Fleuve marin cĂŽtier
Le Fleuve marin cĂŽtier (aussi dit FMC ou Fleuve cĂŽtier) est une entitĂ© hydrosĂ©dimentaire et Ă©cologique spĂ©cifique constituĂ© du panache estuarien de la Seine qui, alimentĂ© par les eaux douces des sept estuaires picards suivants, forme au sein de lâextrĂ©mitĂ© la Manche orientale un vĂ©ritable « fleuve marin » qui reste relativement cohĂ©rent jusqu'au pas de Calais (lĂ oĂč les courants et l'onde de marĂ©e sont les plus forts)[1].
C'est une énorme masse d'eau moins salée, et donc moins dense que celle de la Manche et celle de la mer du Nord, qui longe sur environ deux cents kilomÚtres la cÎte vers le nord, poussée par les courants dominants venant de l'Atlantique et par la force de Coriolis.
La largeur de ce fleuve marin cÎtier varie selon la marée, selon la saison et les vents. Dans sa partie nord, il jouxte le dispositif de séparation du trafic dans la partie la plus resserrée du détroit.
La densité, la turbidité, la salinité, la vitesse et l'écologie de ce fleuve marin cÎtier lui sont spécifiques. Elles varient selon les époques de l'année (cycle saisonnier), mais aussi selon les années (en fonction des conditions météorologiques et de l'utilisation des sols des bassins versants des fleuves qui y débouchent).
C'est d'abord là que sont retrouvés les polluants venant du continent, ou que se ressentent les premiers effets des efforts de dépollution des eaux de surface.
Fleuve marin cĂŽtier | ||
Carte de la Manche. | ||
GĂ©ographie humaine | ||
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Pays cĂŽtiers | France | |
Subdivisions territoriales |
Haute-Normandie, Picardie, Nord-Pas-de-Calais | |
GĂ©ographie physique | ||
Type | élément de Mer épicontinentale | |
Localisation | Manche (mer) orientale | |
CoordonnĂ©es | 50° 43âČ nord, 1° 37âČ est | |
Subdivisions | Baie de Seine, Baie de Somme, baie d'Authie, baie de Canche et leurs estuaires | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Europe
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Alimentation en eau
Les estuaires qui l'alimentent et l'entretiennent sont (du sud au nord) ceux de
Ăconomie
- Ce fleuve marin cĂŽtier est abondamment pĂȘchĂ©, au moins depuis les temps historiques, avec une pĂȘche d'abord artisanale et cĂŽtiĂšre ; pĂȘche Ă pied, pĂȘche aux flobards⊠puis semi industrielle. On y observait autrefois une faune plus nombreuse, dont parfois le thon rouge du Nord (de plus de deux mĂštres et d'environ deux cents kilogrammes)[2] - [3].
Les pĂȘcheurs, principalement de Boulogne-sur-Mer, de la baie de Somme et du TrĂ©port se croisent dans les mĂȘmes eaux, parfois avec des pĂȘcheurs Ă©trangers qui disposent de droits historiques de pĂȘche (jusqu'Ă six milles des cĂŽtes), reconnus par la PCP[4]. - Les vents rĂ©guliers et la relativement faible profondeur de la zone la rendent intĂ©ressante pour d'Ă©ventuels projets Ă©oliens offshore (ex. : projet de parc Ă©olien des deux cĂŽtes, en bordure ouest du pĂ©rimĂštre d'Ă©tude du Parc naturel marin[5]) ou d'exploitation sous-marine de granulats, nĂ©cessitant des Ă©tudes d'impact fines Ă©tant donnĂ© la complexitĂ© du milieu et la multiplicitĂ© des usages qu'il supporte.
- La conchyliculture sây est aussi rĂ©cemment dĂ©veloppĂ©e.
- Il supporte une activité nautique, sportive et touristique importante.
