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Condensat de gaz naturel

Un condensat de gaz naturel est un mélange liquide d'« hydrocarbures légers » obtenu par condensation de certains gaz naturels bruts (le gaz brut est dit raw gas en anglais). Ce condensat est un mélange d'hydrocarbures de type C5 à C8 (c'est-à-dire à 5 à 8 atomes de carbone par molécule).

Les condensats de gaz naturel sont rĂ©cupĂ©rĂ©s en sortie de puits et traitĂ©s dans une unitĂ© de traitement du gaz naturel et des condensats. Ces condensats peuvent ensuite ĂȘtre mĂ©langĂ©s Ă  d'autres hydrocarbures, d'origine fossiles ou non (ex : Ă©thanol), pour produire divers types de carburants.

C'est un produit volatil, lĂ©ger, (la densitĂ© API est proche d'environ 80[1]) et instable ; selon les pays, ces condensats sont ou ne sont pas pris en compte dans les statistiques de production pĂ©troliĂšre, mĂȘme quand ils sont souvent similaires et vendus en tant que « pĂ©troles bruts lĂ©gers »[2].

DĂ©nominations

Ce condensat est aussi parfois dĂ©nommĂ© « liquide de puits de gaz naturel », « pentane plus », « C5+ ». Les anglophones le nomment aussi « drip gas » ou « natural gasoline » (littĂ©ralement « essence naturelle »), parce qu'il contient des hydrocarbures dont le point d’ébullition est proche de celui de l'essence.

Classification

Un condensat de gaz naturel peut aussi ĂȘtre inclus dans la catĂ©gorie des « lease condensates » (catĂ©gorie de condensats incluant tous les pentanes et d'hydrocarbures plus lourds que ce dernier[3], mais qui peut aussi dĂ©signer des condensats issus de gaz formĂ©s dans certains rĂ©servoirs de pĂ©trole, dit « gaz associĂ© »[4])[5], qui donnent un hydrocarbure liquide condensĂ©, gĂ©nĂ©ralement alors mĂ©langĂ© au pĂ©trole).

Certaines définitions ne sont pas encore de consensuelles[6] (gaz humide par exemple), mais certains auteurs[7] distinguent plus clairement les différents types de gaz.
Outre le gaz sec (qui ne forme pas de phase liquide en condition de production), la littérature spécialisée utilise les dénominations suivantes :

  • le « gaz Ă  condensat » : il forme une phase liquide dans le rĂ©servoir en cours de production (aussi dit condensate, gas condensate, ou parfois natural gasoline pour les anglophones) ;
  • le « gaz humide » : il forme une phase liquide en cours de production dans les conditions de surface[8] ;
  • le « gaz associĂ© » : c'est le gaz qui coexiste avec une phase « huile » (Ă  prendre ici au sens anglosaxon de « pĂ©trole ») ; cette catĂ©gorie (gaz associĂ©) comprend le gaz de couverture (« Gas-cap gaz », qui s'est accumulĂ© dans le rĂ©servoir). Elle comprend aussi le gaz dissous dans certains pĂ©troles, qui dĂ©gaze spontanĂ©ment lors de la dĂ©compression ou quand le pĂ©trole refroidit.
  • les « gaz non-associĂ©s » (non-associed gazpour les anglophones) : ils incluent parfois les condensats de gaz naturel provenant du gaz humide[9].

Du gaz produisant des condensats peut provenir de nombreux types de puits[10] - [11], et l'examen d'un diagramme de phase permet de classer ces gaz[7].

Des condensats se forment in situ, Ă  l'intĂ©rieur du rĂ©servoir gĂ©ologique (dans la « roche magasin » mĂȘme). Les gĂ©ologues ou pĂ©troliers parle alors[12] de "systĂšme rĂ©trograde" parce que ces condensats sont source de liquide dit « rĂ©trograde ». Ce liquide est un hydrocarbure lĂ©ger qui apparaĂźt Ă  la suite du « dĂ©clin isotherme de pression » (cf. cricondentherm[13]).

