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René de Salins

RenĂ© Marie Henri Guyot d’AsniĂšres de Salins dit RenĂ© de Salins[1] est un officier cavalier puis parachutiste français du XXe siĂšcle engagĂ© lors de la campagne de France (1944-1945) et la guerre d'Indochine (1953-1954). Saint cyrien, il s’est notamment illustrĂ© lors de la Bataille de Điện BiĂȘn Phủ en tant que commandant de la 1re Compagnie du 8e Bataillon Parachutiste de Choc Ă  la tĂȘte du point d’appui Dominique 4 qu'il a su prĂ©server avec intelligence et tĂ©nacitĂ© jusqu'Ă  l'issue des combats, ultime rempart du poste de commandement du camp retranchĂ©.

René de Salins
René de Salins

Naissance
Laval, France
DĂ©cĂšs (Ă  93 ans)
Versailles, France
Origine Française
Allégeance Armée française
Arme Armée de Terre
Grade Commandant (chef d'escadron d'arme blindée)
AnnĂ©es de service 1940 – 1961
Conflits Seconde Guerre mondiale
Indochine
Algérie
Faits d'armes Campagne de France et d'Alsace (1944-1945)
Bataille de Điện BiĂȘn Phủ
Distinctions Commandeur de la LĂ©gion d'honneur
Médaille des évadés
Croix de guerre 1939-1945

Origines

Il passe son enfance Ă  Saint-AvĂ© (Morbihan) et poursuit sa scolaritĂ© au CollĂšge St François-Xavier de Vannes, oĂč les Ă©lĂšves, reçoivent une Ă©ducation rigoureuse dans laquelle leur est inculquĂ©e la notion de « service », ce qui incite beaucoup d’entre eux Ă  faire carriĂšre dans l’armĂ©e. Il se destine Ă  une carriĂšre d’ingĂ©nieur agronome, mais il a Ă  peine passĂ© ses BaccalaurĂ©ats de Maths et de Philosophie qu'Ă©clate la Seconde Guerre mondiale.

« Je n’aurais sans doute pas choisi cette carriĂšre si les circonstances ne nous avaient placĂ©s dans une situation de guerre. »

Seconde Guerre Mondiale

La défaite

Il passe Ă  Rennes le concours d’entrĂ©e Ă  Saint-Cyr en , au moment oĂč les armĂ©es allemandes dĂ©bouchent dans les Ardennes pour envahir la Belgique et la France. AprĂšs l’Armistice, signĂ© en juin, les Allemands occupent les cĂŽtes de la Manche et de l’Atlantique ainsi que le Nord de la France jusqu’à la Loire.

Saint-Cyr

N’ayant aucune information sur les suites donnĂ©es au concours d’entrĂ©e de Saint-Cyr, RenĂ© de Salins s’était inscrit en prĂ©paration d’Agronomie au LycĂ©e Sainte GeneviĂšve Ă  Versailles. C’est lĂ  qu’en , il apprend son admission Ă  l’École spĂ©ciale militaire de Saint-Cyr, promotion « MarĂ©chal PĂ©tain » 1940-1942. Il doit rejoindre sans dĂ©lai la caserne d’Aix-en-Provence oĂč l'ESM Ă©tait repliĂ©e.

Pour la promotion de 1939, sur 2 000 candidats, 600 avaient Ă©tĂ© reçus. En 1940, la guerre avait suscitĂ© 4 000 candidats dont 2 000 auraient intĂ©grĂ© l’École si l’Armistice n’avait pas tout stoppĂ©. Les accords d’Armistice autorisent l’intĂ©gration de 177 candidats. Parmi les 100 candidats du LycĂ©e de Rennes, 3 seulement sont reçus.

Les deux annĂ©es d’instruction (1940-1942) passĂ©es Ă  Aix-en-Provence sont des annĂ©es d’entraĂźnement sĂ©vĂšres, dans des conditions matĂ©rielles difficiles, mais avec l’espoir inĂ©branlable de travailler Ă  une prochaine revanche. En plus de l'effectif, les moyens sont limitĂ©s, mais la motivation et la qualitĂ© des Ă©lĂšves est accrue.

Novembre 1942 – La zone libre envahie

En , aprĂšs le dĂ©barquement des AmĂ©ricains en Afrique du Nord (OpĂ©ration Torch), l’ArmĂ©e allemande envahit la Zone Libre et atteint Toulon oĂč la flotte française se saborde.

L’École de Cavalerie de Saumur, repliĂ©e sur Tarbes, oĂč RenĂ© de Salins est en Ă©cole d’application, est dissoute, chacun se dispersant dans le civil.

L'objectif de RenĂ© de Salins est alors de rejoindre l’Afrique du Nord pour s’intĂ©grer Ă  une armĂ©e moderne Ă©quipĂ©e de matĂ©riel amĂ©ricain. Avec l’instruction dont il a bĂ©nĂ©ficiĂ©, il pense ĂȘtre ainsi plus utile que de grossir une RĂ©sistance sans grands moyens. Dans ce but il se fait affecter comme chef de groupe de Chantiers de Jeunesse dans les PyrĂ©nĂ©es. Il est cependant difficile, dans cette rĂ©gion trĂšs surveillĂ©e, de trouver des filiĂšres pour traverser les montagnes.

Au cours d’un congĂ© en Bretagne, il manque de peu une filiĂšre qui vient d’ĂȘtre dĂ©mantelĂ©e, pour atteindre l’Angleterre par bateau Ă  partir de Douarnenez. Finalement il rĂ©ussit, Ă  partir de la Bretagne, Ă  emprunter une filiĂšre faisant passer en Espagne les aviateurs alliĂ©s abattus dans l’Ouest. Franchissant les PyrĂ©nĂ©es avec un petit groupe dans la nuit du , il est incarcĂ©rĂ© 3 mois dans le Camp de Miranda en Espagne avant d’embarquer Ă  Lisbonne pour rejoindre le Maroc.

Octobre 1943 - Septembre 1944: entraĂźnement intensif en Afrique du Nord

Insigne du 1er RCA

À Rabat, il se retrouve Ă  dĂ©jeuner avec le gĂ©nĂ©ral Leclerc, qui lui propose d’intĂ©grer sa division. Cette derniĂšre a alors la rĂ©putation d’ĂȘtre sous-Ă©quipĂ©e et d’attirer beaucoup de dĂ©serteurs et de mauvais Ă©lĂ©ments : il dĂ©cline l’offre. Il demande Ă  ĂȘtre affectĂ© au 1er RĂ©giment de Chasseurs d’Afrique, rĂ©giment de Rabat nouvellement Ă©quipĂ© de chars amĂ©ricains, qui vient de rejoindre la rĂ©gion d’Oran pour s’entraĂźner sur les hauts plateaux dans le cadre de la 5e Division BlindĂ©e en cours de formation.

Il est affecté comme chef de Peloton dans un Escadron de chars moyens.

Au printemps 1943, le 1°RCA avec son materiel blindĂ© amĂ©ricain mĂšne un entraĂźnement intensif au combat moderne dans le Sud oranais. Il apprend par les services de renseignements que les Allemands viennent de mettre au point une nouvelle arme anti-chars individuelle, appelĂ©e Panzerfaust, sorte de tuyau de poĂȘle qu'un voltigeur porte sur son Ă©paule et qui peut projeter Ă  20 mĂštres une charge creuse capable de percer un blindage Ă©pais et mettre le feu Ă  un char. Les AlliĂ©s s'en inspirent pour crĂ©er par la suite le bazooka. Chaque escadron de char forme alors des Ă©quipes de voltigeurs antibazooka transportĂ©s par groupes de 4 ou 5 sur les plaques-moteur des chars, prĂȘts Ă  se jeter Ă  terre pour neutraliser les Panzerfaust dans les casemates, abris, habitations ou tranchĂ©es. Cet entraĂźnement particulier sera particuliĂšrement utile Ă  RenĂ© de Salins pour la suite.

Septembre 1944 - DĂ©barquement en Provence

Insigne 5e DB

AprĂšs un an d’entraĂźnement intensif, le , RenĂ© de Salins embarque de nuit Ă  Oran avec son rĂ©giment pour dĂ©barquer Ă  Saint-RaphaĂ«l cinq jours plus tard au milieu d’une sĂ©rieuse tempĂȘte. Toulon et Marseille ont Ă©tĂ© rapidement reconquis par la premiĂšre vague de la 1re ArmĂ©e du gĂ©nĂ©ral de Lattre. La 5e Division BlindĂ©e, dont il fait partie, est chargĂ©e Ă  Salon-de-Provence sur des trains qui remontent la vallĂ©e du RhĂŽne pour atteindre les Vosges en vue de libĂ©rer l’Alsace.

La 5e DB est constituĂ©e de 3 Combat Command: CC4, CC5 et CC6. Le peloton de chars du lieutenant de Salins fait partie du 1er RCA, le rĂ©giment de chars du CC5. Avec son Peloton de Chars Moyens, il se trouve en tĂȘte de la 5e Division BlindĂ©e dans les combats de libĂ©ration de la France en Alsace, et pour la conquĂȘte de l’Allemagne.

« Pouvoir participer ainsi Ă  la libĂ©ration de mon Pays aprĂšs les humiliations subies pendant l’occupation allemande fut, je crois, une des plus grandes satisfactions ressenties durant ma vie. »
Percée dans la Trouée de Belfort - 14 au 16 novembre 1944

Le 1er RCA est cantonné dans de petits villages au Nord de Vesoul. Mis en état d'alerte depuis le , il reçoit le l'ordre de faire mouvement en direction de Rignosot, au Sud-Est de Vesoul.

Les chars Sherman M4 du peloton dirigés par le Lieutenant de Salins ont été baptisés Grand Ferré, Grénédan, Gramont, Gouraud et Guynemer[2]. Le CC5 est divisé en trois sous-groupements comprenant chacun un escadron de chars moyens, une compagnie de Légionnaires, un peloton de chars légers un peloton de TD[3] et une section du Génie:

  1. Le S/Gt[4] B sous les ordres du colonel du 1er RCA
  2. Le S/Gt R sous les ordres du colonel adjoint du 1er RCA
  3. Le S/Gt D sous les ordres d'un commandant du 1er RMLE

Le 3e Escadron du 1er RCA fait partie du S/Gt D.

16 novembre 1944 – LibĂ©ration de Sainte-Marie
Des fantassins progressent sous la protection d'un char lourd Sherman M4

Sainte-Marie est un village du Doubs Ă  km de MontbĂ©liard et 28 km de Belfort, stratĂ©gique pour les Allemands puisque sur la ligne de front Arcey, Sainte-Marie, PrĂ©sentevillers, Écot, Écurcey (dont seul le point d'appui Écot a Ă©tĂ© rĂ©duit), transformĂ© en centre fortifiĂ© pour dĂ©fendre MontbĂ©liard et verrouiller la route stratĂ©gique de la trouĂ©e de Belfort.

Le au matin, toutes les unitĂ©s engagĂ©es sont arrivĂ©es face aux diffĂ©rents centres de rĂ©sistance. Face au centre fortifiĂ© de Sainte-Marie se trouvent du Nord au Sud, le S/Gt D du CC5, 2 bataillons du 8°RTM et le S/Gt du CC5. Le 3e escadron de chars du S/Gt D a cantonnĂ© Ă  Montenois. Son 2e peloton a assurĂ© la protection du GĂ©nie chargĂ© de dĂ©miner la route d'Arcey Ă  Sainte-Marie, pendant que le 1er peloton du Lieutenant de Salins a Ă©tĂ© envoyĂ© sur la route Montenois-Arcey Ă  l'entrĂ©e d'un chemin forestier traversant le bois du Chesnay, oĂč il reçoit Ă  7 h de son capitaine, dans le cadre de l'offensive gĂ©nĂ©rale qui doit ĂȘtre lancĂ©e Ă  9 h sur Sainte-Marie, l'ordre de mener une diversion en attaquant la lisiĂšre Nord-Ouest du centre fortifiĂ© avec le concours des Ă©quipes anti-bazooka de l'escadron transportĂ©es sur les plaques-moteur de ses chars.

"DÚs la fin de la préparation d'artillerie, il s'engagera sur la piste traversant le bois du Chesnoy (sic), franchira le champ de mines non déminé indiqué sur le calque joint et attaquera par surprise la lisiÚre Nord de l'agglomération."

À 7 h 30, les canons automoteurs de 105 dĂ©butent la prĂ©paration d'artillerie sur Sainte-Marie, puis Ă  8 h, sous une pluie glaciale, les cinq chars Grand FerrĂ©, Guynemer, Gouraud, GrĂ©nĂ©dan et Gramont du peloton du Lieutenant de Salins avec les Ă©quipes antibazooka installĂ©es sur les plaques-moteur Ă  quatre par char pĂ©nĂštrent tout feu Ă©teint dans le champ de mines. Pour ne prendre qu'un minimum de risques, Salins donne l'ordre de traverser en colonne, chaque char progressant dans les traces du prĂ©cĂ©dent. Une mine explose et sectionne la chenille droite de Guynemer, le char de tĂȘte, qui devient inutilisable. L'Ă©quipage et les voltigeurs sont choquĂ©s mais indemnes, et se rĂ©partissent rapidement sur les autres chars. La sortie du champ de mines s'opĂšre sans autre incident. Les quatre chars restants parviennent Ă  50 mĂštres du village et le peloton aperçoit des trous individuels distants de 10 mĂštres les uns des autres: des emplacements de Panzerfaust. Ordre est donnĂ© de ne pas s'approcher Ă  moins de 30 mĂštres, de braquer sur eux les mitrailleuses des aides-pilotes, pendant que les voltigeurs vont Ă  bout portant neutraliser les emplacements d'une rafale de mitraillette, selon les exercices rĂ©alisĂ©s en Afrique du Nord.

Les chars pénÚtrent alors en colonne dans Sainte-Marie, tirant au canon et à la mitrailleuse. Ils atteignent la rue principale, détruisant un canon antichar au passage, laissant la place de l'église sur leur gauche. Il est 9 h quand le lieutenant de Salins rend compte à son capitaine qu'il a pénétré par surprise dans le Centre Fortifié et qu'il commence le nettoyage de la rue principale. Il apprend avec stupeur que le 8°RTM a demandé une nouvelle préparation d'artillerie et que l'assaut général, qui aurait dû démarrer à 9 h, est repoussé à 10 h 30. Le détachement du lieutenant de Salins se retrouve donc à 45 hommes, isolé pendant plusieurs heures, à l'intérieur du centre fortifié, face à une garnison retranchée de 200 Allemands, pendant que le gros des effectifs amis fort d'un millier d'hommes reste l'arme au pied en attente de l'ordre d'attaque. La mission de diversion du peloton a été tellement bien menée qu'il se retrouve au milieu du dispositif, assiégé par les assiégés en somme.

