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Système d'endiguement de la Loire dans le Loiret

Le système d'endiguement de la Loire dans le Loiret est l'ensemble des digues et autres ouvrages et dispositifs de régulation des écoulements hydrauliques tels que vannes et stations de pompage qui concourt à la prévention du risque d'inondation dans le Loiret à la suite d'une crue de la Loire.

Les levées, dont la dénomination date du XIVe siècle, ont généralement été construites sur des digues moins élevées et beaucoup plus anciennes, les turcies, dont on retrouve des traces dès le VIIIe siècle. Louis XI a grandement contribué à la mise en œuvre d’un plan d’endiguement général des digues de Loire dépassant ainsi les seuls intérêts de l’agriculture locale. La recherche d’une garantie d’insubmersibilité des digues a entraîné un rehaussement successif des levées par ajout de matériaux. Après la crue de 1707, suivant les directives de Colbert, les digues sont rehaussées jusqu’à m. Un renforcement à la base des digues par des bâtis de pieux chargés de moellons fut mis en place et des perrés furent ajoutés jusqu’à 1 ou 2 m au-dessus de l’étiage.

Les grandes crues du XIXe siècle (1846, 1856 et 1866) ont généré des inondations catastrophiques et ont permis de prendre conscience de l’impossibilité d’atteindre l’insubmersibilité des digues. Le rapport de l’ingénieur Comoy démontre que l’endiguement provoque une aggravation des crues de la Loire en termes de hauteurs et de débits et préconise la construction de déversoirs. Les deversoirs d'Ouzouer, Dampierre et Jargeau datent de cette époque. Les déversoirs de Mazan (dans le val d'Ardoux) et de Saint-Martin-sur-Ocre dans le val du Gien sont plus anciens, étant d'anciens déchargeoirs.

Au XXe siècle, particulièrement à partir des années 1970 deux techniques de renforcements ont été mises en œuvre pour remédier à la fragilité des digues du fait de leur caractère hétérogène : un renforcement côté val (réalisation d’un drain-filtre en partie basse) et un renforcement côté Loire (adjonction d’un masque d’argile). En 1994, le Plan Loire Grandeur Nature a été mis en place par le ministre de l’environnement. De nombreux travaux ont ainsi été mis en œuvre avec, notamment, le renforcement de certaines zones des pieds de levées dont les fondations se retrouvaient à nu du fait de l’enfoncement du lit de la Loire et sujets à une érosion élevée.

La Loire est dĂ©coupĂ©e dans le Loiret en seize vals hydrauliques, eux-mĂŞmes regroupĂ©s en trois ensembles de vals : les vals du Giennois, les vals de l'OrlĂ©anais et, pour partie, les vals du BlĂ©sois. Le système global se scinde en un système d'endiguement de classe A, celui du val d'OrlĂ©ans (regroupant les vals d'OrlĂ©ans amont et d'OrlĂ©ans aval)[1], et treize systèmes d'endiguement de classes B et C[2]. En 2017, le linĂ©aire de digues s'Ă©tablit dans le Loiret Ă  164 km dont 154 km appartiennent Ă  l'État (94 %), 3,8 Ă  une collectivitĂ© (2 %) et 7 Ă  un propriĂ©taire privĂ© (4 %, dont 5,5 km Ă  EDF). Parmi celles-ci figurent cinq dĂ©versoirs permettant, en cas de crue majeure, l'Ă©vacuation d'une partie du dĂ©bit transportĂ© et d'allĂ©ger ainsi la charge des eaux sur les digues.

La Loire est dans le département du Loiret découpée en 16 vals hydrauliques, regroupés en trois ensemble de vals : les vals du Giennois, de l'Orléanais et, pour partie, du Blésois. La longueur totale de digues dans le Loiret est de 164 km.

Histoire du système de protection contre les crues de la Loire

Moyen Âge : premières turcies

Très tôt le besoin de défendre les terrains cultivés et habités contre les inondations de la Loire, alors le premier fleuve navigable de France et dont le bassin était en même temps le plus naturellement fertile, est apparu[3]. À l'origine, probablement antérieurement au capitulaire de Louis le Débonnaire, De aggeribus juxta Ligerim fadendis, dans lequel elles sont mentionnées, des petites digues connues sous le nom de turcies sont construites[4] - [5]. Il s'agit de petites digues discontinues qui ont pour but de freiner le courant de débordement au moment de son irruption dans le val par les points bas. Complétées, les turcies deviennent d’uniformes remblais limitant les divagations naturelles du fleuve. Une course poursuite s'engage alors entre un fleuve au lit rétréci et la surélévation de levées toujours plus hautes, mais qui finissent toujours par être submergées par les grandes crues[6]. Les travaux effectués jusqu'à la fin du Moyen Âge ont un impact psychologique fort sur les habitants des vals : ils se considèrent comme à l'abri de tout risque d'inondation. Cette confiance est renforcée par l'absence de rupture des levées au cours de la période clémente que constituent les XIIIe et XIVe siècles. En outre, les crues peuvent encore s'étendre librement en amont, sur une très grande partie de la vallée (Cher en particulier)[7].

XVIIe et XVIIIe siècles : des levées toujours plus hautes

Évolution au cours du temps des hauteurs des levées en bordure de Loire (les hauteurs de crues sont mesurées à l'échelle de Blois).

Au XVIIe siècle, avec l'essor du commerce fluvial, la gestion du fleuve est prise en main par le pouvoir royal. Les ouvrages sont désormais pensés de manière globale et les dispositions sont identiques d’une région à l’autre. Le programme lancé en 1668 par Colbert, ministre de Louis XIV, entre dans cette démarche et vise à multiplier et renforcer les digues pour les rendre insubmersibles[8].

Les quatre crues catastrophiques d', , et Ă©branlent ainsi les uns après les autres les ponts mĂ©diĂ©vaux qui n'Ă©taient prĂ©vus que pour donner passage Ă  celles de 5 mètres ou 5,50 m au-dessus de l'Ă©tiage, et non Ă  des eaux de plus de six mètres. Seul le pont de Beaugency en rĂ©chappe et ne doit sans doute sa rĂ©sistance qu'Ă  la modestie de la levĂ©e ou du dĂ©versoir de Mazan situĂ©e Ă  l'aval[9]. Elles conduisent le pouvoir royal Ă  un nouveau programme de travaux visant une nouvelle fois Ă  rehausser les digues dont la hauteur est portĂ©e Ă  22 pieds au-dessus de l'Ă©tiage, 21 pieds dans la rĂ©alitĂ©, soit 6,83 m, la largeur en crĂŞte Ă  4 toises, soit 7,76 m, comme l'avait dĂ©jĂ  prescrit Colbert et l'empattement doit ĂŞtre Ă©gal Ă  deux fois la hauteur[8].

Le XVIIe siècle est marqué par de nouveaux exhaussements et allongements d'ouvrages existants ainsi que par la création de nouveaux endiguements en Berry, Nivernais et basse vallée angevine. La Révolution survient et fait disparaître l'unité de direction des aménagements de la Loire[10].

XIXe siècle : trois crues historiques

Vue du Val de Loire le 22 octobre 1846.

La question de la sécurité des vals est considérée comme résolue lorsque la crue de 1825 est contenue dans le lit endigué. Les effets des crues de 1846, 1856, et 1866 démontrent qu'il n'en est rien.

En 1846, la Loire ouvre 100 brèches entre Briare et Langeais. Ă€ OrlĂ©ans, le niveau de l’eau monte de 3,10 m en 14 heures, passant d’une cote de 3,50 m Ă  8 h du matin Ă  6,60 m Ă  10 h du soir. C’est alors que la levĂ©e de Sandillon se rompt sur une longueur de 400 mètres[11]. Le viaduc de Vierzon est Ă©galement emportĂ© par la violence torrentielle du fleuve[12].

En , c'est un nouveau dĂ©sastre pour l'ensemble de la vallĂ©e : on comptabilise 160 brèches d'une longueur totale de 23 km, 100 000 ha sont inondĂ©s, 2 750 ha de terres agricoles sont dĂ©truites par ensablement, 400 ha par Ă©rosion. 300 maisons sont emportĂ©es, tout comme les ponts de Fourchambault, Cosne-sur-Loire et Sully-sur-Loire. Dans le Loiret, le dĂ©bit du fleuve s'Ă©lève Ă  Gien Ă  plus de 8 900 m3/s contre un dĂ©bit moyen habituel de 363 m3/s. Le niveau de l'eau avec 7,19 m, comme Ă  OrlĂ©ans avec 7,10 m, bat un record jamais Ă©galĂ©. Une brèche apparaĂ®t dans la levĂ©e au droit de Jargeau sur une longueur de 650 mle Ă  9 heures. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2012 a permis de modĂ©liser la cinĂ©tique de formation de la brèche et la chronologie de la propagation de l'onde de crue. Le dĂ©bit de la brèche croit ainsi linĂ©airement en 4 heures de 0 Ă  jusqu’à 2 000 m3/s, atteint son maximum 2 400 m3/s 8 h après le dĂ©but de l'ouverture et maintient ce dĂ©bit une dizaine quand bien mĂŞme le dĂ©bit amont diminue car la brèche continue Ă  s’approfondir et la fosse d’érosion se dĂ©veloppe[13]. Une fois la brèche ayant atteint sa dimension finale, et la fosse d’érosion formĂ©e, ses dimensions ne variant plus, le dĂ©bit dans la brèche suit alors la loi de dĂ©versoir latĂ©ral[14]. Comme en 1846, cette crue extraordinaire est due Ă  la conjonction exceptionnelle entre des pluies abondantes d'origine mĂ©diterranĂ©enne sur les hauts bassins de la Loire et de l'Allier et d'origine atlantique sur leurs bassins moyens[15].

La nouvelle crue de prĂ©cipite les dĂ©cisions. Cette crue ressemble Ă  la prĂ©cĂ©dente, et elle provoque de très importantes destructions sur une majeure partie de la vallĂ©e de la Loire, en particulier au niveau d’OrlĂ©ans oĂą le village de Jargeau est dĂ©vastĂ©. Deux brèches se produisent dans la levĂ©e d'OrlĂ©ans, respectivement de 250 m Ă  Jargeau et de 300 m au Château de l’Isle[11]. En revanche, entre Blois et Langeais, elle se tient un mètre en dessous du niveau supĂ©rieur de la levĂ©e. Ainsi Blois et Tours ne sont pas inondĂ©es[16] - [10].

Ces crues mettent en évidence le cercle vicieux constitué par l'ascension corrélative des levées et de l'eau. L'ingénieur Comoy, chargé d'élaborer un plan de défense contre les inondations montre qu'il est illusoire et dangereux de rehausser encore les levées. Décision est prise de mettre en œuvre un programme de 20 déversoirs qui ouvriraient 18 des 33 vais endigués. Mais devant la résistance des riverains exposés, seuls 7 ouvrages sont réalisés e ntre 1870 et 1891[17]. Dans le Loiret, les ouvrages nouveaux sont ceux de Pierrelaye, Ouzouer-sur-Loire et Jargeau, les autres déversoirs (Saint-Martin-sur-Ocre et de Mazan étant d'anciens déchargeoirs réaménagés) [17].

XXe siècle : l'oubli puis le temps de l’aménagement et de la mise en valeur de la Loire

La crue de 1907 est la dernière manifestation inquiétante du fleuve. Une longue période sans crue forte s'ensuit et favorise l'oubli du risque par les différents acteurs. C'est ainsi qu'après la Seconde Guerre mondiale, la forte croissance économique provoque un développement important des villes ligériennes. Profitant de terrains vacants, cette urbanisation s'installe d'abord hors des zones inondables qui sont réglementées par les plans de surfaces submersibles (PSS), servitudes d'utilités publiques édictées par décret après des années de procédure, sur la base du décret-loi du [18].

