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Parc des Buttes-Chaumont

Le parc des Buttes-Chaumont est un jardin public situé dans le nord-est de Paris, en France, dans le 19e arrondissement de la ville.

Parc des Buttes-Chaumont
Image illustrative de l’article Parc des Buttes-Chaumont
Vue des Buttes-Chaumont depuis les hauteurs du parc, en regardant vers le nord-ouest. À gauche, l'île du parc, surmontée du temple de la Sibylle, construit en 1869 par l'architecte Gabriel Davioud. Le lac est visible dans la partie droite inférieure de l'image. Derrière l'île, la moitié de la façade de la mairie du 19e. À l'arrière-plan, les immeubles du 19e arrondissement.
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
Commune Paris
Arrondissement 19e
Quartier Combat
Superficie 24,73 ha
Histoire
Création 1864
Ouverture [b 1]
Accès et transport
Métro (M) (7bis) Buttes Chaumont, Botzaris.

(M) (5) Laumière (à distance)

(M) (11) Pyrénées (à distance)

Localisation
CoordonnĂ©es 48° 52′ 52″ nord, 2° 22′ 59″ est

Avec près de 25 hectares, le parc est l'un des plus grands espaces verts de Paris. InaugurĂ© le [1] pendant les dernières annĂ©es du règne de NapolĂ©on III, il s'agit d'une rĂ©alisation de l'ingĂ©nieur Adolphe Alphand. Ce jardin Ă  l'anglaise imite un paysage de montagne : rochers, falaises, torrents, cascades, grotte, alpages, belvĂ©dères.

Toponymie

La première hypothèse quant à l'origine du toponyme « Buttes-Chaumont » s'appuie sur la nature infertile et inculte des terrains sur lesquels le parc est aménagé. En effet, le sous-sol marneux et particulièrement gypseux, rendait le site stérile et impropre à la culture, si bien qu'aucune végétation n'avait réussi à s'y établir. Ainsi, les buttes étaient connues sous le nom de « Mont Chauve »[b 2] ou « Chauve-Mont »[b 3] - [2] qui proviendrait du latin Calvus Mons[b 4]. Ces appellations auraient par la suite donné le toponyme « Chaumont » par contraction, comme l'expose le baron Haussmann dans ses Mémoires :

« Le nom des Buttes-Chaumont viendrait, suivant les étymologistes, de la contraction de deux mots significatifs : « Chauve-Mont ». Il aurait été donné, disent-ils, à ces hauteurs, parce que le sol et le sous-sol, uniquement composés de glaise, de marne compacte et de gypse, se refusaient absolument à toute végétation. »

— Baron Haussmann, Mémoires du baron Haussmann[2]

Parallèlement à cette explication, une seconde hypothèse est également avancée pour justifier l'existence du toponyme alternatif « Buttes Saint-Chaumont »[n 1], lequel, quoique tombé progressivement en désuétude au cours du XIXe siècle, existait aux XVIIe et XVIIIe siècles[4] - [5]. Au XVIIe siècle, des communautés religieuses féminines s'étaient établies dans le quartier des buttes, et la coutume les avait désignées sous le nom de « Filles de Saint-Chaumont », puisqu'elles occupaient le site de l'ancien hôtel particulier du ministre Melchior Mitte de Chevrières, marquis de Saint-Chamond[3] - [5], également connu sous le nom de marquis de Saint-Chaumont ; cela aurait alors donné leur nom aux buttes[4].

GĂ©ographie

Situation et accès

Carte du 19e arrondissement de Paris. Le parc des Buttes-Chaumont est situé légèrement au-dessous du centre de la carte.

Le parc des Buttes-Chaumont est situé dans le nord-est de Paris, dans le sud du 19e arrondissement (quartier du Combat[6]). Il est bordé par quatre voies principales : à l'ouest et au nord-ouest par la rue Manin, au nord-est par la rue de Crimée, au sud par la rue Botzaris et au sud-ouest par l'avenue Simon Bolivar.

Les stations de métro les plus proches sont les Buttes-Chaumont et Botzaris de la ligne 7 bis, sur son côté sud. Au nord et au nord-ouest, les stations les plus proches sont Laumière (ligne 5) et Bolivar (ligne 7 bis).

Le parc compte six entrées principales. En partant de la pointe sud et dans le sens des aiguilles d'une montre :

  • porte principale : au sud, Ă  l'angle des rues Botzaris et Simon Bolivar ;
  • porte SecrĂ©tan : rue Manin, dans le prolongement de l'avenue SecrĂ©tan ;
  • porte Armand-Carrel : place Armand-Carrel, devant la mairie du 19e arrondissement ;
  • porte de CrimĂ©e : au nord-est, Ă  l'angle de la rue Manin et de la rue de CrimĂ©e ;
  • porte de la Villette : Ă  l'est, rue Botzaris ;
  • porte Fessart : rue Botzaris, dans le prolongement de la rue Fessart.

Outre ces entrées principales, le parc compte neuf entrées secondaires.

Caractéristiques

Le haut des Buttes Chaumont.

Avec une superficie de 24,73 hectares, le parc des Buttes-Chaumont est le cinquième plus grand espace vert de Paris, après le bois de Vincennes, le bois de Boulogne, le parc de la Villette et le jardin des Tuileries. Il s'agit Ă©galement d'un des espaces verts parisiens prĂ©sentant le plus grand dĂ©nivelĂ© (plus de 40 m), hĂ©ritage des carrières sur lesquelles il a Ă©tĂ© crĂ©Ă©.

Le parc a une forme en plan concave, son seul cĂ´tĂ© rectiligne se trouvant au nord-est (le long de la rue de CrimĂ©e). Les rues Manin et Botzaris l'entourent respectivement au nord-ouest et au sud-est. L'avenue Simon Bolivar, prolongeant la rue Manin sur 130 mètres, rejoint la rue Botzaris au sud en formant une pointe. Dans sa plus grande longueur, entre les pointes nord et sud, le parc mesure 820 m ; dans sa plus grande largeur, le long de l'extrĂ©mitĂ© est, il mesure 450 m. Au total, sa pĂ©riphĂ©rie mesure 2 475 m.

Le parc comprend 12 ha de pelouses, 6 ha de boisements, 1 ha d'enrochements et 4,5 ha rĂ©servĂ©s Ă  la circulation (5,5 km de voies et 2,2 km de chemins).

Quatorze voies sont situées dans le parc :

GĂ©ologie

Le parc des Buttes-Chaumont s'inscrit dans le contexte gĂ©ologique du bassin parisien. Plus spĂ©cifiquement, le site prend place sur la marge occidentale de l'ensemble de collines de Belleville et Romainville, qui ferme au nord-est la plaine alluviale en forme d'amphithéâtre dans laquelle s'Ă©tend Parisparagr. 20_12-0">[b 5]. Cet ensemble collinaire culminant Ă  128 m Ă  Belleville domine la plaine en contrebas, oĂą la Seine, dont le mĂ©andre s'est au fil du temps dĂ©placĂ© et a incisĂ© l'anticlinal de Meudon. Le processus d'Ă©rosion Ă  l'ère quaternaire n'a laissĂ© que quelques buttes, mettant ainsi Ă  jour la majoritĂ© des formations tertiaires du bassin parisien : calcaires, gypse, argiles, sables et pierres meulièresparagr. 21_13-0">[b 6].

