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Éthique militaire

L'Ă©thique militaire ou Ă©thique de la guerre est un ensemble de pratiques et de discours visant Ă  guider les forces armĂ©es et leurs membres afin qu'ils agissent de façon conforme Ă  des valeurs et Ă  des normes, et Ă  prĂ©ciser au regard de l’ensemble de la citoyennetĂ© ces valeurs de rĂ©fĂ©rence.

L’humanitĂ© a organisĂ© des guerres au long de 5000 annĂ©es. Au cours de tout ce temps elle a aussi essayĂ©, avec peu de succĂšs, de crĂ©er des rĂ©gimes capables soit d’enrayer la guerre soit de limiter ses effets destructeurs. L’éthique militaire traditionnelle, et notamment la Doctrine de la guerre juste, s'occupe des questions relatives aux justifications donnĂ©es pour utiliser la force (« jus ad bellum » ou droit Ă  la guerre), de ce qui peut se justifier de faire dans le contexte de l'usage de cette force (« jus in bello » ou droit dans la guerre) et enfin les questions liĂ©es Ă  la reconstruction aprĂšs la guerre (« jus post bellum »). Une vision alternative place son attention dans le rĂŽle des militaires avant tout dans la construction progressive de la paix, en tant qu'Ă©tat (inachevĂ©) de justice sociale Ă  caractĂšre multidimensionnel (Ă©conomique, juridique, politique, culturel, religieux, symbolique, etc.) qui doit toujours conditionner la rĂ©solution des conflits par des voies autres que violentes.

Les forces armĂ©es nationales et multinationales doivent avoir un rĂŽle d'abord prĂ©ventif et dissuasif. Leur engagement peut devenir inĂ©luctable, en dernier recours, en particulier face Ă  un gĂ©nocide, toujours dans le cadre d'un droit des conflits armĂ©s qui est peut-ĂȘtre Ă  actualiser et sous mandat du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies.

ThĂ©orie de l’éthique militaire

Justification de l’existence des armĂ©es

L’éthique militaire repose tout d’abord sur une contradiction : « La profession militaire c’est la seule dont la fonction fondamentale est immorale. L’éthique militaire est un paradoxe, qui essaye de mettre en liaison les deux concepts antithĂ©tiques de la moralitĂ© et l’assassinat »[1].

Plusieurs courants affichent des positionnements diffĂ©rents. Les utilitaristes considĂšrent que l’existence des armĂ©es doit ĂȘtre justifiĂ© dans un monde imparfait oĂč il faut se dĂ©fendre et assurer la sĂ©curitĂ© des siens face aux ennemis extĂ©rieurs, de mĂȘme que la police est considĂ©rĂ©e nĂ©cessaire pour assurer la sĂ©curitĂ© face aux crimes Ă  l’intĂ©rieur d’un État[2].

Les pacifistes radicaux nient toute justification Ă  l’existence des armĂ©es. Pour eux, la guerre est un mal moral dans tous les cas, ou dans certains cas (par exemple les pacifistes nuclĂ©aires).

Un autre type de pacifisme moins idĂ©aliste considĂšre que plutĂŽt qu’entre guerre et paix, le choix repose-t-il entre, d’une part une conception du monde selon laquelle le sens de la politique est la lutte elle-mĂȘme et, d’autre part, la conviction que tout pouvoir n’a de justification que s’il se donne pour objectif premier le respect de l’homme et de sa dignitĂ©, la rĂ©alisation des conditions les meilleures pour son Ă©panouissement et le dĂ©veloppement de ses potentialitĂ©s. Ainsi, face au choix rĂ©aliste de comprendre le monde et agir en consĂ©quence, comme si l’ĂȘtre humain Ă©tait violent par nature, ce qui n’a pas du tout non plus Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©, l’alternative de cette “utopie rĂ©aliste” au sens oĂč Emmanuel Kant l’entendait, c’est d’agir comme si la paix existait, en Ɠuvrant ainsi Ă  sa fondation[3].

Le sujet de la lĂ©gitimitĂ© des armĂ©es - L’une des premiĂšres questions auxquelles l’éthique militaire essaye de rĂ©pondre est celle du sujet dont Ă©mane la lĂ©gitimitĂ© des armĂ©es. Par exemple, Davenport affirme que les militaires professionnels doivent faire clairement la distinction entre les intĂ©rĂȘts de l’état-nation ou le gouvernement de l’état et ceux de l’humanitĂ©, pour y Ă©tablir une prioritĂ© en faveur des derniers[4].

Jean-Rene Bachelet[5] y contribue aussi moyennant une conceptualisation de l'Ă©thique militaire qui soit en consonance avec l'exigence d’un « principe d'humanitĂ© ». Ainsi, l'auteur dĂ©finit ce principe de la façon suivante : «Tous les hommes, quels que soient leur race, leur nationalitĂ©, leur sexe, leur Ăąge, leur opinion, leur religion, appartiennent Ă  une commune humanitĂ© et chacun a un droit imprescriptible au respect de sa vie, de son intĂ©gritĂ©, de sa dignitĂ©.. » Ce principe, qui se situe au cƓur du bien commun de notre monde dĂ©sormais global, se dĂ©cline sous trois aspects :

  • l’universalitĂ© de l’homme
  • la valeur de la personne humaine, de sa vie, de son intĂ©gritĂ©, de sa dignitĂ©
  • l’exigence que nous avons d’Ɠuvrer pour un monde meilleur.

La « doctrine de la guerre juste »

La doctrine de la guerre juste est un modĂšle de pensĂ©e et un ensemble de rĂšgles de conduite morale dĂ©finissant Ă  quelle condition la guerre est une action moralement acceptable. La doctrine de la guerre juste peut ĂȘtre divisĂ©e en trois catĂ©gories :

  • Le « Jus ad Bellum » : concerne particuliĂšrement le droit de partir en guerre ou conflit, le droit de la dĂ©clarer ; (du latin ad : vers, Ă ).
  • Le « Jus in Bello » : concerne la justice du comportement des diffĂ©rents intervenants pendant le conflit.
  • Le « Jus post Bellum » : concerne la phase terminale et les accords de paix qui doivent ĂȘtre Ă©quitables pour toutes les parties.

La doctrine de la guerre juste trouve son origine dans la pensĂ©e de Saint Thomas d'Aquin, de Saint Augustin et de Francisco de Vitoria (1480-1546). Saint Augustin considĂšre nĂ©cessaire la dĂ©fense des États mĂȘme moralement imparfaits, face Ă  l’alternative du chaos, qu’il connaĂźt bien pour avoir vĂ©cu les temps des invasions barbares dans l’Empire romain. L’engagement dans ces guerres se justifie pour le penseur seulement par une agression premiĂšre des autres c’est-Ă -dire une violation de la paix.

AprĂšs les traitĂ©s de 1648, l’ensemble de la pensĂ©e chrĂ©tienne mĂ©diĂ©vale Ă  propos de la guerre juste se transforme en une version sĂ©culaire de cette thĂ©orie. Le « jus ad bellum », les raisons d'aller en guerre, sont de plus en plus dĂ©finies en termes de la dĂ©fense des principes gĂ©meaux du nouveau systĂšme international : intĂ©gritĂ© territoriale et souverainetĂ© politique des Ă©tats.

Droit à la guerre (« Jus ad bellum »)

Pour le courant rĂ©aliste, la guerre est considĂ©rĂ©e comme un mal qui seulement peut se justifier moralement dans le cas oĂč il y sert Ă  Ă©viter un mal majeur. Quand il y a « bonne intention », la guerre est considĂ©rĂ©e non plus comme un mal inĂ©vitable mais comme un usage lĂ©gitime du pouvoir. Par « bonne intention » les partisans du rĂ©alisme entendent seulement une cause juste qui soit assez consolidĂ©e et que toute autre motivation telle qu’un intĂ©rĂȘt Ă©conomique, ethnique, pour l’obtention de ressources, etc. soit visiblement Ă©cartĂ©e.

Les utilitaristes dĂ©fendent le mĂȘme point de vue. Un exemple est celui des victimes civiles innocentes allemandes au long de la Seconde Guerre mondiale, dont le nombre Ă©tait mineur en comparaison avec les victimes rĂ©elles et potentielles des politiques d’agression, torture et gĂ©nocide systĂ©matiques menĂ©s Ă  terme par le rĂ©gime nazi. L’utilitarisme ne justifie pas la non-proportionnalitĂ©, c'est-Ă -dire l’usage d’armes disproportionnĂ© par rapport aux moyens dĂ©fensifs de l’ennemi[6].

Un document des Nations unies intitulĂ© « UN High Level Panel Report on Threats, Challenges and Change »[7] propose quelques conseils sur les circonstances qui peuvent lĂ©gitimer une guerre. Cinq critĂšres fondamentaux de lĂ©gitimitĂ© sont retenus : (a) GravitĂ© de la menace (b) LĂ©gitimitĂ© du motif (c) Dernier ressort (d) ProportionnalitĂ© des moyens (e) Mise en balance des consĂ©quences. À cela on ajoute un mandat Ă©manant du Conseil de sĂ©curitĂ© qui autoriserait l’usage de la force pour toute guerre qui serait dĂ©clarĂ©e officiellement.

(a) GravitĂ© de la menace : « La nature, la rĂ©alitĂ© et la gravitĂ© de la menace d’atteinte Ă  la sĂ©curitĂ© de l’État ou des personnes justifient-elles de prime abord l’usage de la force militaire ? en cas de menaces intĂ©rieures, y a-t-il un risque de gĂ©nocide et autres massacres, de nettoyage ethnique ou de violations graves du droit international humanitaire, effectifs ou imminents ?

(b) LĂ©gitimitĂ© du motif : parmi les motifs « lĂ©gitimes » les plus mentionnĂ©es on trouve autodĂ©fense, dĂ©fense d’autrui, rĂ©sistance face Ă  une agression, protection d’innocents face Ă  des rĂ©gimes agressifs et brutaux, et punition des erreurs graves encore non sanctionnĂ©es ou rĂ©parĂ©es.

(c) Dernier ressort : un État peut avoir recours Ă  la guerre seulement s’il a Ă©puisĂ© toutes les alternatives non-violentes et/ou pacifiques plausibles de rĂ©solution du conflit en question, notamment la diplomatie.

(d) ProportionnalitĂ© des moyens : ne pas appliquer de moyens au-dessus du nĂ©cessaire pour rĂ©ussir son objectif. La violence engagĂ©e dans le conflit doit ĂȘtre proportionnelle Ă  l’objectif recherchĂ©. Tout État qui veut engager une guerre doit au prĂ©alable comparer les biens obtenus par toutes les parties (son armĂ©e, l’armĂ©e ennemie et des tierces parties), aux maux qui en rĂ©sulteront aussi pour tous, notamment les victimes.

(e) Mise en balance des consĂ©quences : un État ne doit s'engager dans une agression que s'il considĂšre qu’il existe des possibilitĂ©s de rĂ©ussir. La probabilitĂ© de succĂšs doit ĂȘtre plus forte que les dommages imposĂ©s. L’objectif serait d’empĂȘcher toute violence inutile et le but ultime de l’intervention armĂ©e doit ĂȘtre de rĂ©tablir la paix. Cela dit, le droit international ne comprend pas ce point car il est favorable aux États les plus puissants en dĂ©triment des moins puissants.

(f) AutoritĂ© lĂ©gitime et dĂ©claration publique : le document de Nations unies parle d’un mandat Ă©manant du Conseil de sĂ©curitĂ©. L’autoritĂ© lĂ©gitime « appropriĂ©e » selon les tenants de la Doctrine de la guerre juste, doit ĂȘtre spĂ©cifiĂ© dans la constitution du pays concernĂ©, et peut ĂȘtre souvent le pouvoir exĂ©cutif, et cela indĂ©pendamment de son caractĂšre dĂ©mocratique ou pas. NĂ©anmoins, Davenport affirme que les militaires, tout au long de l’histoire, ont Ă©tĂ© tentĂ©s de croire qu’ils avaient plus d’expĂ©rience que les citoyens Ă  qui ils rendent service, avec des rĂ©sultats nĂ©fastes. Pour ce spĂ©cialiste de l’éthique militaire, la dĂ©cision d’engager une guerre ne peut pas donc venir des gouvernements mais des responsables de la nomination et de la destitution des gouvernements, c'est-Ă -dire, dans le cas des États-Unis, le peuple et leurs reprĂ©sentants[8]. »

La vision traditionnelle sur la fonction et la mission du corps militaire est qu’elle consiste Ă  faire la guerre. NĂ©anmoins Richard T. DeGeorge affirme que cela est seulement vrai en partie, car la fonction la plus appropriĂ©e serait tout d’abord de garder la paix, et en consĂ©quence ne s’engager que dans de missions dissuasives et dĂ©fensives. Dans ce sens toute guerre d’agression serait moralement injustifiĂ©e[9].

C’est cette vision qui se trouve Ă  la base du concept de dissuasion. Ainsi, une armĂ©e plus puissante ou Ă©gale dissuade une autre plus petite d’engager tout acte d’agression. Ce point peut aider Ă  lĂ©gitimer l’existence mĂȘme des armĂ©es et cela n’empĂȘche pas que cette dissuasion s’accompagne d’un effort de rĂ©duction des effectifs des armĂ©es et de leur influence (entamer des processus de dĂ©sarmement proportionnels dans la mesure du possible).

