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Concertation

La concertation est l’action de débattre[1], dans le cadre d'un dialogue engagé entre tous les acteurs concernés, qui échangent leurs arguments, afin de prendre en compte les divers points de vue exprimés et de faire ainsi émerger l’intérêt général, en amont de la mise en forme d’une proposition, avant de s’accorder en vue d’un projet commun.

La concertation se distingue de la négociation en ce qu’elle n’aboutit pas nécessairement à une décision, mais qu’elle vise à la préparer.

C’est le cas par exemple lorsqu’une collectivité territoriale engage un processus de concertation avec la population locale dans la perspective d’un aménagement : la décision finale appartient aux élus qui seuls en détiennent formellement le pouvoir, mais qui devront intégrer les résultats de la concertation.

La concertation se distingue de la consultation, laquelle se résume à une demande d’avis, en général sur un projet prédéfini, avis qui ne lie d’ailleurs pas le destinataire de la consultation. La véritable concertation exige l’ouverture à toutes les personnes intéressées, dès la conception du projet, et suppose la confrontation entre les parties, l’échange d’arguments, l’explicitation des points de vue de chacun.

La concertation se distingue de la médiation en ce qu’elle ne fait pas intervenir un tiers pour faciliter la recherche d’un accord entre les parties. Les échanges sont animés par l’une des parties prenantes ou, dans certains cas, par un facilitateur lié à l’une d’entre elles.

Concertation et institutions

Au sein de l'État, la concertation peut s'exercer à l'intérieur d'une commission publique, d'une commission de consultation, d'une commission d'enquête, d'un bureau d'audiences, etc.

Une des critiques - d'inspiration jacobine[2] - adressées à ce mode de fonctionnement est que la concertation peut incarner une forme de corporatisme, au sens de défense d'intérêt particulier, par opposition à l'intérêt général cher à Jean-Jacques Rousseau. Cependant, le concept même de concertation est inclusif puisqu'il s'adresse à toutes les personnes concernées, voire simplement intéressées, en vue de se mettre d'accord pour dégager l’intérêt général.

Wikipédia est un exemple d'organisation fondée sur la concertation, mais ici dans le cadre d'un travail collaboratif.

La concertation dans les politiques publiques d’environnement et d’aménagement

Ă€ la fin du XXe siècle, la concertation parfois dĂ©nommĂ©e dans ce domaine « dialogue environnemental Â» s’est imposĂ©e progressivement comme un principe d’action publique dans le domaine de l’environnement, de l’amĂ©nagement, de la gestion du territoire et, plus largement, de la gestion publique et collective des ressources. Son dĂ©veloppement est Ă©troitement liĂ© Ă  celui du principe de participation, impulsĂ© par la Charte mondiale de la nature (1982) et des conventions internationales comme la DĂ©claration de Rio sur l'environnement et le dĂ©veloppement dans son principe 10 (1992) et la Convention d’Aarhus[3] (1998). Ces textes ont encouragĂ© les gouvernements Ă  inscrire dans la loi l’impĂ©ratif de concertation.

En raison de la complexité des problématiques liées aux procédures de transformation du territoire (espaces, environnement, énergie et recyclage, logement, densification, espaces verts et agricoles, mobilité, stationnement, économie, rapports sociaux, pression sur le patrimoine et les ressources) et face aux nombreux refus exprimés à l’encontre des projets d’aménagement urbain, les autorités politiques se trouvent toujours plus confrontées au défi de trouver des solutions acceptables par tous. Certains ne voient la cause des blocages que dans un déficit d’information, voire de marketing, de la part des autorités politiques et des administrations vis-à-vis des « administrés ». Pourtant, on peut légitimement chercher à développer des processus de gestion de projet urbain différents. Des penseurs, comme Yves Chalas, se fondant notamment sur le développement des sciences exactes (notions de chaos et d’aléatoire), afin de répondre à la grande complexité des variables et des territoires, préconisent, plutôt que de simplement soumettre les projets de développement urbain à la consultation publique, de faire résulter du débat public les projets, par « l'information réciproque, le diagnostic partagé, la découverte collective et progressive du projet », le débat public garantissant « un meilleur urbanisme (…) que l'excellence technique, esthétique, fonctionnelle et rationnelle »[4].