La lutte s'intensifie, les groupes d'assaut successifs cherchent Ă  tout prix Ă  dĂ©border le dĂ©tachement du lieutenant de Salins pour atteindre ses quatre chars avec leurs Panzerfaust, les dĂ©truire, y mettre le feu pour brĂ»ler leurs Ă©quipages. Galvanisant ses hommes, le jeune lieutenant gardant son sang-froid parvient Ă  leur faire anĂ©antir successivement les vagues d'assaut de tĂȘte poussĂ©es par les suivantes (et donc incapables de se rendre ou de se replier). Les combats sont d'un acharnement extrĂȘme, puisqu'il est impossible de faire des prisonniers. Il faut vaincre ou mourir.

Au dĂ©but, l'incursion des chars dans Sainte-Marie a crĂ©Ă© la surprise totale. La dĂ©fense intĂ©rieure du village n’a pas Ă©tĂ© envisagĂ©e, des individus s’enfuient de toute part. Mais trĂšs vite, le commandement adverse rĂ©agit. Une premiĂšre vague d’assaut prĂ©levĂ©e sur la dĂ©fense extĂ©rieure munie de mitraillettes, de tireurs d'Ă©lite et surtout de Panzerfaustgrenadiere, vient rapidement se barricader dans les maisons de la Grande Rue, avec pour mission de stopper coĂ»te que coĂ»te la progression des chars. Le combat devient alors acharnĂ©. En tĂȘte du dĂ©tachement Salins, le char Gramont, prĂ©cĂ©dĂ© Ă  20 mĂštres par une Ă©quipe antibazooka, dĂ©molit au canon les issues et portes cochĂšres, suivi de GrĂ©nĂ©dan qui neutralise Ă  la mitrailleuse les fenĂȘtres des Ă©tages oĂč sont embossĂ©s snipers et Panzerfaustgrenadiere. Puis viennent Grand FerrĂ© et Gouraud qui, avec deux autres Ă©quipes antibazooka, assurent le nettoyage des arriĂšre-cours pour ne pas ĂȘtre ensuite canardĂ©s dans le dos.

Face Ă  des vagues d’assaut continuellement renouvelĂ©es, la progression se fait de plus en plus lente. L’intensitĂ© du combat fait baisser les stocks en obus et bandes de mitrailleuses des chars de tĂȘte. La contre-attaque finit par ĂȘtre repoussĂ©e. Une grande partie de la garnison a Ă©tĂ© anĂ©antie, le moral de l'ennemi est au plus bas.

Le lieutenant de Salins dĂ©cide alors de poursuivre le nettoyage vers l'Ouest afin d'intervenir sur les arriĂšres de la ligne de dĂ©fense. Enfin, Ă  12 h 30, il reçoit un message de son capitaine lui faisant savoir que l'assaut gĂ©nĂ©ral est confirmĂ© pour... 13 h. À 13 h, contournant le bois du Chesnay par le Nord, le 3e escadron du 1er RCA (S/Gt D) vient se placer en lisiĂšre Est de ce bois pour accompagner les deux bataillons du 8e RTM et des FFI qui s'y trouvent dĂ©jĂ . Le S/Gt R du CC5, qui a terminĂ© son dĂ©minage, aborde la lisiĂšre Sud du centre fortifiĂ©. Pris en tenaille entre les unitĂ©s de l'offensive et le dĂ©tachement du lieutenant de Salins qui les mitraille dans le dos, les dĂ©fenseurs renoncent Ă  se battre, lĂšvent les bras et se rendent en masse.

À 13 h 40, le village a Ă©tĂ© entiĂšrement nettoyĂ© et une centaine de prisonniers ramassĂ©s, soit la moitiĂ© de la garnison initiale. Dans la Grande Rue, on dĂ©nombre une centaine de tuĂ©s, l'autre moitiĂ© de la garnison, rĂ©sultat de 4 h de combats menĂ©s par le peloton du Lieutenant de Salins.

La victoire de Sainte-Marie entraßne la chute de la ligne de défense de la trouée de Belfort et permet la libération de Montbéliard et des agglomérations avoisinantes.

Pour son premier engagement au feu, le lieutenant de Salins est cité à l'ordre de la division.

27 novembre 1944 - Libération de Balschwiller

Le , RenĂ© de Salins et son peloton de 5 chars sont appelĂ©s Ă  Spechbach-le-Bas et reçoivent l’ordre de libĂ©rer Balschwiller sans l’aide de l’infanterie occupĂ©e Ă  d’autres missions. Lançant ses chars de façon suffisamment rapide et stratĂ©giquement espacĂ©s, il parvient Ă  prendre par surprise les Ă©lĂ©ments allemands, Ă  libĂ©rer le village et Ă  rĂ©cupĂ©rer intact un Jagdpanther qui fera partie du dĂ©filĂ© de la victoire Ă  Colmar par la suite.

17 décembre 1944 - Libération de la Fabrique d'Aspach

Le , sa compagnie, le S/Gt D, a reçu pour mission de libĂ©rer la route Hachimette-Kaysersberg et de prendre contact avec les AmĂ©ricains qui occupent une partie de Kaysersberg. Remplaçant le lieutenant d’Espaigne tuĂ© au combat Ă  la tĂȘte du peloton no 3, il prend la tĂȘte du dĂ©tachement constituĂ© du peloton de chars, d’une section du GĂ©nie et d’une section du RMLE et parvient Ă  conquĂ©rir La Fabrique d’Aspach, une ancienne usine textile entourĂ©e de murs et bordĂ©e par la riviĂšre Weiss convertie en Point d’appui par les Allemands pour couvrir Kaysersberg, faisant ainsi une trentaine de prisonniers avec leurs armements.

Janvier 1945 - Gambsheim, Benfeld avant la Poche de Colmar

EngagĂ© dans les combats de Gambsheim le et de Benfeld jusqu’au , le S/Gt D a eu de lourdes pertes: le prix Ă  payer pour Ă©carter la menace sur Strasbourg. Avec l'ensemble du CC5, dont chaque rĂ©giment ne compte plus qu’une quinzaine de chars en Ă©tat de marche sur cinquante, il cantonne ensuite dans la rĂ©gion de Ban, Epfig et Westhouse, ce qui lui permet de se rĂ©organiser en renouvelant ses effectifs et son matĂ©riel.

Du 13 au , cantonnĂ© Ă  Gertwiller, prĂšs de Barr, l’escadron de chars du S/Gt D, le 3e Escadron du 1er RCA, reçoit un renfort en personnel de 2 officiers, 3 sous-officiers, une dizaine d’hommes et un certain nombre de chars neufs.

Le , jour auquel il est Ă  nouveau mis en alerte, il dispose de : un char de commandement, un 1er peloton de 5 chars (Ă  sa tĂȘte le Lieutenant de Salins), et un 2e peloton de 4 chars. Il reçoit alors l’ordre de rejoindre Epfig (15 km Nord de SĂ©lestat) pour reconstituer le S/Gt D avec le 1er bataillon du RMLE (LĂ©gion), aux ordres de son Chef. Le , le S/Gt fait mouvement pour se porter Ă  Kintzheim (km Ouest de SĂ©lestat), toujours en Ă©tat d’alerte. Le , le S/Gt D est alertĂ© et fait mouvement vers le Moulin de Jebsheim situĂ© Ă  15 km au Sud-Est de Kintzheim. Le 3e Escadron arrive au Moulin de Jebsheim pour relever les chars du CC6. Le peloton du Lieutenant de Salins appuyant la 2e compagnie du RMLE, a pour mission de tenir les lisiĂšres Nord du bois de Jebsheim, en fournissant Ă©ventuellement des feux sur les lisiĂšres Sud de Grussenheim toujours tenu par l’ennemi. Le 3epeloton, postĂ© aux environs immĂ©diats du Moulin, est prĂȘt Ă  fournir des feux vers le Sud et le Sud-Ouest. Le PC du S/Gt D et celui de l’Escadron sont installĂ©s au Moulin de Jebsheim.

30 janvier 1945 - La prise d'Urschenheim
Plan de situation de la Poche de Colmar

De Muntzenheim, le peloton du Lieutenant de Salins est envoyĂ© reconnaĂźtre Durrenentzen, qui est signalĂ© libre, en vue d’en faire la base de dĂ©part pour une attaque sur Urschenheim. Le village est effectivement libre.

Les chars sont amenĂ©s, avec 5 lĂ©gionnaires sur chaque plaque- moteur, Ă  proximitĂ© de la sortie Sud. À 17 h, ils sont lancĂ©s Ă  vitesse maximum et espacĂ©s de 80 m environ pour profiter de l’effet de surprise et tenter d’éviter les tirs des Allemands. Un premier groupe de deux chars pĂ©nĂštre dans Urschenheim dĂ©truisant au passage un canon anti-char. Les quatre chars suivants, dont celui du Lieutenant de Salins, sont cependant mis hors de combat, touchĂ©s au niveau des moteurs, Ă  150 m du village, par des tirs de Jagdpanthers embusquĂ©s en lisiĂšre de la forĂȘt de la Hardt, au dĂ©bouchĂ© de la route Kunheim-Durrenentzen.

Le Lieutenant de Salins ordonne alors aux équipages indemnes des quatre chars de sauter à terre, une nouvelle salve de Jagdpanthers dans les tourelles étant fatale car pouvant faire exploser les munitions des chars. Les chars sont en feu, et toutes tentatives de réduire les incendies avec des extincteurs sont vaines.

Les deux chars de tĂȘte, qui ont pĂ©nĂ©trĂ© dans Urschenheim, se trouvent seuls avec quelques lĂ©gionnaires au milieu du dispositif ennemi. Il faut sans retard leur porter secours.

Le Lieutenant de Salins parvient alors Ă  galvaniser les membres d’équipages rescapĂ©s et les lĂ©gionnaires, une quarantaine d’hommes en tout. À sa suite, la troupe court vers la lisiĂšre encore tenue par les Allemands, en l’arrosant du tir de leurs mitraillettes, pĂ©nĂštre en deux colonnes de part et d’autre de la rue principale, et atteint rapidement les deux chars embossĂ©s Ă  l’entrĂ©e d’une petite place, 150 m plus loin.

Les snipers ennemis tirent de tous les horizons, par devant et par derriĂšre, planquĂ©s dans les maisons du village. Le pilote d’un des chars vient apprendre au Lieutenant de Salins que son chef de char a Ă©tĂ© tuĂ© d’une balle dans la tĂȘte par un sniper, et Ă©vacuĂ©. Il se rend alors dans le char pour constater qu’il est bien embossĂ©, et nomme le brigadier chef pilote comme chef provisoire du char. Le jour commence Ă  tomber. Il est trop tard pour effectuer le nettoyage du village. Le Lieutenant de Salins organise alors un point d’appui cerclĂ© avec les LĂ©gionnaires dans la partie Nord- Ouest du village.

Il prend contact avec le Capitaine de l’escadron qui, dĂ©bouchant de Durrenentzen derriĂšre le Peloton du Lieutenant de Salins et le voyant immobilisĂ©, avait dĂ©cidĂ© de dĂ©caler Ă  droite avec ses quatre chars pour attaquer Urschenheim par sa lisiĂšre Ouest. Les combats y sont rudes. Le premier char saute sur une mine. Les trois autres sont atteints par des grenades antichars, mais restent utilisables. Ce sont les LĂ©gionnaires qui ont le plus souffert. Tous les officiers et sous-officiers ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s. Le Capitaine donne Ă  Salins la mission de prendre le commandement de tous les LĂ©gionnaires et de constituer un deuxiĂšme point d’appui cerclĂ© dans la partie Ouest du village.

Des prisonniers interrogĂ©s apprennent qu’Urschenheim est tenu par 2 compagnies du RĂ©giment d’élite « Edelweiss », chasseurs alpins autrichiens rĂ©cemment rentrĂ©s de NorvĂšge. Le matin venu, les Allemands ont entiĂšrement Ă©vacuĂ© le village tandis que des renforts d’infanterie sont arrivĂ©s. Des Dodges et GMC viennent embarquer les hommes qui ont perdu leur armement et leur mode de transport. Ils seront ramenĂ©s au cantonnement de SĂ©lestat.

Le Lieutenant de Salins est chargĂ© d’assurer le rapatriement des Ă©quipages sans char.

Salins est citĂ© Ă  l’ordre du Corps d’ArmĂ©e pour cette opĂ©ration. À la fin des hostilitĂ©s, l’ArmĂ©e anglaise demanda Ă  chaque grande UnitĂ© française de lui transmettre un certain nombre de citations parmi lesquelles elle ferait un choix pour leur dĂ©cerner des dĂ©corations anglaises en signe de solidaritĂ© combattante. Parmi les 40 citations sĂ©lectionnĂ©es, une dizaine de combattants purent ĂȘtre regroupĂ©s Ă  Paris pour ĂȘtre dĂ©corĂ©s par l’Ambassadeur d’Angleterre en France de la Military Cross. Parmi eux se trouvaient le lieutenant de Salins et son ancien instructeur Ă  l’Escadron de Saint Cyr, qui avait Ă©tĂ© dĂ©corĂ© en 1940 Ă  Saumur pour ĂȘtre montĂ© sur un char ennemi et avoir dĂ©truit son Ă©quipage.

Citation Ă  l’ordre du Corps d’ArmĂ©e:

« Au cours du combat pour la prise d’Urschenheim, le , son char ayant Ă©tĂ© dĂ©truit avant d’aborder l’ennemi ainsi que deux autres chars de son Peloton, a continuĂ© le combat Ă  pied. A atteint dans les premiers les lisiĂšres nord du village et a permis Ă  son commandant d’escadron d’organiser solidement un point d’appui dans la partie nord du village en regroupant les LĂ©gionnaires dont tous les officiers avaient Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s. »

Le , toutes les unitĂ©s du CC5 sont mises au repos Ă  Colmar aprĂšs avoir subi des pertes importantes dans la conquĂȘte de Jebsheim, Grussenheim, Urschenheim et Durrenentzen.

Du 2 au , les 3 Sous-Groupements se rassemblent Ă  Colmar et participent Ă  toutes les cĂ©rĂ©monies qui marquent la libĂ©ration de l’Alsace. Du 7 au , les Sous-Groupements sont dissous. Le 1er RCA stationne Ă  Colmar jusqu’au . Le , le RĂ©giment se porte de Colmar Ă  Barr, Ă  l’exception de l'escadron du lieutenant de Salins maintenu comme Ă©lĂ©ment d’instruction pour l’École des Cadres de Rouffach.

Celui-ci ne rejoint son régiment que le pour la Campagne d'Allemagne et d'Autriche.