Les Buttes-Chaumont, comme la butte Montmartre, sont pour leur part essentiellement composĂ©es de roches gypseuses recouvertes par des couches marneuses (marnes bleues d'Argenteuil, puis marnes blanches de Pantin). Plus prĂ©cisĂ©ment, le sous-sol contient trois couches de gypse de puissance variable, entrecoupĂ©es de marnes. Ces formations gypseuses et marneuses appartiennent Ă  l'Ă©tage supĂ©rieur de l'Éocène, le Ludienparagr. 21_13-1">[b 6]. Il y a approximativement 35 millions d'annĂ©es, le site des Buttes-Chaumont se trouvait dans un vaste complexe lagunaire puis lacustre dont l'Ă©volution temporelle, marquĂ©e par les cycles de transgression et de rĂ©gression, a modelĂ© les diffĂ©rentes couches de gypse, appelĂ©es « masses de gypse ».

La troisième masse de gypse, qui repose au toit de la couche de marnes à pholadomyes, est la plus ancienne, la plus profonde et la moins puissante (épaisseur de l'ordre de trois mètres[b 7]) : elle résulte de la formation d'une grande lagune évaporitique, marquant la fin de la sédimentation marine qui avait jusqu'alors cours[7]. Une couche de marnes à lucines la sépare de la deuxième masse de gypse, formation dont l'épaisseur est de l'ordre de cinq mètres[b 7], elle-même recouverte par une couche de marnes dite « d'entre-deux-masses » constituant la limite avec la première masse de gypse. Cette dernière couche, également nommée haute masse de gypse, est la plus récente et la plus puissante, avec une épaisseur avoisinant les quinze mètres[b 7] - [8]. Les première et deuxième masses de gypse sont les dépôts du lac évaporitique issu de la fermeture de la lagune qui avait permis la formation de la troisième masse de gypse[7].

Création du parc

Du gibet de Montfaucon aux carrières de gypse

Enluminure médiévale en couleurs, représentant la pendaison d'un homme, avec plusieurs notables aux tenues colorées.
Pendaison d'Enguerrand de Marigny au gibet de Montfaucon, en 1315. Enluminure extraite des Grandes Chroniques de France.

Avant son aménagement en un parc paysager, le site des Buttes-Chaumont faisait partie des lieux les plus désolés à proximité immédiate de Paris, et était affligé d'une sinistre réputation. En effet, du Moyen Âge jusqu'au XVIIe siècle, la justice royale était rendue au pied des buttes, là où se dressait le gibet de Montfaucon. Bien que la mise à mort des condamnés prît fin dès le XVIIe siècle, le gibet de potence ne fut démantelé qu'à partir de 1760, et ce, jusqu'à la Révolution française[b 8].

Le lieu des exĂ©cutions laissa aussitĂ´t sa place Ă  une vaste dĂ©charge Ă  ciel ouvert, nommĂ©e voirie de Montfaucon, dans laquelle Ă©taient Ă©pandus les ordures et les excrĂ©ments issus des fosses d'aisances et collectĂ©s par les vidangeurs de Paris[b 3]. Autour de cet insalubre dĂ©potoir s'Ă©tait dĂ©veloppĂ© un faubourg regroupant divers Ă©tablissements que leurs incommodantes activitĂ©s maintenaient en marge de la capitale : fabricants de produits chimiques et d'engrais agricoles extraits des boues de la fosse, Ă©quarrisseurs, tanneurs et producteurs d'asticots Ă  destination des pĂŞcheurs[b 9]. Le site Ă©tait dans la première moitiĂ© du XIXe siècle, avant l'ouverture des abattoirs de la Villette, en 1867, le principal centre d'Ă©quarrissage parisien : chaque annĂ©e, environ 12 000 chevaux et 25 000 petits animaux Ă©taient abattus et leurs cadavres jetĂ©s dans la fosse[9] - [10], si bien que les odeurs mĂ©phitiques qui s'en dĂ©gageaient se rĂ©pandaient sur la capitale, comme le rapporte l'ingĂ©nieur Alphand :

« Les Buttes-Chaumont devinrent le réceptacle de toutes les immondices de Paris ; on y voyait encore, il y a quelques années, des établissements d'équarrissage et le dépotoir des vidanges, ce qui répandait des émanations infectes, non seulement sur les quartiers voisins, mais sur la ville entière, selon la direction des vents. »

— Adolphe Alphand, Les Promenades de Parispp. 201-202_21-0">[b 10]

Le sous-sol des Buttes-Chaumont, alors dĂ©nommĂ©es « Butte Saint-Chaumont »[11], est exploitĂ© après la RĂ©volution française, avec l'Ă©tablissement de carrières de gypse et de pierres meulières, pour la construction des immeubles parisiens. Les carrières, qui se trouvaient Ă  ce moment-lĂ  sur le territoire de l'ancienne commune de Belleville, sont exploitĂ©es jusqu'en 1860, annĂ©e mĂŞme de l'annexion de cette commune Ă  la ville de Paris. Des chercheurs, tel que Georges Cuvier, ont mis au jour des fossiles de mammifères dans les carrières (dont le Palaeotherium, apparentĂ© au cheval) datant de l'Éocène (il y a environ 35 millions d'annĂ©es)[12].

  • Les Buttes-Chaumont : un lieu de sinistre mĂ©moire avant 1860
  • Gravure en noir et blanc d'un gibet de potence en pierre, de forme carrĂ©e, avec plusieurs Ă©tages oĂą sont exposĂ©s les cadavres des condamnĂ©s Ă  mort. Au premier plan, un chien et un calvaire Ă  la croisĂ©e des chemins.
    Le gibet de Montfaucon, lieu d'exécution de la justice d'Ancien Régime.
  • Dessins au crayon reprĂ©sentant un Ă©tablissement d’équarrissage, les chevaux y attendant leur fin, et leurs cadavres
    Établissement d'équarrissage de la voirie de Montfaucon et cadavres d'équidés, en 1831.
  • Photographie sĂ©pia de carrières destinĂ©es Ă  produire du plâtre, avec des monticules de gypse dĂ©nudĂ©s, arides et sans vĂ©gĂ©tation.
    Carrières de gypse des Buttes-Chaumont, arides et dénuées de végétation, en 1852.
  • Gravure ancienne reprĂ©sentant un repas dans les galeries souterraines de carrières de gypse, sur le site actuel du parc.
    Le soir venu, les carrières d'Amérique, mal famées, s'emplissaient de gens nécessiteux.

