Centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux
La centrale nucléaire de Saint-Laurent se situe sur la commune de Saint-Laurent-Nouan dans le Loir-et-Cher en bord de Loire, entre Orléans (30 km en amont) et Blois (28 km en aval).
Pays | |
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RĂ©gion | |
DĂ©partement | |
Commune | |
Coordonnées |
47° 43′ 26″ N, 1° 35′ 01″ E |
Opérateur | |
Construction | |
Mise en service |
24 mars 1969 |
Mise à l’arrêt définitif |
1990 (réacteur A1), 1992 (réacteur A2) |
Statut |
en service (réacteurs B1 et B2) |
Direction |
Nicolas André[1] |
Fournisseurs | |
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Type | |
RĂ©acteurs actifs |
2 x 915 MW |
Puissance nominale |
1 830 MW |
Production annuelle | |
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Facteur de charge |
65,9 % (en 2019) |
Production moyenne |
11,47 TWh (2015 Ă 2019) |
Production totale |
517,13 TWh (fin 2019) |
Source froide | |
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Site web |
Présentation
Cette centrale nucléaire comprend deux réacteurs à eau pressurisée (REP), B1 et B2, qui sont en fonctionnement commercial depuis 1983. Ils ont une puissance unitaire de 915 MW. Les deux tours de refroidissement en font partie[4].
Le site contient également deux anciens réacteurs nucléaires A1 et A2 de la filière uranium naturel graphite gaz (UNGG) en phase de démantèlement et les deux silos d'entreposage associés. Ces deux réacteurs avaient été respectivement mis en service en 1969 et 1971[5], ils ont été arrêtés en [6] et [7] - [8].
En , 754 salariés EDF auquel s'ajoutent 250 salariés permanents d'entreprises prestataires[9] travaillent à la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux.
Caractéristiques des réacteurs
Les caractéristiques des réacteurs en service, construits par l'entreprise française Framatome et exploités par EDF, sont les suivantes :
Rejets chimiques
Le 18 mai 2010, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a adopté deux décisions relatives aux prélèvements d’eau et aux rejets d’effluents du site. Ces décisions encadrent les rejets chimiques et gazeux du site ainsi que la surveillance de l'environnement devant être réalisée par l'exploitant[10].
Déchets nucléaires
Le site comprend deux silos dans lesquels ont été stockées près de 2 000 tonnes de chemises graphites hautement radioactives issues du cœur des deux réacteurs en cours de démantèlement. Dans son rapport de , l'Association nationale des comités et commissions locales d'information (ANCCLI) estimait que ce stockage ne répond pas aux critères actuels de sûreté[11].
Accidents nucléaires
1969 : Fusion du cœur du réacteur A1
Le , une mauvaise manipulation lors du chargement du cœur sur le réacteur graphite-gaz no 1 entraîne la fusion de 50 kg de dioxyde d'uranium[12]. À l'époque, aucune information n'a été révélée à la population, cet accident nucléaire étant qualifié d'incident par EDF car il n'a pas entraîné de dommages vis-à -vis des personnes, des biens ou de l’environnement extérieurs au site. Cet accident est classé au niveau 4 de l’échelle INES[13] - [14].
1980 : Fusion du cœur du réacteur A2
Le , un accident conduisit à la fusion de 20 kg de dioxyde d'uranium du réacteur graphite-gaz no 2. Gravement endommagé, le réacteur fut indisponible pendant trois ans et demi environ. Cet accident nucléaire, porté au niveau 4 de l'échelle INES[15] - [16], est le plus grave jamais répertorié sur un réacteur en France[12].
Traces de plutonium dans la Loire
Par la suite, une campagne de prélèvements de sédiments en Loire conduite par un laboratoire universitaire a établi la présence de traces de plutonium depuis Saint-Laurent jusqu’à l’estuaire, dont l’origine serait à imputer soit à l’accident de 1980, soit à celui de 1969[17].
Pour l'IRSN, cependant, cet incident est indépendant de l’accident du 13 mars 1980 décrit ci-dessus. Ces rejets radioactifs sous forme d’effluents liquides significatifs en Loire sont associés au traitement des eaux de la piscine du réacteur SLA2, contaminées lors de l’éclatement d’un conteneur renfermant un élément combustible non étanche, survenu en . Les rejets correspondants ont été estimés à 1 GBq de radio-éléments émetteurs alpha[14].