Campagne d'Allemagne et d'Autriche

Chavannes-les-Grands, Mémorial du 1er régiment de chasseurs d'Afrique

Le , aprĂšs avoir investi Hohenstein qui a Ă©tĂ© reconnu libre d’ennemis, il participe avec son peloton Ă  la prise de Kirchheim. Le , son peloton stationne Ă  Bönnigheim, puis le Ă  Schwetzingen jusqu’au .

15 avril 1945 - La victoire de Simmersfeld

Le S/Gt doit se porter Ă  Enzklösterle. À 8 heures 30, il stationne sur la route entre Enzklösterle et Simmersfeld. Le P.C. est bombardĂ© par l’artillerie. À 9 heures 45 le peloton de Salins reçoit l’ordre de se porter Ă  1 500 mĂštres Ă  l’Ouest d’Oberweiler. À 12 heures 45 l’escadron reçoit l’ordre d’occuper Simmersfeld qui est tenu par l’ennemi. Un tir d’artillerie est prĂ©vu de 13 heures 30 Ă  13 heures 45. L’escadron attaque Ă  13 heures 43. Le village est nettoyĂ© et occupĂ© Ă  14 heures 40. L’efficacitĂ© de cette opĂ©ration est mentionnĂ©e dans la Citation Ă  l'ordre de l'ArmĂ©e du Journal Officiel du : « Le Ă  Summerfeld (sic), forçant en tĂȘte de son escadron a enlevĂ© rapidement le village fortement dĂ©fendu, dĂ©truisant de nombreux postes de rĂ©sistance ennemies. »

du 15 avril au 7 mai 1945 - progression ininterrompue en Allemagne puis en Autriche

La campagne d'Allemagne de la 1re ArmĂ©e française - traversĂ©e du Rhin, prises de Karlsruhe et manƓuvre de Freudenstadt
La campagne d'Allemagne de la 1re Armée française : tronçonnage de la 19e Armée allemande, prises de Stuttgart et Ulm, entrée en Autriche

AprĂšs Simmersfeld, la progression se poursuit:

  • le , le S/Gt reçoit l’ordre de se porter sur Freudenstadt. L’escadron arrive Ă  Hochdorf dans la journĂ©e. En fin de journĂ©e, l’escadron fait mouvement de Hochdorf pour s’emparer de Kalberbronn avec l’appui du 151e RĂ©giment d’Infanterie. À 22 heures 30, le peloton de Salins reçoit pour mission, de tenir le carrefour situĂ© Ă  km au sud de Kalberbronn et y passe la nuit.
  • le , le peloton de Salins avec une compagnie de LĂ©gion est Ă  la disposition directe de l’avant-garde. Le S/Gt doit se porter Ă  Wittlensweiler. L’escadron retrouve l'un de ses Ă©lĂ©ments qui avait Ă©tĂ© portĂ© disparu Ă  Gambsheim le et qui, fait prisonnier par les Allemands, vient d’ĂȘtre dĂ©livrĂ© grĂące Ă  son avance. Le S/Gt fait mouvement sur Untermusbach pour y cantonner.
  • le , le S/Gt fait mouvement vers TĂŒbingen. À l’arrivĂ©e Ă  Weggental, dispositions de combat pour entrer dans Rottenburg accompagnĂ© de l’infanterie. La ville semble maĂźtrisĂ©e en fin de journĂ©e.
  • le , l'escadron est chargĂ© de nettoyer Ă  fond un secteur de la ville, puis reçoit l’ordre de se porter Ă  Kusterdingen.
  • le , le S/Gt fait mouvement et arrive Ă  Kirchentellinsfurt oĂč il cantonne.
  • le , le S/Gt fait mouvement et arrive Ă  Mittelstadt oĂč il cantonne.
  • le , l’escadron reçoit l’ordre de se porter sur Ohmenhausen. Une fois ce village atteint, il se porte Ă  Gönningen oĂč il est pris Ă  partie par un tir d’artillerie ennemi. De nombreuses barricades sont dĂ©fendues par des "Panzerfausten" et des tireurs d’élite. À bout de munitions, un premier peloton est relevĂ© vers 18h par le peloton de Salins avec qui progresse le Capitaine. Le peloton est arrĂȘtĂ© par une forte excavation qui barre la route. L’escadron est pris Ă  partie par une piĂšce d’artillerie qui tire Ă  vue et par des snipers. Le Lieutenant de Salins est blessĂ© mais n’est pas Ă©vacuĂ©. À 23 heures, l’escadron retourne sur ordre Ă  Gönningen pour y cantonner la nuit.
  • le , l’escadron reçoit l’ordre de reprendre le village de Genkingen qui est rĂ©occupĂ© par l’ennemi aprĂšs avoir Ă©tĂ© pris par le 151e R.I. À 6 heures 30 le peloton de Salins part en tĂȘte suivi par le peloton Dumond et le Capitaine. Le village est repris et nettoyĂ© Ă  7 heures 45 par l’escadron et la Compagnie du R.M.L.E. Le village est en grande partie dĂ©moli, de nombreux Allemands ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou fait prisonniers. À 9 heures 10 le peloton de Salins part sur Unlingen pour nettoyer et occuper le village. Le reste de l’escadron le rejoint Ă  11 heures. À 17 heures 15 l’escadron est alertĂ© et doit se tenir prĂȘt Ă  partir. À 18 heures 20 le peloton de Salins, en tĂȘte, part en direction de Empfingen oĂč des chars sont signalĂ©s. À 18 heures 30 le peloton Dumond et le Capitaine rejoignent le peloton de Salins le village est nettoyĂ© et occupĂ© Ă  19 heures 35 et l’escadron y cantonne.
  • le , le S/Gt fait mouvement et se porte sur Veringenstadt oĂč il stationne jusqu'au . À cette occasion, le Lieutenant de Salins fait une reconnaissance jusque Sigmaringen, oĂč il entre le premier. Les lieux sont dĂ©serts: la veille y Ă©tait encore internĂ© le marĂ©chal PĂ©tain qui a obtenu que les Allemands le transfĂšrent en Suisse. Le Lieutenant de Salins entre dans une forteresse vide et accĂšde aux anciens appartements occupĂ©s par le MarĂ©chal. Dans sa chambre il prend possession de son livre de chevet abandonnĂ©[5].
  • le , le Lieutenant de Salins prend le commandement d’un dĂ©tachement composĂ© d'un peloton de chars moyens, un peloton de chars lĂ©gers, une section de LĂ©gion et un Ă©lĂ©ment du Service de SantĂ©. Il doit se rendre Ă  Raitbach avec mission de surveillance en direction de Engen.
  • le , le Lieutenant de Salins fait mouvement avec son dĂ©tachement et se rend Ă  Tengendorf oĂč il cantonne.
  • le , le sous-groupement doit faire mouvement pour se porter Ă  Friedrichshafen. La colonne arrive Ă  Bermatingen. Elle est arrĂȘtĂ©e par un fort tir de minen. Le Capitaine commandant l’escadron est chargĂ© de la prise de Markdorf ; il se porte Ă  l’observatoire de l’artillerie et dĂ©cide d’attaquer la localitĂ© par le Sud de la route dans le dispositif suivant : En tĂȘte, le peloton de Salins, puis le çhar du Capitaine suivi du peloton Lacroix. Le Bourgmestre de Markdorf se prĂ©sente et affirme au Capitaine que le village est Ă©vacuĂ© par l’ennemi: celui-ci est investi Ă  18 heures. À 18 heures 30, l’escadron reçoit l’ordre de se porter Ă  Friedrichshafen oĂč il cantonne.
  • le , l'escadron reçoit l'ordre de se porter Ă  Nonnenhorn.
  • le , l’escadron part pour se rendre Ă  Schwarzach en Autriche et traverse la frontiĂšre.
  • le , le S/Gt fait mouvement pour se porter en direction de Altach, puis se porte Ă  Feldkirch.
  • le , le sous-groupement doit se porter de Feldkirch Ă  Frastanz. Il arrive Ă  Bludenz et part en direction de Bings. Une forte rĂ©sistance se dĂ©voile Ă  Bings et la progression est trĂšs difficile dans cette vallĂ©e encaissĂ©e dominĂ©e par de trĂšs nombreux tireurs d’élite et "Panzerfausten". Un train blindĂ© rĂ©alisĂ© sur les instructions du GĂ©nĂ©ral commandant la 5e D.B. appuiera l’action du Groupement. L’escadron cantonne Ă  la sortie Est de Bludenz. À 21 heures, le peloton de Salins se porte Ă  Erngelin et en assure la dĂ©fense.
  • le , l’ennemi ayant Ă©vacuĂ© Rings au cours de la nuit, l’escadron part en tĂȘte de la colonne. Il est arrĂȘtĂ© par un pont coupĂ© Ă  l’est d’Innerbraz et est pris Ă  partie par des mitrailleuses de 20 mm et des tireurs d’élite. L’escadron stationne Ă  Innerbraz et y stationne jusqu'au , les ponts Ă©tant coupĂ©s Ă  l'avant.

7 mai 1945 : fin des hostilités

Sur ordre du Lieutenant-Colonel Gambiez, le peloton de Salins part en direction de Dalaas. Il se rend Ă  Klösterle oĂč il cantonne. Le reste de l’escadron reste Ă  Innerbraz. À 13 heures le S/Gt apprend par une note de service la cessation des hostilitĂ©s depuis 1 heure 41.

Texte de la note : C.C. 5 Ă  tous :

" AprĂšs entente entre Gouvernements Français et AlliĂ©s fin des hostilitĂ©s en Allemagne le 7 Ă  1 heure 41. Toute action offensive sera immĂ©diatement arrĂȘtĂ©e. Stop. Seules continuent actions d’occupation." Note du S/Gt Laimay : "Le feu ne doit ĂȘtre ouvert que contre Ă©lĂ©ments ennemis cherchant Ă  quitter emplacements sur lesquels ils devraient attendre l’arrivĂ©e de nos troupes pour ĂȘtre faits prisonniers ou se livrant Ă  des actes d’hostilitĂ© caractĂ©risĂ©s. "

L'aprĂšs-guerre

AprĂšs quatre ans d’éloignement de sa famille, alors cantonnĂ© Ă  Tubingen, il demande Ă  ĂȘtre affectĂ© comme instructeur Ă  l’École de l’Arme BlindĂ©e Ă  Saumur, qu’il rejoint en . Il sort de la Campagne de France dĂ©corĂ© de quatre citations dont une Ă  l'ordre de l’ArmĂ©e, et promu Chevalier de la LĂ©gion d'honneur.

En , il se fait affecter au 1er Hussards, seul rĂ©giment parachutiste de l’Arme BlindĂ©e, basĂ© Ă  Constantine.

En , il est dĂ©signĂ© par son rĂ©giment pour suivre le stage de perfectionnement des Lieutenants Ă  Saumur. ParallĂšlement il s’inscrit Ă  un cours par correspondance de l’Enseignement militaire scientifique et technique en vue de passer le Certificat de MathĂ©matiques GĂ©nĂ©rales. AprĂšs le stage de Saumur, qui dure un an, il se fait affecter en Ă  l’État Major de l’École des troupes aĂ©roportĂ©es Ă  Pau. C’est lĂ  qu’il apprend sa nomination au grade de Capitaine, le . Il a alors 28 ans.

En , il est affectĂ© Ă  l’Enseignement Militaire Scientifique et Technique pour prĂ©parer le Brevet d’État Major Technique. Pendant deux ans il Ă©tudie Ă  la Sorbonne pour y dĂ©crocher les Certificats de Physique GĂ©nĂ©rale et de Chimie GĂ©nĂ©rale, il rĂ©dige une thĂšse sur les explosions de poussiĂšre et rĂ©alise un appareil de mesure instantanĂ©e Ă  distance des hautes tempĂ©ratures de flammes. Cet appareil sera utilisĂ© au Sahara pour Ă©tudier les explosions de poussiĂšre d’aluminium. Pour acquĂ©rir ce Brevet d’État Major Technique, il faut, en outre, suivre l’annĂ©e d’instruction du DiplĂŽme d’État-Major. C’est ainsi qu’il obtient son Brevet en [6].

Tous ces stages ne lui ayant pas permis de faire les deux ans de commandement d’escadron exigĂ©s pour ĂȘtre proposĂ© au grade de Chef d’Escadrons, il dĂ©cide de se porter volontaire pour commander une unitĂ© parachutiste de combat en Indochine.

Guerre d'Indochine

Janvier 1953 - SaĂŻgon

Atterrissant le Ă  l’aĂ©rodrome de Tan San Ut Ă  SaĂŻgon, il est affectĂ© au 1er Bureau de l’État Major des Troupes AĂ©roportĂ©es avec pour mission de gĂ©rer la relĂšve Ă  prĂ©voir des effectifs parachutistes. Le gĂ©nĂ©ral Jean Gilles le garde six mois dans cette affectation pour le connaĂźtre et le jauger. Il a ainsi l’occasion de participer avec l’État Major des TAP Ă  des opĂ©rations en Cochinchine, dans la rĂ©gion de Tourane et au Laos.

Juillet 1953 - HanoĂŻ

Insigne du 8e BPC

Le , il est mutĂ© Ă  HanoĂŻ comme Commandant en second d’un Bataillon rĂ©cemment formĂ©, le 8e Bataillon Parachutiste de Choc, alors qu’il avait simplement demandĂ© le commandement d’une compagnie, le GĂ©nĂ©ral Commandant des Troupes aĂ©roportĂ©es l’avait jugĂ© capable de commander un Bataillon. L’annĂ©e suivante, il est inscrit premier au Tableau d’avancement d’Indochine pour le grade de Chef d’Escadrons, il a alors 33 ans. Il rejoint Ă  HaĂŻphong la base arriĂšre du Bataillon dont les unitĂ©s de combat participent Ă  ce moment Ă  une opĂ©ration de commando sur les arriĂšres des Viets Ă  Lang Son. Le commandant du bataillon, le capitaine Pierre Tourret, Ă©tait de la promotion de Saint-Cyr prĂ©cĂ©dant la sienne. L’officier le plus ancien aprĂšs lui dans le bataillon, le capitaine Lamouliatte commandant la 1re compagnie, Ă©tait de la promotion suivante.

Le capitaine Tourret n’avait effectuĂ© que six mois d’instruction Ă  Saint Cyr, il avait ensuite subi quatre annĂ©es de captivitĂ©[7]. Lors d’un premier sĂ©jour en Indochine, il avait eu des problĂšmes avec un officier d’État Major pour avoir abandonnĂ© un canon au Viet-Minh dans des circonstances confuses. Il ne voit donc pas d’un bon Ɠil l’arrivĂ©e du capitaine de Salins, provenant directement de l’État Major, plus jeune que lui et ayant davantage d’états de services (LĂ©gion d’honneur, 4 citations). Les deux hommes ne seront jamais en bons termes.