Un parc urbain du nouveau réseau de promenades parisiennes

La transformation du site des Buttes-Chaumont en un parc urbain intervint dans le cadre des travaux parisiens dĂ©cidĂ©s par l'empereur NapolĂ©on III, dont la planification gĂ©nĂ©rale fut confiĂ©e au baron Haussmann, prĂ©fet de la Seine. En premier lieu, le choix d'un tel amĂ©nagement urbanistique dĂ©coula de l'extension de la ville de Paris, qui mit un terme Ă  l'activitĂ© d'extraction du gypse. En effet, celle-ci Ă©tait frappĂ©e d'une interdiction sur le territoire de la capitale depuis le XVIIIe siècle ; aussi, les carrières, qui avaient Ă©tĂ© repoussĂ©es en pĂ©riphĂ©rie de Paris, durent cesser leur activitĂ© dès que l'annexion des communes limitrophes prit effet, la juridiction parisienne s'Ă©tendant alorsparagr. 24_24-0">[b 11]. L'emprise des carrières ne fut toutefois pas utilisable pour la construction, en raison des risques d'effondrement du sous-sol fragilisĂ© par les fontis et la dissolution du gypseparagr. 32_25-0">[b 12] : aussi fut-il dĂ©cidĂ© d'y Ă©tablir un parc.

Peinture en couleur de style impressionniste d'une allée de platanes d'un parc de Londres au feuillage jaune, sous le soleil.
Les parcs londoniens, comme Hyde Park (peint ici par Camille Pissarro en 1890), inspirent la politique d'espaces verts de Napoléon III.

Outre ce motif, NapolĂ©on III entendait doter Paris d'un rĂ©seau d'espaces verts, lesquels Ă©taient au milieu du XIXe siècle assez peu nombreux dans la capitale françaisepp. 28-29_26-0">[b 13]. Lors de son exil en Angleterre, l'empereur français avait Ă©tĂ© sĂ©duit par la qualitĂ© et l'efficacitĂ© des parcs londoniens, conçus sous l'influence des thèses hygiĂ©nistes : aussi dĂ©sirait-il importer ce modèle en France[b 14]. L'ensemble de ces jardins publics devait rĂ©pondre Ă  deux ambitions impĂ©riales : d'une part, offrir des lieux d'agrĂ©ment et de promenade Ă  tous les citadins, indĂ©pendamment de leur classe sociale[13] ; d'autre part, mĂ©tamorphoser Paris, citĂ© alors « asphyxiĂ©e »[c 1], en une ville verte, ce qui participait d'un dessein gĂ©nĂ©ral d'assainissement et d'embellissement[b 14].

Les nouveaux espaces verts sont pensés pour s'articuler au sein d'un « système de promenades » hiérarchisé selon les dimensions de chacun d'eux. Ainsi, dans ce réseau qui se superpose aux autres réseaux techniques urbains[14], le parc des Buttes-Chaumont, comme les parcs Monceau et Montsouris, appartient aux parcs urbains, échelon intermédiaire entre les bois de Boulogne et de Vincennes, et les squares disséminés dans les quartiers parisiens[15].

Équipe du projet et phasage des travaux

Portrait d'un homme âgé, vêtu d'un manteau noir et coiffé d'un haut de forme, tenant un plan d'un chantier qu'il inspecte.
Portrait d'Adolphe Alphand, peint en 1888 par Alfred Roll. Ingénieur des Ponts et Chaussées, Alphand dirige la réalisation du parc des Buttes-Chaumont.

Le baron Haussmann charge Adolphe Alphand, chef du service des promenades et plantations de la ville de Paris, de mener à bien la conception et la réalisation du parc. Alphand, polytechnicien et ingénieur des ponts et chaussées, a acquis une célébrité certaine grâce à plusieurs aménagements paysagers dans la capitale française. Pour réaliser cette pièce maîtresse du « réseau des réseaux »[c 2], il s'entoure d'une équipe d'ingénieurs et de paysagistes expérimentés[b 8]. Jean Darcel, ingénieur des ponts et chaussées également, seconde Alphand : alors que celui-ci assure la gestion administrative du projet, Darcel en règle les détails techniques avec ses subordonnés[b 15]. Placé sous ses ordres, le jardinier en chef Jean-Pierre Barillet-Deschamps rédige le projet et apporte son expertise dans le tracé des chemins, des vallons, et dans le choix des essences pour les plantations[b 16]. Il est assisté par le paysagiste Édouard André, chargé de la conduite des travaux[b 16]. L'architecte Gabriel Davioud crée les édifices, éléments d'architecture, ainsi que le mobilier du parc[b 17]. Enfin, l'hydraulicien Eugène Belgrand, planificateur des réseaux d'assainissement de Paris, s'occupe de la conception des systèmes d'adduction et de circulation des eaux du parc[b 18].

La conception du projet et les travaux de construction s'étalent sur cinq ans. En 1862, la municipalité parisienne prend contact avec la Société civile des carrières du centre, propriétaire des buttes, pour acquérir les parcelles que le parc est destiné à occuper[b 8]. Par un décret impérial daté du , les terrains des Buttes-Chaumont sont déclarés d'utilité publique, ce qui permet à l'État de compléter les acquisitions par des expropriations[b 19]. Les premières études, à savoir une note sur l'état du sous-sol, et le projet général rédigé par l'ingénieur Darcel, sont présentées au conseil municipal lors des séances des 18 et [b 20]. Le modelage du relief constitue la première et la plus longue phase des travaux, lesquels sont initiés en 1864. Ainsi, Alphand rapporte que la première année a permis seulement de « dégrossir les terrassements »[c 3]. Face à ces lenteurs, la direction du projet rappelle à l'ordre l'entrepreneur retenu pour le marché de nivellement[b 22]. Les travaux de terrassement se poursuivent durant les années 1865 et 1866.

Le , l'ingénieur Darcel dresse une nouvelle version du plan du parc, sans que les essences végétales retenues y soient précisées[b 22]. En effet, bien que les plantations aient commencé sur la butte Puebla à la fin de l'année 1865, la majorité d'entre elles sont effectuées en 1866[b 21]. Ces travaux paysagers et horticoles sont conduits en parallèle de l'aménagement des voies de circulation, lesquelles sont macadamisées entre 1866 et 1867, peu avant la date de livraison du parc[b 23].