L'hydrocarbure liquide se condense dans les pores de la roche quand l'extraction par forage y crĂ©e une chute de pression. Il y reste immobile alors que le gaz peut lui s'y dĂ©placer (Cf. Loi de Darcy, lois de la thermodynamique). Ceci n'est cependant pas vrai Ă  proximitĂ© du point de forage ; LĂ , le condensat se forme en plus grande quantitĂ©, sursature la roche et peut alors ĂȘtre aspirĂ© avec le gaz. Les modĂšles laissent penser que 15 Ă  20 % d'un rĂ©servoir typique (si ce rĂ©servoir n'est pas Ă  une tempĂ©rature ou pression proche du point de regazĂ©ification) peut contenir des condensats. Ces condensats ne sont pas rĂ©cupĂ©rables par les mĂ©thodes classiques d'extraction. Mais ils peuvent l'ĂȘtre si l'on maintient ou introduit une pression suffisante dans le rĂ©servoir pour conserver le fluide Ă  l'Ă©tat monophasique (c'est la « rĂ©cupĂ©ration assistĂ©e »[14]). Ceci se fait gĂ©nĂ©ralement soit en y injectant du gaz, soit en y injectant de l'eau de surface, Ă©ventuellement avec la saumure remontĂ©e avec le pĂ©trole ou le gaz quand c'est le cas[15]. Une injection d'une quantitĂ© suffisante d'acide dans le rĂ©servoir peut aussi augmenter le rendement du puits. L'acide agrandit ainsi les pores de la roche (pour les roches carbonatĂ©es)[16].

Caractéristiques physiques

C'est un produit volatil, instable et inflammable. Sa pression de vapeur saturante est intermédiaire entre celle d'un condensat de gaz naturel et du gaz de pétrole liquéfié (GPL, ou LPG en Belgique).

Sur le plan de la qualitĂ© pour la carbochimie ou pour le marchĂ© des carburants, il correspond Ă  un pĂ©trole extrĂȘmement lĂ©ger, de haute valeur Ă©conomique (donnant de l'essence et du naphta en ne gĂ©nĂ©rant qu'une faible quantitĂ© de dĂ©chets). Il peut ĂȘtre mĂ©langĂ© avec des hydrocarbures plus lourds pour produire de l'essence commerciale.

Sa pureté à la source varie beaucoup selon la nature géologique du gisement (cf. origine organique du gaz, et type de matrice rocheuse du gisement). Le gaz extrait, et ses condensats sont plus ou moins « propres ». Leur composition varie aussi selon la profondeur (et la pression qui en dépend généralement).

Ils peuvent contenir de l’eau (souvent fortement chargĂ©e de sels) des impuretĂ©s (dont CO2 et du soufre sous forme de H2S, mai aussi de l’azote, de l’hĂ©lium, un peu d'hydrogĂšne ou d'argon, et parfois des impuretĂ©s mĂ©talliques dont du mercure, plus rarement du plomb et du zinc (dans le cas du rĂ©servoir profond d'Elgin par exemple) ou encore des mĂ©talloĂŻdes (arsenic typiquement[7]). Certaines de ces impuretĂ©s quand elles sont prĂ©sentes en quantitĂ© importantes peuvent ĂȘtre source de problĂšmes de condensation rĂ©trograde (formation de gouttelettes[7] ou d'apparition de cristaux remontĂ©s par le dĂ©bit de flux. Ils peuvent causer la formation d'entartrement des puits et des conduites. Certains de ces tartres sont parfois difficiles Ă  contrĂŽler ou nettoyer.

Caractéristiques chimiques

Les « condensats » sont la fraction légÚre mais liquide à température et pression ambiante de certains gisements ; pour ce qui est du poids de molécules, ils contiennent des hydrocarbures allant du pentane (C5H12) jusqu'à l'heptane (C7H16) ou l'octane (C8H18).
Ils sont associés aux grands gisements de gaz naturel, mais parfois aussi au « gaz associé » abondamment produit par certains champs de pétrole.

Marché

Le marché des condensats de gaz naturel est en pleine expansion, tant pour un usage « domestique » (notamment dans les pays de l'OPEP) que pour l'exportation[2]. C'est le produit dont la production et la vente ont augmenté le plus vite dans les pays de l'OPEP (doublement entre 1995 et 2010[17]).