La concertation peut s’exercer à tous les niveaux: quartier, commune, groupe de communes, ville, agglomération transfrontalière[5]. Ainsi, par exemple, la ville de Zurich (en Suisse) a su éviter les blocages en élargissant le cercle des acteurs participant à la conception des projets relatifs à l’aménagement des vastes friches industrielles de Zurich-Ouest : avant même l’élaboration d’un projet, les autorités municipales ont invité tous les acteurs intéressés à participer à la définition de ses lignes directrices[6].

En France, les principaux espaces de concertation ouverts par la réglementation l’ont été, souvent via l'enquête publique dans le domaine de la gestion de l’eau (Loi sur l'eau du 3 janvier 1992 créant les SAGE ou schémas d’aménagement et de gestion des eaux qui ont succédé aux Contrats de Rivières…), du littoral (Contrats de Baie, Schéma de mise en valeur de la mer, Gestion intégrée des zones côtières…), de la biodiversité (Natura 2000), etc.

Le développement des NTIC et de certaines pratiques sociales ont également fortement contribué à diffuser le concept de concertation dans le champ de l’environnement et de l’aménagement, et de l'urbanisme[7] sous l’effet de plusieurs facteurs, notamment la multiplication des conflits d’usage et la recherche de modes de gestion inspirés par le dialogue entre les parties prenantes et la remise en cause des élus et des scientifiques dans leurs rôles traditionnels de décideurs, d’arbitres et d’experts. Il existe en effet de nombreuses initiatives de concertation entre acteurs locaux hors de toute incitation réglementaire, comme l’ont montré le programme Comédie[8] et la Fondation de France.

On peut aussi citer les exemples suivants :

  • dans le cadre du projet d’amĂ©nagement urbain du plateau de Haye[9] en Lorraine, l'architecte-urbaniste-paysagiste Alexandre Chemetoff a pratiquĂ© un vrai dialogue avec les usagers[10] : un plan gĂ©ant du projet (assez grand pour que l’on puisse en parcourir les rues Ă  pied) a Ă©tĂ© soumis au public, dont les remarques et suggestions ont servi Ă  corriger le projet;
  • Ă  Lyon, l’énorme projet de rĂ©amĂ©nagement urbain Lyon Confluence[11] est un modèle du genre: d’une part, un espace de concertation (la Maison de la Confluence, bâtiment temporaire dĂ©montable) a Ă©tĂ© ouvert au public, près des chantiers, dans le but, non seulement d’informer au mieux sur le projet et l’évolution des chantiers (avec des expositions, des maquettes, des films vidĂ©os, des bornes multimĂ©dias), mais aussi d’instaurer la concertation en amont de l’élaboration du projet et de la dĂ©cision politique (rĂ©unions publiques, ateliers, confĂ©rences et dĂ©bats autour de l’amĂ©nagement du territoire) : chacun est encouragĂ© Ă  exprimer son avis, ses attentes et ses inquiĂ©tudes (sur les espaces et Ă©quipements publics, les transports, la qualitĂ© et la densitĂ© du bâti), soit sur place soit au moyen de sites internet constamment tenus Ă  jour ; cette interaction entre public, concepteurs et Ă©lus vise Ă  Ă©tablir dans la durĂ©e une relation de confiance sur le rĂ©amĂ©nagement et Ă  permettre Ă  la population de s’approprier rĂ©ellement le projet urbain. D’autre part, le Conseil de communautĂ© urbaine du Grand Lyon a adoptĂ© en 2003 une Charte de la participation[12] tout Ă  fait remarquable, qui valorise la concertation et est Ă©tablie sur le principe que "la participation citoyenne est non seulement le fondement de la dĂ©mocratie locale, mais elle en est aussi la finalitĂ©" ; aux termes de cette Charte, les autoritĂ©s lyonnaises s’engagent Ă  privilĂ©gier la transparence dĂ©mocratique et Ă  renouveler le dialogue entre habitants et Ă©lus (sans remettre en cause la lĂ©gitimitĂ© de ces derniers), afin de donner l’occasion Ă  tous de s’impliquer dans la conception de la ville et la construction du bien commun ; la Charte va jusqu’à prĂ©voir que les budgets des projets intègrent les moyens nĂ©cessaires Ă  la mise en Ĺ“uvre des procĂ©dures de concertation;
  • Ă  plus petite Ă©chelle, Ă  la suite des protestations qui ont suivi la fermeture en 2002, pour des raisons de normes de sĂ©curitĂ©, de l’aire de jeux de 1000 m2 amĂ©nagĂ©e sur la pente de la butte du parc de Belleville (dans le 20e arrondissement), la Mairie de Paris a engagĂ© un vĂ©ritable processus de concertation pour dĂ©terminer les attentes des usagers et des riverains, en organisant non pas de simples sĂ©ances d’information ou de consultation, mais des ateliers de rĂ©flexion menĂ©s sur une annĂ©e et accueillant notamment parents et enfants, associations et Service des espaces verts ; un cahier des charges a sur cette base Ă©tĂ© rĂ©digĂ© et un concours lancĂ©[13].

