Lexique du hongrois
Le lexique du hongrois est formĂ© pour 8 % de mots hĂ©ritĂ©s, pour 7 % dâemprunts, pour 80 % de mots formĂ©s sur le terrain du hongrois et pour 5 % de mots dâorigine inconnue.
La plupart des emprunts sont dâorigine slave (27 %), suivis dans lâordre de leur importance par ceux dâorigine latine (25 %), allemande (17 %) et turcique (16 %)[1], mais il y en aussi de langues iraniennes et romanes (italien, français, roumain), ainsi que de lâanglais. Les calques sont Ă©galement un moyen important dâenrichissement du lexique hongrois.
Les moyens internes dâenrichissement du lexique sont les plus importants. Parmi ceux-ci, les plus productifs sont la crĂ©ation spontanĂ©e de mots (interjections, mots onomatopĂ©iques, crĂ©ations expressives), la formation spontanĂ©e de mots par dĂ©rivation et par composition, ainsi que la crĂ©ation consciente de mots par dĂ©rivation et par composition. Par rapport au français, la composition spontanĂ©e et la crĂ©ation consciente de mots ont un poids beaucoup plus grand.
Fonds hérité
ConsidĂ©rĂ© comme hĂ©ritĂ© est tout mot dâorigine ouralienne, quâil remonte Ă lâĂ©poque du finno-ougrien commun (NĂ©olithique tardif) ou seulement Ă lâĂ©poque ougrienne (entre 1900 et 500 av. J.-C.), retenu depuis environ le milieu du Ier millĂ©naire av. J.-C. oĂč lâunion ougrienne sâest dissoute[2]. Le fonds hĂ©ritĂ©, sans compter les dĂ©rivĂ©s et composĂ©s, ne reprĂ©sente que 8 % du lexique du XXIe siĂšcle, mais il sâagit de mots frĂ©quents, polyvalents et qui, par dĂ©rivation, composition et dâautres procĂ©dĂ©s, sont trĂšs productifs. La plupart de ce fonds restreint fait partie du lexique de base : des verbes fondamentaux, substantifs de la nature (animaux, plantes, mĂ©tĂ©o), parties du corps, famille et affinitĂ©, ainsi que des adjectifs, pronoms et nombres :
- couche ouralienne : Ă©l « vivre », Ă©n « moi », fa « arbre », fej « tĂȘte », fogoly « perdrix », hajnal « aube », hal « poisson », halni « mourir », hĂĄlĂł « filet », Ăj « arc », Ăn « tendon », jĂ©g « glace », mĂĄj « foie », mĂ«n ~ mĂ«gy « aller », mĂ«ny « belle-sĆur », nĆ Â« femme », nyĂl « flĂšche », szĂ«m « Ćil », tĂł « lac », vĆ Â« gendre » ;
- couche finno-ougrienne, câest-Ă -dire Ă partir de la sĂ©paration du groupe samoyĂšde jusquâĂ la scission entre langues ougriennes et langues finno-permiennes : ad « donner », Ă©g « ciel », epe « fiel ; bile », Ă«szik « manger », fajd « tĂ©tras », fiĂș « garçon, fils », fog « dent », hĂ©j « peau dâun fruit », iszik « boire », kĂ©s « couteau », lĂ«sz « devenir », nyelv « langue », öccs « frĂšre cadet », öl « tuer », tĂ©l « hiver », Ășj « nouveau » ;
- couche ougrienne : ëb « chien », fƱ « herbe », jön « venir », ló « cheval », mély « profond », nyereg « selle ».
Moyens dâenrichissement du lexique
Emprunts lexicaux
Les mots empruntĂ©s reprĂ©sentent quelque 7 % du lexique du hongrois actuel. Pour la plupart ils sont dâorigine slave (27 %), suivis de ceux dâorigine latine (25 %), allemande (17 %) et turcique (16 %)[3].