Droit dans la guerre (« Jus in bello »)

Le « droit dans la guerre » a pour objectif de soulager, en temps de guerre, le sort des militaires blessĂ©s et des prisonniers, des populations civiles et des biens. Il porte l’espĂ©rance, certes contradictoire par nature, de prĂ©server ce qui peut ĂȘtre de la morale universelle dans un Ă©tat qui se situe hors des normes morales. Le « jus in bello » a Ă©tĂ© formulĂ© depuis 150 ans et est en constante Ă©volution. Au cƓur du « jus in bello » se trouvent les Conventions de GenĂšve de 1949. Voici quelques principes de conduite dans la guerre :

Discrimination : ce principe Ă©tablit que seules les personnes qui sont effectivement impliquĂ©es dans une guerre, peuvent ĂȘtre ciblĂ©es en tant qu'objectifs militaires. Toutes les autres personnes sont considĂ©rĂ©es comme innocentes, et doivent donc rester Ă  l'abri de toute attaque. Cela dit, dans le cadre de la doctrine de la guerre juste on accepte hĂ©las souvent cyniquement que « lorsque des personnes innocentes meurent comme consĂ©quence secondaire d'une opĂ©ration militaire considĂ©rĂ©e comme lĂ©gitime, ils deviennent partie de l'Ă©pouvantable coĂ»t de la guerre ; Ă  regretter bien sĂ»r, mais qui doit ĂȘtre admissible, compte tenu du contexte[10] ». Pourtant, pour les courants critiques de la Doctrine de la guerre juste, cette maniĂšre de penser est Ă  bannir absolument. D’un autre cĂŽtĂ©, une nouvelle difficultĂ© se prĂ©sente avec les interventions de type guĂ©rillas oĂč il est difficile de faire la distinction entre civils et militaires. Mais les critiques voient dans cela un nouveau moyen de justification et y opposent le caractĂšre fondamental du principe de discrimination.

ImmunitĂ© des non combattants : la plupart des experts sont d’accord sur la valeur inviolable de ce principe qui dit qu'il est totalement interdit de tuer des civils, sauf comme moyen d’autodĂ©fense et seulement quand c'est vraiment nĂ©cessaire. En revanche, des diffĂ©rences Ă©mergent lorsqu’on parle des non combattants tuĂ©s en tant que dommage collatĂ©ral, un euphĂ©misme pour cacher l'absence de prĂ©occupation pour les pertes civiles, voire les attaques prĂ©mĂ©ditĂ©es sur des objectifs civils.

Le « droit dans la guerre » est liĂ© pour certains Ă  la conscience et Ă  l’apprĂ©ciation individuelles sur la guerre ou sur une guerre concrĂšte. L’engagement individuel et mĂȘme collectif mĂ©rite un rĂŽle plus important dans l’organisation d’un acte belliqueux, de celui qui lui est rĂ©servĂ© par le commandement militaire. Gal[11] considĂšre que la complexitĂ© et l’ambiguĂŻtĂ© liĂ©es Ă  la “justesse” de certaines guerres, Ă  la lĂ©gitimitĂ© de l’usage de la force et aux rĂšgles de cet usage, font de l’engagement critique, au lieu de l’obĂ©dience irrĂ©flĂ©chie, une modalitĂ© prĂ©fĂ©rable de comportement militaire.

Dans la mĂȘme ligne, Davenport affirme que les militaires professionnels (qui diffĂ©rent, selon l’auteur, des assassins Ă  la solde, par la primautĂ© de leur obĂ©dience Ă  des valeurs morales) ne peuvent pas justifier des actions destructrices contre des ennemis civils seulement parce que ces actions peuvent profiter Ă  leurs propres intĂ©rĂȘts ou mĂȘme Ă  ceux des citoyens de leur pays. Le soldat est obligĂ© selon le droit militaire Ă  « promouvoir la sĂ©curitĂ© et le bien ĂȘtre de l’humanitĂ© » et cette obligation passe devant les obligations envers l’État particulier qui l’emploie ou dans un sens plus large, les citoyens de cet État, qui ne reprĂ©sentent qu’un fragment particulier de cette humanitĂ©[12].

Pour DeGeorge, l’acte d’obĂ©ir implique d'accomplir les ordres qu’on a reçus par un supĂ©rieur, tout en observant en mĂȘme temps son propre critĂšre moral. De cette façon, on n’est pas moralement obligĂ© Ă  accomplir un ordre qui comporte un acte immoral, tel que tuer des innocents. En mĂȘme temps, en tant que supĂ©rieur on a l’obligation de ne pas dicter des ordres illĂ©gitimes parce qu’immoraux. Enfin, on ne peut pas dicter un ordre sans vouloir se responsabiliser de comment cet ordre est portĂ© Ă  terme (notamment quel type d’armes on utilise et quelle est le nombre de victimes et de dĂ©gĂąts, peut-ĂȘtre non nĂ©cessaires, des deux cĂŽtĂ©s)[13].

Wakin et Kempf se questionnent et dĂ©crivent les voies de protestation morale des officiers de l’armĂ©e amĂ©ricaine face Ă  une demande d’exĂ©cution d’un ordre qui est contraire Ă  leur conscience morale, (tel que tuer des prisonniers ou des civils, empoisonner des puits, brĂ»ler des logements civils, etc.) et dans le cadre du respect des valeurs dĂ©mocratiques et de la cohĂ©sion de l’armĂ©e. Les auteurs parlent des alternatives possibles Ă  l’exĂ©cution des ordres immoraux telles que la dĂ©mission, le refus d’exĂ©cution, la demande de transfert en signe de protestation et l’appel Ă  une autoritĂ© de rang supĂ©rieur Ă  celle qui transmet l’ordre. Les auteurs critiquent le fait que l’armĂ©e amĂ©ricaine, Ă  la diffĂ©rence des Britanniques et des Français, n’ait jamais dĂ©veloppĂ© une doctrine de rĂ©sistance morale face aux ordres moralement inacceptables[14].

Un niveau supĂ©rieur de contestation de la justesse des guerres est celui de l’objection de conscience. La tolĂ©rance officielle envers l’objection de conscience gĂ©nĂ©ralisĂ©e est bien Ă©tablie dans la majoritĂ© des Ă©tats occidentaux. En comparaison, les objecteurs de conscience sĂ©lective (ceux qui s’opposent Ă  s’engager dans certaines guerres parce qu’ils considĂšrent que celles-ci sont injustes) non seulement ne sont pas acceptĂ©s en tant qu’objecteurs mais ils peuvent, dans certains pays, ĂȘtre jugĂ©s pour dĂ©sobĂ©issance[15]. Il existe plusieurs exemples d’objection de conscience sĂ©lective comme celui constituĂ© par les rĂ©servistes objecteurs de l’armĂ©e israĂ©lienne aux diffĂ©rents conflits auxquels ce pays a participĂ©[16], ou dans l'armĂ©e allemande oĂč la Cour fĂ©dĂ©rale administrative de Leipzig a reconnu en 2005 le droit d’objection de conscience sĂ©lective Ă  un commandant qui avait refusĂ© d’exĂ©cuter des missions de soutien logistique aux forces amĂ©ricaines engagĂ©es en Irak[17].

D’un autre cĂŽtĂ©, l’absence de conscience morale chez les militaires fait compagnie au carriĂ©risme. Par carriĂ©risme dans la sphĂšre militaire on entend le non-questionnement des ordres des supĂ©rieurs qui sont contraires Ă  la morale des propres exĂ©cuteurs, par peur d'ĂȘtre mal notĂ©, de compromettre son avancement ou perdre son poste. Comme alternative, DeGeorge a proposĂ© un code Ă©thique pour les officiers de l’armĂ©e des États-Unis, dont voici les points fondamentaux :

  • « Je prĂ©fĂšre la paix Ă  la guerre, et je constate que le corps militaire accomplit son rĂŽle plus efficacement lors qu’il dissuade et en consĂ©quence prĂ©vient la guerre, plutĂŽt que quand il s'engage dans la guerre.
  • Je suis le plus prudent possible dans l'usage de la force, en m'en servant uniquement en tant que de besoin pour remplir ma mission.
  • J’obĂ©is Ă  tous les ordres lĂ©gitimes et seulement aux ordres lĂ©gitimes.
  • Je me souviens toujours que ceux qui sont sous mes ordres sont des personnes morales dignes de respect et je ne leur donne pas des ordres immoraux.
  • Je suis responsable des ordres que je donne et de la façon dont ces ordres sont mis en Ɠuvre.
  • Je ne demanderai jamais de faire, Ă  ceux qui sont sous mes ordres, ce que je ne ferai jamais dans la mĂȘme situation[18]. »

Enfin, certains Ă©tudes scientifiques montrent que le dĂ©veloppement de conduites violentes et immorales chez les soldats n’a pas pour seule origine le cadre violent et de tension extrĂȘme des conflits armĂ©s, mais aussi l’organisation hiĂ©rarchique elle-mĂȘme. Lorsque les militaires n’ont pas assez d’autonomie et ne peuvent pas soumettre les ordres qu’ils reçoivent Ă  leur propre critĂšre moral, ils dĂ©veloppent des attitudes telles qu'excĂšs de conformitĂ©, manque d’innovation, pensĂ©e de groupe et mĂȘme plus de cas de conduites pathologiques ou illĂ©gales en comparaison avec la moyenne[19].

Droit aprÚs la guerre (« Jus post bellum »)

Il faut faire la distinction ici entre la stricte reconstruction des conditions existantes avant le dĂ©but d’une conflagration, ce qu’on conviendra d’appeler le « jus post bellum », et la construction permanente de la paix, qui englobe le « droit aprĂšs la guerre » mais aussi les conditions d’une « Ă©thique pour la paix durable »[20] c’est-Ă -dire l’établissement dans la durĂ©e des conditions Ă©conomiques, culturelles, politiques, juridiques, Ă©ducationnelles, mĂ©diatiques
 nĂ©cessaires Ă  la rĂ©solution pacifique, juste et dĂ©mocratique des conflits lorsque ceux-ci se profilent Ă  l’horizon. On traitera d'abord la « jus post bellum »[21] et plus loin, globalement, la construction d’une paix durable.

Plusieurs éléments actifs constituent la « jus post bellum », parmi lesquels :

Soutien aux victimes - Construire la paix c’est un processus qui commence dĂ©jĂ  avant de la fin de la guerre, tel que le montrent des exemples concernant les activitĂ©s de soutien Ă©conomique et psychologique de plusieurs organisations au long des guerres de l’ex-Yougoslavie, la vitalitĂ© de la sociĂ©tĂ© civile palestinienne, etc[22].

DĂ©mobilisation et rĂ©insertion des combattants - La rĂ©insertion ne doit pas se limiter Ă  la seule dĂ©mobilisation mais doit intĂ©grer de vĂ©ritables programmes d’insertion dans la sociĂ©tĂ© et de participation Ă  la vie politique, dans le cas des guĂ©rillas ou des factions similaires[23]. Des exemples de dĂ©mobilisation rĂ©ussie ont eu lieu en Sierra Leone pour les enfants soldats[24] ainsi que pour les jeunes miliciens aprĂšs la guerre civile libanaise[25]

Stratégies de réconciliation - « Pour mettre fin à un conflit interne ou international, ou passer d'une dictature à une démocratie, la question de la réconciliation s'est toujours trouvée au centre des processus de transition ou de paix. Le plus souvent, en Amérique latine, des lois d'amnistie ont été adoptées dont la conséquence a presque toujours été d'assurer une impunité de fait aux auteurs des plus graves violations des droits de l'homme. Ces textes juridiques considÚrent que la réconciliation nationale ne peut se faire sans un pardon préalable. Cela suppose que les auteurs des crimes soient identifiés, et que la souffrance des victimes et de leurs proches soit reconnue »[26].

Mémoire, réparation, justice -

Le procĂšs de Nuremberg fut intentĂ© contre 24 des principaux responsables du rĂ©gime nazi, accusĂ©s de complot, crime contre la paix, crime de guerre et crime contre l'humanitĂ©. Il se tint Ă  Nuremberg de Ă  . Selon l’avis de beaucoup d’experts, le fait d’appliquer le « jus post bellum » Ă©tait la condition prĂ©alable Ă  la rĂ©conciliation et la rĂ©insertion de l’Allemagne dans la communautĂ© des États (de l’occident).

« L'action contre l'impunité est fondamentale pour guérir la mémoire. Dans le cas de la guerre de Bosnie, et d'autres conflits atroces, comme au Rwanda ou en Somalie, il est fondamental que soient jugés les criminels de guerre et les idéologies criminelles. Pour ne pas confondre tout un peuple avec les dirigeants qui ont pu l'entraßner dans des dérives meurtriÚres, il est primordial que des moments d'histoire soient jugés, et que l'on puisse condamner des faits, des individus, une idéologie, de façon à permettre une guérison.

On voit l'importance que cette question de l'impunitĂ© revĂȘt en AmĂ©rique Latine oĂč les violations des droits de l'homme ont Ă©tĂ© massives : un vĂ©ritable processus de reconstruction de la sociĂ©tĂ©, aprĂšs une pĂ©riode de dictature ou de guerre, n'est possible que lorsque les victimes d'un systĂšme condamnĂ© auront Ă©tĂ© reconnues en tant que telles. MĂȘme si tous les criminels et les tortionnaires ne sont pas sanctionnĂ©s, il est important que la mĂ©canique dont ils ont Ă©tĂ© les instruments soit analysĂ©e et condamnĂ©e en tant que telle, pour permettre une rĂ©appropriation de la mĂ©moire, et aussi peut-ĂȘtre pour permettre aux victimes de pardonner. On ne pardonne jamais quelque chose qui a Ă©tĂ© gommĂ©. C'est le drame de l'Uruguay, de l'Argentine ou mĂȘme du Chili, oĂč il existe, de la part des nouveaux pouvoirs en place, une volontĂ© de tourner la page, et de faire comme si on pouvait tout effacer et redĂ©marrer »[27].

