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Gouvernance mondiale

La question de la gouvernance mondiale se pose dans le contexte de la mondialisation. Face Ă  des interdĂ©pendances — Ă  l'Ă©chelle mondiale — entre les sociĂ©tĂ©s humaines mais aussi entre l'humanitĂ© et la biosphĂšre, la gouvernance mondiale dĂ©finit la construction de rĂ©glementations ou mieux de rĂ©gulations Ă  la mĂȘme Ă©chelle. Cela ne signifie pas la mise en place d'un gouvernement mondial sur le modĂšle traditionnel des États mais la mise en place de rĂ©glementations publiques et privĂ©es Ă  la hauteur des dĂ©fis.

Origine du terme

Généalogie

TombĂ© en dĂ©suĂ©tude depuis son apparition en Angleterre au Moyen Âge (oĂč il dĂ©signait le mode d’organisation du pouvoir fĂ©odal), le terme de « gouvernance » est rĂ©apparu dans les annĂ©es 1930 aux États-Unis dans le domaine de l’économie, et plus prĂ©cisĂ©ment de l’entreprise, en particulier avec un article de Ronald Coase, « The Nature of the Firm » (1937)[1].

Puis, dans les annĂ©es 1980, le terme de « Corporate governance », ou en français « gouvernance d’entreprises », s’est rĂ©pandu dans les milieux d’affaires amĂ©ricains. La notion de gouvernance a alors Ă©tĂ© importĂ©e dans le domaine des sciences politiques. Quelques annĂ©es plus tard, le terme de « Good governance » (« bonne gouvernance ») a commencĂ© Ă  ĂȘtre employĂ© par les institutions financiĂšres internationales comme le FMI pour dĂ©finir les critĂšres d’une bonne administration publique dans les pays souffrant d’une forte dette extĂ©rieure et donc que ces institutions ont soumis Ă  des programmes dit d’« ajustement structurel »[1].

Le terme de « gouvernance mondiale » implique donc comme sous-entendu l’idĂ©e d’une crise de la gouvernabilitĂ© au niveau supranational, l’idĂ©e que les États ou du moins certains États ne sont plus capables de bien assurer leurs tĂąches de rĂ©gulation, notamment Ă©conomique et sociale, de faire face aux nouvelles donnĂ©es de la mondialisation, d’en maĂźtriser les flux, et que ce sont d’autres intervenants (comme le FMI, l’OMC ou firmes transnationales (FTN)) qui devraient leurs dicter ces tĂąches[1].

La notion de « gouvernance mondiale » met donc l’accent sur l’émergence de nouvelles formes de rĂ©gulation, l’apparition de nouveaux protagonistes des affaires mondiales, parmi lesquels les FTN auraient une place de choix. L’idĂ©e de gouvernance mondiale, imposĂ©e par le courant « transnationaliste », se distingue donc nettement de l’idĂ©e classique du gouvernement, car elle dĂ©nonce le modĂšle Ă©tatique, qui confie aux seules autoritĂ©s politiques la responsabilitĂ© de la gestion des affaires publiques. S’inscrivant dans l’esprit du nĂ©o-libĂ©ralisme Ă©conomique, elle affirme la supĂ©rioritĂ© de la gestion managĂ©riale privĂ©e sur le gouvernement public, elle prĂŽne un dessaisissement par les États de leurs attributions en matiĂšre notamment sociale et de droits de l’homme, et un accroissement des pouvoirs des FTN[1].

La chute de l’Union soviĂ©tique en 1991 a marquĂ© la fin d’une trĂšs longue pĂ©riode de l’histoire internationale, celle dite de l’« Ă©quilibre ». Depuis cet Ă©vĂ©nement historique, la planĂšte est en phase de rupture gĂ©ostratĂ©gique. Le modĂšle de la « sĂ©curitĂ© nationale », par exemple, bien que toujours en vigueur pour la plupart des gouvernements, laisse place progressivement Ă  une conscience collective Ă©mergente qui dĂ©passe ce cadre Ă©triquĂ©[2].

Jusqu’au dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt-dix, la question de la gouvernance mondiale n’était pas posĂ©e. Le terme utilisĂ© Ă©tait celui d’interdĂ©pendance pour dĂ©finir la gestion des relations entre États. Dans le contexte de l’aprĂšs-guerre froide, une nouvelle vision apparaĂźt au cours de la dĂ©cennie, Ă  partir d’un ensemble d’interrogations :

  • MontĂ©e du thĂšme de la mondialisation et de l’affaiblissement consĂ©cutif des États-nations, qui dĂ©bouche logiquement sur une perspective de transfert vers le niveau mondial d’instruments de rĂ©gulation qui ont perdu de leur efficacitĂ© au niveau national ou rĂ©gional.
  • Intensification des prĂ©occupations relatives Ă  l’environnement global, qui reçoivent une sanction multilatĂ©rale Ă  l’occasion du Sommet de la Terre de Rio (1992). Les questions du climat et de la biodiversitĂ©, qui sont mises en avant Ă  cette occasion, sont symboliques d’une approche nouvelle, qui trouvera bientĂŽt son expression conceptuelle avec l’expression de biens publics mondiaux.
  • Apparition de conflits de normes (commerce et environnement, commerce et droits sociaux, commerce et santĂ© publique) qui, prolongeant les dĂ©bats classiques sur les effets sociaux des politiques de stabilisation macroĂ©conomique, soulĂšvent la question de l’arbitrage entre des objectifs Ă©galement lĂ©gitimes dans un systĂšme de gouvernance sectorielle oĂč les grands domaines d’interdĂ©pendance sont chacun confiĂ© Ă  une institution internationale spĂ©cialisĂ©e. Souvent limitĂ©s, ces conflits sont cependant de grande portĂ©e symbolique, puisqu’ils posent la question des principes et des institutions d’arbitrage.
  • Contestation croissante, enfin, des normes et des institutions internationales, de la part de pays en dĂ©veloppement qui, ayant fait l’effort de s’intĂ©grer dans l’économie mondiale, acceptent mal de voir les pays industriels conserver le pouvoir et privilĂ©gier leurs propres intĂ©rĂȘts, et de la part d’une sociĂ©tĂ© civile pour laquelle le systĂšme de gouvernance internationale est devenu le vrai lieu du pouvoir, et qui s’insurge tout Ă  la fois contre ses principes et ses procĂ©dures. Si ces deux critiques sont souvent opposĂ©es dans leurs prĂ©supposĂ©s et leurs objectifs, elles peuvent se rejoindre pour contester l’emprise des pays dĂ©veloppĂ©s et des grandes institutions, comme l’a symboliquement montrĂ© l’échec de la confĂ©rence ministĂ©rielle de l’OMC Ă  Seattle (1999).

DĂ©finition

Dans une dĂ©finition simple et large de la gouvernance mondiale on utilise ce terme pour dĂ©signer l'ensemble de rĂšgles d'organisation des sociĂ©tĂ©s humaines Ă  l'Ă©chelle de la planĂšte[3]. Un Indice de gouvernance mondiale (IGM), dĂ©veloppĂ© en 2008, dĂ©finit cinq champs clĂ© Ă  analyser pour dĂ©terminer dans quelle mesure un pays donnĂ© respecte les principes d'une « bonne gouvernance mondiale » : Paix / SĂ©curitĂ© ; DĂ©mocratie / État de droit ; Droits de l'homme / Participation ; DĂ©veloppement durable ; et DĂ©veloppement humain.

Cadre de la gouvernance mondiale

  • Dans quel contexte parle-t-on de gouvernance mondiale ?

Pour certains[4] l’avenir de l’architecture mondiale passe par la mise en place d’un systĂšme de gouvernance mondiale. Or, aujourd’hui l’équation se complique sensiblement : alors qu’auparavant, il s’agissait essentiellement de rĂ©guler et de limiter le pouvoir individuel des États pour Ă©viter les dĂ©sĂ©quilibres et la rupture du statu quo, l'enjeu de la gouvernance mondiale est maintenant de peser collectivement sur le destin du monde en instaurant un systĂšme de rĂ©gulation de ces nombreuses interactions qui dĂ©passent l’action des États. A contrario, l’homogĂ©nĂ©isation politique de la planĂšte, grĂące Ă  l’avĂšnement de la dĂ©mocratie dite libĂ©rale, qui se conjugue sous de multiples formes, semblerait faciliter la mise en place d’un systĂšme de gouvernance mondiale qui dĂ©passe le laissez-faire du marchĂ© et la paix dĂ©mocratique Ă©laborĂ©e au dĂ©part par Emmanuel Kant, et qui constitue une sorte de laissez-faire gĂ©opolitique.

  • Quelle est la fonction de la gouvernance mondiale ?
  • À cause de l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des prĂ©fĂ©rences collectives, en dĂ©pit d’une mondialisation qui est souvent vue comme un processus d’homogĂ©nĂ©isation, malgrĂ© le manque d’évidence d'homogĂ©nĂ©isation global (Javier PĂ©rez de CuĂ©llar and all, Our Creative Diversity, 1996, UNESCO/Oxford & IBH Publishing, Paris: 28). AmĂ©ricains et EuropĂ©ens en fournissent une illustration : il n’y a guĂšre convergence entre eux en ce qui concerne le partage entre sphĂšre publique et sphĂšre privĂ©e, la tolĂ©rance aux inĂ©galitĂ©s et la demande de redistribution, l’attitude face au risque, ou la conception des droits de propriĂ©tĂ©. Dans certains cas, mĂȘme, la mondialisation agit comme facteur d’accentuation des diffĂ©rences, plutĂŽt que comme force d’homogĂ©nĂ©isation.
  • À la suite d'une montĂ©e des problĂšmes globaux. Elle est illustrĂ©e par les alarmes sur l’environnement planĂ©taire, mais ne s’y rĂ©duit pas. Elle dĂ©place les prioritĂ©s de l’intĂ©gration de la gestion des relations bilatĂ©rales vers l’organisation de l’action collective. En rĂ©sulte un nouveau modĂšle de reprĂ©sentation et de gestion de l’interdĂ©pendance, qui tend Ă  s’appliquer Ă  un nombre croissant de domaines.
  • Enfin le dernier fait saillant est l’émergence d’élĂ©ments de conscience civique planĂ©taire, dont la contestation de la mondialisation est une composante. Un nombre rapidement croissant de mouvements et d’organisations porte le dĂ©bat au niveau international ou mondial. MalgrĂ© ses limites, cette tendance est, Ă  l’évidence, une rĂ©ponse logique Ă  la montĂ©e des questions de gouvernance mondiale. Il n’est au total possible ni de se reprĂ©senter l’économie mondiale comme une entitĂ© en voie d’homogĂ©nĂ©isation rapide, ni de s’en tenir Ă  une reprĂ©sentation traditionnelle calquant, dans l’ordre Ă©conomique, les principes du traitĂ© de Westphalie. Il faut raisonner sur deux dimensions : celle de l’intĂ©gration (moins complĂšte qu’on ne le croit) ; et celle de la solidaritĂ© nĂ©e d’un destin commun.
  • Crise de la gouvernance mondiale ?

Pierre Jacquet, Jean Pisani-Ferry et Laurence Tubiana[5] affirment : « Pour que le choix de l’intĂ©gration internationale soit durable, il faut que les populations en perçoivent les bĂ©nĂ©fices, que les États s’entendent sur ses finalitĂ©s, et que les institutions qui la gouvernent soient perçues comme lĂ©gitimes. Ces trois conditions ne sont que partiellement remplies[6]. »

Ces auteurs parlent d'une « crise des finalitĂ©s » et d'un « dĂ©sĂ©quilibre » et d'une incomplĂ©tude des institutions internationales. Ainsi, en ce qui concerne ces derniĂšres, « un dĂ©calage s’est creusĂ© entre la nature des problĂšmes Ă  traiter et l’architecture institutionnelle : celle-ci ne reflĂšte pas la hiĂ©rarchie des problĂšmes d’aujourd’hui. Par exemple, l’environnement est devenu un sujet de prĂ©occupation et de nĂ©gociation central, mais il ne bĂ©nĂ©ficie pas d’un support institutionnel Ă  la mesure de son importance[6].»

