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Centrale nucléaire de Dampierre

La centrale nuclĂ©aire de Dampierre est une centrale nuclĂ©aire française situĂ©e sur la Loire dans la commune de Dampierre-en-Burly, le dĂ©partement du Loiret et la rĂ©gion Centre-Val de Loire, Ă  50 km en amont d'OrlĂ©ans, 90 km d'Auxerre, Ă  110 km en aval de Nevers et 144 km en aval de Decize.

Centrale nucléaire de Dampierre
La centrale de Dampierre
Administration
Pays
RĂ©gion
DĂ©partement
Commune
Coordonnées
47° 43′ 59″ N, 2° 31′ 00″ E
Opérateur
Construction
Mise en service
Statut
En service
Direction
Laurent Berthier[1]
RĂ©acteurs
Fournisseurs
Type
RĂ©acteurs actifs
4 Ă— 890 MW
Puissance nominale
3 560 MW
Production d’électricité
Production annuelle
19,94 TWh (2021)[2] - [3] - [4] - [5]
Facteur de charge
77,1 % (en 2019)
72,6 % (jusqu'en 2019)
Production moyenne
24,09 TWh (2015 Ă  2019)
Production totale
921,83 TWh (fin 2021)

Carte

Les quatre réacteurs nucléaires de Dampierre font partie d'un programme engagé en 1974 qui comprenait 18 réacteurs identiques avec, en plus de ceux de Dampierre, quatre à la centrale nucléaire du Blayais (Gironde), six à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord) et quatre à la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme)[6].

Chaque année, elle produit environ 25 milliards de kWh[7].

La centrale est Ă©quipĂ©e de quatre tours aĂ©rorĂ©frigĂ©rantes d'une hauteur de 165 m.

En 2017, environ 1 400 personnes travaillent Ă  la centrale de Dampierre, dont 500 prestataires de services, 50 apprentis et 70 stagiaires[8].

En 2021, la centrale a produit vingt milliards de kWh.

GĂ©ographie

Vue aérienne de la centrale de Dampierre (2016).

La centrale est situĂ©e sur le territoire de la commune de Dampierre-en-Burly, Ă  proximitĂ© des lieux-dits Les Mallerets et Les Bois de Vaux, Ă  une altitude d'environ 120 m. Les installations sont distantes de km du bourg de Lion-en-Sullias, km du bourg de Dampierre, 4,5 km du bourg d'Ouzouer-sur-Loire et 10 km du centre-ville de Gien.

La centrale est desservie principalement par la route dĂ©partementale 953 qui longe le site, reliant Ouzouer-sur-Loire et Gien, et la route dĂ©partementale 952, parallèle Ă  la RD 953 mais plus Ă©loignĂ©e et passant par Dampierre-en-Burly. L'autoroute A77 se trouve Ă  environ 15 km Ă  l'Est du site[A 1]. Aucune voie ferrĂ©e ne longe la Loire et ne dessert donc le site. L'antenne ferroviaire la plus proche est l'antenne de Nevoy, Ă  km[A 1].

Il existe cinq installations classĂ©es pour la protection de l'environnement classĂ©es A, c'est-Ă -dire soumises Ă  autorisation, dans un rayon de km autour du site. Il n'en existe aucune classĂ©e AS, c'est-Ă -dire Ă  seuil haut de la « directive Seveso », dans un rayon de 10 km[A 2].

Histoire

En 1972 a lieu la consultation de la population locale de Dampierre. Le Journal de Gien précise dans son article du que, depuis l'ouverture de l'enquête publique, le , aucun habitant de la commune n'est encore venu consigner des observations sur le registre. L'article insiste sur les dimensions « fabuleuses » des tours de réfrigération en titrant l'article « la centrale nucléaire de Dampierre ressemblera à une colossale forteresse dont les huit tours seront plus hautes que la grande pyramide d'Égypte ». Il met aussi en évidence le « grave dilemme pour les habitants de Dampierre auxquels on demande de se prononcer sur l'utilité ou la nocivité de la centrale nucléaire… sur ses bienfaits ou les dangers qu'elle va faire courir à nos populations »[9].

Colonnes de vapeur d'eau des tours rĂ©frigĂ©rantes et leurs ombres au soleil couchant, vues Ă  35 km.