En 2016, conformément à la législation[14] et à la suite d'un rapport[15] de la commission spécialisée du Conseil national de la transition écologique sur la démocratisation du dialogue environnemental, rendu par le sénateur Alain Richard intitulé « Démocratie environnementale : débattre et décider »[16], un « Projet d'ordonnance[17] relatif à la démocratisation du dialogue environnemental » a été mis en consultation publique (du au ) ; il vise à mieux « assurer l’information et la participation du public à l’élaboration de projets, plans et programmes afin de les moderniser et de les simplifier, de mieux garantir leur conformité aux exigences constitutionnelles ainsi que leur adaptabilité aux différents projets, de faire en sorte que le processus d’élaboration des projets soit plus transparent et l’effectivité de la participation du public à cette élaboration mieux assurée. »

Concertation publique

La concertation publique est régie par la « Charte de la concertation ». Celle-ci impose des procédures en amont du projet, élargissant la transparence, impliquant des débats et favorisant la participation. Mais le pouvoir décisionnel reste entièrement dans les mains de l'autorité publique.

Il existe différents types de concertation :

  • la concertation de communication. La concertation de communication a l'apparence de la participation mais elle n'en a pas le fondement. Les rĂ©sultats importent peu. Il s'agit pour la collectivitĂ© de montrer qu'elle associe la population. Elle lui donne les moyens de s'exprimer, mais dans quel but ? Le plus souvent, les rĂ©ponses ont peu d'effets sur la conduite des affaires publiques. Il s'agit d'abord, de faire passer des messages, promouvoir une politique sans avoir d'effets rĂ©els. C'est d'ailleurs, le type de participation le plus souvent utilisĂ©.
  • la concertation structurelle. L'installation d'une concertation structurelle se caractĂ©rise par la mise en place d'une structure dĂ©diĂ©e. C'est parfois obligatoire comme les conseils de quartiers pour les villes de plus de 80 000 habitants, c'est aussi de l'affichage comme la mise en place des « Conseils municipaux de jeunes » qui visent avant tout Ă  associer et communiquer vers les collĂ©giens. Revue de dĂ©tails de ces structures qui pour durer et ĂŞtre efficace, doivent reposer sur des acteurs qui ont le temps et les compĂ©tences pour Ă©tudier et rĂ©agir aux projets Ă©tudiĂ©s. Ce qui n'est pas simple.
  • la concertation d'engagement. Certains Ă©lus, certaines collectivitĂ©s se caractĂ©risent par un engagement fort dans la concertation et les procĂ©dures participatives. Mode de gestion de la ville, amĂ©nagement, concertation sur de grands sujets de politique gĂ©nĂ©rale… ces Ă©lus intègrent un dialogue participatif. Cet engagement se retrouve dans la mise en place des dĂ©marches que nous avons citĂ©es : Charte de la participation, structure interne dĂ©diĂ©e, dĂ©marches participatives structurĂ©es, formation des agents, etc.
  • la concertation de construction. La concertation de construction repose sur la volontĂ© d'un dĂ©cideur public d'associer la population Ă  la construction de son projet. Les raisons peuvent ĂŞtre variĂ©es : arbitrage entre des options divergentes au sein de l'Ă©quipe projet, volontĂ© d'obtenir une validation par la population de son projet, souhait d'amĂ©liorer certains points, moyen de lĂ©gitimer un choix… Les choix sont ouverts. La collectivitĂ©, l'opĂ©rateur public Ă©tudient plusieurs options. Cela est possible parce que financièrement ou politiquement les diffĂ©rentes options se valent. Il peut s'agir d'un rĂ©fĂ©rendum local. La rĂ©ponse fonctionne alors comme un couperet : oui ou non le projet se fera. Mais cette concertation de construction peut permettre d'affiner un projet, d'amĂ©liorer des points ou de faire Ă©voluer certains aspects du projet.
  • la concertation d'attente. La concertation sert Ă©galement… Ă  ne pas prendre de dĂ©cision. Les contraintes politiques, les raisons budgĂ©taires, les doutes sur la finalitĂ© d'un projet peuvent reporter la rĂ©alisation d'un projet. Pourtant, l'annonce de son arrĂŞt n'est pas Ă  l'ordre du jour. Soit parce qu'il ne faut pas se dĂ©juger par rapport Ă  des annonces passĂ©es, soit parce que les financements manquent et qu'Ă  dĂ©faut d'enterrer ou d'engager le projet… on concerte. Cette dĂ©marche se retrouve Ă©galement dans la politique nationale. Pour Ă©viter les risques d'un « prĂ©sident hyperactif », la dĂ©marche participative est largement mise en avant. Cela permet Ă  la fois d'Ă©viter de prendre des dĂ©cisions hâtives et inappropriĂ©es et de reporter des dĂ©penses Ă  des jours meilleurs.