Cette « essence naturelle » (natural gasoline) a un indice d'octane trop bas pour pouvoir directement remplacer l'essence commerciale destinĂ©e aux moteurs des automobiles modernes. Elle doit ĂȘtre mĂ©langĂ©e Ă  des hydrocarbures un peu plus lourds.
Ces condensats sont Ă©galement de plus en plus combinĂ©s Ă  de l’éthanol (dans le cas du superĂ©thanol E85 par exemple, le contenu final d'octane Ă©tant assez Ă©levĂ© pour ĂȘtre utilisĂ© facilement dans les vĂ©hicules polycarburant.

Gisements

La plateforme de Tyra, un gisement de gaz naturel à condensats situé dans les eaux danoises.

Ils sont trĂšs divers, mais ces condensats sont produits Ă  partir de gisements de gaz non conventionnels forĂ©s de plus en plus profondĂ©ment. Les gisements sont situĂ©s dans les continents ou en offshore, gĂ©nĂ©ralement sous le plateau continental, comme en mer du Nord ou en Asie du Sud-Est (ex : Ă  5 664 mĂštres de profondeur par la filiale, Total E&P BornĂ©o (filiale de Total) et ses partenaires dans le bloc B dans lÂŽoffshore de Brunei ; puits le plus profond forĂ© au Brunei, qui a dĂ©bitĂ© vers 2010 (10 millions de pieds cubes de gaz et 220 barils par jour de condensats)[18]).

Production mondiale

La comptabilité internationale de ces produits est délicate. En effet, leur définition a changé dans le temps et a varié selon les pays.

Des années 1990 à 2010, ces condensats ont été de plus en plus commercialisés, soit en mélange avec le pétrole, soit avec des produits pétroliers, soit directement comme « condensats » ou « pétrole trÚs léger » (« very light crude oil »), ces condensats sont formellement exclus des objectifs et quotas de production de pétrole brut par l'OPEP[2].
Pourtant, en 2010 ils n’étaient toujours pas inclus dans la comptabilitĂ© officielle des « produits pĂ©troliers » des pays de l'OPEP (et donc non soumises aux quotas de production). Alors que dans la plupart des autres pays producteurs, ils Ă©taient considĂ©rĂ©s comme faisant intĂ©gralement partie de l'approvisionnement en pĂ©trole brut (« crude oil supply ») et gĂ©nĂ©ralement inclus dans la comptabilitĂ© des produits pĂ©troliers[2]. Ainsi, un rĂšglement europĂ©en du encadre les statistiques de l'Ă©nergie. Il dĂ©finit le pĂ©trole comme « Huile minĂ©rale d'origine naturelle constituĂ©e d'un mĂ©lange d'hydrocarbures et d'impuretĂ©s associĂ©es, soufre par exemple. Elle existe en phase liquide aux conditions normales de tempĂ©rature et de pression et ses caractĂ©ristiques physiques (densitĂ©, viscositĂ©, etc.) sont extrĂȘmement variables. Cette catĂ©gorie comprend aussi les condensats extraits des gaz associĂ©s ou non associĂ©s sur les gisements et les pĂ©rimĂštres d'exploitation lorsque ceux-ci sont mĂ©langĂ©s au brut commercial »[19] alors que les LGN sont « Les LGN sont des hydrocarbures liquides ou liquĂ©fiĂ©s obtenus Ă  partir du gaz naturel dans les installations de sĂ©paration ou de traitement du gaz. Les liquides de gaz naturel comprennent l'Ă©thane, le propane, le butane (butane normal et isobutane), le pentane et l'isopentane et les pentanes plus (parfois appelĂ©s essence naturelle ou condensat) ». Par ailleurs la dĂ©finition des « Produits primaires reçus » est la suivante : « Il s'agit des quantitĂ©s de pĂ©trole brut d'origine nationale ou importĂ©e (y compris les condensats) et de LGN d'origine nationale qui sont utilisĂ©es directement sans avoir Ă©tĂ© traitĂ©es dans une raffinerie de pĂ©trole, ainsi que des retours de l'industrie pĂ©trochimique qui, bien que n'Ă©tant pas des combustibles primaires, sont utilisĂ©s directement ».