Le chantier de construction des quatre rĂ©acteurs a dĂ©butĂ© en 1974[10]. Le comitĂ© interministĂ©riel du , soit cinq mois avant la crise du Proche-Orient, avait dĂ©jĂ  dĂ©cidĂ© d'accroĂ®tre le programme de centrales Ă©lectronuclĂ©aires prĂ©vu au VIe plan, en le portant de 8 000 Ă  13 000 MW pour la pĂ©riode 1972-1977. Ces Ă©vĂ©nements conduisent Pierre Messmer, Premier ministre, Ă  dĂ©cider le Ă  accĂ©lĂ©rer encore ce programme. Les 13 000 MW prĂ©vus pour ĂŞtre rĂ©alisĂ©s de 1972 Ă  1977 seraient entièrement engagĂ©s avant la fin de 1975. UltĂ©rieurement, les investissements d'EDF seraient poursuivis au mĂŞme rythme correspondant Ă  l'engagement de 50 000 MW nuclĂ©aires de 1974 Ă  1980[11], ce qui correspond Ă  55 rĂ©acteurs de 900 MW, en sus des six dĂ©jĂ  en activitĂ©.

Le décret du autorise la création par EDF de quatre tranches de la centrale de Dampierre[12]. Les arrêtés du ont autorisé et réglementé le rejet dans l'environnement d'effluents radioactifs liquides et gazeux par la centrale depuis sa mise en service[13] - [14]. Ils ont été remplacés par les décisions délivrées par l'Autorité de sûreté nucléaire le 3 mars 2011[15] - [16].

Après avoir dirigé la centrale de Nogent du au , Élian Bossard succède à Jean-Paul Combémorel au poste de directeur de la centrale de Dampierre le [17]. En 2014, Patrice Risch prend le relai puis en 2018, c'est Sébastien Miossec qui devient directeur de la centrale[18]. En 2021, Laurent Berthier devient le nouveau directeur de la centrale[19].

Caractéristiques

RĂ©acteurs

Production d'électricité de la centrale de Dampierre par an.

La centrale est Ă©quipĂ©e de quatre tranches nuclĂ©aires, jumelĂ©es deux Ă  deux et mises en service en 1980 et 1981. Chaque tranche comporte un rĂ©acteur nuclĂ©aire de type REP (palier CP1) de puissance thermique de 2 785 MWth, une installation de production d'Ă©nergie Ă©lectrique de 937 MWe (brut) et des circuits auxiliaires nĂ©cessaires aux fonctionnements normal et accidentel. Chacune est refroidie par un circuit d'eau de recirculation comportant un aĂ©rorĂ©frigĂ©rant. L'eau de la Loire constitue la source froide.

Les caractéristiques détaillées de chaque réacteur sont données ci-après :

Nom du réacteurModèleN° INBCapacité [MW]ExploitantConstructeurDébut
construction
Raccordement
au réseau
Mise en service
commerciale
Thermique (MWt)Brute (MWe)Nette (MWe)
Dampierre-1[2] CP1INB 842785937890EDFFramatome1er février 197523 mars 198010 septembre 1980
Dampierre-2[3] CP1INB 842785937890EDFFramatome1er avril 19755 décembre 198016 février 1981
Dampierre-3[4] CP1INB 852785937890EDFFramatome1er septembre 197530 janvier 198127 mai 1981
Dampierre-4[5] CP1INB 852785937890EDFFramatome1er décembre 197518 août 198120 novembre 1981

Combustible nucléaire

Les assemblages de combustible nucléaire utilisés par les réacteurs de Dampierre comportent deux types d'éléments combustibles : du dioxyde d'uranium (UO2) et du Mox, à savoir de l'uranium mélangé avec du plutonium. La gestion dite « à parité Mox » a remplacé en 2009 la gestion par 3/4, c'est-à-dire qu'un quart de chaque combustible est remplacé chaque année (antérieurement le Mox était remplacé sur un cycle de trois ans et l'UO2 sur un cycle de quatre ans). La teneur en plutonium du Mox utilisé est désormais de 8,75 %. La répartition des assemblages est de 30 % d'assemblages Mox pour 70 % d'assemblages UO2[20] - [A 3].