Accueil du projet de parc

Le projet du parc des Buttes-Chaumont bénéficie, au cours de sa période de conception et de construction, de l'atmosphère plutôt enthousiaste qui entoure le programme d'aménagement d'espaces verts publics qu'Adolphe Alphand conduit dans la capitale française[b 24]. L'architecte César Daly écrit au sujet des nouveaux parcs et jardins dans la Revue générale de l'architecture et des travaux publics : « Paris, de carrière de pierre, de moellon et de grès qu'elle était, se transforme en bouquet »[16]. La Revue de Paris consacre à la nouvelle promenade parisienne quelques réflexions en , tandis que les travaux viennent d'être engagés plusieurs mois auparavant[17]. La rédaction de la revue célèbre la transformation du lieu opérée par l'équipe d'Alphand[b 25] :

« De ce roc pelé, où il n'y avait qu'une solitude désolante, sans un arbre, sans même un brin d'herbe, de ce mont chauve, les ingénieurs, les jardiniers, les hydrographes et les terrassiers sont en train de faire une oasis qui dépassera en beauté celle de la sultane Fatime, la fille chérie du prophète. »

— Revue de Paris[17]

Cet engouement s'accompagne de multiples propositions formulées tant par des riverains que par des critiques d'architecture. Dans le même article publié dans la Revue de Paris, il est proposé d'ajouter au parc une « rangée d'arcades », afin de protéger des intempéries les promeneurs[c 4]. Cette suggestion ne fut pas retenue, comme celle faite d'installer à l'entrée de la grotte des statues en pierre « d'animaux antédiluviens », jugée inconvenante par l'ingénieur Darcel[b 26]. Une autre proposition est faite de créer une cascade semblable aux chutes du Niagara, mais ne rencontre pas davantage de succès[b 22]. Seule l'intervention d'un particulier proposant de bâtir à ses frais un monument sur le belvédère semble retenir sérieusement l'attention des concepteurs, puisqu'ils lui demandent un projet dessiné. Celui-ci ne leur parviendra pas, mais cette proposition pourrait être à l'origine du temple de la Sibylle, absent du projet de 1863 mais rajouté aux plans de 1865[b 22].

Dans cette atmosphère plutôt favorable à la création du parc, quelques voix dissonantes s'élèvent toutefois. En 1865, l'écrivain Victor Fournel, opposant résolu au régime impérial, dans son ouvrage Paris nouveau et Paris futur, émet de sérieuses réserves envers la politique d'aménagement de nouveaux espaces verts[b 24]. Le journaliste s'interroge sur la pertinence des travaux dirigés par Alphand, et en particulier de ceux du parc des Buttes-Chaumont, qu'il juge inopportuns eu égard aux difficultés techniques qu'impose la construction sur l'emprise des anciennes carrières[18]. Ainsi, il attribue l'origine du projet à « l'imagination titanique » du baron Haussmann, qui selon lui aurait été précisément séduit par la complexité de l'entreprise[c 5]. Fournel ironise sur le caractère « grandiose » du projet des aménageurs qu'il juge démesuré, en leur prêtant l'ambition de dépasser les jardins suspendus de Babylone :

« Il est évident que le souvenir de Babylone et des sept merveilles du monde, chantées sur tous les tons par les poëtes-badauds de l'antiquité, n'a pas été sans influence sur les embellissements de Paris. […] Les jardins suspendus de Babylone dépassés par les jardins anglais des buttes Montmartre et Chaumont, « admirable matière à mettre en vers latins, » pour un prochain concours ! »

— Victor Fournel, Paris nouveau et Paris futur[18]

En particulier, l'écrivain dénonce le coût du parc, qu'il considère trop élevé :

« L'établissement d'un jardin anglais à triple étage sur la butte Montmartre offrant surtout des difficultés particulières, qui exigeront d'énormes dépenses, on peut parier avec quelque chance en sa faveur. Déjà des légions d'ouvriers sont installées aux buttes Chaumont et sur les carrières du Centre, comblées et nivelées, pour y installer à grands frais une promenade pittoresque et grandiose. »

— Victor Fournel, Paris nouveau et Paris futur[18]

Selon l'ingĂ©nieur Alphand, qui expose dans Les Promenades de Paris le dĂ©tail des dĂ©penses, le coĂ»t de l'amĂ©nagement du parc s'Ă©lève Ă  3,4 millions de francs de l'Ă©poque[b 27]. Cette somme, quoique infĂ©rieure aux montants avancĂ©s par Fournel, a attirĂ© l'attention d'auteurs ayant Ă©tudiĂ© l'Ĺ“uvre d'Alphand. Ainsi, l'historien Antoine Picon montre que le montant allouĂ© aux travaux des Buttes-Chaumont reprĂ©sente un quart de celui utilisĂ© pour le bois de Boulogne, alors que la superficie du parc est 34 fois moindre[n 2] : cela traduit un investissement massif en faveur du parcpp. 36-37_54-0">[b 29].

Un jardin d'ingénieurs

Travaux de terrassement

« Partout où cela a été possible, on a profité des accidents de terrain et des profondes excavations des anciennes carrières à plâtre, pour donner au parc l'aspect d'un paysage de région montagneuse. »

— Adolphe Alphand, Les Promenades de Paris[b 21]

Aux Buttes-Chaumont, le paysage désolé et accidenté laissé par les anciennes carrières de gypse n'est pas seulement un obstacle au travail de conception de l'équipe d'Alphand : la topographie du lieu marquée par de fortes dénivellations constitue également un défi qui stimule l'inventivité des aménageurs, selon l'historienne des jardins Isabelle Levêque[b 19]. Le dessein d'Alphand est d'imiter un paysage de montagne et dans la présentation du projet, deux zones sont distinguées et reçoivent des traitements différents.

Le secteur Ă  l'ouest du parc, que Darcel qualifie de « mamelons de glaise », doit imiter un paysage prĂ©alpin de montagnes douces, Ă  l'allure pittoresque et paisible. Ă€ cet effet, le relief original est remodelĂ© : trois buttes sont conservĂ©es et les autres monticules sont arasĂ©s. Afin de conserver la vue du « panorama complet de Paris »[b 21], l'Ă©quipe d'Alphand dĂ©cide de surĂ©lever les buttes : la butte Puebla, d'une altitude nouvelle de 105 mètres, devient le point culminant du parc, tandis que la butte Fessart voisine est amĂ©nagĂ©e en un belvĂ©dère tournĂ© vers Montmartre[b 19].

