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Cinéma sonore

Le cinĂ©ma sonore (ou cinĂ©ma parlant) dĂ©signe les films permettant la vision d’images animĂ©es enregistrĂ©es et simultanĂ©ment l’audition d’une bande-son enregistrĂ©e. Les films ainsi prĂ©sentĂ©s sont dĂ©signĂ©s indiffĂ©remment comme des films sonores ou films parlants. Restrictivement, cette expression dĂ©signe les films d’aprĂšs 1926-1927, les opposant Ă  la pĂ©riode du cinĂ©ma muet (films muets). Elle est ainsi nommĂ©e depuis l’avĂšnement du son enregistrĂ© sur disque en 1926 par procĂ©dĂ© Vitaphone. À celui-ci succĂšde en 1927 le premier son enregistrĂ© sur pellicule argentique nĂ©gative puis reportĂ© sur les copies d'exploitation louĂ©es aux salles de cinĂ©ma, par procĂ©dĂ© appelĂ© « son optique » (son sur film).

Le sénateur texan Tom Connally fait une démonstration de tir devant des caméras couplées à des enregistreurs sonores (1938).

Histoire du cinéma sonore

Un phonographe Ă  cylindre de cire d'Edison, Ă©quipĂ© d’un pavillon amplificateur.

La premiĂšre camĂ©ra argentique du cinĂ©ma, le kinĂ©tographe, enregistre dĂšs 1890 les premiers films du cinĂ©ma. Le kinĂ©toscope, destinĂ© Ă  les visualiser, est nĂ© en 1891 Ă  West Orange dans le New Jersey. C'est l'inventeur William Kennedy-Laurie Dickson, sous la houlette de l'industriel et inventeur Thomas Edison, qui en est le maĂźtre d'Ɠuvre.
Quelques années plus tard, le Français Louis LumiÚre invente un appareil, appelé le cinématographe, qui sert à la fois de caméra et de projecteur. La premiÚre projection publique payante mondiale a lieu le dans le Salon Indien du Grand Café, boulevard des Capucines à Paris.
Thomas Edison, inventeur du phonographe, rĂȘvait d'immortaliser en son et en images les prestations des artistes enregistrĂ©s sur cylindres de cire (ancĂȘtres des disques). « On pourrait ainsi assister Ă  un concert du Metropolitan Opera cinquante ans plus tard, alors que tous les interprĂštes auraient disparu depuis longtemps »[1]. Il charge son ingĂ©nieur Ă©lectricien William Dickson, de travailler sur son projet, imaginant de coupler sur le mĂȘme axe de rotation, un cylindre d'enregistrement phonographique et un cylindre directement enduit de bromure d'argent, le tout enfermĂ© dans une boĂźte Ă©tanche Ă  la lumiĂšre. Un objectif se dĂ©place sur une vis sans fin, recevant la lumiĂšre du sujet visĂ© et la dirigeant sur le cylindre en rotation. Un obturateur Ă  pales provoque l'enregistrement espacĂ© des instantanĂ©s selon le procĂ©dĂ© du stroboscope. Le cylindre est ensuite plongĂ© dans les bains de traitement successifs et en ressort sous forme de nĂ©gatif aux valeurs inversĂ©es : noir pour blanc, blanc pour noir. Pour obtenir un rĂ©tablissement de ces valeurs et permettre la manipulation des clichĂ©s, une feuille de papier photosensible est enroulĂ©e autour du cylindre que l'on Ă©claire de l'intĂ©rieur. Selon la technique du tirage contact, les diffĂ©rents photogrammes sont ainsi reportĂ©s sur cette feuille, qui peut ensuite ĂȘtre dĂ©coupĂ©e. Ses essais sont visibles Ă  l'Ɠil nu, image par image, mais comme les essais Ă  la mĂȘme Ă©poque de Louis AimĂ© Augustin Le Prince, le procĂ©dĂ© sur papier ne permet pas de visionner les images photographiques en mouvement, le support Ă©tant opaque et fragile. Dickson tourne ainsi trois essais : Monkeyshines, No. 1, No. 2 et No. 3.

Ces essais ne sont pas concluants, d'autant que la place nécessaire à l'enregistrement des images est beaucoup plus vaste que celle nécessitée par le seul enregistrement sonore et le cylindre image est en conséquence surdimensionné. De plus, le coulissement de l'objectif tout au long de ce cylindre au cours de la prise de vues fait que les images sont floues. « Des silhouettes blanches s'agitent sur un fond noir et sont généralement aussi inhumaines que des pantins. On peut les comparer à des ombres chinoises en négatif »[2], écrit l'historien du cinéma Georges Sadoul.

Mais Edison se procure le film souple en celluloĂŻd (nitrate de cellulose), inventĂ© en 1888 par John Carbutt, et commercialisĂ© par l'industriel George Eastman sous la forme de rouleaux de 70 mm de large, sans perforations. Selon les directives et croquis d'Edison, Laurie Dickson et son aide, William Heise, dĂ©veloppent un nouveau modĂšle de camĂ©ra, le kinĂ©tographe, dont Edison dĂ©pose de nombreux brevets internationaux. C'est la premiĂšre camĂ©ra argentique de l'histoire dont les films conservĂ©s prouvent la fonctionnalitĂ©. Elle est munie d'une seule optique et entraĂźnĂ©e par un moteur Ă©lectrique. « The cinema, as we know it today, began with the invention of the Kinetograph and Kinetoscope. These two instruments represent the first practical method of cinematography » (le cinĂ©ma, tel que nous le connaissons aujourd'hui, commença avec l'invention du kinĂ©tographe et du kinĂ©toscope. Ces deux machines sont la premiĂšre mĂ©thode rĂ©ussie de prise de vues cinĂ©matographique)[3]. Le kinĂ©tographe contient un bobineau de pellicule 19 mm Ă  dĂ©filement horizontal d'environ 17 mĂštres de longueur, qui passe dans l'appareil en moins d'une minute. L'unique rangĂ©e de perforations, assurant les diffĂ©rents dĂ©filements — continu et alternatif — est situĂ©e en bas des photogrammes, Ă  raison de six perforations par image. Les photogrammes sont circulaires, comme dans les jouets optiques (qui sont les premiĂšres applications des essais d’images animĂ©es, dont la durĂ©e — cyclique — est tout au plus de deux secondes) et ils ont un diamĂštre d’environ 13 mm. Les premiers films sont ensuite visionnĂ©s grĂące au kinĂ©toscope, une machine de visionnement individuel, dĂ©veloppĂ©e par Dickson, dont Edison dĂ©pose un brevet valable seulement aux États-Unis, la machine lui paraissant n'ĂȘtre qu'un premier pas vers la mise au point de son projet final : enregistrer le son et l’image simultanĂ©ment et les reproduire de la mĂȘme façon. « Cent quarante-huit films sont tournĂ©s entre 1890 et septembre 1895 par Dickson et William Heise »[4].

ModÚle de film à perforations Edison et à défilement vertical.
L'intérieur du « Black Maria », avec le kinétographe et un phonographe pour un jeu en « play-back ».

Cependant, l'image du 19 mm est jugĂ©e trop petite et Ă  partir de 1893, Edison et son Ă©quipe dĂ©cident de dĂ©couper la bande Eastman de 70 mm par son milieu, crĂ©ant deux galettes au format 35 mm de large, qu'ils font dĂ©filer cette fois verticalement dans la camĂ©ra en la munissant de deux rangĂ©es de quatre perforations rectangulaires sur chacun des bords. « Edison fit accomplir au cinĂ©ma une Ă©tape dĂ©cisive, en crĂ©ant le film moderne de 35 mm, Ă  quatre paires de perforations par image »[5].