Plan de la centrale (R1 : Réacteur 1, Aéro 1 : Tour aéroréfrigérante 1, SdM : Salle des machines, INB84/INB85 : délimitation de l'emprise des installations nucléaires de base no 84 et no 85).

Enceinte de confinement

L'enceinte de confinement est constituĂ©e d'une enceinte externe en bĂ©ton armĂ© de 0,90 m d'Ă©paisseur et d'une peau d'Ă©tanchĂ©itĂ© interne en acier ancrĂ©e dans le bĂ©ton de mm d'Ă©paisseur. La hauteur intĂ©rieure dans l'axe est de 55,88 m et le diamètre intĂ©rieur est de 37 m. Le volume de l'enceinte est de 58 000 m3[21].

Des essais périodiques réalisés à l'occasion des visites décennales permettent de déterminer le taux de fuite de cette enceinte et donc d'évaluer son étanchéité globale ainsi que son bon comportement mécanique sous pression.

Alimentation Ă©lectrique

Le système d'alimentation électrique est conçu pour répondre aux besoins de l’exploitation normale de chaque tranche lorsqu’elle produit de l’électricité ou en période d’arrêt (auxiliaires de marche et auxiliaires permanents) mais aussi pour assurer l’alimentation des équipements assurant les fonctions de sûreté requises lors d’une situation incidentelle ou accidentelle sur l’installation (auxiliaires secourus)[22].

Les quatre tranches sont raccordĂ©es, en ce qui concerne l'Ă©nergie produite, au rĂ©seau Ă©lectrique national par deux lignes de 400 kV de deux km de long cheminant dans le mĂŞme couloir. En situation normale chaque tranche est alimentĂ©e par la ligne d'Ă©vacuation de l'Ă©nergie produite, par prĂ©lèvement d'une partie de celle-ci. Si la centrale est Ă  l'arrĂŞt, c'est le rĂ©seau national qui alimente les Ă©quipements. En cas d'incident, la centrale est alimentĂ©e par une ligne de secours raccordĂ©e au rĂ©seau national. Chaque paire de tranches est en effet raccordĂ©e Ă  deux transformateurs auxiliaires sur une mĂŞme ligne de 225 kV en provenance de La Tabarderie[A 4].

En cas de perte des alimentations externes, deux générateurs de secours à moteur diesel (groupes électrogènes) démarrent automatiquement pour alimenter séparément les deux ensembles d'auxiliaires nécessaires au maintien des fonctions de sûreté. En cas de nouvelle défaillance, une source dite ultime (DUS) peut être connectée manuellement en quelques heures à la place d’un groupe de secours défaillant d’une quelconque des tranches du site. En cas de perte totale des secours, un ultime dispositif existe : l'énergie électrique est obtenue par un turboalternateur (LLS) alimenté en vapeur par les générateurs de vapeur de la centrale[22].

Circuits de refroidissement et alimentation en eau

Sur ce schéma représentant une centrale nucléaire à eau pressurisée, le circuit primaire est à gauche, en violet.

La rĂ©frigĂ©ration du circuit primaire est assurĂ©e par de l'eau prĂ©levĂ©e en Loire, amenĂ©e sur site par un canal d'amenĂ©e de 1 000 m de longueur environ puis dĂ©minĂ©ralisĂ©e, circulant dans le circuit secondaire. Ce dernier est quant Ă  lui rĂ©frigĂ©rĂ© grâce Ă  un aĂ©rorĂ©frigĂ©rant oĂą l'eau est refroidie par Ă©vaporation et convection. La centrale de Dampierre dispose ainsi de quatre aĂ©rorĂ©frigĂ©rants d'une hauteur de 165 m[23]. Deux stations de pompage sont situĂ©es Ă  l'extrĂ©mitĂ© aval du canal d'amenĂ©e et permettent d'alimenter les quatre tranches. Il s'agit d'ouvrages enterrĂ©s sur une profondeur de 20 m comportant un bassin principal et deux salles de pompage[A 5].

