René Cogny
RenĂ© Cogny, nĂ© le Ă Saint-Valery-en-Caux et mort le , est un gĂ©nĂ©ral français. Il prend part Ă la Seconde Guerre mondiale dans lâArmĂ©e française puis, aprĂšs une Ă©vasion, dans la RĂ©sistance. Au cours de la guerre d'Indochine, il se trouve Ă la tĂȘte des forces françaises au Tonkin (Nord du ViĂȘt Nam), notamment durant la bataille de DiĂȘn BiĂȘn Phu. Il trouve la mort dans le crash de la Caravelle Ajaccio-Nice.
René Cogny | ||
Le gĂ©nĂ©ral Cogny lors de la remise de la croix de guerre au 4e escadron du RĂ©giment blindĂ© colonial d'ExtrĂȘme-Orient le 20 aout 1954. | ||
Surnom | Le général Vitesse, Coco la sirÚne | |
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Nom de naissance | René Jules Lucien Cogny[1] | |
Naissance | Saint-Valery-en-Caux, Seine-Maritime, France |
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DĂ©cĂšs | Antibes |
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Origine | Français | |
Allégeance | France | |
Arme | Artillerie | |
Grade | Général de corps d'armée | |
AnnĂ©es de service | 1929 â 1964 | |
Conflits | Seconde Guerre mondiale Guerre d'Indochine |
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Distinctions | Croix de guerre 1939-1945 | |
Enfance et formation
NĂ© Ă Saint-Valery-en-Caux dans la Seine-InfĂ©rieure, il est le fils de Louis Ămile Alfred Cogny, marĂ©chal-des-logis de gendarmerie, et de Berthe Marie Harcourt[2].
Câest un Ă©lĂšve douĂ© et il se voit accorder une bourse pour prĂ©parer le concours dâentrĂ©e Ă lâĂcole polytechnique : il est admis[1] dans la promotion 1925 et en sort sous-lieutenant dâartillerie[1]. Il obtient Ă©galement un diplĂŽme dâĂ©tudes politiques et un doctorat en droit.
Il suit les cours de lâĂcole dâartillerie de Fontainebleau jusqu'en 1929, puis commence sa carriĂšre en corps de troupe.
Seconde Guerre mondiale
La campagne de France
En juin 1940, il est récompensé de la croix de guerre 1939-1945 pour ses premiÚres missions.
Capture et Ă©vasion
Il est lâun des 1 800 000 soldats capturĂ©s par lâArmĂ©e allemande.
Il reste prĂšs dâun an en captivitĂ© et sâĂ©chappe en , en rampant nu dans des canalisations avec trois compagnons, poussant devant eux les habits quâils avaient confectionnĂ©s Ă partir de couvertures. RenĂ© Cogny parvient Ă Vichy en traversant la BaviĂšre, et rejoint la RĂ©sistance française en se mettant au service du gĂ©nĂ©ral Verneau[alpha 1], fondateur de l'ORA (Organisation de rĂ©sistance de l'ArmĂ©e)[1].
RĂ©sistance
En 1943, alors commandant, il est arrĂȘtĂ© par la Gestapo et doit subir six mois dâinterrogatoires et de tortures Ă la prison de Fresnes, avant dâĂȘtre dĂ©portĂ© au camp de Dora â dĂ©pendance de Buchenwald â puis Ă Mauthausen.
LibĂ©rĂ© en avril 1945 dans un Ă©tat physique trĂšs faible, il recouvre ses capacitĂ©s physiques, mais conserve des sĂ©quelles aux jambes qui vont le contraindre Ă se servir dâune canne[alpha 2] pour le restant de ses jours.
AprĂšs-guerre
RenĂ© Cogny est nommĂ© gĂ©nĂ©ral de brigade en 1946[4]. Entre 1946 et 1947, bien quâĂ©tant officier dâartillerie, il commande une division dâinfanterie prĂšs de Paris, puis est nommĂ© secrĂ©taire exĂ©cutif au ministĂšre de la DĂ©fense.
Indochine
RemarquĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Lattre de Tassigny, il est de ceux qui lâaccompagnent en Indochine quand il est nommĂ©, en , haut-commissaire civil et militaire[alpha 3].
En , aprĂšs la mort de de Lattre, alors que Salan le remplace comme commandant en chef, Cogny commande une division au Tonkin et un groupe mobile dans le delta du fleuve Rouge.
En , Navarre remplace Salan, qui rentre en France avec toute lâĂ©quipe du gĂ©nĂ©ral de Lattre, sauf Cogny qui accepte de remplacer le gĂ©nĂ©ral de Linares au commandement des troupes du Tonkin, avec en rĂ©compense une troisiĂšme Ă©toile. Cette promotion fait de Cogny, 49 ans, le plus jeune gĂ©nĂ©ral de division de lâarmĂ©e.