- Ses ports sont ceux du Havre et du TrĂ©port au sud puis de Saint-Valery-sur-Somme, du Crotoy et du Hourdel, d'Ătaples et le Port de Boulogne-sur-Mer plus au nord, autrefois premier port de pĂȘche pour le hareng, et encore premier port en termes de tonnage dĂ©barquĂ©.
GĂ©ographie
Il sâĂ©coule vers le nord en sâappuyant sur la façade maritime du dĂ©partement du Pas-de-Calais (cĂŽte dâOpale) tout en longeant le dispositif de sĂ©paration du trafic (souvent dit « rail ») le plus frĂ©quentĂ© du globe (environ six cents bateaux par jour).
Bien que trĂšs turbide et localement polluĂ©e, grĂące aux courants importants qui lâaniment et le longent, son eau reste trĂšs oxygĂ©nĂ©e et caractĂ©risĂ©e par une tempĂ©rature et salinitĂ© (adoucie) presque homogĂšne dans la colonne d'eau, ce qui est propice Ă une forte productivitĂ© organique, tout en limitant lâeutrophisation, qui se traduit par des blooms planctoniques Ă©pisodiques, de phaeocystis notamment, mais par les marĂ©es vertes qu'on observe de plus en plus sur la façade atlantique ouest et la Manche-Ouest.
GĂ©omorphologie
Câest le fleuve marin cĂŽtier qui modĂšle les « estuaires picards » en leur confĂ©rant une forme typique, en particulier ceux de la Somme, de l'Authie, la Canche et Slack (les estuaires du Wimereux et surtout de la Liane ont eux Ă©tĂ© trĂšs artificialisĂ©s. Celui de la liane n'existe plus. Il a Ă©tĂ© absorbĂ© par le port de Boulogne. Ici, le flux marin ne rencontre pas les estuaires de face, mais en venant du sud et en cisaillant le flux d'eau douce, perpendiculairement (hormis au moment des mortes-eaux), entre deux marĂ©es : montante et descendante). Le courant peut atteindre plusieurs nĆuds, imposant un fonctionnement hydrosĂ©dimentaire original qui dĂ©forme les estuaires jusqu'Ă un Ă©tat d'Ă©quilibre hydrosĂ©dimentaire (en partie modifiĂ© par des travaux de canalisation, curage ou endiguements depuis le XIXe siĂšcle).
Deux syndicats mixtes de collectivités sont géographiquement concernées, cÎté terrestre, le SMCO[6] au Nord et le Syndicat Mixte Baie de Somme - Grand Littoral Picard[7], ex-SMACOPI, au sud[8].
Hydrodynamisme
Lâhydrodynamisme de ce fleuve marin est contrĂŽlĂ© et expliquĂ© par la conjonction de plusieurs facteurs[9] :
- la force de Coriolis qui plaque les eaux sur les cĂŽtes françaises, ce qui explique un marnage important cĂŽtĂ© français (plus de huit mĂštres en baie de Somme) et faible cĂŽtĂ© anglais (plus ou moins deux mĂštres vers l'Ăźle de Wight), avec donc des zones intertidales particuliĂšrement Ă©tendues de la Somme au Gris-nez, apprĂ©ciĂ©es par les phoques, les conchyliculteurs et la pĂȘche Ă pied[9] ;
- le rĂ©gime (crues/Ă©tiages) des cours dâeau qui lâalimentent (la Seine essentiellement), il joue beaucoup sur la turbiditĂ© liĂ©e aux matiĂšres en suspension apportĂ©es par les fleuves (la turbiditĂ© est aussi induite par le courant marin et la quantitĂ© de phytoplancton en suspension dans l'eau ;
- le cycle des marées ;
- les vents ;
- les turbulences induites par les fonds (ridens dont lâun est un plateau rocheux, prĂšs de Boulogne-sur-Mer, bancs de sable, dunes hydrauliques mobiles ;
- les gyres estuariens et leurs bouchons vaseux ;
- les diffĂ©rences de densitĂ© et parfois de tempĂ©rature entre eaux douces devenant peu Ă peu saumĂątres et les eaux franchement marines venant de lâAtlantique via la MancheâŠ
Ce « fleuve marin » contribue aux cellules hydrosĂ©dimentaires caractĂ©ristiques du dĂ©troit, ainsi que tantĂŽt Ă lâĂ©rosion du trait de cĂŽte et tantĂŽt ou ailleurs au rechargement des plages (transfert sĂ©dimentaire). Probablement en raison de la montĂ©e des ocĂ©ans induite par le dĂ©rĂšglement climatique, et localement par des amĂ©nagements cĂŽtiers, la composante Ă©rosive est devenue largement dominante (70 % du trait de cĂŽte du Pas-de-Calais qui est le dĂ©partement le plus touchĂ© en France)[10].
