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Commission nationale du débat public

La Commission nationale du débat public (CNDP) est une autorité publique qui veille au respect du droit à la participation du public dans l’élaboration des projets et des politiques publiques ayant un impact sur l’environnement. Elle a été créée en 1995 par la loi Barnier relative au renforcement de la protection de l'environnement. Avec la loi relative à la démocratie de proximité de 2002, la CNDP devient une autorité administrative indépendante.

Commission nationale du débat public (CNDP)
Logo de l'organisation
Logo de la Commission nationale du débat public (CNDP)
Situation
Création Créée en 1995 par la loi Barnier qui instaure le débat public en France, la Commission nationale du débat public (CNDP) est devenue une autorité administrative indépendante en 2002/ Les ordonnances de 2016 ont permis d'élargir sensiblement son champ de compétences.
Siège 244 boulevard Saint-Germain, 75007 Paris
Organisation
Membres La CNDP est une instance collégiale composée par : 1 Président, 2 vice-présidents et 22 membres (parlementaires, élus locaux, membres du Conseil d'Etat, de la Cour de Cassation, de la Cour des Comptes, des tribunaux administratifs, représentants des associations environnementales, du patronat, des syndicats, des personnalités qualifiées (notamment issues de la Compagnie nationale de commissaires enquêteurs - CNCE).
Président Marc Papinutti[1]
Vice-président Floran Augagneur[2]
Vice-présidente Ilaria Casillo[3]

Site web https://www.debatpublic.fr

Depuis le développement du droit à la participation du public aux décisions qui ont un impact sur l’environnement (Convention d'Aarhus, Charte de l'environnement), la loi française a instauré un certain nombre de procédures permettant à toute personne d'exercer ce droit. La CNDP a pour mission de garantir le respect de ces procédures participatives et parfois de les organiser elle-même.

Pour cela, premièrement, elle s'assure que toute l'information relative à un projet est complète, accessible et transparente pour le public ; deuxièmement, elle organise la mobilisation des personnes concernées, la délibération et le recueil des différents points de vue ; et, troisièmement, elle garantie la prise en compte de ces points de vue dans la décision (les décideurs peuvent choisir de ne pas donner suite aux observations et propositions du public mais ils doivent le justifier, c'est la "reddition des comptes"). La CNDP contribue depuis 25 ans à diffuser la culture de la participation en France.

La CNDP se compose d'un président, de deux vice-présidents et de 22 commissaires provenant d’horizons différents (parlementaires, élus locaux, membres du Conseil d’État, de la Cour de cassation, de la Cour des comptes, associations, patronat, syndicats…) qui assurent son indépendance, notamment vis-à-vis des administrations et des maîtres d’ouvrages.

Participation du public

En France, le principe de participation du public a été instauré par la loi du relative à la protection de l'environnement, dite « loi Barnier », et élargi grâce aux changements apportés par la loi relative à la démocratie de proximité ().

La loi prévoit deux principales procédures pour les projets dont elle est saisie : le débat public (organisé par la CNDP) ou la concertation (organisé par le porteur de projet mais sous l'égide de la CNDP). Dans les deux cas, la CNDP détermine les modalités de participation du public. Quand le projet se situe au-dessus d’un certain seuil, fixé par décret en Conseil d’État, la saisine est obligatoire pour le maître d’ouvrage ou la personne publique responsable. Pour les projets en dessous du seuil, mais qui sont supérieurs à des seuils planchers, la saisine est facultative mais la publication est obligatoire, et le maître d'ouvrage doit préciser les modalités de concertation qu'il envisage.

Le Gouvernement peut Ă©galement saisir la CNDP en vue de l’organisation d’un dĂ©bat public portant sur l'Ă©laboration d'une politique publique. Depuis 2002, trois dĂ©bats publics sur des options gĂ©nĂ©rales ont Ă©tĂ© organisĂ©s par la CNDP. Ils concernaient la gestion des dĂ©chets radioactifs, la politique de transports dans la vallĂ©e du RhĂ´ne et les nanotechnologies. Pour autant, la majoritĂ© des dĂ©bats portent sur un projet bien dĂ©fini : Ă©quipement routier, ferroviaire, culturel, industriel… Depuis 2016, ils portent Ă©galement sur les plans ou programmes qui ont un impact sur l'environnement (Programmation pluriannuelle de l'Ă©nergie, politique agricole commune, etc.)