Pour alimenter les Kinetoscope Parlors, ces premiĂšres salles de cinĂ©ma, qu’Edison ouvre partout aux États-Unis et en Europe, le premier studio de cinĂ©ma est construit Ă  Orange, le "Black Maria", un bĂątiment sommaire orientable en fonction du soleil. Les essais de couplage son et images avec un phonographe sont rares, les difficultĂ©s de synchroniser deux supports totalement diffĂ©rents sont loin d’ĂȘtre levĂ©es. Edison tente de lancer le kinĂ©tophone en 1895, mais le succĂšs n’est pas Ă  l’appel et les frĂšres LumiĂšre, encouragĂ©s par le succĂšs des films Edison qui se rĂ©pandent partout dans le monde, viennent en Europe de prĂ©senter une camĂ©ra plus perfectionnĂ©e que ses ancĂȘtres amĂ©ricains, le cinĂ©matographe, mis au point par Louis LumiĂšre et Jules Carpentier, qui reprend ce que le Français Émile Reynaud utilise depuis 1892 avec ses films peints directement sur la pellicule : la projection sur grand Ă©cran. Le cinĂ©matographe, imitĂ©, contrefait, comme l’avait Ă©tĂ© le kinĂ©toscope d’Edison, balaye son concurrent qui n’offre au public qu’une visualisation individuelle au moyen d’un Ɠilleton. Les Kinetoscope Parlors ferment et dorĂ©navant, ce sont dans des salles de cinĂ©ma qu'aura lieu une projection des programmes, devant un public rassemblĂ© et plongĂ© dans l’obscuritĂ© complĂšte.

Émile Reynaud avait compris, dĂšs 1892, que pour accompagner les Ă©motions du public, et mĂȘme les amplifier, une bonne musique s’avĂ©rait nĂ©cessaire. Elle a aussi le pouvoir de calmer la gĂȘne, voire l’angoisse, des spectateurs plongĂ©s Ă  plusieurs dans l’obscuritĂ© d’une salle. Aussi, est-il le premier Ă  commander des partitions de musique spĂ©cialement prĂ©vues pour ses films Ă  un pianiste de ses amis, Gaston Paulin. Il expĂ©rimente mĂȘme un systĂšme de dĂ©clenchement automatique de quelques bruits, entraĂźnĂ© par le dĂ©placement de ses bandes et des contacts Ă©lectriques judicieusement placĂ©s sur les bords de cette bande. Les bandes de Reynaud, qu’il nomme « pantomimes lumineuses », sont d’une durĂ©e exceptionnelle : de 90 secondes Ă  5 minutes, alors que les films Edison et les vues photographiques animĂ©es LumiĂšre ne dĂ©passent pas 1 minute[6].

Car si le cinĂ©ma n’est pas encore sonore, dĂšs les premiĂšres projections, l’ambiance d’une salle est loin d’ĂȘtre silencieuse. Outre les rĂ©actions du public (rires ou cris de surprise), la tradition, venue des projections de dessins lanternes magiques qu’ont connues les XVIIe siĂšcle et XVIIIe siĂšcle, et des projections de plaques de verre photographiques de la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, fait que les sĂ©ances sont toujours accompagnĂ©es de commentaires divers, prononcĂ©s soit par le lanterniste, soit par un bonimenteur « qui Ă©maille chaque projection de commentaires, soit dramatiques soit amusants, inventant et jouant des dialogues, changeant de voix selon qu’il s’agit d’un homme, d’une femme ou d’un enfant. »

Comme au thĂ©Ăątre ou dans les opĂ©ras, le projectionniste, ou le bonimenteur, ou un bruiteur professionnel (selon le luxe de la salle), provoquent des bruits Ă  l’aide d’accessoires astucieux, « des noix de coco pour les sabots des chevaux, des grelots pour les calĂšches, une tĂŽle de fer pour l’orage, une planchette articulĂ©e pour les coups de feu, un ventilateur armĂ© d’un carton frottant sur les pales pour les moteurs de voiture, et bien d’autres accessoires »[7]. Les vendeurs de films livrent bientĂŽt avec la pellicule un guide qui permet Ă  l’exploitant de la salle de prĂ©voir les accessoires nĂ©cessaires au bruitage et donnent des indications de commentaires et de dialogues, « pour tenter d’imposer un fil conducteur et de canaliser la verve des bonimenteurs »[7]. Le mĂȘme phĂ©nomĂšne traditionnel fait que les films seront soutenus par diffĂ©rentes musiques dĂšs que les perfectionnements techniques permettront de dĂ©passer la durĂ©e d’une seule minute qu’avaient tous les films de 1891 Ă  1900.

Histoire des procédés sonores

Ce que nous appelons aujourd’hui le cinĂ©ma muet disposait ainsi de moyens divers pour meubler le silence des projections, mais ces moyens Ă©taient Ă  la fois hĂ©tĂ©roclites, improvisĂ©s, alĂ©atoires, et il fallait les renouveler d’une sĂ©ance Ă  l’autre et d’une salle Ă  l’autre. Le but Ă  atteindre Ă©tait donc de pouvoir transporter avec la pellicule un support spĂ©cifique contenant les sons. Deux directions vont prĂ©sider au dĂ©veloppement de ce qui va s’appeler le cinĂ©ma sonore ou cinĂ©ma parlant : le son sur disque et le son sur film.

Le Synchro-Ciné de l'ingénieur Delacommune permettait de synchroniser, par une bande perforée comme celle des limonaires, les sons avec la projection. Il permettait un cinéma sonore, mais pas parlant. L'arrivée du son sur film termina précocement sa carriÚre, bien que de nombreuses salles fussent équipées d'orgues mécaniques, dont les Wurlitzer étaient les plus célÚbres et monumentales.

Son sur disque

Couple kinétoscope et phonographe à cylindres de cire (Kinétophone).

La premiĂšre direction s’imposait par l’existence depuis dĂ©jĂ  deux dĂ©cennies d’une machine Ă  enregistrer et Ă  reproduire les sons : le phonographe, imaginĂ© par Charles Cros, mais rĂ©ellement mis au point, fabriquĂ© et commercialisĂ© par Thomas Edison. En 1895, son assistant, l’ingĂ©nieur Ă©lectricien William Kennedy Laurie Dickson, enregistre simultanĂ©ment l’image et le son, grĂące Ă  un couple formĂ© par la camĂ©ra KinĂ©tographe qu’il a conçue dĂšs 1891 d’aprĂšs les croquis d’Edison, et un phonographe dans sa configuration d’enregistrement.

Dickson Experimental Sound Film (1894), Laurie Dickson au violon. La bande image Ă©tait conservĂ©e dans le fonds Edison de la BibliothĂšque du CongrĂšs, et un cylindre de cire gravĂ© l’était dans la collection Edison National Historic Site. Le rapprochement des deux supports date des annĂ©es 1990. L’air jouĂ© au violon est la barcarolle La Chanson du mousse (Acte I, scĂšne 1, air no 3), tirĂ©e de Les Cloches de Corneville (« Va, petit mousse, le vent te pousse
 »).

Ce premier film sonore est conservĂ© sous le titre Dickson Experimental Sound Film. On y voit Dickson en personne qui « interprĂšte au violon une ritournelle du compositeur français Jean-Robert Planquette, il n’est pas trĂšs bon violoniste et ça grince un peu. Pourtant, cet essai signe le premier film sonore. Dickson joue devant une sorte de grand entonnoir destinĂ© Ă  rĂ©colter le son. »[8] C'est le seul film rĂ©alisĂ© pour le projet car, en mars 1895, lorsque la sociĂ©tĂ© Edison Manufacturing Studios met cet appareil sur le marchĂ©, les films joints sont des films muets figurant dĂ©jĂ  dans le catalogue Edison, et les exploitants doivent se contenter de choisir parmi une gamme de cylindres celui qui leur convient pour offrit un semblant de rythme avec l'image[9]. Par exemple, trois cylindres diffĂ©rents sont proposĂ©s pour accompagner Carmencita : Valse Santiago, La Paloma et Alma-Danza Spagnola.