22 septembre – 10 octobre 1953 - OpĂ©ration « Brochet »

C’est dans le delta Tonkinois, au cours de l’opĂ©ration « Brochet », que le capitaine de Salins fait ses premiĂšres armes de commandant en second. Cette opĂ©ration se dĂ©roule du au , dans la province de HÆ°ng YĂȘn, la province des ÉvĂȘchĂ©s, composĂ©e de catholiques convaincus, farouchement opposĂ©s au communisme. L’objectif est d’encercler et de dĂ©truire, par une grande opĂ©ration de nettoyage, le rĂ©giment Viet TD42 qui s’y est infiltrĂ© et fait obstacle Ă  l’implantation dans cette rĂ©gion de la nouvelle armĂ©e vietnamienne crĂ©Ă©e par le GĂ©nĂ©ral de Lattre.

Cette opĂ©ration met en Ɠuvre de gros moyens : cinq Groupements Mobiles. Dans cette immense riziĂšre quadrillĂ©e par un rĂ©seau de diguettes, le 8e BPC progresse sur les diguettes Ă  la file indienne, de village en village, par une chaleur accablante. Avec un appareil radio portatif Ă  l’épaule, les officiers dirigent la manƓuvre des unitĂ©s d’assaut et des appuis. GĂ©nĂ©ralement la patrouille de tĂȘte est accueillie Ă  proximitĂ© du village par quelques rafales d’armes automatiques. La tactique du capitaine Tourret est alors la suivante : il demande une intervention aĂ©rienne. AprĂšs une attente de 20 Ă  30 minutes, laissant ainsi aux Viets le temps de filer, deux chasseurs arrivent, font quelques piquĂ©s sur la lisiĂšre du village et repartent. Avant de partir, les Viets posent sur les principaux passages quelques mines qu’il faut dĂ©samorcer au cours du nettoyage du village.

Le dernier jour de l’opĂ©ration, la nasse se referme sur une poche pratiquement nettoyĂ©e. Il n’y a plus qu’un kilomĂštre d’écart entre le 8e BPC qui fait face Ă  un village, et le bataillon voisin qui en occupe un autre. À la tombĂ©e de la nuit, profitant de cette brĂšche entre les deux bataillons Français, le rĂ©giment Viet TD42 s’échappe au travers des riziĂšres.

« J’aperçus sur cet Ă©cran des silhouettes Ă  environ 300 mĂštres, dĂ©filant Ă  la queue leu leu sur les diguettes. [
] AussitĂŽt j’alertais Tourret pour qu’il fasse dĂ©clencher un tir massif d’artillerie et dĂ©truire enfin ce rĂ©giment que nous pourchassions depuis trois semaines. MalgrĂ© mon insistance, Tourret resta sans rĂ©action et laissa s’échapper les Viets. »

L’opĂ©ration Brochet est un Ă©chec : le rĂ©giment Viet est indemne.

Le capitaine Tourret, outre ses seuls six mois d'instruction Ă  St Cyr, n’avait en Indochine qu’une expĂ©rience de commandos. NommĂ© Ă  la tĂȘte d’un bataillon avec l’appui de Marcel Bigeard, dont il avait Ă©tĂ© l’adjoint, il Ă©tait incapable de faire appel Ă  l’artillerie et de rĂ©gler ses tirs ; de plus il n’emmenait plus en opĂ©ration ses mortiers de 81 et de 60 de peur de les perdre (Ă  la suite de la perte d’un canon), ne pouvant disposer d’aucun appui de feux (Ă  la tombĂ©e de la nuit, il ne pouvait faire appel Ă  l’aviation). Le capitaine de Salins Ă©tant tĂ©moin de cette dĂ©faillance, Pierre Tourret, de peur qu’il en fasse Ă©tat dans les États Majors, met alors tout en Ɠuvre pour lui faire quitter son bataillon[8].

10 octobre 1953 - Retour Ă  HanoĂŻ

Le , le 8e Choc reçoit mission de nettoyer le village de YĂȘn ViĂȘn, Ă  proximitĂ© d’HanoĂŻ, oĂč a Ă©tĂ© signalĂ©e une infiltration des Viets. Le commandement de l’opĂ©ration est confiĂ© au capitaine de Salins, le capitaine Tourret restant Ă  HanoĂŻ en Ă©coute radio.

Pour cette opĂ©ration, le capitaine de Salins donne l’ordre aux deux premiĂšres compagnies de contourner rapidement le village par l’Est, de se porter Ă  son autre extrĂ©mitĂ© et de s’installer en mesure de recueillir les Ă©lĂ©ments ennemis qui s’y rĂ©fugieraient. Il fait ensuite assurer le nettoyage du village par les deux autres compagnies. Comme prĂ©vu, 50 Viets installĂ©s dans le village se font cueillir Ă  la sortie : 50 Viets de moins Ă  la rĂ©bellion et qui peuvent venir s’ajouter aux manutentionnaires P.I.M. (prisonniers et internĂ©s militaires).

Tourret prend le prĂ©texte des dangers d’une opĂ©ration sur les hauts plateaux tonkinois pour conseiller au capitaine de Salins de demander Ă  ĂȘtre mutĂ© Ă  nouveau Ă  l’État Major AĂ©roportĂ© Ă  SaĂŻgon. Face Ă  un refus trĂšs net, il lui propose de permuter avec Lamouliatte en prenant le commandement de sa compagnie tandis que ce dernier deviendrait son adjoint. Ayant expĂ©rimentĂ© un rĂŽle de commandant en second qui faisait plutĂŽt de la figuration, le capitaine de Salins accepte, saisissant l’occasion d’avoir un commandement plus effectif.

20 novembre 1953 - Opération Castor

C’est au dernier moment que le 8e BPC apprend sa participation Ă  une opĂ©ration aĂ©roportĂ©e qui allait s’effectuer sur le village de Điện BiĂȘn Phủ, dans la rĂ©gion des hauts plateaux tonkinois. Dans cette zone montagneuse au Nord-Ouest du Tonkin, le corps expĂ©ditionnaire français conserve un poste Ă  LaĂŻchau, prĂšs de la frontiĂšre chinoise, et un groupement d’environ 2 000 maquisards thaĂŻ dispersĂ©s sur les hauts plateaux dont ils sont originaires. Ces ThaĂŻs ont pour mission de harceler les petits convois viets qui sillonnent les hauts plateaux pour ravitailler, en provenance de Chine, les Divisions Viets du Centre Annam et de Cochinchine.

Objectif de l'opération « CASTOR »

Initialement CASTOR est prĂ©sentĂ©e comme une opĂ©ration locale et temporaire destinĂ©e Ă  Ă©pauler l’action des maquisards Ă  partir de la cuvette de Điện BiĂȘn Phủ que l’Union française doit reprendre au ViĂȘt Minh et oĂč ils doivent installer des unitĂ©s opĂ©rationnelles. Fort du succĂšs des batailles de Nghia Lo et Na San, les États Majors donnent un avis favorable Ă  un projet du GĂ©nĂ©ral en Chef Henri Navarre reprenant la tactique du « hĂ©risson », dans la mesure oĂč il reste limitĂ© et temporaire.

Điện BiĂȘn Phủ pour « casser du viet » est cependant le plus mauvais choix : la distance de 300 km de HanoĂŻ, limite de rayon d’action de l’aviation, en altitude dans une jungle impĂ©nĂ©trable et une brume presque constante, est un premier handicap. La cuvette de Điện BiĂȘn Phủ, entourĂ©e de forĂȘts, rend trĂšs vulnĂ©rables un terrain d’aviation et ses dĂ©fenses impossibles Ă  camoufler. De plus aucune liaison par voie terrestre n’est envisageable.

À cette Ă©poque, Navarre prĂ©pare une grande opĂ©ration au Centre Annam. L’opĂ©ration « Castor » ne doit mobiliser que quelques bataillons. Mais elle est une rĂ©ponse aux directives de Paris : le Gouvernement impose que soit maintenue une liaison avec le Laos pour lutter contre une infiltration viet dans ce pays.

Parachutage et installation autour de Điện BiĂȘn Phủ

Plan de situation de la bataille de Dien Bien Phu (20 novembre 1953 - 7 mai 1954)

Le , le 6e B.P.C. du commandant Bigeard et le 2/1er R.C.P. du commandant BrĂ©chignac sont larguĂ©s sur deux compagnies viets Ă  l’exercice dans les riziĂšres de Điện BiĂȘn Phủ. La rĂ©action est violente. Le nettoyage prend une journĂ©e et fait quelques pertes.

Le Ă  l’aube, le capitaine de Salins avec le 8e Bataillon de Choc et le 1er B.E.P. sont larguĂ©s sur la mĂȘme aire dĂ©barrassĂ©e de sa garnison viet.

Les diffĂ©rentes compagnies, dont la sienne, se regroupent comme Ă  l’exercice et vont occuper des positions dĂ©fensives autour du village.

Le gĂ©nĂ©ral Jean Gilles, commandant les troupes aĂ©roportĂ©es d’Indochine, fait partie du mĂȘme largage. En quelques jours, cinq mille hommes sont acheminĂ©s par air, Ă  pied d’Ɠuvre sur une piste d’aviation rĂ©alisĂ©e en plaques ondulĂ©es. Un peloton de chars lĂ©gers est Ă©galement acheminĂ© en piĂšces dĂ©tachĂ©es et remontĂ© sur place. Il semble que l’on puisse rĂ©aliser rapidement un solide camp retranchĂ©.

Les services de renseignements avertissent dĂšs fin novembre, que 4 Divisions Viets, prĂ©levĂ©es sur le Delta tonkinois et sur le Centre Annam, se dirigent sur Điện BiĂȘn Phủ. La position de Điện BiĂȘn Phủ permet-elle de faire face Ă  des forces ennemies aussi importantes et de les battre ? Le GĂ©nĂ©ral Navarre rĂ©pond par l’affirmative et maintient le camp retranchĂ©.

Les PremiÚres Opérations

Il faut prĂ©ciser que le 8e Choc est le seul bataillon Ă  avoir menĂ© cette bataille de Điện BiĂȘn Phủ de bout en bout du au , les autres bataillons ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une relĂšve en cours de campagne. DĂšs le dĂ©but, il est jumelĂ© avec le 1er B.E.P. pour former le Groupement d’intervention GAP2 sous le commandement du colonel Langlais.

Apprenant que la Division 316 arrive en renfort du rĂ©giment 148, et voulant en avoir le cƓur net, le commandement dĂ©signe Tourret pour aller faire une reconnaissance lointaine sur la RP 41[9] avec deux petits commandos. ExĂ©cutĂ©e du 3 au , cette reconnaissance confirme que les premiers Ă©lĂ©ments de la division 316 atteignent les abords de la cuvette de Điện BiĂȘn Phủ, et que la RP41 est utilisĂ©e par des vĂ©hicules automobiles.

ParallĂšlement au parachutage sur Điện BiĂȘn Phủ, est organisĂ© le repli sur cette base de la garnison de LaĂŻchau et des 2 000 maquisards opĂ©rant dans la zone ; c’est l’opĂ©ration « Pollux ». Dans leur repli, prĂšs de Điện BiĂȘn Phủ ces unitĂ©s sont sĂ©rieusement encerclĂ©es Ă  18 km dans le village de Muong Pon. Le 8e Choc, dont la 1re compagnie, assure la couverture Ă  l’Est de la RP41. Le capitaine de Salins fait se dĂ©voiler un poste de surveillance et le contraint Ă  dĂ©crocher par un mouvement de dĂ©bordement. Le 1er B.E.P., chargĂ© de l’action principale, se fait durement accrocher, subit des pertes importantes et arrive trop tard Ă  Muong Pon pour recueillir les derniĂšres unitĂ©s de l’opĂ©ration « Pollux ».

Liaison vers le Laos

Au cours d’un voyage d’inspection sur place des gĂ©nĂ©raux Navarre et Cogny, ceux-ci dĂ©cident, le , de faire effectuer une liaison entre le camp retranchĂ© de Điện BiĂȘn Phủ et le Laos pour montrer que les Français conservent l’initiative sur cet axe, et que le camp retranchĂ© assure effectivement la couverture du Laos. La liaison doit avoir lieu Ă  Sop Nao, sur la Nam Nong, Ă  75 km de Điện BiĂȘn Phủ et Ă  mi-chemin des implantations respectives.

Du 21 au , cette liaison Điện BiĂȘn Phủ-Laos est rĂ©alisĂ©e, sous les ordres du colonel Langlais, par le GAP2 composĂ© du 8e Choc et du 1er B.E.P. Le GAP2 a connaissance de l’arrivĂ©e d’élĂ©ments prĂ©curseurs de la D308 au Sud de la cuvette. Il s’engage donc dĂšs l’aurore dans la jungle, le long de la Nam Noua. Le trajet est rĂ©alisĂ© au pas de charge pour bĂ©nĂ©ficier de l’effet de surprise, la progression s’effectuant par infiltration dans la vallĂ©e avec d’incessantes descentes, passages Ă  guĂ©, remontĂ©es Ă  raison de 12 Ă  16 heures par Ă©tape. L’opĂ©ration est physiquement extĂ©nuante.

Le , dĂšs la jonction Ă©tablie, le GAP2 prend le chemin du retour par les crĂȘtes, dans la brousse, pour Ă©viter les embuscades que la D308, repĂ©rant le passage aller, n’avait pas manquĂ© de leur tendre sur la Nam Noua. C’est le matin de NoĂ«l que le GAP2 retrouve la cuvette de Điện BiĂȘn Phủ, les soldats fourbus, mais sains et saufs. Cette liaison dĂ©montre que les Français ne sont plus du tout maĂźtres du terrain, et qu’ils prennent de grands risques en s’y engageant en profondeur.

Implantation du camp retranché

Dien Bien Phu, mars 1954

Tout le dispositif du Camp retranchĂ© est conçu pour la dĂ©fense d’une piste d’aviation de 1 000 mĂštres de long, construite sur la riziĂšre, orientĂ©e Sud-Ouest Nord-Est, par oĂč doivent arriver tous les ravitaillements et les renforts.