La CNDP a également vocation à conseiller les autorités compétentes et les maîtres d’ouvrage, à leur demande, sur toute question relative à la concertation avec le public tout au long de l’élaboration d’un projet.

Modalités d’organisation

La CNDP décide[4] dans un délai de deux mois après la saisine des suites à donner :

  • soit elle organise elle-mĂŞme un dĂ©bat public et met en place une commission particulière du dĂ©bat public (CPDP) ;
  • soit elle dĂ©cide d'une concertation et en confie l’organisation au maĂ®tre d'ouvrage sous l'Ă©gide d'un garant ;
  • soit elle rejette la saisine.

DĂ©bat public

Lorsque la CNDP a décidé d’organiser elle-même un débat public, elle nomme une commission particulière du débat public (CPDP). Elle en désigne son président et ses membres chargés de la préparation, de l’animation et de la restitution du débat. Cette procédure permet aux citoyens de s'informer et d'exprimer leur avis sur l'intérêt et les conséquences de ces projets. Dans ce cas :

  • le dĂ©bat public porte sur l'opportunitĂ©, les objectifs et les caractĂ©ristiques principales du projet ;
  • il porte aussi sur les modalitĂ©s d'information et de participation du public après le dĂ©bat ;
  • la participation du public est assurĂ©e durant « toute la phase d'Ă©laboration d'un projet, depuis l'engagement des Ă©tudes prĂ©liminaires jusqu'Ă  la clĂ´ture de l'enquĂŞte publique rĂ©alisĂ©e en application des dispositions du chapitre III du titre II du livre Ier du prĂ©sent code ou du chapitre Ier du titre Ier du code de l'expropriation pour cause d'utilitĂ© publique[5] ».

Le maître d'ouvrage dispose d'un délai de six mois pour établir le dossier du débat et pour proposer les modalités d'organisation. Le débat se déroule pendant quatre mois. Cette durée peut être allongée de deux mois en cas d'expertise complémentaire demandée au début du débat.

À l'issue du débat, la commission particulière du débat public (CPDP) en rédige le compte rendu, et le Président de la CNDP en rédige le bilan. Le maître d'ouvrage prend une décision motivée, indiquant le principe et les conditions de la poursuite du projet. Après le débat et jusqu'à l'enquête publique, la CNDP s'assure du respect des bonnes conditions d'information et de participation du public.

Concertation post-débat public

Après le débat public, le maître d’ouvrage ou la personne publique responsable du projet informe la CNDP de sa décision et des modalités d’information et de participation mises en œuvre jusqu’à l’enquête publique. La CNDP peut émettre des avis et recommandations sur ces modalités et peut, à la demande du maître d’ouvrage ou de la personne publique responsable, désigner un garant chargé de veiller à leur mise en œuvre.

Concertation recommandée

Dans le cas où la CNDP estime qu’un débat public n’est pas nécessaire, elle peut demander au maître d’ouvrage ou à la personne publique responsable d’organiser une concertation dont elle définit les modalités. Elle est alors menée sous l’égide d’un garant nommé par la CNDP.

Présidents

La Commission nationale a été d’abord présidée successivement par deux conseillers d’État :

Le débat public depuis 2002

Difficultés

Une première difficulté est liée à l'acculturation des administrations et du public dans un pays qui n'était pas habitué à la consultation directe du public, ce qui produit parfois des débats qui suscitent plus d'émotion que de propositions constructives, ou qui ne sont que des chambres passives d'enregistrements d'avis, entretenant une inertie, sans réflexivité, là où le débat aurait pu produire de la co-construction et de l'évaluation partagée. Selon certains chercheurs, un débat public organisé par la CNDP, s'il est bien conduit, a cependant une vertu intrinsèque d'apprentissage - voir notamment les réflexions de Louis Simard et Jean-Michel Fourniau[6].

Le rĂ´le parfois ambigu des administrations et des lobbies, la lĂ©gitimation des experts, ou encore des riverains, volontiers discrĂ©ditĂ©s par rĂ©fĂ©rence au syndrome de « Nimby Â» (Not in my backyard), et la pertinence du choix des critères du dĂ©bat public sont questionnĂ©s, par exemple par Romain Rollant et Xavier Godard.

