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Robert Flaherty

Robert Joseph Flaherty est un réalisateur américain, né le à Iron Mountain, dans le Michigan, et mort le à Vermont, dans le Montana[1].

Robert Flaherty
Description de l'image Portrait of Robert J. Flaherty.jpg.
Nom de naissance Robert Joseph Flaherty
Naissance
Iron Mountain
Drapeau des États-Unis États-Unis
Nationalité Américain
DĂ©cĂšs
Dummerston, Vermont
Drapeau des États-Unis États-Unis
Profession RĂ©alisateur
Films notables Nanouk l'Esquimau,
L'Homme d'Aran,
Louisiana Story

Il est souvent considĂ©rĂ©, avec Dziga Vertov[2], comme l'un des pĂšres du film documentaire[3] - [4] - [5] - [6] terme utilisĂ© pour la premiĂšre fois lors de la sortie de Moana[7], dans un article du New York Sun Ă©crit par John Grierson[8], qui travaillera plus tard avec Flaherty. Il est considĂ©rĂ© aussi comme pionnier ou fondateur de ce que l'on nomme aujourd'hui docufiction ou ethnofiction, une pratique utilisĂ©e, d’une façon plus ou moins intense, dans tous ses films depuis Nanouk l'Esquimau.

Biographie

R. J. Flaherty réalisant un film à Port Harrison (Québec), en 1920-1921.

NĂ© d'une famille issue de l'Ă©migration irlandaise[9] - [10], installĂ©e Ă  Iron Mountain, Robert Flaherty est l’aĂźnĂ©[11] des sept enfants de Robert H. et de Suzan Kloeckner Flaherty[12]. Il suit des Ă©tudes au Upper Canada College de Toronto[13] puis au Michigan College of Mines[14] - [15] d'oĂč il sera expulsĂ© aprĂšs sept mois de scolaritĂ©[16]. Il commence sa carriĂšre comme explorateur, cartographe et gĂ©ologue dans la rĂ©gion de la Baie d'Hudson, au Canada, pour le compte d'une compagnie miniĂšre. En 1913[17], lors de sa troisiĂšme expĂ©dition dans cette rĂ©gion, son patron, Sir William Mackenzie[18] - [19] lui suggĂšre de se munir d'une camĂ©ra afin de filmer la nature sauvage ainsi que les gens qui y vivent. Flaherty est particuliĂšrement intĂ©ressĂ© par les Inuit.

Son premier reportage filmé date de 1916. Le film, enregistré sur un support nitrate trÚs inflammable est malencontreusement détruit par une cigarette. De cette malheureuse expérience, il découvrira qu'il ne veut plus faire des films de voyages et d'expédition, mais plutÎt des films de connaissance et de rapprochement des peuples plus éloignés[20]. Nanouk l'Esquimau[21] - [22] - [23] (Nanook of the North)[24] - [25], tourné à Port Harrison, est un travail de commande, réalisé pour le grand fourreur parisien Révillon FrÚres[26]. Le film obtient un immense succÚs public. Pourtant, les choix de Flaherty dans le traitement du sujet, comme le fait de mettre en avant la personnalité de Nanook, lui attirent des critiques, certains allant jusqu'à l'accuser de manipulation. Le reproche n'est pas tout à fait injustifié, car certains événements ont été effectivement mis en scÚne[27].

Flaherty part dans l'hémisphÚre Sud en 1923 pour tourner Moana[28] - [29] - [30] en Polynésie. Il passe un an à Samoa, entre avril 1923 et décembre 1924, et raconte la vie des Polynésiens. Durant cette période, il s'intéresse aussi à l'aspect technique des prises de vue ; il souhaite faire des images en couleur avec un nouveau procédé photographique, mais le film est finalement tourné en noir et blanc[31] - [32].

En 1929, Robert Flaherty rencontre Ă  Bali Friedrich Wilhelm Murnau qui lui propose de crĂ©er une sociĂ©tĂ© de production cinĂ©matographique. Ensemble, ils coproduisent Tabou[33], ils participent tous les deux Ă  l'Ă©criture du scĂ©nario, Friedrich Wilhelm Murnau rĂ©alise le film, et Robert Flaherty devait ĂȘtre directeur de la photo, mais Murnau engage le cadreur Floyd Crosby, qui apporte sa camĂ©ra et doit aider Flaherty. Flaherty ne tourne que quelques plans, et Crosby gagnera un Oscar pour l'image de ce film. Flaherty et Murnau sont en dĂ©saccord sur la mise en scĂšne, Flaherty croyant Ă  l'authenticitĂ© du documentaire et ayant voulu filmer l'exploitation des autochtones par les Blancs. Il estime que la façon dont Murnau dirige les acteurs est une manipulation[34].