Une concertation publique peut porter sur des sujets variés. La convention d'Aarhus donne un poids particulier aux questions d'environnement. Elle est reprise par deux directives européennes et en France par l'article 7 de la Charte de l'environnement qui énonce que : « toute personne a le droit, dans les conditions et les limites définies par la loi, d'accéder aux informations relatives à l'environnement détenues par les autorités publiques et de participer à l'élaboration des décisions publiques ayant une incidence sur l'environnement ».

Finalités de la concertation

Différentes acceptions de la concertation peuvent être trouvées dans la littérature.

Pour Pierre-Yves Guihéneuf, la concertation est « un processus de dialogue dont le but est de parvenir à des propositions acceptées par toutes les parties impliquées, des orientations ou des projets »[18]. L’objectif de la concertation est donc de rechercher un accord entre les participants en vue d'une prise de décision ultérieure, et non pas seulement d’échanger des informations ou des arguments, ce qui distingue la concertation du débat. Philippe Barret va dans le même sens en inscrivant sans équivoque la concertation dans le processus décisionnel[19]. Pour Laurent Mermet, l’objectif de la concertation est d’adapter les décisions aux besoins des acteurs en tentant d’ajuster les intérêts de chacun, même si la décision reste finalement au maître d’ouvrage ou à l’administration[20]. Jean-Eudes Beuret définit la concertation comme un « dialogue horizontal entre les participants, dont l’objectif est la construction collective de visions, d’objectifs, de projets communs, en vue d’agir ou de décider ensemble »[21]. Pour lui, il n’y a pas obligatoirement partage du pouvoir de décision entre les participants et la décision n’est pas l’objectif premier de la concertation, dont l’intérêt réside avant tout dans l’intérêt de construire ensemble des objets communs. Selon le think-tank Décider ensemble la concertation "peut se définir comme un processus s'appuyant sur un dispositif de dialogue entre le porteur de projet et les parties prenantes et/ou le public, dialogue maintenu dans la continuité et rythmé par des temps forts et aboutissant à une décision motivée en tenant compte des échanges"[22].

Pour ces différents auteurs, la concertation se distingue de la codécision[23] mais elle a pour objectif de construire des accords entre les participants ou au moins de tenter d’harmoniser leurs projets.

D’autres en revanche estiment que l’objectif de la concertation ne réside pas dans la construction d’un consensus. C’est la position explicitée par le groupe de travail Manon du Commissariat général du Plan : « « A notre sens, une concertation pertinente ne peut avoir d’autres objectifs qu’ouvrir un débat sur l’opportunité de la décision […], identifier la totalité des choix envisageables […], cerner les points d’accord et de désaccord entre les parties […], permettre un choix mieux éclairé et tenir compte, dans les modalités d’application, d’intérêts ou de suggestions dont la prise en compte ne remet pas en cause l’essentiel »[24].

Modalités de la concertation

La concertation implique des parties prenantes, c'est-à-dire des groupes organisés (associations, groupements professionnels, entreprises, collectivités territoriales, administrations…) qui seront chargés de mettre en œuvre les projets qui seront élaborés collectivement ou de les faire suivre de décisions effectives. Ces groupes sont, le plus souvent, représentés par des délégués. Selon Grégoire Milot, président d'État d'Esprit, la concertation « doit impliquer tous les publics qui ont un intérêt au projet » et tous ceux « qui seront impactés de près ou de loin », et ne pas « se limiter aux habitants situés près du projet débattu »[25].