Dès 1947, le conseil général du Loiret exprime son opposition à un projet de dérivation des eaux de la Loire pour alimenter Paris. La résistance se structure et aboutit à la création en 1957 de l’Association Nationale pour l’Étude de la Communauté de la Loire et de ses Affluents (ANECLA), dont l’objectif est d’opposer aux projets de la ville de Paris un programme de développement économique régional fondé sur l’usage multiple de l’eau dans le Bassin de la Loire[19].

Dans les années 1970, la mise en œuvre du programme nucléaire et les besoins en eau pour le refroidissement des réacteurs conduisent l’État à rejoindre le programme élaboré par l’ANECLA depuis une quinzaine d’années. Il porte sur la construction de grands barrages destinés à réguler le débit de la Loire, à écrêter les crues et à relever les étiages sévères, pour avoir plus d’eau à utiliser et pour diluer la pollution de ses eaux[20]. Sept barrages sont ainsi envisagés pour protéger la Loire moyenne : Serre-de-la-Farre, Grandgent et Villerest sur la Loire, le Veurdre, Naussac I et Naussac II sur l’Allier, et Chambonchard sur le Cher. Le programme de 1971 privilégie les deux sites près du Bec d’Allier, les plus intéressants pour contenir les crues mixtes : Villerest qui commande 35 % de la surface du bassin de la Loire, et le Veurdre qui barre 95 % de celui de l’Allier[20]. La croyance dans un système de protection permettant une sécurité absolue est alors totale, comme au siècle dernier avant les grandes crues catastrophiques. La croissance urbaine doit parvenir à s’affranchir de la menace de l’inondation grâce à la puissance du génie civil, comme le notent les auteurs du SDAU de l’agglomération orléanaise de 1974 : « en 1985, donc, si la réalisation du programme [de construction de barrages d’écrêtement de crues] ne rencontre pas d’obstacles, le risque d’inondation sera supprimé dans la majeure partie du domaine aujourd’hui menacé »[21].

Le , à la préfecture du Loiret (dont le conseil général est moteur dans le soutien au projet), est signé l’acte de constitution de l’Institution interdépartementale pour la protection des vals de Loire. Cet organisme assure la maîtrise d’ouvrage du barrage qui est mis en service à l’automne 1984[22]. Le , l’EPALA succède à cette institution et prend en charge l’aménagement hydraulique de la Loire et de ses affluents, et la définition des objectifs économiques et d’aménagement du territoire susceptibles de donner lieu à un programme interrégional dans le IXe plan.

La volonté d’aménager la Loire est concrétisée par le protocole d’accord, signé à Orléans le entre l’État, l’Agence Financière de Bassin Loire-Bretagne et l’EPALA. Son but est de réaliser un programme prioritaire relatif à l’aménagement hydraulique de la Loire et de ses affluents pour la protection contre les inondations et le soutien des débits d’étiages. Ce protocole prévoit de réaliser en dix ans un programme d’aménagement hydraulique de la Loire et de ses affluents afin d’assurer la protection contre les inondations et le soutien des étiages. Il était ainsi prévu de réaliser[21] :

  • les barrages de Serre de la Fare sur la Loire et de Chambonchard sur le Cher,
  • l’ouvrage Ă©crĂŞteur du Veurdre sur l’Allier (un ouvrage Ă  vannes mobiles),
  • l’amĂ©nagement de Naussac 2 sur le haut Allier afin de tirer un meilleur parti de la retenue de Naussac (usine de pompage turbinage),
  • des amĂ©nagements locaux : digues de protection dans la vallĂ©e de l’Allier, ouvrages en basse Loire et dans le bassin de la Vienne.

Mais à partir de 1988, la prise en compte de l’environnement devient une dimension majeure des opérations d’aménagement, ce qui conduit l’État à revoir les conditions d’application du protocole de 1986. En , le gouvernement décide de réorienter les principes d’aménagement de la Loire et de ses affluents en adoptant un “Plan Loire Grandeur Nature”. Celui-ci rompt avec l’optique du protocole d’accord de 1986, en abandonnant partiellement la logique des aménagements lourds et en mettant l’accent sur la prévention des crues sans barrages ainsi que sur la sauvegarde du patrimoine naturel[21].

Le système de protection de la Loire reste dès lors figé. Seuls des travaux de renforcement ponctuels des digues sont alors entrepris dans le cadre des plans Loire 2 et 3.

XXIe siècle : une nouvelle prise de conscience

Il faut attendre 2003 et la publication de l'étude de Équipe pluridisciplinaire du plan Loire grandeur nature de l’agence de l’eau Loire Bretagne pour voir apparaître l'émergence d'une nouvelle prise de conscience de la très grande fragilité de ce système de protection et donc de la grande vulnérabilité des habitants.

Système de protection en 2016

Classement des ouvrages

La protection d'une zone exposée au risque d'inondation ou de submersion marine au moyen de digues est réalisée par un système d'endiguement qui comprend une ou plusieurs digues ainsi que tout ouvrage nécessaire à son efficacité et à son bon fonctionnement, notamment des ouvrages, autres que des barrages, qui, eu égard à leur localisation et à leurs caractéristiques, complètent la prévention, et des dispositifs de régulation des écoulements hydrauliques tels que vannes et stations de pompage. Ne sont toutefois pas inclus dans le système d'endiguement les éléments naturels situés entre des tronçons de digues ou à l'extrémité d'une digue ou d'un ouvrage composant le système et qui en forment l'appui[23].

L’organisation du contrôle des digues de protection est d'abord été définie par la circulaire du qui précise entre autres un ensemble de critères qui permet de différencier et hiérarchiser les digues[24]. Mais c'est le décret du [25] qui offre un fondement juridique solide et instaure de nouvelles classes de digues de protection contre les inondations, en fonction de leur hauteur et de la population résidant dans la zone protégée : A, B, C et D[26].

Un nouveau décret publié le [27] fait évoluer la réglementation des ouvrages construits ou aménagés en vue de prévenir les inondations et les submersions (notamment les digues) afin de garantir leur efficacité et leur sûreté, tant en ce qui concerne le parc d’ouvrages existants que les nouveaux ouvrages à construire. Le nombre de classes d'ouvrages est réduit à trois et les seuils sont relevés[28].

Inventaire des digues en 2016

Un inventaire des ouvrages de protection existants avec leurs principales caractĂ©ristiques et l’identification de leurs propriĂ©taires et gestionnaires pour chaque territoire identifiĂ© a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par la DREAL Centre - Val de Loire et publiĂ© en . Ce document a Ă©tĂ© Ă©tabli Ă  l’échelle du bassin, comme prĂ©conisĂ© par la Direction GĂ©nĂ©rale de la PrĂ©vention des Risques, Ă  partir de la base de donnĂ©es des services de contrĂ´le des ouvrages hydrauliques (SIOUH) qui est la source d’informations la plus exhaustive Ă  cette Ă©chelle. Il ressort que le système d'endiguement Ă  l'Ă©chelle du bassin Loire-Bretagne comprend 1 321 km de digues dont 599 appartiennent Ă  l'État, 373 Ă  une collectivitĂ©, 55 Ă  un privĂ© et 294 sont non identifiĂ©s[29].

RĂ©partition par classe

Dans le Loiret ce linĂ©aire s'Ă©tablit Ă  164 km dont 154 km appartiennent Ă  l'État (94 %), 3,8 Ă  une collectivitĂ© (2 %) et 7 Ă  un propriĂ©taire privĂ© (4 %, dont 5,5 km Ă  EDF)[30]. Les digues d'OrlĂ©ans, d'une longueur de 46,6 km sont classĂ©es A. 106 km sont classĂ©es B ou C. La rĂ©partition selon les classes dĂ©finies dans le dĂ©cret de 2007 est prĂ©sentĂ©e dans le tableau suivant.

ClasseCaractéristiques de l’ouvrage et populations protégées
(décret du 11/12/2007)
PropriétaireTotal
ÉtatDépartementCommunePrivéEDF
AOuvrage pour lequel : H ≥ 1 m et P > 50 00046 600000046 600
BOuvrage non classĂ© en A et pour lequel : H ≥ 1 m et 1000 ≤ P ≤ 50 00071 3306206411 014073 605
COuvrage non classĂ© en A ou B et pour lequel : H ≥ 1 m et 10 ≤ P < 100033 78193715664995 46942 252
DOuvrage pour lequel : soit H < 1 m, soit P < 101 83400001 834
TOTAL153 5451 5572 2071 5135 469164 291

Ă€ partir de , le classement Ă©volue avec une simplification en trois classes basĂ©es sur la population protĂ©gĂ©e (A : > 30 000 personnes, B : entre 3 000 et 30 000 personnes et C : entre 30 et 3 000 personnes) et proposition de classement relevant des collectivitĂ©s ou EPCI compĂ©tents[28].

RĂ©partition par groupe de vals

Les vals de l'Orléanais constituent un système entièrement fermé alors que celui des vals du Giennois est partiellement ouvert, c'est-à-dire que de nombreux secteurs ne disposent pas de digues de protection. De ce fait, 70 % du système d'endiguement est concentré dans les vals de l'Orléanais.

Groupe de valsPropriétaireTotal
ÉtatDépartementCommunePrivéEDF
Vals du Giennois23 93950901 014025 462
Vals de l'OrlĂ©anais105 9221 0482 20705 469114 646
Vals du BlĂ©sois23 68400499024 183
TOTAL153 5451 5572 2071 5135 469164 291

DĂ©versoirs

Cinq déversoirs sont en service dans le Loiret.

ValNomCommuneCaractéristiquesDate de création
Gien (RG)Déversoir de Saint-Martin-sur-OcreSaint-Martin-sur-OcreDéchargeoir de longueur 200 m ; sans fusible.Fin XVIe -début XVIIe s.
Dampierre (RD)DĂ©versoir de PierrelayeDampierre-en-BurlyLongueur : 150 m.1867
Saint-Benoît (RD)Déversoir d'Ouzouer[31] Ouzouer-sur-LoireLongueur : 800 m. Seuil fixe à 5,30 m au-dessus de l'étiage et surmonté d'une banquette fusible en terre de 1 m de hauteur.1886
Orléans (RG)Déversoir de JargeauJargeauLongueur : 575 m. Seuil arasé à 5,50 m au-dessus de l'étiage et surmonté d'une banquette de 1,50 m. Construit sur remplacement de la brèche de 1856.1878-1882
Ardoux (RG)DĂ©versoir de MazanDryDĂ©versoir au terrain naturel

Descriptif par val

Vals du Giennois

Ce secteur court de Belleville-sur-Loire à Dampierre-en-Burly et compte sept vals. Les études de dangers des digues réalisées de 2012 à 2014 ont permis de déterminer deux types d'information concernant ce système d’endiguement[32] :

  • le niveau de protection, c’est-Ă -dire le niveau d’eau au-dessus duquel la zone protĂ©gĂ©e commence Ă  ĂŞtre inondĂ©e par dĂ©versement par-dessus la digue ou un dĂ©versoir. Il n’est alors pas tenu compte de la probabilitĂ© de brèche avant l’atteinte de ce niveau.
  • Le niveau de sĂ»retĂ©, c’est-Ă -dire le niveau d’eau Ă  partir duquel la probabilitĂ© de rupture de l’ouvrage n’est plus considĂ©rĂ©e comme nĂ©gligeable. C’est cette cote qui est retenue pour le dĂ©clenchement de l’évacuation de la population du val.