Dans ce contexte, il faut citer tout d’abord la rĂ©paration morale, qui a lieu dans certains cas grĂące aux Commissions de vĂ©ritĂ© et de rĂ©conciliation (Afrique du Sud, Chili, El Salvador, etc.). Par exemple, dans le cas chilien, la « Commission nationale de vĂ©ritĂ© » a reconnu et chiffrĂ© les crimes commis, et rĂ©habilitĂ© les victimes en restaurant leur dignitĂ© personnelle et en demandant pardon Ă  leurs familles. En revanche, elle n’a pas pris en compte l’identification des criminels ni fait la lumiĂšre sur le sort des disparus. Il y a eu des rĂ©parations matĂ©rielles, avec plusieurs types d’indemnisations : un rĂ©gime de pensions pour les familles des victimes qui n’ont pas survĂ©cu Ă  la rĂ©pression ; le droit de bĂ©nĂ©ficier gratuitement de prestations mĂ©dicales et des avantages pour les enfants et les familles dans les domaines de la santĂ© et de l’éducation[28].

« Assumer la mĂ©moire de l'Autre en tant que sienne, c'est donner naissance au concept d'une histoire commune, oĂč la violence, subie et dispensĂ©e, apparaĂźtrait rĂ©trospectivement comme l'une des figures de l'interdĂ©pendance et du dĂ©chirement. À cet effet, la capacitĂ© des partisans de la paix Ă  « penser pour deux », c'est-Ă -dire Ă  intĂ©grer l'ex-ennemi en tant que composante de l'ĂȘtre collectif commun conditionne dans une large mesure leur chance de transformer l'Ă©tat de non-belligĂ©rance en État de paix vĂ©ritable »[29].

Construction de la paix et art de la paix. Le rĂŽle des militaires

La construction de la paix n’est pas seulement du ressort des traitĂ©s et du droit international qui prĂ©tendent interdire la guerre, mais aussi de l’ensemble des dimensions sociales sur lesquelles il faut agir non seulement pour prĂ©venir la dĂ©rive violente des futurs conflits, mais aussi pour semer un Ă©tat de sensibilitĂ© et de conscience collective qui soit habituĂ© Ă  la prise de dĂ©cision Ă  tous les niveaux, par le dialogue et le respect de l’autre, de la justice et de la dĂ©mocratie. L’objectif de cet art de la paix est donc d’aller au-delĂ  de la violence en tant que mal propre Ă  la nature humaine, contournable mais pas facilement, qui est Ă  l’origine des guerres, et y substituer une culture alternative de rĂ©solution pacifique des conflits. « Il s’agit d’un projet bien plus complexe renvoyant Ă  la nĂ©cessitĂ© du « vivre ensemble » Ă  l’échelle planĂ©taire et par lĂ -mĂȘme au dĂ©fi de parvenir Ă  gĂ©rer les diffĂ©rences, la diversitĂ© et l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© intrinsĂšques Ă  l’espĂšce humaine»[30].

Le rĂŽle des militaires dans le maintien de la paix et dans la reconstruction - La gestion des conflits en amont et la maĂźtrise des crises qui risquent de tourner en conflits armĂ©s, mais surtout la reconstruction de la paix aprĂšs la sĂ©paration des belligĂ©rants doivent nĂ©cessairement se faire en Ă©troite collaboration entre organisations militaires et les ONG et avec les mĂ©dias, pourvu que cette collaboration soit possible au-delĂ  de toute mĂ©fiance et de toute subordination des uns aux autres. Cette collaboration est pour Cot, probablement, la meilleure voie d’implication des militaires dans la construction de la paix[31]. Toutefois les militaires ne doivent pas faire le travail des humanitaires, sauf quand ils sont les seuls Ă  le pouvoir, quand la sĂ©curitĂ© des actions humanitaires ne peut pas ĂȘtre assurĂ©e.

La primautĂ© citoyenne dans la dĂ©fense en dĂ©mocratie - Du point de vue du discours non-violent, « La dĂ©fense de l’État de droit ne repose pas d’abord sur la mobilisation des militaires, mais sur la mobilisation des citoyens. De ce point de vue, il importe de dĂ©militariser les concepts de paix et de dĂ©fense, car si la technologie militaire prĂ©cĂšde, supplante et finit par Ă©vacuer la rĂ©flexion politique, ce n’est plus le citoyen qui est l’acteur de la dĂ©fense, mais l’instrument technique, la machine militaire, le systĂšme d’armes. Il importe que les citoyens prennent conscience du danger que reprĂ©sente pour la dĂ©mocratie cet « intĂ©grisme technique » et rĂ©cusent l’idĂ©ologie sĂ©curitaire qu’il vĂ©hicule, afin de se rĂ©approprier leur propre rĂŽle dans la dĂ©fense de la dĂ©mocratie. La dĂ©fense doit ĂȘtre d’abord civile, c’est-Ă -dire qu’elle doit ĂȘtre d’abord organisĂ©e dans le cadre des institutions de la sociĂ©tĂ© politique et des organisations de la sociĂ©tĂ© civile qui permettent aux citoyens l’exercice de leurs droits et de leurs libertĂ©s. Si l’objet de la dĂ©fense est la dĂ©mocratie, l’acteur de la dĂ©fense est le citoyen parce qu’il est l’acteur de la dĂ©mocratie. (
) Plus les citoyens d’un pays auront le sentiment de vivre dans une sociĂ©tĂ© qui leur rend justice, plus ils seront motivĂ©s pour dĂ©fendre cette sociĂ©tĂ© contre les menaces qui pĂšsent sur elle. De mĂȘme, plus ils participeront effectivement Ă  la gestion politique et Ă©conomique du pays, plus ils seront prĂ©parĂ©s Ă  dĂ©fendre la sociĂ©tĂ© contre une Ă©ventuelle agression. Ainsi le choix de la dĂ©fense civile non-violente constitue-t-il un pari sur la dĂ©mocratie. Il ne peut ĂȘtre fait que par une sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique, et il ne peut ĂȘtre acceptĂ© que par un gouvernement dĂ©mocratique[32]. »

La dĂ©fense civile non-violente et la proposition d’un scĂ©nario de « transarmement » - « La dĂ©fense civile non-violente peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme alternative aux dĂ©fenses militaires. Mais une telle conception des choses prĂ©supposerait qu’un pays dĂ©cide de renoncer Ă  toute forme de dĂ©fense armĂ©e pour ne faire reposer sa sĂ©curitĂ© et son indĂ©pendance que sur la prĂ©paration et, le cas Ă©chĂ©ant, sur la mise en Ɠuvre de la dĂ©fense civile non-violente. Compte tenu de l’ampleur des changements culturels, politiques et stratĂ©giques que ce choix impliquerait, une telle hypothĂšse ne peut ĂȘtre envisagĂ©e Ă  court ni Ă  moyen terme. La valeur d’une alternative se juge aussi Ă  sa capacitĂ© Ă  rendre possible un processus cohĂ©rent de transition et une dynamique de changement. Dans ce processus de transition que nous appelons « transarmement », les diffĂ©rentes formes de dĂ©fense militaire et la dĂ©fense civile devront coexister, mĂȘme si cette coexistence peut apparaĂźtre conflictuelle. Mais, dĂšs Ă  prĂ©sent, la prĂ©paration et l’organisation d’une dĂ©fense civile non-violente constitueraient une valeur ajoutĂ©e Ă  la dissuasion globale de notre pays qui pourrait s’avĂ©rer dĂ©cisive. Tout ce qui renforce l’affirmation de notre volontĂ© de dĂ©fense et tout ce qui augmente notre capacitĂ© de rĂ©sister contre une Ă©ventuelle agression amplifie l’effet dissuasif de notre dĂ©fense »[33].

La recherche de la sĂ©curitĂ© commune - La paix militaire repose gĂ©nĂ©ralement sur la menace de « destruction mutuelle ». Cet Ă©quilibre des terreurs militaires est fragile ; il pourrait ĂȘtre dĂ©stabilisĂ© soit par un simple incident technologique, soit par une crise politique majeure. Car alors, chacun des deux adversaires pourrait craindre une action prĂ©ventive de l’autre. Cette crainte rĂ©ciproque est de nature Ă  prĂ©cipiter un affrontement armĂ© entre les États rivaux. Face Ă  ce risque dĂ©raisonnable et dĂ©mesurĂ©, les peuples et les nations sont mis au dĂ©fi de construire la paix non par la menace d’une « destruction mutuelle » mais par la recherche d’une « sĂ©curitĂ© commune ». Celle-ci n’est pas fondĂ©e sur la confiance rĂ©ciproque ; elle ne consiste pas Ă  prĂ©tendre dĂ©jĂ  faire de l’ennemi un ami. Elle prend appui sur le fait que notre adversaire a autant besoin d’ĂȘtre en sĂ©curitĂ© que nous-mĂȘmes et que, par-delĂ  nos dĂ©fiances rĂ©ciproques, nous avons le mĂȘme intĂ©rĂȘt vital Ă  assurer notre dĂ©fense par des moyens qui n’impliquent pas le risque de nous dĂ©truire ensemble. Le concept de sĂ©curitĂ© commune n’est pas d’abord militaire mais politique. Il ne s’agit pas d’abord de prĂ©parer la guerre les uns contre les autres, mais de construire la paix ensemble.

Pourtant, il existe des concepts et des politiques de « mise en confiance rĂ©ciproques ». Ainsi, pour complĂ©ter le concept dissuasif et contrĂŽler les risques de conflits, les États membres de l'Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe ont signĂ© les Documents de Vienne des nĂ©gociations sur les mesures de confiance et de sĂ©curitĂ©.

Dans cette perspective, la sĂ©curitĂ© commune nous conduit Ă  faire reposer notre dĂ©fense non plus sur une dissuasion « agressive » mais « dĂ©fensive ». Il ne s’agit plus de dissuader en menaçant l’adversaire de destructions inacceptables, mais en le persuadant que nos moyens de dĂ©fense feraient Ă©chouer toute tentative d’agression, et que son entreprise aurait toute chance d’ĂȘtre largement dĂ©ficitaire. Ainsi, une telle dissuasion permet-elle au dĂ©cideur de se tenir dans une « posture dĂ©fensive » qui ne peut susciter aucune crainte chez l’adversaire tant qu’il restera chez lui. DĂšs lors, si une crise survient, les États rivaux se trouvent dans une position stratĂ©gique qui facilite grandement le maintien du conflit sur le terrain politique oĂč il doit trouver sa solution.

Penser la paix – « Le moment est venu de rompre dĂ©finitivement avec l’idĂ©e que si nous voulons la paix, nous devons prĂ©parer la guerre. Nous devons prendre le risque de penser et de dire : si nous voulons Ă©viter la guerre, nous devons construire la paix. Nous sommes mis au dĂ©fi de penser la paix. Probablement les Hommes seront-ils encore nombreux Ă  prĂ©fĂ©rer les risques de la violence Ă  ceux de la non-violence. Pourtant, la tĂąche qui s’impose aux Hommes raisonnables est de rĂ©inventer la paix, en sachant qu’elle n’est pas tant Ă  dĂ©fendre qu’à construire, mais en sachant Ă©galement que construire la paix, c’est toujours affronter des conflits et se mobiliser pour les rĂ©soudre par des moyens pacifiques, c’est-Ă -dire non-violents. Ce que nous avons Ă©galement dĂ©finitivement appris, c’est que la paix ne peut ĂȘtre fondĂ©e que sur la dĂ©mocratie et que celle-ci est fondĂ©e sur la capacitĂ© des citoyens Ă  se mobiliser pour construire et, le cas Ă©chĂ©ant, pour dĂ©fendre l’État de droit »[33].

L’éthique militaire face aux conflits du XXIe siĂšcle

Les conflits du XXIe siĂšcle

AprĂšs la chute du mur de Berlin les conflits se caractĂ©risent par leur accĂ©lĂ©ration et par leur intensification. Cot[34] observe « un certain apaisement des tensions et des guerres interĂ©tatiques avec, en contrepartie, une multiplication des conïŹ‚its intra-Ă©tatiques. Le relĂąchement brutal de la tension et de la violence retenue entre l’Est et l’Ouest semble libĂ©rer d’autres forces contenues, non pas seulement en Europe balkanique et dans le Caucase mais partout dans le monde oĂč les deux grands se marquaient au plus prĂšs, souvent par clients ou mercenaires interposĂ©s (
) »

« La conflictualitĂ© des annĂ©es 1980 (
) Ă©tait « enquistĂ©e » : les choses ne pouvaient prendre beaucoup d'ampleur, ni rĂ©gionalement, ni en termes d'armement. La conflictualitĂ© Ă©tait ainsi maintenue au niveau de guerres dites de « basse intensitĂ© ». L'armement restait gĂ©nĂ©ralement individuel et lĂ©ger (
) Aujourd'hui, on ne contrĂŽle plus les moyens violents donnĂ©s aux belligĂ©rants (
) Cela est d'autant plus vrai que ces conflits mĂȘlent, non des enjeux locaux et des enjeux planĂ©taires comme durant la pĂ©riode de Guerre froide, mais des enjeux locaux et des enjeux rĂ©gionaux » d’auprĂšs le compte-rendu de la journĂ©e de travail sur la prĂ©vention des conflits[35].