Iranismes
Le hongrois a hĂ©ritĂ© bon nombre dâemprunts faits au proto-iranien Ă lâĂ©poque finno-ougrienne, dont agyar « dĂ©fense ou dague (dâanimal) », ĂĄr « valeur », ĂĄr « poinçon », ezer « mille », fejni « traire », hĂ©t « sept », kard « sabre », mĂ©z « miel », ostor « fouet », szarv « corne », szĂĄz « cent », tehĂ©n « vache », tej « lait », tĂz « dix ».
Par contre, Ă lâĂ©poque ougrienne, la position du groupe ougrien nâa pas favorisĂ© des contacts Ă©troits, mais plutĂŽt commerciaux, avec lâancien iranien, ce qui a laissĂ© en hongrois pas plus que six mots (par exemple arany « or » ou tĂĄl « assiette »).
Ă lâĂ©poque proto-hongroise tardive (200 av. J.-C.-700 apr. J.-C.), les contacts ont repris avec les langues iraniennes moyennes (sarmate, alain), ces derniĂšres ayant lĂ©guĂ© au hongrois 45 mots, par exemple asszony « femme mariĂ©e », gazdag « riche », hĂd « pont », kincs « trĂ©sor », nĂĄd « roseau ». Puis, au VIIe siĂšcle, le hongrois a empruntĂ© des mots persans tels vĂĄm « douane », vĂĄr « chĂąteau fort », vĂĄsĂĄr « foire ».
Turquismes
Les contacts des Hongrois avec des peuples turcs sont devenus Ă©troits au Ve siĂšcle. Ces peuples Ă©taient en partie sĂ©dentaires, sâoccupant aussi dâagriculture. Le nombre de mots turciques empruntĂ©s par les Hongrois avant leur Ă©tablissement dans le bassin des Carpates est de 300 environ. Ils font partie de domaines variĂ©s : parties du corps, Ă©levage, agriculture, logement, mĂ©tiers, habillement, sociĂ©tĂ©, vie spirituelle, phĂ©nomĂšnes naturels, faune, flore, adjectifs. Exemples : ĂĄcs « charpentier », alma « pomme », bĂĄrsony « velours », bĂ©r « paie », bika « taureau », boka « cheville », borz « blaireau » (lâanimal), bĂșza « blĂ© », gyĂĄsz « deuil », kapu « portail », kecske « chĂšvre », kender « chanvre », kos « bĂ©lier », sĂĄrga « jaune », szĂĄm « nombre », torma « raifort », etc.[4].
Des emprunts turciques ont continuĂ© Ă pĂ©nĂ©trer dans la langue hongroise aprĂšs lâĂ©tablissement des Hongrois dans le bassin des Carpates, par la venue dans lâĂtat hongrois de PetchĂ©nĂšgues et de Coumans. Des mots de leurs langues sont, par exemple, balta « hache » et kalauz « guide ».
Au XVIe siĂšcle commencent les contacts avec les Turcs ottomans, qui culminent avec la domination de lâEmpire ottoman sur la Hongrie (XVIe-XVIIe siĂšcles). Il existe encore en hongrois quelque 30 mots dâorigine turque, dont bogrĂĄcs « chaudron », dĂvĂĄny « divan », kĂĄvĂ© « cafĂ© », kefe « brosse », pamut « coton », papucs « pantoufle », zseb « poche »[4].
Slavismes
Les Hongrois ont rencontrĂ© des Slaves dĂšs la pĂ©riode de leur migration, quand ils se trouvaient au nord de la Mer Noire. Câest Ă cette Ă©poque-lĂ que sont entrĂ©s en hongrois des mots russes anciens tels tanya « hameau » et zĂĄtony « banc de sable ».