RĂ©sultats

Cela étant le débat public est utile. Depuis 2002, plus de 130 projets ont fait l'objet d'une concertation ou d'un débat, organisés par la CNDP. Nombreux sont les projets qui ont été modifiés, près d’une dizaine ont même été abandonnés. Ce fut le cas par exemple, en 2007, pour les projets de grand contournement autoroutier de Toulouse et de terminal méthanier sur la commune de Verdon-sur-Mer. Certains projets ont aussi été significativement remaniés. Retenons en particulier les projets Arc Express et Réseau de transport public du Grand Paris. Précisés et adaptés pendant les débats publics de 2010, ils ont fusionné en un seul projet, le Grand Paris Express.

Il est un domaine oĂą le dĂ©bat public et la concertation se sont imposĂ©s : les projets ferroviaires. Ils en sont dĂ©sormais partie intĂ©grante, leur utilitĂ© est reconnue et intĂ©grĂ©e au processus dĂ©cisionnel.

Limites liées aux critères de débat public

En France, les dossiers devant légalement faire l'objet d’une saisine de la CNDP sont retenus sur des critères quantitatifs plus que qualitatifs. Seuls les projets importants (en termes de coûts ou d'importance matérielle des travaux) tels que des infrastructures de transport (routes express, autoroutes, lignes de chemin de fer, ports et aéroports), des lignes de transport d'électricité à haute tension, des aménagements hydrauliques, des installations industrielles, notamment centrales nucléaires, usines de traitement de déchets, etc. sont soumis à débat. Or, d'un point de vue écosystémique, des petits travaux concernant des zones critiques peuvent aussi engendrer des impacts environnementaux importants et étendus.

Par exemple, dans le domaine des infrastructures, la saisine de la CNDP par le maître d'ouvrage et la publication des caractéristiques du projet dans la presse nationale et locale sont obligatoires pour les aménagements de types création d'autoroutes, de routes express ou de routes à 2 × 2 voies à chaussées séparées, ou élargissement d'une route existante à 2 ou 3 voies pour en faire une route à 2 × 2 voies ou plus à chaussées séparées.

Historique du principe de participation

Reconnaissance du principe de participation et création de la Commission nationale du débat public

  • France - - La loi no 76-629 relative Ă  la protection de la nature crĂ©e l’étude d'impact, ce qui permet au public de prendre connaissance des consĂ©quences environnementales de l’ouvrage prĂ©vu.
  • France - – Loi Bouchardeau no 83-630 relative Ă  la dĂ©mocratisation des enquĂŞtes publiques et Ă  la protection de l’environnement, qui rĂ©forme l’enquĂŞte publique dont l’objet est d’informer le public et de recueillir ses apprĂ©ciations, ses suggestions et ses contre-propositions.
  • Europe - - Directive 85/337/CEE relative Ă  l’évaluation des incidences de certains projets publics et privĂ©s sur l’environnement (rĂ©visĂ©e par la directive 97/11/CE de ).
  • Europe - - Directive 90/313/CEE concernant la libertĂ© d’accès Ă  l’information en matière d’environnement qui applique la convention d'Aarhus, et doit ĂŞtre dĂ©clinĂ©e par tous les Ă©tats-membres.
  • Monde - - DĂ©claration de Rio sur l’environnement et le dĂ©veloppement durable, adoptĂ©e en . Le principe 10 dispose que « la meilleure façon de traiter les questions d’environnement est d’assurer la participation de tous les citoyens ».
  • France - - Circulaire Bianco relative Ă  la conduite des grands projets nationaux d’infrastructures, prĂ©voit une procĂ©dure de concertation sur l’opportunitĂ© des grands projets d’infrastructures dès la conception des projets.
  • France - - Circulaire Billardon relative aux lignes Ă  haute tension: première application concrète de la circulaire Bianco.
  • France - - Rapport sur l’évaluation de la mise en Ĺ“uvre de loi Bouchardeau du remis au ministre de l’Environnement Michel Barnier, insistant sur le caractère trop tardif de l’enquĂŞte publique et sur la nĂ©cessitĂ© de mettre en place une instance permanente et indĂ©pendante tant de l’administration que du maĂ®tre d’ouvrage, garante de la participation du public.
  • Fin 1992 et dĂ©but 1993, le conseil rĂ©gional du Nord-Pas-de-Calais entame une dĂ©marche de dĂ©mocratie participative avec une volontĂ© d'intĂ©grer transversalement le dĂ©veloppement durable Ă  son « plan rĂ©gional » et Ă  son contrat de plan État-RĂ©gion. L'institution interroge le Conseil Ă©conomique et social rĂ©gional (CESR), et invite les acteurs de la sociĂ©tĂ© civile Ă  « douze dĂ©bats publics et contradictoires », dĂ©localisĂ©s dans diffĂ©rentes villes de la rĂ©gion. Les thèmes de ces dĂ©bats correspondent Ă  ceux traitĂ©s par les commissions d'Ă©lus de l'institution. Chaque dĂ©bat est prĂ©parĂ© durant plusieurs mois, avec des reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile qui sont invitĂ©s Ă  faire des propositions. Ces dĂ©bats sont prĂ©parĂ©s durant six mois avec des groupes de travail reprĂ©sentant la sociĂ©tĂ© civile, dont les propositions sont prĂ©sentĂ©es et discutĂ©es dans un dĂ©bat final thĂ©matique. Ces propositions ont servi Ă  construire les plans rĂ©gionaux et contrats de plan, ainsi qu'Ă  hiĂ©rarchiser certains enjeux et prioritĂ©s[7].
  • France - La « loi Barnier » relative Ă  la protection de l'environnement pose le principe de participation du public ainsi « un dĂ©bat public peut ĂŞtre organisĂ© sur les objectifs et les caractĂ©ristiques principales des projets pendant la phase de leur Ă©laboration ». Pour en garantir son organisation et la qualitĂ© de sa mise en Ĺ“uvre une instance est mise en place : la Commission nationale du dĂ©bat public, dont le secrĂ©tariat est assurĂ© par le ministère chargĂ© de l'environnement.