Le déversement de plutonium issu de Saint-Laurent serait de l'ordre de 700 millions de becquerels (0,7 GBq), soit l'équivalent de 0,3 gramme de plutonium-239[18]. Compte tenu de la radiotoxicité du plutonium-239 (qui est de 10 Sv/mg) et de l'extrême dilution d'un rejet dans la Loire, dont le débit moyen est de l'ordre de 1 000 m3/s, un rejet de ce niveau ne peut pas avoir de conséquence sanitaire observable (les quelques milliers de Sievert potentiel ont été dilués dans des millions de mètres cubes). Lors d'une interview, Marcel Boiteux, dirigeant d'EdF à l'époque, a indiqué que « Oui, bien sûr, ce n'est pas bien, mais ce n'est pas grave. […] »[19].
Incidents
1987 : gel de la Loire
Le matin du , vers 9 h 30, par suite du gel exceptionnel de la Loire, la glace obstrue les prises d'eau de la centrale A1 (UNGG) et entraîne la perte du refroidissement normal de celle-ci, ce qui provoque l'arrêt automatique du réacteur graphite-gaz. Le système de refroidissement à l'arrêt, nécessaire pour évacuer la puissance résiduelle, est alors alimenté par le réseau électrique de l'Ouest de la France car les diesels qui auraient dû alimenter ce système ne fonctionnent pas. Ils ont pu être remis en service avant l'effondrement du réseau qui a eu lieu vers midi à la suite d'une panne de la centrale thermique de Cordemais[20]. La glace qui obstruait les prises d'eau a ensuite été brisée par des explosifs mis en place par l'armée française[21].
2004 : barres de contrôle bloquées
Le , du sodium radioactif a été rejeté dans l'atmosphère lors d'un test d'étanchéité de nouveaux générateurs de vapeur d'un des réacteurs de la centrale B. L'incident, qui a entraîné l'arrêt automatique du réacteur, est sans conséquence pour l'environnement selon la direction EDF de la centrale, cet événement a été classé au niveau 1 de l'échelle INES[22]. Le Réseau Sortir du nucléaire a cependant précisé que lors de l'arrêt automatique du réacteur, des barres de contrôle « sont restées bloquées pour une raison encore inconnue »[23].
Risques
Le rapport TSN de 2017 précise que la sûreté des installations reste maîtrisée quoique légèrement en retrait par rapport à 2016[24].
Risque sismique
La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux est située dans une des zones sismiques les plus faibles de France. Selon un rapport de l'Autorité de sûreté nucléaire datant d', certaines fonctions de sauvegarde assurant le refroidissement du réacteur pourraient ne plus être assurées en cas de séisme[25]. Cette même année, un programme de modifications permettant de restaurer la tenue au séisme de très forte intensité de ces réservoirs a été mis en place. L'évaluation complémentaire de la sûreté de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux remise le à l'Autorité de Sûreté Nucléaire montre que « pour les ouvrages du site, la réévaluation du SMS a mis en évidence un léger dépassement du spectre de dimensionnement de site (EDF 0,1 g) pour des fréquences supérieures à 7 Hz. Les analyses menées ont permis de vérifier l’absence d'impact de ce dépassement sur le dimensionnement du génie civil et des matériels des ouvrages du site »[26]. La nouvelle évaluation du niveau sismique a été réalisée pour le prochain réexamen de sûreté de la 3e visite décennale de Saint-Laurent-des-Eaux. Cette évaluation est conforme à la RFS 2001-01[27] et s'appuie sur des données sismo-tectoniques plus récentes.
Risque d'inondation
L'emplacement du site a été surélevé de 3,5 mètres.
« Le niveau d’inondation pour lequel le site est dimensionné est adéquat et conforme au référentiel en vigueur ». La côte majorée de sécurité (CMS) du site correspond au niveau atteint en cas de crue millénale majorée (CMM)[28].
En 2010, l’ASN a rendu un rapport d’observation qui estime que « la mise en place en 2010 d’une enceinte géotechnique autour des silos d’entreposage de chemises graphite irradiées renforce la sûreté de cette installation face au risque d’inondation par la Loire. »
Risques liés à la proximité d'une école
En 2012, les communes de Lestiou et Avaray déposent un permis de construire un groupe scolaire à 2 km de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux[29]. Après avoir ajourné le projet et demandé un rapport d’étude complémentaire, le préfet du Loir-et-Cher a autorisé la construction en [30].
Particularités
Lors de la conception, la hauteur des réfrigérants a été limitée à 120 m afin de réduire leur visibilité depuis Chambord[31].
Sur les tours désaffectées de Saint Laurent A nichent des faucons pèlerins[32], dans des nichoirs installés en vue de faire fuir les pigeons[33].
- La centrale sur la rive gauche de la Loire.
- Le moulin Saint-Jacques de Saint-Laurent devant la centrale.
- Vue aérienne (2016).