Val d’Ousson-sur-Loire

Système d'endiguement des vals d'Ousson et de Châtillon.

Le val d'Ousson s’étend en rive droite de la Loire sur une longueur totale de 1,6 km Ă  l’aval d’Ousson-sur-Loire. Sa superficie totale est de 36 ha environ. Il n’y a pas de rĂ©seau hydrographique notable dans ce val. L’occupation du sol est essentiellement agricole[33].

Le système d'endiguement du val est fermĂ© par la digue domaniale et par la route dĂ©partementale n°50. D'une longueur de 2,15 km, il protège environ 25 personnes. La digue protège le val jusqu'Ă  une crue de frĂ©quence 170 ans, niveau correspondant Ă  une hauteur de 6,50 m Ă  l'Ă©chelle de Gien et dĂ©finissant le niveau de protection apparent du val. Toutefois, le risque de rupture de cette levĂ©e n'est plus nĂ©gligeable dès une crue de frĂ©quence quinquennale (4,1 m Ă  l'Ă©chelle de Gien) et devient probable pour une crue de pĂ©riode de retour 20 ans[32].

Le val d'Ousson-sur-Loire commence Ă  ĂŞtre inondĂ© par remous dans l'Ousson au niveau du quai Albert Boin dès une crue type 2003. La digue d'Ousson est submergĂ©e en cas de crue très forte de la Loire, de frĂ©quence 170 ans, correspondant Ă  une hauteur de 6,50 m Ă  l'Ă©chelle de Gien, et peut alors rompre, provoquant une inondation soudaine accompagnĂ©e de hauteurs d'eau de plus de 2,50 m et des durĂ©es de submersion allant de 2 Ă  4 jours selon l'intensitĂ© de la crue[34].

Val de Châtillon-sur-Loire

Le val de Châtillon-sur-Loire s’étend en rive gauche de la Loire sur une longueur totale de 2,2 km Ă  l’amont et au droit de Châtillon-sur-Loire. L’écluse des Mantelots divise en deux parties ce val, d’une superficie totale d’environ 74 ha. Le rĂ©seau hydrographique de ce val est constituĂ© des ruisseaux de l’Ethelin et de Courcelles qui confluent Ă  Châtillon-sur-Loire avant de se jeter dans la Loire. L’occupation du sol est essentiellement agricole. Le canal latĂ©ral Ă  la Loire longe le val en pied de coteau ; ce canal est double sur km environ entre le village de l’Étang et l’écluse des Mantelots[35].

Le val protège environ 260 personnes. Il est constituĂ© de deux sous-systèmes d'endiguement :

  • le val "amont" protĂ©gĂ© par les digues domaniales de Mantelot et du bassin jusqu'Ă  une crue d’occurrence 170 ans (environ 6,5 m Ă  l'Ă©chelle de Gien), niveau dĂ©finissant le niveau de protection apparent du val.
  • le val de "Châtillon centre" abritant l'essentiel du bourg de Châtillon-sur-Loire protĂ©gĂ© par la digue du canal latĂ©ral Ă  la Loire gĂ©rĂ© par Voies navigables de France.

Le niveau de protection de ce système est supĂ©rieur Ă  la crue dĂ©camillĂ©nale. Par contre le risque de rupture de la digue domaniale n'est plus nĂ©gligeable dès une crue biennale (environ 3,3 m Ă  l'Ă©chelle de Gien). Ce risque est principalement dĂ» Ă  la prĂ©sence de vĂ©gĂ©tation et Ă  une charge hydraulique forte liĂ©e Ă  la topographie du val[36].

Les crues moyennes de la Loire inondent le val des Rabutoires et buttent sur les portes de garde de l'Ethelin, lesquelles empĂŞchent l'inondation du centre-ville. Le pont de Châtillon-sur-Loire constitue le seul accès routier Ă  l'autre rive dès l'occurrence d'une crue de type . En cas de crue très forte, la Loire atteint le sommet de la digue de Châtillon-sur-Loire et peut ouvrir une brèche. Le val est alors inondĂ© de façon soudaine avec des hauteurs d'eau de plus de 2,50 m et des durĂ©es de submersion peuvent ĂŞtre supĂ©rieures Ă  6 jours[34].

Val de Briare

Système d'endiguement des vals de Briare et Saint-Firmin-sur-Loire.

Le val de Briare s’étend en rive droite de la Loire sur une longueur de 6,5 km environ, entre l’écluse des Combles face Ă  Châtillon-sur-Loire et jusqu’à la confluence de la TrĂ©zĂ©e avec la Loire Ă  l’aval de Briare. Ce val couvre Ă©galement la partie basse de l’agglomĂ©ration de Briare. La superficie totale du val est de 370 ha environ.

Le réseau hydrographique de ce val est constitué par la rivière la Trézée qui longe le canal de Briare sur le haut du coteau et se confond avec lui depuis l’écluse de Venon jusqu'à l’écluse de Baraban. L’occupation du sol est constituée essentiellement par de l’habitat rural (en dehors de Briare). Quelques usines sont également implantées à l’amont et à l’aval de la ville. Deux branches du canal de Briare traversent l’agglomération : l’une au sud reliant le pont-canal et l’écluse de la Cognardière, et l’autre au nord reliant les écluses de Baraban et de la Cognardière[37].

A l’amont, la ville de Briare est protĂ©gĂ©e par une levĂ©e continue de 5 000 m de long qui borde le vieux canal de rive droite entre les Ă©cluses des Combles et du Baraban. Une porte de fermeture sur l’ancien canal est placĂ©e sous le pont canal, pour empĂŞcher Ă  la fois les dĂ©bordements de l’ancien canal de pĂ©nĂ©trer en ville et ceux de la Loire de pĂ©nĂ©trer dans l’ancien canal. A l’aval de l’écluse de Baraban, le val est ouvert et ne bĂ©nĂ©ficie d’aucune protection[38].

Le val de Briare commence Ă  ĂŞtre inondĂ© par une crue de type qui submerge le canal en aval puis l'Ă©cluse de Baraban. Les crues fortes atteignent le sommet de la digue de Briare, entre l'Ă©cluse des Combles et l'Ă®le de Beauval, ce qui peut occasionner une brèche et inonder le val avec des hauteurs d'eau de plus de 2,50 m et des durĂ©es de submersion allant de 2 Ă  4 jours selon l'intensitĂ© de la crue[34].

Val de Saint-Firmin-sur-Loire

Le val de Saint-Firmin-sur-Loire s’étend en rive gauche de la Loire sur une longueur totale de 3,7 km environ. Sa superficie totale est de 177 ha. Ce val est composĂ© de deux parties endiguĂ©es de 2,5 km de long Ă  l’amont de Saint-Firmin-sur-Loire et d’une partie non protĂ©gĂ©e Ă  l’aval. La partie endiguĂ©e a une superficie d’environ 127 ha. Il n’y a pas de rĂ©seau hydrographique notable dans ce val. Le territoire des communes de Châtillon-sur-Loire et Saint-Firmin-sur-Loire sont partiellement situĂ©s en zone inondable. L’habitat est en grande partie situĂ© dans la zone endiguĂ©e du val. L’occupation du sol est essentiellement agricole en dehors du bourg de Saint-Firmin. Le canal latĂ©ral Ă  la Loire borde le val en pied de coteau et traverse la Loire Ă  Saint-Firmin-sur-Loire par le pont-canal de Briare[39].

La partie amont du val de Saint-Firmin-sur-Loire est protĂ©gĂ©e par une levĂ©e ininterrompue de 2 500 m de long environ, qui part du coteau au niveau de l’île aux Chèvres et vient se rattacher au remblai du pont-canal. Le centre bourg de Saint-Firmin est Ă©galement protĂ©gĂ© par une deuxième digue transversale entre coteau et levĂ©e. Ă€ l’aval du pont-canal de Briare, le val est ouvert et ne bĂ©nĂ©ficie d’aucune protection.

L'inondation commence par une crue de type au lieu-dit "Les Plaines Milan". Les crues fortes submergent la digue de Saint-Firmin amont et peuvent provoquer la rupture de la digue et une inondation soudaine caractĂ©risĂ©e par des hauteurs d'eau supĂ©rieures Ă  2,50 m et des durĂ©es de submersion supĂ©rieures Ă  6 jours. L'eau atteint les portes de garde de la digue de ceinture du centre-ville en cas de crue très forte et peut s'y propager en cas de dĂ©faillance d'Ă©tanchĂ©itĂ©[34].

Val de Gien

Système d'endiguement du val de Gien.

Ce val s’étend en rive gauche de la Loire sur une longueur de 12 km, entre Saint-Martin-sur-Ocre et l’Ormette, face au CNPE de Dampierre. Sa superficie totale est de 1 400 ha environ. Le rĂ©seau hydrographique du val de Gien est constituĂ© Ă  l’amont par le ruisseau du Rousson, qui se jette dans la rivière la Bras Ă  Poilly-lez-Gien. Ă€ l’aval, le rĂ©seau hydrographique est constituĂ© par la rivière de la Quiaulne. Les communes dont le territoire est partiellement situĂ© en zone inondable sont les suivantes, d’amont en aval : Saint-Martin-sur-Ocre, Poilly-lez-Gien et Saint-Gondon en rive gauche, Gien, Nevoy et Dampierre-en-Burly en rive droite[40].

Sur sa partie amont, le val de Gien est protĂ©gĂ© en rive droite par une levĂ©e de 3,4 km de long environ, depuis Saint-Martin-sur-Ocre jusqu’au vieux pont de Gien. Cette levĂ©e est protĂ©gĂ©e par un dĂ©versoir de sĂ©curitĂ© de 280 m de long situĂ© Ă  Saint-Martin-sur-Ocre, qui fonctionne dĂ©jĂ  pour un dĂ©bit de Loire d’environ 3 000 m3/s au Bec d’Allier[Note 1]. L’interruption de la levĂ©e entre le vieux pont de Gien et Port Gallier constitue un second dĂ©versoir, au terrain naturel celui-ci, de 2,8 km de longueur. A l’aval de Port Gallier et jusqu’au hameau de l’Ormette, la levĂ©e est Ă  nouveau prĂ©sente sur presque km de long. Entre le hameau de l’Ormette et la confluence de la Quiaulne avec la Loire au hameau de la Ronce, le val n’est plus protĂ©gĂ© par une levĂ©e. La Loire peut donc entrer dans le val par ce secteur, que les habitants appellent le « dĂ©versoir » de l’Ormette, et dont les berges sont protĂ©gĂ©es par un perrĂ©.Lorsque le dĂ©versoir de Saint-Martin-sur-Ocre fonctionne, il peut rentrer entre 350 et 1 000 m3/s dans le val de Gien, ce qui reprĂ©sente entre 8 % et 17 % du dĂ©bit passant en Loire. Ce dĂ©versoir ne gĂ©nère pas d’écrĂŞtement sensible du dĂ©bit de pointe de la crue entre l’amont et l’aval du val (environ 1 % pour une crue de pĂ©riode de retour 200 ans), mais permet toutefois de protĂ©ger le vieux pont de Gien. Il diminue Ă©galement l’inondation des bas quartiers de Gien[41].