Élargissement du principe de participation

  • Monde - - Convention d'Aarhus, sur l’accès Ă  l’information, la participation du public au processus dĂ©cisionnel et l’accès Ă  la justice en matière d’environnement, signĂ©e par 39 États, membres du Conseil Ă©conomique et social des Nations unies et la CommunautĂ© europĂ©enne.
  • France - - Adoption par le Conseil d'État du rapport du groupe d’étude prĂ©sidĂ©e par Nicole Questiaux. Il redĂ©finit la place de l'utilitĂ© publique et l'apprĂ©ciation de l'intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral, notamment en y associant les collectivitĂ©s territoriales, en prĂ©conisant information et concertation avec le public non seulement en amont mais tout au long du processus de dĂ©cision et en proposant de transformer la CNDP en une instance indĂ©pendante, garante du bon dĂ©roulement du dĂ©bat public.
  • France - , la loi relative Ă  la dĂ©mocratie de proximitĂ©, conformĂ©ment aux dispositions de la convention d'Aarhus, intègre un nouveau chapitre intitulĂ© « Participation du public Ă  l’élaboration des projets d’amĂ©nagement ou d’équipement ayant une incidence importante sur l’environnement ou l’amĂ©nagement du territoire ».
  • France - En 2007, le Grenelle de l'environnement instaure un grand dĂ©bat national, qui mobilise des milliers d'acteurs, sur la base d'un travail rĂ©alisĂ© par des personnalitĂ©s rĂ©unies par le Ministère de l'Écologie, produisant plus de 1000 propositions.
  • France - En 2010, la loi portant engagement national pour l'environnement dite loi Grenelle II modifie le fonctionnement de la Commission nationale du dĂ©bat public[8].
  • France - loi no 2012-1460 du prĂ©voit, Ă  titre expĂ©rimental, dans le cadre des consultations organisĂ©es sur certains projets de dĂ©crets et d’arrĂŞtĂ©s ministĂ©riels en application de l'article L.120-1 du code de l'environnement, d'une part, d'ouvrir au public la possibilitĂ© de consulter les observations prĂ©sentĂ©es sur le projet de texte au fur et Ă  mesure de leur dĂ©pĂ´t, et, d'autre part, de confier Ă  une personnalitĂ© qualifiĂ©e, dĂ©signĂ©e par la CNDP, la rĂ©daction de la synthèse des rĂ©actions du public.
  • France - , dĂ©cret d'expĂ©rimentation en matière de participation du public.