Affiche annonçant les artistes présentés aux projections de cinéma sonore du systÚme Phono-Cinéma-Théùtre à l'exposition universelle de Paris (1900).

Lors de la prise de vues et de la prise de son, les deux appareils sont mis en mouvement simultanĂ©ment. Selon le mode de visionnement qui a cours chez Edison Ă  cette Ă©poque, le kinĂ©toscope est Ă©quipĂ© d’un phonographe Ă  cylindre et la mise en branle de l’image fait aussitĂŽt dĂ©marrer le phonographe. C’est le principe du son sur disque.

AprĂšs le succĂšs indiscutable des projections LumiĂšre, Edison fut forcĂ© d’acquĂ©rir un dispositif de projection, lui qui avait toujours refusĂ© de s’y intĂ©resser malgrĂ© les conseils pressants de Laurie Dickson. Pour un temps, la reproduction du son passa au second plan. Mais le couple appareil de projection – phonographe succĂ©da sans problĂšme au couple kinĂ©toscope – phonographe et c’était chose acquise. Ce procĂ©dĂ© fut repris Ă  l’Exposition universelle de 1900 Ă  Paris, mais cet exemple montre bien que le couple son et image ne pouvait ĂȘtre considĂ©rĂ© Ă  l’époque que comme une curiositĂ©, qui n’allait pas dans le sens oĂč se dĂ©veloppait dorĂ©navant le cinĂ©ma : une industrie lucrative.

Alice Guy en 1896.
Chronomégaphone Gaumont de 1910.

Pourtant, une expĂ©rience marquante eut pour cheville ouvriĂšre la premiĂšre rĂ©alisatrice, la Française Alice Guy, qui, pour le compte de LĂ©on Gaumont, entreprit, de 1902 Ă  1917, la production d’environ 700 films sonorisĂ©s avec le principe du couple son sur disque, dont elle rĂ©alisa les premiers numĂ©ros, baptisĂ©s phonoscĂšnes. Il s’agissait de filmer un artiste d’opĂ©ra, ou de music-hall, ou un comĂ©dien cĂ©lĂšbre, avec une astuce qui allait devenir plus tard indispensable dans l’industrie musicale : le playback. L’avantage du procĂ©dĂ© est que l’enregistrement du son nĂ©cessite un silence ambiant complet et demande Ă©ventuellement de recommencer. Or, les camĂ©ras de prise de vues Ă©mettaient Ă  l’époque un bruit de crĂ©celle extrĂȘmement nĂ©faste pour la prise de son. Il Ă©tait donc indispensable de sĂ©parer les deux opĂ©rations. On enregistrait d’abord un disque 78 tours Ă  l’aide d’un gramophone (Ă©quivalent Ă  disque du phonographe Ă  cylindre), puis, sur le plateau du studio, on opĂ©rait la prise de vues en demandant Ă  l’artiste d’écouter son propre disque en chantant Ă  l’unisson. La reprĂ©sentation devant le public couplait ensuite un appareil de projection et un gramophone, dĂ©marrĂ©s ensemble. Une phonoscĂšne durait tout au plus 3 Ă  4 minutes, car la synchronisation des deux machines se dĂ©faisait Ă  mesure que le temps passait : les labiales se dĂ©calaient, et le mouvement des lĂšvres ne correspondait plus au son entendu. 3 Ă  4 minutes, c’était le temps d’une chanson ou la durĂ©e d’un sketch. Pour des durĂ©es plus importantes, par exemple un air d’opĂ©ra, la prestation Ă©tait effectuĂ©e sur 2 disques successifs. Gaumont avait d’ailleurs fait mettre au point un appareil de projection comportant deux tourne-disques qui se dĂ©clenchaient successivement, le chronomĂ©gaphone, dont le son Ă©tait propulsĂ© par deux pavillons. GrĂące Ă  Gaumont et Ă  Alice Guy, il a Ă©tĂ© conservĂ© quelque 140 phonoscĂšnes[10] qui offrent un Ă©ventail inestimable des artistes lyriques du dĂ©but du XXe siĂšcle.

Procédé Vitaphone : à l'arriÚre de l'appareil de projection, une sorte de tabouret (au centre) : le lecteur de disque gravé (l'un des opérateurs tient un disque).

En 1924, « Western Electric dĂ©veloppe aux États-Unis, en collaboration avec Bell Telephone Laboratories, un systĂšme de synchronisation sonore, le Vitaphone, qui reprend le procĂ©dĂ© du disque gravé  Cette fois, les ingĂ©nieurs de Western Electric ont Ă©quipĂ© l’appareil de projection et le phonographe de moteurs Ă©lectriques synchrones qui entraĂźnent les deux machines Ă  la mĂȘme vitesse. À l’époque, pour des raisons de sĂ©curitĂ© et de commoditĂ©, tous les films sont projetĂ©s en galettes de dix minutes. Pour ne pas interrompre la sĂ©ance, les cabines des cinĂ©mas sont Ă©quipĂ©es d’un double poste de projecteurs qui fonctionnent en alternance. Le Vitaphone propose de coupler chaque galette de film avec un disque gravĂ© de dix minutes et d’utiliser deux phonographes. Comme les disques des phonographes du marchĂ© tournent Ă  78 tours par minute et durent de 4 Ă  6 minutes, pour obtenir la durĂ©e nĂ©cessaire de dix minutes, sans augmenter le diamĂštre des disques, ce qui les aurait fragilisĂ©s, la vitesse de rotation, Ă  l’enregistrement comme Ă  la lecture, est diminuĂ©e de 78 tours Ă  33 tours 1/3 par minute. »[11].

Affiche de Don Juan.

Mais les nombreux incidents qui ont Ă©maillĂ© toutes les tentatives de son sur disque n’incitent pas le monde du cinĂ©ma Ă  investir dans un systĂšme nouveau qui n’a pas encore fait ses preuves. En 1926, cependant, la firme amĂ©ricaine Warner Bros. (quatre frĂšres entrĂ©s dans le cinĂ©ma comme projectionnistes itinĂ©rants), prend un pari risquĂ© en investissant tout son capital dans l’acquisition des droits d’exploitation du procĂ©dĂ© Vitaphone. Elle achĂšte dans Manhattan un thĂ©Ăątre en dĂ©liquescence et le transforme en salle de cinĂ©ma Ă©quipĂ©e du procĂ©dĂ©.

Le soir de la projection inaugurale de Don Juan Ă  Manhattan.

Warner Bros. produit alors un trĂšs long mĂ©trage sonore (3 heures de projection), Don Juan, avec l’une des stars de l’époque, le comĂ©dien John Barrymore. C’est encore un film dont on n’entend pas les dialogues ; ils sont Ă©crits sur des intertitres et les bouches des comĂ©diens s’ouvrent sans qu’on n’entende leur voix. Mais la bande musicale est abondante, mĂ©langeant allĂšgrement de la musique classique et des chansons, et diffusant des effets de bruit. L’intelligentsia new yorkaise se presse au guichet de la salle qui tient ainsi l’affiche durant plusieurs mois. Le pari des frĂšres Warner est gagnĂ©, mais la partie n’est pas finie[12].

En 1926 Ă©galement, la firme produit Une scĂšne dans la plantation, un film de dix minutes oĂč Al Jolson, grimĂ© en pauvre journalier noir, chante une berceuse bien rythmĂ©e, Rock-a-Bye Your Baby with a Dixie Melody, et deux autres chansons[13], mais soudain, il regarde droit dans l’objectif de la camĂ©ra, interrompt sa chanson et se met Ă  parler. Au cours des projections, « les spectateurs sont enthousiasmĂ©s car, ĂŽ miracle ! le chanteur s’adresse Ă  la camĂ©ra, donc Ă  eux, et les interpelle avec une rĂ©partie devenue cĂ©lĂšbre », « Attendez, attendez une minute
 Vous n’avez encore rien entendu ! », qu’il reprend plus tard dans Le Chanteur de jazz (Wait a minute, wait a minute, you ain't heard nothin' yet !)[12]. C'est rĂ©ellement le premier film parlant.

