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Classification des hydrocarbures liquides

Cet article traite de la classification des hydrocarbures liquides. « Hydrocarbure » est à prendre au sens large, c'est-à-dire tout mélange de ceux-ci, sous la forme de pétrole naturel, ou produit synthétique similaire.

Par provenance

La production totale d'hydrocarbures liquides peut se décomposer comme suit :

  • « pĂ©trole brut » (ou « brut », crude en anglais) dĂ©signe le pĂ©trole issu d'un gisement naturel, et que l'on exploite sous forme liquide Ă  la pression atmosphĂ©rique. Cette appellation dĂ©signe donc un produit naturel avant raffinage, mais qui a dĂ©jĂ  perdu une partie de sa composition de gisement, la fraction d'hydrocarbures lĂ©gers quittant la phase liquide sur le lieu mĂŞme de son exploitation.
On parle de « brut conventionnel » pour être plus restrictif, en insistant sur l'exclusion des catégories qui suivent. L'ASPO a défini une catégorie encore plus exclusive, le pétrole dit « régulier », qui ajoute une classification par provenance, excluant l'offshore profond (plus de 500 mètres d'eau) et les régions situées au-delà des cercles polaires, mais qui inclut les condensats ;
  • les « condensats », dits aussi « pentane plus » ou « C5+ », ou « liquides de puits de gaz naturel » : ce nom dĂ©signe la fraction lĂ©gère allant du pentane (C5H12) jusqu'Ă  l'heptane (C7H16) ou l'octane (C8H18). Les condensats dĂ©signent la fraction d'hydrocarbures qui, en solution gazeuse dans le gisement, condensent sous forme liquide Ă  pression atmosphĂ©rique. Ils sont gĂ©nĂ©ralement associĂ©s aux grands gisements de gaz naturel, mais aussi au gaz associĂ© des champs de pĂ©trole.
C'est une contribution importante aux approvisionnements mondiaux, de l'ordre de Mbep/j, et il s'agit de plus de liquides de très haute qualité (légers et contenant peu de soufre).
Il est assez rare que les quantités concernant les condensats soient données explicitement, ils sont presque toujours inclus dans le pétrole brut, sauf pour les pays de l'OPEP, car ils sont exclus des quotas. Il arrive aussi que les condensats produits par les gisements exploités pour le pétrole brut soient comptés avec celui-ci, mais que ceux produits par les gisements de gaz soient comptés à part (c'est le cas aux États-Unis par exemple) ;
  • les « liquides de gaz naturel » (Ă©thane, propane, butane - C2 Ă  C4) restent des gaz Ă  tempĂ©rature ambiante, mais sont liquĂ©fiĂ©s dans les usines qui traitent le gaz, par cryogĂ©nie. On parle de « liquide d'usine de naturel ». Butane et propane sont souvent appelĂ©s gaz de pĂ©trole liquĂ©fiĂ© (GPL), mais, dans cette appellation, on ne distingue pas ceux qui viennent des usines de gaz naturel et ceux qui viennent du raffinage du pĂ©trole (qui contient aussi du butane et du propane en solution) ;
  • les pĂ©troles extra-lourds, trop visqueux pour ĂŞtre vendus directement (non transportables par pipeline), peuvent ĂŞtre mis sur le marchĂ© par deux mĂ©thodes :
    • on en produit du syncrude. On trouve ce type de production au Canada (Athabasca : 600 kbbl/j environ ; il s'agit de bitume, solide Ă  l'Ă©tat naturel) et au Venezuela (vallĂ©e de l'OrĂ©noque : plus de 550 kbbl/j ; liquide Ă  l'Ă©tat naturel). Il est produit via de coĂ»teuses opĂ©rations surtout s'il s'agit de bitume, notamment l'ajout d'hydrogène et l'injection de vapeur et/ou de solvants pour le liquĂ©fier in situ,
    • le pĂ©trole extra-lourd (de ces deux mĂŞmes rĂ©gions) vendu non transformĂ© en syncrude (donc de faible valeur). Il est soit mĂ©langĂ© Ă  des hydrocarbures lĂ©gers (condensats, brut lĂ©ger, syncrude ou naphta) pour donner un mĂ©lange suffisamment fluide pour le transport en pipeline, soit sous forme d'Ă©mulsion dans l'eau (Orimulsion vĂ©nĂ©zuĂ©lienne),
    • actuellement, seuls l'Athabasca et la vallĂ©e de l'OrĂ©noque produisent des pĂ©troles extra-lourds, mais il en existe des rĂ©serves (beaucoup plus petites) Ă  d'autres endroits : Madagascar, Russie, Alaska, Inde, etc. ;
  • les liquides de synthèse produits Ă  partir de charbon et de gaz naturel. L'Afrique du Sud est de loin le premier producteur (165 kbbl/j) et utilise surtout du charbon comme matière première. De nombreux projets sont Ă  l'Ă©tude dans divers pays (Qatar, Chine…) ;
  • les agrocarburants, de type biodiesel et alcool ;
  • le « gain de raffinage » : les raffineries, grâce notamment Ă  l'hydrocraquage (ajout d'hydrogène) produisent des liquides globalement un peu moins denses que le brut qu'elles achètent, il y a donc un gain en volume qu'il faut prendre en compte comme une catĂ©gorie de production si l'on veut que les chiffres de production et de consommation coĂŻncident. C'est quelque peu trompeur, puisque le gain de raffinage n'est Ă©videmment pas une source d'Ă©nergie. C'est un effet de l'habitude de mesurer le pĂ©trole en volume, alors qu'il aurait Ă©tĂ© plus rigoureux de le mesurer en masse, ou mieux encore en pouvoir calorifique (ce qui ne se pratique, semble-t-il, qu'en Nouvelle-ZĂ©lande).