Les parents de Flaherty Ă©taient irlandais d’origine. Le cinĂ©aste rĂȘvait de filmer la terre de ses ancĂȘtres. GrĂące Ă  John Grierson[35] - [36] - [37], il part durant deux ans dans la petite Ăźle irlandaise d'Aran, entre novembre 1931 et le printemps 1933. Il tourne L'Homme d'Aran[38] (Man of Aran)[39] - [40] - [41] - [42] la lutte pour la vie d'une famille de pĂ©cheurs, une vĂ©ritable Ă©popĂ©e de l’homme face Ă  la nature, le film est un poĂšme lyrique et non un film d’ethnologue[31] - [43].

En 1948, il tourne son dernier documentaire, Louisiana Story[44] - [45] - [46]. Ce film, qui relate l'installation d'une plateforme d'extraction de pétrole dans les marais de Louisiane, est une commande de la Standard Oil Company destinée à montrer les problÚmes de la recherche pétroliÚre en milieu difficile. Robert Flaherty raconte la vie d'un jeune garçon dans la nature sauvage des marais et confronté à l'arrivée des techniciens venus installer un derrick[47].

Les archives de Robert Flaherty sont déposées à la bibliothÚque de l'Université Columbia de New York[48]. Sa femme est morte en 1972.

En 1960 est créé le Flaherty Seminar dont l'objet est la promotion du film documentaire[49] - [50].

Une certaine vision du cinéma

Flaherty[51] - [52] est un des premiers Ă  avoir frĂ©quentĂ© ses sujets avant de les filmer. Ainsi, son cinĂ©ma repose sur ces liens de complicitĂ©s. Le cinĂ©ma selon Flaherty est un moyen de connaissance et de rapprochement. Il voit ses filmĂ©s comme de rĂ©els collaborateurs. Ainsi, il traite sa pellicule sur les lieux mĂȘme du tournage et projette son film Ă  mesure de son montage et de sa collaboration. Flaherty est le premier rĂ©alisateur, qui Ă©tablit le principe de frĂ©quentation et complicitĂ© avec les filmĂ©s qui sera cher, plus tard, au cinĂ©ma direct, mĂ©thode largement utilisĂ©e par Jean Rouch dans ses films[20]. Flaherty arrive sur les lieux du tournage sans prĂ©conception. Il ne sait pas ce qu'il va trouver sur place et il est toujours dans l'attente d'une rĂ©vĂ©lation. Quand il a trouvĂ© cette rĂ©vĂ©lation, il essaie de la mettre en valeur par sa mise en scĂšne documentaire. Il veut ainsi atteindre l'essence de cette vĂ©ritĂ©.

Il y a donc mise en scĂšne chez Flaherty. Il dramatise les Ă©vĂšnements, engage des acteurs non professionnels pour jouer dans ses films. Par exemple, Nanouk l'Esquimau ne s'appelle pas Nanouk, mais Allakariallak. Il n'est pas en couple avec cette femme et n'a pas ces enfants[53]. Dans L'Homme d'Aran, le pĂȘcheur n'est pas vraiment un pĂȘcheur, et ce n'est pas rĂ©ellement sa famille[54].

Flaherty recrée également certains moments qui ont été impossible à filmer. Il déforme aussi la réalité en créant pour Nanouk l'Esquimau un faux igloo pour pouvoir filmer à l'intérieur de celui-ci (un vrai igloo n'aurait pas laissé entrer assez de lumiÚre pour le tournage)[20]. Cette déformation de la réalité a été souvent critiquée mais également défendue par des auteurs comme Gilles Marsolais. Celui-ci dénonce le puritanisme de la pseudo objectivité : il est question avant tout de respecter une vérité profonde.