Voici quelques types de conflit armé qui se développent ou dont la menace subsiste au XXIe siÚcle (le terrorisme est traité dans une section à part) :

Les guerres civiles – Jusqu'au dĂ©but du XXe siĂšcle, la guerre civile est considĂ©rĂ©e comme une affaire strictement intĂ©rieure qui ressort du domaine rĂ©servĂ© de l'État concernĂ©, qui a de fait et de droit toute latitude pour traiter comme bon lui semble les factieux, en considĂ©rant par exemple les rebelles en armes comme de simples criminels et leur appliquer son droit pĂ©nal. La guerre d'Espagne notamment avait dĂ©montrĂ© l'insuffisance des outils juridiques internationaux s'appliquant aux guerres civiles. En 1949, on s'oriente donc, avec les Conventions de GenĂšve, vers l'application de garanties humanitaires minimales aux conflits armĂ©s non internationaux. Le Protocole additionnel II aux Conventions de GenĂšve de 1977 a pour objectif l’application des rĂšgles principales du droit des conflits armĂ©s aux conflits non internationaux. Il protĂšge les personnes ne participant pas au conflit, interdit les attaques dirigĂ©es contre la population civile ou les biens indispensables Ă  sa survie, donne des droits aux dĂ©tenus en relation avec le conflit et interdit les dĂ©placements forcĂ©s de populations (voir Guerre civile).

Les conflits de basse intensitĂ© - Les conflits de basse intensitĂ© impliquent le dĂ©ploiement et l’utilisation de troupes lors de situations qui diffĂ©rent des guerres classiques. GĂ©nĂ©ralement il s’agit d’opĂ©rations contre des acteurs non Ă©tatiques et celles-ci peuvent consister Ă  des actions de contre-insurrection, anti-subversion, et maintien de la paix. Certains, comme Noam Chomsky, voient les opĂ©rations de basse intensitĂ© comme une forme de terrorisme[36].

Les conflits modernes de haute intensitĂ© - se caractĂ©risent par l'emploi des forces armĂ©es engageant toute la gamme des armements modernes (de destruction comme aviation de combat, troupes blindĂ©es, missiles, etc.), mais excluant sciemment la spirale nuclĂ©aire
 Ce scĂ©nario, mis au placard pendant la guerre froide, est malheureusement revenu sur la scĂšne des rĂšglements de conflits, au moins par phases et mĂȘme en Europe (guerres des Balkans, GĂ©orgie, Irak, etc.).

La guerre nuclĂ©aire - appelĂ©e aussi « guerre totale », dans laquelle il n’y aurait pas de discrimination entre combattants et non combattants. Une guerre qui pourrait entraĂźner la destruction de l’humanitĂ©, ne peut jamais ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une guerre juste. Elle ne peut pas satisfaire les conditions de bonne intention, proportionnalitĂ©, utilisation correcte des moyens, etc. Un tel rĂ©sultat doit ĂȘtre considĂ©rĂ© par tous les agents rationnels comme un grand mal physique et moral. La « guerre totale » doit ĂȘtre Ă©vitĂ©e voire empĂȘchĂ©e[37].

Terrorisme et réponse au terrorisme

Il est gĂ©nĂ©ralement admis que le terrorisme est une arme des faibles contre les forts (guerre asymĂ©trique). Par ailleurs, comme le souligne Noam Chomsky, les États et institutions ont aussi recours Ă  cette mĂ©thode (terrorisme d'État). Il existe quatre grands types de terrorisme : le terrorisme individuel, provoquĂ© par des rebelles, des anarchistes, ou des nihilistes (admettant une libertĂ© morale) ; le terrorisme organisĂ©, prĂŽnĂ© par des groupes dĂ©fendant des idĂ©ologies diffĂ©rentes (ex : extrĂȘme gauche, extrĂȘme droite, islamisme
) ; le terrorisme d'État ; le cyber-terrorisme (voir Terrorisme).

L'article 33 de la quatriĂšme Convention de GenĂšve relative Ă  la protection des personnes civiles en temps de guerre prĂ©cise que « Les peines collectives, de mĂȘme que toute mesure d'intimidation ou de terrorisme, sont interdites. [Ainsi que] le pillage
 et les mesures de reprĂ©sailles.

Les conventions de l'ONU pour la répression du terrorisme[38] donnent un cadre précis pour réprimer certains actes communément considérés comme des actes de terrorisme, tels que les détournements d'avions, la prise d'otage, ou les attentats à l'explosif, sans toutefois qualifier explicitement aucune de ces actions d' « acte de terrorisme » dans les textes.

« Il est parfois difficile de distinguer entre des actes de résistance et des actes de terrorisme, car les différents termes renvoient à une forme de légitimité « supposée » des objectifs politiques qui justifierait en partie les actes de violence commis. La perception de cette légitimité varie largement selon les protagonistes et observateurs ce qui complique grandement l'établissement d'une définition objective et acceptée universellement de la notion de terrorisme. »

Von Hort affirme que le concept de « guerre contre la terreur » place automatiquement les terroristes dans la catĂ©gorie d’acteurs de guerre et en consĂ©quence en tant que combattants lĂ©gitimes. L’auteur affirme que, pour combattre le terrorisme on peut parler de l’usage de la force militaire ou de lutte contre le terrorisme[39].

Crimes et responsabilités

Dans une guerre on peut distinguer trois types de crimes : les crimes de guerre proprement dits, les crimes contre l’humanitĂ© et les crimes contre la paix.

Les crimes de guerre - Les crimes de guerre sont dĂ©finis par des accords internationaux et en particulier dans le Statut de Rome (les 59 alinĂ©as de l'article 8), rĂ©gissant les compĂ©tences de la Cour pĂ©nale internationale (CPI), comme des violations graves des Conventions de GenĂšve. Ceci inclut les cas oĂč une des parties en conflit s'en prend volontairement Ă  des objectifs (aussi bien humains que matĂ©riels) non-militaires. Un objectif non-militaire comprend les civils, les prisonniers de guerres et les blessĂ©s (voir Crime de guerre).

Les crimes contre l’humanitĂ© comprennent l'assassinat, l'extermination, la rĂ©duction en esclavage, la dĂ©portation et tout acte inhumain commis contre une population civile. Le crime contre l’humanitĂ© est dĂ©fini Ă  l’article 7 du Statut de Rome de la Cour pĂ©nale internationale, mais il demeure sujet Ă  controverses (voir Crime contre l’humanitĂ©).

La notion de crimes contre la paix a Ă©tĂ© dĂ©finie pour les Tribunaux militaires internationaux de l'aprĂšs Seconde Guerre mondiale. Selon les Accords de Londres du , un tel crime se dĂ©finit par « la direction, la prĂ©paration, le dĂ©clenchement ou la poursuite d'une guerre d'agression, ou d'une guerre en violation des traitĂ©s, assurances ou accords internationaux, ou la participation Ă  un plan concertĂ© ou Ă  un complot pour l'accomplissement de l'un quelconque des actes qui prĂ©cĂšdent ». La poursuite des personnes pour ce genre de crime ne concerne que les dirigeants d'un pays et les trĂšs hauts officiers militaires (voir Crime contre la paix). La notion peut ĂȘtre dĂ©finie aussi comme Crime d'agression, si bien parfois la notion de crime contre la paix peut signifier, plus largement, la violation de la paix dans le monde.

Face Ă  tous les types de crimes liĂ©s aux actions belliqueuses, le « droit dans la guerre » s’est constituĂ© Ă  partir, notamment, des Conventions de GenĂšve de 1949. Les Conventions de GenĂšve de 1949 sur la protection des victimes de guerre sont un grand ensemble de lois en vigueur, peut-ĂȘtre l’ensemble de lois le plus extensif et universel parmi le droit international, ratifiĂ©es universellement[40], si bien le nombre de pays signataires des protocoles additionnels est mineur et on compte des absences notoires comme les États-Unis. La plupart de leurs provisions ont caractĂšre coutumier. Pourtant, Veuthey affirme que les Conventions de GenĂšve ne sont pas toujours respectĂ©s et implĂ©mentĂ©s[41].

Les Conventions de GenĂšve ont certainement des limitations, dont la plus importante est leur non-application aux armes de destruction massive. La non-application systĂ©matique des conventions et l’offensive du gouvernement Bush aprĂšs le , y compris, la façon impunie dont les AmĂ©ricains et leurs alliĂ©s ont torturĂ© des prisonniers et ont attaquĂ© des civils, ont fait penser certains intellectuels nĂ©oconservateurs[42] que les Conventions de GenĂšve Ă©taient obsolĂštes et qu'elles devraient ĂȘtre Ă©cartĂ©es pour faire de la « guerre contre la terreur » un succĂšs.

En revanche, pour Veuthey[43], la non-application des Conventions de GenĂšve, impliquerait et de fait implique Ă  chaque fois qu’elles sont mises de cĂŽtĂ©, parmi d’autres consĂ©quences :

  • la disparition de l’universalitĂ© des standards humanitaires, ratifiĂ©s pour pratiquement tous les pays et qui avaient caractĂšre coutumier.
  • que les Ă©tats ignorent leur responsabilitĂ© qui consiste Ă  assurer le respect de ces instruments.
  • abandonner le principe de juridiction universelle quant Ă  la poursuite d'infractions graves des Conventions et mettre en place plusieurs zones et niveaux de protection de la dignitĂ© humaine dans les conflits armĂ©s.
  • perdre un important fondement commun pour maintenir un dialogue minimal et Ă©tablir d’accords spĂ©ciaux dans des conflits non internationaux et avec des acteurs non Ă©tatiques
  • la perte de la modĂ©ration dans l’usage de la violence dans les conflits armĂ©s et l’augmentation des conditions de dĂ©gradation concernant la vie et les droits des personnes civiles.
  • l’abandon d’un ensemble de lois antiterroristes.
  • la perte des lois qui permettent le mouvement et le rapatriement des personnes dĂ©placĂ©es ou internĂ©es et des rĂ©fugiĂ©s.
  • la destruction de valeurs humanitaires amplement inscrites dans l’éthique, la tradition et l’honneur militaires universels.
  • la mise en danger des garanties agrĂ©Ă©es de façon claire et universelle, sur la protection des combattants en cas de blessure, maladie, naufrage, et capture, et saper la probabilitĂ© que ses propres soldats reçoivent un statut et un traitement de prisonniers de guerre s’ils sont capturĂ©s.

Pour faire face à la crise qui comporte la non-application universelle actuelle des Conventions de GenÚve, Vauthey propose une meilleure implémentation de celles-ci en trois volets :

  • RĂ©affirmer, dans un format simple et comprĂ©hensible, les fondations des Conventions de GenĂšve Ă  partir d’une dĂ©claration des lois, des coutumes et des principes humanitaires fondamentaux Ă  respecter dans les conflits armĂ©s.
  • EntraĂźner, enseigner et Ă©duquer les troupes, les milices, la police, les formateurs et mĂȘme les sociĂ©tĂ©s privĂ©es dans les valeurs humanitaires fondamentales et dans des aspects fondamentaux sur l’usage de la violence
  • ImplĂ©menter et renforcer les lois en vigueur les plus fondamentales Ă  partir d’une meilleure application des mĂ©canismes lĂ©gaux en vigueur et d’autres remĂšdes face aux violations.

Interventions pour la paix et la sécurité

« Depuis la chute du mur de Berlin, les opĂ©rations internationales de maintien de la paix oĂč interviennent des casques bleus ou des forces rĂ©gionales, se sont multipliĂ©es et dĂ©veloppĂ©es Ă  grande Ă©chelle dans plusieurs scĂ©narios de guerre. NĂ©anmoins, elles ont fait reculer en pratique, par rapport aux expectatives, la capacitĂ© de rĂ©solution des conflits et de soutien aux victimes car d’un cĂŽtĂ© elles n’ont servi ni pour rĂ©ussir Ă  imposer la paix mĂȘme ponctuellement, ni pour faire respecter le droit de la guerre, ni enfin pour rendre la fonction humanitaire indĂ©pendante des intĂ©rĂȘts des forces belligĂ©rantes[44] ».

« La construction d’un nouvel ordre international implique-t-il la reconnaissance d’un droit et d’un devoir d’ingĂ©rence de la communautĂ© internationale dans les affaires d’un État, dĂšs lors que celui-ci viole dĂ©libĂ©rĂ©ment les rĂšgles de la dĂ©mocratie en portant gravement atteinte aux droits et aux libertĂ©s, soit de l’ensemble de ses propres citoyens, soit d’une minoritĂ© d’entre eux. De mĂȘme, une ingĂ©rence de la communautĂ© internationale peut ĂȘtre nĂ©cessaire dans un pays oĂč l’État s’avĂšre incapable de faire face Ă  des exactions commises par une partie de la population. Il n’est pas admissible que la communautĂ© internationale se retranche derriĂšre le principe de non-ingĂ©rence pour assister passivement Ă  une rĂ©pression systĂ©matique exercĂ©e contre un peuple par une dictature militaire, ou Ă  une guerre civile qui oppose deux fractions d’un mĂȘme peuple ou deux peuples que les pĂ©ripĂ©ties de l’histoire avaient rassemblĂ©s, Ă  leur corps dĂ©fendant, dans un mĂȘme État »[33].