Technique de production

Quand le « gaz brut » (raw gas pour les anglophones) sort sous pression du puits, la premiĂšre opĂ©ration consiste Ă  le dĂ©tendre et Ă  en extraire d’une part l’eau (plus ou moins chargĂ©e de sels minĂ©raux et de mĂ©taux), et d’autre part les condensats d’hydrocarbures qui se forment spontanĂ©ment Ă  la dĂ©compression du gaz ou Ă  son refroidissement, gĂ©nĂ©ralement prĂšs de sortie de puits.
En mer, ces condensats sont récupérés sur la plate-forme offshore ou sur une plate-forme industrielle proche le cas échéant (PUQ de la plate forme d'Elgin en mer du Nord par exemple).
Les autres composants extraits des puits (hydrocarbures C1 Ă  C4, dioxyde de carbone, sulfure d'hydrogĂšne et hĂ©lium, avec d’éventuels contaminants mĂ©talliques (mercure par exemple) forment un mĂ©lange gazeux Ă  tempĂ©rature ambiante, qui est acheminĂ© par gazoduc vers une usine d’épuration et prĂ©paration du gaz avant injection dans le rĂ©seau local ou transport pour exportation.

En fin de processus, les installations sont donc connectĂ©es Ă  deux rĂ©seaux de collecte, l’un dĂ©diĂ© au gaz et l’autre aux condensats liquides.

Dans cette usine (qui peut ĂȘtre proche des gisements, ou proche des lieux de consommation), le gaz subit ensuite une dĂ©shydratation par « point de rosĂ©e » du gaz (HDP ou HCDP pour « hydrocarbon dew point »), puis les diffĂ©rents composants sont sĂ©parĂ©s. Les hydrocarbures C2 Ă  C4 sont vendus sous le nom de gaz de pĂ©trole liquĂ©fiĂ© (GPL et non pas GNL). Le dioxyde de carbone est le plus souvent simplement rejetĂ© dans l'atmosphĂšre, sauf s'il y a un utilisateur proche. Parfois, on le rĂ©injecte dans une formation souterraine (sĂ©questration du CO2) pour rĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre. Le gaz acide est vendu Ă  l'industrie chimique ou sĂ©questrĂ©. L'hĂ©lium est sĂ©parĂ© et commercialisĂ©, s'il est prĂ©sent en quantitĂ© suffisante - dans certains cas, il reprĂ©sente une addition trĂšs importante aux revenus gĂ©nĂ©rĂ©s par le gisement.

Les condensats et les GPL ont une telle valeur marchande que certains gisements sont exploitĂ©s uniquement pour eux, le « gaz pauvre » (mĂ©thane) Ă©tant rĂ©injectĂ© au fur et Ă  mesure, faute de dĂ©bouchĂ©s locaux. MĂȘme lorsque l'essentiel du gaz pauvre est vendu, on en rĂ©injecte souvent une partie dans le gisement, pour ralentir la baisse de pression, et rĂ©cupĂ©rer finalement une plus grande partie des condensats et du GPL.

L'autre partie (la plus grande) est transportée par gazoduc ou par méthanier vers les lieux de consommation.

Composition des condensats de gaz naturel

Il y a une grande variĂ©tĂ© de champs gaziers produisant du « gaz humide » dans le monde. Chacun d’entre eux a sa propre signature chimique (pour ce qui est de la composition de gaz), et une densitĂ© et composition de condensat spĂ©cifique. La plupart du temps, un condensat de gaz a une densitĂ© comprise entre 0,5 Ă  0,8 et contient au moins[20] - [21] - [22] - [23];