Autour de cette piste sont implantĂ©s 4 Points d’appui constituant le Centre principal de rĂ©sistance. Le Colonel de Castries baptise de noms de femmes les diffĂ©rents Points d’appui. Le Centre principal de rĂ©sistance comprend donc :

  • Ă  l’Ouest de la piste, dans la riziĂšre, le PA Huguette tenu par un bataillon.
  • Ă  l’Est de la piste et de la riviĂšre Nam Youm, sur la plus haute colline, le PA Dominique tenu par un bataillon.
  • au Sud de la piste, dans la riziĂšre, le PA Claudine qui comprend le PC opĂ©rationnel, des batteries d’artillerie et le Groupement d’intervention GAP2 composĂ© du 8e Choc et du 1er BEP.
  • au Sud-Est, sur les collines surplombant la Nam Youm, en dessous de Dominique, le PA Eliane tenu par un bataillon.

Chaque point d’appui comporte 4 mĂŽles de rĂ©sistance tenus chacun par une compagnie.

Le Centre principal de résistance est couvert :

  • au Nord-Est, sur un grand piton, par le PA BĂ©atrice tenu par un bataillon.
  • au Nord par le PA Gabrielle, sur un piton allongĂ© dans le prolongement de la piste, Ă©galement tenu par un bataillon.
  • au Nord-Ouest, sur un plateau, par le PA Anne-Marie tenu par des Ă©lĂ©ments ThaĂŻ.

Un Centre de rĂ©sistance secondaire a Ă©tĂ© implantĂ© Ă  km au Sud, le long de la Nam Youm. Il comprend un bataillon de la LĂ©gion, des batteries d’artillerie, un peloton de chars, et doit pouvoir appuyer de ses feux le Centre principal de rĂ©sistance.

Les premiers Engagements

Aux mois de et s’organisent les positions dĂ©fensives du camp retranchĂ© et sont lancĂ©es des reconnaissances en profondeur pour sonder les axes de circulation et les dĂ©fenses ennemies. Le dĂ©clenchement d’une grande attaque Viet est annoncĂ©e par les services de renseignement pour le . Cette attaque est finalement annulĂ©e, sans doute parce que le gĂ©nĂ©ral Giap juge la position dĂ©fensive trop importante pour les moyens dont il dispose alors. Il prĂ©fĂšre attendre un renforcement en artillerie et DCA en provenance de Chine.

Le , la 1re Compagnie participe, dans le cadre du GAP2, Ă  une reconnaissance vers la cĂŽte 683 au Nord-Est de Gabrielle.

« AprĂšs avoir bousculĂ© un poste de surveillance, on y dĂ©couvre des emplacements d’artillerie abandonnĂ©s. »

La division 308, qui occupait les abords de la cuvette, a fait marche arriĂšre vers le Laos dĂšs le . Le , une reconnaissance est poussĂ©e par le 3/3 REI et le 3/3 RTA vers les cĂŽtes 754 et 781 Ă  km Ă  l’Est du PA Eliane. À la cĂŽte 781, ils se heurtent Ă  une position Viet fortement tenue ; ils perdent une cinquantaine de tuĂ©s et blessĂ©s et sont contraints Ă  se replier.

Le , c’est le 8e Choc et le 1er BEP qui reprennent l’action plus au Sud en direction de la cĂŽte 727. Assurant la flanc-garde sur la droite, la 1re Compagnie du 8e Choc commandĂ©e par Salins se heurte Ă  une premiĂšre rĂ©sistance qu’elle dĂ©borde et fait se replier. Elle poursuit sa progression jusqu’au 727 qui n’est pas tenu, et dĂ©couvre une piste logistique Viet crĂ©Ă©e dans la jungle pour contourner la cuvette de Điện BiĂȘn Phủ, Ă©quipĂ©e d’un trou d’homme tous les 10 mĂštres pour parer aux attaques aĂ©riennes. Depuis des semaines, des obus isolĂ©s d’environ 75 mm (canon japonais) tombent un peu partout sur le camp retranchĂ© sans qu’on ait pu en dĂ©terminer la provenance. Un observateur d’artillerie dĂ©couvre soudain dans ses jumelles un canon de 105 en pleine forĂȘt vers la cĂŽte 561 Ă  l’Est de Gabrielle. Mais ce canon disparaĂźt aussi vite qu’apparu.

Le , pour en avoir le cƓur net, le Commandement engage le GAP2 dans une action de reconnaissance vers la cĂŽte 561. ArrivĂ© aux aurores au village de Ban Mo, en bordure de forĂȘt, pour ne pas ĂȘtre repĂ©rĂ©, le 8e Choc se fraie un passage dans la jungle, le 1er BEP restant en soutien. Des Ă©quipes munies de machettes se relaient rĂ©guliĂšrement pour dĂ©gager les lianes qui obstruent le passage. Il faut plus d’une demi-journĂ©e pour parcourir km et atteindre la cĂŽte 561. La compagnie de tĂȘte tombe par surprise sur un Ă©lĂ©ment Viet qui se disperse, laissant un blessĂ© fait prisonnier et exploitĂ© par l’élĂ©ment de renseignement.

« On dĂ©couvre un emplacement de tir de canon de 105 camouflĂ© avec des feuillages qui le rendent invisible des observatoires Français, et en arriĂšre une grotte creusĂ©e dans la colline pour le mettre Ă  l’abri aprĂšs le tir. Mais le canon a Ă©tĂ© enlevĂ©. »

C’est par cette mĂ©thode que les piĂšces d’artillerie Viet resteront invulnĂ©rables Ă  la contre-batterie Française pendant toute la bataille, chaque piĂšce Ă©tant mise Ă  l’abri aprĂšs avoir tirĂ© une salve.

Le colonel Langlais, qui a participĂ© personnellement Ă  l’opĂ©ration, dĂ©cide alors le repli immĂ©diat. La compagnie du capitaine de Salins est dĂ©signĂ©e pour assurer l’arriĂšre garde du repli.

Salins organise donc cette retraite en tenant compte de la situation du moment. La progression de la demi-journĂ©e a montrĂ© que la forĂȘt de cette rĂ©gion est pratiquement impĂ©nĂ©trable. Le repli s’effectue donc par bonds successifs d’environ 300 mĂštres sur le chemin crĂ©Ă© Ă  l’aller. AprĂšs avoir fait piĂ©ger un premier passage, Salins se replie 300 m en arriĂšre avec le chef de la section lourde et son matĂ©riel de 60 pour y crĂ©er un deuxiĂšme passage piĂ©gĂ©. DĂšs qu’ils entendent exploser la mine du premier passage, une salve d’obus de 60 est envoyĂ©e sur celui-ci et la compagnie se replie 300 m plus loin. La retraite s’opĂšre ainsi par Ă©tapes successives en tenant toujours l’ennemi Ă  distance. La rĂ©ussite de cette opĂ©ration est sanctionnĂ©e par une citation Ă  l’ordre de la Division proposĂ©e par le colonel Langlais qui Ă©tait sur le terrain pour en juger.

Chronologie des grandes offensives du Général Giap

Pour rĂ©duire le Camp retranchĂ© de Điện BiĂȘn Phủ, le GĂ©nĂ©ral Giap dut lancer trois grandes offensives.

1re Attaque : 13 et

Au soir du , 8 bataillons de la D316 se lancent Ă  l’assaut du PA BĂ©atrice qui couvre, avec un bataillon, le Nord-Est du Centre de RĂ©sistance principal. Il est submergĂ© dans la nuit. Au soir du , 8 autres bataillons de la D312 s’attaquent au PA Gabrielle qui couvre, avec un bataillon, le Nord du Centre de RĂ©sistance principal. Le bataillon se dĂ©fend toute la nuit, rejoint trop tard par un Ă©lĂ©ment de contre-attaque. Ayant subi de trĂšs fortes pertes dans cette premiĂšre attaque, Giap fut contraint de rĂ©organiser ses unitĂ©s et d’attendre un nouvel approvisionnement en DCA et en munitions.

2e Attaque : au

Elle a pour objectifs les collines formant la dĂ©fense Nord-Est et Est du Centre de RĂ©sistance principal. Dans la nuit du , Dominique 1 et 2 tombent ainsi qu’Eliane 1. Eliane 2 et 4 repoussent avec persĂ©vĂ©rance les assauts des Viets qui abandonnent le . Mais les actions d’encerclement et d’étouffement se poursuivent sur les PA Huguette Ă  l’Ouest de la piste d’aviation.

3e Attaque :

Le 1er mai Ă  17 h 30 commence une prĂ©paration d’artillerie qui dure 3 heures. Les D312 et D316 attaquent Ă  l’Est, la D308 Ă  l’Ouest. L’artillerie française n’a plus assez de canons, de mortiers et d’obus pour faire face. Il tombe plus de parachutages chez l’ennemi que dans le camp retranchĂ© rĂ©duit. Eliane 1 tombe dans la nuit du 1er mai et Dominique 3 dans celle du ainsi qu’Huguette 5. Eliane 2 rĂ©siste toujours. Huguette 4 tombe dans la nuit du . Dans celle du , une sape de 2 tonnes de TNT fait sauter Eliane 2. Le matin du , Eliane 10, Eliane 4 et Eliane 3 sont nettoyĂ©s par les Viets. Le PC Castries annonce qu’HanoĂŻ a dĂ©cidĂ© un cessez-le-feu Ă  17 h 30.

PremiĂšre Offensive : 13-14 mars 1954

Fin fĂ©vrier l’activitĂ© Viet commence Ă  nouveau Ă  se faire sentir. De retour du Laos, la D308 rĂ©apparaĂźt le dans le Sud de la cuvette. Le un avion C119, parquĂ© sur la piste d’aviation est dĂ©truit par un tir d’artillerie. Les jours suivants les autres avions encore stationnĂ©s sur cette piste sont pris Ă  partie et dĂ©truits. La piste ne sera plus utilisable que pour des parachutages. Le Ă©galement une Compagnie du 8e Choc est envoyĂ©e reboucher les pĂ©nĂ©trantes creusĂ©es par les Viets en bordure Nord du PA BĂ©atrice. Elle se fait durement accrocher. Le , le camp Français apprend qu’une violente prĂ©paration d’artillerie se dĂ©clenchera le 13 Ă  17 heures.

Le 13 au matin, les tirailleurs qui tenaient le PA Dominique 4 sont envoyĂ©s en renfort sur la colline Dominique 2. Dans la journĂ©e, le capitaine de Salins reçoit l’ordre d’aller les remplacer avec sa compagnie sur Dominique 4, entre la Nam Youn et la piste d’aviation.

« C’est au moment oĂč je quitte mon cantonnement Ă  la tĂȘte de ma compagnie pour rejoindre Dominique 4 par un rĂ©seau de tranchĂ©es, que se dĂ©clenche la prĂ©paration d’artillerie. AprĂšs un long sifflement, un obus de 105 vient Ă©clater au bord de la tranchĂ©e, Ă  30 cm de ma tĂȘte. Je suis violemment projetĂ© Ă  terre dans un nuage de poussiĂšre. Mon adjudant de compagnie se prĂ©cipite, me croyant mort. Mais je me relĂšve indemne, secouant toute la poussiĂšre dont j’étais couvert. À un cheveu prĂšs c’était un carnage dans la tranchĂ©e. »

La compagnie se met prĂ©cipitamment Ă  l’abri dans Dominique 4. Les obus Ă  retard pĂ©nĂštrent Ă  1,50 m en terre, miaulant Ă  droite, Ă  gauche, en avant, en arriĂšre en Ă©branlant les abris. Mais personne n’est atteint. Il n’en est pas de mĂȘme des PC : le commandant du bataillon de BĂ©atrice est tuĂ© ainsi que celui du Centre Principal. Les positions de BĂ©atrice sont labourĂ©es et les transmissions dĂ©sorganisĂ©es. Les tirs d’artillerie cessent au milieu de la nuit. La position a Ă©tĂ© entiĂšrement investie.

Le Ă  20 heures commence un bombardement massif du PA Gabrielle sorte de grande nef renversĂ©e situĂ©e Ă  km au Nord, dans le prolongement de la piste d’aviation et dĂ©fendue par 800 tirailleurs algĂ©riens. Tels un immense feu d’artifice, les tirs d’obus au phosphore embrasent progressivement toute la colline. Une contre-attaque de 2 bataillons, mal organisĂ©e, arrive au petit matin pour recueillir les quelques Ă©lĂ©ments qui tiennent encore une partie du point d’appui. Dans la nuit du 15 au , la plupart des supplĂ©tifs ThaĂŻs, qui tenaient le PA Anne-Marie au Nord-Ouest, dĂ©serte, et son encadrement est contraint de se replier sur le centre de rĂ©sistance. À Dominique 4, la 1re Compagnie du 8e Choc commandĂ©e par le capitaine de Salins se trouve soudainement en premiĂšre ligne sur le flanc Nord-Est du Centre principal de rĂ©sistance, dans l’alignement de la colline Dominique 2. Dominique 4, seul PA couvrant alors la zone des Postes de Commandement du GAP2et du colonel de Castries, semble tout dĂ©signĂ© pour une prochaine attaque Viet leur permettant de dĂ©truire les PC et, par suite, de neutraliser toute rĂ©sistance du camp retranchĂ©.

Cette premiĂšre attaque avait Ă©tĂ© un succĂšs pour le gĂ©nĂ©ral Giap. En 3 jours, les 3 points d’appui de la couverture Nord du camp retranchĂ© avaient Ă©tĂ© anĂ©antis. La protection de la piste d’atterrissage, cordon ombilical de l’intendance du camp, se trouve dangereusement compromise.

Mais les pertes Viet sont considĂ©rables. Ils ont aussi consommĂ© la plus grande partie de leurs munitions et sont donc contraints de rĂ©duire leur pression, le temps de faire arriver de Chine de nouveaux approvisionnements et de rĂ©organiser leurs unitĂ©s. Giap estime que ces attaques massives ont Ă©tĂ© trop coĂ»teuses et qu’il faut chercher Ă  Ă©touffer le camp retranchĂ© au moyen d’un rĂ©seau de tranchĂ©es s’approchant au plus prĂšs des points d’appui et de la piste d’aviation. Celle-ci n’est dĂ©jĂ  plus utilisable que pour des parachutages.

Profitant du rĂ©pit qui leur est donnĂ© aprĂšs cette offensive-Ă©clair, chacun s’efforce d’en tirer les enseignements et de consolider ses dĂ©fenses. À l’Ouest, le Viet-Minh accĂ©lĂšre son effort d’encerclement des PA Huguette par des rĂ©seaux de tranchĂ©es. Le le 8e Choc (dont la 1re Compagnie) tente de reboucher au Sud une tranchĂ©e creusĂ©e par les Viets pour les sĂ©parer du PA Isabelle. Elle est aussitĂŽt rebouchĂ©e, mais, venant d’Isabelle dans le mĂȘme but, les LĂ©gionnaires sont durement pris Ă  partie. Le , des tranchĂ©es en provenance de Gabrielle ont atteint le Nord de la piste d’aviation. Le capitaine de Salins reçoit l’ordre, avec la 1re Compagnie, d’aller dĂ©gager ces pĂ©nĂ©trantes et de les miner en vue d’implanter un PA OpĂ©ra en bout de piste, Ă  la hauteur de Huguette 6. Le dĂ©gagement et le minage Ă©tant rĂ©alisĂ©s en fin de matinĂ©e, la 2e Compagnie du 8e Choc commence Ă  implanter le Point d’Appui.

