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Platine tourne-disques

Un tourne-disque, ou tourne-disques[1], est un appareil Ă©lectronique destinĂ© Ă  restituer un enregistrement sonore rĂ©alisĂ© sur disques microsillons. Successeur Ă©lectronique du phonographe, il comprend principalement une platine tourne-disque, un amplificateur et un ou plusieurs haut-parleurs. Il peut ĂȘtre « de table » ou portatif.

Platine tourne-disque des années 1960.

Une platine, platine tourne-disque ou « table de lecture Â», ne comprend que les mĂ©canismes d’entraĂźnement et de lecture des disques. C’est la forme la plus courante de tourne-disques depuis la fin des annĂ©es 1970.

Histoire

De nombreux tourne-disques « grand public Â» se prĂ©sentaient sous la forme d’une sorte de valise, dont le couvercle amovible contenait le haut-parleur. Ces appareils devaient rester abordables Ă  un large public, ce qui impliquait que leur coĂ»t devait aussi ĂȘtre modĂ©rĂ©. Cela se traduisait par exemple par l’utilisation d’un seul haut-parleur large bande qui, par le mode de construction de l’appareil, ne restituait les sons que dans une gamme rĂ©duite de frĂ©quences, mais suffisante pour que le public ait plaisir Ă  Ă©couter ses disques.

Platine tourne-disque et disques fin des années 1970

Le socle de l’appareil supportait le tourne-disque qui se composait lui-mĂȘme d’une tĂȘte de lecture gĂ©nĂ©ralement piĂ©zo-Ă©lectrique supportĂ©e par un bras articulĂ©, et d’un plateau de dimensions en gĂ©nĂ©ral assez rĂ©duites, de l’ordre de 20 cm de diamĂštre, mis en rotation par un moteur Ă©lectrique, et sur lequel le disque Ă  Ă©couter Ă©tait posĂ©. Ce disque Ă©tait centrĂ© par une broche situĂ©e au centre du plateau.

Si certains modĂšles furent Ă©quipĂ©s d’une rĂ©gulation Ă©lectronique de la vitesse de rotation, le plus souvent cette rĂ©gulation restait primitive, basĂ©e sur un contacteur et un dispositif de masselottes solidaires de l’axe du moteur actionnĂ©es par la force centrifuge. Souvent, cette rĂ©gulation Ă©tait inexistante. Dans ce cas, leur moteur Ă©tait alors du type alternatif asynchrone Ă  bagues, dont la relative dĂ©pendance Ă  la frĂ©quence secteur permettait de stabiliser raisonnablement la vitesse de rotation.

Les vitesses de rotation normalisĂ©es sont 33 Âč⁄₃ tours par minute, 45 tours par minute et parfois 78 tours par minute par souci de relecture des anciens disques 78 tours et, pour certains modĂšles 16 tours par minute (standard assez peu dĂ©veloppĂ©). Le socle renfermait encore un prĂ©amplificateur et un amplificateur. Afin d’amĂ©liorer le rapport signal Ă  bruit de l’enregistrement sur disque, les frĂ©quences aigĂŒes sont prĂ©accentuĂ©es, c’est-Ă -dire enregistrĂ©es Ă  un niveau supĂ©rieur Ă  leur niveau naturel. Lors de la lecture, une dĂ©saccentuation rĂ©duit leur niveau pour le ramener Ă  sa valeur nominale. La norme selon laquelle s’effectue ces processus, identique pour tous les producteurs de disques, est dĂ©finie par la Record Industry Association of America et connue sous l’acronyme courbe RIAA. Les tourne-disques ne respectaient en gĂ©nĂ©ral cette norme que de façon trĂšs approximative.