En 1927, dopĂ©s par ce succĂšs, les frĂšres Warner produisent le long mĂ©trage Le Chanteur de jazz, avec le mĂȘme procĂ©dĂ© Vitaphone. Mais de mĂȘme que pour Don Juan, les dialogues du film sont tous Ă©crits sur des cartons d'intertitres et sont prononcĂ©s "en muet" (on n'entend pas les comĂ©diens). Ce film est un triomphe et lance en mĂȘme temps le cinĂ©ma sonore, la Warner qui va devenir l’une des plus puissantes sociĂ©tĂ©s de production amĂ©ricaines, et fait d’Al Jolson, dĂ©jĂ  cĂ©lĂšbre aux États-Unis, une cĂ©lĂ©britĂ© internationale, tout en annonçant la fin des films sans paroles.

Son sur film

Piste Movietone à densité variable (à gauche). Piste Photophone à densité fixe (à droite).

Comme ce succĂšs prouve le dĂ©sir du public d’entendre le son direct des voix dans un film, la Fox Film Corporation reprend en 1927 le principe d’enregistrement photographique du son sur pellicule qu’avait imaginĂ© — sans toutefois rĂ©ussir Ă  le rendre fiable — antĂ©rieurement le Français Eugene Lauste, employĂ© aux laboratoires de Thomas Edison aux cĂŽtĂ©s de William Dickson. La Fox dĂ©veloppe ainsi la technique du son enregistrĂ© sur une pellicule argentique nĂ©gative puis reportĂ© sur les copies d'exploitation louĂ©es aux salles de cinĂ©ma, dit « son optique », que la Fox dĂ©pose sous l’appellation Movietone. L’inconvĂ©nient de ce procĂ©dĂ©, dit « Ă  densitĂ© variable », est que le son s’altĂšre avec l’usure de la copie et va jusqu’à devenir inaudible. Aussi, en 1928, Radio Corporation of America (RCA) lance-t-elle le son Photophone qui est dit « Ă  densitĂ© fixe » et qui va supplanter le procĂ©dĂ© Ă  densitĂ© variable car il rĂ©siste aux alĂ©as de l'exploitation des copies dans les salles de cinĂ©ma.

Un cadreur et un preneur de son (à gauche, portant le micro), sur un tournage avec le procédé Movietone.

La piste optique est nĂ©e, le son et les photogrammes figurent dĂ©sormais sur le mĂȘme support, parfaitement solidaires, transportables sous la seule et unique forme de la copie film. Bien qu’à ses dĂ©buts de moindre qualitĂ© que le son sur disque Vitaphone, le son optique s’imposa rapidement dans le monde entier et des amĂ©liorations successives remĂ©diĂšrent Ă  ses dĂ©fauts originels.

Piste optique Ă  densitĂ© fixe sur film 35 mm, qui Ă©vince le procĂ©dĂ© Ă  densitĂ© variable.

En raison de cette concurrence sur le plan de la qualitĂ© avec le systĂšme Vitaphone, les deux sociĂ©tĂ©s commercialisant le son optique prĂ©fĂšrent judicieusement Ă©viter la guerre entre leurs diffĂ©rents procĂ©dĂ©s, Movietone et Photophone, mais aussi recherchent un accord avec les industriels europĂ©ens. À l'instigation de la RCA, les deux sociĂ©tĂ©s amĂ©ricaines prĂ©sentent un Ă©quipement de projection compatible, ce qui signifie que les films tournĂ©s avec n'importe lequel des deux systĂšmes peuvent ĂȘtre projetĂ©s dans toute salle Ă©quipĂ©e[14]. Reste la concurrence europĂ©enne, et notamment allemande avec Tobis-Klangfilm.

En mai 1930, la Western Electric gagne un procĂšs en Autriche qui annule la protection des brevets de la Tri-Ergon, une sociĂ©tĂ© allemande qui avait dĂ©posĂ© un brevet de son optique dĂšs 1919, sans application pratique[15]. Cette victoire juridique arrange Tobis-Klangfilm qui Ă©tait confrontĂ© Ă  ce mĂȘme dĂ©pĂŽt de brevet antĂ©rieur. Un accord est signĂ© entre les AmĂ©ricains et les Allemands, portant sur un brevet commun, la compatibilitĂ© des enregistrements et la division du monde en trois zones pour la fourniture des Ă©quipements. Un rapport contemporain le dĂ©crit ainsi : « Tobis-Klangfilm dĂ©tient l'exclusivitĂ© des droits afin de fournir l'Ă©quipement pour : l'Allemagne, Danzig, l'Autriche, la Hongrie, la Suisse, la TchĂ©coslovaquie, la Hollande, les Indes nĂ©erlandaises, le Danemark, la SuĂšde, la NorvĂšge, la Bulgarie, la Yougoslavie et la Finlande. Les AmĂ©ricains ont l'exclusivitĂ© des droits pour : les États-Unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-ZĂ©lande, l'Inde et la Russie. Tous les autres pays, dont l'Italie, la France et l'Angleterre, sont ouverts aux deux parties »[16].

Le triomphe des films parlants

CamĂ©ra Debrie Parvo blimpĂ©e, installĂ©e sur un solide pied-boule, contrĂŽlĂ©e par le chef-opĂ©rateur suĂ©dois Åke Dahlqvist (annĂ©es 1930).

L'avĂšnement du cinĂ©ma sonore va bouleverser la façon de fabriquer un film, plus qu'il ne va influencer le style du rĂ©cit filmique. « Le bruit de crĂ©celle de la camĂ©ra n’est pas le bienvenu lors des prises de vue sonores, elle se voit enfermĂ©e avec son opĂ©rateur dans une cabine insonorisĂ©e et se retrouve avec un fil Ă  la patte. Allait-on oublier les travellings, les panoramiques et les subtilitĂ©s du dĂ©coupage ? SĂ»rement pas, mais l’on peut se fĂ©liciter que le cinĂ©ma soit nĂ© muet, car, privĂ© des dialogues, il a Ă©tĂ© obligĂ© d’inventer son propre langage qui en 1926, Ă  l’arrivĂ©e du sonore, touche Ă  la perfection. »[17]. Le dĂ©faut de virtuositĂ© va durer peu de temps car on va vite Ă©quiper la camĂ©ra d'un caisson d'isolation phonique portable, qu'on appelle un « blimp », oĂč l'on installe la camĂ©ra lors des prises de son, et que l'on double parfois d'une sorte de doudoune, quand on s'approche des comĂ©diens pour les filmer en gros plan. La camĂ©ra va ainsi perdre de sa maniabilitĂ© du cinĂ©ma muet et son poids osciller entre 50 et 150 kilos. Mais l'industrie du cinĂ©ma devra affronter des difficultĂ©s plus Ă©pineuses, la technique ne sera pas un obstacle.

Adaptation esthétique du muet au sonore

Affiche de Le Chanteur de jazz (1927).

En septembre 1926, Jack Warner, Ă  la tĂȘte de la Warner Bros., aurait dĂ©clarĂ©, Ă  propos de ceux qui cherchent Ă  faire aboutir le cinĂ©ma sonore : « Ils ne comprennent pas qu'il faut tenir compte de ce langage silencieux qu’est le cinĂ©ma et de la part inconsciente qu’apporte chaque spectateur dans le rĂ©cit de l'action, et des dialogues muets qu’il imagine »[18]. Le succĂšs considĂ©rable du film chantant sur Vitaphone, Le Chanteur de jazz (3 millions de dollars de recettes sur le seul sol amĂ©ricain), puis la mise au point des procĂ©dĂ©s d’enregistrement optique du son sur la pellicule, s’ils furent la dĂ©monstration irrĂ©futable d’une attente du public international, mirent quelques annĂ©es Ă  s’imposer, compte tenu des bouleversements techniques qu’impliquait la prise de son en direct.