Pour le secteur situĂ© au centre et Ă  l'est du parc, dont le relief est plus tourmentĂ©, Alphand et ses collaborateurs dĂ©cident d'en faire un dĂ©cor alpin, en tirant profit du front de taille des anciennes carrières Ă  ciel ouvert. Le promontoire central est l'Ă©lĂ©ment-clef du paysage, qu'Alphand prĂ©sente comme un « Ă©norme rocher »[c 6] que les travaux ont permis de dĂ©tacher du reste des buttes afin de constituer l'ĂŽle du BelvĂ©dère[b 30]. Cette Ă®le ceinte par le lac est un monticule de gypse recouvert de marnes de très mĂ©diocre tenue. Aussi, les ingĂ©nieurs redessinent et adoucissent le front de taille afin de stabiliser les falaises[b 30]. Les dĂ©blais produits par le creusement du lac sont rĂ©utilisĂ©s pour accroĂ®tre la hauteur du promontoire, laquelle est doublĂ©e[b 19] pour atteindre une trentaine de mètres[b 2]. Les parois ainsi stabilisĂ©es Ă©voquent d'une part les Alpes, mais Ă©galement les falaises crayeuses de Normandie plongeant abruptement dans la mer[b 31]. En particulier, le pic rocheux et l'arche, reliquats des carrières de plâtre, sont une rĂ©fĂ©rence claire Ă  l'aiguille et Ă  l'arche de la station balnĂ©aire d'Étretat alors en vogue[b 2] - paragr. 34_58-0">[b 32]. Selon l'historien Antoine Picon, cette allusion au littoral normand pourrait ĂŞtre due aux origines familiales de l'ingĂ©nieur Darcel, qui possĂ©dait un château Ă  HĂ©nouville[b 31] - [b 19].

Un escalier de 173 marches pratiquĂ© Ă  l'intĂ©rieur du rocher permet de descendre jusqu'au lac. Il est actuellement fermĂ© au public. Sur la rive sud du lac se trouve une grotte (une ancienne entrĂ©e d'une carrière souterraine). Elle mesure 14 m de large pour 20 m de haut et est dĂ©corĂ©e de fausses stalactites en ciment armĂ© dont les plus grandes atteignent m.

Les travaux de crĂ©ation du relief occasionnent le recours Ă  d'importants moyens humains et techniques, que certains historiens vont jusqu'Ă  qualifier de « titanesques »[c 7]. Ainsi, plus d'un millier d'ouvriers Ĺ“uvrent aux opĂ©rations de terrassement, qui s'Ă©talent sur deux annĂ©espp. 131-132_60-0">[b 33]. En plus de cent chevaux, deux machines Ă  vapeur sont employĂ©es pour faciliter le transport des matĂ©riaux des dĂ©blais et des remblais[b 34]. Ă€ cet effet, une voie ferrĂ©e mobile d'une longueur cumulĂ©e de 5 kilomètres est posĂ©e[b 35]. Les wagonnets amènent notamment 200 000 m3 de terre vĂ©gĂ©tale prĂ©levĂ©e sur le chantier des abattoirs de La Villette, afin de recouvrir le sol marneux pauvre et aride[b 2]. L'historienne Isabelle LevĂŞque montre que le volume de terrains et de roches dĂ©placĂ©s lors du chantier atteint le million de mètres cubes[b 35] - [n 3].

La problématique circulatoire

La partie basse, au centre du parc, est occupĂ©e par un lac de 1,5 ha de forme grossièrement circulaire et d'environ 150 m de diamètre, au centre duquel s'Ă©lève une Ă®le escarpĂ©e de 30 m de haut.

Ce lac est alimentĂ© par trois ruisseaux qui descendent les pentes du parc, le premier Ă  l'ouest, le deuxième Ă  l'est et le dernier au sud. Ce dernier ruisseau, alimentĂ© par le bassin de la Villette, pĂ©nètre dans la grotte du parc sous la forme d'une cascade artificielle de 32 m de hauteur.

  • Cascade artificielle.
    Cascade artificielle.
  • Le lac des Buttes-Chaumont, surplombĂ© par l'Ă®le.
    Le lac des Buttes-Chaumont, surplombé par l'île.

Ouvrages d'art

La partie orientale du parc est traversée par la ligne de Petite Ceinture. La partie sud est en tunnel, mais la partie nord est en tranchée.

Le parc compte quatre ponts[b 1]. Une passerelle suspendue, due Ă  Gustave Eiffel (1867), dont la travĂ©e centrale atteint 65 m, enjambe le lac et permet de relier la rive Ă  l'Ă®le du BelvĂ©dère. L'Ă®le est Ă©galement reliĂ©e aux reste des buttes par un pont en maçonnerie de pierre de 12 m de portĂ©e et de 22 m de hauteur, composĂ© d'une seule arche en plein-cintre. Dès les annĂ©es 1900, il est fait mention du fort nombre de suicides commis depuis cet ouvrage, ce qui lui vaut le surnom de pont des SuicidĂ©s[b 25]. Un pont en bĂ©ton franchit la ligne de Petite Ceinture, près de la rue de CrimĂ©e, et auparavant, une passerelle mĂ©tallique, aujourd'hui dĂ©montĂ©e. Enfin, un pont situĂ© au niveau de la porte SĂ©cretan relie les buttes Puebla et Fessart. SurnommĂ© pont Eiffel, du nom de son concepteur, il s'agit d'un ouvrage Ă  treillis mĂ©tallique et voĂ»tains de briques, dont les culĂ©es sont en maçonnerie de moellons de pierres meulières.

  • Ouvrages d'art
  • Passerelle suspendue.
    Passerelle suspendue.
  • Platelage de la passerelle suspendue.
    Platelage de la passerelle suspendue.
  • Pont Eiffel.
    Pont Eiffel.

Aménagements architecturaux

Divers éléments d'architecture et bâtiments conçus par l'architecte Gabriel Davioud viennent s'insérer dans le paysage vallonné du parc. L'élément architectural central est le temple de la Sibylle, trônant au sommet du monticule de gypse de l'Île du Belvédère, que Davioud construisit également au bois de Vincennes, sur l'Île de Reuilly. Assis sur un massif rocheux artificiel en pierres à trou du Jura[b 37] et abritant un podium, le temple est une rotonde dont les huit colonnes appartenant à l'ordre composite supportent une coupole en pierre couronnée d'un fleuron néogothique en pomme de pin. Plusieurs frises à motifs de feuille d'acanthe et têtes de lion ornent en outre la structure[19]. Davioud en fit ainsi la seule construction du parc de style néoclassique[b 38], usant des codes usuels de l'architecture de l'Antiquité, tant grecque que romaine : plusieurs auteurs ont à cet égard souligné la ressemblance du temple de la Sibylle avec, d'une part, le temple de Vesta à Tivoli, et d'autre part, le monument de Lysicrate, à Athènes[b 37] - [b 25].

  • Le temple de la Sibylle, une rĂ©fĂ©rence Ă  l'architecture grĂ©co-romaine
  • Plans en noir et blanc d'un bâtiment en forme de rotonde inspirĂ© des temples grĂ©co-romains, avec une vue de cĂ´tĂ© et une vue de dessus.
    Plans du temple de la Sibylle.
  • Photographie en couleurs d'un temple de grĂ©co-romain entourĂ© d'arbres, situĂ© au niveau d'un belvĂ©dère, au sommet d'une falaise.
    Le temple de la Sibylle, sur l'Île du Belvédère.
  • Photographie en couleurs d'un chapiteau de colonne, ornĂ© de motifs floraux et de feuilles d'acanthe.
    Colonne d'ordre composite du temple.
  • Photographie en couleurs d'un temple romain en ruine, dont il ne reste que quelques colonnes.
    Le temple de Vesta, Ă  Tivoli.
  • Dessin en nuances de gris d'un monument Ă  colonne de style grec, datĂ© de l'AntiquitĂ©.
    Le monument de Lysicrate, à Athènes.