La plupart des mots slaves ont Ă©tĂ© empruntĂ©s au cours des deux siĂšcles suivant lâĂ©tablissement, aux Slaves rencontrĂ©s sur le territoire et Ă ceux du voisinage. Ces mots reflĂštent des changements profonds dans la vie matĂ©rielle et spirituelle, causĂ©s par la sĂ©dentarisation, Ă©tant spĂ©cifiques Ă de nombreux domaines : vie sociale et Ă©tatique, religion chrĂ©tienne[5], agriculture, Ă©levage, mĂ©tiers, habitation, alimentation, flore, faune, noms de peuples, adjectifs. Exemples : kirĂĄly « roi », kereszt « croix », barĂĄzda « sillon », donga « douve de tonneau », ablak « fenĂȘtre », gomba « champignon », galamb « colombe, pigeon », görög « grec/grecque »[6], bolond « fou/folle ».
Des mots slaves ont continuĂ© dâĂȘtre empruntĂ©s par le hongrois jusquâaux annĂ©es 1950 du XXe siĂšcle : palota « palais » (du bulgare), csĂ©sze « tasse » (du tchĂšque), galuska « gnocchi » (du polonais), kamat « intĂ©rĂȘt » (rĂ©munĂ©ration dâun prĂȘt) (du serbo-croate), lekvĂĄr « marmelade » (du slovaque), zabla « mors » (du slovĂšne), harisnya « bas » (vĂȘtement) (de lâukrainien). Dans la pĂ©riode communiste il est entrĂ© dans la langue quelques mots russes : kulĂĄk « koulak », pufajka « veste matelassĂ©e », diszpĂ©cser (provenant Ă son tour de lâanglais « dispatcher ») « rĂ©partiteur ».
En hongrois commun dâaujourdâhui, il y a plus de 500 mots dâorigine slave.
Alémanismes
Lâinfluence de lâallemand sur le hongrois commença dĂšs la fondation de lâĂtat par le roi Ătienne Ier de Hongrie, Ă la suite de liaisons dynastiques avec diverses maisons allemandes. La pĂ©nĂ©tration de mots allemands continua par lâĂ©tablissement, Ă partir du XIIe siĂšcle, de nombreux artisans allemands qui fondĂšrent les villes du pays. LâapogĂ©e de lâinfluence allemande fut atteint avec la domination de lâEmpire d'Autriche sur la Hongrie, la Transylvanie et le Banat, influence due principalement aux nombreux germanophones colonisĂ©s au XVIIIe siĂšcle. Lâinfluence allemande Ă©tait devenue si importante, quâun mouvement hongrois appelĂ© de « renouvellement de la langue » (fin du XVIIIe-premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle) eut, parmi dâautres objectifs, lâĂ©limination des emprunts Ă lâallemand.
Les mots dâorigine allemande appartiennent Ă des domaines trĂšs variĂ©s : la vie de cour, la vie militaire, les mĂ©tiers, la vie urbaine, la vie sociale, lâhabillement, la cuisine, lâagriculture, adjectifs. Exemples : herceg « prince », cĂ©l « cible », pĂ©k « boulanger », polgĂĄr « bourgeois, citoyen », farsang « carnaval », zokni « chaussette, socquette », sonka « jambon », karfiol « chou-fleur », barna « brun(e) ».
Le lexique du hongrois commun actuel contient environ 400 mots dâorigine allemande.
Latinismes
Ă la diffĂ©rence des influences prĂ©sentĂ©es ci-dessus, celle du latin ne sâest pas exercĂ©e par un contact populaire direct, mais par le biais de lâĂ©glise et de la culture Ă©crite, Ă partir de la christianisation des Hongrois dans le rite romain, et cette influence continue jusquâau XXIe siĂšcle par la voie de la culture. Dans la premiĂšre pĂ©riode il sâagit du latin mĂ©diĂ©val dans sa variante pratiquĂ©e par des missionnaires allemands et de lâItalie du nord.
Dans les mots empruntĂ©s au latin dans la premiĂšre pĂ©riode, on peut remarquer des changements phonĂ©tiques propres au hongrois, par exemple [s] intervocalique > [Ê] (basalicum > bazsalikom « basilic », musica > muzsika « musique »), [s] dans une autre position > [Ê] (aprilis > ĂĄprilis « avril », sacristia > sekrestye « sacristie »), [g] + [e] ou [i] > [ÉÍĄÊ] (angelus > angyal « ange », gingiber > gyömbĂ©r « gingembre »).