Prospective et perspectives

En 2015, après les controverses et problèmes de gouvernance et légitimité de projet impactant l'environnement tels que celui du barrage de Sivens ou du Projet d'aéroport du Grand Ouest, la CNDP a estimé que s'il est utile de simplifier certaines procédures de consultation, « », il faut aussi « se garder des propositions de certains qui considèrent que pour simplifier les procédures et réduire les délais, il suffirait de réduire le débat public et la consultation directe des citoyens : c’est exactement le contraire de ce qu’il faut faire »[9].

Après un colloque intitulé « Le citoyen et la décision publique, enjeux de légitimité et d’efficacité » [10] préparé par des enquêtes TNS Sofres qui ont montré que la plupart de ces propositions obtenaient plus de 90 % d’avis favorables des Français, la CNDP a débattu et adopté ces propositions[11], la CNDP a publié en mars 2015 plusieurs de ces propositions, visant toutes à renforcer le débat public, la participation des citoyens et le dialogue environnemental[12]. Elle préconise en particulier de[9] :

  • « permettre Ă  10 parlementaires, 10 000 citoyens ou une association de protection de l'environnement de la saisir et de lui permettre de s'autosaisir "que le projet soit d’intĂ©rĂŞt national ou pas ».
  • de permettre aux assemblĂ©es lĂ©gislatives et/ou Ă  500 000 citoyens de demander un dĂ©bat public sur des plans, programmes ou options gĂ©nĂ©rales (mesure prĂ©vu par la loi Grenelle, mais en attente d'un dĂ©cret). Les grands schĂ©mas (transport, amĂ©nagement du territoire) et les opĂ©rations d’intĂ©rĂŞt national doivent ĂŞtre dĂ©battus avec tous les citoyens ;
  • faire des dĂ©bats publics pour les projets d'amĂ©nagement et d’équipement (cohĂ©rence des dessertes...) plutĂ´t que de continuer Ă  prĂ©parer les dĂ©bats en projets d’une part, et transports d’autre part ;
  • garantir un continuum de participation citoyenne du dĂ©bat public et de l'enquĂŞte d’utilitĂ© publique Ă  la fin du projet (en systĂ©matisant l’intervention d’un garant ;
  • encourager les contre-expertises indĂ©pendante de celles des maĂ®tres d’ouvrage et porteurs de projets ;
  • encourager les confĂ©rences de citoyens (comme dans le projet CIGEO, « La dĂ©monstration a Ă©tĂ© apportĂ©e que des citoyens formĂ©s de manière pluraliste pouvaient porter un jugement pertinent et circonstanciĂ© sur les sujets les plus complexes. Aucun sujet ne doit ĂŞtre rĂ©servĂ© aux experts ou aux « sachants » » ;
  • dĂ©velopper la cohĂ©rence des listes de thèmes soumis au dĂ©bat public ;
  • faire passer le seuil de publication de 150 M€ Ă  100 M€ et mieux empĂŞcher les maĂ®tres d’ouvrage de ne pas remplir obligations, sous-estimer l'impact ou l'ampleur ou le coĂ»t de leurs projets ou de les « saucissonner » afin d'Ă©chapper au devoir de mettre en place un dĂ©bat public ;
  • donner Ă  la CNDP une mission de conciliation de projets conflictuels. « La CNDP pourrait ĂŞtre saisie par les diffĂ©rentes parties prenantes des projets ».

Selon la commission, « La légitimité et l’efficacité d’une décision dépendent autant des conditions de son élaboration que de son contenu intrinsèque. Pour que les citoyens retrouvent la confiance, il faut que les débats sur l’opportunité aient lieu suffisamment tôt, en amont des décisions lorsque les choix ne sont pas faits et que des alternatives sont possibles »[9]. La CNDP suggère une consultation plus directe des citoyens, et surtout garantissant « garantir le continuum de la concertation pendant toute la durée du projet pour maintenir la confiance », ce qui selon elle ne ferait pas perdre du temps, mais au contraire en gagner[9].

En 2016, une Charte de la participation du public a été élaborée de manière participative. Elle liste les bonnes pratiques en matière de participation du public, rappelant les valeurs et principes qui définissent le socle d’un processus participatif vertueux. L'adhésion à la charte est volontaire, tout comme son application[13].