Chacune des six principales entrées du parc se trouva flanquée d'un pavillon de garde que Davioud dessina, en adoptant un genre rationaliste tranchant avec ses réalisations au bois de Boulogne, lesquelles appartenaient au style « parc de château ». Les pavillons se rattachent à l'architecture industrielle, caractérisée par l'usage de motifs en briques et d'un matériau nouveau alors, la céramique colorée[b 23]. En outre, l'architecte conçut trois « chalets-restaurants » en des points du parc offrant différentes perspectives aux promeneurs : le Pavillon du Chemin de Fer, situé sur la butte percée par le tunnel de la ligne de petite ceinture, actuellement exploité sous le nom de Rosa Bonheur par une société cinématographique[20] - [21] ; le Pavillon Puebla, sur le flanc de la butte Puebla ; enfin, le Pavillon du Lac, placé en haut d'une butte plongeant sur le lac du Belvédère. Le style retenu par Davioud tend à être en harmonie avec les paysages alpins que l'équipe d'Alphand avait pour ambition de recréer, empruntant principalement à l'imaginaire architectural des chalets suisses[b 38]. Les colonnades et arcades en briques polychromes soutenant une loggia témoignent pour leur part d'une influence des villas du nord de l'Italie, qui, si elle est plus diffuse, demeure perceptible, notamment s'agissant du Pavillon du Lac[b 17].

  • Influence de l'architecture suisse et italienne
  • Plans en noir et blanc extraits d'un livre, du bâtiment du Pavillon du Lac, de style italien et en briques
    Plans du Pavillon du Lac selon Davioud, dans Les Promenades de Paris.
  • Photographie en couleurs de la terrasse d'un cafĂ©-restaurant agrĂ©mentĂ©e de parasols vert pomme, par temps ensoleillĂ© au printemps
    La terrasse du restaurant du Pavillon du Lac, au printemps.
  • Photographie en couleurs d'un bâtiment Ă  colonnades et arcades en briques polychromes supportant une loggia et un jardin en bois vert.
    Colonnades, arcades et loggia traduisent l'influence de l'architecture du nord de l'Italie.
  • Photographie en couleurs d'un chalet d'inspiration suisse en bois, avec sa terrasse
    Le Rosa Bonheur, guinguette occupant un chalet inspiré de l'architecture suisse.

Deux théâtres de Guignol sont également présents : le théâtre guignol Anatole et le Guignol de Paris.

Le parc ne comporte que quelques statues :

  • Buste de Clovis Hugues ;
  • L'Égalitaire ;
  • Pan, Fanis Sakellariou.

En 1900, dans le parc étaient exposées les statues suivantes[22] :

Biodiversité

Flore

Le parc et ses arbres en 1871.

Ce parc contient des plantations très variĂ©es, c'est le parc public parisien le plus riche en essences forestières[23], dont notamment un sophora, dont les branches se penchent vers les eaux du lac, un platane d'Orient, plantĂ© en 1862 (6,35 m de circonfĂ©rence), un fĂ©vier d'AmĂ©rique, un noisetier de Byzance, deux ginkgos bilobas, un orme de SibĂ©rie, un cèdre du Liban plantĂ© en 1880…

Faune

Le parc est peuplé de nombreuses espèces d'oiseaux : corneille, moineau domestique, Pigeon ramier et pigeon des villes sont les plus connus. Parmi les autres espèces courantes : étourneau sansonnet, pie bavarde, merle noir, mésange charbonnière, mésange bleue, verdier d'Europe, pinson des arbres, rouge-gorge familier, sittelle torchepot, troglodyte mignon et accenteur mouchet. Au printemps les rejoignent fauvette à tête noire, martinet noir, gobemouche. Il n'est pas rare de voir ou d'entendre la mésange à longue queue, le grimpereau des jardins, le pic vert et épeichette, les roitelets, le pigeon colombin, la grive musicienne, le geai des chênes, l'hirondelle de fenêtre, le pouillot véloce, le faucon crécerelle, l'épervier d'Europe et la chouette hulotte.

Le lac abrite plusieurs espèces aquatiques : gallinule poule d'eau, canard colvert et de Rouen, canard de Barbarie, canard pilet, héron cendré, goéland argenté et mouettes rieuses (en hiver surtout), ainsi que des espèces exotiques : tadorne casarca, bernache du Canada, oie à tête barrée. On peut aussi y observer la bergeronnette des ruisseaux et, parfois, un martin-pêcheur d'Europe.

Du Second Empire au parc actuel

Inauguration et accueil du parc

Le parc est inauguré le [1], dans le cadre de l'Exposition universelle qui débute le même jour[b 1].

Première Guerre Mondiale

Le 30 janvier 1918, durant la première Guerre mondiale, le parc des Buttes-Chaumont est touché lors d'un raid effectué par des avions allemands[24].

Aménagements postérieurs

En 1906, une statue en bronze du révolutionnaire Jean-Paul Marat est transférée du jardin du musée Carnavalet dans ce parc, et y restera jusqu'à la Seconde Guerre mondiale où elle est fondue[25]. Grâce à un plâtre d'origine retrouvé, une nouvelle statue a été refaite en 2012 et trône depuis devant l'entrée du musée de la Révolution française à Vizille.

En 1918, un stade est construit au sud-ouest du parc, le stade Bergeyre. Il est démoli en 1926[26] afin de laisser place à un lotissement d'habitations, l'actuelle butte Bergeyre.

Entretien

Depuis quelques années, à l'instigation des élus écologistes (Verts) parisiens, la gestion du parc a été modifiée. C'est ainsi que certaines parties des pelouses ne sont plus tondues aussi régulièrement ni avec les mêmes matériels, mais fauchées afin de permettre à une flore plus diversifiée de s'installer. Les jardiniers ont acquis un petit tracteur de montagne qui leur permet de faire ces opérations sur les pentes fortes du parc.

Voir l'article Espaces verts Ă©cologiques.

Œuvres utilisant le décor du parc

Cinéma et télévision

Littérature et bande dessinée

Télévision

  • La sĂ©rie Les Brigades du Tigre, Ă©pisode « Le complot » de la saison 5, scène de l'assassinat du banquier
  • Le sketch des Inconnus « Les Bijoux de Cherbourg », parodie des « Parapluies de Cherbourg ».
  • La sĂ©rie Skam France se sert rĂ©gulièrement du parc comme dĂ©cor.
  • La sĂ©rie L'Art du crime, saison 2, enquĂŞte numĂ©ro 2.
  • La sĂ©rie La Vie devant nous utilise rĂ©gulièrement le parc comme dĂ©cor dans les premiers Ă©pisodes.