Dans les emprunts du XVIe siĂšcle et ultĂ©rieurs, on sent la prononciation dite classicisante du latin, initiĂ©e par Ărasme de Rotterdam, câest-Ă -dire au lieu de [Ê], [Ê] et [ÉÍĄÊ], on entend respectivement [z], [s] et [g], par exemple dans rezeda, szeminĂĄrium, evangĂ©lium. Ă cĂŽtĂ© dâemprunts antĂ©rieurs, il apparaĂźt leurs variantes Ă la prononciation changĂ©e. Câest le cas de evangĂ©lium Ă cĂŽtĂ© de evangyĂ©lium ou stĂĄtusz Ă cĂŽtĂ© de stĂĄtus.
Les mots dâorigine latine appartiennent aux domaines suivants :
- terminologie ecclĂ©siastique catholique : mise « messe », ostya « hostie », etc. (de la premiĂšre pĂ©riode de lâinfluence latine) ;
- terminologie protestante : eklézsia « église », konfirmål « confirmer », etc. (du XVIe) ;
- école : ceruza « crayon », iskola « école » ;
- faune et flore : pårduc « léopard », akåc « acacia » ;
- justice : paktum, testamentum ;
- mĂ©decine : kĂșra « cure », patika « pharmacie » ;
- les noms des mois : januĂĄr, februĂĄr, etc. ;
- bùtiment : kamra « débarras, resserre », tégla « brique » ;
- sciences humaines et sociales, politique : kommentĂĄr, kongresszus.
Dans la langue commune actuelle il y a plus de 200 mots dâorigine latine, mais leur nombre est beaucoup plus grand dans les terminologies des diverses sciences.
Italianismes
Des mots italiens ont commencĂ© Ă ĂȘtre empruntĂ©s dĂšs lâĂ©poque de la christianisation des Hongrois, par lâintermĂ©diaire de prĂȘtres dâItalie du nord. Le processus a continuĂ© Ă la suite de liaisons commerciales, surtout avec Venise, y compris par lâĂ©tablissement de citadins italiens en Hongrie. Lâinfluence italienne sâest accrue sous la dynastie des Anjou, puis sous Mathias Corvin, quand la culture de la Renaissance venue dâItalie sâest rĂ©pandue en Hongrie, de nombreux jeunes hommes hongrois Ă©tudiaient dans des universitĂ©s italiennes et les contacts ecclĂ©siastiques Ă©taient constants. Aux XVIe-XVIIe siĂšcles, les contacts se sont poursuivis par la prĂ©sence dâarmĂ©es italiennes qui combattaient les Turcs. Au XIXe siĂšcle, beaucoup de Hongrois ont fait leur service militaire dans lâarmĂ©e autrichienne stationnĂ©e au nord de lâItalie, et des ouvriers italiens sont allĂ©s en Hongrie.
Les mots italiens proviennent surtout des dialectes du nord, ce qui se reflĂšte dans la forme avec laquelle ils ont Ă©tĂ© pris, par exemple le traitement de [s] comme [Ê] (castello > kastĂ©ly « chĂąteau »), le traitement de [z] intervocalique comme [Ê] (riso > rizs « riz ») et la chute de [o] et de [e] finales de mot : spagnuolo > spanyol « Espagnol », doge > dĂșs « dense » (se rĂ©fĂ©rant aux cheveux).
Bien quâil ne subsiste plus que 50 mots environ dans la langue commune, ils appartiennent Ă des domaines variĂ©s : vie militaire (lĂĄndzsa « lance »), vie de cour et citadine (freskĂł « fresque », karnevĂĄl « carnaval »), commerce (piac « marchĂ© ») plantes et fruits mĂ©diterranĂ©ens (rizs « riz », fĂŒge « figue »), animaux (szamĂĄr « Ăąne »), alimentation [torta « (grand) gĂąteau »].