ThĂšmes de la gouvernance mondiale

Dans un premier temps la portée thématique de la gouvernance mondiale peut contenir des thÚmes hérités de la géopolitique ou de la théorie des relations internationales (par ex. paix, défense, géostratégie, relations diplomatiques, relations commerciales...) mais au fur et à mesure que la mondialisation se renforce et le nombre d'interdépendances augmente, l'échelle mondiale devient protagoniste indispensable pour un nombre plus vaste de sujets. En voici quelques exemples :

Gouvernance environnementale et gestion de la planĂšte

« La crise provoquĂ©e par le caractĂšre accĂ©lĂ©rĂ© et probablement irrĂ©vocable de l’impact des activitĂ©s humaines sur la nature exige des rĂ©ponses collectives de la part des gouvernements et des citoyens. La nature ignore les barriĂšres politiques et sociales, et la dimension mondiale de la crise annule les effets de toute action initiĂ©e unilatĂ©ralement par le gouvernement d'un seul État ou une institution sectorielle, quelle que soit sa puissance. Le changement climatique, la pollution marine et atmosphĂ©rique, les risques nuclĂ©aires et ceux liĂ©s Ă  la manipulation gĂ©nĂ©tique, la rĂ©duction et l’extinction des ressources naturelles et de la biodiversitĂ©, et avant tout un modĂšle de dĂ©veloppement qui sur le plan mondial reste largement Ă  l’abri de toute remise en question comptent tous parmi les diverses manifestations de cet impact accĂ©lĂ©rĂ© et sans doute irrĂ©vocable.

« Cet impact est le facteur, dans le cadre de la mondialisation, qui remet le plus en question un systĂšme d’États qui rivalisent les uns avec les autres Ă  l’exclusion de tous : parmi les diffĂ©rents champs de la gouvernance mondiale, la gestion de l’environnement est celui qui nĂ©cessite le plus urgemment des rĂ©ponses Ă  la crise sous forme d’actions collectives menĂ©es par l’ensemble de la communautĂ© humaine. Ces actions devraient aider en mĂȘme temps Ă  modeler et renforcer la construction progressive de cette communautĂ©[7]. »

Au niveau des propositions, on se demande comment une action collective en matiĂšre d'environnement est possible[8]. Un certain nombre d'accords multilatĂ©raux sur l'environnement ont vu le jour depuis trente ans, mais leur mise en Ɠuvre reste difficile. On s'interroge aussi sur la crĂ©ation d'une organisation internationale qui centraliserait ces questions de protection internationale de l'environnement, du type organisation mondiale de l'environnement (OME). Le Programme des Nations unies pour l'environnement pourrait jouer ce rĂŽle mais il est constituĂ© d'une petite structure et d'un mandat peu opĂ©rationnel. Deux camps s'opposent sur ces questions : l'Union europĂ©enne, et surtout la France et l'Allemagne, ainsi que certaines ONG sont en faveur de la crĂ©ation d'une Organisation mondiale de l'environnement (OME) ; le Royaume-Uni, les États-Unis et la plupart des pays en dĂ©veloppement prĂ©fĂšrent privilĂ©gier les initiatives volontaires[9].

L'Institut international du dĂ©veloppement durable (IIDD) propose un « programme de rĂ©forme » de la gouvernance environnementale mondiale. L'argument principal est qu'il semble exister un consensus non dit mais puissant quant Ă  ce que devraient ĂȘtre les objectifs primordiaux du systĂšme de gouvernance environnementale mondiale. Ces objectifs incluent : un leadership de qualitĂ© ; la connaissance d'une politique environnementale forte ; une cohĂ©sion et une coordination efficaces ; une bonne gestion des institutions qui forment le systĂšme de gouvernance environnementale ; et enfin la diffusion des prĂ©occupations et actions environnementales dans d'autres arĂšnes de la politique et de l'action internationale[10].

En 2007, T. Buhrs estime que l'espace environnemental doit ĂȘtre la base de la gouvernance mondiale et rĂ©gionale[11].

Gouvernance de l’économie et de la globalisation

L'économie de marché est incapable, toute seule, de satisfaire aux besoins de la population. Sans régulation et sans assomption des externalités sociales et environnementales, le capitalisme libéral devient une machine folle qui produit de plus en plus de richesses, qui se concentrent en peu de mains et qui mÚne la communauté planétaire vers l'explosion et le chaos. Ce n'est pas la capacité productrice du systÚme qui est mise en question mais l'absence de redistribution, fruit d'une absence de détermination politique et citoyenne pour transformer les rÚgles du jeu.

Cela dit, dans le monde acadĂ©mique le dĂ©bat sur les insuffisances commence Ă  se rĂ©orienter vers la recherche de solutions, ce qui reprĂ©sente un pas en avant. Ainsi, Laurence Tubiana et Jean-Michel Severino affirment que « le recentrage doctrinal de la coopĂ©ration internationale autour du concept de biens publics permet (...) de sortir des impasses des nĂ©gociations internationales sur le dĂ©veloppement, la perception des intĂ©rĂȘts communs pouvant relancer une solidaritĂ© internationale qui s’essouffle[12] ».

De son cĂŽtĂ©, Joseph Stiglitz considĂšre que « certains biens publics mondiaux devraient ĂȘtre produits et fournis aux populations, mais ils ne le sont pas, et certaines externalitĂ©s globales devraient ĂȘtre prises en compte, mais elles ne le sont pas. (...) En revanche, la scĂšne internationale est souvent utilisĂ©e pour trouver des solutions Ă  des problĂšmes qui n’ont aucun rapport et que les acteurs de ces institutions tentent de rĂ©soudre Ă  l’abri de l’opacitĂ© et du secret, ce qu’ils ne pourraient justement pas faire dans le cadre dĂ©mocratique national[13] ».

En ce qui concerne le commerce international, Susan George affirme que « dans un monde rationnel, il serait possible de construire un systĂšme commercial au service des populations du Nord et du Sud. Sous un tel systĂšme, la dette Ă©crasante des pays du Tiers-monde, et les politiques d’ajustement structurel dĂ©vastatrices appliquĂ©es par la Banque mondiale et le FMI auraient Ă©tĂ© impensables, bien que le systĂšme n’eĂ»t pas aboli le capitalisme[14] ».

Gouvernance politique et institutionnelle

La construction d’une gouvernance mondiale responsable qui va permette d’adapter l’organisation politique de la sociĂ©tĂ© Ă  la mondialisation implique la formation d’une lĂ©gitimitĂ© politique dĂ©mocratique Ă  toutes les Ă©chelles territoriales (locale, Ă©tatique, rĂ©gionale, mondiale).

Pour que cette lĂ©gitimitĂ© se produise, il faut repenser et rĂ©former, tout en mĂȘme temps :

  • la nĂ©buleuse composĂ©e des diverses organisations internationales, en grande partie hĂ©ritĂ©es des suites de la Seconde Guerre mondiale : il faut un systĂšme d’organisations internationales ayant plus de ressources et de capacitĂ©s d’intervention, plus transparentes, plus justes et plus dĂ©mocratiques ;
  • le systĂšme westphalien, la nature mĂȘme des États ainsi que le rĂŽle qu’ils jouent par rapport aux autres institutions, et leurs relations entre eux : les États devront partager une partie de leur souverainetĂ© avec des institutions et organismes Ă  d’autres Ă©chelles territoriales et en mĂȘme temps tous devront entreprendre d’importants processus d’approfondissement dĂ©mocratique et de responsabilisation organisationnelle.
  • la signification de la souverainetĂ© citoyenne dans les diffĂ©rents systĂšmes de gouvernement et le rĂŽle des citoyens comme protagonistes politiques : il faut repenser le sens de la reprĂ©sentation et la participation politique, et planter la graine d’un changement radical de la conscience qui permettra d’évoluer vers une situation oĂč les citoyens auront, dans la pratique, le rĂŽle principal Ă  toutes les Ă©chelles.

La problématique politique de la gouvernance mondiale est traitée plus spécifiquement dans la section Les problÚmes de la gouvernance mondiale et les principes de la gouvernance

Gouvernance de la paix, la sécurité et la résolution des conflits

La forme et l'intensitĂ© des conflits armĂ©s a Ă©voluĂ© depuis la chute du Mur de Berlin en 1989. Une consĂ©quence nĂ©anmoins catastrophique sur le Moyen-Orient incide les Ă©vĂ©nements du 11 septembre 2001, les guerres en Afghanistan puis en Irak, les attentats Ă  rĂ©pĂ©tition rĂ©vĂšlent, entre autres, que les conflits peuvent devenir meurtriers non seulement pour les belligĂ©rants directs, mais pour le monde entier. Les dirigeants bellicistes de quelques grandes puissances, Ă  commencer par la plus importante, les États-Unis, ont fait, et peut-ĂȘtre continueront Ă  faire de la guerre le moyen de rĂ©soudre les conflits. Mais il est fort probable que les rĂ©seaux islamistes intĂ©gristes continuent Ă  lancer de nouveaux attentats aux États-Unis, en Europe, en Afrique, en Asie.

En mĂȘme temps, des guerres civiles continuent Ă  se produire, notamment dans des rĂ©gions de non droit telles que l'Afrique centrale et orientale et le Moyen-Orient. Ces rĂ©gions et d'autres encore demeurent profondĂ©ment embourbĂ©es dans des crises permanentes, entravĂ©es par des rĂ©gimes autoritaires, et des pans entiers de leur population survivent dans des conditions misĂ©rables. Les guerres et les conflits auxquels nous sommes confrontĂ©s ont des causes diverses : inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques, conflits sociaux, sectarismes religieux, disputes territoriales, contrĂŽle des ressources fondamentales telles que l'eau et la terre. Dans tous les cas, elles illustrent une profonde crise de la gouvernance mondiale.

Enfin, le climat belliqueux qui rĂ©sulte de ces actions imprĂšgne les relations internationales d'un nationalisme concurrentiel et contribue, autant dans les pays riches que dans les pauvres, Ă  augmenter les budgets militaires et drainer des sommes Ă©normes des fonds publics vers l'industrie de l'armement et l'innovation scientifique Ă  vocation militaire, contribuant en mĂȘme temps Ă  augmenter l'insĂ©curitĂ© mondiale. Ce sont des sommes colossales dont seulement une partie serait suffisante pour rĂ©gler, une fois par toutes, le problĂšme des besoins fondamentaux des populations de la planĂšte et contribuer Ă  diminuer Ă©normĂ©ment les causes qui portent aux guerres et au terrorisme.

AndrĂ©e Michel[15] affirme que « non seulement la course aux armements se poursuit de plus belle, mais c'est le moyen le plus sĂ»r pour les pays occidentaux de maintenir leur hĂ©gĂ©monie sur les pays du Sud. À la suite de l'effondrement du bloc de l'Est, s'est mise en place une stratĂ©gie de manipulation de la masse par l'invention permanente d'un ennemi (incarnĂ© Ă  prĂ©sent par l'Irak, l'Iran, la Libye, la Syrie et la CorĂ©e du Nord) et par l'entretien de la peur et la haine de l'autre pour justifier la pĂ©rennisation des complexes militaro industriels (CMI) et les ventes d'armes[16]. » L'auteur rappelle que « les cinq grands de l'ONU qui ont droit de veto sont responsables de 85 % des ventes d'armes de la planĂšte[16] ».