Parmi les types d’interventions possibles, le MAN[33] cite les suivants :

  • soutenir les mĂ©dias qui permettent l’expression publique des opinions qui s’opposent Ă  la propagande officielle qui, souvent fondĂ©e sur la discrimination et l’exclusion de l’autre, alimente les conflits et engendre la violence.
  • l’imposition de sanctions Ă©conomiques Ă  un pays pour forcer ses dirigeants Ă  modifier leur politique. L’exemple type de la sanction Ă©conomique est l’embargo. Certes, les sanctions Ă©conomiques prises Ă  l’encontre d’un pays ne peuvent qu’accroĂźtre les difficultĂ©s, souvent dĂ©jĂ  lourdes, rencontrĂ©es par les populations civiles. Il est donc souhaitable qu’elles soient prises en concertation avec les reprĂ©sentants des forces dĂ©mocratiques du pays concernĂ©. D’un autre cĂŽtĂ© il importe d’établir une distinction entre les sanctions commerciales et les sanctions financiĂšres. Chaque fois que cela sera possible, celles-ci devront ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ©es Ă  celles-lĂ .
  • l’intervention civile, c’est-Ă -dire une intervention non armĂ©e, sur le terrain d’un conflit local, d’une mission extĂ©rieure, mandatĂ©e par une organisation intergouvernementale, gouvernementale ou non gouvernementale, venant accomplir des actions d’observation, d’information, d’interposition, de mĂ©diation et/ou de coopĂ©ration en vue de prĂ©venir ou faire cesser la violence et de crĂ©er les conditions d’une solution politique du conflit qui reconnaisse et garantisse les droits fondamentaux de chacune des parties en prĂ©sence, et leur permette de dĂ©finir les rĂšgles d’une coexistence pacifique.
  • des missions d’observation : l’envoi d’observateurs mandatĂ©s par une autoritĂ© internationale, nationale ou non-gouvernementale. Les missions d’observation permettent tout d’abord de recueillir sur le terrain les informations les plus exactes possibles sur le dĂ©roulement des faits. Ces missions ne sauraient se retrancher derriĂšre une position de neutralitĂ© politique. Il s’agit d’établir, avec la plus grande rigueur possible, les responsabilitĂ©s exactes des uns et des autres dans la genĂšse du conflit. Il s’agit Ă©galement de mettre en Ă©vidence les droits fondamentaux des diffĂ©rentes parties engagĂ©es dans le conflit, de rĂ©pertorier les violations de ces droits, et de proposer des mesures concrĂštes Ă  envisager pour que ces droits soient respectĂ©s et garantis. Ces missions sont donc en mesure d’informer prĂ©cisĂ©ment, d’une part, les instances politiques et diplomatiques (nationales et internationales) et, d’autre part, l’opinion publique internationale. De ce fait, elles peuvent remplir une fonction de dissuasion. Parce que les observateurs sont en mesure de faire aussitĂŽt connaĂźtre les agissements des parties en prĂ©sence, celles-ci peuvent hĂ©siter Ă  prendre l’initiative de violences, dĂšs lors qu’elles savent qu’elles leur seront directement imputĂ©es et qu’elles viendront les discrĂ©diter.
  • des missions de mĂ©diation : prolongation des missions d’observation, la mĂ©diation est l’intervention d’un tiers qui s’interpose entre les deux protagonistes d’un conflit en vue de les faire passer de l’adversitĂ© Ă  la conversation, c’est-Ă -dire de les inciter Ă  se tourner l’un vers l’autre pour se parler, s’écouter, se comprendre et, si possible, trouver un compromis qui ouvre la voie Ă  la rĂ©conciliation.
  • l’interposition non-violente : L’interposition est une mĂ©thode d’intervention directe non-violente qui consiste Ă  assumer une prĂ©sence sur le lieu d’un conflit auprĂšs de ceux qui, luttant pour la reconnaissance de leurs droits, sont menacĂ©s par la violence de leurs adversaires. Cette prĂ©sence continue veut exercer une dissuasion Ă  l’égard des acteurs - qu’ils soient commandĂ©s par les pouvoirs publics ou commanditĂ©s par d’autres pouvoirs - qui voudraient mener des exactions contre ces personnes.

Au niveau des propositions, Amnesty International a rĂ©digĂ© un programme en quinze points Ă  intĂ©grer Ă  la dĂ©finition mĂȘme du mandat des « forces de paix » qui vise parmi d’autres l’engagement politique de la communautĂ© internationale, l’introduction de clauses concernant les droits de l’homme dans les accords de paix, un contrĂŽle effectif en matiĂšre de droits de l’homme et de suivi sur le terrain pour assurer la paix et la justice, le renforcement des observateurs internationaux, des mesures Ă  long terme concernant le systĂšme judiciaire et l’éducation, la poursuite des criminels de guerre parmi d’autres[45].

Au niveau des expĂ©riences alternatives Ă©manant de la sociĂ©tĂ© civile, il faut nommer tout d’abord les interventions civiles (voir aussi la dĂ©finition plus haut). Par « intervention civile », l'IRNC entend « une intervention non armĂ©e de forces extĂ©rieures (mandatĂ©es ou non par une autoritĂ© internationale) s'engageant dans un conflit local ou rĂ©gional pour accomplir, sur les lieux mĂȘmes de l'affrontement, des missions d'observation, d'interposition et de mĂ©diation. Ces missions ont pour but de crĂ©er les conditions d'une solution politique du conflit qui reconnaisse et garantisse les droits fondamentaux de chacune des parties en prĂ©sence et leur permettre de dĂ©finir les rĂšgles d'une coexistence dĂ©mocratique »[46].

Exemple d’intervention civile, depuis des annĂ©es, les Brigades de paix internationales (BPI) expĂ©rimentent une forme d'interposition non-violente, notamment au Salvador et au Guatemala, en assurant un accompagnement protecteur des personnes directement exposĂ©es aux reprĂ©sailles des forces de rĂ©pression. Le pari d'une intervention civile repose sur l'idĂ©e qu'elle peut dissuader les parties engagĂ©es dans un conflit de mener la politique du pire qui les amĂšnerait dans une impasse. Le fait d'annoncer clairement que les forces engagĂ©es dans une telle mission n'auront recours qu'Ă  des mĂ©thodes non-violentes a son importance car cela contribue Ă  neutraliser les rĂ©actions de rejet suscitĂ©es par une ingĂ©rence Ă©trangĂšre, et faciliter la mise en Ɠuvre d'une mĂ©diation. L'expĂ©rience montre que toute mission d'interposition non-violente n'a de sens et d'efficacitĂ© que si elle est accompagnĂ©e d'une mission de mĂ©diation. Celle-ci consiste Ă  prendre contact avec tous les interlocuteurs de la sociĂ©tĂ© civile qui s'opposent Ă  la logique de guerre afin d'Ă©largir le plus possible l'espace des nĂ©gociations[47].

Les interventions humanitaires - Parmi les interventions pour la sĂ©curitĂ©, les interventions humanitaires qui ont atteint leurs objectifs ont Ă©tĂ© saluĂ©es, au long des guerres rĂ©centes (annĂ©es 1990 et 2000), en tant que dernier ressort pour donner satisfaction aux besoins plus Ă©lĂ©mentaires des populations prises au milieu de ces conflits. En revanche, en mĂȘme temps ces interventions ont Ă©tĂ© largement critiquĂ©es car elles ont, Ă©tĂ© surtout profitables aux forces belligĂ©rantes ou aux Ă©tats et forces tierces qui tirent parti de cet humanitaire-alibi qui cache l’inaction ou l’absence d’un vĂ©ritable engagement pour la paix[48].

Ainsi, par exemple, parmi les « effets pervers de l’action de solidaritĂ© internationale » on compte, selon Ateliers du Sud et al[49]. la rĂ©cupĂ©ration politique, les effets nĂ©fastes sur l’environnement, l’amateurisme et la survalorisation. En ce qui concerne la rĂ©cupĂ©ration, sur le terrain, « les ONG peuvent ĂȘtre l'objet de manipulations. Ainsi, en Yougoslavie, certains reprĂ©sentants d'organisations humanitaires se sont retrouvĂ©s non seulement otages des Serbes, mais aussi du gouvernement français qui les a inscrits dans diverses tractations destinĂ©es Ă  servir, finalement, des objectifs Ă©lectoraux. Au Cambodge, en travaillant dans les camps de rĂ©fugiĂ©s installĂ©s Ă  la frontiĂšre thaĂŻlandaise, les ONG ont Ă©tĂ© les instruments d'une politique menĂ©e conjointement par les ThaĂŻlandais, les AmĂ©ricains et les Chinois, en vertu de leur opposition aux Russes et aux Vietnamiens, pour maintenir ces camps. Dans le conflit rwandais, elles ont confortĂ© dans leur position des miliciens et des membres des FAR qui tenaient les populations en otage dans les camps de rĂ©fugiĂ©s ; elles ont ainsi contribuĂ© Ă  la reconstruction d'une situation conflictuelle. Au ZaĂŻre, elles ont fourni involontairement des moyens de locomotion Ă  l'armĂ©e zaĂŻroise : les camions partis Ă  Kissangani pour convoyer l'aide sont revenus avec Ă  leur bord les soldats en dĂ©route (
) »

« La tĂąche proposĂ©e Ă  ceux qui veulent intervenir pour Ă©tablir la paix dans le monde est gigantesque ; elle est disproportionnĂ©e par rapport aux moyens dont ils disposent effectivement. Pour la mener Ă  bien, il faudrait que la communautĂ© internationale se mobilise. Mais, pour une large part, la « communautĂ© internationale » est une fiction. Ce sont en rĂ©alitĂ© les États-nations qui dĂ©tiennent la rĂ©alitĂ© des pouvoirs de dĂ©cisions et d’action. Et ce n’est pas la fidĂ©litĂ© aux valeurs proclamĂ©es par la DĂ©claration universelle des droits de l’Homme qui est la motivation premiĂšre des États, mais la considĂ©ration de leurs intĂ©rĂȘts particuliers (
) Dans ces conditions, il appartient aux citoyens de se mobiliser eux-mĂȘmes pour inflĂ©chir la politique des États. Mais si le ressort de la mobilisation des opinions publiques n’est que l’émotion ressentie devant les images insoutenables relayĂ©es complaisamment par les mĂ©dias, cela risque fort d’induire des effets pervers. Car, alors, les gouvernements se soucieront avant tout de « calmer » les opinions publiques en dĂ©cidant d’intervenir dans le seul but d’intervenir. Le plus probable, dans ce cas, est qu’ils dĂ©cideront une intervention militaro-humanitaire sans faire montre d’une rĂ©elle volontĂ© politique »[33].

« L'humanitaire n'a de sens qu'en sortant les victimes de leur statut de victime, en crĂ©ant les conditions d'une reconnaissance mutuelle et d'une rĂ©ciprocitĂ©, et un cadre national et international susceptible de transformer la victime en Ă©gal, au sein d'une communautĂ© mondiale. (
) L'action humanitaire peut donc se concevoir comme un terrain d'action oĂč s'inventent des formes inĂ©dites de respect de la dignitĂ© humaine. Loin de la seule action dans l'urgence, l'humanitaire, se doublant d'un travail sur les droits de l'homme, peut retrouver sa vraie dimension politique. Au sens oĂč les individus, et les victimes deviennent des sujets »[33].

Le rîle des Nations unies et d’autres acteurs internationaux

La Charte des Nations unies est ambitieuse concernant la rĂ©solution des conflits. Si le chapitre VI trace des pistes pour un rĂšglement paciïŹque, le chapitre VII Ă©voque les conditions et les moyens d’actions coercitives en cas de rupture de la paix ou d’acte d’agression.

L’ONU va nĂ©anmoins faire son apprentissage de mise en pratique de ces principes, dans le contexte du condominium planĂ©taire implicitement Ă©tabli par les États-Unis et l’Union soviĂ©tique, premiers dĂ©tenteurs de l’arme nuclĂ©aire, lors de la guerre froide. En consĂ©quence, les engagements de l’ONU pour la paix seront de ce fait limitĂ©s aux « interstices » que voudront bien lui laisser les deux grands, c’est-Ă -dire lĂ  oĂč leurs intĂ©rĂȘts ne sont pas directement impliquĂ©s.

AprĂšs 1989 l’ONU n’aura pas le temps de conduire la rĂ©forme profonde qui lui aurait permis de faire face Ă  la nouvelle donne mondiale. Elle va se trouver brutalement engagĂ©e dans les conflits de Yougoslavie, de Somalie, du Rwanda, totalement nouveaux pour elle. Il ne s’agit plus, en effet, de guerres entre États, qui relĂšvent de sa vocation, mais de conflits intra-Ă©tatiques, c’est-Ă -dire de guerres civiles ou d’actions rĂ©pressives de gouvernements contre une partie de leur propre population. En outre, ces opĂ©rations sont le plus souvent dĂ©cidĂ©es et engagĂ©es dans l’urgence, sans cessez-le-feu prĂ©alablement signĂ©s ni accords politiques ouvrant des perspectives de paix, comme c’était jusque-lĂ  le cas. Ainsi, dans son errance entre sa philosophie du consensus et les exigences de l’action de force, dont elle ne veut pas se donner les moyens, l’ONU va d’échec en Ă©chec. Elle se retire sans gloire du Rwanda, en plein massacre. Elle laisse la Somalie Ă  son chaos, aprĂšs que les États-Unis ont abandonnĂ© le champ de bataille aprĂšs leurs premiĂšres pertes militaires. Elle quitte subrepticement la Bosnie en passant le relais Ă  l’OTAN lorsque les combats ont cessĂ©.

La communautĂ© internationale veut-elle se donner les moyens d’une rĂ©action immĂ©diate et efficace aux crimes de guerre, aux crimes contre l’humanitĂ©, aux gĂ©nocides commis contre des populations innocentes ? Si la rĂ©ponse n’est pas claire, elle est implicite et nĂ©gative : l’ONU doit se doter d’une armĂ©e permanente ou une force de police, conçues pour intervenir sur le terrain et Ă©viter des catastrophes comme en Srebrenica, Kigali, Vukovar ? Pour Cot[31], la philosophie onusienne conduit, depuis toujours, au refus de se donner une telle capacitĂ© militaire minimum permanente. Au lieu de ça, on prĂ©fĂšre s’orienter vers des appels Ă  des « coalitions d’États volontaires ». Mais celles-ci ont rĂ©pondu rĂ©cemment seulement aux intĂ©rĂȘts de l’empire amĂ©ricain[31].