Les volumes prĂ©levĂ©s en Loire ne doivent pas excĂ©der 245 millions de m3 par an et 1,63 million de m3 par jour. Par ailleurs le dĂ©bit maximal instantanĂ© doit ĂŞtre infĂ©rieur Ă  12,3 m3/s. Toutefois, conformĂ©ment aux prĂ©conisations du SDAGE Loire-Bretagne adoptĂ© par le comitĂ© de bassin le , en pĂ©riode critique, c'est-Ă -dire lorsque la Loire atteint le dĂ©bit d'Ă©tiage de crise au point nodal de Gien, toute mesure de soutien d'Ă©tiage ayant Ă©tĂ© Ă©puisĂ©e, le prĂ©fet coordonnateur de bassin peut demander que le prĂ©lèvement moyen journalier rĂ©alisĂ© soit limitĂ© au minimum requis pour le maintien de la sĂ»retĂ© des installations, soit avec un dĂ©bit de m3/s au maximum[24].

Sécurité industrielle

Réexamens de sûreté et visites décennales

Tous les dix ans, chaque centrale nucléaire fait l’objet d’un réexamen de sûreté. Il donne lieu à des interventions à l’occasion des arrêts des réacteurs pour visite décennale[25]. Pour la centrale de Dampierre ces visites décennales se sont produites aux dates suivantes[A 1] :

Nom du réacteur1re visite décennale2e visite décennale3e visite décennale 4e visite décennale
Dampierre-115 février au 5 septembre 199016 novembre au 23 mai 20016 mai au 13 août 2011 19 juin 2021 au 5 février 2022
Dampierre-215 juillet au 22 novembre 199124 août 2002 au 8 janvier 200328 janvier 2012 au 18 mai 2012[26] 27 avril 2022 au 31 décembre 2022
Dampierre-311 avril au 11 août 19923 mai au 19 août 2003août 2013 à décembre 2013 23 septembre 2023 au 06 avril 2024
Dampierre-411 mars au 23 juin 199327 mars au 30 juin 200419 avril au 13 octobre 2014[27] 13 juillet 2024 au 30 décembre 2024

Organisation

En 2017, la centrale a consacrĂ© plus de 159 000 heures Ă  la formation des Ă©quipes et organisĂ© huit exercices de gestion d’un Ă©vĂ©nement.

La centrale a investi 156 millions d’euros pour les investissements pour la sûreté et la rénovation des installations dont 26 millions d’euros engagés auprès des entreprises locales et régionales. La centrale de Dampierre-en-Burly dispose d’une équipe chargée de la sûreté comptant quatre cents personnes et de douze ingénieurs qui s’assurent au quotidien que l’ensemble des règles de sûreté encadrant l’exploitation de la centrale nucléaire sont respectées. Organisés en astreinte, ils peuvent être sollicités, en dehors des heures ouvrables, 24 heures sur 24.

Le respect de l’environnement est toujours placé au cœur des préoccupations des équipes de la centrale : vingt mille analyses environnementales ont été effectuées en 2017.

En 2017, l’Autorité de sûreté nucléaire a réalisé 23 inspections[28].

Incidents

La centrale en 2010.

2000 : fermeture trop rapide de vannes de sécurité (niveau 2)

Les 26 et 27 juin 2000, l'Autorité de sureté nucléaire a inspecté la centrale de Dampierre, puis annoncé une fermeture prématurée, durant la phase de mise à l'arrêt du réacteur, des vannes d'un système de sauvegarde (le système d'injection de sécurité) à cinq reprises sur le site de Dampierre depuis avant que l'erreur ne soit détectée[29].

En septembre 2000, André-Claude Lacoste, alors directeur de la direction de la sûreté des installations nucléaires au ministère de l'Industrie, réunit les huit cents salariés du site et leur donne six mois pour redresser la situation. Il finit son discours en affirmant : « Il est plus facile de fermer une centrale que de la rouvrir ! »[30]

2001 : erreur de rechargement (niveau 2)

Le , alors que le réacteur no 4 était arrêté, un opérateur s'est trompé dans l'ordre de rechargement des assemblages de combustible nucléaire, dont 30 % étaient en combustible MOX[31]. L'opération de rechargement a été arrêtée et le cœur du réacteur no 4 a été intégralement déchargé. Cet incident a été reclassé en par l'ASN du niveau 1 au niveau 2 de l'échelle INES[32] - [33].