Il n’existe pas de méthode unique de concertation : celle-ci s’adapte en fonction des projets, des acteurs, des échelles de territoire et des contraintes juridiques, techniques et financières. Mais, en tout cas, la concertation publique doit précéder la planification urbaine. En matière d’aménagement d’espaces publics, la planification requiert des processus permettant de déterminer l’intérêt public ; "le bien commun ne peut pas, ne peut plus, être postulé : il doit être construit"[26]. Ainsi, il convient d’identifier tous les acteurs concernés et de les impliquer ab initio dans la conception et l’élaboration du projet, en les faisant dialoguer entre eux et avec des experts. "Il ne s’agit (…) pas de croire de manière angélique aux vertus du débat (…), mais de se donner les moyens de définir adéquatement le problème. (…) Les procédures [de concertation publique] (…) permettent (…) d’enclencher une dialectique féconde entre une définition (…) du bien commun et des conceptions architecturales et urbanistiques."[27]

La concertation publique présente de grands avantages : elle permet à la population de s’approprier le projet et d’y adhérer ; en outre, tout en évitant donc les blocages, la concertation intègre mieux les divers membres de la collectivité (y compris, par exemple, les enfants, qui eux ne sont jamais entendus lors des procédures de consultation) en construisant le sentiment d'appartenance à cette collectivité. En outre, les procédures de concertation permettent aux projets urbains de pouvoir être réalisés de manière plus prompte, flexible et planifiable, ce que les investisseurs et le public apprécient. Les procédures participatives se voient parfois critiquer pour leur lourdeur. S’il est vrai que, par rapport à la planification ordinaire, la concertation allonge la phase de conception du projet, elle permet cependant en général de réaliser l’aménagement urbain plus efficacement (en termes de temps et d'argent), tout en évitant référendums et recours dans une large mesure. Par ailleurs, la concertation n’a pas pour objet de tout régler : il ne s’agit pas de laisser les usagers dicter par exemple leurs goûts en matière d’architecture (laquelle doit plutôt faire l’objet de concours), mais d’établir un dialogue et des synergies quant à l’aménagement des espaces publics.

Pratiques connexes

Des dispositifs participatifs proches de la concertation sont par exemple :

  • le dĂ©bat public : la participation est ouverte, sous forme de rĂ©unions publiques. Les Ă©changes peuvent ĂŞtre renforcĂ©es par un dĂ©bat en ligne et la diffusion d’information aux participants. Une synthèse des dĂ©bats est Ă©laborĂ©e par la commission organisatrice et soumise au maĂ®tre d’ouvrage pour avis. Cette modalitĂ© est celle qui est pratiquĂ©e par la Commission nationale du dĂ©bat public (CNDP) dans le cas de grands projets d’amĂ©nagement. Le dĂ©bat public est diffĂ©rent de la concertation en ce sens que son but n'est pas de rechercher un accord entre participants, mais plutĂ´t de permettre Ă  ceux-ci de construire leur opinion. Le dĂ©bat public constitue souvent un outil de consultation pour les dĂ©cideurs.
  • La confĂ©rence de citoyens, le jury citoyen ou d’autres dispositifs mobilisant des « minipublics ». Un panel, gĂ©nĂ©ralement tirĂ© au sort, d’une Ă  quelques dizaines de personnes, est chargĂ© de produire des propositions ou des avis sur une dĂ©cision publique. Ce dispositif se rapproche de la concertation dans le sens oĂą l'objectif est gĂ©nĂ©ralement de dĂ©gager un consensus entre les participants, mais ceux-ci ne reprĂ©sentent pas les parties prenantes, les acteurs impliquĂ©s dans la dĂ©cision. Les confĂ©rences de citoyens sont gĂ©nĂ©ralement conçues comme des outils consultatifs au service des dĂ©cideurs et des espaces de participation citoyenne.

Les processus de concertation portant sur l’environnement et l’aménagement peuvent mobiliser des outils comme le débat public et la conférence de citoyens afin de mobiliser un plus large public, notamment celui des profanes, simples habitants et citoyens qui, dans les faits, ne sont pas toujours considérés comme des parties prenantes.