Il Ă©chappe en partie aux courants puissants et alternatifs qui animent le centre de la Manche, tout en contribuant Ă alimenter le courant de flot orientĂ© au nord-est et de jusant orientĂ© au sud-ouest (Cabioch, 1968). La rĂ©sultante (dĂ©rive gĂ©nĂ©rale des masses d'eau) est orientĂ©e vers le nord-est, avec un diffĂ©rentiel moyen de trois Ă cinq milles par jour). En sortant de l'entonnoir du dĂ©troit, c'est-Ă -dire aprĂšs le Cap Gris-Nez le fleuve marin se mĂ©lange avec les eaux de la Manche et les apports de la Mer du Nord et de l'Escaut en de vastes tourbillons, en rotation lente et permanente. Juste aprĂšs la zone de plus forte amplification de la marĂ©e (et des courants de marĂ©e, avec 3,7 nĆuds en vive eau moyenne). Un vent fort de sud-ouest et une dĂ©pression au nord-est peuvent accĂ©lĂ©rer le dĂ©placement des masses d'eau et occasionner des surcĂŽtes, avec un flux dĂ©passant 150 000 m3 d'eau par seconde, et inversement, ce flux peut ĂȘtre freinĂ© voire parfois inversĂ© par une pĂ©riode de tempĂȘtes venant du nord-est, avec intrusion de l'eau de la mer du Nord et de l'Escaut devant le Pas-de-Calais[9].
Températures
Par rapport au reste de la Manche qui est sous influence nettement atlantique, la température de la Manche Ouest est marquée par des amplitudes thermiques plus nettes entre hiver et été (> 10 °C)[9].
Ceci explique la raretĂ© des espĂšces stĂ©nothermes et la prĂ©sence dâespĂšces adaptĂ©es aux Ă©carts de tempĂ©rature importants.
Plusieurs indices de rĂ©chauffement climatiques sont observĂ©s, avec au moins depuis les annĂ©es 1960 lâapparition de plancton plus typique dâeaux chaudes au dĂ©triment dâespĂšces infĂ©odĂ©es Ă des eaux plus froides.
Une quinzaine dâespĂšces de poissons remontent peu Ă peu vers le nord, au fur et Ă mesure du rĂ©chauffement (+1,5 °C depuis la pĂ©riode de remontĂ©e en question)
Biogéographie et écologie
Les Ă©cologues et biologistes observent en Manche orientale que ce fleuve marin cĂŽtier produit et entretient globalement (il existe des exceptions locales ou temporaires) un gradient prononcĂ© des plages vers le large, pour plusieurs paramĂštres hydroĂ©cologiques majeurs dont : la salinitĂ©, la densitĂ©, la turbiditĂ© [11] - [12] - [13] - [14] - [15] - [16], la concentration en nutriments (Gentilhomme et Lizon, 1998), lâabondance phytoplanctonique (Brunet et al., 1996 ; Hoch et Garreau, 1998 ; Lizon et al., 1998 ; Breton et al., 2000) zooplanctonique [17] - [18] et bactĂ©rienne [19] - [20].