Les propositions pour une gouvernance de la paix, la sĂ©curitĂ© et la rĂ©solution des conflits se trouvent en premier lieu du cĂŽtĂ© de la prĂ©vention des causes des conflits, qu'elles soient Ă©conomiques, sociales, religieuses, politiques, territoriales, ou autres. Pour cela il faut tout d'abord destiner plus de ressources Ă  l'amĂ©lioration des conditions de vie des populations (santĂ©, logement, nourriture, travail...) et Ă  l'Ă©ducation, y compris l'Ă©ducation dans des valeurs de la paix, la justice sociale et l'unitĂ© et la diversitĂ© comme deux faces d'une mĂȘme monnaie qui reprĂ©sente le village planĂ©taire.

Ces ressources pour la paix peuvent provenir de la limitation, voire la rĂ©duction des budgets militaires qui ont augmentĂ© ces derniĂšres annĂ©es, et ce processus peut ĂȘtre accompagnĂ© de plans de dĂ©sarmement globaux et de reconversion des industries de l'armement, ce qui concerne tous les pays, chacun Ă  leur Ă©chelle, y compris les grandes puissances. Malheureusement, le tournant belliqueux de la derniĂšre dĂ©cennie a relĂ©guĂ© tout projet de dĂ©sarmement global, mĂȘme dans les dĂ©bats de la sociĂ©tĂ© civile, Ă  la catĂ©gorie d'objectifs Ă  long terme, voire Ă  la catĂ©gorie de projets utopiques. Ceci est une dĂ©route pour la cause de la paix et pour l'humanitĂ©, quoique loin d'une dĂ©route dĂ©finitive.

En ce qui concerne le rĂŽle Ă  jouer par les institutions internationales dans la rĂ©solution des conflits armĂ©s, de petites unitĂ©s internationales de dĂ©ploiement rapide peuvent intervenir dans la rĂ©gion concernĂ©e avec un mandat exclusif Ă©mis par un systĂšme des Nations unies refondĂ© et dĂ©mocratique, ou par dĂ©faut par des autoritĂ©s rĂ©gionales compĂ©tentes comme l'Union europĂ©enne. Ces unitĂ©s peuvent ĂȘtre composĂ©es « Ă  la carte » pour chaque conflit, Ă  partir des armĂ©es de plusieurs pays, comme cela avait Ă©tĂ© le cas pour le renforcement de la FINUL lors du conflit israĂ©lo-libanais de 2006. En contrepartie, aucune armĂ©e nationale ne serait autorisĂ©e Ă  intervenir unilatĂ©ralement en dehors de son territoire sans mandat Onusien ou rĂ©gional.

Enfin, une autre question qui mérite de s'y attarder est celle des conditions légitimes de l'usage de la force et de la conduite pendant la guerre. Jean-Réné Bachelet[17] essaie d'y répondre moyennant une conceptualisation de l'éthique militaire en consonance avec l'exigence du « principe d'humanité ». L'auteur définit ce principe de la façon suivante : « tous les hommes appartiennent à une commune humanité et chacun a un droit au respect de sa vie, de son intégrité, de sa dignité[18]. »

Gouvernance de la science, de l'Ă©ducation, de l'information et de la communication

L'absence d'une volontĂ© forte pour construire une gouvernance mondiale dont l'objectif serait la satisfaction des besoins des populations et la justice sociale a laissĂ© le champ ouvert depuis le milieu des annĂ©es 1990 Ă  l'agenda de l'OMC pour la libĂ©ralisation des biens et services publics liĂ©s Ă  la culture, la science, l'Ă©ducation, la santĂ©, le vivant, l'information et la communication. Cette poussĂ©e a Ă©tĂ© en partie freinĂ©e par le mouvement altermondialiste Ă  partir des Ă©vĂ©nements liĂ©s Ă  la 3e confĂ©rence ministĂ©rielle de l'OMC Ă  Seattle en 1999 et Ă  une Ă©chelle totalement diffĂ©rente, et probablement plus dĂ©cisive Ă  moyen et long terme, par le formidable essor des pratiques collaboratives sur internet. En revanche, ne disposant pas d'un large soutien politique ou citoyen ni de moyens suffisants, la sociĂ©tĂ© civile n'a pas Ă©tĂ© capable, pour l'instant, de dĂ©velopper et divulguer des plans alternatifs intĂ©graux pour l'ensemble de la sociĂ©tĂ© Ă  l'Ă©chelle mondiale, mĂȘme s'il existe de nombreuses propositions et d'expĂ©riences, plus ou moins rĂ©ussies, pour construire un monde plus juste, responsable et solidaire dans chacun des domaines concernĂ©s.

La connaissance, l’intelligence et l’expĂ©rience font partie de la catĂ©gorie des biens et les services publics qui se multiplient en se partageant : par consĂ©quent, ces biens doivent s'inscrire dans une logique de mutualisation (partage collectif et gratuit) et non pas dans une logique marchande dont le dĂ©veloppement se fait au seul bĂ©nĂ©fice des plus riches et puissants, qui est une logique d'autodestruction.

Pour ce qui concerne la science, « la recherche se plie de plus en plus aux exigences des marchĂ©s financiers : marchandisation des savoirs et des connaissances, flexibilisation et prĂ©carisation de son personnel, contrats d'objectifs et rentabilitĂ© au service des intĂ©rĂȘts privĂ©s, soumission Ă  la compĂ©titivitĂ© et Ă  la concurrence. Les orientations et mutations que la recherche a pris pendant les deux derniĂšres dĂ©cennies l'Ă©loigne radicalement de ses missions initiales (production de savoirs et de connaissances, prĂ©servation d'un cadre d'indĂ©pendance) sans pour autant s'interroger sur ses missions actuelles et futures. L'humanitĂ© affronte des crises et problĂšmes en vertu de ou malgrĂ© ce progrĂšs: la pauvretĂ© et la faim ne sont toujours pas combattues, les armes nuclĂ©aires prolifĂšrent, les catastrophes environnementales se multiplient, l'injustice sociale augmente, etc.

« La marchandisation nĂ©olibĂ©rale privilĂ©gie les intĂ©rĂȘts des laboratoires pharmaceutiques Ă  ceux des malades, ceux des firmes agro-alimentaires Ă  ceux des agriculteurs et des consommateurs. Les politiques publiques de recherches n’ont fait qu’accompagner ce processus de ‘valorisation’ Ă©conomique dans lequel les rĂ©sultats de la recherche sont de plus en plus jugĂ©s par les marchĂ©s financiers. Le systĂšme de brevetage systĂ©matique de la connaissance et du vivant est ainsi imposĂ© Ă  toute la planĂšte via les accords de l’OMC de 1994 sur la propriĂ©tĂ© intellectuelle. Dans bien des domaines, ce sont aujourd'hui des entreprises privĂ©es qui orientent la recherche[19]. »

À l'Ă©chelle mondiale, « le risque des institutions Ă  dominante sectorielle est aussi, Ă  tout niveau, de s’appuyer sur des corps techniques qui se dotent de leurs propres rĂ©fĂ©rences et raisonnent en vase clos. On peut observer cette logique aussi bien avec la ‘communautĂ© des brevets’ qui promeut la brevetisation du vivant, que pour les instances qui contrĂŽlent l’énergie nuclĂ©aire. Cette approche sectorielle est d’autant plus dangereuse que les communautĂ©s d’experts sont, dans tous les domaines techniques et juridiques complexes, de plus en plus dominĂ©es par les grands groupes Ă©conomiques qui financent la recherche-dĂ©veloppement[20]. »

En contrepartie, il existe plusieurs expériences novatrices dans le domaine des sciences, ainsi : la clause de conscience pour les scientifiques et les ingénieurs[21] ; les conférences de consensus comme outil de la démocratisation du systÚme de production ; les « science shops » ; et la « community-based research ». En outre, des scientifiques engagés s'organisent de plus en plus à l'échelle mondiale[22].

CĂŽtĂ© Ă©ducation, la marchandisation se fait sentir aussi Ă  travers la trĂšs grande limitation des budgets de l'enseignement, qui affecte la qualitĂ© de l'Ă©ducation gĂ©nĂ©rale en tant que service public. Un dossier de la revue Global Future Online nous rappelle qu'« Ă  mi-chemin vers 2015[23], les fossĂ©s sont redoutables : 80 millions d’enfants (dont 44 millions de filles) ne vont pas Ă  l’école, tandis que les groupes marginalisĂ©s (26 millions d'enfants handicapĂ©s et 30 millions d’enfants touchĂ©s par des divers conflits) en sont toujours exclus. Et alors que l'accĂšs universel est fondamental, il doit ĂȘtre accompagnĂ© d’une amĂ©lioration des rĂ©sultats d’apprentissage, tout particuliĂšrement en matiĂšre d’alphabĂ©tisation, d'aptitude au calcul et de savoir-ĂȘtre qui sont essentiels pour rĂ©duire la pauvretĂ©[24]. »

Au-delĂ  de l'universalisation du systĂšme d'enseignement actuel, un autre chantier ouvert est celui de son amĂ©lioration et son adaptation Ă  la rapiditĂ© des changements dans un monde complexe et imprĂ©visible. Pour cela, Federico Mayor, Directeur gĂ©nĂ©ral de l'Unesco de 1987 Ă  1999, dans sa prĂ©face au rapport Ă  l'Unesco d'Edgar Morin, Les sept savoirs nĂ©cessaires Ă  l'Ă©ducation du futur[25], affirme que nous devons « repenser la façon d’organiser la connaissance (...) abattre les barriĂšres traditionnelles entre les disciplines et concevoir comment relier ce qui a Ă©tĂ© jusqu’ici sĂ©parĂ©. » Les sept principes proposĂ©s par Morin sont : la lutte contre l’erreur et l’illusion qui parasitent le comportement et l’esprit humains ; les principes d’une connaissance pertinente, c’est-Ă -dire d’une pensĂ©e qui distingue et qui relie ; l’enseignement de la condition humaine ; l’enseignement de l’identitĂ© terrienne ; la conscience des incertitudes humaines et scientifiques et l’apprentissage des stratĂ©gies pour les affronter ; l’enseignement de la comprĂ©hension de soi et de l’autre ; et l’éthique du genre humain.

Enfin, la croissance exponentielle des nouvelles technologies et notamment d'internet a été accompagnée par le développement d'une véritable communauté mondiale de production et d'échange de biens qui est en train de modifier à jamais le paysage des industries de la culture, l'édition, la musique et les médias, entre autres, et d'influencer les comportements sociaux d'un nombre en augmentation constante de personnes, ainsi que les modes d'organisation des institutions, des entreprises et de la société civile. En plus des communautés "pair-à-pair" et de projets d'élaboration collective des connaissances tels que Wikipédia qui engagent des millions d'utilisateurs dans le monde entier, il y a des aspects encore plus innovateurs tels que des formes de propriété alternatives à la propriété privée (Creative Commons) ainsi que la pratique de la cyberdémocratie et la possibilité réelle de la développer à l'échelle sectorielle, régionale et mondiale. Il faut signaler, par ailleurs, que la gouvernance d'internet est déjà prise en mains et largement développée depuis 1998.

Regards régionaux sur la gouvernance mondiale

L'intĂ©rĂȘt rĂ©cent et croissant portĂ© par les diffĂ©rents acteurs rĂ©gionaux sur la gouvernance mondiale permet de parler dĂ©jĂ  de regards rĂ©gionaux qui dĂ©passent les seules argumentations Ă©gocentriques, c'est-Ă -dire qui ne rĂ©pondent plus Ă  des questions du type « qu'est-ce que le monde peut apporter Ă  mon pays ou Ă  ma rĂ©gion ? » mais Ă  des questions du type « qu'est-ce que mon pays ou ma rĂ©gion peut apporter Ă  l'ensemble du monde ? ».

Afrique

Perçus souvent plus comme un problĂšme Ă  rĂ©soudre que comme un peuple ou une rĂ©gion ayant son mot Ă  dire dans la politique internationale, les Africains et l'Afrique peuvent inspirer et participer Ă  la construction de la gouvernance mondiale, Ă  partir entre autres de leur tradition philosophique de solidaritĂ© communautaire et sociale. En ce sens, par exemple, Sabelo J. Ndlovu-Gathseni nous rappelle la pertinence du concept d'Ubuntu, qui valorise l'interdĂ©pendance entre les ĂȘtres humains[26].