  • Sulfure d'hydrogĂšne (H2S)
  • Monoxyde de carbone (CO)
  • des thiols autrefois regroupĂ©s sous le nom gĂ©nĂ©rique de mercaptan. Ce sont eux qui sont (en grande partie) responsable de l’odeur du gaz et des condensats. Ce sont aussi eux qui expliquent en grande partie la capacitĂ© Ă  remonter certains mĂ©taux et Ă©lĂ©ments toxiques) des profondeurs de la terre vers la surface (dont du mercure ; mercaptan vient du latin mercurius captans signifiant « qui capte le mercure »). Pour le chimiste des gaz et condensats, ces thiols sont souvent dĂ©signĂ©s par l’acronyme RSH oĂč « R » dĂ©signe un groupe organique tel qu'un groupe Ă©thyle ou mĂ©thyle, etc.).
  • Des alcanes (hydrocarbures saturĂ©s uniquement constituĂ©s d'atomes de carbone (C) et d'hydrogĂšne (H), liĂ©s entre eux par des liaisons simples), de formule type : CnH2n+2. Dans les condensats de gaz, ils contiennent 2 Ă  12 atomes de carbone C2 Ă  C12.
  • Cyclohexane
  • Aromatiques (benzĂšne, toluĂšne, xylĂšnes et Ă©thylbenzĂšne et parfois naphtalĂšnes)

Toxicité, écotoxicité

Au-delĂ  d'une certaine dose, certains des composants des condensats sont toxiques, reprotoxiques, cancĂ©rigĂšne et/ou mutagĂšnes ou Ă©cotoxiques dont pour la faune aquatique[24]. Les mĂ©taux et hydrocarbures induisent des mĂ©canismes de toxicitĂ© trĂšs diffĂ©rents, mais des effets de toxicitĂ©s cumulĂ©es ou de synergies toxiques encore mal compris et difficiles Ă  modĂ©liser et anticiper[25] - [26] semblent jouer, peuvent survenir entre certains de ces hydrocarbures et les mĂ©taux[27], dont pour les synergies entre HAP et Ă©lĂ©ments traces mĂ©talliques[28],de mĂȘme qu'une toxicitĂ© accrue quand il y a mĂ©thylation (du mercure par exemple, avec production de monomĂ©thylmercure hautement toxique et bioassimilable).

Accidents

Le , le MT Sanchi (pétrolier de type suezmax, naviguant sous pavillon de complaisance panaméen, appartenant à l'armateur pétrolier iranien NITC, transportant pour Hanwha Total Petrochemical [société codétenue à parité par le conglomérat Hanwha et le groupe français Total] 136 000 tonnes de condensats, percute au large de Shanghaï un cargo céréalier hongkongais et prend feu. Ses trente-deux marins meurent. Des fuites de condensat sont observées malgré sa double coque, et l'incendie du navire perdure une semaine jusqu'au dimanche . Ce jour le pétrolier coule en libérant une grande quantité de condensat, pouvant gravement affecter l'écosystÚme (dans une région fréquentée par des baleines, tortues, et riche en poissons et plancton). Le lendemain , une nappe d'hydrocarbure de plus de 100 km2, s'étendait sur plus de vingt kilomÚtres de long[29].

SĂ©paration des condensats du gaz naturel brut

Représentation schématique de la séparation des condensats du gaz naturel brut

Il y a littĂ©ralement des centaines de configurations possibles pour ce processus. Le SchĂ©ma de procĂ©dĂ© ci-contre n’en dĂ©crit qu’un des nombreux exemples possibles[30] Le flux de gaz provenant d’un ou plusieurs puits est refroidi, assez pour atteindre le point de condensation des hydrocarbures (en) ce qui provoque la condensation de l’eau et d’une bonne partie des « condensats » d’hydrocarbure les plus lourds.
Le mĂ©lange monophasique ou diphasique gaz sec + eau condensĂ©e & condensats de gaz est ensuite acheminĂ© vers un sĂ©parateur Ă  haute pression oĂč l'eau et les hydrocarbures condensĂ©s (qui surnagent sur l’eau parce que moins denses qu’elle) sont sĂ©parĂ©s. Le gaz naturel provenant du sĂ©parateur haute pression peut alors ĂȘtre envoyĂ© au compresseur principal vers un gazoduc.

