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Bataille de Nghia Lo

La première bataille de Nghia Lo est l'un des épisodes marquants de la guerre d'Indochine où s'affrontent, en octobre 1951 au nord Tonkin, les forces du Viet Minh et celles du général de Lattre.

Bataille de Nghia Lo
Informations générales
Date Du 3 au 10 octobre 1951
Lieu Gia Hoi - Nghia Lo
(Nord ViĂŞt Nam)
Issue Victoire de l'Union française
Belligérants
Việt MinhDrapeau de la France France
Commandants
Le Trong TanGénéral Raoul Salan
Forces en présence
312e division : régiments 209, 141 et 1652e BEP - 8e BPC - 10e BPCP - 1er bataillon Thai
Pertes
1 000-4 000 morts
2 500 blessĂ©s
(selon les Français)
36 morts
96 blessés

Guerre d'Indochine

Batailles

CoordonnĂ©es 21° 36′ 14″ nord, 104° 30′ 14″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : ViĂŞt Nam
(Voir situation sur carte : ViĂŞt Nam)
Bataille de Nghia Lo

Situation

Nghia Lo, bourgade de 30 000 habitants, est un poste situĂ© Ă  150 km au nord-ouest d’Hanoi, entre le fleuve Rouge et la rivière Noire, dans une cuvette de 4 Ă— 10 km de cĂ´tĂ©. La ville, qui est entourĂ©e de montagnes dont les sommets s’élèvent Ă  1 500 m, est traversĂ©e par la RC13 et comprend un terrain d’aviation.

La dĂ©fense du poste est assurĂ©e par le 1er bataillon ThaĂŻ du commandant Girardin, qui compte environ 1 000 hommes rĂ©partis sur l’ensemble de la rĂ©gion dans diffĂ©rents postes fortifiĂ©s :

  • poste bas Ă  proximitĂ© du bourg,
  • poste haut, placĂ© sur un piton dominant la cuvette, près de la ville de Nghia Lo,
  • poste de Son Buc au sud-est,
  • postes de partisans au nord et Ă  l’est « formant sonnette ».

La bataille de Nghia Lo

Circonstances

Les combats de Nghia Lo s’inscrivent dans le cadre de la bataille du Tonkin de 1951 et en constituent le quatrième volet après Vĩnh Yên (janvier 1951), Mao Khê (mars-avril 1951) et le Day (mai-juin 1951).

Pour le général Giap, la conquête de Nghia Lo doit être la première étape de la campagne du nord-ouest de l'Indochine, appelée « Ly Thuong Kiet » en hommage à un général vietnamien du XIVe siècle.

Le général Salan, qui remplace de Lattre absent d'Indochine, assure le commandement de l’ensemble de l’opération et décide de défendre la cuvette et ses réserves de riz, indispensables au ravitaillement de l'armée du Viet Minh.