Certains mots sont italiens Ă lâorigine, mais entrĂ©s en hongrois par lâintermĂ©diaire de lâallemand : banda « bande (de malfaiteurs) », szalĂĄmi « saucisson ».
Francismes
Les contacts franco-hongrois ont connu deux pĂ©riodes principales : aux XIe-XIIe et aux XVIIIe-XIXe siĂšcles, mais ont eu un caractĂšre populaire rĂ©duit. Dans la premiĂšre pĂ©riode ils Ă©taient dus aux courtisans accompagnant les rois dâAnjou, aux ordres religieux de France Ă©tablis en Hongrie aussi, ainsi quâĂ des citadins, surtout wallons. Les mots qui subsistent de cette pĂ©riode sont fort peu nombreux. Un exemple en est tĂĄrgy, de lâancien français « targe », pris avec le sens « bouclier », utilisĂ© plus tard avec le sens « cible » aussi, ayant aujourdâhui le sens « objet ». Dans la seconde pĂ©riode, on a empruntĂ© directement des mots comme bizsu « bijou » ou rĂșzs « rouge Ă lĂšvres », mais il y en a davantage qui sont entrĂ©s par lâintermĂ©diaire de lâallemand : blĂșz « blouse », butik « boutique », naiv « naĂŻf/naĂŻve », etc.
Roumanismes
Les mots dâorigine roumaine sont entrĂ©s en hongrois Ă la suite du contact populaire dĂ» au voisinage. Leur nombre est controversĂ©[7]. De toute façon, leur grande majoritĂ© se trouve seulement dans les dialectes hongrois de Roumanie. Dans la langue commune de Hongrie il nây en a quâune dizaine, dont : ĂĄfonya « myrtille », furulya « flĂ»te », pakura « mazout », palacsinta « crĂȘpe », tokĂĄny « ragoĂ»t ».
Anglicismes
Les premiers mots anglais entrent en hongrois au dĂ©but du XIXe siĂšcle, quand lâAngleterre est prise pour modĂšle par les aristocrates rĂ©formistes de lâĂ©poque. Vers le milieu du siĂšcle il paraĂźt aussi des articles de presse sur lâAmĂ©rique du Nord et au XXe siĂšcle des mots sont importĂ©s par des Ă©migrants qui y Ă©taient partis et en Ă©taient retournĂ©s. Cependant, les emprunts Ă lâanglais se font plutĂŽt par des Ă©crits politiques, scientifiques et techniques. De la fin du XIXe aux annĂ©es 1930, on emprunte beaucoup de mots du domaine des sports (futball « football », korner « corner », meccs « match », etc.) qui seront remplacĂ©s plus tard par des mots crĂ©Ă©s en hongrois, du moins dans la langue standard. Dâautres emprunts relativement anciens et qui ont subsistĂ© sont hobbi « passe-temps », lift « ascenseur », etc. Depuis les annĂ©es 1990, lâinfluence culturelle amĂ©ricaine se manifeste entre autres par lâentrĂ©e dans la langue commune de mots de lâĂ©conomie et de lâinformatique : brĂłker « courtier », dĂler « concessionnaire ; dealer », hardver « matĂ©riel informatique », szoftver « logiciel », etc.
La catĂ©gorie de mots anglais illustrĂ©e par les exemples ci-dessus, entrĂ©s directement en hongrois, est en fait moins importante que celle des mots empruntĂ©s par lâintermĂ©diaire de lâallemand, par exemple : buldog « bouledogue », dzsem « confiture », komfort « confort », vĂkend « week-end », etc.