Le krach de 1929 plonge le monde dans la Grande Dépression, mais les divertissements, comme le cinéma, sont un remÚde pour supporter la crise et leur activité ne faiblit pas.

Pour parer Ă  une Ă©ventuelle dĂ©fection du public, plusieurs films tournĂ©s selon la technique du muet, sortent, ou ressortent, affublĂ©s d’une bande son (son sur disque d’abord, puis surtout son sur film) qui sert essentiellement Ă  transporter la musique en parfaite synchronisation avec l’image, et aussi Ă  introduire des ambiances parlĂ©es. C’est ainsi que l’adaptation du roman de Victor Hugo, L'Homme qui rit, magistralement rĂ©alisĂ©e en muet par Paul Leni, ressort en salle avec une bande son incluant des bruits de foule, c’est-Ă -dire des voix non individualisĂ©es ne nĂ©cessitant pas l’indispensable synchronisme des sons avec le mouvement des lĂšvres. L’utilisation de ce grondement de foule en colĂšre permet au cinĂ©aste et aux autres rĂ©alisateurs qui accueillent immĂ©diatement cette possibilitĂ© d’expression — mĂȘme chez ceux qui repoussent au dĂ©but l’idĂ©e d’un cinĂ©ma sonore — de renforcer « l’importance du hors-champ dans la construction dramatique d’un film en crĂ©ant le hors-champ sonore qui fait imaginer par la bande son une action se dĂ©roulant hors du cadrage »[19]. L’historien du cinĂ©ma Georges Sadoul note que dans le film franco-allemand Sous les toits de Paris, RenĂ© Clair « crĂ©ait un train moins par le passage d’une fumĂ©e[20] que par le chuintement de la locomotive et le roulement des wagons »[21].

Affiche américaine de La Passion de Jeanne d'Arc (1929).

Une leçon que retient le cinĂ©aste allemand Fritz Lang en 1930 avec son M le maudit, quand la mĂšre de la fillette enlevĂ©e par le violeur d’enfants, appelle dĂ©sespĂ©rĂ©ment : « Elsie ! », sa voix rĂ©sonne tragiquement dans l’escalier de l’immeuble, dans la cour, puis dans la rue
 sans rĂ©ponse. Sadoul rappelle que les cinĂ©astes soviĂ©tiques les plus importants, Grigori Alexandrov, Vsevolod Poudovkine et SergueĂŻ Eisenstein, opposĂ©s Ă  l’introduction du son dans les films, reconnaissent cependant les vertus expressives du son hors-champ en tant que contrepoint de l’image.

MalgrĂ© cela, il faut remarquer qu’un des plus grands succĂšs de l’époque, La Passion de Jeanne d'Arc du rĂ©alisateur danois Carl Theodor Dreyer, rĂ©alisĂ© en 1927 et sorti en 1928 en Europe et 1929 aux États-Unis, est un film 100 % muet car la production n’avait pas pu accĂ©der au matĂ©riel nĂ©cessaire et Dreyer s’était rĂ©signĂ© Ă  tourner sans enregistrer les sons qu’il aurait cependant aimĂ© ajouter, la musique, les murmures de la foule et surtout les nombreux dialogues concernant le procĂšs de Jeanne. Le rĂ©sultat est Ă  la fois superbe et dĂ©cevant, qu’analyse bien Sadoul : « Pendant la majeure partie du film, l’action progresse seulement par les questions des juges et les rĂ©ponses de la Pucelle. On guette les paroles sur les lĂšvres molles de Cauchon (l’acteur Sylvain) et la bouche pathĂ©tique de Jeanne (l’actrice Falconetti). S’il s’agit d’un oui ou d’un non, ils se comprennent par les seuls mouvements. Mais pour une phrase, les sous-titres deviennent nĂ©cessaires. La perpĂ©tuelle intervention de ces pancartes rompt le rythme admirable des trĂšs gros plans »[22].

Il s’agit lĂ  d’une vĂ©ritable condamnation esthĂ©tique du cinĂ©ma muet


En effet, dans les premiĂšres annĂ©es, l’introduction du cinĂ©ma sonore, et notamment du cinĂ©ma parlant, pose des problĂšmes aussi bien esthĂ©tiques, que commerciaux et techniques.

Adaptation commerciale du muet au sonore

Aux États-Unis, le cinĂ©ma parlant provoque une chute de la production. « On dut rĂ©duire le nombre des films, qui tomba de 900 ou 1000 au temps du Muet, Ă  5 ou 600 avec le Parlant. On abaissa en mĂȘme temps le prix de revient moyen des productions, et les grandes compagnies, qui Ă©ditaient un programme par semaine, multipliĂšrent le nombre des films « B », films rĂ©alisĂ©s en peu de temps, avec un petit budget »[23]. Car le pari commercial du cinĂ©ma sonore n’est pas gagnĂ©. Le tout-parlant risque en effet de faire perdre aux productions — et cela est valable aussi bien pour les films amĂ©ricains que pour les films europĂ©ens qui perdent Ă  partir de cette Ă©poque le succĂšs qu’ils avaient en tant que films muets — le marchĂ© Ă©tranger, qui Ă©tait ouvert au cinĂ©ma muet moyennant la confection peu coĂ»teuse d’intertitres en langue vernaculaire. « L’hĂ©sitation amĂ©ricaine Ă©tait due Ă  des raisons plus Ă©conomiques que techniques : un film entiĂšrement dialoguĂ© menaçait de priver Hollywood de ses dĂ©bouchĂ©s Ă©trangers. À Paris, on cria : « En français ! » quand on y prĂ©senta les premiers films amĂ©ricains parlants. À Londres, on siffla l’accent yankee, alors ridicule et presque incomprĂ©hensible pour le grand public britannique »[24]. En Europe, les deux sociĂ©tĂ©s allemandes Tobis, sociĂ©tĂ© affiliĂ©e Ă  la Tri-Ergon, et Klangfilm dĂ©veloppent des technologies de prise de sons et de projection sonore pour contrecarrer les coĂ»teux brevets amĂ©ricains, mais le premier film parlant français, Les Trois Masques, rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Hugon en 1929 utilise le procĂ©dĂ© amĂ©ricain Photophone et pour cette raison il est tournĂ© dans les studios d'Elstree en Grande-Bretagne qui, eux, sont Ă©quipĂ©s pour le film parlant.

« Les films muets Ă©taient enregistrĂ©s le plus souvent Ă  une cadence de 16 Ă  18 images par seconde. À l’avĂšnement du cinĂ©ma sonore, pour obtenir une bonne qualitĂ© du son optique, la cadence de prise de vues a Ă©tĂ© poussĂ©e Ă  24 images par seconde »[25], ce qui augmente d’un tiers la vitesse de dĂ©filement de la bande son, aussi bien lors de l’enregistrement sur pellicule nĂ©gative que lors de sa restitution dans les salles sur pellicule positive. Ce qui est aussi, en terme Ă©conomique, une augmentation d’un tiers des dĂ©penses liĂ©es Ă  la pellicule (consommation Ă  la prise de vues, frais de dĂ©veloppement, frais de tirages). Les producteurs n'ont pas d'autres choix : soit s'adapter — y compris pour ceux qui rĂ©futent le cinĂ©ma parlant mais acceptent le cinĂ©ma sonore (musique, bruits) — soit faire faillite.

