]
Ghosts of Mars (2001)28 000 000 $[89]8 709 640 $[89]409 296 entrĂ©es[26]14 079 832 $[26]
The Ward (2011)10 000 000 $[228]7 760 $[229]NC1 252 014 $[229]
  • LĂ©gendes : Budget (entre 1 et 10 M$, entre 10 et 100 M$ et plus de 100 M$), États-Unis (entre 1 et 50 M$, entre 50 et 100 M$ et plus de 100 M$), France (entre 100 000 et 1 M d'entrĂ©es, entre 1 et 2 M d'entrĂ©es et plus de 2 M d'entrĂ©es) et monde (entre 1 et 100 M$, entre 100 et 200 M$ et plus de 200 M$).

Notes et références

Notes

  1. Littéralement, Les Enfants de Demain .
  2. Jamie Lee Curtis est la fille de Janet Leigh, l’interprĂšte du personnage de Marion Crane qui se fait tuer dans la mythique scĂšne de la douche dans Psychose. Psychose est le film qui a inspirĂ© John Carpenter pour rĂ©aliser Halloween.
  3. D'aprÚs le site Allociné dans sa rubrique « Secrets de tournage », Carpenter aurait fait appel à Lee Van Cleef par amour pour Sergio Leone.
  4. Le second projet en question n’est autre que E.T. l'extra-terrestre. Son succùs fut tel que Columbia Pictures a attendu deux ans avant de produire Starman.
  5. Parmi tous les films de John Carpenter, Starman est le seul Ă  avoir obtenu une nomination aux Oscars.
  6. Les Aventures d’un homme invisible est l’un des rares film de John Carpenter dont le titre n’est pas prĂ©cĂ©dĂ© de la mention « John Carpenter’s », marque distinctive des films produits par le cinĂ©ma indĂ©pendant.
  7. Dans Dead Space, l’histoire se dĂ©roule Ă  l’intĂ©rieur d’un vaisseau spatial dont les membres d’équipage ont Ă©tĂ© infectĂ©s par un virus et transformĂ©s en monstres. Selon le site gamerblog.fr, les scĂ©naristes auraient en partie puisĂ© leur inspiration dans le film de Carpenter.
  8. Les bandes originales de ces films sont respectivement l'Ɠuvre d'Ennio Morricone, Jack Nitzsche, Shirley Walker et Mark Kilian
  9. AprÚs La nuit des masques, sept autres films de la franchise Halloween ont été tournés, mais aucun ne fut réalisé par Carpenter.

CrĂ©dit d’auteurs

Références

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Annexes

Ouvrages

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Revues

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  • Thomas Destouches, « John Carpenter, l'influenceur », TĂ©lĂ©cĂąble Sat Hebdo, no 1430, , SETC, Saint-Cloud, p. 22 (ISSN 1280-6617)

Liens externes

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