La rĂ©forme des Nations unies, notamment concernant sa capacitĂ© opĂ©rationnelle d’intervention, est abordĂ©e par Cot, qui propose les points fondamentaux suivants[31] :

  • Doter le Conseil de sĂ©curitĂ© de moyens propres d’évaluation et de contrĂŽle des opĂ©rations onusiennes, par la mise en place d’un comitĂ© militaire consultatif.
  • Faire du dĂ©partement des opĂ©rations de la paix de l’ONU un vĂ©ritable Ă©tat-major opĂ©rationnel.
  • Doter le secrĂ©tariat d’un officier gĂ©nĂ©ral de haut rang, adjoint militaire du secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, commandant en chef dĂ©signĂ© des casques bleus, correspondant privilĂ©giĂ© du comitĂ© militaire consultatif auprĂšs du Conseil de sĂ©curitĂ©.
  • Au service de ce haut responsable militaire, il faut aussi un dĂ©partement des opĂ©rations de la paix organisĂ© comme un Ă©tat-major militaire. Il ferait tout ce que fait un Ă©tat-major digne de ce nom : recueillir et traiter en temps rĂ©el l’information venant de tous les points chauds de la planĂšte ; en prĂ©senter la synthĂšse, avec la gamme des rĂ©actions possibles ; mettre sous la forme d’ordres les dĂ©cisions prises et les diffuser ; enfin en contrĂŽler l’exĂ©cution, en permanence.
  • CrĂ©er une force capable d’imposer l’arrĂȘt des combats Ă  des belligĂ©rants qui n’y sont pas prĂȘts ou de faire cesser des comportements inacceptables, y compris l’agression d’un pouvoir contre une partie de sa propre population. Une force modeste pour intervenir dans la « zone grise » entre le maintien de la paix classique, domaine des casques bleus, et l’imposition de la paix par la force.

Le rĂŽle des Alliances militaires - La sĂ©curitĂ© collective et l’intĂ©gration rĂ©gionale sont considĂ©rĂ©es depuis plusieurs siĂšcles comme les deux seules alternatives viables au systĂšme d’équilibre des puissances. Quelles sont les conditions de la sĂ©curitĂ© rĂ©gionale[50] ?

La rĂ©gionalisation est l’un des phĂ©nomĂšnes qui font partie du processus complexe de mondialisation qui se dĂ©veloppe pendant les derniĂšres dĂ©cennies et qui est en train de bouleverser Ă  jamais le sens des souverainetĂ©s Ă©tatiques pour le meilleur et pour le pire. C’est ainsi qu’on assiste Ă  la pacification de certaines rĂ©gions tel qu’est le cas Ă  partir des annĂ©es 1980 et 90 en Asie du Sud-est, mais en mĂȘme temps Ă  l’aggravation des conflits au Moyen-Orient. Concernant la consolidation d'une culture de la paix dans une pĂ©riode de temps plus large, le processus europĂ©en de rĂšglement de diffĂ©rends rĂ©gionaux via l’équilibrage des intĂ©rĂȘts, l’aide solidaire au dĂ©veloppement rĂ©gional, l’intĂ©gration, l’instauration de l’état de droit, etc. peut ĂȘtre considĂ©rĂ© exemplaire. On peut citer aussi l'exemple de la CommunautĂ© des États indĂ©pendants (CEI), mĂȘme s'il y restent des conflits non pleinement rĂ©solus comme c'est le cas en GĂ©orgie et en TchĂ©tchĂ©nie.

Au-delĂ  des diffĂ©rences et particularitĂ©s de chaque cas on peut penser Ă  plusieurs Ă©lĂ©ments importants pour l’élaboration de feuilles de route pour la pacification rĂ©gionale, tels que[51] :

  • Groupes rĂ©gionaux de nĂ©gociation pour la paix (tels que le Groupe de Contadora).
  • Des fonds internationaux de coopĂ©ration pour le dĂ©sarmement avec de systĂšmes de cotisation des plus riches et rĂ©tribution des plus pauvres (bonus - malus) proportionnels Ă  la rĂ©duction ou pas des budgets militaires.
  • Reconversion des industries d’armement.
  • Veille du commerce d’armes, soumis Ă  un contrĂŽle parlementaire et publique.
  • RĂ©duction du nombre d’armes offensives dans la rĂ©gion et limitation des manƓuvres et du dĂ©ploiement des armĂ©es.
  • Transformer les forces d’intervention rapide en forces non-offensives d’interposition.
  • Notification de certaines activitĂ©s militaires.
  • L’accompagnement avec d’autres mesures non militaires (Ă©conomiques, de dĂ©mocratisation, de rapprochement culturel, etc.) de rapprochement entre les pays de la rĂ©gion.

L'apparition des acteurs non-Ă©tatiques

Dans l’ùre de communication et de gouvernance globale que nous vivons, donnant Ă  nos sociĂ©tĂ©s de plus en plus interconnectĂ©es la possibilitĂ© de s’ingĂ©rer directement dans les affaires politiques et des relations internationales, le rĂŽle des associations civiques et des Alliances citoyennes est appelĂ© Ă  s’accroitre.

Parmi elles, le rĂ©seau informel soutenu par la FPH, l' « Alliance Internationale de Militaires pour la Paix et la SĂ©curitĂ© » est un espace « d’expression et d’échange d’idĂ©es et de positions sur les sujets les plus divers influant sur la sĂ©curitĂ© et la stabilitĂ© » dont l’objectif est de « mener une rĂ©flexion sur les questions de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense, ainsi que sur les moyens de faire la promotion d’une « Conscience de DĂ©fense et de SĂ©curitĂ© » auprĂšs des citoyens qui leur permet de mieux comprendre les risques et les chances inhĂ©rents aux relations internationales dans un monde qui se globalise et de participer activement Ă  la dĂ©finition des conditions pour assurer la stabilitĂ© de ces relations et la paix. »

De plus, son action vise Ă  promouvoir une certaine idĂ©e des fondements Ă©thiques de l’exercice du mĂ©tier des armes et de la relation entre militaires et civils dans des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques ou en voie de dĂ©mocratisation.

À travers son rĂ©seau et ses manifestations, l’ « Alliance des militaires » veut non seulement influencer sur l’acception, par l’opinion publique, du nouveau rĂŽle des militaires dans le maintien de la paix internationale et dans la gestion des dĂ©fis de sĂ©curitĂ© et des crises multiformes. Elle compte aussi peser sur les dĂ©cisions et Ă©volutions au sein des organisations militaires tant au niveau national (forces armĂ©es en transformation) qu’au niveau international (ONU, OTAN, Union europĂ©enne, autres alliances militaires rĂ©gionales), notamment sur la politique d’information et sur les fondements philosophiques de l’instruction et du comportement des militaires dans l’engagement.

L’idĂ©e de « rĂ©seau » et le processus « Ă©chelonnĂ© » de construction Ă  travers l’organisation de rencontres avec des homologues d’autres pays convient le mieux pour dĂ©crire cette initiative qui n'entre pas dans un cadre purement professionnel.

Certaines associations coopĂ©rant avec l’ « Alliance des militaires » sont Ă  l’origine d’une Charte pour la promotion d’une « Conscience europĂ©enne de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense (CESD) »[52]. Dans ce document, destinĂ© Ă  l’opinion publique gĂ©nĂ©rale, sont formulĂ©s les objectifs, les tĂąches, les conditions d’adhĂ©sion et la mise en Ɠuvre d’une coopĂ©ration militaire renforcĂ©e au niveau europĂ©en. L’un des buts fondamentaux est la promotion de la Politique EuropĂ©enne de SĂ©curitĂ© et de DĂ©fense (PESD) auprĂšs d’un large public, sans pour autant vouloir remettre en cause le partenariat transatlantique et les fonctions des Nations unies. Dans les domaines de la sĂ©curitĂ© et de la dĂ©fense, les actions des gouvernements nationaux et des institutions europĂ©ennes doivent aller de pair avec l’adhĂ©sion des citoyens d’Europe.

Organisation, évolution et contrÎle démocratique des armées

RĂŽle de l’armĂ©e dans la sociĂ©tĂ© en temps de paix

Les forces armĂ©es sont parfois considĂ©rĂ©es comme conservatrices, voire rĂ©actionnaires, ou pire, comme des instruments anti-dĂ©mocratiques servant la cause de la dictature. FondĂ©e sur la hiĂ©rarchie et la discipline, l’institution militaire doit, a fortiori, (se) prĂ©parer (Ă ) la guerre. Au contraire, la dĂ©mocratie a priori rĂ©fractaire aux actions belliqueuses, promeut le respect de l’égalitĂ© et la libertĂ© individuelle. Pourquoi et comment l’armĂ©e et la dĂ©mocratie peuvent –et doivent– vivre ensemble ? C’est l’une des questions fondamentales auxquelles sont confrontĂ©es les dĂ©mocraties aujourd’hui[50]. Exemple : en Colombie, il y a tout un travail de reconstruction de la confiance en l’institution militaire qui doit accompagner celui de rĂ©organisation de l’armĂ©e sous la loi et la dĂ©mocratie, une armĂ©e qu'on accuse de corruption, Ă  qui on reproche de s’allier aux trafiquants de la drogue, et qui face Ă  la mĂ©fiance des civils est devenue malgrĂ© elle un État militaire dans l’État[53].

Si on leur donne trop de pouvoir, les militaires normalement n’y renoncent pas, d’oĂč que l’influence militaire augmente au-delĂ  de son espace naturel et que sa fonction soit dĂ©placĂ©e de la protection vers la tyrannie. C’est pour que la loyautĂ© vers l’État devienne fondamentale (
) On reconnaĂźt ce principe sur le nom de « contrĂŽle civil des services militaires »[54] - [55].

Le rapport de la Commission de Venise (pour la démocratie à travers le droit)[56] fait un état des lieux des institutions nationales et internationales, dont leurs membres sont élus directement ou non, qui peuvent et doivent exercer un contrÎle démocratique des forces armées. Ce contrÎle concerne des questions comme les dépenses militaires, le budget de la défense et la nomination des chefs militaires, mais aussi des questions qui concernent le nouveau rÎle des forces armées, aux plans national et international.

Reconversion, désarmement

Il existe plusieurs initiatives de la sociĂ©tĂ© civile pour la limitation et la reconversion des armements notamment dans les pays en pĂ©riode de post-guerre mais aussi dans des pays qui n’ont pas connu la guerre depuis longtemps. On peut citer des expĂ©riences au QuĂ©bec[57], et aux États-Unis[58]. Il existe aussi des critiques plus ambitieuses mais peu probables de rĂ©alisation Ă  court terme, qui s’attaquent aux sources du problĂšme de la prolifĂ©ration des armements[59].

La reconversion est un processus complexe qui affronte plusieurs obstacles : sur les forces armĂ©es (rĂ©duction du personnel militaire ; fermeture des bases
) ainsi que sur l’économie (perte d’emplois, fermeture d’usines, perte de marchĂ©s, coĂ»t de la conversion
)[60]. En consĂ©quence, un programme de reconversion doit rĂ©pondre Ă  cette complexitĂ© en envisageant un programme pour une vraie « Ă©conomie de la paix »[61].

Dans le cadre d’une rĂ©flexion globale sur la reconversion, Richard Petris a Ă©laborĂ© quelques propositions directrices possibles pour une transition intĂ©grale vers une sociĂ©tĂ© pacifique[62] :

  1. Un plan programme pour la reconversion : qui soit le premier instrument d’une politique publique d’investissement, indispensable pour orienter les choix de substitution.
  2. Une recherche dĂ©veloppement plus pacifique : au moyen de la crĂ©ation de comitĂ©s d’éthique ; de la limitation des possibilitĂ©s de vente des brevets « sensibles » ; de l’incitation Ă  concevoir des instruments d’alerte, voire Ă  Ă©laborer des stratĂ©gies de sĂ©curitĂ©, Ă  plusieurs niveaux.
  3. Une sĂ©curitĂ© collective, avec la traduction en actes de plusieurs concepts nouveaux tels que la limitation de forces Ă  un niveau de stricte suffisance ; la prĂ©vention, la prĂ©vision et la gestion des crises ; la sĂ©curitĂ© globale, qui ne peut ignorer la nĂ©cessitĂ© d’une rĂ©partition plus Ă©quitable des richesses.
  4. Une politique de grands chantiers qui associerait prĂ©occupation pour l’emploi et rĂ©ponses aux grands besoins d’équipement ou de rĂ©habilitation de l’environnement.
  5. Éducation et formation pour la paix, avec des recherches sur la paix qui se traduisent en conclusions opĂ©rationnelles, voire dĂ©bouchent sur des propositions « normatives ».

Au niveau des articulations entre acteurs, il existe des efforts de coordination pour mettre en place une sorte d’internationale des personnels de l'industrie d'armement pour partager les problĂšmes et rechercher des solutions communes Ă  la question de la reconversion. Cette initiative a Ă©galement clairement fait appel Ă  d'autres contributions, scientifiques, politiques, etc.[63].

Des processus et des propositions pour le désarmement

Le dĂ©sarmement dans les pays industrialisĂ©s - « Depuis la chute du mur de Berlin, les programmes sont parfois rĂ©duits, parfois mĂȘme abandonnĂ©s. C'est en partie une question de taille des organisations commerciales et militaires, et en partie une question d'inertie. D'autre part, le poids des fabricants, la crainte du chĂŽmage, les rĂ©sistances des militaires y sont aussi pour quelque chose.

Le dĂ©sarmement dans les pays en voie de dĂ©veloppement - La rĂ©duction des dĂ©penses militaires dans ces pays (dont les plus pauvres du globe) est encore plus lente que dans les pays industrialisĂ©s. Leurs arguments sont gĂ©nĂ©ralement la dissuasion face Ă  leurs voisins et le rĂŽle Ă©conomique important jouĂ© par l'armĂ©e. Cependant, les risques de dĂ©cĂšs dans ces pays sont plus de 30 fois supĂ©rieurs par malnutrition ou par Ă©pidĂ©mie que par agression de la part d'un pays voisin. (
) Les dĂ©penses d'armement privent le dĂ©veloppement humain de prĂ©cieuses ressources. Cette situation est en partie imputable aux pays industrialisĂ©s, qui n'ont pas encore mis fin Ă  leur aide militaire ou Ă  leurs exportations d'armes »[64].