Ăiá»n BiĂȘn Phủ
Cogny est celui qui propose Ă Navarre le site de DiĂȘn BiĂȘn Phu, prĂšs de la frontiĂšre entre le Tonkin et le Laos : les troupes françaises commencent Ă s'y installer en . Cependant, alors que Cogny envisage une base dâopĂ©rations lĂ©gĂšre et mobile, Navarre y voit une forteresse imprenable dans le but de tendre un piĂšge au Viá»t Minh. Cogny est lâun des nombreux officiers qui protestent contre cette nouvelle stratĂ©gie : « nous courrons le risque dâun nouveau Na San, mais en pire ». Ces protestations restent cependant sans effet. Le Viá»t Minh qui, des hauteurs environnantes, observe l'installation des troupes françaises dans la vallĂ©e, a « tout loisir » de se prĂ©parer activement et discrĂštement pendant de longs mois ; il passe finalement Ă lâattaque le avec des forces qu'il a prĂ©vues bien supĂ©rieures en nombre et en Ă©quipement, avec l'aide des Chinois et de conseillers soviĂ©tiques. Tout au long de la bataille, Cogny et son supĂ©rieur, Navarre, sont en dĂ©saccord Ă propos de la disposition des forces entre Ăiá»n BiĂȘn Phủ â le secteur de Cogny dans le delta du Tonkin â et lâopĂ©ration Atlante de Navarre plus au sud.
En rĂ©ponse Ă une lettre de reproches de Navarre, le , Cogny informe son supĂ©rieur quâil ne souhaite plus continuer Ă servir sous ses ordres. Le calendrier de son dĂ©part n'est pas discutĂ© Ă ce moment-lĂ : Cogny garde son commandement. La relation entre les deux hommes se dĂ©grade dâautant que Cogny, depuis le dĂ©but, a tenu des propos pessimistes voire dĂ©faitistes aux journalistes rĂ©putĂ©s que sont alors Lucien Bodard de France-Soir et Max Clos du Figaro, lesquels n'ont cessĂ© de critiquer le gĂ©nĂ©ral Navarre dans leurs articles. Le , Navarre va jusquâĂ menacer Cogny dâune enquĂȘte sur ses dĂ©clarations ; en outre, il veut le limoger sitĂŽt aprĂšs la dĂ©faite française le .
Le , le remplacement de Navarre par Paul Ăly, avec Raoul Salan comme adjoint militaire (Ăly remplaçant aussi Dejean comme haut-commissaire en Indochine), permet Ă Cogny de rester Ă la tĂȘte des forces du Tonkin. De Ă , il organise une dĂ©fense efficace contre les assauts du Viá»t Minh. Son commandement prend fin en avec le retrait des derniĂšres forces françaises du Tonkin, conformĂ©ment aux accords de GenĂšve du .
La bataille de DiĂȘn BiĂȘn Phu a soldĂ© la prĂ©sence française en Indochine, avec des milliers de morts au fond dâune vallĂ©e et le corps expĂ©ditionnaire battu par les forces du Viá»t Minh.
Quelques mois aprĂšs la chute de DiĂȘn BiĂȘn Phu, les deux gĂ©nĂ©raux continuent de se dĂ©chirer⊠Ils sâaccusent lâun lâautre dâĂȘtre le responsable de cette dĂ©faite. La presse sâempare de lâaffaire et attise la querelle. Henri Navarre, ex-commandant en chef en Indochine, exige une commission dâenquĂȘte pour contrer RenĂ© Cogny, commandant des forces du Tonkin. La commission, dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Catroux[3], commence ses travaux en .
Les protagonistes de la bataille, Ă commencer par les gĂ©nĂ©raux Navarre, Cogny et de Castries, sont entendus, ainsi que les colonels et commandants dâunitĂ©. Les « coups volent bas ». Ă lâissue des auditions, un rapport est Ă©tabli. ConsidĂ©rant que Navarre a dĂ©jĂ Ă©tĂ© sanctionnĂ© par son dĂ©part forcĂ© dâIndochine[3], les conclusions du rapport accablent le gĂ©nĂ©ral Cogny, responsable de la conduite de la bataille depuis HanoĂŻ.
Ce rapport de la commission dâenquĂȘte n'est ensuite jamais divulguĂ©.
En 2004, un documentaire dâune cinquantaine de minutes[3] retrace la bataille Ă travers le prisme des reproches, des torts et des fautes Ă©tablis par la commission dâenquĂȘte. Le rapport secret sert de trame aux tĂ©moignages de politiques, prĂ©sents Ă DiĂȘn BiĂȘn Phu avant les combats, mais aussi aux militaires du corps expĂ©ditionnaire, premiĂšres victimes de cette rivalitĂ© entre deux hommes.