2007 : défaillance électrique sur le réacteur no 3 (niveau 1)

À 20 h 37, le , un incident électrique provoque la perte d’une voie de sauvegarde (voie A), puis à 21 h 26 la perte des alimentations électriques extérieures et l’arrêt automatique du réacteur no 3. Le plan d'urgence interne déclenché préventivement par EDF vers 22 h ainsi que le centre d'urgence activé lui-aussi préventivement par l’ASN, sont levés le lendemain matin à 8 h 15 après retour de toutes les alimentations électriques. L’incident est classé au niveau 1 de l’échelle INES[34] - [35] - [36].

Évaluation complémentaire de sûreté

À la suite de l'accident nucléaire de Fukushima, l'exploitant de la centrale de Dampierre a dû procéder à une évaluation complémentaire de sûreté. Le rapport du site de Dampierre-en-Burly a été communiqué, avec ceux des autres centrales nucléaires, par EDF à l'ASN qui l'a rendu public le .

Risques liés aux séismes

Le , EDF avait informé l'ASN d'une erreur de conception affectant la résistance au séisme de certains réservoirs d’eau des réacteurs du Blayais, de Chinon, Dampierre, Saint-Laurent et du Tricastin. Ainsi en cas d'arrêt subit du réacteur à la suite par exemple d'un séisme de forte magnitude, le système de refroidissement du réacteur, privé d’alimentation en eau de secours, aurait pu être défaillant. Le réservoir de Dampierre a été mis en conformité en 2004. Ceux des autres centrales entre 2004 et 2005[37].

Déjà analysée dans le cadre des études préliminaires à la 3e visite décennale, la résistance à un séisme majeur est à nouveau présentée dans le cadre de l'évaluation complémentaire de sécurité en 2011, en appliquant le référentiel défini dans la règle RFS 2001-01, plus pénalisante que la règle RFS 1-2.c en vigueur lors de la deuxième visite décennale.

Le sĂ©isme de rĂ©fĂ©rence associĂ© Ă  la centrale de Dampierre est le sĂ©isme de Tigy, qui s’est produit le . Le sĂ©isme maximum historiquement vraisemblable (SMHV) est un sĂ©isme similaire Ă  ce sĂ©isme de rĂ©fĂ©rence se produisant au droit du site de la centrale, puisque par principe un sĂ©isme qui s'est produit dans une zone sismo-tectonique peut se reproduire Ă  tout endroit de cette zone. Il est d'intensitĂ© VI MSK et de magnitude 4,4. Le sĂ©isme qui sert de rĂ©fĂ©rence au dimensionnement des installations, le sĂ©isme majorĂ© de sĂ©curitĂ© (SMS), est un sĂ©isme 1,5 fois plus puissant et prĂ©sente, par dĂ©duction, une intensitĂ© VII MSK et une magnitude de 4,9. Après application d'un coefficient de sol correspondant Ă  un sol moyen, le spectre de sol caractĂ©risant la rĂ©ponse du sol Ă  un tel sĂ©isme peut ĂŞtre Ă©tabli. Le pic d'accĂ©lĂ©ration s'Ă©tablit, selon l'Ă©valuation complĂ©mentaire de sĂ©curitĂ© de 2011, Ă  0,18 g pour le SMS, soit une vitesse de 7 cm/s[A 6]. Le spectre associĂ© Ă  la SMS Ă©tait Ă©valuĂ© en 2003 Ă  0,17 g par EDF et Ă  0,21 g par l'IRSN. Dans son courrier du , l'ASN avait validĂ© les conclusions de EDF en retenant une accĂ©lĂ©ration de 0,17 g comme vĂ©rification pour le dimensionnement[38].

Les centrales nuclĂ©aires ayant Ă©tĂ© construites par paliers, Ă  savoir sur des bases identiques de conception, le spectre retenu pour le dimensionnement de toutes les centrales d'un mĂŞme palier est identique, quel que soit le lieu. Pour le palier CPY, dont fait partie la centrale de Dampierre au mĂŞme titre que 27 autres centrales de 900 MW, la forme spectrale utilisĂ©e Ă©tait celle dite « du spectre EDF » dĂ©finie comme la moyenne lissĂ©e du spectre de 8 accĂ©lĂ©rogrammes enregistrĂ©s lors de 5 sĂ©ismes d'origine californienne. L'Ă®lot nuclĂ©aire de Dampierre a ainsi Ă©tĂ© conçu sur la base d'un spectre normĂ© Ă  0,2 g Ă  pĂ©riode nulle. Pour les ouvrages de site hors Ă®lot, un spectre normĂ© Ă  0,1 g a Ă©tĂ© retenu. L'Ă©valuation complĂ©mentaire de sĂ»retĂ© de Dampierre rĂ©alisĂ©e en 2011 montre que le spectre EDF (SMD) enveloppe bien le spectre du SMS sur la gamme de frĂ©quences 1-6 Hz, mais que l'on peut constater un lĂ©ger dĂ©passement autour des 10 Hz. Celui-ci n'induit toutefois aucun impact significatif, compte tenu des mĂ©thodes de calcul de l'Ă©poque, très largement sĂ©curitaires[A 7].