Le val de Gien commence Ă  ĂŞtre inondĂ© et fortement touchĂ© par une crue de type . En rive gauche, le dĂ©versoir de Saint-Martin-sur-Ocre est alors submergĂ© par une lame d'eau atteignant jusqu'Ă  50 cm, provoquant l'inondation rapide des zones habitĂ©es situĂ©es en arrière. Les quais de la rive droite, particulièrement vulnĂ©rables en raison du nombre d'habitations et d'entreprises exposĂ©es, commencent Ă  ĂŞtre inondĂ©s. En cas de crue forte Ă  très forte, la rive gauche est exposĂ©e Ă  des hauteurs d'eau de plus de 2,50 m et des durĂ©es de submersion de plus de 7 jours et la rive droite Ă  des hauteurs d'eau de plus de 2,50 m et des durĂ©es de submersion comprises entre 4 et 6 jours selon l'intensitĂ© de la crue[34].

À partir de la crue décennale, le risque de rupture de l'ouvrage ne peut plus être considéré comme négligeable. Ce risque de défaillance est notamment lié à une fosse d'érosion située à l'extrémité du déversoir[34].

Vals de l’Orléanais

Ce secteur court de Dampierre-en-Burly Ă  la confluence du Loiret et compte sept vals.

Val de Dampierre-en-Burly

Système d'endiguement du val de Dampierre.

Ce val s’étend en rive droite de la Loire face Ă  Lion-en-Sullias, sur une longueur totale de km environ et une largeur de 1,5 km. Sa superficie totale est de 540 ha environ. Il n’y a pas de rĂ©seau hydrographique notable dans ce val. Le territoire de la commune de Dampierre-en-Burly y est partiellement situĂ© en zone inondable. L’occupation du sol est partagĂ©e entre l’agriculture et la centrale nuclĂ©aire[42].

Le système d'endiguement du val de Dampierre est composĂ© de plusieurs levĂ©es domaniales, de levĂ©es appartenant Ă  EDF et au conseil dĂ©partemental du Loiret (RD 953) pour une longueur d'environ 5,7 km. Il protège environ 25 personnes. Le niveau de protection du val correspond au niveau de la mise en fonctionnement du dĂ©versoir de Pierrelaye Ă  partir de la crue d’occurrence 60 ans (environ 5,7 m Ă  l'Ă©chelle de Gien). Toutefois, la zone protĂ©gĂ©e commence Ă  ĂŞtre inondĂ©e par remous dès la crue quinquennale (environ 5,3 m Ă  l'Ă©chelle de Gien).

Le val est exposé au risque d’inondation[43] - [44] :

  • Par remous de la Loire : dès la crue de premiers dommages (5,30 m Ă  l’échelle de Gien), le val est inondĂ© avec des hauteurs d’eau jusqu’à 1,5 m ;
  • Par fonctionnement de son dĂ©versoir : celui-ci jour pleinement son rĂ´le dès la crue de premières surverses (6,3 m Ă  Gien) et jusqu’à la crue « type XIXe siècle » (6,8 m Ă  Gien).
  • Par dĂ©passement des digues si elles rĂ©sistent Ă  la pression des eaux jusqu’à ce qu’elles soient dĂ©passĂ©es : la crue exceptionnelle crĂ©e ainsi une brèche Ă  l’amont du val.
  • Par rupture des digues, avant leur dĂ©passement : la digue de Dampierre pourrait ĂŞtre dĂ©faillante avant la crue de premières surverses. Au-delĂ  de la crue dĂ©cennale (environ 4,6 m Ă  l'Ă©chelle de Gien), le risque de rupture de l'ouvrage ne peut plus ĂŞtre considĂ©rĂ© comme nĂ©gligeable sur deux tronçons : aval de la petite levĂ©e et dĂ©versoir. La faiblesse de ces tronçons est notamment liĂ©e Ă  la prĂ©sence de vĂ©gĂ©tation abondante et Ă  la prĂ©sence d'une ancienne fosse d'Ă©rosion.

Dans tous les scénarios, la centrale nucléaire, positionnée sur un tertre, reste quant à elle hors eau[43].

Val de Sully-sur-Loire

Système d'endiguement du val de Sully.

SituĂ© en rive gauche de la Loire, le val de Sully-sur-Loire, d’une superficie de 1 500 ha, s’étend sur 12 km de Lion-en-Sullias Ă  Sully-sur-Loire. Sa longueur moyenne est de l’ordre de 1,2 km s’élargissant Ă  km au milieu du val. Les communes concernĂ©es sont, d’amont en aval : Lion-en-Sullias, Saint-Aignan-le-Jaillard et Sully-sur-Loire. Le rĂ©seau hydrographique Ă  l’amont de Sully est constituĂ© par la rivière la Sange et ses affluents, le Panama et les fossĂ©s de Gallisson et des PrĂ©s Longs. Au niveau de l’occupation du sol, deux parties sont Ă  distinguer : la partie Ă  l’amont de la ville de Sully, totalement agricole (seuls sont situĂ©s dans le val quelques hameaux des communes de Lion-en-Sullias et Saint-Aignan-le-Jaillard) et la partie urbanisĂ©e (correspondant aux 250 ha du centre de Sully), les deux Ă©tant sĂ©parĂ©es par le parc du château et sa digue[45].

Le val est protĂ©gĂ© de son extrĂ©mitĂ© amont jusqu’à la Sange par une levĂ©e de 12,4 km de longueur. Le dĂ©bouchĂ© de la Sange en Loire, Ă  l’amont immĂ©diat du château de Sully, est muni d’un ouvrage anti-retour. Le parc du château est protĂ©gĂ© par une digue transversale du reste du val. Le bourg est protĂ©gĂ© par une levĂ©e ouverte Ă  l'aval s'interrompant juste après le pont SNCF

Le val est exposé au risque d’inondation[46] - [44] :

  • Par dĂ©bordement direct de la Loire et remous : dès la crue de premiers dommages (5,30 m Ă  l’échelle de Gien), on observe une inondation de Sully par dĂ©bordement direct en l’absence de levĂ©e dans le quartier Saint-Germain. Puis pour la crue de premières surverses (6,3 m Ă  Gien), l’inondation s’étend au centre-ville de Sully-sur-Loire en contournant la digue (inondation par remous), avec des hauteurs d’eau de l’ordre de 1,5 m. Pour la crue « type 19e siècle » (6,8 m Ă  Gien), cette inondation s’étend encore, avec des hauteurs d’eau plus Ă©levĂ©es ;
  • Par dĂ©passement des digues si elles rĂ©sistent Ă  la pression des eaux jusqu’à ce qu’elles soient dĂ©passĂ©es : seule la crue exceptionnelle dĂ©passe la levĂ©e Ă  l’amont du val, provoquant une surinondation de Sully, situĂ©e Ă  son exutoire.
  • Par rupture des digues, avant leur dĂ©passement : l’amont du val de Sully peut Ă©galement ĂŞtre inondĂ© avant la crue de premières surverses, en cas de dĂ©faillance des digues. Au-delĂ  de la crue cinquantennale (environ 5,4 m Ă  l'Ă©chelle de Gien), le risque de rupture de l'ouvrage ne peut plus ĂŞtre considĂ©rĂ© comme nĂ©gligeable.

Val d’Ouzouer-sur-Loire

Système d'endiguement du val d'Ouzouer.

SituĂ© en rive droite de la Loire, le val d’Ouzouer d’une superficie de 6 600 ha s’étend sur 22 km de longueur, d’Ouzouer-sur-Loire Ă  Châteauneuf-sur-Loire. Sa largeur moyenne est de l’ordre de km, avec des Ă©largissements dĂ©passant 5 km. Le rĂ©seau hydrographique du val est constituĂ© par la BonnĂ©e et ses affluents qui descendent en grande partie de la forĂŞt d’OrlĂ©ans. La BonnĂ©e est canalisĂ©e sur la plus grande partie de son cours et de large section. Elle est protĂ©gĂ©e contre le remous de la Loire par un petit ouvrage antiretour. Son ancien bras, la Ronce, dispose Ă©galement d’un tel dispositif de protection. Ces ouvrages jouent leur rĂ´le pour les petites crues, de frĂ©quence infĂ©rieure Ă  la dĂ©cennale[47].

Le val d’Ouzouer est protĂ©gĂ© par une levĂ©e de 22 km de long ouverte Ă  l’aval sur 1,5 km au dĂ©bouchĂ© de la BonnĂ©e. Cette levĂ©e n'est pas submersible pour des crues du type de celle de 1856. Elle a Ă©tĂ© renforcĂ©e dans les annĂ©es 2000 sur presque toute sa longueur par la mise en place d’un « masque drainant » du cĂ´tĂ© du val. Ă€ l’amont, un dĂ©versoir a Ă©tĂ© construit en 1886 Ă  l'endroit oĂą s'Ă©taient produites des brèches lors des grandes crues de 1846, 1856 et 1866. Il a une longueur totale de 878 m dont 800 m au niveau du seuil. Il est surĂ©levĂ© d'un cordon de terre (banquette fusible) d’une hauteur de 1,20 mètre environ[48].

Tout le val, hormis quelques terrains sur la commune de Saint-Père-sur-Loire, a été submergé au siècle dernier lors des crues de 1846, 1856 et 1866, de nombreuses brèches s’étant ouvertes dans la levée[48].

Le val est exposé au risque d’inondation[48] - [44] :

  • Par remous de la Loire dans la BonnĂ©e : dès la crue de premiers dommages (5,30 m Ă  l’échelle de Gien), celui-ci remonte jusqu’au niveau de Germigny-des-PrĂ©s.
  • Par dĂ©passement des digues si elles rĂ©sistent Ă  la pression des eaux jusqu’à ce qu’elles soient dĂ©passĂ©es : le val d’Ouzouer est le premier val endiguĂ© de l’OrlĂ©anais Ă  ĂŞtre dĂ©passĂ© par la Loire, dès la crue de premières surverses (6,3 m Ă  Gien), qui provoque des brèches dans la digue, alors que le dĂ©versoir ne fonctionne pas. Celui-ci est sollicitĂ© seulement pour une crue exceptionnelle, alors que le système d’endiguement est dĂ©jĂ  dĂ©truit.
  • Par rupture des digues, avant leur dĂ©passement : le val d’Ouzouer peut Ă©galement ĂŞtre inondĂ© avant la crue de première surverse, en cas de dĂ©faillance des digues. Deux principales zones de dĂ©faillance sont mises en Ă©vidence (secteurs des Prouteaux et de Saint-Benoit) et permettent de considĂ©rer que le risque de rupture n'est plus nĂ©gligeable au-delĂ  d'une crue de pĂ©riode de retour 20 ans (environ 5,1 m Ă  l'Ă©chelle de Gien).

Val de Châteauneuf-sur-Loire

Système d'endiguement du val de Châteauneuf.

Le système d’endiguement du val de Châteauneuf s’étend sur environ 3,6 km en rive droite de la Loire, sur la commune de Châteauneuf-sur-Loire. La zone protĂ©gĂ©e par le système d’endiguement du val de Châteauneuf-sur-Loire, appelĂ©e communĂ©ment val de Châteauneuf, concerne une dizaine de personnes[49]. Il s'agit d'un système ouvert en aval, propriĂ©tĂ© de l'État, de la commune, du conseil dĂ©partemental et d'un propriĂ©taire privĂ©. Le niveau de protection apparent du val est dĂ©fini par le niveau de la crue d’occurrence 250 ans (environ 6,9 m Ă  l'Ă©chelle de Gien)[49].