Lieux de mémoire

Faits divers

  • Le 13 fĂ©vrier 2023, des Ă©lagueurs intervenant aux Buttes Chaumont trouvent des sacs plastiques contenant les restes d’un corps de femme. D'autres restes sont retrouvĂ©s le lendemain près de la voie ferrĂ©e, lors d’une battue. La victime est identifiĂ©e le surlendemain : une femme de 46 ans, Assia Matoub, rĂ©sidant avec son mari et ses trois enfants Ă  Montreuil [31] - [32]. Le 24 fĂ©vrier 2023, son mari avoue le meurtre de sa femme. Le lieu

Galerie photos

  • Avril 2007.
    .
  • Hiver 2018.
    Hiver 2018.

Notes et références

Notes

  1. L'orthographe « Saint-Chaumond » existe également[3].
  2. La surface est 18 fois moindre pour les Buttes-Chaumont si l'on Ă´te du calcul la forĂŞt du bois de Boulognep. 37_52-0">[b 28].
  3. Le jardinier Édouard AndrĂ©, membre de l'Ă©quipe de conception du parc, mentionne pour sa part un volume de 800 000 m3 de terres dĂ©placĂ©es[b 36].

Références

  • Citations complètes :
  1. « En 1852, nous l'avons vu, la capitale française était devenue invivable. Paris était asphyxié. Paris manquait de verdure, Paris manquait d'eau »[b 14].
  2. « Réseau des réseaux, [le système des plantations] mobilise l'attention des meilleurs ingénieurs d'Haussmann »[b 8].
  3. « Pour donner une idée de l'importance des ouvrages exécutés, il suffit de rappeler que l'année 1864 suffit à peine à dégrossir les terrassements »[b 21].
  4. « Mais ne serait-il pas bon d'y joindre une annexe, utile, en temps de pluie, pour les enfants, pour les femmes et pour les promeneurs, c'est-à-dire au moins une rangée d'arcades, sinon comme à la place des Vosges, du moins comme à la rue de Rivoli ? »[17]
  5. « Un tel projet devait sourire à l'imagination titanique de M. le préfet de la Seine »[18].
  6. « Le promontoire, détaché de la masse, présente l'aspect d'un énorme rocher »[b 21].
  7. « Des travaux titanesques sont engagés pour créer ce paysage de rêve dans un lieu dévasté »[b 2].
  • Ouvrages de la bibliographie :
  1. de Moncan et Heurteux 2002, p. 131.
  2. Biot et Billot 2018, p. 66.
  3. de Moncan et Heurteux 2002, p. 130.
  4. Alphand 1867, p. 198.
  5. paragr. 20-12" class="mw-reference-text">Comentale 2019, paragr. 20.
  6. paragr. 21-13" class="mw-reference-text">Comentale 2019, paragr. 21.
  7. Comentale 2019, figure 3.
  8. Picon 2010, p. 36.
  9. LevĂŞque 2018, p. 157.
  10. pp. 201-202-21" class="mw-reference-text">Alphand 1867, pp. 201-202.
  11. paragr. 24-24" class="mw-reference-text">Comentale 2019, paragr. 24.
  12. paragr. 32-25" class="mw-reference-text">Comentale 2019, paragr. 32.
  13. pp. 28-29-26" class="mw-reference-text">LevĂŞque 2017, pp. 28-29.
  14. de Moncan et Heurteux 2002, p. 116.
  15. Picon 2010, p. 38.
  16. LevĂŞque 2017, p. 30.
  17. LevĂŞque 2018, p. 160.
  18. Biot et Billot 2018, p. 71.
  19. LevĂŞque 2018, p. 161.
  20. Hamon 2001, p. 5.
  21. Alphand 1867, p. 203.
  22. Hamon 2001, p. 6.
  23. Hamon 2001, p. 7.
  24. Hamon 2001, p. 8.
  25. Bournon 1900, p. 196.
  26. Picon 2010, p. 44.
  27. Alphand 1867, p. 204.
  28. p. 37-52" class="mw-reference-text">Picon 2010, note 5, p. 37.
  29. pp. 36-37-54" class="mw-reference-text">Picon 2010, pp. 36-37.
  30. Picon 2010, p. 39.
  31. Picon 2010, p. 43.
  32. paragr. 34-58" class="mw-reference-text">Comentale 2019, paragr. 34.
  33. pp. 131-132-60" class="mw-reference-text">de Moncan et Heurteux 2002, pp. 131-132.
  34. Biot et Billot 2018, p. 67.
  35. LevĂŞque 2017, p. 32.
  36. André 1867, p. 1213.
  37. Boué 1867, p. 13.
  38. Biot et Billot 2018, p. 68.
  • Autres sources :
  1. Quand le parc des Buttes-Chaumont avait pour but de «déconfiner» l’est de Paris
  2. Georges Eugène Haussmann, Mémoires du baron Haussmann : Grands travaux de Paris, t. III, Paris, Victor-Havard, , 589 p. (lire en ligne), p. 234.
  3. Jean Lebeuf et Hippolyte Cocheris (éditeur scientifique), Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, t. 3, Paris, Auguste Durand, Libraire, , 2e éd. (1re éd. 1754-1757), 662 p. (lire en ligne), p. 355.
  4. Amédée de Ponthieu, Légendes du vieux Paris, Paris, Librairie Bachelin-Deflorenne, , 444 p. (lire en ligne), p. 354.
  5. Abbé de Fontenai, Le voyageur françois, ou La connoissance de l'ancien et du nouveau monde., t. XLII, Paris, Moutard, , 367 p. (lire en ligne), p. 297-298.
  6. « Quartiers administratifs », sur opendata.paris.fr (consulté le ).
  7. Justine Briais, Le Cénozoïque du bassin de Paris : un enregistrement sédimentaire haute résolution des déformations lithosphériques en régime de faible subsidence, Rennes, Université de Rennes-I, , 450 p. (lire en ligne), p. 305-308.
  8. Bureau de recherches géologiques et minières, Carte géologique de Paris : notice explicative, Paris, 9 p. (lire en ligne), p. 3-4.
  9. Louis Fleury, Cours d'hygiène fait à la Faculté de médecine de Paris, t. 2, Paris, Labé, , 694 p. (lire en ligne), p. 223.
  10. Émile de La Bédollière, Le Nouveau Paris : Histoire de ses 20 arrondissements, Paris, Gustave Barba, vers 1860, 502 p. (lire en ligne), p. 298-299.
  11. Voir les archives numérisées de la ville de Paris de l'ancienne commune de Belleville avant son annexion en 1860, qui indique le nom « Butte Saint-Chaumont ».
  12. « Parc des Buttes-Chaumont », sur paris.fr (consulté le ).
  13. Vincent Sainte-Marie-Gauthier, « La naissance du parc public », dans Michel Audouy, Jean-Pierre Le Dantec, Yann Nussaume et Chiara Santini (dir.), Le Grand Pari(s) d'Alphand, Paris, Éditions de la Villette, (ISBN 978-2-37556-005-1), p. 40.
  14. Chiara Santini, « « De la science et de l'Art du paysage urbain » dans Les Promenades de Paris (1867-1873), traité de l’art des jardins publics », dans Carine Bermède (dir.), Jean-Charles-Adolphe Alphand et le rayonnement des parcs publics de l'école française du XIXe siècle, Paris, Direction générale des patrimoines, (présentation en ligne), p. 9.
  15. Vincent Sainte-Marie-Gauthier, « Le système de promenades : une particularité parisienne », dans Michel Audouy, Jean-Pierre Le Dantec, Yann Nussaume et Chiara Santini (dir.), Le Grand Pari(s) d'Alphand, Paris, Éditions de la Villette, (ISBN 978-2-37556-005-1), p. 42.
  16. César Daly, « Promenades et plantations. Parcs. Jardins publics. Squares et boulevards de Paris », Revue générale de l'architecture et des travaux publics, vol. XXI, no 5,‎ , p. 249 (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Tablettes contemporaines », Revue de Paris,‎ , p. 190-191 (ISSN 2494-2812, lire en ligne, consulté le ).
  18. Victor Fournel, Paris nouveau et Paris futur, Paris, Jacques Lecoffre, , 390 p. (lire en ligne), p. 81-84.
  19. L'Art des jardins sous le Second Empire. Jean-Pierre Barillet-Deschamps, 1824-1873, Luisa Limido, Éditions Champ Vallon, 2002, p. 130, (ISBN 978-2876733497). « Au point culminant de l'île s'élève un petit temple rond, formé de huit colonnes corinthiennes et d'un entablement supportant une coupole ornée de sculptures. Ce monument est la reproduction exacte du temple de Vesta, dit de la Sibylle, dont on peut voir les ruines à Tivoli. Le second Empire aime associer histoire et modernité : le temple romain apporte sa noblesse au jardin et la faculté de le reproduire aisément et à l'échelle désirée est une manifestation de plus du progrès. »
  20. Why Not Productions, les meneurs de jeu du cinéma français dans Télérama, no 3207, 2 juillet 2011.
  21. « Le Rosa Bonheur débordé par son succès », sur leparisien.fr, .
  22. Paris Exposition, 1900 : guide pratique du visiteur de Paris et de l'exposition, Paris, Hachette, (lire en ligne), p. 61.
  23. « Paris : le parc des Buttes-Chaumont, 150 ans et toujours vert », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  24. Exelsior du 8 janvier 1919 : Carte et liste officielles des bombes d'avions et de zeppelins lancées sur Paris et la banlieue et numérotées suivant leur ordre et leur date de chute.
  25. « Monument à Jean-Paul Marat – Paris (75019) (fondu) », e-monumen.net.
  26. Fédération française d'athlétisme, « L'Athlétisme : bulletin officiel de la Fédération française d'athlétisme (1921-1932) », Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
  27. Marine Landrot, « Après vous… », sur telerama.fr (consulté le ).
  28. « Journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité », sur mairie19.paris.fr
  29. « Conseil de Paris »
  30. « Conseil de Paris »
  31. « Corps retrouvé au parc des Buttes-Chaumont : la victime identifiée, les investigations se poursuivent », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. Julien Constant, « Corps retrouvé démembré aux Buttes-Chaumont : la victime a été identifiée », sur leparisien.fr, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Sources historiques