Cette masse dâeau en mouvement irrĂ©gulier mais en moyenne constant vers le nord entretient un environnement marin dâeaux de transition dont les caractĂ©ristiques Ă©cologiques et halieutiques sont spĂ©cifiques mais encore mal connues et comprises[21]. L'eau du fleuve marin cĂŽtier est souvent trĂšs turbides et localement dangereuses pour les plongeurs. Les bancs et les dunes hydrauliques peuvent ĂȘtre dans ce secteur trĂšs mobiles dans le temps, expliquant que la richesse Ă©cologique de ce fleuve marin soit encore mal connue.
Ce fleuve marin est bien moins riche en frayĂšres que la partie centrale et plus profonde du dĂ©troit, mais â notamment dans les estuaires, et leurs gyres (bouchon vaseux) - il offre en complĂ©ment Ă de nombreuses espĂšces de poissons les nourriceries essentielles Ă leur survie.
De plus, il semble lui-mĂȘme constituer une sorte de « tapis roulant » transportant passivement de nombreuses larves et propagules incapables de nager ou Ă faible pouvoir de dispersion (corridor biologique sous-marin). C'est aussi un Ă©lĂ©ment de corridor biologique sous-marin pour certaines espĂšces anadromes (salmonidĂ©s migrateurs, anguilles, lamproies fluviatilesâŠ) dont la prise en compte et une certaine protection semble importante pour la gestion durable et intĂ©grĂ©e des ressources halieutiques ;
Les nutriments quâil contient, apportĂ©s par les fleuves pour l'essentiel, expliquent une haute productivitĂ©, parfois proche de lâeutrophisation (mais dont les consĂ©quences habituellement visibles telles que marĂ©es vertes, zones mortes semblent limitĂ©es par le courant qui lâanime. Des blooms saisonniers de Phaeocystis, surveillĂ©s par Ifremer, forment nĂ©anmoins pĂ©riodiquement une mousse blanche Ă jaune-brun sur l'estran, et prĂ©occupent les spĂ©cialistes.
La France a mis Ă jour en 2010-2011 sa stratĂ©gie nationale pour la biodiversitĂ© et â comme l'impose la Loi grenelle I â travaille Ă une StratĂ©gie nationale de crĂ©ation d'aires protĂ©gĂ©es en mer et sur les surfaces Ă©mergĂ©es incluant les principaux gĂ©otopes. ParallĂšlement, les stratĂ©gies marines de l'Europe et de la France Ă©voluent, en s'appuyant sur des modĂ©lisations, des atlas et une cartographie Ă©cologique des littoraux et milieux marins qui se prĂ©cisent[22].
Ătat des lieux qualitatif
Faute d'archives anciennes suffisantes, son Ă©copotentialitĂ© est mal connue. Mais ses richesses actuelles et des indices prĂ©occupants de dĂ©gradation (laminaires et fucacĂ©es notamment) ont fait considĂ©rer cette zone comme d'intĂ©rĂȘt prioritaire par la stratĂ©gie nationale pour la crĂ©ation d'aires marines protĂ©gĂ©es[23] - [24]en France mĂ©tropolitaine.
Ătat halieutique : Depuis l'Ă©tablissement de quotas de pĂȘche, certaines espĂšces semblent reconstituer leurs populations, mais d'autres rĂ©gressent encore de maniĂšre trĂšs prĂ©occupante (Fucus, laminaireâŠ). Toutes sont vulnĂ©rables Ă une dĂ©gradation de la qualitĂ© de l'eau[10].