Mots internationaux
Ă partir de la seconde moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle, des transformations profondes ont lieu en Europe, dans la culture, les techniques et les sciences, ce qui mĂšne Ă lâapparition de notions et dâobjets nouveaux. Par leur diffusion, leurs appellations aussi se rĂ©pandent en beaucoup de langues, conservant plus ou moins leur forme dâorigine et devenant ainsi internationaux. Ce processus sâaccĂ©lĂšre de plus en plus par le dĂ©veloppement des transports, des tĂ©lĂ©communications, de la presse Ă©crite, de la radiodiffusion, de la tĂ©lĂ©vision et de lâinternet. Câest lâanglais, le français et lâallemand qui ont le plus contribuĂ© Ă la diffusion de ces mots. Plusieurs milliers en sont passĂ©s des terminologies de spĂ©cialitĂ© dans la langue commune.
Le plus souvent, on ne sait pas exactement de quelle langue les mots internationaux sont entrĂ©s directement en hongrois, mais seulement quelle est leur langue dâorigine. Par ordre dĂ©croissant de la quantitĂ© de mots fournis, ces langues sont :
- le grec : automata, demokrĂĄcia, energia, klinika, telefon, etc. ;
- le latin : akvĂĄrium, intelligens, kĂĄbel, kompĂłt, motor, etc. ;
- le français : bĂŒfĂ©, garĂĄzs, kabin, kamion, vitrin, etc. ;
- lâanglais : csekk, detektĂv, diszkĂł, gĂłl, lĂ©zer ;
- lâitalien : akvarell, bravĂșr, karikatĂșra, kaszinĂł, etc. ;
- lâarabe : algebra, alkohol, azĂșr, etc. ;
- le russe : mamut, steppe (avec la variante sztyepp) ;
- lâespagnol : barakk, merinĂł, platina ;
- le hindi : dzsungel « jungle » ;
- le persan : kaviĂĄr.
Calques lexicaux
Une partie des calques lexicaux sont des crĂ©ations populaires spontanĂ©es apparues dans des conditions de bilinguisme[8]. Les autres sont des crĂ©ations conscientes de linguistes et dâĂ©crivains. Beaucoup de tels calques sont apparus Ă lâĂ©poque du « renouvellement de la langue », afin de remplacer le plus possible dâemprunts dâorigine latine et allemande. La plupart des calques ont pour base des mots des langues dont provient la majoritĂ© des emprunts. Les calques dâaprĂšs des mots slaves sont les plus anciens, ceux dâaprĂšs des mots latins sont pour la plupart crĂ©Ă©s aprĂšs le XVIIIe siĂšcle et les calques les plus nombreux ont pour base des mots allemands.
Calques structuraux
Ces calques consistent en la traduction totale ou partielle de mots composĂ©s ou dĂ©rivĂ©s de la langue dâorigine. Il y a trois catĂ©gories principales de tels calques :
- Les calques totaux partent de mots Ă©trangers composĂ©s ou dĂ©rivĂ©s avec des prĂ©fixes, dont les Ă©lĂ©ments sont rendus par des mots dĂ©jĂ existants en hongrois : virĂĄgvasĂĄrnap « dimanche des Rameaux » litt. « dimanche des fleurs » (cf. serbo-croate Cvetna nedelja) ; madĂĄrtej « Ćufs Ă la neige » litt. « lait dâoiseau » (cf. latin lacta gallinaceum), mĂĄssalhangzĂł « consonne » (litt. « sonnant avec un autre ») (cf. lat. consonans), anyanyelv « langue maternelle » (cf. allemand Muttersprache), befolyĂĄs « influence » litt. « coulage vers lâintĂ©rieur » (cf. all. EinfluĂ).
- Les calques partiels conservent un Ă©lĂ©ment de la langue dâorigine : agrĂĄrkĂ©rdĂ©s « question agraire » (cf. all. Agrarfrage), tonhal « thon » litt. « poisson thon » (cf. all. Thunfisch).
- Les calques simples ont pour modĂšles des mots dĂ©rivĂ©s avec des suffixes, qui donnent des mots ayant une structure semblable : anyag « matiĂšre » (â anya « mĂšre » + -g), cf. lat. materia (â mater + -ia) ; pincĂ©r « serveur », cf. all. Kellner.