Le premier film parlant europĂ©en qui obtient un certain succĂšs est signĂ© Alfred Hitchcock (alors ĂągĂ© de 29 ans) : Chantage (Blackmail). « AprĂšs beaucoup d’hĂ©sitations, les producteurs avaient dĂ©cidĂ© que ce serait un film muet, sauf pour la derniĂšre bobine, car on faisait alors la publicitĂ© de certaines productions en annonçant : “film partiellement sonore”. En vĂ©ritĂ©, je me doutais que les producteurs changeraient d’avis et qu’ils auraient besoin d’un film sonore, alors j’avais tout prĂ©vu en consĂ©quence. J’ai donc utilisĂ© la technique du parlant mais sans le son. GrĂące Ă  cela, lorsque le film a Ă©tĂ© terminĂ©, j’ai pu m’opposer Ă  l’idĂ©e d’un “partiellement sonore”, et l’on m’a donnĂ© carte blanche pour tourner Ă  nouveau certaines scĂšnes. La vedette allemande, Anny Ondra, parlait Ă  peine l’anglais et comme le doublage, tel qu’il se pratique aujourd’hui, n’existait pas encore, j’ai tournĂ© la difficultĂ© en faisant appel Ă  une jeune actrice anglaise, Joan Barry, qui Ă©tait dans une cabine placĂ©e hors-cadre, et qui rĂ©citait le dialogue devant son microphone pendant qu’Anny Ondra mimait les paroles »[26]. La bande son de Chantage reçoit Ă©galement un bon accueil de la part des critiques. L’un d’eux, Hugh Castle, Ă©crit Ă  ce propos : « Peut-ĂȘtre le plus intelligent mixage sonore et silencieux que nous n'avons jamais vu »[27]. Le film muet survit ainsi quelques annĂ©es, donnant encore au cinĂ©ma des chefs-d’Ɠuvre tels que Les LumiĂšres de la ville (City Lights) de Charlie Chaplin (United Artists) ou Tabou (Tabu) de Friedrich Wilhelm Murnau et Robert Flaherty (Paramount).

Aux États-Unis, comme l'historien Richard B. Jewell le souligne, « la rĂ©volution du son a provoquĂ© la chute de beaucoup de petites sociĂ©tĂ©s de productions qui Ă©taient incapables financiĂšrement de suivre cette nouvelle conversion »[28]. Ce qui a renforcĂ© les cinq plus importantes sociĂ©tĂ©s de production : Warner Bros., Metro-Goldwyn-Mayer, Paramount Pictures, 20th Century Fox et RKO Pictures (fusion avec Radio Corporation of America-RCA) et a profitĂ© Ă  trois autres, plus petites (« Little Three ») mais Ă©galement classĂ©es sous l’appellation de majors : Columbia Pictures, Universal Pictures et United Artists (sociĂ©tĂ© crĂ©Ă©e par Charlie Chaplin, Mary Pickford, Douglas Fairbanks et D. W. Griffith). Un rapprochement que l'historien Thomas Schatz justifie « parce que les studios furent obligĂ©s de rationaliser leurs productions et de compter sur leurs propres ressources, le style des films et le talent des crĂ©ateurs artistiques furent plus remarquĂ©s que jamais. Ainsi, la pĂ©riode critique de l'avĂšnement du cinĂ©ma sonore dans le dĂ©but de la crise financiĂšre mondiale vit la paradoxale union des grands studios avec les entreprises individuelles qui dĂ©bouchaient avec leurs particularitĂ©s respectives dans l'industrie du cinĂ©ma »[29].

Madamu to nyobo de Heinosuke Gosho (1931), une production des studios Shochiku, fut le premier succÚs commercial et critique du cinéma sonore japonais.

Que dire des salles d’Europe, d’Asie et d’Afrique ? Partout en Europe, la conversion des salles prenait du retard par rapport Ă  la production, exigeant que les films parlants soient produits en parallĂšle dans une version muette, ou simplement projetĂ©s sans le son. À la fin des annĂ©es 1930, seules 60 % de salles britanniques Ă©taient Ă©quipĂ©es pour les films sonores, de mĂȘme qu'aux États-Unis, et en France, prĂšs de la moitiĂ© des salles l’aurait Ă©tĂ© dĂšs 1932[30]. En Union soviĂ©tique, au printemps 1933, moins de 1 % des appareils de projection du pays Ă©tait Ă©quipĂ© pour les films sonores[31].

Pendant les annĂ©es 1920 et 1930, le Japon est l'un des deux plus gros producteurs de films, aux cĂŽtĂ©s des États-Unis. Bien que l'industrie cinĂ©matographique du pays s’aligne parmi les premiĂšres Ă  produire des films sonores et parlants, l'Ă©quipement des salles semble avoir Ă©tĂ© plus lent qu'en Occident. Deux des rĂ©alisateurs majeurs du pays, Yasujirƍ Ozu et Mikio Naruse, ne tournent d'ailleurs pas leur premier film sonore avant 1935. En 1938, plus d'un film sur trois au Japon est sans dialogue[32]. Avec le systĂšme Minatoki de son sur disque, le studio Nikkatsu produit deux films parlants en 1929 : Taii no musume et Furusato (Le Pays natal), ce dernier tournĂ© par Kenji Mizoguchi. Le studio rival, Shƍchiku, commença alors, avec succĂšs, la production de films parlants, utilisant des systĂšmes de son sur film, en 1931, dont le procĂ©dĂ© Ă  densitĂ© variable Tsuchibashi[33].

La survivance du cinĂ©ma japonais muet s’explique par le traditionnel Benshi, un narrateur qui accompagne la projection d'un film en expliquant ce qui se passe. Comme le dĂ©crira le cinĂ©aste Akira Kurosawa plus tard, le benshi « ne racontait pas seulement l'intrigue du film, il augmentait le cĂŽtĂ© Ă©motionnel en reprenant les voix et les effets sonores, il fournissait une description des Ă©vĂ©nements et des images projetĂ©es
 Le narrateur le plus populaire Ă©tait entiĂšrement responsable de la clientĂšle d'une salle »[34].

L'Inde fut aussi un des bĂ©nĂ©ficiaires de l’avĂšnement du film sonore pour des raisons semblables, liĂ©es Ă  la culture du pays, et notamment Ă  la puissance et la popularitĂ© de la musique et de la chanson[35]. « Avec l'arrivĂ©e des films parlants et grĂące Ă  la musique, le cinĂ©ma indien dĂ©veloppa par lui-mĂȘme un genre bien particulier, diffĂ©rent de toute la production mondiale »[36]. En l'espace d'une dĂ©cennie et sans soutien de l'État ni barriĂšres douaniĂšres, plus de 90 % des films projetĂ©s en Inde furent des productions locales[37]. La plupart des premiers films parlants indiens furent tournĂ©s en hindi Ă  Bombay, qui reste aujourd'hui le centre de production principal, mais le tournage de films sonores se propagea rapidement Ă  travers ce pays multilingue. DĂšs 1931, des films parlants en bengali et en hindi furent tournĂ©s Ă  Calcutta[38]. En 1932, le film Heer Ranjha, en hindoustani, fut produit Ă  Lahore au Pendjab. En 1934, Sati Sulochana est le premier film parlant kannada, tournĂ© Ă  Kolhapur (Maharashtra). Srinivasa Kalyanam fut le premier film parlant tamoul tournĂ© au Tamil Nadu[39]. En 1932, la majoritĂ© des productions de longs mĂ©trages Ă©taient sonores ; deux ans plus tard, 164 des 172 longs mĂ©trages indiens Ă©taient sonores[40].

Adaptation technologique du muet au sonore

Tournage de plusieurs films muets d'Edison sur un seul plateau, vers 1907.
Show Girl in Hollywood (1930), l'un des premiers films sonores sur la réalisation.
Un microphone ancien.