Le val de Châteauneuf n’est pas endigué sur l’intégralité de son linéaire, de ce fait il commence à être inondé dès les petites crues. Toutefois, le niveau dans le val est insuffisant pour inonder la station d’épuration : le chemin qui traverse le val fait obstacles aux écoulements. Le val est ainsi exposé au risque d’inondation[50] - [44] :

  • Par remous de la Loire : dès la crue de premiers dommages (5,30 m Ă  l’échelle de Gien), le val est inondĂ© le long du coteau, avec des hauteurs d’eau jusqu’à 1,5 m. Cette inondation s’étend pour la crue de premières surverses (6,3 m Ă  Gien).
  • Par dĂ©passement des digues si elles rĂ©sistent Ă  la pression des eaux jusqu’à ce qu’elles soient dĂ©passĂ©es : Pour la crue « type XIXe siècle » (6,8 m Ă  Gien), la Loire dĂ©passe la levĂ©e au niveau de la station d’épuration et inonde totalement le val. Le mĂŞme phĂ©nomène s’observe pour la crue exceptionnelle avec des hauteurs d’eau plus Ă©levĂ©es.
  • Par rupture des digues, avant leur dĂ©passement : la digue de Châteauneuf pourrait ĂŞtre dĂ©faillante avant la crue de premières surverses. Ă€ partir de la crue quinquennale (environ 4,1 m Ă  l'Ă©chelle de Gien), le risque de rupture de l'ouvrage ne peut plus ĂŞtre considĂ©rĂ© comme nĂ©gligeable.

Val de Bou

Système d'endiguement du val de Bou.

D’une superficie de 650 ha, ce val occupe l’intĂ©rieur du grand mĂ©andre de Sandillon, en rive droite de la Loire. Il ne comporte pas de cours d’eau. Le Cens canalisĂ© (canal d’OrlĂ©ans) limite ce val au nord-ouest, en bordure de ChĂ©cy. Les constructions de ce val rural se rĂ©sument au village de Bou et ses hameaux. Ce val essentiellement agricole a connu un fort dĂ©veloppement de l’urbanisation Ă  partir des annĂ©es 1990[51]. Il abrite en 2015 environ 2 700 personnes[52].

Ce val est protĂ©gĂ© en totalitĂ© par une levĂ©e continue, sans dĂ©versoir, d’une longueur de 6,75 km. Un important risque de brèches existe pour cette levĂ©e dont toute la moitiĂ© amont, entre Latingy et le hameau de la Binette, se trouve face au courant, en rive concave de la Loire. Lors des crues du XIXe siècle, plusieurs brèches se sont produites : brèche amont par oĂą les eaux ont envahi le val et brèches aval lors de sa vidange[51].

Le niveau de protection apparent de la levĂ©e de Bou est dĂ©fini par le niveau de la crue d’occurrence 500 ans (environ 6,1 m Ă  l'Ă©chelle de crue d'OrlĂ©ans). Toutefois, dès la crue de pĂ©riode de retour 70 ans (environ 4,7 m Ă  l'Ă©chelle de crue d'OrlĂ©ans), les premières surverses apparaissent sur la digue du canal et inondent la partie aval du val de Bou. De mĂŞme, deux niveaux de sĂ»retĂ© ont Ă©tĂ© diffĂ©renciĂ©s[52] :

  • la probabilitĂ© de rupture de la digue domaniale ne peut plus ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme nĂ©gligeable au-delĂ  de la crue de pĂ©riode 170 ans (environ 5,6 m Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans),
  • la digue du canal d'OrlĂ©ans prĂ©sente un risque non nĂ©gligeable au-delĂ  de la crue de pĂ©riode de retour 20 ans (3,8 m Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans)

Le val de Bou est ainsi exposé en totalité au risque d’inondation[44] :

  • Par remous de la Loire dans le canal d’OrlĂ©ans : pour la crue de premières surverses, la Loire dĂ©verse par-dessus le canal d’OrlĂ©ans et inonde le val par remous, avec des hauteurs d’eau dans le bourg allant jusqu’à m. Cette inondation s’étend lĂ©gèrement pour la crue « type XIXe siècle » ;
  • Par rupture des digues, avant leur dĂ©passement : le val de Bou peut Ă©galement ĂŞtre inondĂ© avant la crue de premières surverses, en cas de dĂ©faillance des digues. Certains secteurs Ă  risque sont connus, comme le lieu-dit de La Binette.

En outre, la remontée de la nappe alluviale au-dessus du terrain naturel et l’apport des affluents secondaires sont des phénomènes qui peuvent aggraver localement l’ampleur des inondations dans les vals.

Val d’Orléans

Système d'endiguement du val d'Orléans.

SituĂ© en rive gauche de la Loire, ce val s’étend sur 33 km de longueur, du hameau de Bouteille Ă  l’amont au confluent du Loiret Ă  l’aval. Sa largeur moyenne est de l’ordre de km et sa superficie de 16 700 ha. Au val d’OrlĂ©ans est Ă©galement rattachĂ©e la partie non endiguĂ©e de la Loire qui s’étend en rive droite entre Chateauneuf-sur-Loire et Saint-Ay (le val de Bouverie est le seul Ă  ĂŞtre endiguĂ©)[53].

Le rĂ©seau hydrographique du val est constituĂ© par la Dhuy et ses affluents (l’Ousson, la Marmagne, la Bergeresse) qui rejoint le Loiret Ă©galement alimentĂ© par des pertes de la Loire dans le rĂ©seau karstique entre Bouteille et Jargeau. Le val d’OrlĂ©ans est très urbanisĂ©, plus de 70 000 personnes habitent en zone inondable[53].

Le val d'OrlĂ©ans est protĂ©gĂ© par une levĂ©e en terre, la levĂ©e d'OrlĂ©ans, de 45 km de longueur, interrompue Ă  3,5 km environ en amont du confluent du Loiret. Il est inondĂ© par le remous de la Loire dans la confluence du Loiret dès les premières crues simulĂ©es. Les premières consĂ©quences (zone industrielle de la Nivelle Ă  Saint-PryvĂ©-Saint-Mesmin) apparaissent dès lors que le seuil de 3,50 m est atteint Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans. La coupure des accès au pont Saint-Nicolas franchissant le Loiret est observĂ©e Ă  une cote d'environ 4,00 m Ă  OrlĂ©ans. Les premières consĂ©quences sur l'autoroute A71 apparaissent Ă  4,20 m Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans conduisant dans un premier temps Ă  des mesures d'exploitation (circulation sur les voies de gauche) puis Ă  la fermeture de l'autoroute. Ce remous est susceptible d'atteindre un secteur urbain significatif sur le territoire des communes de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, Saint-PryvĂ©-Saint-Mesmin et Olivet[54].

La levĂ©e d'OrlĂ©ans a Ă©tĂ© renforcĂ©e sur toute sa longueur. Le niveau de protection historique est celui visĂ© par la construction du dĂ©versoir de Jargeau, amĂ©nagĂ© Ă  la fin du XIXe siècle Ă  l'emplacement des brèches qui s'Ă©taient produites en 1846, 1856 et 1866 et conçu initialement pour fonctionner au-delĂ  de la cote de Loire Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans proche de m (crue de 1825, n'ayant pas occasionnĂ© de brèches). Les lignes d’eau en crue ont toutefois beaucoup changĂ© depuis du fait de l’évolution morphologique du lit de la Loire, consĂ©quence des ouvrages de navigation qui ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s au XIXe siècle (Ă©pis, duits, chevrettes barrant un bras, etc.) et de l’extraction massive de matĂ©riaux en deuxième partie du XXe siècle. Le fonctionnement normal du dĂ©versoir de Jargeau dĂ©buterait dĂ©sormais pour un dĂ©bit d’environ 7 500 m3/s au droit de celui-ci, alors que les premières surverses au-dessus de la levĂ©e d’OrlĂ©ans, donc les possibilitĂ©s de ruptures, apparaĂ®traient en amont du val aux alentours de 6 000 m3/s. Le dĂ©versoir ne remplit donc plus sa fonction de protĂ©ger la levĂ©e d’OrlĂ©ans des surverses, et il ne permet plus de dĂ©finir l’objectif de protection du système d’endiguement[55]. L'analyse menĂ©e dans le cadre de l'Ă©tude de danger des digues, montre qu'aujourd'hui, le niveau de protection apparent de la levĂ©e est associĂ© Ă  une crue de pĂ©riode de retour d'environ 200 ans, soit une hauteur d'eau Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans estimĂ©e Ă  5,75 m[56]. Les zones de surverses probables mises en Ă©vidence se situent de l'amont vers l'aval, Ă  Guilly, Sigloy et Saint-Denis-en-Val (lieu-dit de Château Lumina) [56].

Par ailleurs, les Ă©tudes montrent que des dĂ©faillances avant dĂ©passement des ouvrages sont probables. En particulier, plusieurs zones de dĂ©faillance possible sont mises en Ă©vidence Ă  Guilly, Sigloy et Saint-PryvĂ©-Saint-Mesmin. Pour le secteur de Guilly : la probabilitĂ© de rupture n'est plus nĂ©gligeable dès la crue de pĂ©riode de retour de 70 ans, soit une cote d'environ 4,60 m Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans. Cette cote dĂ©finit le niveau de sĂ»retĂ© actuel de la digue d'OrlĂ©ans et correspond au seuil de dĂ©clenchement du plan d'Ă©vacuation massive de l'AgglomĂ©ration d'OrlĂ©ans en cas de crue[56].

Val de La Bouverie

Système d'endiguement du val de la Bouverie.

Ce petit val, qui porte parfois le nom de « val de Vaussoudun », d’une longueur de 4 kilomètres, s’étend en rive droite de la Loire sur le territoire des communes de La Chapelle-Saint-Mesmin et Chaingy. Sa superficie est d’environ 250 hectares. C’est un petit val agricole, quasiment pas urbanisĂ©. La rivière « le Rollin » coule au pied du coteau. Une des stations d’épuration de l’agglomĂ©ration orlĂ©anaise a Ă©tĂ© construite Ă  l’intĂ©rieur de ce val[57].

Le système de protection du val de la Bouverie est un système d'endiguement ouvert Ă  l'aval propriĂ©tĂ© de l'État et de diffĂ©rents propriĂ©taires privĂ©s. Il s'Ă©tend sur 3,6 km et protège plus de 500 personnes. Le niveau de protection apparent de la levĂ©e domaniale correspond Ă  une crue d'occurrence 5 000 ans (environ 6,5 m Ă  l'Ă©chelle de crue d'OrlĂ©ans). La levĂ©e privĂ©e, situĂ©e Ă  l'aval du système, prĂ©sente un niveau de protection apparent dĂ©fini par le niveau de la crue d’occurrence 500 ans (environ 6,1 m Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans)[58].

Le val commence Ă  ĂŞtre inondĂ© par remous Ă  partir de la crue de pĂ©riode 70 ans et l'est en grande partie pour la crue de protection du système. Au-delĂ  de la crue d’occurrence 70 ans (environ 5,0 m Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans), le risque de rupture de la digue ne peut plus ĂŞtre considĂ©rĂ© comme nĂ©gligeable. Ce risque s'explique par la prĂ©sence de vĂ©gĂ©tation dans l'ouvrage et de fosses d'Ă©rosion de brèches historiques[59].

Vals du Blésois

Ce secteur court de la confluence du Loiret à Candé-sur-Beuvron et compte huit vals, dont deux situés dans le Loiret.

Val de Baule

Système d'endiguement du val de Baule.