C’est ainsi que la sociĂ©tĂ© civile africaine commence Ă  Ă©laborer des propositions concernant la gouvernance du continent qui prennent en compte toutes les dimensions (locale, africaine, mondiale) en mĂȘme temps. À titre d’exemple, les propositions du rĂ©seau Gouvernance en Afrique ont trait Ă  la construction d’une « gouvernance locale lĂ©gitime » ; une refondation des États « capable de relever les dĂ©fis du dĂ©veloppement du continent » ; et enfin « une gouvernance rĂ©gionale efficace pour sortir l’Afrique de sa marginalitĂ©[27] ».

Amérique du Nord

L’arrivĂ©e de Barack Obama au pouvoir aux États-Unis en 2008 va sans doute marquer des changements profonds dans l’orientation de l’ensemble de la politique internationale et de la gouvernance mondiale dans les annĂ©es Ă  venir. Le nouveau prĂ©sident nord-amĂ©ricain s’est positionnĂ© en faveur de l’inscription de son pays dans un nouvel ordre multilatĂ©ral[28] oĂč l’ONU doit jouer un rĂŽle plus important.

Parmi les points innovateurs et importants de la politique internationale annoncée par Obama, il faut souligner la reprise de la loi « Global Poverty Act » (en), qui a pour but de contribuer à la réalisation de l'objectif du millénaire des Nations unies de réduire de moitié à l'horizon de 2015 le nombre d'individus dans le monde qui survivent avec moins d'un dollar par jour. Pour ce faire, la loi prévoit d'ajouter 980 milliards de dollars à son budget d'aide humanitaire et comprend la lutte contre les maladies que l'on peut prévenir telles que le Sida, la tuberculose et le paludisme, celle pour l'accÚs à l'eau potable et l'hygiÚne de base, la réduction de la faim et la malnutrition et l'amélioration de l'accÚs à et la qualité de l'éducation à tous les niveaux pour les deux sexes[29].

Une autre mesure annoncée est la participation du peuple américain aux prises de décisions dans le domaine de la politique extérieure moyennant des rencontres citoyennes au niveau des municipalités pour discuter des aspects fondamentaux de cette politique[30].

Concernant les institutions internationales, le site web d'Obama prÎne une reforme de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, quoique sans donner des détails.

Voici quelques autres des points du plan de politique internationale Obama-Biden directement en rapport avec la gouvernance mondiale[31] :

  • Renforcement du traitĂ© de non-prolifĂ©ration nuclĂ©aire
  • Vers la dĂ©nuclĂ©arisation planĂ©taire en plusieurs Ă©tapes y compris une coopĂ©ration renforcĂ©e avec la Russie pour une rĂ©duction importante des stocks d’armements nuclĂ©aires des deux pays
  • Modification de la culture du secret : mise en place d’un Centre national de dĂ©classification pour assurer une dĂ©classification efficace, sure, mais aussi rĂ©guliĂšre, avec un bon rapport de rentabilitĂ©
  • Augmentation des fonds mondiaux pour combattre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Éradication de la mortalitĂ© par paludisme Ă  l'horizon 2015 moyennant une augmentation trĂšs importante de l’accĂšs aux mĂ©dicaments et aux moustiquaires
  • Augmentation de l’aide aux enfants et Ă  la santĂ© des mĂšres, ainsi que de l'accĂšs aux programmes de santĂ© reproductive
  • CrĂ©ation d’un fonds mondial pour l’éducation de 2 milliards de dollars. Augmentation des fonds pour l'accĂšs Ă  l'eau potable et aux systĂšmes sanitaires
  • D’autres mesures d’une importance similaire dans les domaines de l'agriculture, des petites et moyennes entreprises et de l'appui Ă  un modĂšle de commerce international crĂ©ateur d’emplois et capable d'augmenter le niveau de vie des pays pauvres
  • À propos de l'Ă©nergie et le rĂ©chauffement climatique, Obama prĂŽne : a) une rĂ©duction de 80 % des Ă©missions des gaz Ă  effet de serre d'ici 2050 ; b) un investissement de 150 milliards de dollars dans les Ă©nergies alternatives sur 10 ans ; et c) la crĂ©ation d'un Forum mondial de l’énergie capable de mettre en route une nouvelle gĂ©nĂ©ration de protocoles climatiques

Amérique latine

En AmĂ©rique latine, l’arrivĂ©e au pouvoir avec le changement de siĂšcle d'une nouvelle gĂ©nĂ©ration de gouvernements de gauche, dans toute sa diversitĂ©, a permis l'expĂ©rimentation de processus de renouvellement de la politique et de la gouvernance. Certaines expĂ©riences sont importantes au niveau de la redĂ©finition du rĂŽle des États Ă  l'appui de la participation citoyenne et peuvent ainsi servir de modĂšle Ă  une future gouvernance mondiale construite avant tout Ă  partir de la voix des peuples. Les assemblĂ©es constituantes en Équateur et en Bolivie sont Ă  ce titre des exemples fondamentaux.

En Équateur, les mouvements sociaux et indigĂšnes ont Ă©tĂ© Ă  l'origine, depuis 1990, des discussions Ă  propos de la formation d'une assemblĂ©e constituante[32]. AprĂšs la montĂ©e de Rafael Correa au pouvoir en , c'est grĂące Ă  une forte mobilisation populaire avec comme slogan « que se vayan todos » (qu’ils partent tous) que l'ensemble des partis politiques du congrĂšs ont acceptĂ© la convocation d'un rĂ©fĂ©rendum pour la crĂ©ation de l'assemblĂ©e. C'est ainsi que le gouvernement de Rafael Correa a convoquĂ© en la consultation populaire pour l'approbation de la mise en place d’une assemblĂ©e constituante. Une fois approuvĂ©e en septembre, 130 membres de l'assemblĂ©e ont Ă©tĂ© Ă©lus (dont 100 provinciaux, 24 nationaux et 6 pour les migrants en Europe, en AmĂ©rique Latine et aux États-Unis), et en novembre celle-ci a Ă©tĂ© officiellement mise en place. Les membres de l'assemblĂ©e appartenaient autant aux partis politiques traditionnels qu'aux nouveaux mouvements sociaux. En , l'assemblĂ©e a finalisĂ© le texte de la nouvelle constitution et en , un rĂ©fĂ©rendum a Ă©tĂ© organisĂ© pour son approbation. Le « oui » au nouveau texte l'a emportĂ© par 63,9 % contre 28,1 % de votes contraires et 7,97 % de votes blancs ou nuls[33].

La nouvelle constitution fonde l'État de droit sur les DESCE (Droits Ă©conomiques, sociaux, culturels et environnementaux) et transforme le modĂšle juridique de l’État social de droit vers une « Constitution du bien-ĂȘtre garanti » (ConstituciĂłn del bienestar garantizado) inspirĂ©e de l’idĂ©ologie communautaire ancestrale du « bien vivre » des anciens Quechuas ainsi que de l’idĂ©ologie du socialisme du XXIe siĂšcle. La constitution dĂ©veloppe le concept de la souverainetĂ© alimentaire en y introduisant un systĂšme protectionniste qui profite Ă  la production et au commerce intĂ©rieurs. Elle dĂ©veloppe Ă©galement un modĂšle d’assistance publique pour l’éducation, la santĂ©, les infrastructures et d’autres services.

Elle instaure enfin, en plus des trois pouvoirs traditionnels, un quatriÚme pouvoir appelé Conseil de participation citoyenne et de maßtrise sociale constitué d'anciens organismes de contrÎle constitutionnels et de mouvements sociaux, qui doivent juger le caractÚre constitutionnel ou non des politiques publiques.

En Bolivie, la nouvelle constitution a Ă©tĂ© approuvĂ©e le par rĂ©fĂ©rendum, avec 59,64 % des votes pour, 40,36 % contre et une participation de 70,06 % des Ă©lecteurs[34]. Le projet de constitution avait Ă©tĂ© prĂ©parĂ© par une assemblĂ©e constituante qui ne rĂ©pondait plus seulement aux intĂ©rĂȘts des partis ou des Ă©lites mais qui reprĂ©sentait aussi les peuples indigĂšnes et les mouvements sociaux. De mĂȘme qu’en Équateur, la proclamation d’une assemblĂ©e constituante Ă©tait une revendication populaire qui remontait aux rencontres des peuples indigĂšnes de tout le pays dans les annĂ©es 1990, aux marches indigĂšnes du dĂ©but des annĂ©es 2000 et au « Pacte d'unitĂ© programmatique » (Pacto de Unidad ProgramĂĄtico) signĂ© par des paysans, des indigĂšnes et des peuples autochtones en Ă  Santa Cruz[35].

La constitution reconnaĂźt entre autres l’autonomie des peuples indigĂšnes, l'existence d'un systĂšme judiciaire indigĂšne propre, la propriĂ©tĂ© exclusive des ressources forestiĂšres de chaque communautĂ© et un quota de parlementaires indigĂšnes. La Constitution donne l'autonomie aux dĂ©partements, le droit d’administrer leurs ressources naturelles et l'Ă©lection directe de leurs reprĂ©sentants. Le latifundium est interdit avec l'Ă©tablissement d'un maximum de 5 000 ha. de propriĂ©tĂ© par personne. L'accĂšs Ă  l'eau et aux services sanitaires sont inscrits en tant que droits humains qui doivent ĂȘtre assurĂ©s par l’État, entre autres services de base tels que l’électricitĂ©, le gaz, la poste et les tĂ©lĂ©communications, services qui peuvent ĂȘtre fournis par l'État ou par des entreprises concessionnaires. La nouvelle constitution Ă©tablit aussi un modĂšle Ă©conomique social et communautaire constituĂ© par des organisations publiques, privĂ©es et sociales coopĂ©ratives. Elle garantit l'initiative privĂ©e et la libertĂ© d’entreprise et Ă©tablit comme l’un des rĂŽles des organisations publiques l’administration des ressources naturelles et des processus associĂ©es, ainsi que le dĂ©veloppement des services publics inscrits dans la Constitution. On privilĂ©gie l’investissement national et coopĂ©ratif Ă  l’international et privĂ©.

L'État « pluriel et unitaire » de la Bolivie a 36 langues indigĂšnes officielles Ă  cĂŽtĂ© de l'espagnol. Les ressources naturelles sont propriĂ©tĂ© du peuple et administrĂ©es par l’État. Enfin, la dĂ©mocratie n'est plus instituĂ©e exclusivement sous sa forme reprĂ©sentative et/ou basĂ©e sur les partis. Ainsi, « le peuple dĂ©libĂšre et exerce le gouvernement Ă  travers ses reprĂ©sentants et l'AssemblĂ©e constituante, l'Initiative lĂ©gislative citoyenne et le rĂ©fĂ©rendum (
)[36] », « la reprĂ©sentation populaire s'exerce, Ă  travers les partis politiques, les groupements citoyens et les peuples indigĂšnes[37] ». C’est ainsi que « les partis politiques, et/ou les groupements citoyens, et/ou les peuples indigĂšnes, pourront soumettre des candidats directement aux postes de prĂ©sident, vice-prĂ©sident, sĂ©nateurs, dĂ©putĂ©s, membres de l'AssemblĂ©e constituante, conseillers, maires, agents municipaux. En Ă©galitĂ© de conditions devant la loi (
)[38] ».