L'avenir du dĂ©sarmement dans le monde - La chute du mur de Berlin a en fait dĂ©voilĂ© beaucoup de conflits. Tout progrĂšs vers le dĂ©sarmement exigera Ă  l'Ă©vidence une coopĂ©ration plus Ă©troite entre pays industrialisĂ©s et pays en dĂ©veloppement. Une telle avancĂ©e supposerait la mise en Ɠuvre des mesures suivantes :

  • CrĂ©er des forums pour le dĂ©sarmement : en particulier par l'intermĂ©diaire des organisations existantes (OUA, ASEAN, etc.), il serait temps d'intĂ©grer des discussions diplomatiques Ă  l'exemple de l'accord de Tegucigalpa en 1991 pour l'AmĂ©rique centrale. Les Nations unies pourraient aussi intervenir plus activement dans le dĂ©sarmement du Tiers Monde.
  • DĂ©samorcer les tensions dans le monde : l'exemple des rĂšglements pacifiques en cours en AmĂ©rique centrale ou en Afrique du Sud, montrent que des mĂ©diations efficaces sont possibles. Les grandes puissances doivent s'engager plus dans cette voie, en passant par l'intermĂ©diaire du forum des Nations unies.
  • Supprimer graduellement l'aide militaire : cette aide a dĂ©jĂ  considĂ©rablement diminuĂ©. Cependant, les ventes d'armes lĂ©gĂšres se poursuivent au mĂȘme rythme. En plus d'alimenter la course aux armements Ă  l'Ă©chelle rĂ©gionale, elle implique d'importantes dĂ©penses annexes en entretien et infrastructures, de vastes possibilitĂ©s de corruption, et un fort endettement. Il serait souhaitable de parvenir Ă  un accord international en vue de supprimer toute aide militaire en l'espace, par exemple, de trois ans.
  • Mieux rĂ©glementer le commerce des armes : les cinq premiers exportateurs d'armes (tous membres permanents du Conseil de sĂ©curitĂ©) contrĂŽlent 86 % du marchĂ© des armes conventionnelles destinĂ©es au pays en voie de dĂ©veloppement dont certains sont parmi les pays les plus pauvres du monde, notamment l'Afghanistan, l'Inde et le Pakistan. Il est aussi regrettable que, durant les dix derniĂšres annĂ©es, 40 % des exportations d'armes lourdes conventionnelles aient Ă©tĂ© expĂ©diĂ©es vers les points les plus chauds du globe. Les Nations unies pourraient instaurer un mĂ©canisme permettant : de tenir Ă  jour une liste des armes et technologies sophistiquĂ©es interdites Ă  l'exportation, d'amĂ©liorer le Registre des armements, de rĂ©glementer et d'Ă©liminer le recours Ă  des subventions explicites ou occultes Ă  l'exportation d'armements, de taxer les ventes d'armes pour financer le maintien de la paix.
  • DĂ©finir les termes d'un nouveau dialogue sur la politique d'aide : de nombreux pays ou organismes donateurs redoutent que leur aide serve Ă  acheter des armes. Pourtant, aucune politique cohĂ©rente et coordination internationale n'a encore Ă©tĂ© dĂ©finie.
  • Convenir de critĂšres de mĂ©diation des Nations unies en cas de conflits internes aux pays : rĂ©cemment, les Nations unies ont Ă©tĂ© amenĂ©es Ă  intervenir dans des conflits internes ; ce qui soulĂšve des questions dĂ©licates de souverainetĂ©. Un rĂ©examen et un Ă©largissement du chapitre VII de la Charte des Nations unies pourrait ĂȘtre nĂ©cessaire.
  • Imaginer des systĂšmes d'information plus efficaces : les lacunes restent considĂ©rables en ce qui concerne l'information sur les dĂ©penses militaires, les expĂ©ditions d'armes, la production d'armes, l'aide militaire, les subventions aux exportations d'armes, les bases militaires et les dettes militaires.

Les dividendes de la paix - RĂ©duire les dĂ©penses militaires ne reprĂ©sente que la moitiĂ© du chemin Ă  parcourir. L'autre moitiĂ© consiste Ă  consacrer entiĂšrement les ressources Ă©conomisĂ©es au dĂ©veloppement humain. De 1987 Ă  1994, la majoritĂ© de ces Ă©conomies paraĂźt avoir Ă©tĂ© consacrĂ©e Ă  la rĂ©duction des dĂ©ficits budgĂ©taires et au financement de dĂ©penses Ă©trangĂšres au dĂ©veloppement. La premiĂšre tĂąche consiste donc Ă  isoler ces dividendes dans un poste spĂ©cial des budgets nationaux. Ces fonds pourraient servir Ă  la rĂ©duction des dĂ©ficits publics, au financement des coĂ»ts de la reconversion militaire, et aux investissements dans le dĂ©veloppement humain Ă  l'intĂ©rieur et Ă  l'Ă©tranger. Ces fonds nationaux pourraient ĂȘtre complĂ©tĂ©s par un fonds mondial de dĂ©militarisation, comme l'a suggĂ©rĂ© le Prix Nobel de la Paix (1987), Oscar Arias[64].

Autres

Enseignement de l’éthique et codes militaires

Dans l’enseignement de l’éthique militaire aux soldats, certains auteurs proposent le remplacement, lorsqu’on dispose du temps nĂ©cessaire, de la simple explication et distribution des codes Ă©thiques, par le dĂ©veloppement collectif d’une « pensĂ©e critique » qui aide Ă  complĂ©ter les manques et erreurs possibles des codes, et Ă  dĂ©velopper une conscience rĂ©flexive dans le soldat qui lui permet rĂ©agir de façon autonome conformĂ©ment Ă  une morale. Cette pensĂ©e critique seulement peut ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e Ă  partir d’une Ă©ducation civique et politique, qui pour certains n'est pas assez prĂ©sente dans les services militaires des nations occidentales. Elle doit rĂ©pondre aux questions fondamentales du type pourquoi ĂȘtre dans l’armĂ©e et pourquoi lutter ? et prĂ©senter les diffĂ©rents rĂ©ponses de façon impartiale[65].

Allemagne - Ayant impliquĂ© le monde dans des guerres successives et totales, portant le lourd hĂ©ritage de l’holocauste
 le peuple allemand a Ă©tĂ© profondĂ©ment traumatisĂ© par les consĂ©quences de l’utilisation outranciĂšre de la force et les abus opĂ©rĂ©s par les nazis contre les forces armĂ©es. C’est pourquoi, aprĂšs un passage de dix annĂ©es d’occupation et de contrĂŽle alliĂ© oĂč le « ne plus jamais » Ă©tait devenu la conviction gĂ©nĂ©rale du peuple allemand, les fondateurs des forces fĂ©dĂ©rales nouvelles (la Bundeswehr) sont partis, au moment du rĂ©armement, du principe qu'une alliance entre l'idĂ©e dĂ©mocratique et la nĂ©cessitĂ© militaire Ă©tait nĂ©cessaire et possible.

Concept de l’ « Innere FĂŒhrung » et Centre Innere FĂŒhrung - À cette fin, « il leur fallait dĂ©velopper un concept permettant d'appliquer les principes fondamentaux de l'État de droit dĂ©mocratique Ă  des forces armĂ©es qui devaient ĂȘtre efficaces et prĂȘtes Ă  l'engagement[66]. »

L'éducation politique - « L'exemple personnel est la meilleure façon d'enseigner aux subordonnés les valeurs politiques et sociales reconnues. Une éducation politique bien visée y ajoute une idée concrÚte de l'ordre constitutionnel libéral et démocratique de notre pays ; elle aide les jeunes citoyens en uniforme à saisir le sens et la nécessité du service au profit de la paix et de la liberté »[67].

Citoyens en uniforme - « L'Ă©ducation politique vise aussi Ă  encourager les militaires Ă  profiter activement de leurs droits de citoyen. La libertĂ© syndicale, le droit de vote et l'Ă©ligibilitĂ© sont autant de droits civiques garantis. Beaucoup de militaires en font usage et participent au façonnement de la sociĂ©tĂ© en exerçant des mandats Ă  tous les niveaux de la vie politique. Dans la mesure oĂč un engagement militaire l'exige, l'exercice d'un mandat communal peut exceptionnellement faire l'objet d'une rĂ©duction temporaire »[67].

Canada - Les principes fondamentaux de l'Ă©thique militaire canadienne ont Ă©tĂ© formulĂ©es dans un "ÉnoncĂ© d'Ă©thique de la dĂ©fense" fondĂ© sur trois principes[68] :

  • Respecter la dignitĂ© de toute personne
  • Servir le Canada avant soi-mĂȘme
  • ObĂ©ir Ă  l'autoritĂ© lĂ©gale et l'appuyer

France - Les soldats français participent, pendant la formation militaire, à des réflexions sur l'éthique militaire. Un des principaux supports de cette réflexion est le « Code du soldat »[69] :

  • Au service de la France, le soldat lui est entiĂšrement dĂ©vouĂ©, en tout temps et en tout lieu.
  • Il accomplit sa mission avec la volontĂ© de gagner et de vaincre, si nĂ©cessaire au pĂ©ril de sa vie.
  • MaĂźtre de sa force, il respecte l’adversaire et veille Ă  Ă©pargner les populations.
  • Il obĂ©it aux ordres, dans le respect des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales.
  • Il fait preuve d’initiative et s’adapte en toutes circonstances.
  • Soldat professionnel, il entretient ses capacitĂ©s intellectuelles et physiques, et dĂ©veloppe sa compĂ©tence et sa force morale.
  • Membre d’une Ă©quipe solidaire et fraternelle, il agit avec honneur, franchise et loyautĂ©.
  • Attentif aux autres et dĂ©terminĂ© Ă  surmonter les difficultĂ©s, il Ɠuvre pour la cohĂ©sion et le dynamisme de son unitĂ©.
  • Il est ouvert sur le monde et la sociĂ©tĂ©, et en respecte les diffĂ©rences.
  • Il s’exprime avec rĂ©serve pour ne pas porter atteinte Ă  la neutralitĂ© des armĂ©es en matiĂšre philosophique, politique et religieuse.
  • Fier de son engagement, il est, toujours et partout, un ambassadeur de son rĂ©giment, de l'armĂ©e de terre et de la France.

L'éthique militaire dans les textes officiels et les publications du gouvernement français :

Moyens des recours

Allemagne

Commissaire parlementaire aux forces armées

Le Commissaire parlementaire aux forces armĂ©es jouit d'un statut de droit public conformĂ©ment Ă  la loi sur le Commissaire parlementaire aux forces armĂ©es. Son statut juridique peut ĂȘtre comparĂ© Ă  celui du secrĂ©taire d'État parlementaire.

Durant l'exercice de son mandat, le Commissaire parlementaire aux forces armées ne peut exercer nulle autre fonction rémunérée, nulle activité commerciale, industrielle et professionnelle, ni détenir de mandat politique.

Le Commissaire parlementaire aux forces armĂ©es est Ă©lu par le Bundestag au scrutin secret sans dĂ©bat prĂ©alable. Les candidats peuvent ĂȘtre proposĂ©s par la commission de la dĂ©fense ou par les diffĂ©rents groupes parlementaires. Est Ă©lu le candidat qui remporte la majoritĂ© des voix des membres du Bundestag.

Est éligible en qualité de Commissaire parlementaire aux forces armées, tout(e) Allemand(e) ùgée(e) de 35 ans révolus. Des connaissances de la vie militaire acquises comme soldat ne sont pas un préalable à cette fonction. Le Commissaire parlementaire aux forces armées est nommé par le Président du Bundestag allemand.

Le Commissaire parlementaire aux forces armées est élu pour une durée de cinq ans, soit une année de plus que la durée de la législature du parlement. Ceci permet de garantir son indépendance en cas de changement de majorité parlementaire à la suite des élections. La réélection est possible autant de fois que le candidat souhaite se présenter.

Mandat confié par la loi

En exécution de son mandat fixé par la Loi fondamentale, le Commissaire parlementaire aux forces armées est tenu d'assurer "la sauvegarde des droits fondamentaux et d'aider le Bundestag dans l'exercice du contrÎle parlementaire des forces armées". La Loi sur le Commissaire parlementaire aux forces armées définit en détail les modalités de sa fonction.

La mission du Commissaire parlementaire aux forces armées est définie par la loi sur le commissaire aux forces armées selon laquelle celui-ci est tenu d'agir

  • Ă  la demande du Bundestag ou de la commission de la dĂ©fense pour vĂ©rifier certains faits (al. 2 – domaine de compĂ©tence liĂ© aux instructions reçues)
  • ou, aprĂšs apprĂ©ciation conformĂ©ment Ă  ses obligations, lorsque des faits sont portĂ©s Ă  sa connaissance dont il y a lieu de conclure Ă  une violation de droits fondamentaux des soldats ou de principe de la Innere FĂŒhrung

« Son pouvoir de contrÎle s'étend à toutes les institutions gouvernementales et administratives compétentes en matiÚre de défense militaire du territoire, en premier lieu donc au ministre fédéral de la Défense et son domaine de compétence »[70].