En conclusion, EDF établit dans l'ECS que la robustesse de l'enceinte de confinement du bâtiment réacteur, comme celle du bâtiment combustible et des matériels participant à la fonction de refroidissement de la piscine d'entreposage, est garantie pour des niveaux sismiques supérieurs à 1,5 fois le SMS[A 8]. Par contre l'exploitant préconise de faire des études complémentaires pour étudier la robustesse des équipements électriques à un tel séisme de même que pour la tenue de la motopompe thermique de secours[A 9]. Enfin les améliorations des équipements déjà identifiées lors de la visite décennale de remise en conformité au regard du référentiel de sûreté (traitement des écarts) doivent être menées à terme[A 10].

Risques liés aux inondations

Lors de sa conception, la crue de rĂ©fĂ©rence retenue pour caler la plateforme de l'Ă®lot nuclĂ©aire Ă©tait le maximum entre le niveau de la crue millĂ©nale et celui atteint par la conjonction de la plus haute crue historique et l'onde de crue due Ă  la rupture du barrage de Villerest. Le niveau maximal retenu est celui de la crue millĂ©nale soit une cote de 125,60 m NGF O[39] au droit des ouvrages de prise d'eau, correspondant Ă  un dĂ©bit de la Loire de 13 000 m3/s. La plate-forme de l'Ă®lot nuclĂ©aire est calĂ©e Ă  125,50 NGF O et les seuils d'accès des bâtiments de cet Ă®lot Ă  125,60 NGF O[A 11].

En 1984 parait une nouvelle règle pour l'évaluation du risque d'une inondation d’origine externe des centrales nucléaires, la règle fondamentale de sûreté (RFS I.2.e). Deux conditions doivent être impérativement respectées :

  • la plate-forme supportant les bâtiments abritant les matĂ©riels importants pour la sĂ»retĂ© doit ĂŞtre calĂ©e Ă  un niveau au moins Ă©gal au niveau des plus hautes eaux, avec une marge de sĂ©curitĂ© (le niveau correspondant est appelĂ© cote majorĂ©e de sĂ©curitĂ© (CMS) ;
  • les voies possibles d’accès de l’eau dans les locaux abritant les matĂ©riels participant au maintien de l’installation dans un Ă©tat sĂ»r, situĂ©es au-dessous du niveau du calage de la plate-forme, doivent ĂŞtre obturĂ©es.

Pour Dampierre, la première règle n'est pas respectée, c'est ce qui conduit l'IRSN, dans son rapport à la suite de l'inondation de la centrale du Blayais survenue le 27 décembre 1999, à dire qu'il conviendra pour ce site de « réexaminer l’ensemble des dispositions spécifiques mises en place »[40].

La rĂ©sistance au risque inondation est ainsi Ă©tudiĂ©e en 2003 en prĂ©liminaire Ă  la 3e visite dĂ©cennale et en 2011 dans le cadre de l'Ă©valuation complĂ©mentaire de sĂ»retĂ©. Dans ce cadre la crue millĂ©nale est Ă©valuĂ©e par EDF Ă  un niveau de 12 350 m3/s et la crue millĂ©nale majorĂ©e de 15 % Ă  14 200 m3/s. Le dĂ©bit gĂ©nĂ©rĂ© par une rupture du barrage de Villerest serait de 9 700 m3/s, très largement infĂ©rieur Ă  celui de la crue millĂ©nale majorĂ©e.