Articles connexes

Bibliographie

  • MOLLET Albert, Quand les habitants prennent la parole, Ă©d. Plan Construction, Paris, 1981, (ISBN 2-1108-4389-6)
  • BARRET, Philippe, Guide pratique du dialogue territorial, Éditions de l'Aube, 2012 (seconde Ă©dition).
  • BEURET Jean-Eudes, La Conduite de la concertation pour la gestion de l’environnement et le partage des ressources, L’Harmattan, 2006
  • BEURET Jean-Eudes, L'Ă©valuation des processus de concertation : RELIEF, une dĂ©marche, des outils ; France, Ministère de l'Ă©cologie et du dĂ©veloppement durable. Éditions Documentation française, 2006
  • BEURET Jean-Eudes et CADORET Anne. GĂ©rer ensemble les territoires. Vers une dĂ©mocratie coopĂ©rative. Ed. C.L. Mayer, 2010[28].
  • GUIHENEUF Pierre-Yves. Garantir la concertation. Institut de la Concertation et de la Participation Citoyenne, Ed. C.L. Mayer, 2010[29].
  • GUIHENEUF Pierre-Yves et VILLARROEL Alexandra. Concertation et environnement, les acquis des expĂ©riences locales. ComĂ©die, 2016[30].
  • MERMET Laurent et BERLAN-DARQUE Martine (coord). Environnement: dĂ©cider autrement. Nouvelles pratiques et nouveaux enjeux de la concertation, L'Harmattan, 2009.
  • Ministère de l'AmĂ©nagement du territoire et de l'environnement. Charte de la concertation (1996)
  • METL. Les Pratiques de concertation et de dĂ©bat public du ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement, 2002
  • Ministère de l'Écologie et du DĂ©veloppement durable. Publications de recherches produites dans le cadre du programme Concertation DĂ©cision Environnement
  • SUSSKIND Lawrence, PEKAR-LEMPEREUR Alain, DUZERT Yann. Faciliter la concertation. Ă€ bon processus, bon consensus. Eyrolles, Ă©ditions d'Organisation, 2010 Note de lecture.
  • GEYSER. 'Concertation et territoires : quels dispositifs, quels enjeux ?, MĂ©moire du sĂ©minaire du 21 avril 2007.
  • MILOT GrĂ©goire, Le diagnostic de la concertation publique, Édition État d'Esprit, Paris, 2005.
  • MILOT GrĂ©goire, Construire une ville participative en 10 questions, Territorial Éditions, Paris, 2012.

Ressources documentaires

Guides

RĂ©seaux

  • Il existe une Association internationale pour la participation publique, dite AIP2, nĂ©e en 1990 aux États-Unis, prĂ©sente en 2011 dans 19 pays, pour « promouvoir la participation publique auprès de particuliers, de gouvernements, d’institutions et d’autres entitĂ©s dont les activitĂ©s touchent l’intĂ©rĂŞt public, et Ă  amĂ©liorer cette pratique dans des pays du monde entier »[31].
  • L'Institut de la Concertation et de la Participation Citoyenne, crĂ©Ă© en 2008, est un rĂ©seau national de professionnels de la concertation et de la participation - praticiens et chercheurs - travaillant dans diffĂ©rents domaines : environnement, urbanisme, sciences et techniques, etc. ICPC
  • Le groupement d'intĂ©rĂŞt scientifique Participation du public, dĂ©cision, dĂ©mocratie participative. a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2010 et agrège des chercheurs travaillant en sciences humaines et sociales sur cette thĂ©matique. RĂ©gulièrement actualisĂ©, son site collaboratif recense les Ă©vènements liĂ©s Ă  ce champ de recherche, ainsi que de nombreux travaux disponibles en ligne. Participation et dĂ©mocratie.