On ne peut agir à court terme sur le réchauffement climatique dont les impacts sont observés sur le plancton et le poisson (Sur 90 espÚces de poissons, une quinzaine ont remonté vers le nord bien que la température de l'eau n'ait gagné 1,05 °C en moyenne), mais on peut faciliter la résilience écologique de certaine biocénoses. On peut en revanche agir sur certains polluants. Or on sait que la plupart des apports en mer de polluants et déchets marins sont « terrigÚnes », c'est-à -dire apportés par les fleuves. Une approche écosystémique, coordonnée avec tous les bassins versants concernés est donc nécessaire, qui implique une vision commune et notamment l'aide coordonnée des cinq SAGEs du Delta de l'Aa, du Boulonnais, de la Canche, de l'Authie, de la Somme-Aval (encore en projet en 2011) et de la Bresle, ce qui peut se faire dans le contexte des deux SDAGEs des bassins Seine Normandie et Artois Picardie, approuvés en 2009[10].
La qualité des eaux de baignade s'est améliorée depuis la fin des années 1980, avec un point noir à Boulogne, qui devrait s'améliorer avec la fermeture de l'usine Comilog.
La qualité des eaux de conchyliculture est encore préoccupante sur une partie du trait de cÎte, imposant un traitement de désinfection des coquillages avant leur vente.
Certains polluants (perturbateurs endocriniens, platinoïdes, polluants éventuellement perdus par des munitions immergées, certains pesticides), sont encore mal suivis, pour des raisons techniques et financiÚres ou parce qu'assez récemment identifiés et pas encore considérés comme prioritaires.
Les estuaires, qui sont Ă l'origine du fleuve marin cĂŽtier font tous l'objet d'opĂ©rations de protection ou gestion restauratoire. Ils sont pour certains parmi les plus intensivement chassĂ©s au monde (Somme, Canche, Authie). Les cartouches Ă grenaille de plomb y sont depuis peu interdites (remplacĂ©es par des cartouches Ă billes d'acier doux), mais les centaines de millions de billes de plomb dispersĂ©es dans le milieu depuis plus d'un siĂšcle peuvent encore ĂȘtre source d'empoisonnement pour les oiseaux qui les mangent. Les cadavres de ces oiseaux sont Ă leur tour une source de saturnisme animal, avec des impacts Ă©coĂ©pidĂ©miologiques locaux, globaux ou diffĂ©rĂ©s qui n'ont pas Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s dans cette rĂ©gion.
Un rapport[25] commandĂ© par le gouvernement Ă l'IGE Ă la suite de conflits sur l'estuaire de la Seine (Natura 2000, Port 2000) a produit diverses recommandations pour une meilleure gestion des estuaires, et pour mieux y appliquer la directive cadre sur lâeau, le rĂ©seau Natura 2000 et le management environnemental des ports (voir aussi Ecoport. Ce rapport recommande notamment la mise en place de « comitĂ©s dâestuaire » dans les grands estuaires, et d'une structure de type commission locale de l'eau dans les autres.
Statut, protection
Longtemps ignorĂ©, de mĂȘme que les habitats sous-marins quâil irrigue, le fleuve marin cĂŽtier est mieux connu depuis les travaux de recherche du Programme europĂ©en CHARM I et II, le projet europĂ©en MAST, le programme LITEAU (MinistĂšre de l'Ăcologie et du dĂ©veloppement durable), le « RĂ©seau Hydrographique Littoral Normand » (RHLN), le programme d'Ă©tude des Impacts SĂ©dimentaires des installations conchylicoles (PISTOLE) et diverses initiatives associatives et scientifiques prises en matiĂšre dâintĂ©gration des connaissances en Manche orientale, accompagnĂ©es par la MIMEL[26]epar Nausicaa et certaines collectivitĂ©s. Le programme scientifique Seine-Aval, portĂ© par un Groupement dâIntĂ©rĂȘt Public (GIP) Seine-Aval et accompagnant la mise en place et en Ćuvre d'une Directive territoriale d'amĂ©nagement (DTA) de l'estuaire de la Seine ont permis de mieux comprendre l'origine et le fonctionnement de ce fleuve marin cĂŽtier[27], et dans le cadre des engagements de la France en matiĂšre dâaires marines protĂ©gĂ©es[28] en crĂ©ant au moins 10 % dâaires marines protĂ©gĂ©es supplĂ©mentaires avant 2012, dont huit nouveaux Parcs Naturels Marins (PNM), avec lâaide de l'Agence des aires marines protĂ©gĂ©es et parcs naturels marins (AAMP), il pourrait en grande partie ĂȘtre englobĂ© dans lâun des futurs parcs naturels marin français (dit « Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale »[10] et plus prĂ©cisĂ©ment « Parc naturel marin Ă lâouvert des estuaires picards et en mer dâOpale », dâabord souvent dĂ©nommĂ© Parc naturel marin des Trois Estuaires [29] dont le pĂ©rimĂštre est soumis Ă enquĂȘte publique en 2011, aprĂšs trois ans dâĂ©tudes et de concertation sous lâĂ©gide de trois prĂ©fets et de lâAgence des aires marines protĂ©gĂ©es[30].