Toujours en AmĂ©rique latine, l'Amazonie « est un Ă©norme rĂ©servoir de biodiversitĂ© et un pĂŽle majeur de rĂ©gulation climatique de la planĂšte, en voie de pillage et de dĂ©gradation accĂ©lĂ©rĂ©s, un territoire largement dĂ©pourvu de gouvernance, mais siĂšge d’initiatives populaires d’organisation[39]. ». « L’Amazonie peut reprĂ©senter le terrain fertile d’une vĂ©ritable Ă©cole de “bonne” gouvernance si elle est soignĂ©e comme un bien commun et prĂ©cieux, en premier lieu par les BrĂ©siliens (65 % de l’Amazonie s’étend sur le territoire brĂ©silien), par les peuples des pays d’AmĂ©rique du Sud qui l’entourent, mais aussi par tous les habitants de la Terre[40]. »

Ainsi, dans « la perspective de la gouvernance mondiale, elle est d'une certaine maniĂšre un formidable laboratoire. Elle permet, entre autres choses, d'examiner Ă  la loupe les effets nĂ©gatifs du productivisme et le montage Ă©cologique qui permet de dĂ©guiser celui-ci avec divers costumes, dont celui du "dĂ©veloppement durable". L'urbanisation galopante, la violation des droits de l'homme, la multiplication des conflits (on en recense quatorze types pour des centaines de cas en Amazonie), la protection des populations indigĂšnes, leur participation active Ă  la gouvernance locale, sont autant de problĂ©matiques qui concernent Ă©galement l'ensemble de la planĂšte, sans parler de l'environnement Ă©videmment. Mais le plus intĂ©ressant peut-ĂȘtre en Amazonie, ce sont ces multitudes d'initiatives locales, y compris parmi les populations indigĂšnes, qui tĂ©moignent de la possibilitĂ© rĂ©elle et concrĂšte d'une organisation diffĂ©rente, afin de combiner une Ă©conomie locale saine, une bonne cohĂ©sion sociale et un modĂšle de dĂ©veloppement durable non dĂ©guisĂ© cette fois. Ce qui fait de l'Amazonie un "territoire de solutions"[41]. »

Selon Arnaud Blin, le problĂšme amazonien aide Ă  poser certaines questions fondamentales sur l'avenir de l'humanitĂ© : tout d'abord celui de la justice sociale : « (...) comment construire un nouveau modĂšle de civilisation qui promeuve la justice sociale ? Comment mettre sur pied une nouvelle architecture sociale qui nous permette de vivre ensemble[42] ? ». Ensuite, poursuit l'auteur, des concepts comme la notion de "territoire des peuples" ou encore celle de "territoire de vie" issus de la tradition indigĂšne, servent Ă  remettre en cause la propriĂ©tĂ© privĂ©e, ainsi que l'injustice sociale. Enfin, le concept Ă©mergeant de "responsabilitĂ© de protĂ©ger", qui fait suite au "droit d'ingĂ©rence" et a jusqu'Ă  prĂ©sent Ă©tĂ© utilisĂ© pour tenter de protĂ©ger les populations mises en danger par les guerres civiles, peut ĂȘtre Ă©galement Ă©tendu aux populations menacĂ©s par la prĂ©dation Ă©conomique et Ă  la protection de l'environnement[43].

Asie

L'intĂ©rĂȘt croissant en Asie pour la gouvernance mondiale s'ouvre un chemin parmi les discours officiels et mĂ©diatiques dominĂ©s par les visions nationalistes des États. À Shanghai en 2006, un exercice de rĂ©daction de propositions pour la gouvernance mondiale, dans lequel participĂšrent des jeunes venus de tout le continent, donne lieu Ă  des idĂ©es et des projets que l'on peut classifier en deux types : le premier type plus « classique » concernant la crĂ©ation de quelques nouvelles institutions telles qu'une Organisation internationale des Ă©missions ; et un deuxiĂšme type plus innovant concernant l'organisation de systĂšmes en rĂ©seau. Par exemple, un systĂšme de contrĂŽle coopĂ©ratif Ă  l'Ă©chelle mondiale entre les États[44] ou l’auto-organisation de la sociĂ©tĂ© civile mondiale en rĂ©seau appuyĂ© sur les nouvelles technologies, qui doivent servir pour mettre en place un Centre mondial d’appel Ă  l’aide ou enfin un nouveau modĂšle basĂ© sur les citoyens qui communiquent librement, Ă©changent des informations, discutent et cherchent des solutions par consensus. Pour cela ils utilisent l'internet et les mĂ©dias, et travaillent dans le cadre de plusieurs types d'organismes : universitĂ©s, ONG, bĂ©nĂ©voles locaux et groupes de la sociĂ©tĂ© civile[45].

Étant donnĂ© le poids dĂ©mographique de ce continent, l'Ă©volution des discours et des pratiques de gouvernance en Asie Ă  l'Ă©chelle rĂ©gionale ainsi que des propositions Ă©manant de l'Asie pour l'Ă©chelle mondiale sera dĂ©terminante dans les temps Ă  venir pour le renforcement ou non du dialogue Ă  l'Ă©chelle planĂ©taire entre des acteurs de toute sorte, qui doit servir un ordre plus juste.

Europe

Selon Michel Rocard il n'y a pas de regard europĂ©en commun mais une histoire collective qui permet aux europĂ©ens de pencher Ă  la faveur des projets gradualistes de construction politique tels que celui de la propre Union europĂ©enne. À partir de l'affirmation de ce constat, Rocard imagine une perspective europĂ©enne qui prĂŽne le dĂ©veloppement de trois voies pour la construction de la gouvernance mondiale : la rĂ©forme de l'ONU ; l'Ă©laboration de traitĂ©s internationaux comme source principale de la rĂ©gulation mondiale ; et enfin « la pĂ©nĂ©tration progressive de la justice dans l'espace international[46]. »

Pour l'auteur il y a certaines « grandes questions du jour », telles que : l'adhĂ©sion de tous les pays Ă  la cour pĂ©nale ; la possibilitĂ© d'une police internationale autorisĂ©e Ă  arrĂȘter des criminels internationaux ; le dĂ©veloppement de procĂ©dures judiciaires face aux paradis fiscaux, aux activitĂ©s massivement polluantes, aux États qui soutiennent les activitĂ©s terroristes. Il y a aussi de « nouvelles questions » qui peuvent nourrir le dĂ©bat dans les temps Ă  venir, telles que : un projet de DĂ©claration d'interdĂ©pendance ; le rĂ©Ă©quilibre du commerce mondial et des activitĂ©s de l'OMC ; et la crĂ©ation des rĂ©gulations mondiales pour la gestion des biens communs (l’air, l’eau potable, le pĂ©trole
) et des services d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral (l’éducation, la santé )[47].

Regards des acteurs sur la gouvernance mondiale

On ne peut pas encore parler de regards des acteurs de maniĂšre gĂ©nĂ©rale mĂȘme si, comme dans le cas des rĂ©gions, l'intĂ©rĂȘt pour la gouvernance mondiale est croissant et on va assister certainement dans les prochaines annĂ©es Ă  des prises de position de la part de diffĂ©rents types d'acteur et de secteur social plus ou moins organisĂ©s internationalement. On peut tout de mĂȘme citer la Commission europĂ©enne (CE), qui parle dĂ©jĂ  de gouvernance mondiale dans son Livre blanc sur la gouvernance[48]. Selon la CE, la recherche d'une meilleure gouvernance mondiale semble s'appuyer sur un mĂȘme ensemble de dĂ©fis communs auxquels l'humanitĂ© est aujourd'hui confrontĂ©e. Ces dĂ©fis se rĂ©sument Ă  une poignĂ©e d'objectifs : dĂ©veloppement durable, sĂ©curitĂ©, paix et Ă©quitĂ©[48].

Acteurs institutionnels et Ă©tatiques

  • Parlementaires

Le Forum parlementaire mondial, qui rĂ©unit librement des parlementaires de tous les États et qui a lieu tous les ans en parallĂšle au Forum social mondial, a Ă©laborĂ© dans sa sixiĂšme rencontre Ă  Caracas en 2006 une dĂ©claration qui contient un ensemble de propositions[49].

  • Militaires

L'Alliance des militaires est un espace d'expression et d’échange d’idĂ©es et de positions sur les sujets les plus divers influant sur la sĂ©curitĂ© et la stabilitĂ© dont l'objectif est de « mener une rĂ©flexion sur les questions de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense, ainsi que sur les moyens de faire la promotion d'une "Conscience de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ©" auprĂšs des citoyens qui leur permet de mieux comprendre les risques et les chances inhĂ©rents aux relations internationales dans un monde qui se globalise et de participer activement Ă  la dĂ©finition des conditions pour assurer la stabilitĂ© de ces relations et la paix[50]. » Ses membres sont des militaires ou des personnes intĂ©ressĂ©es aux sujets relatifs Ă  la sĂ©curitĂ© humaine.

Certaines associations membres de l'Alliance des militaires citĂ©e ci-dessus sont Ă  l'origine d’une Charte pour la Promotion d’une Conscience EuropĂ©enne de SĂ©curitĂ© et de DĂ©fense. Dans ce document, destinĂ© Ă  l'opinion publique gĂ©nĂ©rale, sont formulĂ©s les objectifs, les tĂąches, les conditions d'adhĂ©sion et la mise en Ɠuvre d'une coopĂ©ration militaire renforcĂ©e au niveau europĂ©en. L'un des buts fondamentaux est la promotion de la Politique EuropĂ©enne de SĂ©curitĂ© et de DĂ©fense (PESD) auprĂšs d'un large public, sans pour autant vouloir remettre en cause le partenariat transatlantique et les fonctions des Nations Unies. Dans les domaines de la sĂ©curitĂ© et de la dĂ©fense, les actions des gouvernements nationaux et des institutions europĂ©ennes doivent aller de pair avec l'adhĂ©sion des citoyens d’Europe.

Acteurs non Ă©tatiques

La liberté de penser des acteurs non étatiques leur confÚre la possibilité d'élaborer une réelle pensée alternative dans les domaines de la gouvernance mondiale, mais il semble qu'ils aient peu ou pas profité encore de cette chance.

Pour Pierre Calame, les « acteurs non Ă©tatiques ont toujours jouĂ© un rĂŽle essentiel dans les rĂ©gulations mondiales mais leur rĂŽle est appelĂ© Ă  croĂźtre de façon considĂ©rable en ce dĂ©but du XXIe siĂšcle. (...) Les acteurs non Ă©tatiques par leur vocation, leur taille, leur flexibilitĂ© et leur mode d’organisation et d’action font jeu Ă©gal avec les États, ce qui ne signifie pas pour autant que leur action soit mieux adaptĂ©e. (...) Les acteurs non Ă©tatiques jouent un rĂŽle moteur dans la gouvernance mondiale dans de nombreux domaines.(...) Pour mieux comprendre et dĂ©velopper le rĂŽle des acteurs non Ă©tatiques il faut l’analyser Ă  la lumiĂšre des principes gĂ©nĂ©raux de gouvernance (...)[51].

Les problĂšmes de la gouvernance mondiale Ă  la lumiĂšre des principes de gouvernance

À partir de multiples travaux portant sur diffĂ©rents continents, diffĂ©rentes Ă©chelles de gouvernance et diffĂ©rents domaines de l’action publique, la Fondation Charles LĂ©opold Mayer et ses partenaires, de leur cĂŽtĂ©, ont extrait cinq principes sur lesquels repose la gouvernance. Les problĂšmes de la gouvernance mondiale peuvent ĂȘtre analysĂ©s Ă  la lumiĂšre de ces principes[52].

  • LĂ©gitimitĂ© de l’exercice du pouvoir et enracinement

Ce principe affirme qu'« il faut un assentiment profond des peuples Ă  la maniĂšre dont ils sont gouvernĂ©s ; que ceux qui exercent l’autoritĂ© soient jugĂ©s dignes de confiance ; que les limites imposĂ©es aux libertĂ©s privĂ©es soient aussi rĂ©duites que possible et dĂ©coulent clairement des nĂ©cessitĂ©s du bien commun ; que l’organisation de la sociĂ©tĂ© soit assise sur un socle Ă©thique reconnu et respectĂ©[52] ».