Références

  1. Le mot "concertation" vient du verbe latin "certare", qui signifie notamment "débattre" (cf. Félix Gaffiot, Dictionnaire illustré latin français, Hachette, Paris, 1934, p. 294).
  2. Brigitte Krulic, L'universalisme républicain, Cahiers Français n°342.
  3. Convention sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement, adoptée le 25 juin 1998 à Aarhus (Danemark).
  4. Yves Chalas : "L’urbanisme à pensée faible", 2007, lrdb.fr, en ligne (www.lrdb.fr/articles.php?lng=fr&pg=356).
  5. Dans le cadre du Projet d'agglomération franco-valdo-genevois, des études ont été lancées à l’échelle des Périmètres d'aménagement coordonné d'agglomération (PACA) pour analyser les problématiques complexes autour du projet urbain (logements, espaces verts et agricoles, équipements, mobilité) ; ces études sont diligentées par des bureaux d’experts travaillant en parallèle sur divers scénarios d’aménagement du territoire, puis soumises au débat dans des ateliers et des tables rondes réunissant élus et représentants de la société civile, aux fins de dégager des recommandations réunissant l'adhésion la plus large.
  6. P. Marti, J.-P. Schopfer & H. Taieb : "Learning from Zurich - Plan directeur, idées directrices" in FACES, Journal d'architecture, No 65 "Réinventer Genève", page 36 et ss, hiver 2007 – 2008.
  7. Joseph Salamon, Urbanisme et concertation : méthode d'évaluation ; éditions Territorial Éditions 2011-09-15
  8. Comédie est un programme d'appui aux initiatives locales de concertation et de médiation dans le champ de l'environnement et du territoire. http://www.comedie.org
  9. Qui couvre quelque 440 ha, à cheval sur la ville de Nancy et deux autres communes, et où résident plus de 14’000 habitants.
  10. Alexandre Chemetoff, Patrick Henry et all : Visites, Ă©d. Archibooks - Sautereau, Paris, 2009, p. 39.
  11. Friche industrielle de 150 ha au sud de la presqu’île lyonnaise, entre Rhône et Saône, qui fait depuis 2000 l’objet d’une véritable extension urbaine, permettant de doubler la superficie de l’hyper-centre de l’agglomération lyonnaise.
  12. https://www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/media/pdf/institution/20030715_gl_charteparticipation.pdf
  13. Cedric van der Poel : "Pour s’inventer des histoires" in TRACÉS, no 20, 19 octobre 2011.
  14. voir l’article 106 de la loi no 2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques
  15. Commission spécialisée du Conseil national de la transition écologique sur la démocratisation du dialogue environnemental, présidée par Alain Richard (2015) RAPPORT Démocratie environnementale : débattre et décider, remis à Ségolène Royal le 3 juin 2015
  16. rapport de la commission spécialisée du Conseil national de la transition écologique sur la démocratisation du dialogue environnemental intitulé « Démocratie environnementale : débattre et décider », remis le 3 juin 2015 par le sénateur Alain Richard à la ministre de l'environnement
  17. Projet_d_ordonnance_dialogue_environnemental (pdf de 508 ko - version 30/06/2016), et Tableau Democratisation du dialogue environnemental Version avant/apres (30 juin 2016), pdf (407.2 ko), publié 01/07/2016
  18. Pierre-Yves GUIHENEUF et al. La Formation au dialogue territorial. Ed. Educagri, 2006, p. 181.
  19. Philippe Barret, Guide pratique du dialogue territorial, Ed. Fondation de France, 2003, p. 9.
  20. Laurent Mermet, Place et conduite de la négociation dans les processus de décision complexes : l’exemple d’un conflit d’environnement, In : Faure G.O. et al. La négociation, situation et problématiques, Nathan, 1998.
  21. Jean-Eudes Beuret, La conduite de la concertation pour la gestion de l’environnement et le partage des ressources, L’Harmattan, 2006, p. 71.
  22. DĂ©cider ensemble, Analyse des pratiques de la concertation en France, Paris, (lire en ligne)
  23. Les Cahiers de la Ville Responsable La concertation est-elle une codécision ?
  24. Marc Guérin (coord.). Commissariat général du Plan. Conflits d’usage à l’horizon 2020. Quels nouveaux rôles pour l’État dans les espaces ruraux et périurbains ? La Documentation française, 2005, p. 60.
  25. Grégoire Milot, Construire une ville participative en 10 questions, éditions Territorial, p. 11
  26. Ola Söderström, Béatrice Manzoni & Suzanne Oguey : "Lendemains d’échecs – Conduite de projets et aménagement d’espaces publics à Genève" in disP - The Planning Review, No. 145 (02/2001), p. 19 et ss.
  27. Ola Söderström, Béatrice Manzoni & Suzanne Oguey : ibid.
  28. « Gérer ensemble les territoires | ECLM » (consulté le )
  29. « Garantir la concertation | ECLM » (consulté le )
  30. « Comédie | Concertation et environnement » (consulté le )
  31. Association internationale pour la participation publique
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