Également, le dialogue pour Flaherty n'a que peu d'importance. Pour lui, c'est la musique de la langue qui est intĂ©ressante plutĂŽt que son sens. Il accorde Ă©galement beaucoup d'importance Ă  la musique de ses films car ils sont crĂ©ateurs de mouvements, qui, selon lui, sont ralentis par la parole.

Contemporain de Flaherty, le Portugais JosĂ© LeitĂŁo de Barros est, avec lui, un des pionniers de la docufiction et de l'ethnofiction, avant que Jean Rouch ne les applique d’une façon mĂ©thodologique en tant qu’anthropologie visuelle.

ThĂšmes de Flaherty

Nyla et son enfant

Les films de Flaherty sont des films humanistes, contemplateurs, lyriques et épicuriens, à l'image de l'homme. Ce sont des films de combat et de courage, proches du mythe. Ces thÚmes sont récurrents chez son cinéma :

  • la beautĂ© naturelle
  • les anciennes traditions
  • le regret du passĂ©
  • l'entraide familiale
  • le conflit de l'homme avec la nature
  • l'apprentissage par la souffrance

Filmographie

Notes et références

  1. (en) Robert Flaherty sur l’Internet Movie Database
  2. « film-documentaire.fr - Portail du film documentaire », sur www.film-documentaire.fr (consulté le )
  3. (en) « TSPDT - Robert Flaherty », sur TSPDT (consulté le )
  4. (en-US) « Robert Flaherty Biography », sur The Flaherty, (consulté le )
  5. « L'invention de la mise en scÚne documentaire (Penser le cinéma documentaire : leçon1, 2/2) », sur www.canal-u.tv (consulté le )
  6. (en-US) Deane Williams, « Flaherty, Robert », sur Senses of Cinema, (consulté le )
  7. Moana
  8. (en) John Grierson, « Flaherty’s Poetic Moana », New York Sun,‎
  9. EncyclopÊdia Universalis, « ROBERT FLAHERTY », sur EncyclopÊdia Universalis (consulté le )
  10. (en) « Robert Flaherty | American explorer and filmmaker », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  11. (it) « FLAHERTY, Robert Joseph in "Enciclopedia del Cinema" », sur www.treccani.it (consulté le )
  12. (en) « (PDF) Robert J. Flaherty (1884-1951) », sur ResearchGate (consulté le )
  13. (en-US) « Robert Flaherty | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  14. (en) « Robert Flaherty Facts », sur biography.yourdictionary.com (consulté le )
  15. (en) « Michigan Technological University », sur www.mtu.edu (consulté le )
  16. « Les expéditions de Robert Flaherty dans la Baie d'Hudson : témoignage inuit dans les archives de la CinémathÚque française - La CinémathÚque française », sur www.cinematheque.fr (consulté le )
  17. (en-US) « Robert Joseph Flaherty 1884-1951 », sur Thunder Bay Museum (consulté le )
  18. « Robert Flaherty », sur Erudit, La Revue du Cinéma, numéro 14,
  19. (en) « How I Filmed 'Nanook of the North' », sur International Documentary Association, (consulté le )
  20. François Niney, L'épreuve du réel à l'écran : Essai sur le principe de réalité documentaire, Bruxelles, De Boeck, , 347 p. (ISBN 978-2-8041-4135-6 et 2-8041-4135-7, lire en ligne), p47
  21. « Nanook of the North » dans L'EncyclopĂ©die canadienne, Historica Canada, 1985–. (consultĂ© le ).
  22. (en) www.ixmedia.com, « Articles | EncyclopĂ©die du patrimoine culturel de l'AmĂ©rique française – histoire, culture, religion, hĂ©ritage », sur www.ameriquefrancaise.org (consultĂ© le )
  23. « Robert Flaherty, le poĂšte ethnologue », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  24. (en) « Beginnings - Documentary - film, movie, voice, director, producer, cinema, news, story, song », sur www.filmreference.com (consulté le )
  25. (en-US) « Nanook of the North », sur BibliothÚque du CongrÚs
  26. « Ciné-club : Robert Flaherty », sur www.cineclubdecaen.com (consulté le )