  • Adolphe Alphand, Les Promenades de Paris, Paris, J. Rothschild Éditeur, 1867-1873, 560 p. (lire en ligne), p. 198-204. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Édouard AndrĂ©, « Les jardins de Paris », dans Paris-Guide, par les principaux Ă©crivains et artistes de la France, vol. II : La vie, Paris, Lacroix, Verboeckhoven et Cie, (lire en ligne), p. 1204-1216. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Édouard AndrĂ©, L'Art des Jardins : TraitĂ© gĂ©nĂ©ral de la composition des parcs et jardins, Paris, Masson, , VIII-848 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Germaine BouĂ©, Les squares et jardins de Paris : Les Buttes-Chaumont, notice historique et descriptive, Paris, Hennuyer, , 16 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Fernand Bournon, Paris-Atlas, Paris, Éditions Larousse, , XVI-239 p. (lire en ligne), p. 195-196. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Pierre d'Espezel, « Sur les Buttes-Chaumont », Revue de Paris, vol. 46, no 14,‎ , p. 475-478 (lire en ligne, consultĂ© le ).

Sources récentes centrées

  • Delphine Biot et Emmanuelle Billot, « Les Buttes-Chaumont et les parcs haussmanniens de la capitale », dans Sylvie Depondt, BĂ©nĂ©dicte Leclerc et Éric Burdie (dir.), Les jardins parisiens d'Alphand, Vanves, Éditions du ChĂŞne, , 224 p. (ISBN 978-2-81231-764-4), p. 66-79. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • MaĂŻtĂ© Clavel, « Un ailleurs au sein de la ville. Le parc des Buttes-Chaumont », Ethnologie française, Presses universitaires de France, vol. 40, no 4 « Natures urbanisĂ©es »,‎ , p. 609-621 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Bruno Comentale, « Les anciennes carrières de pierre en ville, un Ă©lĂ©ment du gĂ©opatrimoine : exemples de Paris et de Nantes », Physio-GĂ©o, vol. 13,‎ , p. 1-24 (lire en ligne, consultĂ© le ). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Françoise Hamon, Historique du Parc des Buttes-Chaumont, Atelier GrĂĽnig-Tribel, , 22 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Isabelle LevĂŞque, « Les Buttes-Chaumont : un parc d'ingĂ©nieurs inspirĂ©s », dans Carine Bermède (dir.), Jean-Charles-Adolphe Alphand et le rayonnement des parcs publics de l'Ă©cole française du XIXe siècle, Paris, Direction gĂ©nĂ©rale des patrimoines, (prĂ©sentation en ligne), p. 27-35. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Isabelle LevĂŞque, « Les Buttes-Chaumont : un parc haussmannien Ă  l'Ă©preuve du temps », dans Michel Audouy, Jean-Pierre Le Dantec, Yann Nussaume et Chiara Santini (dir.), Le Grand Pari(s) d'Alphand, Paris, Éditions de la Villette, (ISBN 978-2-37556-005-1), p. 157-174. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • Antoine Picon, « Nature et ingĂ©nierie : le parc des Buttes-Chaumont », Romantisme, no 150 « La technique »,‎ , p. 35-49 (lire en ligne, consultĂ© le ). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

Sources récentes généralistes

  • Patrice de Moncan et Claude Heurteux, Le Paris d'Haussmann, Paris, Les Éditions du MĂ©cène, , 232 p. (ISBN 2-907970-56-9). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.

Articles connexes

Liens externes

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