Sur la base de l'hypothèse de cette crue millénale majorée, l'utilisation d'un modèle numérique bi-dimensionnel des écoulements de la Loire a permis à EDF de fixer le niveau atteint par la Loire en différents endroits du site. Le niveau de l'eau serait ainsi de 125,69 à l'Est, de 125,35 à la prise d'eau et de 125,25 aux abords de l'îlot, du fait de phénomènes d'écrans[A 12]. EDF conclut que le phénomène inondation n'est pas susceptible de conduire à une perte des sources froides toutefois en cas de crue fluviale augmentée, à savoir une crue millénale majorée de 30 %, toutefois hautement improbable, la cote atteinte serait de 127,20 et des conséquences seraient à craindre[A 13].

EDF propose ainsi la réalisation d'études complémentaires portant d'une part sur le renforcement de la protection des équipements nécessaires à la conduite d'une situation de perte totale des sources électriques à la suite d'une crue fluviale augmentée et d'autre part sur l'hypothèse d'un séisme cumulé avec la crue millénale entraînant une rupture du barrage de Villerest, voire de Villerest et de Naussac[A 14].

Concernant une inondation interne, une rupture des réservoirs non sismiques serait susceptible de créer une lame d'eau dommageable. EDF propose également des études complémentaires sur ce sujet[A 9].

Risques liés à une perte d'alimentation électrique

En cas de perte totale des alimentations Ă©lectriques extĂ©rieures, l'autonomie en fioul des groupes Ă©lectrogènes est de 3,5 jours pour chacun d'eux dans le cas le plus dĂ©favorable en termes de charge. Au-delĂ , la centrale peut ĂŞtre rĂ©approvisionnĂ©e dans le cadre d'un contrat national qui prĂ©voit un dĂ©lai de rĂ©approvisionnement de 24 h en cas d'urgence et de trois jours en situation normale. L'autonomie en huile est de trois jours avant rĂ©approvisionnement, celle en eau pour le refroidissement des diesels est de quinze jours et celle en air permet cinq dĂ©marrages[A 15].

En cas de perte totale des alimentations électriques externes et internes, EDF a mis en place de moyens supplémentaires d'appoint en eau pour permettre le refroidissement de la piscine de désactivation ainsi que des moyens humains capables d'intervenir suffisamment tôt en complément des équipes de crise locales (FARN). Quatre diesels d'ultime secours (DUS) supplémentaire serait également mis en place[A 16]. La construction des (DUS) a été terminée.

Visite

Il est possible de visiter le centre d'information du public de la centrale chaque après-midi, à l'exception des samedi et dimanche[41]. La centrale se visite un week-end chaque année (inscription sur le site des JIE - Journées de l’industrie électrique)[42].

Horticulture

Depuis 1983, les 120 hectares du domaine horticole des Noues, voisins de la centrale, bĂ©nĂ©ficient de m3 d'eau tiède (24 Ă  30 °C) par seconde, issus de la centrale et distribuĂ©e Ă  une pression de 1,4 bar en circuit fermĂ© Ă  travers un rĂ©seau de 700 mm de diamètre[43].

Arrêt de réacteurs

En janvier 2020, l'électricien EDF propose au gouvernement français d’étudier la mise à l’arrêt de deux réacteurs de la centrale de Dampierre[44].

En février 2022, Emmanuel Macron indique une modification importante de cette loi sur la transition énergétique, puisque plus aucun réacteur en état de produire ne sera fermé à l'avenir, sauf pour des raisons de sûreté[45].

Notes et références

  1. no 1, p. 5/8.
  2. no 1, p. 3/8.
  3. no 1, p. 6/8.
  4. no 1, p. 7/8.
  5. no 1, p. 8/8.
  6. no 2, p. 8-10/61.
  7. no 2, p. 12-14/61.
  8. no 2, p. 53/61.
  9. no 8, p. 12/18.
  10. no 2, p. 27-32/61.
  11. no 3, p. 8/38.
  12. no 3, p. 9/38.
  13. no 3, p. 33-34/38.
  14. no 3, p. 14/38.
  15. no 5, p. 10-14/50.
  16. no 5, p. 42-45/50.
  1. « Un nouveau Directeur du centre nucléaire de production d’électricité de Dampierre-en-Burly », sur edf.fr, .
  2. (en) « Nuclear Power Reactor Details - Dampierre-1 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
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