Le système de protection du val de Baule est un système d'endiguement ouvert à l'aval qui s'étend sur km. Il est multi-gestionnaires (État, commune de Baule et différents propriétaires privés). Le val abrite une dizaine de personnes[60]. Le système d’endiguement du val de Baule est un système d’endiguement ouvert en aval assurant la protection du val éponyme. Il est constitué, de l’amont vers l’aval, par trois tronçons de levées[60] :

  • Un premier tronçon de levĂ©e propriĂ©tĂ© de l’État au titre du Domaine public fluvial et gĂ©rĂ©, par dĂ©lĂ©gation du PrĂ©fet du Loiret, par la Direction dĂ©partementale des territoires du Loiret; ce tronçon reprĂ©sente un linĂ©aire d’environ 1 850 m et sa hauteur moyenne est de l’ordre de 1,5 m ;
  • Un deuxième tronçon de levĂ©e, propriĂ©tĂ© de la commune de Baule qui en est Ă©galement gestionnaire ; ce tronçon reprĂ©sente un linĂ©aire d’environ 800 m et sa hauteur moyenne est de l’ordre de 2,1 m ;
  • Un dernier tronçon constituĂ© par la levĂ©e privĂ©e de Maisonneuve, d’un linĂ©aire d’environ 1 350 m et de hauteur moyenne est de l’ordre de 1,1 m.

Le niveau de protection apparent est dĂ©fini par le niveau de la crue cinquantennale (4,2 m Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans). Le val commence toutefois Ă  ĂŞtre inondĂ© par remous dès la crue dĂ©cennale (3,2 m Ă  l'Ă©chelle d'OrlĂ©ans). Au-delĂ  de la crue dĂ©cennale, le risque de rupture de la digue ne peut plus ĂŞtre considĂ©rĂ© comme nĂ©gligeable et devient mĂŞme probable Ă  la crue de pĂ©riode 20 ans[60].

Val d’Ardoux

Système d'endiguement du val d'Ardoux.

SituĂ© en rive gauche de la Loire, ce val s’étend sur 23 km de longueur, de Mareau-aux-PrĂ©s en amont Ă  Saint-Laurent-des-Eaux en aval. Le rĂ©seau hydrographique est constituĂ© par le Petit Ardoux, le Grand Ardoux et son affluent l’Ime. Ce val ne comporte pas d’agglomĂ©ration, en revanche, l’habitat rural est relativement dispersĂ© dans la partie centrale. Les communes dont le territoire est partiellement situĂ© en zone inondable sont, d’amont en aval, Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, Mareau-aux-PrĂ©s, ClĂ©ry-Saint-AndrĂ©, Meung-sur-Loire, Dry, Lailly-en-Val, Beaugency et Saint-Laurent-Nouan. A l’extrĂ©mitĂ© aval, est implantĂ©e la Centrale nuclĂ©aire de Saint-Laurent-des-Eaux[61].

Le val est protĂ©gĂ© par une levĂ©e longue de 30 km ouverte face Ă  Meung-sur-Loire par le dĂ©versoir de Mazan et Ă  son extrĂ©mitĂ© aval sur plus de km, ce qui laisse s’écouler l’Ardoux. Le dĂ©versoir de Mazan est en fait une levĂ©e très basse, pouvant correspondre Ă  une ancienne turcie et ressemblant Ă  un chemin en remblai peu marquĂ©; sa longueur est de 2,78 km et son altimĂ©trie varie de 88,40 m IGN 69 Ă  87,20 m IGN 6[61].

Son seuil de fonctionnement correspond Ă  un dĂ©bit en Loire de 4 500 m3/s Ă  OrlĂ©ans soit une pĂ©riode de retour proche de 70 ans. Sa durĂ©e de submersion est de l’ordre de 30 heures pour une crue de pĂ©riode de retour 70 ans et de 70 heures pour une crue de pĂ©riode de retour 170 ans[61].

L’extrĂ©mitĂ© aval du val est inondĂ©e par remous dès la crue cinquantennale (dĂ©bit de 3 900 m3/s Ă  OrlĂ©ans), le remous remontant sur environ km un peu au-delĂ  de Saint-Laurent des Eaux[61].

Dès la crue de dĂ©bit 4 500 m3/s Ă  OrlĂ©ans, le dĂ©versoir de Mazan laisse dĂ©verser la Loire dans le val, qui est en partie inondĂ©, sauf en amont de ClĂ©ry-Saint-AndrĂ©. Les hauteurs d’eau maximales vont de m Ă  2,5 m. Les crues plus fortes voient les hauteurs maximales augmenter et l’inondation gagner en amont de ClĂ©ry. Les hauteurs maximales les plus fortes vont de 1,5 m Ă  plus de m et le dĂ©bit vĂ©hiculĂ© par le dĂ©versoir de Mazan atteint 1 300 m3/s pour une crue cinq-centennale[61].

Concernant la rĂ©sistance des digues, deux niveaux de protection apparents des digues ont Ă©tĂ© dĂ©finis[62] : en amont du dĂ©versoir de Mazan, le niveau de protection apparent est dĂ©fini par le niveau de la crue millĂ©nale et en aval du système (dĂ©versoir inclus) le niveau de protection apparent est dĂ©fini par le niveau de la crue de pĂ©riode de retour 70 ans. Ce niveau correspond Ă  la mise en fonctionnement du dĂ©versoir. De mĂŞme, deux niveaux de sĂ»retĂ© ont Ă©tĂ© identifiĂ©s[62] : Ă  l'amont du dĂ©versoir, le risque de rupture ne peut plus ĂŞtre considĂ©rĂ© comme nĂ©gligeable au-delĂ  de la crue centennale, et sur la partie aval, ce niveau est atteint au-delĂ  de la crue de pĂ©riode de retour 20 ans.

Gouvernance et financement

1970 : premier programme de renforcement des levées

Un programme de renforcement des levĂ©es domaniales est entrepris dans les annĂ©es 1970. IntĂ©ressant Ă  l'origine 288 des 462 kilomètres d'ouvrages situĂ©s dans les quatre dĂ©partements concernĂ©s (Cher, Loiret, Loir-et-Cher et Indre-et-Loire), il est portĂ© Ă  317 kilomètres en 1983. Les opĂ©rations sont financĂ©es de la façon suivante : pour le programme normal : 50% par l’État et 50% par le DĂ©partement, pour le programme complĂ©mentaire, 50% par le DĂ©partement, 50% par l’Etablissement Public RĂ©gional (et 1 franc symbolique de l’État)[63].

1994-2013 : plan Loire 1, 2 et 3

En 1994, naît le Plan Loire Grandeur Nature. Il vise à la mise en œuvre « d'un plan global d'aménagement de la Loire afin de concilier la sécurité des personnes, la protection de l'environnement et le développement économique », en opposition au programme d’aménagement hydraulique de la Loire et de ses affluents signé en 1986, prévoyant la construction de quatre barrages et quelques centaines de kilomètres de digues supplémentaires. Il se veut un plan alternatif prenant en compte les questions environnementales dans la gestion du fleuve. Ce plan d’aménagement global a pour but de concilier trois objectifs : la sécurité des personnes, la protection de l’environnement et le développement économique[64].

Le second plan Loire (2000-2006) se distinguait de son prédécesseur par ses modalités d’exécution : il se concrétise par le biais des contrats de plan État-Région pour lesquels des conventions spécifiques « Loire » sont signées[65]. Les Régions sont ainsi incluses au contrat. Ce plan implique alors une collaboration de l’État, mais aussi des collectivités régionales et départementales, le comité de bassin et l'agence de l’eau Loire-Bretagne. Les clés de répartition sont les suivantes[66] :

  • les travaux sur les digues sont financĂ©s par la rĂ©gion, le conseil gĂ©nĂ©ral et l'État Ă  33,33 % ;
  • les travaux de restauration du lit sont financĂ©s Ă  40 % par la rĂ©gion et 60 % par l'État.

Le Plan Loire comporte alors quatre volets, le volet 1 étant consacré à la sécurité des populations face au risque inondation[67].

Les plans suivants 2000-2006 (PLGN 2) et 2007-2013 (PLGN 3) s'appuient sur les mêmes clés de financement[68]. Depuis 2011, la mise en œuvre du Plan de submersions rapides mis en place par le gouvernement à la suite de la tempête Xynthia, permet de mobiliser des fonds nationaux complémentaires pour les opérations de travaux sur les digues. Les parts des différents partenaires ont ainsi été revues comme suit : 60 % État, 20% Région, 20 % conseil général. Le dispositif a été mis en place uniquement en Région Centre-Val de Loire[66].

2014 : nouveau cadre juridique : loi Maptam et GEMAPI

Calendrier de mise en place de la GEMAPI[69]
  • 27 janvier 2014 : promulgation de la loi MAPTAM.
  • 1er janvier 2018 : entrĂ©e en vigueur des dispositions GEMAPI avec prise de compĂ©tence GEMAPI par les EPCI Ă  fiscalitĂ© propre
  • 1er janvier 2020 : fin de la pĂ©riode transitoire avec prise de compĂ©tences « alimentation en eau potable » et « assainissement » par les EPCI Ă  fiscalitĂ© propre
  • au plus tard en 2020 (pour les personnes morales de droit public) ou en 2024 (28/1/2024 - pour l’État ou l’un de ses Ă©tablissements publics), les ouvrages doivent (avec la compĂ©tence) ĂŞtre transfĂ©rĂ©s aux collectivitĂ©s compĂ©tentes en GEMAPI.

Prévention des inondations : une compétence exclusive des communes et groupements de communes

La loi de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles (Maptam), promulguée le , attribue aux communes, à compter du , une nouvelle compétence exclusive et obligatoire de « gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations » (GEMAPI) (essentiellement articles 56 à 59)[70]. Cette compétence sera exercée par les communes ou, en lieu et place des communes, par les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre (EPCI-FP). Les communes ou EPCI-FP pourront adhérer à des syndicats mixtes et leur transférer tout ou partie de la compétence. La loi encourage ainsi la création de syndicats mixtes à des échelles hydrographiquement cohérentes : les EPAGE (établissement public d’aménagement et de gestion des eaux) à l’échelle de sous-bassins versants et les EPTB établissements publics territoriaux de bassin) à l’échelle des groupements de sous-bassin[71].

Les missions relatives à la GEMAPI sont définies dans l'article L. 211-7 du Code de l'environnement, il s’agit de[72] :

  • L’amĂ©nagement d’un bassin ou d’une fraction de bassin hydrographique ;
  • L’entretien et l’amĂ©nagement d’un cours d’eau, canal, lac ou plan d’eau, y compris les accès Ă  ce cours d’eau, Ă  ce canal, Ă  ce lac ou Ă  ce plan d’eau ;
  • La dĂ©fense contre les inondations et contre la mer ;
  • La protection et la restauration des sites, des Ă©cosystèmes aquatiques et des zones humides ainsi que des formations boisĂ©es riveraines.

L’émergence de la compétence Gemapi revêt un intérêt majeur pour la mise en œuvre des directives européennes, et notamment[73] :

  • la directive-cadre sur l’eau : l’amĂ©lioration des paramètres liĂ©s Ă  l’hydromorphologie et la continuitĂ© constitue un enjeu majeur pour l’atteinte du bon Ă©tat des eaux ;
  • la directive inondation : les dĂ©bordements de cours d’eau et les submersions marines nĂ©cessitent la mise en place d’actions de prĂ©vention et de protection des populations.

Dans les deux cas, il est nécessaire de structurer ou renforcer les maîtrises d’ouvrage locales. Afin de financer ces nouvelles compétences, une taxe facultative est créée au . Elle est affectée exclusivement à l’exercice de cette compétence, globalement plafonnée à 40 € et multipliée par le nombre d’habitants de la commune ou de son groupement.