Opération DCA

La DCA Viet, implantĂ©e Ă  l’Ouest dans les villages de Ban Ong Pet et Ban Po, Ă  km de l’extrĂ©mitĂ© Nord de la piste d’aviation, menace les avions Français dans leurs parachutages.

Le est rĂ©alisĂ©e une vaste opĂ©ration pour neutraliser cette DCA. À 6 heures du matin, le 6e BPC, le 8e Choc et le BEP sont prĂȘts Ă  bondir sur leur base de dĂ©part quand Ă©clate la premiĂšre salve de 26 bouches d’artillerie, bombardement qui va durer plus d’une demi-heure. Puis les premiĂšres unitĂ©s se lancent Ă  l’assaut Ă  travers les diguettes et les hautes herbes. L’intervention d’aviation prĂ©vue est retardĂ©e du fait des mauvaises conditions mĂ©tĂ©o Ă  HanoĂŻ. Les bo doĂŻs surpris dans les premiĂšres tranchĂ©es jettent leurs armes. Mais les Viets se ressaisissent, des mitrailleuses crĂ©pitent, des mouvements de contournement se prĂ©cisent. Un tonnerre d’obus et de mortiers de 260 s’abat sur les assaillants qui peuvent heureusement s’abriter dans les tranchĂ©es Viets. Du PA Isabelle, Ă  km au Sud, arrivent Ă  point nommĂ© 3 chars qui viennent renforcer la premiĂšre et la deuxiĂšme Compagnies du 8e Choc pour bousculer tous les barrages du Viet-Minh, dĂ©border les rĂ©sistances et atteindre les positions des mitrailleuses de DCA qui ont Ă©tĂ© malheureusement repliĂ©es en arriĂšre. Il n’a pas Ă©tĂ© nĂ©cessaire de faire appel au BEP.

Au total, les deux bataillons ont eu 20 tuĂ©s et 80 blessĂ©s. Les Français ont fait 22 prisonniers et le Viet-Minh a perdu entre 300 et 400 hommes. Une trentaine de mitrailleuses lourdes ont Ă©tĂ© dĂ©truites. Cette opĂ©ration, ainsi que plusieurs autres, valent au capitaine de Salins d’ĂȘtre citĂ© Ă  l’ordre de l’ArmĂ©e.

DeuxiĂšme offensive : 30 mars au 4 avril 1954

Le une rĂ©organisation de la dĂ©fense des PA Dominique et Éliane a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e par le colonel Langlais en raison de la faiblesse des effectifs de certains PA.

C’est le au soir qu’est lancĂ©e la deuxiĂšme offensive Viet sur les hauteurs du flanc Est du Centre principal de rĂ©sistance, prĂ©cisĂ©ment sur les PA Dominique et Éliane dont les relĂšves ne sont pas encore terminĂ©es. La prĂ©paration d’artillerie Viet commence Ă  17 h 30, occasionnant de lourdes pertes Ă  l’artillerie du camp français : 1 piĂšce de 155 et 4 piĂšces de 105 dĂ©truites dans leurs alvĂ©oles. L’attaque dĂ©bute Ă  18 h 30. Le long de la Nam Youn, Dominique 1 est Ă©galement investi, et une colonne de bo doĂŻs s’engouffre au pied de la colline Dominique 2. Elle est anĂ©antie par les 105 du PA D3 tirant Ă  bout portant et par les mitrailleuses tirant de Dominique 4. À 21 heure, Dominique 1 et 2 ne rĂ©pondent plus. Éliane 1 tombe Ă©galement dans la nuit. Le Ă  10 heures, une contre-attaque est improvisĂ©e par 2 compagnies du 8e Choc sur Dominique 2 et une compagnie du 6e BPC sur Eliane 1 avec l’appui de 2 chars. Dominique 2 est une grande colline s’étendant en longueur d’Ouest en Est et culminant Ă  80 mĂštres au-dessus de la riziĂšre. Les attaquants sont contraints de se replier par petits groupes et de rejoindre la base de dĂ©part. Le repli de la compagnie du 6e BPC engagĂ© sur Éliane 1 s’effectue de la mĂȘme façon. À 15 heures la contre-attaque calamiteuse a Ă©chouĂ©. Tout est terminĂ©. Éliane 2 et Éliane 4, continuellement renforcĂ©es, rĂ©sisteront pendant 4 jours Ă  des attaques incessantes et, le , les bataillons Viets abandonneront le combat sur ces PA.

Dominique 4

La prise de Dominique 2 par le Viet Minh, le , mettait le PA Dominique 4 du capitaine de Salins dans une situation extrĂȘmement dĂ©licate. SituĂ© au Nord-Est du Centre principal de rĂ©sistance, au fond d’un no man’s land en entonnoir entre la piste d’aviation et la Nam Oun, il Ă©tait dominĂ© Ă  150 mĂštres par l’éperon Ouest de la colline Dominique 2 maintenant tenue par l’ennemi. À peine quelques jours aprĂšs s’ĂȘtre emparĂ© de Dominique 2, l’ennemi manifeste dĂ©jĂ  son intĂ©rĂȘt pour Dominique 4 en creusant une pĂ©nĂ©trante qui atteint le rĂ©seau de barbelĂ©s dĂ©fendant le PA. Salins doit alors, toutes les nuits, dĂ©clencher une salve d’artillerie sur cette pĂ©nĂ©trante et envoyer par-dessous les barbelĂ©s un commando ayant pour mission de poser des mines antipersonnel dans cette pĂ©nĂ©trante. « Le jour suivant, on entendait les explosions des mines que les Viets s’employaient Ă  dĂ©truire. »

La bataille des Huguettes : 31 mars-5 mai 1954

DĂšs le le PA Huguette 7, au Nord-Ouest de la piste d’aviation, est investi par la Division 308. Elle renouvelle son attaque le et le capitaine Bizard la repousse aprĂšs un repli stratĂ©gique. Dans la nuit du 1er au , celui-ci effectue un commando rĂ©ussi sur des mortiers de 81 Viets. Le PA Huguette 7 tombe dans la nuit du . Dans les nuits du 3 et , le PA Huguette 6 est durement attaquĂ© par 4 bataillons d’infanterie et 1 bataillon lourd : une contre-attaque est menĂ©e par la 2e compagnie du 8e Choc progressant le long du drain avec l’appui des chars, puis par une compagnie du II/1er RCP qui reprend au matin du les positions perdues.

Installation d’un PA OpĂ©ra bis

À l’Est de la piste, Dominique 4 a observĂ© Ă  200 m au Nord un panneau vertical qui se dĂ©place de la Nam Oun vers la piste. Ce sont les Viets qui creusent une tranchĂ©e pour aller couper la piste au tiers de sa longueur.

Le , Tourret demande Ă  Salins d’installer un PA OpĂ©ra bis sur le drain face Ă  cette tranchĂ©e. Avec sa compagnie, ils prennent position le matin dans le drain, trĂšs vite repĂ©rĂ©s par les observateurs de Gabrielle qui, dans l’axe du drain, les font arroser d’obus de mortiers de 60. Creusant des alvĂ©oles dans la paroi du drain, les hommes arrivent difficilement Ă  s’abriter. Une dizaine d’entre eux, blessĂ©s, vont se faire soigner Ă  l’infirmerie et rejoignent leurs postes. Comme aucune dĂ©fense organisĂ©e ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e avant la nuit, Salins alerte l’artillerie et effectue le rĂ©glage d’un tir de barrage Ă  10 m du drain pour le cas oĂč les Viets tenteraient une attaque surprise dans la nuit. Ce tir de barrage reprĂ©sente une bande de 60 mĂštres de long et 20 de large face Ă  la direction de la tranchĂ©e Viet, Ă  l’endroit oĂč les Viets pourraient se regrouper avant l’assaut final. Toute la nuit la compagnie reste aux aguets. À 4 heures du matin une sentinelle signale des bruits de voix et cliquetis d’armes face Ă  la position. Tout de suite Salins alerte l’artillerie et demande de dĂ©clencher immĂ©diatement le tir de barrage. En moins d’une minute un dĂ©luge d’obus s’abat au bord du drain, suivi d’un profond silence. Quand le jour se lĂšve, il ne reste qu’une quinzaine d’armes, fusils mitrailleurs et fusils d’assaut, Ă  quelques mĂštres du drain. L’ennemi, qui a Ă©tĂ© anĂ©anti, a cependant rĂ©ussi Ă  ramener ses tuĂ©s et ses blessĂ©s. Jusqu’à la fin des combats il ne tentera plus jamais d’affronter ce Point d’appui. Et la liaison recherchĂ©e entre l’Est et l’Ouest de la piste aura Ă©chouĂ©. C’est Ă©galement le que le commandant Bigeard, avec le 6e BPC, reprend Eliane 1 (au Sud-Est de Dominique 2).

Le les forces Viets de l’Ouest creusent une tranchĂ©e qui coupe la piste au tiers de sa longueur. Mais le PA OpĂ©ra bis les empĂȘche de faire la liaison avec celles de l’Est. Il y a longtemps que les avions ne peuvent plus atterrir sur cette piste. Mais la tranchĂ©e complique encore les parachutages de nuit – bataillons parachutistes et ravitaillements en vivres et munitions- qui ne cessent d’arriver. La moitiĂ© tombe chez l’ennemi.

Le , c’est la FĂȘte dans les États Majors et Postes de Commandement. Le camp retranchĂ© se faisant grignoter de plus en plus en dĂ©pit des renforts qui ne cessent d’arriver, HanoĂŻ a dĂ©cidĂ© un certain nombre de promotions pour regonfler le moral des troupes. Castries est nommĂ© gĂ©nĂ©ral, Langlais passe colonel, Bigeard lieutenant-colonel aprĂšs deux ans dans le grade de commandant, Tourret passe commandant aprĂšs avoir Ă©tĂ© mis au tableau d’avancement sur proposition de Bigeard. (Tourret avait eu des accrochages avec Langlais et Castries. Langlais lui avait infligĂ© 15 jours d’arrĂȘt de rigueur avec demande de renvoi sur HanoĂŻ. Trente ans plus tard Tourret faisait Ă©crire qu’il n’attachait pas aux honneurs plus d’importance qu’ils ne mĂ©ritaient, mais qu’il fut assez surpris que les Castries, Sauvagnac et autres Langlais n’aient pas jugĂ© bon de consacrer 10 minutes Ă  rĂ©diger pour lui un texte de citation). Bizard est promu officier dans la LĂ©gion d’honneur et le capitaine de Salins est inscrit premier au tableau d’avancement en Indochine pour le grade de Chef d’Escadron. Cette inscription au tableau d’avancement le faisait passer Chef d’Escadron Ă  33 ans, 5 ans aprĂšs sa nomination au grade de capitaine, et 3 ou 4 ans avant tous ses camarades de promotion.

La guerre des Huguettes se poursuit, les Viets maintenant toujours leur pression. Le , 2 compagnies partent d’OpĂ©ra pour tenter de reboucher les tranchĂ©es autour de Huguette 6. Le maintien du PA devenant trop lourd, Castries autorise Bizard Ă  l’évacuer le par ses propres moyens. Celui-ci en revient avec quelques hommes. Le , c’est au tour de Huguette 1 d’ĂȘtre investi de toutes parts. Le PA tombe dans la nuit.

Castries dĂ©cide alors la reconquĂȘte de Huguette 1 et confie cette opĂ©ration Ă  Bigeard. Le celui-ci monte une contre-attaque avec le 2e BEP : 2 compagnies partent du PA OpĂ©ra et 2 compagnies Ă  partir de Huguette 2. Tous les moyens d’artillerie ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour appuyer cette contre-attaque. Il est mĂȘme prĂ©vu de faire intervenir l’aviation. Mais la coordination entre les axes d’attaque ne s’est pas aussi bien passĂ©e que prĂ©vu. Castries, qui en suivait le dĂ©roulement, fait rĂ©veiller Bigeard qui s’était assoupi un moment. Celui-ci voyant l’action mal engagĂ©e dĂ©cide le repli. C’est un Ă©chec sanglant : 150 lĂ©gionnaires ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s ; et l’on doit dissoudre le 2e BEP. La reconquĂȘte d’Huguette 1 Ă©tait une nĂ©cessitĂ© pour maintenir au camp retranchĂ© une surface vitale et une aire de parachutage minimum, nĂ©cessaires au ravitaillement par air de ses unitĂ©s.

Sa perte a entraĂźnĂ© automatiquement, le , le repli du PA OpĂ©ra, isolĂ© en bout de piste, sur OpĂ©ra bis, abandonnant ainsi presque les deux tiers de la piste d’aviation. DĂšs lors ce seront les deux tiers du ravitaillement parachutĂ© qui atterriront en territoire ennemi au bĂ©nĂ©fice des Viets. Le dĂ©sĂ©quilibre devient irrĂ©versible. Jusqu’au 1er mai, un certain calme rĂšgne sur le Camp retranchĂ©. De part et d’autre chacun refait ses forces en rĂ©organisant ses unitĂ©s et en recomplĂ©tant ses approvisionnements, avec bien des difficultĂ©s cĂŽtĂ© Français.

L’Offensive Finale : 1er mai-7 mai 1954

Le 1er mai Ă  17 heures commence la prĂ©paration d’artillerie la plus longue de la bataille. Elle dure 3 heures. Contrairement aux Viets, le Camp retranchĂ© n’a presque plus de munitions et ne peut opposer qu’une faible rĂ©sistance. À l’Est, Eliane 1 tombe en fin de nuit et Eliane 2 rĂ©siste. À l’Ouest, le RĂ©giment 88 tĂąte Huguette 4 et attaque Huguette 5 qui tombe dans la nuit. Dans la nuit du 2 au , l’attaque se poursuit sur Eliane 2 qui rĂ©siste toujours et sur Dominique 3 qui tombe Ă  l’aube, dĂ©couvrant tout le flanc Est de Dominique 4. Les Viets commencent Ă  amĂ©nager Eliane 1 et Dominique 3. Des projets de sortie en force s’élaborent dans les États Majors, aussi irrĂ©alistes les uns que les autres. Huguette 4 tombe Ă  l’aube du . Dans la nuit du 5 au une sape creusĂ©e sous Eliane 2 fait sauter tout le point d’appui. Mais son sommet est rĂ©occupĂ© Ă  3 heures du matin.