Un parc marin nâest pas un outil fort de protection, mais se veut ĂȘtre un bon outil de gestion intĂ©grĂ©e des ressources naturelles, dans un esprit de dĂ©veloppement durable, en s'appuyant donc sur des connaissances partagĂ©es (en grande partie Ă encore acquĂ©rir) et une approche Ă©cosystĂ©mique[31] (promue par l'Europe, la FAO, l'UNESCO[32]) visant une restauration, protection et gestion Ă©quilibrĂ©e des ressources naturelles, incluant un processus de « Gestion intĂ©grĂ©e des zones cĂŽtiĂšres ».
Aspects juridique
Ce fleuve aux frontiĂšres, volume et dĂ©bits fluctuants, sans « rive gauche » matĂ©rielle stable n'est pas en soi une entitĂ© juridique, mais comme dans toutes les eaux marines de l'Union europĂ©enne, la politique commune de la pĂȘche(PCP) s'y applique (depuis 1983).
C'est une des masses d'eau qu'il faut prendre dans la gestion globale des eaux initiĂ©es par l'Europe (Directives concernant l'eau (DCE, Directive sur les inondations, les nitrates, les pesticides⊠et la rĂ©cente StratĂ©gie marineâŠ).
Riche de ses « eaux de transition », il devrait faire l'objet dâactions ou objectifs spĂ©cifiques pour lâatteinte du Bon Ă©tat Ă©cologique demandĂ© Ă tous les Ătats-membres (pour 2015) par la DCE (Directive cadre sur l'eau).
Il est entiĂšrement situĂ© dans les eaux françaises, et pourrait ĂȘtre mieux pris en compte avec la crĂ©ation d'un Parc naturel marin, encore en projet, mais placĂ© dĂšs 2008[33] sous la triple responsabilitĂ© du prĂ©fet maritime de la Manche et de la mer du Nord, d'un prĂ©fet de rĂ©gion (Picardie) et d'un prĂ©fet de dĂ©partement (Pas-de-Calais).
Un est objectifs du projet de Parc est « l'observation et Ă la gestion de la mobilitĂ© hydro-sĂ©dimentaire, importante pour le bon Ă©tat des habitats marins et pour conserver le caractĂšre maritime des estuaires ». Le pĂ©rimĂštre "de surface moyenne" prĂ©sentĂ© Ă l'enquĂȘte publique en 2011 est cependant centrĂ© sur 7 estuaires picards, dont les trois plus significatifs, et sans aller (dans cette variante du projet) jusquâau site national des « 2 caps » au nord, et ce pĂ©rimĂštre est fortement comprimĂ© au nord.
LâAgence des aires marines protĂ©gĂ©es [34]a de 2008 Ă 2011 soutenu une mission dâĂ©tude, en concertation avec tous les acteurs locaux pour prĂ©figurer un parc naturel marin ayant la particularitĂ© dâassocier les collectivitĂ©s territoriales et les usagers aux dĂ©cisions de lâĂtat pour la mer (Autrefois les aspects maritimes relevaient de la seule compĂ©tence de lâĂtat).