Quelle gouvernance des digues à la suite de la « GEMAPI » ?

À la suite de la loi GEMAPI cinq EPCI sont pressentis pour prendre en charge l'entretien et l'amélioration du système d'endiguement de la Loire.

La loi définit également les principes relatifs à la mise à disposition des digues appartenant à une personne morale de droit public au profit des communes ou des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à fiscalité propre compétents pour la défense contre les inondations et contre la mer, ainsi que celles de création de servitudes notamment sur les terrains d’assiette ou d’accès[Note 2]. Un guide et une circulaire sont publiées en afin d'apporter un éclairage technique sur les principales conséquences des dispositions de la loi MAPTAM[74] - [75].

Sur l’axe de la Loire Moyenne, la question centrale que pose la prise de compĂ©tence GEMAPI est celle de la gestion des digues de protection contre les inondations dont une grande majoritĂ© est actuellement gĂ©rĂ©e par les services de l’État (500 km sur les 600 km de digues de protection, et dans le Loiret 154 km sur les 164 km de digues). Afin de dĂ©finir les modalitĂ©s d’organisation des futures maĂ®trises d’ouvrages sur ces digues et de prĂ©parer leur transfert de gestion, l’État a donc proposĂ© d’organiser avec les collectivitĂ©s cette rĂ©flexion via la mise en place d’un groupe de travail Loire Moyenne regroupant les services de l’État et de reprĂ©sentants des collectivitĂ©s concernĂ©es par cette nouvelle compĂ©tence[76].

Trois scénarios sont envisageables[77] :

  • Chaque EPCI s'organise selon ses souhaits, sur le pĂ©rimètre qu'il privilĂ©gie en dĂ©coupant au besoin la compĂ©tence pour tenir compte des structures existantes notamment ;
  • Mise en place de syndicats mixtes (Ă©ventuellement d'EPAGE) Ă  l'Ă©chelle de vals ou de regroupement de vals ; la question de la cohĂ©rence d'axe se pose toutefois de mĂŞme que celle avec les vals liĂ©s.
  • Mise en place d'un syndicat mixte Ă  l'Ă©chelle de l'ensemble du système endiguĂ© de la Loire moyenne, Ă©ventuellement prolongĂ© au-delĂ  et ayant Ă©ventuellement d'autres missions et/ou transfert ou dĂ©lĂ©gation (partielle ou complète) Ă  l'EP Loire. La question de la gouvernance se pose toutefois ainsi que les modalitĂ©s de partage Ă©ventuel avec les EPCI ou autres syndicats de la compĂ©tence protection contre les inondations.

Lors de la réunion du , le directeur de l'Établissement public Loire annonce que l'EPL engage une démarche visant à faire aboutir un Projet d'Aménagement d'Intérêt Commun (PAIC) pour les ouvrages de protection sur le bassin de la Loire en collaboration avec la DREAL Centre-Val de Loire, l'IRSTEA et le CEREMA. A l'échelle du bassin, cette démarche vise à préciser l'investissement de l'EPL aux côtés des collectivités pour mettre en œuvre la compétence Gemapi en tenant compte des volontés et besoins exprimés par celles-ci[78].

Travaux de renforcement des levées

Renforcement par épaississement des levées

Des études menées dans les années 1960 ont montré que les digues de Loire étaient particulièrement vulnérables à l'érosion interne et au glissement et ont permis de définir des techniques de renforcement des levées de la Loire. Une première technique consiste en un renforcement hydraulique côté val par la mise en place d’un tapis drainant ainsi que l’épaississement du profil de la digue, et la réalisation d’un chemin de service. En cas de crue, ce drain oblige ainsi les infiltrations d’eau à traverser le corps de la digue suivant un chemin préférentiel, en rabaissant le gradient hydraulique. Les travaux de renforcement des levées débutent en 1971 sur un site test, puis ils sont prévus systématiquement le long des levées[79] - [80].

Sur certains sites, le renforcement côté val s’avère difficile à mettre en place, entre autres du fait de la présence de maisons. Une étude est donc effectuée dans les années 1970 afin de définir une nouvelle démarche de renforcement côté Loire. Celle-ci comprend alors la réalisation d’un mur parafouille, un élargissement de la digue ainsi que la protection du pied de talus par des plaques en béton alvéolé posées sur un tissu synthétique. Ceci a pour but de bloquer les infiltrations côté Loire[79] - [80].

  • Renforcement du corps de digue par Ă©paississement cĂ´tĂ© val.
    Renforcement du corps de digue par épaississement côté val.
  • Renforcement du corps de digue par Ă©paississement cĂ´tĂ© lit de la Loire.
    Renforcement du corps de digue par épaississement côté lit de la Loire.

Renforcement par enrochements en pied de levée

Renforcement du corps de digue par palplanche.

L'enfoncement du lit de la Loire, qui s'est accentué dans la deuxième moitié du XXe siècle avec l’exploitation massive des granulats du fleuve, a contribué à relever et découvrir les fondations des levées. Pour protéger les sections en contact avec le lit mineur des enrochements ont été mis en place. Ces enrochements constituent également une piste permettant l’entretien ultérieur du talus côté Loire. Ils présentent une granulométrie continue afin d’éviter l’emport des matériaux sous-jacents. Suivant les cas, un géotextile filtrant peut être également placé sous le massif en enrochements[79] - [81].

Renforcement en corps de digue

Renforcement du corps de digue par palplanche.

Sur certaines sections, les renforcements par épaississement de la digue ne sont pas toujours réalisables. Dans ce cas, des écrans étanches dans le corps de digue ont été mis en oeuvre. Ces écrans sont le plus souvent constitués d'un rideau de palplanches enfoncé dans le corps de digues par battage, vérinage ou vibrofonçage. Les autres techniques éprouvées sont la paroi moulée, qui consiste à remplir une tranchée réalisée dans la levée à l’aide d’un matériau à base de liant hydraulique et la « paroi mince », réalisée par fonçage d’un profilé suivi de l’injection d’un coulis[79].

Ces techniques ont plusieurs inconvénients[81] :

  • Elles modifient le fonctionnement structurel de la digue, alors mĂŞme qu’on cherche Ă  maintenir la continuitĂ© du matĂ©riau dans le corps de digue afin de limiter les effets d’interface susceptibles de crĂ©er un chemin prĂ©fĂ©rentiel pour l’eau ;
  • Leur coĂ»t est assez Ă©levĂ© (Ă  partir de 1 500 â‚¬ HT/ml pour des palplanches battues ou une paroi mince et jusqu'Ă  plus de 3 000 â‚¬/ml pour des palplanches verinĂ©es en 2013) et la vitesse d'exĂ©cution est de quelques mètres par jour ;
  • Pour ce qui est des palplanches, les variations d'enfoncement, inĂ©vitables dans un terrain hĂ©tĂ©rogène, peuvent avoir pour effet de concentrer les Ă©coulements et par consĂ©quent de favoriser l'apparition de renard hydraulique ;
  • Leurs contraintes en termes de bruit, de vibrations, d'emprise des engins de travaux et de surface de stockage peuvent les rendre inadaptĂ©es sur certains sites, en particulier Ă  proximitĂ© d'habitations ou de voies circulĂ©es.

Techniques de mélange en place

Afin de limiter les effets liés à la création d’interfaces en corps de digue, les techniques de mélange en place peuvent constituer des alternatives intéressantes. Ces techniques consistent en un mélange des matériaux constitutifs de la levée avec un liant (en général de la bentonite ciment) afin d'en modifier les caractéristiques (ici la perméabilité). Le mélange est assuré par un outil permettant d'atteindre la profondeur désirée. L'utilisation du mélange en place présente notamment L'avantage de générer une interface continue entre le renforcement et l'ouvrage lui-même et donc de limiter les effets liés à la présence d'une interface[79] - [82].

Programme 1970

Un atlas cartographique produit par le conseil gĂ©nĂ©ral du Loiret en 2012 avec le soutien de l’État et de la RĂ©gion Centre, Ă  partir d’un recensement initial rĂ©alisĂ© par l’Établissement public Loire, permet de recenser par val et commune les diffĂ©rents travaux de renforcement des levĂ©es rĂ©alisĂ©s depuis les annĂ©es 1970. Le linĂ©aire de travaux de renforcement rĂ©alisĂ©s dans le cadre du programme 1970 (pĂ©riode de rĂ©alisation 1971-1993) s'Ă©tablit Ă  77,8 km, principalement cĂ´tĂ© val. La rĂ©partition par val est la suivante[83].

ValLinéaire de travauxNature des travauxDescriptif des travaux (commune [longueur (fin de travaux)])
Val d'Ouzouer18 775 mRenforcement par épaississementGermigny-des-Prés [1 802 m (1983)] + Ouzouer-sur-Loire [1 527 m (1983)] + Ouzouer-sur-Loire et Saint-Père-sur-Loire [538 m (1984)] + Ouzouer-sur-Loire et Saint-Père-sur-Loire [2 009 m (1984)] + Saint-Benoît-sur-Loire [2 884 m (1982) + 2 253 m (1981) + 2 571 m (1981)] + Saint-Père-sur-Loire [968 m (1985) + 1 704 m (1985) + 1 044 m (1979) + 1 465 m (1979) + 10 m (1979)]
Val de Sully10 714 mRenforcement par Ă©paississementLion-en-Sullias [469 m (1994) + 909 m (1992) + 1 787 m (1995)] + Saint-Aignan-le-Jaillard [511 m (1993) + 1 061 m (1991) + 1 350 m (1990) + Saint-Aignan-le-Jaillard et Lion-en-Sullias [1 866 m (1994)] + Sully-sur-Loire et Saint-Aignan-le-Jaillard [2 761 m (1989)]
Val d'Orléans41 405 mRenforcement par épaississementBou et Chécy [2144 m (1981)] + Guilly [2761 m (1989) + 3564 m (1977)] + Jargeau [1337 m (1976)] + Jargeau, Darvoy et Sandillon [5422 m (1973)] + Mardié et Bou [2212 m (1981)] + Ouvrouer-les-Champs et Jargeau [4544 m (1976)] + Saint-Denis-en-Val et Saint-Jean-le-Blanc [2006 m (1975)] + Saint-Hilaire-Saint-Mesmin et Mareau-aux-Prés [665 m (1986)] + Saint-Pryvé-Saint-Mesmin[3061 m (1978)] + Sandillon [3846 m (1971)] + Sandillon et Saint-Denis-en-Val [4135 m (1974) + 1444 m (1974)] + Sigloy [4249 m (1977) + 15 m (1977)]
Val d'Ardoux6 447 mRenforcement par épaississementMareau-aux-Prés [2 672 m (pgm 86-fin 1988) + 3 231 m (pgm 87-fin1988)] + Saint-Hilaire-Saint-Mesmin [1 044 m (1986)]

Plan Loire

Les actions réalisées dans la période 2000-2006 (plan Loire 2) ont eu pour objectif de renforcer le système de protection existant par confortement du corps de digue, par renforcement du pied des levées, par rétablissement des banquettes et création de chemins de service, par lutte contre les animaux fouisseurs. Par ailleurs, la fermeture du milieu par la végétation s'est accrue à la suite de l'enfoncement du lit dû aux extractions alluvionnaires dans le lit mineur et à l'abandon de l'entretien consécutif à la disparition progressive de la navigation traditionnelle depuis le XIXe siècle [84]

Pour le Plan Loire 3, une attention particulière a été portée aux pieds de levées en contact direct avec le lit de la Loire qui présentaient une érosion importante et donc un risque d'effondrement de l'ouvrage. Ils ont été renforcés par un massif en enrochement sur les secteurs de Sandillon, Germigny-des-Prés, l'île Charlemagne, Guilly, Melleray, Bou-Chécy, Mareau-aux-Prés, Jargeau, Sully-sur-Loire. Ces travaux se sont accompagnés de la réalisation d'un chemin de service en pied de levée côté Loire, permettant une surveillance et un entretien mécanisés de l'ouvrage[85].