  27. Marina Gorboff, Premiers contacts : Des ethnologues sur le terrain, Paris/Budapest/Torino, L'Harmattan, , 204 p. (ISBN 2-7475-4810-4, lire en ligne), p47
  28. (en-US) Andy Webster, « Robert J. Flaherty, Who Blurred the Line Between Nonfiction and Fiction in Film », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
  29. (en) « The Beautiful Lies of Robert J. Flaherty’s “Moana with Sound” on Notebook », sur MUBI (consultĂ© le )
  30. (en-US) Glenn Kenny, « Review: In ‘Moana With Sound,’ Island Songs and the Crash of Waves », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
  31. [s.a.], « Robert Flaherty », la revue de cinĂ©ma, no 14 p. 26-29.,‎ (lire en ligne)
  32. (en) Robert Flaherty sur l’Internet Movie Database
  33. « À l’aventure dans les mers du sud, avec Flaherty et Murnau », sur France Culture (consultĂ© le )
  34. Luciano Berriatuam, Tabou l’hĂ©ritage cinĂ©matographique, Mk2 Ă©dition, octobre 2007
  35. « BFI Screenonline: Flaherty, Robert (1884-1951) Biography », sur www.screenonline.org.uk (consulté le )
  36. « John Grierson » dans L'EncyclopĂ©die canadienne, Historica Canada, 1985–. (consultĂ© le ).
  37. (en-US) « MoMA | The Films of Robert Flaherty and John Grierson », sur www.moma.org (consulté le )
  38. Isabelle Le Corff, « L’Irlande et le documentaire Ă  travers le parcours controversĂ© de L’Homme d’Aran », Revue LISA/LISA e-journal. LittĂ©ratures, Histoire des IdĂ©es, Images, SociĂ©tĂ©s du Monde Anglophone – Literature, History of Ideas, Images and Societies of the English-speaking World, no vol. XII-n° 1,‎ (ISSN 1762-6153, DOI 10.4000/lisa.5571, lire en ligne, consultĂ© le )
  39. (en) « Man of Aran - Film (Movie) Plot and Review - Publications », sur www.filmreference.com (consulté le )
  40. (en) Tara Brady, « Man of Aran », sur The Irish Times (consulté le )
  41. « BFI | Sight & Sound | Review: Man of Aran (1934) », sur old.bfi.org.uk (consulté le )
  42. (en) « Man of Aran », sur History Ireland, (consulté le )
  43. Olivier Bitoun, « L'Homme d'Aran (Man of Aran) », (consulté le )
  44. « Louisiana Story », sur The New Yorker (consulté le )
  45. (en-US) « Louisiana Story - Film (Movie) Plot and Review - Publications », sur www.filmreference.com (consulté le )
  46. (en-US) Bosley Crowther, « ' Luisiana Story,' a Flaherty Film About a Boy in the Bayou Country, at the Sutton », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
  47. http://id.erudit.org/iderudi/52225ac
  48. (en-US) « Robert Joseph Flaherty papers, 1884-1970 », sur www.columbia.edu (consulté le )
  49. (en-US) « About Us », sur The Flaherty, (consulté le )
  50. (en) « The 44th Robert Flaherty Film Seminar », sur International Documentary Association, (consulté le )
  51. (en-US) « A New Look at Robert J. Flaherty's Documentary Art », sur Perdue University, Comparative Literature and Culture 7.4 (2005)
  52. « A Re-examination of the Early Career of Robert J. Flaherty - Jay Ruby », sur astro.temple.edu (consulté le )
  53. AndrĂ© Dudemaine, « L’ñme est un voyageur imprĂ©visible », 24 images, no 134,‎ , p. 54-57 (lire en ligne)
  54. Guy Gauthier, GĂ©ographie sentimentale du documentaire : L'esprit des lieux, L'Harmattan, , 302 p. (ISBN 978-2-296-44747-9 et 2-296-44747-3, lire en ligne)
  55. Flaherty quitta le tournage avant la fin pour des raisons d'incompatibilité d'humeur

Voir aussi

Bibliographie

  • Madeleine Garrigou-Lagrange, « VĂ©ritĂ© au cinĂ©ma et cinĂ©ma-vĂ©ritĂ©. Flaherty ou la connivence », TĂ©lĂ©cinĂ© no 105, Paris, FĂ©dĂ©ration des Loisirs et Culture CinĂ©matographique (FLECC), juin-juillet 1962, (ISSN 0049-3287)
  • Henri Agel, Robert Flaherty, Seghers, 1965

Articles connexes

Liens externes

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