Chronologie des événements

  • 28 septembre
    Accrochage dans la rĂ©gion de Khau Vac Ă  10 km au nord de Nghia Lo. Le poste de Sai Luong, au nord-est, est repliĂ© sur la cuvette.
  • 30 septembre
    Les deux régiments TD 141 et TD 209 de la 312e division sont signalés, au nord-est de Nam Muoi, se dirigeant vers la cuvette de Nghia Lo. À l’est, le TD 141 atteint le poste de Ca Vinh qui se replie à son tour.
  • 1er octobre
    Le poste de Ban Tu, Ă  km au nord, est pris par le ViĂŞt Minh.
  • 2 octobre
    Le 8e BPC est larguĂ© en deux vagues sur Gia Hoi (opĂ©ration « RĂ©my »), Ă  20 km au nord-ouest de Nghia Lo. Son objectif est de soutenir Gia Hoi et de harceler les arrières de l'ennemi afin de soulager le dispositif de dĂ©fense de la cuvette.
    Le jour même, le bataillon occupe le col de Ban Van. L’intervention des parachutistes précipite l’attaque sur Nghia Lo et détourne le régiment 209 de l’attaque principale.
  • 3 octobre
    À 4 h du matin, le régiment 141 attaque Nghia Lo bas. Le chef de bataillon Girardin est tué mais le poste tient. L’assaut cesse vers 7 h 30.
    À 7 h du matin, le poste de Son Buc est attaqué à son tour par le TD 165. Aidé par l’aviation il finit par repousser les assauts le lendemain à 4 h.
    À 8 h 30, la 16e compagnie du 8e BPC est accrochée et doit se replier.
  • 4 octobre
    Le 2e BEP du capitaine Raffalli est à son tour parachuté sur Gia Hoi (opération « Thérèse »). Il forme alors avec le 8e BPC le groupement aéroporté du nord-ouest aux ordres du colonel de Rocquigny.
    Trois compagnies du 2e BEP se regroupent au soir sur la cote 405 au sud du col de Ban Van.
  • 5 octobre
    Nouvelle attaque sur Nghia Lo bas à 4 h du matin. L’assaillant est repoussé au bout de 3 heures de combats.
    Le 2e BEP rejoint Bac Co Ă  km au sud de Gia Hoi.
  • 6 octobre
    Tandis que le 8e BPC marche vers Tan Kouen, le 2e BEP se porte sur Bo Sieng où il affronte violemment l’ennemi avant de prendre le contrôle des hauteurs qui dominent la piste de ravitaillement Viêt Minh qui relie Khau Vac – Nghia Lo.
    La 16e compagnie du 8e BPC tente une jonction avec le 2e BEP mais est violemment attaquée à 18 heures alors qu’elle atteint Tan Kouen. Le capitaine Gautier, chef de corps du bataillon, est grièvement blessé. Encerclée, la 16e compagnie doit sacrifier la section Truchot afin de permettre son repli par un ravin et suivre le cours de la rivière Nam Min.
    À son tour, le 10e BPCP est parachuté en renfort sur le poste de Nghia Lo (opération «Bruno»)
  • 7 octobre
    À minuit, 1 h 30 puis 3 h 30 du matin, la compagnie Louis-Calixte subit trois attaques successives. À 4 h elle se replie et rejoint le bataillon qui décroche à son tour en direction de Tan Kouen où il espère trouver le soutien du 8e BPC.
    Le 8e para n’étant pas au rendez-vous, Raffali décide alors de remonter au nord par les crêtes. Lors de sa progression le 2e BEP est à nouveau attaqué et parvient à se dégager grâce au soutien de l’aviation.
  • 8 octobre
    Son Buc est attaqué pendant 3 heures dans la nuit du 8 au 9.
    Le 2e BEP rejoint le 8e BPC au niveau de la cote 405.
  • 10 octobre
    La division 312 se retire.

Les forces en présence

Drapeau de la France Forces françaises

Garnison de Nghia Lo :

  • Bataillon Thai no 1
    Il s’agit d’un bataillon d’infanterie coloniale constituĂ© de quatre compagnies, soit 600 tirailleurs, renforcĂ© de cinq compagnies lĂ©gères de supplĂ©tifs. Au total, 1 000 hommes hommes et 18 officiers dont 150 français appuyĂ©s par 2 canons de 75.
    Encadrement : chef de bataillon Girardin, capitaines Boileau, Cornu et Bes de Berc.
  • 10e BPCP parachutĂ© le 6 octobre :
    • Cdt du bataillon, Cba Weil
    • 1re compagnie Ltn Compain
    • 2e compagnie Cne d’Harcourt
    • 3e compagnie Cne Vernet
    • CCB Ltn Goria

GAP nord-ouest

Lors de la bataille, le général Salan, va faire parachuter le groupement aéroporté du nord-ouest aux ordres du lieutenant-colonel de Rocquigny. Le GAP comprend :

  • L'antenne chirurgicale no 1 (ACP no 1) du mĂ©decin-Lieutenant Fourès
  • Le 8e BPC du capitaine Gauthier, adjoint capitaine Le Borgne, qui comprend 573 hommes dont 20 officiers,
    • CCS lieutenant Allard,
    • 15e compagnie, Ltn Duhil de Benaze,
    • 16e compagnie, Ltn GuĂ©guen,
    • 8e CIP, Ltn Rioual.