À court terme, toute la chaĂźne des Ă©quipements liĂ©s aux films, est affectĂ©e par l'introduction du son. D’abord, l’ambiance mĂȘme des plateaux change du tout au tout. Dans la premiĂšre dĂ©cennie du XXe siĂšcle, et mĂȘme durant la seconde dĂ©cennie, Ă  l’exception des superproductions, la majoritĂ© des dĂ©cors « Ă©taient encore limitĂ©s Ă  une feuille de fond et Ă  de trĂšs courts retours latĂ©raux. Pour rentabiliser les studios, il Ă©tait courant de tourner deux films diffĂ©rents dans des dĂ©cors disposĂ©s l’un Ă  cĂŽtĂ© de l’autre sur le mĂȘme plateau, le cinĂ©ma Ă©tait encore muet, il n’y avait pas de preneur de son pour rĂ©clamer le silence »[41]. Non seulement cette pratique n’est plus possible, et le coĂ»t des tournages en studio, oĂč seul un tournage peut se tenir dorĂ©navant, s’en trouve d'autant multipliĂ©, mais encore il faut isoler les locaux des bruits extĂ©rieurs (trains, voitures, cris, foule, etc.). Les plateaux vitrĂ©s des premiers films, recherchĂ©s pour leur Ă©clairage naturel, ne sont dĂ©sormais plus utilisables.


Un studio devient par nĂ©cessitĂ© « une boĂźte strictement calfeutrĂ©e et insonorisĂ©e »[23], dans laquelle la circulation du personnel et des artistes est strictement contrĂŽlĂ©e. L’éclairage est plus que jamais Ă©lectrique. Au dĂ©part, ce sont des lampes Ă  vapeur de mercure installĂ©es en « rampes » ; leurs radiations, incomplĂštes, ne perturbent pourtant pas les films, dont la plupart sont tournĂ©s en noir et blanc. Ces rampes Cooper-Hewitt diffusent une lumiĂšre douce et diffuse, obligeant Ă  utiliser des lampes Ă  arc nu, plus directives. Ces lampes Ă  arc, qui permettent de moduler la lumiĂšre, sont prisĂ©es par ces nouveaux super techniciens que sont les directeurs de la photographie qui font partie maintenant de toute Ă©quipe de tournage de fiction[23]. Or, ces lampes Ă  arc sifflent en fonctionnant. Il faut donc les retirer des studios ; les lampes Ă  incandescence vont les remplacer.

De nouveaux rites apparaissent sur les plateaux de tournage : coup de klaxon pour exiger le silence gĂ©nĂ©ral avant une prise de vues/prise de son, clap reliĂ© Ă  l’ardoise oĂč sont inscrits habituellement Ă  la craie les numĂ©ros de la sĂ©quence et du plan que l’on va tourner et qui permet maintenant d’émettre en plus un signal visuel et un signal sonore simultanĂ©s, nĂ©cessaires Ă  la synchronisation des sons et de l’image lors du montage.

Un problĂšme plus Ă©pineux apparaĂźt aussitĂŽt : les camĂ©ras, parfois encore Ă  manivelle, mais le plus souvent Ă©quipĂ©es de moteur Ă©lectrique, Ă©mettent un bruit caractĂ©ristique dont le niveau est incompatible avec une prise de son correcte. « Le bruit de crĂ©celle de la camĂ©ra n’est pas le bienvenu lors des prises de vue sonores, elle se voit enfermĂ©e avec son opĂ©rateur dans une cabine insonorisĂ©e et se retrouve avec un fil Ă  la patte. Allait-on oublier les travellings, les panoramiques et les subtilitĂ©s du dĂ©coupage? »[42]. Les talkies ont dĂ©jĂ  mis en pratique le statisme imposĂ© par l’enregistrement des dialogues, qui « morcela systĂ©matiquement le dĂ©coupage et se caractĂ©risa bientĂŽt par une cadence pendulaire alternant champ et contrechamp »[23]. D'abord enfermĂ©es dans des cabines, les camĂ©ras seront par la suite installĂ©es Ă  l'intĂ©rieur de caissons spĂ©ciaux transportables : les blimps.

Techniquement, le problĂšme majeur avec ses consĂ©quences financiĂšres lourdes, Ă©tait celui de l’équipement des milliers de salles Ă  travers le monde. Les salles qui ont pu utiliser de simples systĂšmes acoustiques avec le Vitaphone, doivent maintenant se plier Ă  l’obligation de s’équiper en appareils de projection sonores Ă  lecteur de piste optique, ou du moins de modifier leur installation originelle, mais aussi d’acheter les premiers amplificateurs Ă  lampes et les premiers haut-parleurs. Une mise de fonds importante dont les propriĂ©taires de salles ne pourront pas Ă©viter s’ils veulent suivre les goĂ»ts nouveaux du public. La plupart des salles de cinĂ©ma amĂ©ricaines, surtout en bordure des zones urbaines, ne possĂšdent pas encore le matĂ©riel sonore nĂ©cessaire Ă  la projection des films sonores.

Adaptation des artistes du muet au sonore

Pochette du disque 45 tours Singing in the rain.
Pochette du disque 45 tours Singing in the rain.

Certains cinĂ©astes cĂ©lĂšbres — mais aussi comĂ©diens, et cette dualitĂ© n’est pas pour rien dans leur choix — refusent ce passage au parlant, tels Charlie Chaplin ou Buster Keaton, qui sont Ă  l’apogĂ©e de leur popularitĂ©. Encore en 1936, dans son film Les Temps Modernes, Chaplin en vient mĂȘme Ă  introduire la parole sous une forme parodique et dĂ©risoire : une chanson en mots tous incomprĂ©hensibles (grommelot), Je cherche aprĂšs Titine[43] qui fait rire le monde entier mais ne rapporte pas un cent Ă  son compositeur. Chaplin y voit essentiellement un moyen de dĂ©montrer la supĂ©rioritĂ© du mime sur les mots.

D’autant qu’une partie du cinĂ©ma parlant dĂ©gĂ©nĂšre dans ce que la critique amĂ©ricaine appelle avec mĂ©pris les talkies, « ces films bavards plutĂŽt mĂ©diocres oĂč les comĂ©diens s’époumonent dans des micros que l’on dissimule derriĂšre les accessoires du dĂ©cor
 Des carriĂšres de comĂ©diens photogĂ©niques mais Ă  la voix impossible, s’effondrent en un jour. Ce dont se moque si cruellement mais si drĂŽlement le film de Stanley Donen et de Gene Kelly, Chantons sous la pluie »[44] qui date, lui, de 1952, et que reprend plus tard encore le rĂ©alisateur français Michel Hazanavicius avec The Artist (2011).

  • Norma Talmadge vers 1919.
    Norma Talmadge vers 1919.
  • Emil Jannings en 1926.
    Emil Jannings en 1926.
  • Greta Garbo et John Gilbert en 1929.
    Greta Garbo et John Gilbert en 1929.
  • Louise Brooks vers 1929.
    Louise Brooks vers 1929.
  • Lillian Gish en 1920.
    Lillian Gish en 1920.
  • Colleen Moore en 1922.
    Colleen Moore en 1922.
  • Douglas Fairbanks en 1923.
    Douglas Fairbanks en 1923.
  • MaryPickford en 1923.
    MaryPickford en 1923.
  • Gloria Swanson en 1920.
    Gloria Swanson en 1920.

Ainsi, des stars telles que Norma Talmadge, Emil Jannings, John Gilbert, déçoivent le public qui dĂ©couvre une voix contradictoire avec leur physique. L'actrice Louise Brooks, qui passe avec succĂšs le cap du parlant, raconte cependant avec dĂ©senchantement que les dirigeants des studios profitĂšrent de ce bouleversement pour revoir Ă  la baisse les salaires de tout un chacun : « Ce fut une trop belle opportunitĂ© pour rompre des contrats, diminuer des salaires, et amadouer les stars »[45]. Celle qui fut, comme beaucoup d’autres, exigeante, capricieuse, et chĂšre, subit difficilement les vexations rĂ©pĂ©tĂ©es et finit par rompre son contrat. La belle Lillian Gish, l’une des dĂ©couvertes de D. W. Griffith, disparaĂźt des plateaux oĂč elle ne revient que plus tard, dans des rĂŽles de femme ĂągĂ©e mais Ă©nergique, comme dans La Nuit du chasseur ou Le Vent de la plaine. On peut citer d’autres cĂ©lĂ©britĂ©s importantes comme Colleen Moore, Douglas Fairbanks et Mary Pickford, autre dĂ©couverte (et associĂ©e) de Griffith. Gloria Swanson voit aussi sa carriĂšre pĂ©ricliter et ce n’est pas par hasard que Billy Wilder lui donne en 1950 le rĂŽle d’une star dĂ©chue du cinĂ©ma muet dans Boulevard du crĂ©puscule.