En sortie du sĂ©parateur haute-pression, le condensat de gaz est dĂ©barrassĂ© d’une partie de son eau et s'Ă©coule Ă  travers une vanne automatique vers un second sĂ©parateur( Ă  basse pression cette fois). La brutale dĂ©compression du liquide aprĂšs la vanne de contrĂŽle provoque une vaporisation partielle du condensat, dite « Ă©vaporation flash » ou « vaporisation instantanĂ©e ».

De lĂ , la fraction gazeuse est envoyĂ©e avec le gaz naturel via un «booster» (compresseur) puis vers un refroidisseur et vers le compresseur principal de gaz. Ce dernier augmente la pression des gaz provenant des sĂ©parateurs (de haute et basse pression) jusqu’au niveau nĂ©cessaire au transport dans le gazoduc vers une unitĂ© de raffinage du gaz naturel. La pression finale nĂ©cessaire dĂ©pend de la longueur de la conduite conduisant le gaz Ă  l’usine de traitement du gaz oĂč le gaz sera mieux dĂ©shydratĂ©, dĂ©soufrĂ©, nettoyĂ© de ses derniĂšres impuretĂ©s. Puis l'Ă©thane (C2), le propane (C3), les butanes (C4), et les pentanes (C5) pourront ĂȘtre sĂ©parĂ©s d’ hydrocarbures de poids molĂ©culaire plus Ă©levĂ©s que C5 +- (dits C5 +) valorisables comme sous-produits.

L'eau retirĂ©e des deux sĂ©parateurs (haute et basse pression) doit ĂȘtre Ă©purĂ©es (de son sulfure d'hydrogĂšne au moins (H2S) avant de pouvoir ĂȘtre Ă©liminĂ©e ou rĂ©utilisĂ©e.

Une partie du gaz naturel brut peut ĂȘtre rĂ©injectĂ©e dans la formation gĂ©ologique d'oĂč vient le gaz pour y maintenir la pression du rĂ©servoir, ou pour un stockage provisoire en attendant par exemple la crĂ©ation d'un gazoduc.

Le Drip gas

Drip gas (signifie littĂ©ralement « Goutte Ă  goutte de gaz » ); il dĂ©signe un condensat de gaz qui forme une essence naturelle trouvĂ©e prĂšs de nombreux puits de gaz naturel et de pĂ©trole, et qui est un sous-produit de l'extraction du gaz naturel. Il est Ă©galement connu des Anglophones sous le nom de "condensat", "natural gasoline", "casing head gas", "raw gas", "white gas" and "liquid gold"[31] - [32] Ce “Drip gas” a des usages industriels en tant que nettoyant, dĂ©graissant et solvant, en tant que combustible de lampe Ă  pĂ©trole ou dans certains rĂ©chauds Ă  gaz ou cuisiniĂšres, ou comme additif dĂ©naturant pour l’alcool (Ă©thanol) utilisĂ© comme carburant.

Utilisation historique dans les véhicules

Certains des premiers moteurs Ă  combustion interne, tels que les premiers modĂšles construits par Karl Benz, et les premiers moteurs d’avion des frĂšres Wright utilisaient une essence naturelle, qui pourrait ĂȘtre soit du Drip gas ou des hydrocarbures d’une nature proche, distillĂ©s Ă  partir de pĂ©trole brut. L'essence naturelle a un indice d'octane d'environ 30 Ă  50, suffisant pour les moteurs Ă  faible compression du dĂ©but du XXe siĂšcle. À partir des annĂ©es 1930, les moteurs amĂ©liorĂ©s et des taux de compression plus Ă©levĂ©s requiĂšrent des essences raffinĂ©es Ă  indice d'octane beaucoup plus Ă©levĂ©, pour Ă©viter le cliquetis du moteur qui traduit une auto-inflammation (ou « auto-allumage ») du carburant.

Aux États-Unis, dans les zones de production pĂ©troliĂšre, Ă  partir de la Grande DĂ©pression, le « drip gas » a Ă©tĂ© utilisĂ© en substitution Ă  l'essence commerciale pour alimenter des moteurs rustiques ou de tracteurs. Parfois le moteur fonctionnait correctement, parfois il produisait des explosions bruyantes et Ă©mettait une fumĂ©e nausĂ©abonde[33].