Droits fondamentaux des soldats

Il s'agit des droits fondamentaux du citoyen garantis par la Loi fondamentale. Le soldat est placĂ© dans une hiĂ©rarchie rĂ©gie par le principe de l'obĂ©issance aux ordres et caractĂ©risĂ©e par l'antagonisme entre la libertĂ© individuelle et les autres droits du soldat, d'une part, et les exigences militaires particuliĂšres, d'autre part. Le soldat, qu'il soit appelĂ©, engagĂ© ou militaire de carriĂšre, jouit des mĂȘmes droits et libertĂ©s que les autres citoyens. II demeure donc citoyen, un citoyen en uniforme.

Les droits fondamentaux peuvent subir des restrictions conformĂ©ment Ă  des dispositions constitutionnelles, pour autant cependant qu'elles soient imposĂ©es par les nĂ©cessitĂ©s incontournables du service, qui doivent ĂȘtre dĂ©finies par la loi. Le soldat continue de jouir entre autres des droits suivants :

  • droit intangible au respect et Ă  la protection de la dignitĂ© humaine. Le soldat ne doit donc pas ĂȘtre l'objet, au cours d'une instruction sĂ©vĂšre par exemple, d'un traitement humiliant ou dĂ©gradant ;
  • droit fondamental Ă  la libertĂ© d'expression. Cette libertĂ© d'expression du soldat ne souffre de restriction que si la capacitĂ© opĂ©rationnelle des forces armĂ©es le requiert. En tant qu'objet de protection lĂ©gale ancrĂ© dans la Constitution, elle prime la libertĂ© d'expression de l'individu. En dehors de son service, le soldat est libre de s'engager activement dans un parti politique par exemple ;
  • droit fondamental Ă  la protection juridique en cas de violation de ses droits par l'autoritĂ© publique. Dans ce cas, comme tout autre citoyen, il a le droit de recourir Ă  la voie judiciaire.

Le Commissaire parlementaire aux forces armées, instance de pétition des soldats

Tout soldat a le droit de s'adresser personnellement et directement, sans passer par la voie hiérarchique, au Commissaire parlementaire aux forces armées. Le soldat qui exerce son droit de pétition peut lui soumettre, sans avoir de délai à respecter, tout ce qui, selon son appréciation personnelle, lui semble constituer un abus ou traitement injuste.

Tous les soldats sont informés sur les tùches et pouvoirs du Commissaire parlementaire au début de l'instruction de base et à nouveau aprÚs mutation dans leur corps de troupe.

Le soldat ne doit subir aucun préjudice sur le plan du service ni faire l'objet d'aucune mesure disciplinaire pour avoir saisi le Commissaire parlementaire aux forces armées. II jouit de la protection du droit de pétition. II va de soi que ce droit ne s'applique pas en cas d'allégations volontairement fausses, injurieuses ou calomnieuses, cas dans lequel toute la responsabilité disciplinaire et pénale incombe au requérant.

Notes et références

  1. White, Richard D. Jr.; « Military Ethics », dans Cooper, Terry L. ; « Handbook of Administrative Ethics »; CRC Press, 2001, p. 629-648
  2. Fotion, N. ; Elfstrom, Gerard ; « Military Ethics : Guidelines for Peace and War » ; Routledge, 1986, p. 30, 32
  3. Cot, Jean; « Parier pour la paix » ; Éditions Charles LĂ©opold Mayer, Dossiers pour un dĂ©bat, no. 153, 2006
  4. Davenport, M. ; « Professionals or Hired Guns ? » dans Wakin, Malham M ; Kempf, James ; « Military Ethics : Reflections on Principles-The Profession of Arms, Military Leadership, Ethical Practices, War and Morality, Educating the Citizen-Soldier » ; Diane Publishing, 1984, p. 7
  5. Bachelet, Jean-Rene ; « Une éthique militaire pour un monde meilleur »
  6. Fotion, N. ; Elfstrom, Gerard ; Op. cit., p. 23
  7. « UN High Level Panel Report on Threats, Challenges and Change »
  8. Ficarrotta, Carl, J.; « Algunas Lecciones Aprendidas de Manuel Davenport » dans « Air & Space Power Journal. Español », premier trimestre 2007 ; p. 3
  9. DeGeorge, Richard T. ; « A Code of Ethics for Officers » dans Wakin, Malham, M. ; Kempf, James ; « Military Ethics : Reflections on Principles-The Profession of Arms, Military Leadership, Ethical Practices, War and Morality, Educating the Citizen-Soldier » ; Diane Publishing, 1984, p. 15
  10. Brough, Michael W. ; Lango, John W. ; Van der Linden, Harry ; « Rethinking the Just War Tradition » ; Sunny Press, 2007, 265 p.; p. 100
  11. Gal, Reuven ; “Limits of Military Legitimacy and its Relation to Military Commitment”; dans Wyatt Thomas C. ; Gal, Reuven ; “Legitimacy and Commitment in the Military” Greenwood Publishing Group, 1990 p. 3-8
  12. Ficarrotta, Carl, J.; op. cit., p. 4
  13. DeGeorge, Richard T. ; « A Code of Ethics for Officers » dans Wakin, Malham, M. ; Kempf, James ; op. cit. p. 21 et ss.
  14. Wakin, Malham M. ; Kempf, James ; op. cit., p. 104 et ss.
  15. Robinson, Paul ; « Integrity and Selective Conscientious Objection »
  16. Journal of Military Ethics, Volume 1, Issue 2, 2002, Pages 57 – 76
  17. Article de rĂ©fĂ©rence : Der 2. Wehrdienstsenat des Bundesverwaltungsgerichts in Leipzig hat den Soldaten freigesprochen, weil dem Soldaten ein Dienstvergehen nicht nachzuweisen war. Ein Verstoß gegen die Gehorsamspflicht (§ 11 Abs. 1 Soldatengesetz) liege nicht vor. Der Senat hat entschieden, dass in der konkreten Lage das Grundrecht der Freiheit des Gewissens nach Art. 4 Abs. 1 GG durch den Befehl nicht verdrĂ€ngt werde. Dieser sei deshalb fĂŒr den Soldaten unverbindlich gewesen. Der Soldat habe die Ernsthaftigkeit seiner Gewissensentscheidung glaubhaft dargetan. Im vorliegenden Fall sei die gebotene gewissensentlastende Konfliktlösung durch eine anderweitige Verwendung des Soldaten erfolgt. Der Soldat könne sich auf das Grundrecht der Gewissensfreiheit nach Art. 4 Abs. 1 GG ungeachtet dessen berufen, dass er keinen Antrag auf Anerkennung als Kriegsdienstverweigerer nach Art. 4 Abs. 3 GG gestellt habe. Denn auch Berufssoldaten stĂŒnde das Grundrecht der Gewissensfreiheit nach Art. 4 Abs. 1 GG zu. Die StreitkrĂ€fte seien als Teil der vollziehenden Gewalt ausnahmslos an "Recht und Gesetz" (Art. 20 Abs. 3 GG) und insbesondere an die Grundrechte uneingeschrĂ€nkt gebunden. Davon könnten sie sich nicht unter Berufung auf Gesichtspunkte der militĂ€rischen ZweckmĂ€ĂŸigkeit oder FunktionsfĂ€higkeit freistellen. RĂ©fĂ©rence du jugement BVerwG 2 WD 12.04 – Urteil vom 21. Juni 2005
  18. DeGeorge, Richard T. ; « A Code of Ethics for Officers » dans Wakin, Malham, M. ; Kempf, James ; op. cit., p. 16 et ss.
  19. White, Richard D. Jr.; « Military Ethics », dans Cooper, Terry L.; « Handbook of Administrative Ethics » ; CRC Press, 2001, p. 629-648
  20. Smit, Wim; « Just war and terrorism: The end of the just war concept? »; Peeters Publishers, 2005 244p.
  21. Ni la « jus post bellum » ni la construction d’une paix durable dans son ensemble sont traitĂ©s dans la doctrine classique de la guerre juste
  22. Moucharafieh, Claire ; Cornet, BĂ©rengĂšre (Coord.) ; « Construire la paix. ÉlĂ©ments de rĂ©flexion Ă  partir des pratiques des organisations non gouvernamentales et de quelques instances nationales et internationales » ; Dossier de fiches no. 56, FPH, CCFD pp. 81 et ss.
  23. Moucharafieh, Claire ; Cornet, BĂ©rengĂšre (Coord.) ; Op. cit., p. 127-130.
  24. Gerbaud, ValĂ©rie ; « En Sierra Leone, un exemple de rĂ©adaptation et de rĂ©intĂ©gration des enfants soldats » ; dans Moucharafieh, Claire (Coord.) ; « Ébauche pour la construction d’un art de la paix »; Dossier de fiches no. 74, FPH p. 157-158.
  25. Cornet, BĂ©rangĂšre ; « La formation technique propose aux jeunes miliciens libanais leur permet d’avoir un autre type d’arme en main ! » ; dans Moucharafieh, Claire (Coord.) ; « Ébauche pour la construction d’un art de la paix »; Dossier de fiches no. 74, FPH p. 159-160.
  26. Moucharafieh, Claire; Impunité et réconciliation nationale au Salvador; Base DPH, mars 1994
  27. Moucharafieh, Claire ; « ImpunitĂ© et rĂ©conciliation nationale : le cas du Salvador » ; dans Moucharafieh, Claire ; Cornet, BĂ©rengĂšre (Coord.) ; « Construire la paix. ÉlĂ©ments de rĂ©flexion Ă  partir des pratiques des organisations non gouvernementales et de quelques instances nationales et internationales » ; Dossier de fiches no. 56, FPH, CCFD p. 135-136.
  28. Moucharafieh, Claire ; « Quelles rĂ©parations pour les victimes de la dictature chilienne ? » ; dans Moucharafieh, Claire (Coord.) ; « Ébauche pour la construction d’un art de la paix »; Dossier de fiches no. 74, FPH, p. 131-132
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  30. Wikicoredem - Art de la paix
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  33. FPH, MAN ; Op. cit.
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  40. En 2006 on comptait 194 pays signataires
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  42. Cahill, Kevin, M. ; « Traditions, Values and Humanitarian Action » ; Fordham Univ. Press, 2003 p. 278
  43. Veuthey, Michel ; « Disregarding the Geneva Conventions on the Protection of War Victims » dans Cahill, Kevin, M. ; Op. cit., p. 280
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  48. Moucharafieh, Claire; « Contre l’humanitaire-alibi » dans Moucharafieh, Claire ; Cornet, BĂ©rengĂšre (Coord.) ; « Construire la paix. ÉlĂ©ments de rĂ©flexion Ă  partir des pratiques des organisations non gouvernementales et de quelques instances nationales et internationales » ; Dossier de fiches no. 56, FPH, CCFD
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  59. CDTM ; « Reconvertir les industries militaires ? Commençons par le Pentagone » ; dans Moucharafieh, Claire ; « Ébauche pour la construction d’un art de la paix » Dossier de fiches no. 74, FPH, 1996, p. 323-324
  60. Petris, Richard ; « La conversion des industries de l’armement » ; Éditions Charles-LĂ©opold Mayer ; Dossiers pour un dĂ©bat, 1994
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  63. Jacquelin, Guy; Petris, Richard; « DĂ©sarmement, diversification, dĂ©veloppement » ; dans Moucharafieh, Claire ; Cornet, BĂ©rengĂšre (Coord.) ; « Construire la paix. ÉlĂ©ments de rĂ©flexion Ă  partir des pratiques des organisations non gouvernementales et de quelques instances nationales et internationales » ; Dossier de fiches no. 56, FPH, CCFD p. 143-144.
  64. Mazzoni, Philippe; Petris, Richard; « RĂ©colter les dividendes de la paix » ; dans Moucharafieh, Claire ; « Ébauche pour la construction d’un art de la paix » Dossier de fiches no. 74, FPH, 1996, p. 59-60
  65. Fotion, N. ; Elfstrom, Gerard ; Op. cit., p. 30, 32
  66. Portail du MinistĂšre fĂ©dĂ©ral de la DĂ©fense (Allemagne) - Innere FĂŒhrung
  67. Portail du MinistĂšre fĂ©dĂ©ral de la DĂ©fense (Allemagne) - Éducation politique et tradition au sein de la Bundeswehr
  68. ÉnoncĂ© d'Ă©thique de la dĂ©fense. Voir aussi le Cadre global du leadership dans l'armĂ©e canadienne
  69. Armée de terre ; Code du soldat, 1999
  70. Journal Interparlamentaire no. 4 du 2 mai 2005, par les assistants parlamentaires stagiaires allemands à l'atention des députés membres du groupe d'amitié

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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  • Jean-RenĂ© Bachelet, Pour une Ă©thique du mĂ©tier des armes. Vaincre la violence, Éditions Vuibert, 2006
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  • Actes du colloque international d’éthique militaire publiĂ©s par les Écoles de Saint-Cyr CoĂ«tquidan, 24 et
  • Jean Mathieu Mattei, Histoire du droit de la guerre (1700-1819), Introduction Ă  l'histoire du droit international, avec une biographie des principaux auteurs de la doctrine de l'antiquitĂ© Ă  nos jours, Presses universitaires d'Aix-en-Provence, 2006. Robinson, De Lee, Carrick et al., Ethics Education in the Military, Ashgate Publishing, , 224 p. (ISBN 978-0-7546-7115-2, lire en ligne)
    Chapitres concernant les pays suivants : Australie, France, Grande Bretagne, Japon, USA, NorvĂšge, Pays-Bas
  • (nl) Th. A. van Baarda et D. E. M. Verweij (dirs.), Pratijkboek Militaire Ethiek : Ethische vraagstukken, morele vorming, dilemmatraining, Uitgeverij DAMON Budel, 2004.
    • traduction anglaise : Military Ethics : The Dutch Approach - A Practical Guide, Leyde–Boston, Martinus Nijhoff, 2006.

Liens externes

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