Des dĂ©cisions trĂšs importantes qui affectent l'Ă©conomie planĂ©taire se prennent aujourd'hui dans le cadre d'une poignĂ©e d'institutions internationales, jugĂ©es peu dĂ©mocratiques et sans rĂ©elle ou complĂšte lĂ©gitimitĂ©, et non plus Ă  l'Ă©chelle des institutions reprĂ©sentatives (États ou unitĂ©s territoriales plus petites dont les gouvernants sont Ă©lus directement). En mĂȘme temps, les efforts d'action et de coordination mise en place par ces institutions (et concrĂštement par le systĂšme des Nations unies) se sont rĂ©vĂ©lĂ©s insuffisants pour abolir ou mĂȘme rĂ©duire significativement la pauvretĂ©, les injustices et les inĂ©galitĂ©s, ou pour mettre en place des actions efficaces pour rĂ©duire la dĂ©gradation environnementale.

Selon Jan Aart Scholte[53], un cercle vicieux se produit entre dĂ©veloppement et lĂ©gitimitĂ© des institutions internationales et de la gouvernance mondiale. Il affirme que la « gouvernance globale reste faible dans son ensemble par rapport aux besoins de politique publique mondiale. Les carences en matiĂšre de moralitĂ©, de fondements lĂ©gaux, d’approvisionnement matĂ©riel, de reconnaissance dĂ©mocratique et de dirigeants charismatiques ont creusĂ© un dĂ©ficit de lĂ©gitimitĂ© dans les rĂ©gimes existants[54]. » À son tour, « cette lĂ©gitimitĂ© fragile a constituĂ© un obstacle majeur Ă  une croissance substantielle au niveau mondial des rĂ©gulations nĂ©cessaires pour garantir une vie dĂ©cente pour tous dans un monde globalisĂ©. Les insuffisances et le dĂ©ficit de lĂ©gitimitĂ© de la gouvernance globale font donc obstacle Ă  un renforcement mutuel[54]. »

Selon Pierre Calame, « les rĂ©gulations actuelles ne sont pas Ă  la hauteur des interdĂ©pendances. (...) toute initiative pour renforcer ces rĂ©gulations ne rencontrera aucune adhĂ©sion populaire si la lĂ©gitimitĂ© de celles qui existent dĂ©jĂ  est sujette Ă  caution. Or, c’est le cas: l’ONU est souvent perçue comme une mascarade coĂ»teuse. Sa lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique est limitĂ©e, coincĂ©e entre le droit de veto de quelques grands pays au Conseil de sĂ©curitĂ© et l’hypocrisie du principe "un État, une voix" qui fait semblant de mettre sur le mĂȘme pied le NĂ©pal, le Burkina Faso et les États-Unis. MĂȘme crise de lĂ©gitimitĂ© pour la Banque mondiale et le FMI, devenus dans la pratique des outils d’action des pays riches sur les pays pauvres. Les rĂšgles internationales Ă©noncĂ©es par des autoritĂ©s sans visage, sans mandat clair, sans instance de recours identifiable prolifĂšrent, minant l’autoritĂ© de ces rĂšgles et leur effectivitĂ© mais discrĂ©ditant aussi la prĂ©tention d’en formuler d’autres Ă  l’avenir, y compris dans les domaines oĂč l’on dĂ©nonce la loi de la jungle et la prolifĂ©ration des injustices[55]. »

D'un cĂŽtĂ©, c'est l'exercice rĂ©el – notamment au niveau international – du cadre normatif existant (conventions et lois) qui pose problĂšme, comme le montre Rolf KĂŒnemann[56]. D'autres sources vont jusqu'Ă  affirmer que certaines institutions internationales ne respectent pas elles-mĂȘmes la Convention des Droits de l'Homme[57].

D'un autre cÎté, les efforts de conceptualisation et l'apparition de nouveaux droits font partie d'un processus de développement théorique et normatif de la nouvelle gouvernance mondiale qui commence à se profiler. C'est le cas, parmi d'autres, du concept de « travail décent » élaboré par l'Organisation internationale du travail (OIT)[58] et le droit à l'eau, largement défendu par la société civile[59].

Enfin, concernant l'Ă©laboration de propositions alternatives, le forum pour une Charte des responsabilitĂ©s humaines soutient que le rĂŽle juridique secondaire de la notion de la responsabilitĂ© pose un problĂšme sĂ©rieux dans le cadre du nouveau modĂšle d'organisation mondiale, qui doit se baser sur le dĂ©veloppement durable et non plus sur le productivisme et la croissance agressifs. En ce sens, un socle juridique commun doit servir Ă  fonder la lĂ©gitimitĂ© nĂ©cessaire. L'Ă©tablissement de celui-ci peut se baser sur trois piliers: la Charte des Nations unies, la DĂ©claration universelle des droits de l'homme, et la Charte des responsabilitĂ©s humaines. Cette derniĂšre serait un document parallĂšle et complĂ©mentaire aux deux premiers, qui dispose les responsabilitĂ©s humaines Ă  l'Ă©chelle mondiale, et qui doit ĂȘtre le rĂ©sultat d'un processus permanent de rĂ©Ă©criture participatif ouvert Ă  tous les citoyens.

  • ConformitĂ© Ă  l’idĂ©al dĂ©mocratique et Ă  l’exercice de la citoyennetĂ©

Le second des principes dĂ©fend l'idĂ©e qu'il « faut que chacun se sente partie prenante au destin commun, ce qui exclut par exemple la tyrannie de la majoritĂ© ; qu’un juste Ă©quilibre soit trouvĂ© entre droits, pouvoir et responsabilitĂ©s ; qu’aucun pouvoir ne puisse s’exercer sans contrĂŽle[52] ».

La société civile a bien compris ce besoin et travaille depuis de nombreuses années pour faire entendre la voix citoyenne, notamment par le biais du Forum social mondial, qui se tient annuellement depuis .

La rĂ©forme de la gouvernance mondiale est en ce sens indissociable d'une reforme gĂ©nĂ©rale de l'appareil de l'État et du secteur public, qui, entre autres, placerait la participation citoyenne au milieu du processus de prise de dĂ©cisions. L'Ă©norme revitalisation de la dĂ©mocratie participative qui a lieu depuis quelques dĂ©cennies (budgets participatifs, confĂ©rences de citoyens...) comprend aussi des propositions pour faire de la participation citoyenne l'Ă©lĂ©ment central de la structure de prise de dĂ©cisions des appareils publics. En voici deux exemples : Iniciativa Ciudadana para la Cultura del DiĂĄlogo, "La participaciĂłn ciudadana en el proceso de la reforma del estado", et Martelli, Roger et Evelyne Sire-Marin, "La rĂ©publique nouvelle sera dĂ©mocratique et sociale", dans Collectif national du 29 mai ().

  • CompĂ©tence et efficacitĂ©

Selon ce troisiÚme principe, « la conception des institutions publiques et privées, leur mode de fonctionnement et ceux qui les font fonctionner doivent faire la preuve de leur pertinence, de leur compétence, de leur capacité à répondre effectivement aux besoins de la société dans sa diversité[52] ».

C'est en ce sens que, faute d'une forme d'organisation politique de la communauté mondiale cohérente, responsable, efficace et légitime, la logique marchande domine les relations internationales et donne lieu à une gouvernance mondiale anarchique, irresponsable, inefficace du point de vue de la satisfaction des besoins sociaux et par conséquent illégitime du point de vue politique.

Selon Pierre Calame et Gustavo Marin, le « marchĂ© est une modalitĂ© de l’échange mais nous devons dĂ©limiter sa place, ses conditions de lĂ©gitimitĂ© et d’efficacitĂ© au mĂȘme titre que les autres formes de gouvernance. Nous devons faire tout ce qui est nĂ©cessaire pour mettre le marchĂ© Ă  sa place, pour ne pas permettre que le travail et les personnes soient purement des marchandises. Il est devenu prioritaire maintenant de fonder en droit le champ d’application du marchĂ©. Il faut dĂ©passer le rĂ©ductionnisme d’une vision idĂ©ologique de l’économie qui met le marchĂ© au centre de tous les Ă©changes[60]. »

  • CoopĂ©ration et partenariat

Ce quatriĂšme principe affirme qu'il faut que « tous puissent concourir au bien commun et que la gouvernance organise les relations et les coopĂ©rations entre les diffĂ©rents types d’acteurs, publics et privĂ©s, entre les diffĂ©rentes Ă©chelles de gouvernance, entre les administrations, selon des procĂ©dures Ă©tablies en commun[52] ».

À l'augmentation des interdĂ©pendances dans le monde doit correspondre une augmentation des interdĂ©pendances dans l'organisation des services publics, notamment la crĂ©ation de formes intelligentes de partenariat des institutions publiques entre elles, des acteurs de la sociĂ©tĂ© civile entre eux, et des premiĂšres avec les secondes. Jusqu'Ă  prĂ©sent, la plupart des institutions publiques ont agi sans rĂ©elle interpĂ©nĂ©tration, soit isolĂ©es les unes des autres, soit par commandement hiĂ©rarchique, c'est-Ă -dire sans utiliser la force de toute leur intelligence collective. Il va falloir donc trouver des rĂšgles de base simples pour naviguer dans ce nouveau monde complexe qui reflĂšte la diversitĂ© sociale. En ce sens, Pierre Calame a fait une tentative d'Ă©laboration de rĂšgles communes aux diffĂ©rents niveaux de gouvernance, dont le principe fondamental est celui de la subsidiaritĂ© active[61].

D'un autre cĂŽtĂ©, trouver des solutions au grave problĂšme des inĂ©galitĂ©s doit devenir l'objectif majeur de la construction d'une gouvernance mondiale lĂ©gitime et donc dĂ©mocratique. Par consĂ©quent, il faut mettre en place de forts systĂšmes de solidaritĂ© et de redistribution. Des propositions de salaire universel Ă  l'Ă©chelle d'un seul pays pourraient ĂȘtre appliquĂ©es Ă  l'Ă©chelle de la planĂšte comme le propose entre autres la Global Basic Income Foundation. Parmi les diverses autres propositions de solidaritĂ© et de redistribution Ă  l'Ă©chelle mondiale figure le salaire alimentaire universel, le Plan Marshall Global, le Centre mondial d'appel Ă  l'aide et un plan de retraite globale.

Relations entre le local et le global, entre les Ă©chelles de gouvernance

Aujourd'hui on peut poser le problĂšme de l'articulation entre le local et le global et entre les Ă©chelles de gouvernance dans le cadre de la construction d'une nouvelle gouvernance mondiale, sous trois angles :

  • celui de l'articulation-mĂȘme des Ă©chelles de gouvernance ;
  • celui de la transformation interne de l'État et de l'Ă©volution de son rĂŽle ;
  • celui de la construction de nouvelles modalitĂ©s de coexistence entre les États et les institutions publiques en gĂ©nĂ©ral, qui relĂšvent mieux des articulations rĂ©elles entre leurs sociĂ©tĂ©s.

La mise en place d'une gouvernance mondiale effective qui ne soit pas un gouvernement mondial homogĂšne pose le problĂšme de sa coexistence avec les États, lesquels doivent accepter la perte de parcelles importantes de leur souverainetĂ© au profit de l'Ă©chelle mondiale mais aussi des autres niveaux. Il s'agit de rĂ©ussir une rĂ©elle articulation des compĂ©tences et un fonctionnement interactif entre tous ces niveaux, du local au mondial. Pour cela, Il faut Ă©tablir des rĂšgles communes, et pour qu'elles soient vraiment dĂ©mocratiques, les dĂ©cisions prises au niveau de base doivent devenir la seule matiĂšre premiĂšre du travail des niveaux supĂ©rieurs, lesquels doivent assurer la cohĂ©sion de la sociĂ©tĂ© jusqu'au niveau mondial.