Le chanteur folk américain Woody Guthrie commence son roman autobiographique Seeds of Man (Graines d'Homme) en décrivant son oncle Jeff cherchant à récupérer du « drip gas » dans une conduite de gaz naturel. Ce gaz est aussi mentionné dans La Balade sauvage, le film de Terrence Malick[34]

Il a Ă©tĂ© commercialisĂ© en AmĂ©rique du Nord dans les raffineries de gaz et les quincailleries jusqu'au dĂ©but des annĂ©es 1950. Le «White gas » vendu aujourd'hui est un produit similaire mais en rĂ©alitĂ© produit dans les raffineries oĂč le benzĂšne interdit Ă  la vente (cancĂ©rigĂšne, mutagĂšne) en a Ă©tĂ© retirĂ©[35]. Des vols de « drip gas » Ă©taient encore pratiquĂ©s dans les annĂ©es 1970 aux États-Unis[36]. Son usage dans les voitures et camions est dĂ©sormais illĂ©gal dans de nombreux États, et sa nocivitĂ© pour les moteurs modernes est Ă©tablie (faible indice d'octane, forte chaleur de la combustion, manque d'additifs). Il Ă©met une odeur particuliĂšre lorsqu'il est utilisĂ© comme combustible, ce qui a permis aux policiers de dĂ©tecter des gens utilisant illĂ©galement du gaz au « drip gas »[37] - [38]

Composition, mélanges

Aux États-Unis, la lĂ©gislation (Code of Federal Regulations) associe la dĂ©nomination drip gas Ă  un mĂ©lange de butane, pentane et hexane. Le « drip gas » peut ĂȘtre extrait et utilisĂ© pour dĂ©naturer les alcools lampants ou utilisĂ© comme combustible[39]