Afrique
RenĂ© Cogny est nommĂ© gĂ©nĂ©ral de corps dâarmĂ©e en 1956[4]. Le Maroc est devenu indĂ©pendant depuis le quand il devient commandant en chef des troupes françaises au Maroc, poste qu'il exerce du au . Il a Ă©tĂ© visĂ© par certains tĂ©moignages l'impliquant dans l'affaire du bazooka, un attentat manquĂ© contre le gĂ©nĂ©ral Salan, alors commandant en chef en AlgĂ©rie[5]. Commandant Ă MeknĂšs lors des massacres de 1956, il prend le contrĂŽle de la ville avec les troupes prĂ©sentes sur place et rĂ©tablit l'ordre.
En , Cogny est sollicité par Pierre Pflimlin, président du Conseil, pour remplacer Salan comme commandant interarmées en Algérie. AprÚs consultation de Jacques Soustelle, Cogny décline la proposition.
Il est enfin commandant en chef en Afrique centrale de 1959 à 1964[6], sans cacher son désaccord avec la politique du général de Gaulle, notamment dans le domaine militaire[5].
Il cesse ses fonctions en , atteint par la limite d'Ăąge[6].
Mort
RenĂ© Cogny dĂ©cĂšde le , lors du crash de la Caravelle Ajaccio-Nice d'Air France qui sâest abĂźmĂ©e en mer MĂ©diterranĂ©e, au large de Nice. RenĂ© Cogny faisait partie des 95 victimes de lâaccident[5].
Style
Cogny se distingue, dâaprĂšs les historiens, par son style particulier de commandement au ViĂȘt Nam. Bernard B. Fall a saluĂ© le courage et la rĂ©activitĂ© de Cogny durant la guerre d'Indochine. RenĂ© Cogny Ă©tait non seulement appelĂ© « le gĂ©nĂ©ral Vitesse » par ses hommes, mais aussi « Coco la sirĂšne » car, dans ses dĂ©placements, il utilisait des side-cars munis de sirĂšnes.
Il a été un commandant apprécié de ses hommes, et aussi des journalistes. Malgré sa « popularité », Cogny était décrit comme étant « sensible à la critique » et ayant une tendance à « ressasser des blessures réelles ou imaginaires ».
Famille
René Cogny a eu une fille unique prénommée Marie-Claude[7].
Notes et références
Notes
- Ăgalement polytechnicien de la promotion 1911.
- D'une maniĂšre non permanente : en effet, dans le documentaire DiĂȘn BiĂȘn Phu : le rapport secret[3], il est vu passant en revue des troupes sans l'aide dâune canne, mais la tenant Ă la main nĂ©anmoins.
- De Lattre a alors Salan comme adjoint militaire.
Références
- Ouvrir la « Page dâaccueil », sur le site de la bibliothĂšque de lâĂcole polytechnique, Palaiseau (consultĂ© le ), sĂ©lectionner lâonglet « Catalogues » puis cliquer sur « Famille polytechnicienne », effectuer la recherche sur « RenĂ© Cogny », rĂ©sultat obtenu : « Cogny, RenĂ© Jules Lucien (X 1925 ; 1904-1968) ».
- Acte de naissance no 70/1904 de la commune de Saint-Valery-en-Caux.
- Jeudy 2004.
- « Général de Division COGNY », sur Musée des Etoiles (consulté le )
- « Le gĂ©nĂ©ral Cogny se trouve parmi les victimes », Le Monde.fr,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « Fonds "Général René Cogny". | Service historique de la Défense », sur www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
- Georges Menant, « Cogny, un gĂ©ant secret marquĂ© par le destin », Paris Match, no 1011,â , p. 80 et 81.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Phillip B. Davidson, Vietnam at war : the history, 1946-1975, New York, Oxford University Press, , 838 p. (ISBN 0-19-506792-4, lire en ligne).
- (en) Bernard B. Fall, Street without joy : Indochina at war, 1946-54, Harrisburg, Stackpole, , 408 p. (ISBN 0-8117-1700-3, lire en ligne).
- Jules Roy, La Bataille de Dien Bien Phu, Paris, Julliard, (OCLC 2343807).
- (en) Martin Windrow, The last valley : Dien Bien Phu and the French defeat in Vietnam, Londres, Weidenfeld & Nicolson, (ISBN 0-297-84671-X).
Documentaire
- Patrick Jeudy, DiĂȘn BiĂȘn Phu : le rapport secret, .
Liens externes
- « Général de Division COGNY », sur Musée des Etoiles (consulté le )