Certains auteurs ont conceptualisĂ© le nouveau type d'État qu'il faudrait pour une gouvernance plus large et articulĂ©e aux diffĂ©rentes Ă©chelles. Pour Ulrich Beck, qui dĂ©fend l'idĂ©e d'un « État cosmopolite », « de la mĂȘme maniĂšre qu'en premier lieu seul un État areligieux permet la pratique de plusieurs religions, un État cosmopolite aura Ă  garantir la coexistence d'identitĂ©s nationales et religieuses grĂące au principe de tolĂ©rance constitutionnelle[62] ».

Un autre auteur, Robert Cooper, propose l'Ă©volution du monde actuel vers un « systĂšme d'États postmodernes » avec les caractĂ©ristiques suivantes :

« - suppression de la distinction entre les affaires intérieures et les affaires étrangÚres ;
- ingérence réciproque dans les affaires intérieures (classiques) et contrÎle réciproque ;
- refus du recours à la force comme moyen de résolution des conflits et par conséquent codification des rÚgles de conduite auto-appliquées ;
- dĂ©clin progressif de la pertinence des frontiĂšres en raison du changement du rĂŽle de l’État, mais aussi des missiles, des vĂ©hicules motorisĂ©es et des satellites ;
- sécurité basée sur la transparence, ouverture réciproque, interdépendance et vulnérabilité réciproque[63]. »

En revanche, il ne s'agit pas de faire en sorte que « l’État national soit appelĂ©, Ă  l’avenir, Ă  ne plus jouer un rĂŽle majeur. Au contraire, il continuera Ă  incarner le destin collectif des peuples, il restera certainement le niveau principal de construction de la cohĂ©sion sociale, de fourniture des services publics, de l’exercice du droit et de la justice, de la redistribution et de la solidaritĂ©. Mais un État conçu sur d’autres bases comme niveau, certes essentiel, de la gouvernance, mais un niveau parmi d’autres, articulĂ© aux autres[20]. »

Certains auteurs visent Ă©galement la construction de l'Ă©chelle rĂ©gionale et la reforme du systĂšme de Nations unies. Par exemple, Pierre Calame et Gustavo Marin considĂšrent que « L'architecture de la gouvernance mondiale ne peut plus se concevoir sans une refondation des États nationaux eux-mĂȘmes, sans une redĂ©finition de leur rĂŽle, de leurs modalitĂ©s de fonctionnement et de leur articulation avec les autres ordres politiques[60]. » En mĂȘme temps ils affirment : « Il est indispensable de soutenir l'Ă©mergence d'un niveau rĂ©gional, intermĂ©diaire entre les États et le monde. » De son cĂŽtĂ©, le Conseil de sĂ©curitĂ© « devrait ĂȘtre un directoire constituĂ© de reprĂ©sentants des rĂ©gions du monde. Chaque pays d'une rĂ©gion en assurerait par rotation, la prĂ©sidence et, par contre-coup, la reprĂ©sentation dans les nĂ©gociations internationales[64]. »

Enfin, une gouvernance mondiale articulĂ©e et dĂ©mocratique comporte aussi une redĂ©finition du rĂŽle des territoires et des unitĂ©s de base pour l'Ă©mergence d'un pouvoir citoyen constituant. En ce sens, il y a des propositions pour une re-territorialisation[65] oĂč les communautĂ©s territoriales sont la pierre angulaire de la gouvernance mondiale, ainsi que des tentatives de construction d'AssemblĂ©es citoyennes[66].

Autres problĂšmes de la gouvernance mondiale

  • Expansion des appareils normatifs et mondialisation des institutions

Le processus imparable de la mondialisation concerne entre autres la production de plus en plus nombreuse de rĂšgles Ă  l'Ă©chelle mondiale. Jan Aart Scholte affirme, cependant, que ces transformations son insuffisantes au regard des besoins : « nous assistons Ă  une expansion sans prĂ©cĂ©dent d’appareils normatifs rĂ©gissant les juridictions mondiales. Toutefois, cette gouvernance globale reste faible dans son ensemble par rapport aux besoins de politique publique mondiale. Les carences en matiĂšre de moralitĂ©, de fondements lĂ©gaux, d’approvisionnement matĂ©riel, de reconnaissance dĂ©mocratique et de dirigeants charismatiques ont creusĂ© un dĂ©ficit de lĂ©gitimitĂ© dans les rĂ©gimes existants[54] ».

Il existe, Ă  un autre niveau, le besoin de former de plus en plus de rĂ©seaux et d'institutions dans tous les domaines qui interviennent Ă  l'Ă©chelle mondiale. Des propositions et expĂ©riences dans ce domaine nous viennent des partis politiques[67], des syndicats[68], des administrations rĂ©gionales[69] et des parlementaires des États souverains[70].

  • Besoin de dĂ©bat sur la formulation et les objectifs de la gouvernance mondiale

Pour la construction d'une gouvernance mondiale démocratique il faudrait développer des espaces citoyens de dialogue sur la formulation légale de l'organisation de la gouvernance mondiale, ainsi que de la mise en commun de ses objectifs.

Cette formulation lĂ©gale pourrait prendre la forme d'une Constitution mondiale. Selon Pierre Calame et Gustavo Marin, une « Constitution mondiale, issue d’un processus instituant d’une communautĂ© mondiale, servira de rĂ©fĂ©rence commune Ă  l’établissement d’une hiĂ©rarchie des droits et des devoirs applicables aux agences des Nations Unies et aux autres institutions multilatĂ©rales telles que le Fonds MonĂ©taire International, la Banque Mondiale, l’Organisation Mondial du Commerce[60]. »

Pour ce qui concerne la formulation des objectifs, l'ambition sans aucune doute nĂ©cessaire mais en mĂȘme temps insuffisante des Objectifs du millĂ©naire pour le dĂ©veloppement des Nations unies, un programme destinĂ© Ă  sauvegarder l'humanitĂ© et la planĂšte, ainsi que, surtout, les Ă©normes difficultĂ©s de leur mise en Ɠuvre sont un exemple de la faiblesse des initiatives institutionnelles qui n'obtiennent pas de soutien populaire parce que la participation citoyenne a Ă©tĂ© totalement absente de leur processus d'Ă©laboration.

D'un autre cĂŽtĂ©, cette Constitution mondiale « Une Constitution mondiale doit Ă©noncer de maniĂšre claire un nombre limitĂ© de grands objectifs qui fondent la gouvernance mondiale et orientent l’action commune des agences de l’ONU et des institutions multilatĂ©rales, le rĂŽle spĂ©cifique de chacune se subordonnant Ă  la poursuite de ces objectifs communs[60] ».

Pierre Calame propose les objectifs suivants :

  1. La mise en place des conditions d'un développement durable ;
  2. La réduction des inégalités ;
  3. L'instauration d'une paix durable dans le respect de la diversité[71].
  • RĂ©forme des institutions internationales

L'ONU est-elle capable d'assumer la lourde charge de gérer les gros problÚmes de la planÚte ? Plus précisément, l'ONU est-elle capable de se réformer pour assumer cette charge ? Face à la crise financiÚre de 2008, aux problÚmes climatiques et à un futur imprévisible, les institutions financiÚres internationales peuvent-elles se réformer pour assumer leur mandat originel d'aide financiÚre aux pays en besoin ?

Le manque de volontĂ© politique et citoyenne Ă  l'Ă©chelle internationale est aussi Ă  l'origine de l'actuelle sĂ©questration des institutions internationales par l'agenda nĂ©olibĂ©ral, notamment les institutions financiĂšres : la Banque mondiale, le FMI), et le GATT (Accord gĂ©nĂ©ral sur les tarifs douaniers et le commerce) devenu l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Pierre Calame en retrace l'histoire[20]. Joseph E. Stiglitz signale de son cĂŽtĂ© que « le besoin d'institutions internationales telles que le FMI, la Banque mondiale et l’OMC n’a jamais Ă©tĂ© aussi grand, mais la confiance qui leur est accordĂ©e n’a jamais Ă©tĂ© aussi faible[72] ».

L'un des aspects les plus importants de la rĂ©forme des Nations unies est le problĂšme de la reprĂ©sentativitĂ© Ă  l'assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale. Dans l'AssemblĂ©e, qui fonctionne selon le principe « un État, une voix », des États de taille extrĂȘmement inĂ©gale ont un poids Ă©gal dans le vote, ce qui dĂ©forme la reprĂ©sentativitĂ© et fait perdre toute crĂ©dibilitĂ© Ă  l'AssemblĂ©e. Par consĂ©quent, « l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale a perdu toute capacitĂ© rĂ©elle d’influence. De ce fait, ce sont les instances d’action ou de concertation des pays riches qui occupent le devant de la scĂšne[20] ».

Gustave Massiah plaide pour la dĂ©finition et la mise en Ɠuvre d'une rĂ©forme radicale de cette institution. L'auteur propose une refondation comme base d'une dĂ©mocratie mondiale, pour la construction d'un Contrat social mondial fondĂ© sur le respect et la garantie des droits, tant civils et politiques, qu’économiques, sociaux et culturel, ainsi que pour que l'on dĂ©finisse la place stratĂ©gique du droit international[73].

Propositions pour une nouvelle gouvernance mondiale

Plusieurs acteurs ont produit des listes de propositions pour une nouvelle gouvernance mondiale plus responsable, juste, solidaire, articulée et respectueuse de la diversité de la planÚte. Parmi eux :

Joseph E. Stiglitz propose une liste de rĂ©formes sur l’organisation interne et le rĂŽle externe de diverses institutions internationales dans le cadre de la gouvernance mondiale. Il traite Ă©galement de la fiscalitĂ© globale, de la gestion des ressources mondiales et de l’environnement, de la production et la protection des connaissances mondiales et de la nĂ©cessitĂ© d’une infrastructure juridique globale[74].

Le Cahier de propositions pour la gouvernance mondiale de l'Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire offre par ailleurs les propositions suivantes :

  • MatĂ©rialiser le principe de responsabilitĂ© ; mieux associer la sociĂ©tĂ© civile Ă  l'Ă©laboration et Ă  la mise en Ɠuvre des rĂšgles internationales ;
  • Mieux impliquer les parlements nationaux Ă  l'Ă©laboration et la mise en Ɠuvre des rĂšgles internationales ;
  • RĂ©Ă©quilibrer au profit du Sud les modalitĂ©s de nĂ©gociation et de mise en Ɠuvre des rĂšgles ;
  • AccĂ©lĂ©rer la mise en place des ensembles rĂ©gionaux ;
  • Étendre et prĂ©ciser la notion de bien commun ;
  • Distinguer les pouvoirs de proposition et de dĂ©cision pour reconstruire les Nations unies ;
  • DĂ©velopper des systĂšmes indĂ©pendants d'observation, d'alerte et d'Ă©valuation ;
  • Diversifier et stabiliser les bases du financement de l'action collective internationale ;
  • Engager un vaste processus de consultation, un nouveau Bretton Woods pour les Nations unies[75].

Voici un autre exemple de liste de propositions :

  • La sĂ©curitĂ© des sociĂ©tĂ©s et sa corrĂ©lation avec la nĂ©cessitĂ© de rĂ©formes globales - Une Ă©conomie maĂźtrisĂ©e et fondĂ©e sur le droit, orientĂ©e vers la stabilitĂ©, la croissance, le plein-emploi et la convergence Nord-Sud ;
  • Des droits Ă©gaux pour tous, impliquant l’établissement d’une logique de redistribution Ă  l’échelle mondiale ;
  • L’éradication de la pauvretĂ© dans tous les pays ;
  • Le dĂ©veloppement durable Ă  l’échelle mondiale comme impĂ©ratif absolu dans l’action politique Ă  tous les niveaux ;
  • S’attaquer aux racines de la lutte contre le terrorisme et le crime ;
  • Des institutions mondiales plutĂŽt qu'inter-nationales (donc non pas sous la coupe des marchandages entre nations), cohĂ©rentes, efficaces et pleinement dĂ©mocratiques, Elles seraient Ă©ventuellement spĂ©cialisĂ©es chacune sur un domaine considĂ©rĂ© crucial, quitte Ă  les fĂ©dĂ©rer ultĂ©rieurement pour assurer la cohĂ©rence d'ensemble ;
  • Une Europe qui doit partager son expĂ©rience de rĂ©ponse aux dĂ©fis de la mondialisation et Ă©tablir des vĂ©ritables stratĂ©gies de partenariat dans la perspective d’un nouveau multilatĂ©ralisme[76].