Fonctionnement

Platine tourne-disques haute fidélité Thorens, années 1980

Le principe de lecture est analogique : ce sont les reliefs prĂ©sents dans le sillon du disque qui gĂ©nĂšrent des mouvements de la pointe de lecture et par lĂ  un signal Ă©lectrique dans le phonocapteur qui est ensuite envoyĂ© vers le prĂ©amplificateur. Les disques peuvent ĂȘtre monophoniques ou stĂ©rĂ©ophoniques.
Avec l’apparition des chaĂźnes haute-fidĂ©litĂ©, on a dissociĂ© l’amplification de la lecture proprement dite, le tourne-disques Ă©tant alors dĂ©signĂ© par le terme de platine ou de table de lecture[2]. Ce dispositif est le seul Ă  ĂȘtre encore couramment commercialisĂ© pour un usage personnel. Les platines sont destinĂ©es Ă  une reproduction de qualitĂ© sur un spectre de frĂ©quences aussi large que possible, qui s’étend environ de 30 Hz Ă  18 kHz. Les exigences quant Ă  leur fabrication sont donc considĂ©rablement plus strictes que celles imposĂ©es aux tourne-disques. Leur plateau a un diamĂštre lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă  celui des disques microsillons de 30 cm et le niveau de bruit tolĂ©rĂ© est extrĂȘmement faible, surtout aux basses frĂ©quences. Elles sont Ă©quipĂ©es de moteurs Ă  courant continu et d’une rĂ©gulation Ă©lectronique prĂ©cise de la vitesse de rotation, ou de moteurs alternatifs synchrones qui mettent en rotation un plateau lourd par l’intermĂ©diaire d’une courroie Ă©lastique. Leur tĂȘte de lecture est une tĂȘte magnĂ©tique, diffĂ©rente des tĂȘtes piĂ©zo-Ă©lectriques, et dĂ©livre un signal Ă©lectrique considĂ©rablement plus faible, de l’ordre de mV environ. Elles nĂ©cessitent un prĂ©amplificateur spĂ©cial qui respecte rigoureusement la norme RIAA. Un tel prĂ©amplificateur, dĂ©signĂ© sous le nom de prĂ©amplificateur correcteur, est en gĂ©nĂ©ral inclus dans les Ă©quipements Hi-Fi de bonne qualitĂ©, mais peut aussi ĂȘtre installĂ© dans un boĂźtier sĂ©parĂ©.

Photographie à exposition multiple montrant la pointe de lecture (ou phonocapteur) au début et en fin de lecture du disque.

Mange-disque

Un mange-disque de marque « Auto-Mignon Â» (Philips), vers 1960.

Il existait Ă©galement les appareils « mange-disque Â», surtout destinĂ©s aux enfants, de la fin des annĂ©es 1960 aux annĂ©es 1980 : il ne s’agit plus Ă  proprement parler d’une platine oĂč l’utilisateur prend le bras de lecture pour le poser sur le disque, mais d’un tourne-disques pourvu d’une fente dans laquelle les disques 45 tours sont insĂ©rĂ©s. L’appareil lit alors automatiquement le disque et son Ă©jection se fait d’une simple pression sur un bouton. La taille de lecture en standard est le 18 cm (45 T), pour certains les 25 cm avec la vitesse de 33 tr/min (rare), jamais les 30 cm. Ces appareils sont rĂ©putĂ©s pour rayer les disques. Quant au diamant, il n'en a que le nom car il s'apparente plus Ă  une pointe en mĂ©tal. D'oĂč l'usure trĂšs prĂ©maturĂ©e du disque. On peut mĂȘme distinguer une perte de stĂ©rĂ©o sur un autre lecteur.

Utilisation actuelle

Dans les annĂ©es 1990, les tourne-disques avaient tendance Ă  disparaĂźtre des foyers depuis l’apparition des lecteurs de disques compacts. Mais la reproduction analogique retrouve un regain de faveur depuis le milieu des annĂ©es 2000, dans un milieu restreint de passionnĂ©s mais aussi auprĂšs des jeunes, avec la rĂ©impression de disques vinyle.

En 2018, selon les chiffres du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) en France, 4 millions de vinyles ont Ă©tĂ© vendus, contre 1,8 en 2016. En deux ans, les chiffres ont donc plus que doublĂ©. En 2018 une vente physique sur cinq en musique est un vinyle. Quant aux platines vinyle, 155 000 auraient Ă©tĂ© Ă©coulĂ©es en 2018.

Par rapport à un service musical en ligne, un appareil de lecture de disques vinyle ne requiert pas de service internet, mais uniquement une source électrique : courant du secteur, générateur portatif ou piles lorsque cette option est disponible.

Les tourne-disques des années 1950 à 1970 les plus célÚbres et les plus recherchés par les collectionneurs sont de marques Teppaz, Supertone S.A. (fabriqués en France, à différencier de Supertone Records, USA) Philips, Pipo, ribet-desjardins, Audia, Jacques Barthe, CID, Collaro, GID, Garrard Bush, Melovox, Melodyme, Claude, STARE Menuet, STARE Trouvere, Optalix, Radialva, Radiola, Eden, france electronique, Hifivox, Braun, Visseaux ou encore Pathé-Marconi, LA VOIX DE SON MAITRE.

Des tourne-disques haut de gamme furent ensuite produits pas des marques telles que Thorens Linn, Micro Seiki, Denon, Garrard, Technics et Rega, Dual, Kenwood et Marantz, dont les modÚles de luxe sont synonymes de grande qualité.