L'Agence des aires marines protĂ©gĂ©es pourra donner son avis sur des projets en cours dans la zone du futur parc marin et sur des projets Ă©galement d'intĂ©rĂȘt public qui pourraient l'impacter.
Localement des enjeux juridiques locaux et internationaux liĂ©s Ă la sĂ©curitĂ© maritime, Ă la pĂȘche, aux aires protĂ©gĂ©es, ou Ă lâĂ©rosion cĂŽtiĂšre justifient aussi une parfaite connaissance de son comportement et de ses caractĂ©ristiques hydrologiques, hydrosĂ©dimentaires, halieutiques et Ă©cologiques.
Plusieurs sous-entitĂ©s Ă©copaysagĂšres importantes de ce fleuve marin sont la bande littorale d'estran, le front dunaires et ses laisses de mer, sa zone de dilution dans les eaux marines qui toutes peuvent abriter des espĂšces menacĂ©es ou d'intĂ©rĂȘt europĂ©en ou pour la Convention internationale OSPAR.
Il joue un rÎle de corridor sous marin et pourrait jouer un rÎle de Zones de connexion biologique (ZoCoB) entre les estuaires picards et aider les poissons (anadromes, catadromes et amphidromes notamment) à gagner les estuaires. De ce point de vue, il intéresse le réseau écologique paneuropéen et des outils juridiquement concrets en France tels que la Trame verte et bleue régionale, la nationale (TVB).
Comme tous les fleuves, celui-ci possÚde un bassin versant trÚs vaste, concerné par plus d'une dizaine de SAGEs et trois SDAGEs qui ne sont néanmoins pas coordonnés. Les réseaux d'alertes et de mesure de la qualité de l'eau, de l'air ou concernant le risque sanitaire ne sont pas non plus coordonnés sur cette zone[35]. Le Parc naturel marin pourra dans une certaine mesure jouer ce rÎle de coordination, avec le Projet CAMIS pour les aspects sécurité maritime. Quelques zones du fleuve cÎtier ou adjacentes font l'objet de protections, avec :
- la Réserve naturelle de la Baie de Somme (créée en 1994) incluant le Parc du Marquenterre
et la Réserve naturelle de la Baie de Canche (créée en 1987) ; - les sites du réseau Natura 2000 [36] sur cette zone : (FR2200346)[37], (FR2210068)[38], (FR3100481)[39], (FR3112004)[40], (FR3110038)[41] ;
- les sites protégés (incessibles) du Conservatoire du littoral du Nord-Pas-de-Calais-Picardie[42] : Massif du Marquenterre[43], Baie de Somme[44], Baie de La Canche[45] et Baie d'Authie[46] ;
- plus Ă l'est, le programme Seine-aval vise le bon Ă©tat Ă©cologique de l'estuaire de la Seine.
Faune
Selon les données synthétisées par le Programme Intereg ARCH et d'autres[47] - [48], les habitats sous-marins sont nombreux et variés sur les fonds, selon les courants et le type de sédiments (forçage hydrodynamique), on trouve quatre grandes communautés macrobenthiques sédentaires dans cette région (Manche-Est) :
- communautĂ© Ă forte Ă©pibiose sessile sur les cailloutis lĂ oĂč le courant est fort (vers le centre du dĂ©troit ou de la Manche) ;
- communauté des graviers et sables grossiers ou gravelles à Amphioxus ;
- communauté des sables moyens dunaires (sous-marins) à Ophelia borealis ;
- communauté des sables fins plus ou moins envasés à Abra alba (faciÚs variant selon le courant, mais en courant modéré).
à proximité de la cÎte, dans le fleuve marin cÎtier moins salé alimenté par la Seine, la Somme et les autres estuaires plus au nord, d'autres communautés ou des variations de ces communautés sont observées, avec des variations importantes de richesses spécifiques et d'abondances.