Dans la nuit du 6 au , Eliane 4 et Eliane 10 sont investis ; puis Eliane 2 finit par tomber Ă  8 heures du matin. À part Dominique 4 qui tient toujours il n’y a plus de rĂ©sistance Ă  l’Est.

7 mai 1954 « cessez-le-feu général »

À 10 heures, Castries fait savoir que HanoĂŻ a dĂ©cidĂ© un « cessez-le-feu » gĂ©nĂ©ral sur le camp retranchĂ© Ă  partir de 17 h 30. Cette nouvelle est accueillie avec une grande tristesse, mais aussi avec un certain soulagement, aucune autre issue n’étant envisageable. DĂšs lors chacun s’affaire Ă  dĂ©truire ce qu’il peut de l'armement français pour ne rien laisser Ă  l’ennemi.

Les suites de la défaite

Le Ă  17 h 30, les combattants de Điện BiĂȘn Phủ sortent lentement, par petits groupes, de leurs tranchĂ©es et de leurs abris. GuidĂ©s par quelques bo-doĂŻs, mitraillette Ă  la hanche, ils se dirigent vers un guĂ© sur la Nam Youn, en direction du Nord-Ouest. LĂ  se trouve un poste de contrĂŽle Viet oĂč ils doivent abandonner tout ce qu’ils possĂšdent encore, avant de rejoindre une interminable colonne sur la R41, en bordure de forĂȘt. Ils sont assez sereins, heureux d’avoir pu sortir indemnes de cette hĂ©catombe, et relativement optimistes quant Ă  une libĂ©ration prochaine. Mais ils ne savent pas que le pire est encore devant eux. Ils ne peuvent encore imaginer ce chemin de la mort de 700 kilomĂštres qu’ils vont bientĂŽt emprunter, et qui retiendra Ă  chaque Ă©tape un cimetiĂšre de plusieurs dizaines d’entre eux.

Partis environ 8 000 de Điện BiĂȘn Phủ, ils laisseront dans ces cimetiĂšres, en quatre mois de captivitĂ©, 3 300 d’entre eux que les Viets auront laissĂ© mourir sans mĂ©dicaments et sans soins dans de prĂ©tendus « hĂŽpitaux ». Ce sera autant que les pertes subies dans les durs combats du camp retranchĂ©.

L'Ă©vasion

Ayant Ă©tĂ© internĂ© quelques mois en 1942 au camp de Miranda en Espagne en s'Ă©chappant de la France occupĂ©e pour rejoindre l'Afrique du Nord, RenĂ© de Salins savait que c’était dans les premiĂšres heures de captivitĂ© qu’on avait le plus de chance de rĂ©ussir une Ă©vasion. La premiĂšre nuit, progressant en colonne sous l’épaisse frondaison qui surplombait la RP 41, apercevant un layon en direction du sud il signale Ă  ses cadres officiers son intention de l’emprunter pour s’évader. Les cadres de sa compagnie dĂ©cident de le suivre et tous quittent discrĂštement la colonne. L'objectif est de gagner les hauteurs surplombant vers le sud la cuvette de Điện BiĂȘn Phủ et, pour se procurer la nourriture leur permettant de rejoindre le Laos, de prendre contact avec les tribus MoĂŻs favorables aux Français. C’est ainsi que cette troupe de fugitifs vĂ©cut une dizaine de jours en pleine nature dans une zone occupĂ©e par une division Viet, observant des bataillons en bivouac dans les vallĂ©es, se retrouvant Ă  10 m d’une sentinelle en faction, traversant de nuit des colonnes en mouvement. Ayant Ă©puisĂ© leurs rĂ©serves, ils sont contraints de prendre contact avec un village MoĂŻ. L’accueil des femmes et des enfants parait au dĂ©but amical, mais rapidement les Français sont encadrĂ©s par des hommes fusil en main rĂ©armĂ©s par les Viets pour assurer l’ordre dans ces rĂ©gions. L'Ă©vasion vers le Laos est un Ă©chec et c’est poings liĂ©s que le capitaine de Salins et ses hommes sont ramenĂ©s au camp de prisonniers le plus proche.

La longue marche

Avant d’entamer la longue marche, l’encadrement Viet constitue deux groupes d’une centaine d’officiers chacun. Le capitaine de Salins est nommĂ© par ses camarades chef du premier groupe. C’est une servitude peu agrĂ©able qui consiste Ă  distribuer le matĂ©riel de cuisine Ă  emporter et, pour montrer l’exemple, d’en conserver une partie Ă  porter sur un balancier tout le long du parcours. C’est au cours de la premiĂšre Ă©tape qu’un de ses camarades de l’État Major de Castries lui apprend qu'il a reçu 3 citations dont 2 Ă  l'ordre de l’ArmĂ©e, qu'il est promu officier de la LĂ©gion d’honneur, et qu'il est inscrit premier au tableau d’avancement pour le grade de Chef d’Escadron.

Le camp no 1

AprĂšs un mois de longues marches, les prisonniers arrivent au camp no 1, prĂšs de la frontiĂšre chinoise, oĂč se trouvent quelques officiers rescapĂ©s et prisonniers depuis plus de 4 ans. LĂ  commencent des sĂ©ances de lavage de cerveau et de rĂ©Ă©ducation. Le capitaine de Salins choisit la rĂ©sistance et refuse d’assister Ă  ces sĂ©ances. Alors qu'escortĂ© quotidiennement sur les collines pour couper et ramener des bambous destinĂ©s Ă  la fabrication de nouvelles baraques Salins tente de minimiser son activitĂ© de façon Ă  prĂ©server ses forces, il est dĂ©noncĂ© au chef de camp par le capitaine Lamouliatte comme mauvais exemple, et qui demande qu'il soit mis Ă  l’écart. Il est donc affectĂ© au camp des anciens, situĂ© en pĂ©riphĂ©rie, oĂč il se retrouve voisin de paillasse du colonel Charton, ancien de Cao Bang.

AprÚs de longues négociations à GenÚve entre Pierre MendÚs France et Ho-Chi-Minh, la libération arrive enfin le .

Fin de carriĂšre militaire

AprĂšs Điện BiĂȘn Phủ, au sortir de camp de dĂ©tention, handicapĂ© par une anĂ©mie non identifiĂ©e et une furonculose gĂ©nĂ©ralisĂ©e, il est rapatriĂ© sanitaire Ă  Paris le . BrevetĂ© Technique d'État Major dans la partie chimie, il est affectĂ© au Bureau Armement Études de l'État Major de l'ArmĂ©e de Terre, chargĂ© de la section Chimie.

Une carriÚre brisée

En , il constate que sa promotion dans le grade d'Officier dans la LĂ©gion d'Honneur dont il avait eu connaissance aprĂšs la dĂ©faite de Điện BiĂȘn Phủ ne figure pas dans le Journal Officiel. Une commission d'enquĂȘte est constituĂ©e Ă  sa demande, prĂ©sidĂ©e par Marcel Bigeard. Les conclusions sont rendues:

« Le Capitaine Guyot de Salins, parachutĂ© Ă  Điện BiĂȘn Phủ le , a participĂ© aux dures sorties effectuĂ©es par le 8e Bataillon de Choc de au . Du au , au cours de l’attaque de Điện BiĂȘn Phủ, il a Ă©tĂ© de tous les combats. TrĂšs brillant, il se classait parmi l’élite des Commandants d’unitĂ©s prĂ©sents Ă  Điện BiĂȘn Phủ. [...] Ă  mon avis sa promotion au grade d’Officier de la LĂ©gion d’Honneur est mĂ©ritĂ©e. »

Le capitaine Pierre Tourret Ă©tait en effet parvenu Ă  rayer le capitaine de Salins de la liste des prĂ©sentations transmises pour rĂ©gularisation au Haut Commandement. Pierre Tourret Ă©tait adjoint de Bigeard au 6e Bataillon de Parachutistes Coloniaux et ce dernier l'avait fait passer Commandant. Le mĂȘme Bigeard, PrĂ©sident de la Commission d'EnquĂȘte, ne prit aucune sanction Ă  l'encontre de celui-ci. AprĂšs avoir tentĂ© de supprimer sa promotion dans la LĂ©gion d'Honneur et de peur que ses dĂ©faillances soient dĂ©noncĂ©es par le capitaine de Salins, le capitaine Tourret n'hĂ©sita pas Ă  noter celui-ci rudement :

« bilan finalement dĂ©cevant
 sans aptitudes rĂ©elles au commandement
 combattant trĂšs moyen
 pas apte Ă  commander dans de bonnes condition un bataillon parachutiste
 », retardant de cinq ans sa promotion de Chef d'Escadron, le dĂ©cidant alors Ă  quitter l'ArmĂ©e[10].

Des exploits passés sous silence

Les historiens ont relatĂ© la Bataille de Điện BiĂȘn Phủ d'aprĂšs les propos recueillis auprĂšs des chefs de bataillon. C'est donc dans la majoritĂ© des versions le rĂ©cit du capitaine Tourret qui a Ă©tĂ© retenu pour parler du 8e BPC. Ainsi, un jugement pĂ©joratif est portĂ© sur le capitaine de Salins dans "le 8e Choc Ă  Điện BiĂȘn Phủ" d'Henri Le Mire et ses faits d'armes sont passĂ©es sous silence[11].

Dans Les 170 jours de Điện BiĂȘn Phủ paru en 1984, Erwan Bergot qui a longtemps participĂ© aux combats dĂ©crit au mieux tous les efforts consentis par les bataillons pour s’opposer Ă  des Ă©lĂ©ments cinq Ă  dix fois supĂ©rieurs en nombre. Pour cela il a menĂ© une enquĂȘte approfondie auprĂšs des chefs de bataillon d’alors. Curieusement, il n’est pas question dans cet ouvrage de la 1re Compagnie du 8e Choc ni du PA Dominique 4, comme s'ils n’existaient pas. Tourret en a en effet fait disparaĂźtre jusqu’à l’existence, remplaçant Dominique 4 par un virtuel Epervier qui n’a jamais existĂ©. C’est bien Dominique 4 qui a rĂ©ellement tenu, sans aucune aide de son chef de bataillon, le secteur compris entre la piste d’aviation et la Nam Youn, renforcĂ© le par l’avant poste OpĂ©ra installĂ© en bout de piste par Bizard aprĂšs que Salins en a dĂ©gagĂ© et minĂ© les pĂ©nĂ©trantes en provenance de Gabrielle et par l’avant poste OpĂ©ra bis. Avant mĂȘme d’y ĂȘtre installĂ©, Salins avait anĂ©anti l’attaque d’une compagnie Viet par un tir de barrage. Les Viets n’oseront jamais plus s’y affronter, et Bizard s’y repliera le aprĂšs la chute d’Huguette 1. Le capitaine Bizard Ă©crira plus tard :

« J’étais installĂ© dans le drain en bordure du terrain d’aviation, la compagnie Desmons Ă©tant Ă  mon Est, comme la compagnie de Salins toutes deux entre drain et Nam Oun. Il n’y eut jamais entre lui et Desmons le moindre conflit d’autoritĂ©. Ils agissaient de concert en parfaite entente. ».

Roger Bruge, en revanche, ayant pris soin d'interroger de multiples acteurs du conflit pour Ă©crire son livre Les Hommes de Dien Bien Phu (Perrin, 2003), prend en compte davantage de tĂ©moignages dans lesquels l'action de RenĂ© de Salins n'est pas oubliĂ©e cinquante annĂ©es aprĂšs les faits. AprĂšs l'ouverture des archives de la commission d'enquĂȘte sur Dien Bien Phu, son livre offre une approche et une vision nouvelles de la derniĂšre bataille livrĂ©e par l'armĂ©e française.

Tentative de réhabilitation

Constatant son absence aux tableaux d'avancement de 1955, 1956, 1957, le capitaine de Salins se décide à envoyer une lettre à la Direction du Personnel de l'Armée de Terre pour demander que sa situation soit à nouveau revue.

Il est alors affectĂ© le au 501e rĂ©giment de chars de combat Ă  Rambouillet et nommĂ© Commandant des Services Techniques du RĂ©giment et Adjoint au Colonel, et notamment chargĂ© de la formation des Officiers de rĂ©serve de l'Arme BlindĂ©e de la rĂ©gion parisienne par le colonel d'Almont. Ce dernier lui permit de consulter son dossier et dĂ©couvrit les notes de Tourret. Une requĂȘte, restĂ©e sans suite, est formulĂ©e auprĂšs du Ministre des ArmĂ©es en vue de constituer Ă  nouveau une Commission. Le Colonel d'Almont le propose le au tableau d'avancement de 1959 dans les termes suivants:

« Officier remarquable, qui a subi un grave prĂ©judice de carriĂšre Ă  la suite d’une notation partisane Ă©manant d’un officier de mĂȘme grade que lui Ă  l’époque. ClassĂ© parmi l’élite des commandants d’unitĂ©s prĂ©sents Ă  Điện BiĂȘn Phủ par le Colonel Bigeard lui-mĂȘme, le Capitaine de Salins a toujours Ă©tĂ© notĂ© avec distinction si on excepte les notes de ce chef de bataillon qui, Ă  mon avis, a fait preuve d’un manque absolu d’objectivitĂ©. Depuis son arrivĂ©e au 501e, Salins a rĂ©ussi magnifiquement : culture peu ordinaire, instruction remarquable, technicien confirmĂ©, excellent dans son commandement sur le terrain, d’une Ă©ducation parfaite, bĂ©nĂ©ficiant d’états de service exceptionnels, Salins mĂ©rite, Ă  moins d’injustice, d’ĂȘtre inscrit cette annĂ©e au Tableau, comme d’ailleurs promesse lui a Ă©tĂ© faite cette annĂ©e lorsqu’il a obtenu le Rapport du GĂ©nĂ©ral Directeur de la D.P.M.A.T. À inscrire Ă  la 1re partie du Tableau. TrĂšs spĂ©cialement appuyĂ©. »

Salins passe enfin Chef d'Escadrons en , mais avec 5 ans de retard, et en deuxiĂšme partie de tableau alors qu'il devait ĂȘtre en premiĂšre partie en 1954.

École de Guerre

Il retrouve Tourret au concours de l'École de Guerre[12] auquel ce dernier est recalĂ©, contrairement Ă  lui en . Mais ayant patientĂ© 5 ans dans le mĂȘme grade espĂ©rant que son prĂ©judice soit rĂ©parĂ©, il dĂ©cide cependant de quitter l'armĂ©e. Il Ă©crit Ă  la Direction du Personnel son refus d'intĂ©grer l'École de Guerre ayant l'intention de quitter l'armĂ©e. ImmĂ©diatement convoquĂ© dans son bureau de l’École Militaire, par le GĂ©nĂ©ral Commandant la 1re RĂ©gion Militaire, celui-ci tente de convaincre Salins que son retard peut ĂȘtre rattrapĂ©. Salins lui rĂ©torque qu'il n'a plus aucune confiance dans l’ArmĂ©e et qu'il a dĂ©cidĂ© de refaire sa vie dans le civil.