Forces Việt Minh

Les forces du Viet Minh sont principalement constituĂ©es par la division de montagne 312 du colonel LĂŞ Trọng Tấn (vi) qui comprend alors les trois TD 209, 141 et 165. Les forces engagĂ©es dans la batailles sont de 12 000 Bo dois, 3 000 coolies, 30 canons de 75, 80 mortiers et 200 bazookas.

Le bilan

Les conséquences

Pour le général Giap, c'est une défaite. Contraint de retirer sa division 312, il ne peut poursuivre sa campagne du nord-ouest.

D’un point de vue tactique, l'utilisation de parachutistes, appuyés par l'aviation, sur les arrières de l’ennemi est devenu un modèle du genre.

Pertes françaises

D'après Salan, elles sont de :

  • 36 morts
  • 96 blessĂ©s
  • 163 disparus

Les pertes du 2e BEP sont de 7 tués, dont le lieutenant Lecoeur, 27 blessés et 19 disparus.

Pertes Viet Minh

D'après Salan et Pierre Montagnon, elles sont de

  • 1 000 morts
  • 2 500 blessĂ©s

Pour Erwan Bergot, les pertes seraient de 4 000 morts et 1 300 prisonniers.

Lexique

  • ACP : antenne chirurgicale parachutiste.
  • BEP : bataillon Ă©tranger de parachutistes, ancĂŞtre des REP.
  • BPC : bataillon de parachutistes coloniaux, ancĂŞtre des RPIMa.
  • BPCP : bataillon parachutiste de chasseurs Ă  pied.
  • CCB : compagnie de commandement de bataillon.
  • CCS : compagnie de commandement et de soutien.
  • CIP : compagnie indochinoise parachutiste.
  • CIPLE : compagnie indochinoise parachutiste de la lĂ©gion Ă©trangère.
  • GAP : groupement aĂ©roportĂ©.
  • TD : Trung DoĂŻ, rĂ©giment Viet Minh, constituĂ©s de 4 bataillons.

Voir aussi

Articles connexes

Sources et bibliographies

  • Erwan Bergot, Indochine 1951, l'annĂ©e de Lattre, collection Troupes de choc, France Loisirs - 1987 - (ISBN 2-7242-4197-5).
  • Colonel de BĂ©nazĂ©, Tonkin 51 : Une liaison radio exceptionnelle, revue KĂ©pi Blanc no 358 de juin 1977.
  • Lucien Bodard, La guerre d'Indochine, Le grand livre du mois - 1997 - (ISBN 2-7028-0892-1).
  • Jacques Dalloz, Dictionnaire de la guerre d'Indochine, Armand Colin - 2006 - (ISBN 2-200-26925-0).
  • Christophe du TrĂ´ne, article La gloire et le sang, Hors sĂ©rie de la revue Ligne de front no 4 - Avril mai 2008.
  • Jacques de Folin, Indochine 1940-1955 La fin d'un rĂŞve, Perrin - 1993 - (ISBN 2-262-01018-8).
  • Alain Gandy, La LĂ©gion en Indochine - 1885-1955, Presses de la CitĂ© - 1988 - (ISBN 2-258-02127-8).
  • Émile-RenĂ© GuĂ©guen, Volontaire, Grasset, 1986, (ISBN 2-246-34131-0).
  • Henri Le Mire, Epervier - Le 8e Choc Ă  Dien Bien Phu, Albin Michel - 1988 - (ISBN 2-226-03346-7).
  • Pierre Montagnon, Les parachutistes de la LĂ©gion - 1948 - 1962, Pygmalion, 2005 (ISBN 2-85704-940-4).
  • Collectif avec prĂ©face de Raymond Muelle, Guerre d'Indochine 1945-1954, TrĂ©sor du patrimoine - 2004 - (ISBN 2-915118-10-8).
  • Collectif, Histoire des parachutistes français, SociĂ©tĂ© de Production LittĂ©raire, 1975.
  • Raoul Salan, MĂ©moires - Fin d'un empire, Presses de la CitĂ©, 1971.
  • Pierre Sergent, Paras-LĂ©gion - Le 2e BEP en Indochine, Presses de la CitĂ© - 1982 - (ISBN 2-7242-1612-1).
  • Blain Patrick, 6e BCCP, de la France Ă  l'Indochine, recueil, 2022, (ISBN 979-10-699-9153-8)

Notes et références

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