  • Al Jolson en 1913.
    Al Jolson en 1913.
  • Eddie Cantor en 1928.
    Eddie Cantor en 1928.
  • Jeanette MacDonald en 1934.
    Jeanette MacDonald en 1934.
  • Les Marx Brothers en 1931.
    Les Marx Brothers en 1931.
  • James Cagney et Joan Blondell en 1933.
    James Cagney et Joan Blondell en 1933.
  • Richard Barthelmess en 1934.
    Richard Barthelmess en 1934.
  • Helen Vinson et Clive Brook en 1934.
    Helen Vinson et Clive Brook en 1934.
  • Bebe Daniels vers 1925.
    Bebe Daniels vers 1925.
  • Norma Shearer en 1920.
    Norma Shearer en 1920.

En revanche, les comĂ©diens issus du thĂ©Ăątre ou du vaudeville et des variĂ©tĂ©s, oĂč des chanteurs (comme Al Jolson), s’adaptent facilement aux contraintes de l’enregistrement sonore : Eddie Cantor, Jeanette MacDonald, et les Marx Brothers sont des habituĂ©s de la chanson, James Cagney et Joan Blondell, venant de Broadway, sont engagĂ©s par la Warner Bros. dĂšs 1930. Cependant, il ne faut pas croire que l’arrivĂ©e du parlant provoqua une hĂ©catombe parmi les comĂ©diens. Plusieurs d’entre eux furent aussi cĂ©lĂšbres durant l'Ăšre du cinĂ©ma muet que durant celle du cinĂ©ma sonore : Richard Barthelmess, Clive Brook, Bebe Daniels, Norma Shearer, le duo Laurel et Hardy. Janet Gaynor est devenue une cĂ©lĂ©britĂ© Ă  la naissance du cinĂ©ma parlant, mais d’abord dans des films sonores sans dialogue, par exemple L'Heure suprĂȘme et L'Aurore. Joan Crawford suivit son exemple dans Our Dancing Daughters (1928). Quant Ă  Greta Garbo, celle qui allait devenir « la Divine », elle Ă©tait native de SuĂšde, et parlait anglais avec un accent qui a plu au public amĂ©ricain qui fit d’elle une cĂ©lĂ©britĂ© hollywoodienne. Ce fut la mĂȘme trajectoire qui porta l'Allemande Marlene Dietrich et son accent particulier, de Berlin Ă  Hollywood.

  • Janet Gaynor en 1937.
    Janet Gaynor en 1937.
  • Joan Crawford en 1932.
    Joan Crawford en 1932.
  • Greta Garbo en 1925.
    Greta Garbo en 1925.
  • Marlene Dietrich en 1931.
    Marlene Dietrich en 1931.

L’enregistrement de la musique, d’abord avec le procĂ©dĂ© Vitaphone, puis avec les procĂ©dĂ©s de son sur film, toucha aussi une profession qui s’était dĂ©veloppĂ©e dans les 35 premiĂšres annĂ©es du cinĂ©ma : les instrumentistes qui jouaient au pied de l’écran, accompagnant les pĂ©ripĂ©ties du film au moyen de musique plus ou moins improvisĂ©e, le plus gĂ©nĂ©ralement un pot-pourri d’airs connus empruntĂ©s Ă  diffĂ©rents rĂ©pertoires : opĂ©ra, music-hall, musique classique ou populaire. Cet accompagnement musical faisait vivre un pianiste, ou un organiste, ou alors une petite formation de quatre ou cinq musiciens, la dĂ©pense Ă©tant liĂ©e au luxe plus ou moins grand de la salle de cinĂ©ma. Il y avait donc des accompagnements « pauvres » et des accompagnements « riches ». Le son enregistrĂ© nivelle ces diffĂ©rences : le son fait maintenant partie du film, il est vendu ou louĂ© avec le programme. Les pianistes, les violoneux, les organistes n’ont plus leur place dans les salles. Ainsi, aux États-Unis, la FĂ©dĂ©ration des musiciens amĂ©ricains (American Federation of Musicians) recense quelque 22 000 emplois perdus de 1926 Ă  1928. Tandis que la commande de bandes originales fait Ă©merger une centaine de compositeurs[46]. En continuant Ă  protester contre la perte d'emplois due Ă  l'utilisation de la « musique en conserve », l'AFM impose des cachets minimaux pour enregistrer les musiques de film sur Vitaphone et sur Movietone ou Photophone. Une publicitĂ© de 1929, apparue dans Pittsbutgh Press, montre l’image d'une boĂźte mĂ©tallique Ă©tiquetĂ©e « Musique en conserve / Super tintamarre / Garantie allergique Ă  l’intelligence et aux Ă©motions. » et l’article dĂ©nonce « le dĂ©clin de la musique en tant que dĂ©marche artistique »[47].

Notes et références

  1. (en) W.K.Laurie Dickson & Antonia Dickson, préface de Thomas Alva Edison, History of the Kinetograph, Kinetoscope and Kineto-Phonograph, facsimile edition, The Museum of Modern Art, New York, 2000, (ISBN 978-0870700385)
  2. Sadoul 1968, p. 16
  3. (en) John Barnes (dir.), The Beginnings of the cinema in England : 1894-1901, vol. 1 : 1894-1896, Exeter (Devon), University of Exeter Press, (1re éd. 1976), 294 p. (ISBN 978-0-85989-954-3), préface
  4. Laurent Mannoni, La Machine cinéma, Paris, Lienart & La CinémathÚque française, , 307 p. (ISBN 9782359061765), p. 38
  5. Sadoul 1968, p. 11
  6. Marie-France Briselance et Jean-Claude Morin, Grammaire du cinéma, Paris, Nouveau Monde, , 588 p. (ISBN 978-2-84736-458-3), p. 21-23
  7. Briselance et Morin 2010, p. 160-161
  8. Grammaire du cinéma., p. 159
  9. (en) Terry Ramsaye, A Million and One Nights : A History of the Motion Picture Through 1925, New York, Touchstone, (réimpr. 1986) (ISBN 0-6716-2404-0)
  10. (en) Rick Altman, Silent film sound, Columbia University Press, , 462 p. (ISBN 9780231116633, lire en ligne), p. 158
  11. Briselance et Morin 2010, p. 161
  12. Briselance et Morin 2010, p. 162
  13. April Showers, When the Red, Red Robin Comes

  14. Voir Crafton (1997), p. 142 et 145
  15. Crafton (1997), p. 435
  16. "Outcome of Paris" (1930).
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Voir aussi

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Articles connexes

  • Boulevard du crĂ©puscule, film noir amĂ©ricain de Billy Wilder, sorti en 1950, oĂč le personnage de Norma Desmond, incarnĂ© par Gloria Swanson s'Ă©crit : « Words ! words ! words ! They made a rope of words and strangled this business ! », signifiant : « Des mots, des mots, des mots. Ils ont fait une corde de mots et ont Ă©tranglĂ© cette industrie ! »
  • Chantons sous la pluie, comĂ©die musicale de Stanley Donen et Gene Kelly, sorti en 1952, dont le dialogue suivant illustre les dĂ©buts du cinĂ©ma sonore :

[Dans une scÚne avec un microphone caché dans un buisson]
Rosco : Lina ! Nous n'avons pas les autres paroles ! Vous devez parler dans le micro !
Lina : [En indiquant un buisson] Bien, je ne peux pas faire l'amour avec un buisson !

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