Avec les platines tourne-disques, un signal analogique est transmis Ă  un amplificateur puis aux enceintes. DestinĂ©s aux lecteurs de CD, certains nouveaux amplificateurs ne comportent pas d’entrĂ©e analogiques aux normes RIAA. Il est alors nĂ©cessaire de connecter un prĂ©amplificateur correcteur entre la platine et l’amplificateur.

De nombreux programmes informatiques permettent d’utiliser un ordinateur Ă©quipĂ© d’une carte son pour transcrire les disques vinyle sur CD. Leur usage requiert cependant l’installation d’un prĂ©amplificateur correcteur entre la platine et l’entrĂ©e ligne de la dite carte son.

Certains disc jockeys utilisent des platines Ă  disque vinyle pour Ă©laborer des effets sonores particuliers comme le scratch oĂč le disque est manipulĂ© Ă  la main.

RĂ©cemment, la production de platines vinyles a connu un relatif essor grĂące Ă  la multiplication des DJs, jouant notamment de la musique techno ou hip-hop. La platine de rĂ©fĂ©rence dans les milieux professionnels est la Technics 1210 MK2, qui fait office de standard dans la plupart des discothĂšques du monde. De nouvelles marques de platines vinyles ont fait leur apparition au dĂ©but des annĂ©es 2000, telles que Vestax ou Numark, pour des budgets plus serrĂ©s. Cette nouvelle vie de la platine vinyle est cependant menacĂ©e par l’apparition de simulateurs du « toucher Â» vinyle, tels Final Scratch ou Traktor, indĂ©pendantes ou utilisant un ordinateur par le biais d’un port USB pour Ă©muler les platines.

De nombreux enregistrements sur disques vinyle ne seront jamais transcrits sur CD. Il faudra donc toujours un moyen pour les Ă©couter. De plus, certains mĂ©lomanes ont des discothĂšques qui contiennent plusieurs milliers de disques. Remplacer tous ces disques vinyle par des CD exigerait l’investissement de sommes considĂ©rables qui ne sont pas Ă  la portĂ©e de tout le monde
 MĂȘme s’il est devenu marginal, le marchĂ© des tourne-disques semble donc encore devoir perdurer.

Certains mĂ©lomanes Ă©coutent toujours aujourd’hui, sur leurs platines et dans le cadre privĂ© de leur domicile, les disques vinyles de leur collection, reprochant au disque compact son principe d’échantillonnage et un son jugĂ© trop aseptisĂ©. Les amateurs des disques vinyles plĂ©biscitent le son chaleureux qu’ils produisent, et certains dĂ©clarent que les craquements qui se font entendre lors de l’écoute des disques les plus anciens leur donnent tout leur charme.

TĂȘte de lecture de tourne-disques.

Motorisation

Le plateau du disque est entraĂźnĂ© par un petit moteur Ă©lectrique. Dans une platine, on distingue trois types d’entraĂźnement du plateau :

  • TĂȘte de lecture sur le disque Mourir sur scĂšne de Dalida.
    entraĂźnement direct : le moteur de la platine fait tourner directement l’axe du plateau oĂč repose le disque. Le plateau est solidaire du moteur. Cela permet un couple plus Ă©levĂ©, idĂ©al pour les DJ qui agissent directement sur le disque, mais transmet toutes les vibrations du moteur au disque, via le plateau, le moteur multipĂŽle tournant trĂšs lentement. La qualitĂ© de reproduction est donc directement dĂ©pendante de la qualitĂ© de fabrication du moteur ;
  • entraĂźnement par courroie : le moteur de la platine entraĂźne une courroie qui fait tourner l’axe du plateau. La courroie absorbe les vibrations du moteur. Son Ă©longation se traduit par des signes de pleurage. La fabrication des courroies pour platines rĂ©pond au principe de sectionnement d’une chambre Ă  air. Des qualitĂ©s de matĂ©riaux diffĂ©rentes existent, conditionnant celle de la transmission, et par consĂ©quent, de la reproduction sonore. La durĂ©e de vie est elle aussi variable, dĂ©pendant largement du matĂ©riau sĂ©lectionnĂ© ;
  • entraĂźnement par galet : celui-ci vient se placer, pendant la lecture, sur la partie infĂ©rieure du bord du plateau. Ce systĂšme fut utilisĂ© avant la courroie ; il n’est plus en usage mais fut trĂšs utilisĂ© par le passĂ©. Les principaux inconvĂ©nients prĂ©sentĂ©s par ce systĂšme sont la transmission des vibrations du moteur au plateau, donc au disque et au phonocapteur, et le pleurage Ă  l’usure. En effet, le galet, pressĂ© contre le plateau, tend Ă  prendre une forme ovale, et la vitesse de rotation peut devenir inconstante.