Lâestran de ce fleuve marin abrite aussi l'une des principales colonies de phoques de France, aprĂšs qu'elle a failli disparaĂźtre ; le phoque veau-marin (phoca vitulina) rĂ©side et se reproduit Ă nouveau en baie de Somme et on observe Ă nouveau des migrateurs tels le phoque gris (halichoerus grypus).
En mer, le grand dauphin (tursiops truncatus) et le marsouin (phocoena phocoena) sont des indicateurs suivis avec attention.
Beaucoup d'oiseaux d'espÚces marines et littorales utilisent ce fleuve cÎtier pour se nourrir comme le plongeon catmarin, le fou de Bassan, le grand Cormoran, des anatidés (eider à duvet, macreuse noire, macreuse brune, harle huppé), du bécasseau sanderling et de nombreux laridés (mouette mélanocéphale, mouette pygmée, mouette rieuse, goéland cendré, goéland brun, goéland argenté, goéland leucophée, goéland marin, sterne caugek, sterne naine, sterne pierregarin, petit pingouin et guillemot de Troïl. Des espÚces rares y sont observées, dont le plongeon arctique, le grÚbe jougris, le grÚbe à cou noir, le fuligule milouinan, le grand labbe, etc.
Comme les mammifĂšres marins, les oiseaux marins et littoraux jouent un rĂŽle important pour les Ă©quilibres sanitaires et Ă©cologiques, notamment en Ă©liminant prĂ©fĂ©rentiellement leurs proies malades. PĂ©riodiquement, des mortalitĂ©s importantes dues aux botulisme ou Ă de petites marĂ©es noires sont observĂ©es chez les oiseaux. Localement des problĂšmes de saturnisme aviaire se posent, encore mal Ă©valuĂ©s, et les taux de mĂ©taux lourds ou d'autres polluants (organochlorĂ©s, perturbateurs endocriniens, pesticidesâŠ) restent prĂ©occupants chez les espĂšces de la fin de la chaĂźne alimentaire ou vivant dans les estuaires.
Les lamellibranches sont nombreux. Des populations importantes mais fluctuantes de coques (cerastoderma edule) peuplent les trois estuaires mais aussi certaines zones sablo-vaseuses entre ceux-ci.
Flore
Le phytoplancton est constitué de plus d'une centaine d'espÚces.
Les fonds abritent de nombreuses algues fixées et des lichens résistants aux embruns sont présents sur le trait de cÎte ainsi qu'une flore caractéristique de milieux saumùtres et estuariens réguliÚrement recouverts par la mer (type prés salés), avec notamment les salicornes, puccinellie, etc.
Des espĂšces d'intĂ©rĂȘt communautaire (d'intĂ©rĂȘt patrimonial europĂ©en) sont prĂ©sentes, dont l'Ache rampante (Apium repens), le Liparis de Loesel (Liparis loeselii qui a lĂ ses principales populations mondiales)⊠Le lilas de mer ou statice commun (Limonium vulgare miller) s'Ă©panouit dans les dĂ©pressions humides hautes des estuaires (semi-protĂ©gĂ©).
Bibliographie
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Notes et références
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- FR2210068Estuaires picards : Baie de Somme et d'Authie (zone maritime en ZPS)
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- FR3110038 Estuaire de La Canche (zone maritime en ZPS)
- Conservatoire du littoral
- MarquenterreConservatoire du littoral
- Baie de la SommeConservatoire du littoral
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Voir aussi
- Wiki RFRC du Réseau français de recherche cÎtiÚre
- DORIS
Articles connexes
- Fleuve cĂŽtier
- Estuaires picards
- Site naturel de la Somme
- Parc naturel marin
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Liens externes
- Ătude sur le PNM "Trois Estuaires" Site officiel : Agence des aires marines protĂ©gĂ©es
- Espaces naturels en Picardie