Le Dr Rajesh Tandon, prĂ©sident du FIM (Forum international de MontrĂ©al) et prĂ©sident de la PRIA (Participatory Research in Asia), avait prĂ©parĂ© lors de la confĂ©rence intitulĂ©e « DĂ©mocratie globale : visions et stratĂ©gies de la sociĂ©tĂ© civile (G05) » un document-cadre intitulĂ© Democratization of Global Governance, dans lequel il prĂ©sentait cinq principes sur lesquels les actions de la sociĂ©tĂ© civile pourraient s’appuyer :

  • Les institutions globales et l’agenda global devraient ĂȘtre soumis Ă  une responsabilitĂ© politique dĂ©mocratique ;
  • La politique dĂ©mocratique au niveau mondial nĂ©cessite une lĂ©gitimitĂ© de contrĂŽle populaire par l’intermĂ©diaire de mĂ©canismes de reprĂ©sentation directe ;
  • La participation citoyenne dans la prise de dĂ©cision au niveau global nĂ©cessite l’égalitĂ© des chances pour tous les citoyens du monde ;
  • Plusieurs sphĂšres de gouvernance (au niveau local, provincial, national, rĂ©gional et global), devraient soutenir conjointement la dĂ©mocratisation de la prise de dĂ©cision Ă  tous les niveaux ;
  • La dĂ©mocratie globale doit garantir que toutes les richesses publiques globales soient accessibles de maniĂšre Ă©quitable Ă  tous les citoyens du monde[77].

Notes et références

  1. Chloé Maurel, Géopolitique des impérialismes, Paris, Studyrama, 2009, p. 186.
  2. Blin, Arnaud ; Marin, Gustavo, "Repenser la gouvernance mondiale", article réalisé dans le cadre de l'atelier « Gouvernance mondiale » du Forum Chine-Europe, 4-7 octobre 2007
  3. Forum pour une nouvelle gouvernance mondiale (FnGM), "Pourquoi un forum pour une nouvelle gouvernance mondiale ?", 2008.
  4. Parmi ceux-ci, on peut compter : Le Forum pour une nouvelle Gouvernance Mondiale ; le Centre for the Study of Global Governance (CsGG) de la London School of Economics ; le Global Governance Project (Glogov.org) ; et le projet Construire la démocratie globale.
  5. Laurence Tubiana est spĂ©cialiste du dĂ©veloppement durable. Elle est en rĂ©fĂ©rence dans les articles WikipĂ©dia Pierre Jacquet, "Écoconstruction", "Biocarburant" et "Bibliographie en sociologie du dĂ©veloppement".
  6. Jacquet, Pierre, Jean Pisani-Ferry et Laurence Tubiana, "À la recherche de la gouvernance mondiale", dans Pierre Jacquet, 2003.
  7. Pelayo, GermĂ  (Coord.), "Gouvernance environnementale et gestion de la planĂšte", Dossier dans Forum pour une nouvelle Gouvernance Mondiale, 2008.
  8. Morin, Jean-Frédéric, 1977- ..., Jegen, Maya. et Impr. Corlet), Politique internationale de l'environnement, Paris, SciencesPo-les Presses, dl 2015, 292 p. (ISBN 978-2-7246-1745-0 et 2724617452, OCLC 920030462, lire en ligne)
  9. Tubiana, L. et B. Martimort-Asso, "Gouvernance internationale de l'environnement : les prochaines étapes", SynthÚses N°01/2005, Institut du développement durable et des relations internationales, 2005.
  10. Najam, Adil et al., "Global Environmental Governance: Elements of a Reform Agenda" in Encyclopedia of Earth (e-book), 2007
  11. Buhrs, T. (2007) Environmental Space as a Basis for Enhancing the Legitimacy of Global Governance. CSGR/GARNET Conference on Pathways to Legitimacy? The Future of Global and Regional Governance: Warwick University, UK, 17-19 September 2007
  12. Tubiana, L.; Severino, J.-M. ; Biens publics globaux, gouvernance mondiale et aide publique au dĂ©veloppement, rapport du CAE sur la gouvernance mondiale, 2002, citĂ© dans Calame, Pierre, La DĂ©mocratie en miettes. Pour une rĂ©volution de la gouvernance, Éd. Charles LĂ©opold Mayer, Ed. Descartes et Cie, 2003, p. 217-219.
  13. Stiglitz, Joseph E., "Global Public Goods and Global Finance: Does Global Governance Ensure That the Global Public Interest Is Served?" in Touffut, Jean-Philippe (ed.), Advanced Public Goods, Paris 2006, p. 149-164.
  14. George, Susan, "Alternative Finances", in Le Monde Diplomatique en ligne, Ă©dition en anglais, janvier 2007.
  15. Andrée Michel est sociologue et militante féministe française engagée contre la militarisation du monde.
  16. Michel, Andrée, Surarmement, pouvoirs, démocratie; L'Harmattan, Paris, 1999.
  17. Jean-René Bachelet, ancien commandant du secteur de Sarajevo dans le cadre de la FORPRONU, est chargé de mission auprÚs du chef d'état-major de l'armée de terre, Paris.
  18. Bachelet, Jean-René, "Une éthique militaire pour un monde meilleur", Forum pour une Nouvelle Gouvernance Mondiale, 2008.
  19. Présentation de l'atelier de la Fondation Sciences citoyennes au Forum social mondial
  20. Calame, Pierre (Coord.), "Pour une gouvernance mondiale efficace, lĂ©gitime et dĂ©mocratique", Cahiers de propositions n°7, Éditions Charles LĂ©opold Mayer, 2003.
  21. Ciccolella, André ; "Le public doit exercer un contrÎle éthique sur la science" in transfert.net
  22. Global Alliance on Community-Engaged Research ; Global Alliance on Community-Engaged Research
  23. Il s'agit de l'horizon des Objectifs du millénaire pour le développement des Nations Unies.
  24. "Can we close the education gap?" in Global Future, 2, 2007.
  25. Morin, Edgar; Les sept savoirs nĂ©cessaires Ă  l’éducation du futur, rapport Ă  l'Unesco, Unesco, 1999.
  26. Sabelo J. Ndlovu-Gathseni; Donner une voix à l’Afrique au sein de la gouvernance globale : histoire orale, droits de l’homme et Conseil des droits de l’homme aux Nations unies in Forum pour une nouvelle Gouvernance Mondiale, 2007.
  27. RĂ©seau Dialogues sur la gouvernance en Afrique, "Changeons l’Afrique, 15 propositions pour commencer...", in Gouvernance en Afrique, 2003.
  28. Voir Ă  ce propos le discours d'Obama Ă  la Nouvelle Ă©cole Ă©conomique Ă  Moscou en juillet 2009
  29. Texte de la loi (en anglais).
  30. Dans un discours lors de sa campagne pour devenir le candidat des Démocrates aux élections présidentielles, Barack Obama a déclaré : « (...) we have to invite the American people into the discussion, and once more make our foreign policy a cause to unite us - not a wedge issue to divide us » (nous devons inviter le peuple américain au débat, et refaire de notre politique étrangÚre une raison de nous unir et non un gouffre pour nous diviser).
  31. Barack Obama and Joe Biden: The Change We Need - Foreign Policy
  32. Servicio Informativo "Alai-amlatina"; Asamblea Constituyente (Ecuador)
  33. Asamblea Constituyente Ecuador 2008; Nueva ConstituciĂłn del Ecuador
  34. Chiffres diffusés par la Cour nationale électorale et rapportés dans un article d'Infolatam dans son article "Bolivia: aprobada la nueva Constitución con división nacional" du 26 janvier 2009
  35. CEPA (Centro de EcologĂ­a y Pueblos Andinos, "Hacia una Asamblea Constituyente Participativa y Soberana", 3 mars 2005.
  36. Constitution de Bolivie de 2009, article 4.1, Nueva ConstituciĂłn PolĂ­tica del Estado.
  37. Constitution de Bolivie de 2009, article 222, Nueva ConstituciĂłn PolĂ­tica del Estado.
  38. Constitution de Bolivie de 2009, article 224, Nueva ConstituciĂłn PolĂ­tica del Estado.
  39. IBase et FnGM, « De quelle Amazonie le monde a-t-il besoin ? », document de rĂ©fĂ©rence du sĂ©minaire du mĂȘme nom, Rio de Janeiro, 2008, p. 16.
  40. Ibid. p. 6.
  41. Blin, Arnaud, "Postface : L'Amazonie et la Gouvernance mondiale" in IBase et FnGM, « De quelle Amazonie le monde a-t-il besoin ? », Op. cit. p. 40
  42. Ibid. p. 40
  43. Blin, A., Ibid. p. 40.
  44. Youth Innovation Competition on Global Governance ; Conference for Climate Change, juillet 2007
  45. Greenhouse-gas Emissions and Global Mitigation Efforts
  46. Rocard, Michel ; "La gouvernance mondiale. Un regard européen personnel", communication au Forum Chine-Europe, Bruxelles, 2007.
  47. Rocard, Michel ; Ibid.
  48. Ratchford, R.W. et D; Juul Jorgensen (rapporteurs), Livre blanc sur la gouvernance, groupe de travail n° 5, contribution de l'UE à une meilleure gouvernance par delà nos frontiÚres, Union européenne, mai 2001.
  49. Forum parlementaire mondial, "Déclaration définitive du sixiÚme Forum parlementaire mondial - Caracas 2006", janvier 2006.
  50. Alliance internationale de militaires pour la sécurité et la paix, Objectifs, 2008.
  51. Calame, Pierre ; "Les acteurs non Ă©tatiques et la gouvernance mondiale", Forum pour une nouvelle Gouvernance mondiale, juin 2008.
  52. Forum pour une Nouvelle Gouvernance Mondiale, « Les Principes de la gouvernance : guide pour l'élaboration de propositions sur la gouvernance mondiale », 2008.
  53. Jan Aart Scholte est codirecteur du CSGR (Centre for the Study of Globalisation and Regionalisation) et professeur en sciences politiques internationales Ă  l’universitĂ© de Warwick.
  54. Scholte, Jan Aart, "Civil Society and the Legitimation of Global Governance", CSGR Working Paper No. 223/07, mars 2007
  55. Calame, Pierre, La DĂ©mocratie en miettes. Pour une rĂ©volution de la gouvernance, Éd. Charles LĂ©opold Mayer, Éd. Descartes et Cie, 2003, p. 155-6
  56. KĂŒnemann, Rolf, "La portĂ©e extraterritoriale de la Convention internationale des droits Ă©conomiques, sociaux et culturels (CIDESC)", Forum pour une nouvelle Gouvernance mondiale (FnGM), 2001. Rolf KĂŒnemann est Directeur des Droits de l'homme pour FIAN International
  57. Toussaint, Eric ; "Le FMI, la Banque mondiale et le respect des droits de l'Homme", FnGM, 2005.
  58. Rodgers, Gerry ; "Le travail décent comme enjeu de l'économie globale", FnGM, 2007.
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Bibliographie

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Chloé Maurel, Histoire des idées des Nations unies. L'ONU en 20 notions, Paris, L'Harmattan, 2015.

Bruno Jetin. Democratic governance of international financial institutions in a time of financial crisis. Conference organised by IBASE, Rio de Janeiro, Brasil, May 7-8 2008

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