Commentaires

Ces multiples catégories rendent difficile l'évaluation de la production et des réserves, car de nombreuses sources donnent des quantités sans indiquer clairement quelles catégories sont prises en compte ou pas. Il est souvent difficile de comparer deux pays en étant certain d'avoir des chiffres incluant exactement la même chose. De plus, les limites entre catégories sont parfois floues : ainsi, on considère en général que la limite entre bitumes et brut conventionnel est à 15° API (voir plus bas), mais cette valeur est arbitraire. Pour le Venezuela, elle se situe à 10° API. Une partie des quantités qu'il annonce doit donc être transférée dans la catégorie des pétroles non conventionnels.

On parle souvent de pétrole « conventionnel » contre « non conventionnel », mais là aussi cette distinction est sujette à interprétation. Souvent, le pétrole « conventionnel » désigne les catégories 1, 2 et 6, parfois seulement la catégorie 1. Certains classent même comme « non-conventionnels » certains pétroles bruts à haut coût de production, venant de gisements offshore très profonds (et ici encore la limite est variable : 300, 500 ou 1 000 mètres d'eau), de régions polaires (mer de Barents et Alaska, entre autres) ou de gisements matures en phase de récupération tertiaire (par exemple par injection de CO2).

Par qualité

Les pétroles (qu'il s'agisse des bruts conventionnels, de condensats, ou de syncrude) ne sont pas tous de la même qualité. Différentes échelles permettent de comparer les pétroles entre eux. Les plus importantes sont la densité et la teneur en soufre.

  • La « densitĂ© API » (conçue par le American Petroleum Institute) est utilisĂ©e dans le système anglo-saxon pour exprimer la densitĂ© du pĂ©trole. Un liquide dont le degrĂ© API est de 10° Ă  une tempĂ©rature de 15 °C, a une densitĂ© de 1,00 (soit celle de l'eau) Ă  la mĂŞme tempĂ©rature. Une densitĂ© de 22° API Ă  15 °C Ă©quivaut Ă  0,9218 de densitĂ© Ă  15 °C et 35° API Ă  15 °C Ă©quivaut Ă  0,8498 de densitĂ© Ă  15 °C. La limite infĂ©rieure du pĂ©trole conventionnel est gĂ©nĂ©ralement placĂ©e Ă  15° API.
    On parle généralement de brut lourd pour moins de 20° API, moyen dans les 20 à 30° API et léger au-delà, mais ces bornes varient selon les pays. Les pétroles les plus légers sont les plus convoités par les raffineurs, car ils donnent directement de nombreuses coupes légères de grande valeur (diesel, essence, naphta). À l'inverse, les pétroles lourds donnent plus de produits, tels que des bitumes et du fioul résiduel, qu'il faut soit vendre tels quels à bas prix, soit convertir en coupes plus légères, notamment par hydrocraquage (ajout d'hydrogène).
  • La teneur en soufre varie considĂ©rablement d'un gisement Ă  l'autre et donc d'un mĂ©lange commercial Ă  l'autre, de 0,03 % Ă  quelque 5 %. Le soufre est un polluant que les raffineurs doivent retirer (du moins dans les pays ayant des lois contre les pluies acides), il diminue donc la valeur du brut. On place en gĂ©nĂ©ral Ă  0,5 % de soufre la limite entre pĂ©trole « doux » (sweet) et « acide » (sour). Un brut peut ĂŞtre :
    • TBTS (très basse teneur en soufre) ;
    • BTS (basse teneur en soufre) ;
    • MTS (moyenne teneur en soufre) ;
    • HTS (haute teneur en soufre) ;
    • THTS (très haute teneur en soufre).
  • Outre ces deux Ă©chelles principales, il y a nombre d'autres critères de qualitĂ©, parmi lesquels on peut citer la viscositĂ©, l'aciditĂ©, les ratios entre types d'hydrocarbures (cycliques ou non, saturĂ©s ou non), et les teneurs en azote, en mĂ©taux lourds, en sels.
Classification des bruts
% S du fioul
Rdt % du fioul
Brut TBTS
≤ 0,5 % S
Brut BTS
≤ 1,0 % S
Brut MTS
≤ 2,0 % S
Brut HTS
≤ 3,0 % S
Brut THTS
> 3 % S
Très léger
Rdt ≤ 31 % Pds

Hassi-Messaoud
Zarzaitine
Nigeria Light
Brent
LĂ©ger
Rdt ≤ 38 % Pds
Nigeria Forcados
Nigeria MĂ©dium
Bréga
Zuétina
Murban Qatar
Zakhum
Berri
Umm ShaĂŻff
Moyen
Rdt ≤ 48 % Pds
EkofiskEs Sider Agha Jari
Ashtart
Arabe LĂ©ger
Tatar
Basrah
Kirkuk
Lourd
Rdt > 48 % Pds
Amna
Bassin Parisien
Gamba
Emeraude / Loango
Loango
EmeraudeGrondin / Mandji
mélange
Grondin Buzurgan
Kuwait
Safaniya (Arabe lourd)
Tia Juana
Bachaquero
Rospo Mare

Commentaires

Le prix d'un pétrole donné est déterminé par rapport aux bruts qui servent de référence (Brent en Europe, West Texas Intermediate aux États-Unis, Minas en Asie du Sud-Est, etc.). Un pétrole donné, selon sa qualité et sa distance du marché (pour refléter le prix du transport, qui atteint quelquefois 4 euros par baril), se voit attribuer un différentiel de prix par rapport au brut de référence. Ce différentiel est le plus souvent négatif, puisque les bruts qui servent de référence sont des pétroles de très bonne qualité et disponibles près des centres de consommation. Il varie aussi selon le marché.

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