Traitement des condensats

Notes et références

  1. sur l'Ă©chelle API qui est dĂ©gressive ; c'est-Ă -dire que plus le degrĂ© API est haut, plus le pĂ©trole est lĂ©ger. Au Canada un pĂ©trole est dit « brut lĂ©ger » ou « brut moyen » jusqu’à 900 kg/m3 ; au-delĂ  il s'agira de « pĂ©trole lourd » ou de bitume
  2. CGES (Center for global energy studies), What are OPEC NGLs? CGES « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive), février 2010, d'aprÚs Global Oil Insight, consulté 2012-04-08
  3. TeachMeFinance, - Def : « Lease condensate », consulté 2012-04-09
  4. Industrie Canada, Glossaire canadien des termes du pétrole et du gaz « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive)
  5. Def : « Crude oil less lease condensate »
  6. Hall, A.; Griffin, D.; Steven, R. (October 2007). A discussion on wet gas flow parameter definitions. Proceedings of 25th North Sea Flow Measurement Workshop.
  7. Alexandre Rojey, Le gaz naturel : Production, traitement, transport Couverture, Éditions OPHRYS, 1994 - 430 pages
  8. TĂŒv Nel, An Introduction to wet gas flow metering (Introduction Ă  la mesure des dĂ©bits et composition des gaz humides) ; rĂ©sumĂ©
  9. Robert Bowman (1945)Production of natural gasoline, Engineering and science monthly, pdf, 10 pages
  10. International Energy Glossary (a page from the website of the Energy Information Administration)
  11. Natural gas processing « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive) (a page from the website of the Energy Information Administration)
  12. Gravier, p. 67 et 68 (avec graphes)
  13. température d'équilibre comprise entre la température critique et la température maximale d'existence sous deux phases
  14. J. F. Gravier, PropriĂ©tĂ©s des fluides de gisements ; École nationale supĂ©rieure du pĂ©trole et des moteurs (France). Centre d'Ă©tudes supĂ©rieures de dĂ©veloppement et d'exploitation des gisements
  15. Chambre syndicale de la recherche et de la production du pĂ©trole et du gaz naturel. Sous-Commission Production, Manuel de traitement des eaux d'injection Éditions TECHNIP, 1973 - 250 pages, (ISBN 2710802228)
  16. Chambre syndicale de la recherche et de la production du pĂ©trole et du gaz naturel. ComitĂ© des techniciens (sous-Commission Production) (1983) Manuel d'acidification des rĂ©servoirs ; Éditions TECHNIP, 116 pages, (ISBN 2-7108-0427-1) (Extraits)
  17. Voir fig 1, in CGES, What are OPEC NGLs? CGES « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive), février 2010, consulté 2012-04-08
  18. Le moniteur du commerce international, Total dĂ©couvre du gaz Ă  Brunei Brunei, Énergie, 2010-10-14
  19. RÚglement (CE) N° 1099/2008 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2008 concernant les statistiques de l'énergie, en application des traités CE/Euratom dont la publication est obligatoire ;4.11.2008 FR JOUE L 304/33 voir Chapitre 4 « Pétrole et produits pétroliers » ; §4.1 page 33/62 de la version PDF du texte en français, ou page 33 de la version papier
  20. Natural Gas Condensate « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive) ; Marathon Oil Company MSDS
  21. Natural Gas Condensate « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive) Phillips Petroleum Company, MSDS
  22. Condensate (Alaska) ConocoPhillips of Alaska MSDS
  23. Natural Gas Condensate Amerada Hess Corporation, MSDS
  24. Juan Bellas, Liliana Saco-Álvarez, Óscar Nieto, Ricardo Beiras, Ecotoxicological evaluation of polycyclic aromatic hydrocarbons using marine invertebrate embryo–larval bioassays (5th International Conference on Marine Pollution and Ecotoxicology ; Marine Pollution Bulletin Volume 57, Issues 6–12, 2008, Pages 493–502 (RĂ©sumĂ©) en ligne : 18 April 2008, consultĂ© 2012-04-14.
  25. Faust M, Altenburger R, Grimme LH (2000) Predictive Assessment of the Aquatic Toxicity of Multiple Chemical Mixtures. J Environ Qual 29:1063
  26. Price B, Borgert CJ, Wells CS, Simon GS (2002) Assessing toxicity of mixtures: the search foreconomical study designs. Human Ecol Risk Assess 8:305-326
  27. Kurt A. Gust; Ecotoxicology of metal-hydrocarbon mixtures in benthic invertebratees (Dissertation doctorale) ; Université de Louisiane, mai 2005
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  29. Risque d’une importante marĂ©e noire aprĂšs le drame du « Sanchi » Journal le marin ; PubliĂ© le 08/01/2018
  30. Simplified Process Flow Diagram
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  33. Oklahoma Historical Society, Encyclopedia of Oklahoma History and Culture « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive) (Encyclopédie de l'histoire et de la culture de l'Oklahoma)
  34. Badlands script « Copie archivée » (version du 6 août 2018 sur Internet Archive).
  35. http://fuel.papo-art.com/
  36. New Mexico State Police, 1933-2000.
  37. "Drip Gas Was A Real Gas for Me As A Kid" by Jack Cawthon, June 9 2004.
  38. Burning Drip Gas in Horntown, Oklahoma, by Clayton Adair.
  39. Matériaux autorisés comme carburant de l'alcool, Alcohol and Tobacco Tax and Trade Bureau (Bureau du commerce et des taxes sur l'alcool et le tabac), consulté 2008-03-06

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (fr) Viviane Du Castel, Le gaz, enjeu gĂ©oĂ©conomique du XXIe siĂšcle: L'exemple de l'Europe ; Éditions L'Harmattan, 2011 - 198 pages
  • (en) Frank Jahn, Mark Cook, Mark Graham, Hydrocarbon Exploration and Production ; Elsevier, - 384 pages
  • (fr) F. Daviau, InterprĂ©tation des essais de puits : les mĂ©thodes nouvelles ; École nationale supĂ©rieure du pĂ©trole et des moteurs (France). Centre d'Ă©tudes supĂ©rieures de dĂ©veloppement et d'exploitation des gisements
  • (fr) Chambre syndicale de la recherche et de la production du pĂ©trole et du gaz naturel, ComplĂ©tion et reconditionnement des puits : programmes et modes opĂ©ratoires ; Éditions TECHNIP, 1986 - 116 pages, Paris, (ISBN 2-7108-0492-1) (Extraits)

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