Notes et références
- Un nouveau directeur à la centrale de Saint-Laurent, lanouvellerepublique, 26 juin 2019, consulté le 19 juillet 2021
- (en) « Nuclear Power Reactor Details - ST-LAURENT-B-1 », sur pris.iaea.org, Agence internationale de l'énergie atomique (consulté le ).
- (en) « Nuclear Power Reactor Details - ST-LAURENT-B-2 », sur pris.iaea.org, Agence internationale de l'énergie atomique (consulté le ).
- Collectif, « Saint-Laurent », Électricité de France (consulté le ).
- Collectif, « La centrale de Saint-Laurent-des-Eaux », Autorité de sûreté nucléaire (consulté le ).
- (en) Collectif, « WNA Reactor Database - St. Laurent-A1, France Shutdown 18 April 1990 », sur world-nuclear.org.
- (en) Collectif, « WNA Reactor Database - St. Laurent-A2, France Shutdown 27 May 1992 », sur world-nuclear.org.
- Jordan Pouille, « A Saint-Laurent, la centrale nucléaire, « j’en verrai jamais le bout » », sur www.lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
- « La centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux : Une production d’électricité au cœur de la région de Centre » [PDF], sur edf.com, (consulté le )
- « EDF devra réduire les rejets de Saint-Laurent-des-Eaux », sur www.enviro2b.com, Enviro2b.com, (consulté le ).
- Collectif, « Avis sur la sûreté des silos de stockage de graphite de Saint Laurent des Eaux », sur www.anccli.org, Association nationale des comités et commissions locales d'information (consulté le ).
- « Le jour où la France a frôlé le pire », sur Le Point.fr, (consulté le )
- Accidents en France dans les anciens réacteurs A1 et A2 de la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) site de l’ASN, 4 décembre 2018
- « Note d’information sur les accidents ayant affecté les réacteurs nucléaires du site de Saint-Laurent-des-Eaux en 1969 et en 1980 » [PDF], sur IRSN, (consulté le ).
- « LES ÉCHELLES DE CLASSEMENTS » [PDF], sur ASN (consulté le ).
- « Évènements significatifs classés au niveau 4 sur l'échelle INES », sur ASN, (consulté le ).
- « CONTROLE : Les rejets des installations nucléaires » [PDF], sur ASN, (consulté le ), p. 77-78 sur « Contrôle n°137 : Les rejets des installations nucléaires », sur ASN, (consulté le ).
- Plutonium dans la Loire : des rejets jusqu'en 1985, La nouvelle république du Loir-et-Cher, 12/05/2015.
- Olivier Pirot, « Plutonium déversé dans la Loire : les aveux toxiques d'EDF », sur La Nouvelle République du Loir-et-Cher, (consulté le ).
- Les jeux de l'atome et du hasard, Jean-Pierre Pharabod et Jean-Paul Schapira, Éditions Calmann-Lévy, 1988.
- Le canard enchainé, 23/03/2011 : Petits pépins deviendront grands
- Rejet radioactif gazeux incontrôlé sans conséquence pour l'environnement ASN, 14 mai 2004
- Rejet radioactif Ă la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, AFP du 13 mai 2004
- [PDF]cf CONCLUSION page 54, consulté le 30 mai 2019, edf.fr
- Erreur de conception affectant la résistance au séisme de réservoirs d'eau de plusieurs réacteurs de 900 MWe - Autorité de sûreté nucléaire
- Non trouvé le 30 mai 2019, edf.com
- RFS 2001-01, consultée le 30 mai 2019, asn.fr
- HCTISN Site de Saint-Laurent des eaux - Informations actualisées au 01/08/2014, consulté le 30 mai 2019
- [PDF]Non trouvé le 30 mai 2019, ccbl.fr
- Feu vert pour le groupe scolaire de Lestiou-Avaray, lanouvellerepublique.fr du 2 février 2013, consulté le 30 mai 2019
- 2. Une réflexion poussée en matière d’architecture et d’insertion dans le paysage - Des choix innovants en matière de réfrigération atmosphérique, loire-france.com
- Florence Vergne, « Le bestiaire de la centrale nucléaire de Saint-Laurent », sur La Nouvelle République, (consulté le ).
- Mission Val de Loire, « La Centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux - - 28393 », sur valdeloire.org, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
- Liste des réacteurs nucléaires en France
- Accident nucléaire (voir paragraphe sur les accidents de niveau 4)
Liens externes
- Site officiel
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Saint Laurent: la centrale nucléaire et le risque.
- (en) Saint-Laurent B1 : fiche INSC
- (en) Saint-Laurent B2 : fiche INSC