Des renforcements ponctuels de corps de digue, non traités par le programme des années 70, ont par ailleurs été réalisés à Saint-Père-sur-Loire par vibro-fonçage de palplanches, et à Sigloy et Guilly par création d'un voile étanche par mélange des matériaux en place et d'un liant hydraulique. Enfin, une maison encastrée dans la digue de Bou (la Binette) a été acquise en vue d'un renforcement de l'ouvrage. De même, des ouvrages situés sur les digues et permettant la traversée de petits affluents ont été restaurés afin de permettre leur manœuvre en crue[85].

Ces interventions ont été réalisées sous maîtrise d'ouvrage de l'État, propriétaire des digues, avec le concours financier de la Région Centre et du conseil général du Loiret[85]. La Liste des opérations du Plan Loire réalisées entre 1994 et 2013 est la suivante[86].

PériodeValLinéaireNature des travauxDescriptif des travaux (commune [longueur (fin de travaux)])
Plan Loire 1 (1994-1999)Val de Saint-Firmin1259 mProtection du bourgSaint-Firmin-sur-Loire [1259 m (2000)]
Val d'Ouzouer521 mRenforcement de la levéeSaint-Benoît-sur-Loire au lieu dit "les Boutrons" [521 m (2000)]
Val d'Orléans678 mRenforcement de pied de levéeGuilly [489 m (1997)]
Travaux de renforcementJargeau , en aval de la maison du Cordon [189 m (2000)]
Val de Bou1171 mFin du renforcement de levée par épaississement côté valMardié [810 m (1997)]
Renforcement de la levéeBou, au lieu dit "la Binette" [361 m (1996)][87].
Plan Loire 2 (2000-2006)Val d'Ouzouer611 mRenforcement de la levéeSaint-Père-sur-Loire au lieu dit de 'St Thibault' [315 (2005)]
Renforcement du pied de levéeSaint Benoît-sur-Loire [296 (2009)]
Val d'Orléans11 848 mRétablissement de l'intégrité de la banquette des levées[4 284 (2007)]
Rétablissement de l'intégrité de la banquette des levées[6 073 (2007)]
Renforcement du pied de levéeOuvrouer-les-Champs [797 (2009)]
Renforcement du pied de levéeSigloy [634 (2009)]
Confortement du mur du Cordon et renforcement de la digue Ă  l'amont de la communeJargeau [60 (2004)]
Plan Loire 3 (2007-2013)Val de Saint-FirminRestauration des Portes de gardesSaint-Firmin-sur-Loire (2013)
Val de ChâtillonRestauration des Portes de l'Ethelin et de la vanne du "Père Lavigne"Châtillon-sur-Loire (2012)
Val d'OuzouerRenforcement de pied de levéeGermigny-des-Prés [299 m (2010)]
Renforcement du corps de digue par voile étanche (palplanches)Saint-Père-sur-Loire [293 m (2013)][88]
Val de SullyRenforcement du pied de levéeà l'amont de la commune de Sully-sur-Loire 900 m (2014)][89]
Restauration des vannes de la Sange et du Ru d'OisonSully-sur-Loire* (2012)
Val d'OrléansInjection de mélanges en place dans la digue aux lieux dits "la Grange" et "Maison Vieille"Guilly* (2012)][90]
Renforcement de pied de levée au lieu-dit 'Bouteille'Guilly [1223 m (2012)][91]
Injection de mélanges en place dans la digue à l'île CharlemagneSaint-Denis-en-Val (2012)
Renforcement du pied de levée sur le site de MelleraySaint-Denis-en-Val [642 m (2013)][92]
Renforcement de la levée sur le RioSaint-Denis-en-Val [328 m (2011)]
Restauration des batardeauxJargeau (2013)
Injection de mélanges en placedigue à Sigloy amont et Ouvrouer-Sigloy au lieu-dit "les Vallées" (2012)][90]
Renforcement de pied de levéeSandillon [1280 m (2010)]
Renforcement du pied de levée à l'amont de la communeJargeau* 315 (2013)]
Val de BouRenforcement du pied de levéeEntre Bou et Chécy 1731 m (2013)][93]
Val d'ArdouxRestauration de la vanne de "Mazan"Cléry-Saint-André (2011)
  • Exemples de travaux de renforcement de levĂ©e
  • Renforcement du mur du Cordon Ă  Jargeau (2004)
    Renforcement du mur du Cordon Ă  Jargeau (2004)
  • Renforcement par un voile Ă©tanche en palplanche mĂ©tallique -amont de Jargeau (2004)
    Renforcement par un voile étanche en palplanche métallique -amont de Jargeau (2004)
  • Renforcement par un voile Ă©tanche en palplanche mĂ©tallique - Saint-Père-sur-Loire (2011)
    Renforcement par un voile étanche en palplanche métallique - Saint-Père-sur-Loire (2011)
  • Renforcement du pied de levĂ©e par apport d'enrochements - Ouvrouer-les-Champs (2008)
    Renforcement du pied de levée par apport d'enrochements - Ouvrouer-les-Champs (2008)
  • Renforcement par enrochement, après dĂ©capage de la terre vĂ©gĂ©tale - Saint-Denis-en-Val (au droit du Rio) (2010)
    Renforcement par enrochement, après décapage de la terre végétale - Saint-Denis-en-Val (au droit du Rio) (2010)
  • Renforcement du pied de levĂ©e par apport d'enrochements - Guilly - lieu-dit Bouteille (2011)
    Renforcement du pied de levée par apport d'enrochements - Guilly - lieu-dit Bouteille (2011)

Préconisations pour le renforcement du système d'endiguement

Les différentes études menées dans les années 2010 ont montré que, malgré les travaux de renforcement réalisés dans les plans Loire 1, 2 et 3, le système d'endiguement de la Loire dans le Loiret est d'une part particulièrement fragile et d'autre part ne répond pas aux attentes de protection des populations. Divers travaux d'aménagement sont nécessaires pour assurer une protection correcte des habitants.

Vals de l'Orléanais

De l'étude des vals de l'Orléanais, dénommée Écrivals, il ressort qu'en préalable à toute intervention sur le système d’endiguement, il convient de restaurer les digues du périmètre de l’étude afin de réduire leur risque de rupture avant surverse. Pour ce faire, les opérations de travaux engagées dans le plan Loire 2007-2013 sont à poursuivre : renforcement des corps et pieds de digues, traitement des canalisations traversantes et du bâti encastré. Ensuite, les interventions proposées peuvent être organisées autour de trois niveaux de priorité[44]. Ces travaux sont estimés en 2013 à 25 millions d'euros[94].

En priorité 1, il apparaît comme indispensable de trouver une solution au dysfonctionnement actuel du déversoir de Jargeau. En effet, une crue du type de celles qui se sont produites au 19e siècle créerait aujourd’hui des brèches dans la digue d’Orléans, sans que le déversoir ne fonctionne. Pour résoudre ce problème, il est proposé de rétablir le bon fonctionnement du déversoir de Jargeau en abaissant son fusible. Cette intervention devra s’accompagner d’une reprise ponctuelle de la digue du val d’Orléans, sur les communes de Sigloy et Saint-Denis-en-Val (lieu-dit de Château Lumina)[44]. Ces travaux sont estimés en 2013 à 10 millions d'euros[94].

En priorité 2, il est préconisé de limiter le risque de brèche sur la digue du val d’Ouzouer par dépassement des digues. Sur ce val, comme pour celui d’Orléans, le déversoir d’Ouzouer ne joue en effet pas son rôle de protection de l’intégrité de l’ouvrage. Pour ce faire, il est proposé d’abaisser le fusible du déversoir d’Ouzouer et de rendre la digue du val d’Ouzouer résistante à la surverse, au droit de Saint-Père-sur-Loire, et plus ponctuellement sur les communes de Saint-Benoît-sur-Loire et Germigny-des-Prés[44]. Ces travaux sont estimés en 2013 à 18 millions d'euros[94].

Enfin, en priorité 3, plusieurs opérations permettraient de réduire encore le risque d’inondation sur le territoire étudié, particulièrement les dommages aux biens,. Dans le val d’Orléans, une digue de protection rapprochée de Saint-Jean-le-Blanc permettrait ainsi de réduire l’exposition de cette commune et de celles de Saint-Denis-en-Val et d’Orléans. Cette opération n’est cependant intéressante que si le déversoir de Jargeau est au préalable remis en état de fonctionner. Par ailleurs, dans le val de Bou, il pourrait être opportun d’équiper le canal d'Orléans d’une fermeture au droit du pont de Chécy, pour éviter le remous de la Loire dans celui-ci, qui inonderait les communes de Bou et Chécy[44]. Ces travaux sont estimés en 2013 à 5 millions d'euros[94].

Vals du Giennois

L'étude des vals du Giennois aboutit aux préconisations suivantes concernant le système d'endiguement[95] :

  • Renforcement des levĂ©es existantes. Comme pour les levĂ©es des vals orlĂ©anais, cet amĂ©nagement tend Ă  amĂ©liorer la rĂ©sistance des digues et Ă  minimiser le risque de brèches.
  • Mise en transparence des levĂ©es. Lorsque les enjeux situĂ©s dans le val le permettent, des ouvertures dans les levĂ©es sont amĂ©nagĂ©es. Leur objectif est de permettre Ă  l’eau de traverser l’ouvrage sans fragiliser sa structure et d’éviter la formation de brèches.
  • Mise en place de protections amovibles. GĂ©nĂ©ralement posĂ©es sur les berges d’un cours d’eau, les protections “rapprochĂ©es” sont des ouvrages amovibles permettant de limiter localement l’inondation.
  • CrĂ©ation de nouvelles levĂ©es de protection. La prĂ©sence d’enjeux humains, Ă©conomiques ou stratĂ©giques peut justifier la crĂ©ation d’un ouvrage de protection (digue de protection ceinturant le bourg de Poilly-lez-Gien ou digue de dĂ©viation en amont du quartier de la Californie pour canaliser le flux d’eau sur des secteurs prĂ©sentant moins d’enjeux).
  • Modification du dĂ©versoir de Saint-Martin-sur-Ocre. Une proposition de rehausse de la cote plancher de l’ouvrage (lĂ  oĂą l’eau s’écoule en premier lieu en pĂ©riode de crue) a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e tout en prenant en compte les Ă©ventuels impacts sur les quais de Gien.
  • RĂ©habilitation des portes de garde des systèmes d’endiguement. Le système d’endiguement Ă  Saint-Firmin-sur-Loire et Ă  Châtillon-sur-Loire est ponctuellement traversĂ© par des affluents et des routes. Ces portes, devant assurer l’étanchĂ©itĂ© du système, prĂ©sentant des dysfonctionnements, leur rĂ©habilitation permettrait de rĂ©tablir leur fonctionnement optimal.

Notes et références

Notes

  1. Le Bec d'Allier est la confluence de la Loire et de l'Allier, située sur la commune de Marzy, dans le département de la Nièvre.
  2. Articles L.566-12-1 / 2 du mĂŞme Code

Références

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Voir aussi

Articles connexes

Ouvrages

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