Affectation au commandement du Sahara sur les hauteurs d’El Biar

Son refus d’entrer Ă  l’École de guerre portant un coup au prestige de l’École, il Ă©tait nĂ©cessaire de l’éloigner de la rĂ©gion parisienne[13]. Ayant 6 enfants Ă  Ă©lever, RenĂ© de Salins ne veut quitter l’armĂ©e qu’aprĂšs avoir trouvĂ© une situation dans le civil, il accepte donc sa mutation en AlgĂ©rie au commandement du Sahara sur les hauteurs d’El Biar.

En 1960-1961, la situation est trĂšs perturbĂ©e Ă  Alger, et RenĂ© de Salins est au premier rang pour observer le dĂ©roulement du putsch militaire. La 10e Division Parachutiste constitue la principale force active de l’ArmĂ©e[14]. Le jour du putsch des gĂ©nĂ©raux, le GĂ©nĂ©ral Saint-Hillier, commandant la 10e D.P. est arrĂȘtĂ© par le Commandant Denoix de Saint Marc, chef de corps par intĂ©rim du 1er RĂ©giment Étranger de Parachutistes. À l’État-Major de la 10e D.P. ne se trouve plus que Ceccaldi, commandant en second et Tourret chef d’État-Major. Ce sont eux qui entrainent une partie de la Division chez les putschistes. La rancune de Salins envers Tourret le dissuade de soutenir le putsch qui Ă©choue rapidement. Cet Ă©chec signe la fin de la carriĂšre militaire de Tourret[15].

Distinctions

Rubans

  • Barrette de commandeur de la LĂ©gion d'honneur.
    Barrette de commandeur de la LĂ©gion d'honneur.
  • Croix de guerre 1939-1945.
    Croix de guerre 1939-1945.
  • Croix de Guerre des ThĂ©Ăątres d'OpĂ©rations ExtĂ©rieurs.
    Croix de Guerre des Théùtres d'Opérations Extérieurs.
  • Croix du Combattant Volontaire 1939-1945.
    Croix du Combattant Volontaire 1939-1945.
  • MĂ©daille commĂ©morative de la Guerre 1939-1945.
    Médaille commémorative de la Guerre 1939-1945.
  • MĂ©daille de la France libĂ©rĂ©e (1944).
    Médaille de la France libérée (1944).
  • Ruban de la MĂ©daille coloniale.
    Ruban de la MĂ©daille coloniale.
  • MĂ©daille des ÉvadĂ©s.
    MĂ©daille des ÉvadĂ©s.
  • Campagne d'Indochine.
    Campagne d'Indochine.
  • Military Cross.
    Military Cross.

Intitulés des décorations françaises

Intitulés des décorations étrangÚres

Campagne de France et d'Alsace (1944-1945)

" Officier d'Ă©lite ayant participĂ© par une manƓuvre audacieuse Ă  la prise de Ste Marie le aprĂšs avoir dĂ©truit les rĂ©sistances ennemies malgrĂ© une violente contre-attaque ennemie qu'il a dispersĂ©e. "
  • Citation Ă  l'Ordre de la 5e Division BlindĂ©e en date du - Attribution de la Croix de Guerre avec Étoile d'argent
" Officier de valeur; a montrĂ© dans toutes les opĂ©rations de l'audace, du sang-froid et de la mĂ©thode. Dans les combats d'Osthouse, Sand et Benfeld du 7 au a toujours rempli sa mission, dans les conditions les plus brillantes et dĂ©truit de nombreux ennemis. Le , pris sous le feu dense d'armes anti-chars et d'Infanterie, a tenu tĂȘte Ă  l'ennemi dans les plus brillantes conditions. "
  • Citation Ă  l'ordre du IIe Corps d'ArmĂ©e en date du - Attribution de la Croix de guerre avec Étoile de Vermeil.
" Chef de peloton de chars moyens. Intelligent et ardent. Au cours du combat pour la prise d'Urschenheim le son char ayant été détruit avant d'aborder l'ennemi ainsi que deux autres chars de son peloton a continué le combat à pied. A atteint dans les premiers les lisiÚres Nord du village et a permis à son Commandant d'Escadron d'organiser solidement un point d'appui dans la partie Nord du village en regroupant les légionnaires dont tous les officiers avaient été tués ou blessés. "
  • Citation Ă  l'ordre de l'ArmĂ©e, Journal Officiel du
" Monsieur GUYOT d'ASNIERES DE SALINS, RenĂ©, Marie, Henry. Lieutenant au 11e rĂ©giment de chasseurs d'Afrique, magnifique Chef de peloton de chars moyens. A su influer Ă  ses hommes sa foi et son enthousiasme. Le au cours du combat qui amena la prise d'Urschenheim, ayant eu trois chars de son peloton, dont le sien dĂ©truit par les chars ennemis, a continuĂ© le combat Ă  pied, entrainant des Ă©quipages. Ayant atteint dans les premiers l'objectif, a pris, sous le feu violent des "snipers" et des mitrailleuses le commandement des LĂ©gionnaires dont tous les Officiers et sous-officiers avaient Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©s, les galvanisant par son exemple, prenant ainsi une part prĂ©pondĂ©rante au succĂšs de l'opĂ©ration. Le Ă  Summerfeld, forçant en tĂȘte de son escadron a enlevĂ© rapidement le village fortement dĂ©fendu, dĂ©truisant de nombreux postes de rĂ©sistance ennemies."

Campagne d'Indochine (1953-1954)

  • Citation Ă  l'ordre de la Division O.G. no 812 du . Croix de Guerre des thĂ©Ăątres d'opĂ©ration extĂ©rieurs avec Ă©toile d'argent.
  • Citation Ă  l'ordre de l'ArmĂ©e. O.P. no 126 du . Croix de Guerre des T.O.E. avec palme.
  • Citation Ă  l'ordre de l'ArmĂ©e. Dion no 2 du . Croix de Guerre des ThĂ©Ăątres d'opĂ©rations extĂ©rieurs avec palme.

CarriĂšre civile

L'Ă©tĂ© 1961, il reçoit une proposition des Laboratoires pharmaceutiques CLIN COMAR BYLA[17] pour superviser la construction et le dĂ©marrage d’une usine chimique aux environs d'Avignon devant remplacer une usine d’Alger fermĂ©e, Ă  la suite de l’autonomie de l’AlgĂ©rie. Il accepte cette offre et demande Ă  ĂȘtre mis par l’ArmĂ©e en disponibilitĂ© de deux ans renouvelables. Il a alors la mission de faire construire une usine de chimie d’extractions (opiacĂ©s), d’embaucher le personnel qualifiĂ© correspondant de façon que la fabrication puisse dĂ©marrer 8 mois plus tard. La nouvelle usine est prĂȘte Ă  dĂ©marrer dans les dĂ©lais prĂ©vus, et la direction lui en est proposĂ©e. Il dĂ©cline cette offre, ne voulant pas s’éloigner de ses enfants qui poursuivent leurs Ă©tudes Ă  Versailles et accepte d’ĂȘtre affectĂ© comme adjoint au directeur de l’établissement de Massy-Palaiseau. Le site comprenant des ateliers de fabrication de chimie d’extraction et de chimie de synthĂšse, des ateliers de conditionnement pharmaceutique, un laboratoire de contrĂŽle, un Ă©lĂ©ment de recherche et un service d’entretien et fournissant Ă©galement l’énergie au laboratoire Pfizer voisin. Au bout de 2 ans, il est directeur-adjoint de cet important Ă©tablissement comportant une quarantaine de cadres, dont la moitiĂ© pharmaciens. Deux ans plus tard, au dĂ©part Ă  la retraite du directeur, il en prend la direction et dirige cet Ă©tablissement pendant 10 ans avant de prendre lui-mĂȘme sa retraite.

DerniÚres années

De 1981 Ă  1995, il est prĂ©sident de l'IRESE, "Institut de Recherches Sociales et Économiques", association organisant des colloques de rĂ©flexion sociale et Ă©conomique[18].

Dans ce cadre, il prend la suite de Daniel Durca en 1986 et jusqu'en 1995 pour ĂȘtre directeur de la publication de la "Tribune des Nouveaux Politiques", lettre mensuelle d'information politique destinĂ©e aux cadres dirigeants et aux professions libĂ©rales, et diffusĂ©e sur abonnement Ă  un tirage de 1500 exemplaires.

En 2013, à 92 ans passés, il rédige et fait publier ses mémoires à propos de la Campagne de France 1944-1945[19].

Par décret du , il est élevé au grade de Commandeur de la Légion d'Honneur[16].

Il décÚde à Versailles le des suites d'une longue maladie. Il est enterré à Saint-Avé (Morbihan). Marié en 1945, il avait six enfants, dix-sept petits-enfants et vingt arriÚre-petits-enfants.

Notes et références

  1. Dit « comte de Salins » : Cette famille dont le nom complet est Guyot d’AsniĂšres de Salins et qui n'appartient pas Ă  la noblesse française porte un titre de comte de la noblesse pontificale accordĂ© le 29 novembre 1887 en faveur de Victor Marie Joseph Guyot de Salins Charondas, À quel titre, Volume 36 (lire en ligne); Pierre-Marie Dioudonnat, EncyclopĂ©die de la fausse noblesse et de la noblesse d'apparence, Volumes 1 Ă  2. (lire en ligne), p. 348-349
  2. Liste des chars M 4 SHERMAN FRANCAIS sur www.chars-francais.net (Lettre G, 3/1 RCA)
  3. TD: Tank-Destroyer, chasseur de char
  4. S/Gt: Sous-Groupement tactique
  5. Anecdote rapportée par le général Marescaux le 7 novembre 2013 lors du discours de remise des insignes de Commandeur de la Légion d'Honneur à la Préfecture des Yvelines.
  6. Ses travaux "Rene de Salins, Compt. Rend., 2437-39, 1952" sont cités et repris par plusieurs publications anglo-saxonnes spécialisées, notamment dans Effect of aluminum on the burning of ammonium perchloratepolyformaldehyde mixtures, Revue Combustion, Explosion, and Shock Waves, ISSN 0010-5082 (Print) 1573-8345 (Online), Volume 4, Number 3 / septembre 1968, p. 165-168 et dans Combustion Studies of Boron, Magnesium, and Aluminum Composite Propellants par A Ishihara, MQ Brewster dans Combustion science and technology, 1993, ainsi que dans cat.inist.fr Evaluation of decomposition kinetics of energetic materials in the combustion wave
  7. Le 8e Choc Ă  Dien Bien Phu par le colonel Henri Le Mire, son camarade de promotion
  8. Mon SĂ©jour en Indochine, autobiographie de R. de Salins
  9. la RP 41 Ă©tait la route reliant Tuáș§n GiĂĄo et Ðiện BiĂȘn Phủ (voir article connexe Province de Điện BiĂȘn
  10. Les archives de la commission d'enquĂȘte sont rĂ©fĂ©rencĂ©es Ă  Vincennes au sein des archives de l'ArmĂ©e de Terre.
  11. Dans Les hommes de Dien Bien Phu, paru en décembre 2003, Roger Bruge, p. 236: "Conseillé par Pierre Tourret, Henri le Mire a commis un livre sur le 8e Choc, Epervier (Paris, Albin Michel, 1988). René de Salins s'y trouva si mal traité qu'il envisagea d'attaquer l'auteur en diffamation et d'exiger réparation. Il a finalement choisi de rédiger à l'intention de ses enfants un dossier sur son séjour en Indochine et à DBP en particulier".
  12. RenĂ© de Salins rapporte l'anecdote dans son mĂ©moire « Une carriĂšre BrisĂ©e ». Pierre Tourret le voyant s'empresse de venir le saluer d'un ton enjouĂ©. RenĂ© de Salins refuse de lui serrer la main et tourne les talons laissant Tourret penaud aux yeux de tous les militaires prĂ©sents. À un camarade qui lui demande le pourquoi de cette attitude RenĂ© de Salins lui rĂ©plique : « par sa notation infĂąme et ses manƓuvres, il a ruinĂ© ma carriĂšre ».
  13. L'entrĂ©e Ă  l'École supĂ©rieure de guerre ne se fait qu'Ă  l'issue d'un concours trĂšs sĂ©lectif, les Ă©lĂšves Ă©tant prĂ©parĂ©s Ă  assumer des responsabilitĂ©s d’état-major, de commandement et de direction au sein de leur armĂ©e d’appartenance. Le cas d'un officier refusant de l'intĂ©grer Ă©tait jusqu'Ă  RenĂ© de Salins inĂ©dit.
  14. Le gĂ©nĂ©ral Bigeard qui en faisait partie, doit Ă  son tempĂ©rament la chance d'avoir Ă©tĂ© mutĂ© en Centrafrique Ă  temps pour ne pas ĂȘtre mĂȘlĂ© aux troubles. L'anecdote est ainsi formulĂ©e dans l'article de Marcel Bigeard : « Passant outre son devoir de rĂ©serve, il rĂ©dige pendant la semaine des barricades en janvier 1960 une proclamation qui est reprise par la presse et la radio et qui lui coĂ»te son commandement malgrĂ© l'intervention du gĂ©nĂ©ral Gambiez. De juillet 1960 Ă  janvier 1963, Bigeard prend le commandement du 6e RIAOM[25] Ă  Bouar en RĂ©publique centrafricaine. »
  15. S’il avait Ă©tĂ© admis au stage de l'École de Guerre, Tourret aurait Ă©tĂ© Ă  Paris ne se serait pas retrouvĂ© en prison avant d’ĂȘtre contraint de quitter l’ArmĂ©e.
  16. Décret du 3 mai 2013 portant élévation au grade de commandeur sans traitement
  17. futur Clin-Midy, absorbé plus tard par Sanofi qui deviendra par la suite Sanofi Aventis
  18. Un de ses discours d'ouverture de colloque est rapporté dans l'ouvrage Pauvreté et politique: le vrai combat Par Jacques Froget
  19. Résumé du livre édité le 21 mars 2013: S'appuyant sur des journaux de marche et sur les souvenirs publiés par les hauts responsables militaires concernant ces opérations, le récit de l'auteur est notamment celui d'un témoin privilégié des combats menés en Alsace dont il fait une description saisissante et dont il analyse les résultats. Ces combats incessants et sans merci mÚnent le lecteur de la libération de Belfort à la réduction de la poche de Colmar, et de l'entrée de l'armée française en Allemagne à la chute du IIIe Reich.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

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