Régulation et réglage

Certaines platines haut de gamme disposent d’un systĂšme de rĂ©glage fin de la vitesse de rotation du plateau. Outre le traditionnel bouton de sĂ©lection de vitesse 33⁄45 tours prĂ©sent sur la quasi-totalitĂ© des platines rĂ©centes (cf. illustration ci-dessous, N°14), la vitesse du moteur peut ĂȘtre lĂ©gĂšrement accĂ©lĂ©rĂ©e ou ralentie afin d’obtenir une vitesse de rotation optimale du disque. Des repĂšres apposĂ©s sur le plateau permettent de dĂ©terminer la vitesse de rotation optimale par effet stroboscopique: Lorsque le plateau tourne, une petite lumiĂšre branchĂ©e sur le secteur (donc dont l’intensitĂ© varie Ă  100 Hz = 2×50Hz, ou 120 Hz = 2×60Hz dans certains pays) et dirigĂ©e sur le cĂŽtĂ© du plateau grĂące Ă  un prisme Ă©claire les repĂšres chromĂ©s. Ceux-ci dĂ©filent et, pour indiquer un bon rĂ©glage de la vitesse, doivent donner l’impression d’ĂȘtre immobiles Ă  l’Ɠil de l’utilisateur, comme si le plateau Ă©tait Ă  l’arrĂȘt. Si les repĂšres ont l’air d’avancer ou de reculer, la vitesse n’est pas optimale et il convient de la corriger en consĂ©quence. Les repĂšres n’ont pas le mĂȘme espacement pour la vitesse 45 tours ou pour la vitesse 33 tours (voir illustration ci-dessous, N°13 et N°15).

Une platine Technics haut de gamme destinée à un usage domestique.
(Cliquez sur cet aperçu pour afficher l’image en taille rĂ©elle)

L’illustration permet Ă©galement de voir :

  • (no 3) Le contrepoids, qui sert Ă  rĂ©gler la pression de l’aiguille de lecture (de l’ordre de 1 ou 1,5 g pour des cellules de qualitĂ© ; rarement plus de 3 g)
  • (no 6) La correction de force centripĂšte (rĂ©glage d’antipatinage ou « antiskating ») qui est en principe Ă©gale Ă  la force de pression si le diamant est sphĂ©rique, 1,5 fois cette force s’il est elliptique, 1,8 fois cette force s’il est « shibata ».

Tourne-disques Ă  lecture laser

Au dĂ©but des annĂ©es 1990, la firme japonaise ELP met sur le marchĂ© une platine vinyle Ă  lecture laser. Deux rayons se chargent de lire la piste, Ă©vitant un contact physique et donc ralentissant l’usure du disque. Afin d’éviter toute exposition de l’utilisateur au rayonnement laser, le vinyle est disposĂ© dans un tiroir motorisĂ©, Ă  la façon des platines CD. La qualitĂ© de ce support, qui permet en outre de corriger les rayures et dĂ©fauts de pressage qu’une tĂȘte de lecture classique rendrait audible, se paye au prix fort, la machine affichant un tarif avoisinant les 15 000 dollars amĂ©ricains pour la version la moins onĂ©reuse[3]. Ce genre de matĂ©riel, utile, par exemple, pour numĂ©riser de vieux enregistrements, peut nĂ©anmoins s’avĂ©rer nettement moins efficace qu’une platine traditionnelle avec un disque poussiĂ©reux, transparent ou colorĂ©, facteurs pouvant entraĂźner une imprĂ©cision de lecture et donc une perte de donnĂ©es[4].

Notes et références

  1. Éditions Larousse, « DĂ©finitions : tourne-disque, tourne-disques - Dictionnaire de français Larousse », sur www.larousse.fr (consultĂ© le )
  2. HIFI BOOK 1981 : Tout ce qu’il faut savoir de la HiFi, La Courneuve/Bondoufle, Pietri, , 187 p. (ISBN 2-903538-01-8), p. 109
  3. (fr) la platine vinyle laser de ELP sur lesnumeriques.com.
  4. (en) Les principaux dĂ©fauts de ce systĂšme de lecture sont Ă©voquĂ©s dans ce communiquĂ© de l’ancien partenaire commercial du constructeur.

Lien externe

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