En , la commission est chargée d'organiser le grand débat national lancé par Emmanuel Macron pour trouver une solution politique à la crise des Gilets jaunes[14]. Cependant, le grand débat national est finalement organisé sans participation de la commission[15] - [16]. Elle n'est pas non plus associée à la Convention citoyenne pour le climat[17].

À l'instar de France Nature Environnement, Corinne Lepage demande la tenue d'un débat démocratique sur la relance de l'énergie nucléaire[18]. La Commission nationale du débat public constate que par le passé, dans ce domaine, le public a souvent le « sentiment que les décisions sont déjà prises »[19] - [20]. Sa présidente, Chantal Jouanno, explique que la loi Énergie Climat « exclut explicitement du champ du débat public la programmation pluriannuelle de l'énergie et la stratégie nationale bas carbone », en particulier en matière de relance de l'énergie nucléaire, alors que la convention d'Aarhus et l'article 7 de la charte de l'environnement prévoient la consultation du public[21]. Dans ces conditions, le débat prévu sur les nouveaux réacteurs EPR2 se mue en débat sur la « place du public dans la gouvernance de la politique nucléaire »[22]. Pour Dominique Méda, au-delà du clivage entre nucléaire et renouvelable, le débat porte sur le « chemin de la dépendance à toujours plus de consommation » que font prendre les dirigeants[23] : les 60 % d'électricité en plus d'ici 2050, annoncés dans le discours du Président de la république à Belfort, correspondraient au scénario extrême de RTE[24].

Bibliographie

Notes et références

  1. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000047563773
  2. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000036970451&categorieLien=id
  3. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000031307897
  4. Les étapes du débat public sur le site du ministère de l’Équipement (France).
  5. Article L121-1 du Code de l'environnement, modifié par l'art. 246 de la loi Grenelle II no 2010-788 du 12 juillet 2010, sur Légifrance.
  6. Cf. ouvrage Le Débat public : une expérience française de démocratie participative cité en bibliographie.
  7. Les actes de ces 12 débats sont archivés au conseil régional, ainsi que des documents préparatoires intitulés « Paroles d'acteurs ».
  8. Article L121-1 du Code de l'environnement, modifié par l'art. 246 de la loi Grenelle II no 2010-788 du 12 juillet 2010.
  9. CNDP (2015) Démocratie participative : la CNDP présente ses propositions, 23 mars 2015 (consulté le 3 mars 2015).
  10. Colloque 16 et 17 juin : « Le citoyen et la décision publique, enjeux de légitimité et d’efficacité »
  11. CNDP, séance du 4 mars 2015.
  12. Propositions présentées le 23 mars 2015 devant la commission Richard sur la démocratisation du dialogue environnemental, créée en réaction aux projets bloqués comme Sivens et Roybon
  13. Rapport d’exécution de la Convention d’Aarhus 2017 [odt], soumis a consultation du public en 2017, 16 mai 2017), p. 24.
  14. Brigitte Menguy et Jean-Baptiste Forray, « Les contours du grand débat national se précisent », sur La Gazette des Communes, (consulté le )
  15. Laurent Mauduit (Mediapart), « Grand débat: les secrets d’un hold-up »
  16. « Décision n° 2019/13/GDN/2 du 9 janvier 2019 relative au Grand débat national »
  17. « La convention citoyenne pour le climat est profondément monarchique », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le )
  18. « Nucléaire. « Emmanuel Macron ne peut pas commander des réacteurs seul », dénonce Corinne Lepage », sur Ouest-France,
  19. « Nucléaire: un "sentiment que les décisions sont déjà prises" pour la Commission nationale du débat public », sur connaissancedesenergies.org, .
  20. « L’État méprise le débat public sur le nucléaire, selon une commission indépendante », sur Reporterre, .
  21. « Il faut débattre des choix nucléaires avant toute relance, recommande la CNDP », sur Reporterre, .
  22. « Nucléaire : « La discussion entre la société et les décideurs ne marche pas » », sur Reporterre, .
  23. « Dominique Méda : « En faisant son annonce sur le nucléaire, le président a choisi tout seul » », sur Le Monde, .
  24. « Énergie : RTE présente son scénario de sobriété, Macron n’est pas intéressé », sur Reporterre, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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