Calques sémantiques
Le calque sĂ©mantique est un procĂ©dĂ© par lequel un mot existant dans la langue se voit attribuer un sens nouveau sous lâinfluence du sens du mot Ă©tranger correspondant. Ainsi, par exemple, le mot vilĂĄg qui avait le sens « lumiĂšre » a reçu aussi le sens « monde », sous lâinfluence du mot slave svÄtŃ Â« lumiĂšre ; univers ». Dans la langue actuelle, le mot vilĂĄg ne signifie plus que « monde », pour le sens « lumiĂšre » sâĂ©tant formĂ© un dĂ©rivĂ© de ce mot, vilĂĄgossĂĄg. Dâautres calques sĂ©mantiques : akna « 1. galerie de mine ; 2. mine (arme explosive) » (le deuxiĂšme sens cf. all. Mine) ; alak (sens initial « 1. poupĂ©e ; 2. masque », sens actuel « forme », cf. all. Gestalt).
La création spontanée de mots
Les mots crĂ©Ă©s spontanĂ©ment ne sont pas fondĂ©s sur des Ă©lĂ©ments hĂ©ritĂ©s ou empruntĂ©s, mais sont lâexpression de sentiments par des manifestations sonores spontanĂ©es, lâimitation de bruits ou la suggestion par certains complexes sonores de contenus affectifs supplĂ©mentaires, Ă cĂŽtĂ© de contenus notionnels. Dans la langue commune il y a quelques centaines de tels mots[9].
Interjections
Ce sont Ă lâorigine des manifestations sonores non-articulĂ©es exprimant la joie, la douleur, la colĂšre, lâĂ©tonnement, la dĂ©ception, etc., qui ont acquis au cours du temps une forme sonore articulĂ©e. Ă cause de leur origine, certains de ces mots se ressemblent dans diverses langues sans quâil sâagisse dâemprunts. Des exemples de telles interjections sont ĂĄ, hĂ©, Ăł, pszt, etc., dans le cas desquelles il y a de encore un rapport Ă©troit entre le sens (la fonction) et la forme sonore. Pour dâautres interjections, ce rapport ne peut plus ĂȘtre Ă©tabli, par exemple pour ejnye (employĂ© de façon rĂ©pĂ©tĂ©e, pour exprimer un reproche) ou pour nosza « allez ».
Certaines interjections ont donnĂ© dâautres mots par dĂ©rivation, surtout des verbes : jaj « aĂŻe » â jajgat « crier de douleur », Ăł â Ăłhajt « dĂ©sirer ».
Mots onomatopéiques
Ces mots ont pour radical lâimitation de bruits par des complexes sonores articulĂ©s, sans que ce soit toujours des onomatopĂ©es utilisĂ©es dâune façon autonome. La plupart sont des verbes dĂ©rivĂ©s de tels complexes sonores. Pour la majoritĂ©, le rapport entre la forme sonore et le bruit imitĂ© est Ă©vident [pukkan « Ă©clater », sziszeg « siffler » (serpent)], pour dâautres ce rapport sâest estompĂ© : hasad « se fendre », tapos « fouler aux pieds) ». Dâautres verbes onomatopĂ©iques :
- dĂ©rivĂ©s de cris dâanimaux : bĆg « mugir ; rugir », gĂĄgog « cacarder », nyĂĄvog « miauler », etc. ;
- dĂ©rivĂ©s de manifestations sonores humaines : dadog « bĂ©gayer », dĂșdol « fredonner », sĂșg « chuchoter », etc. ;
- dĂ©rivĂ©s de manifestations sonores animales et humaines : csĂĄmcsog « faire claquer la langue en mangeant », fĂŒtyĂŒl « siffler », horkol « ronfler », kortyol « boire Ă gorgĂ©es » ;
- dĂ©rivĂ©s dâautres bruits : dörög « tonner », duruzsol « chanter » (lâeau quand elle bout), sĂŒvĂt « siffler » (le vent), zörög « produire un bruit de ferraille ».
Les noms onomatopĂ©iques sont beaucoup moins nombreux que les verbes. Certains se sont formĂ©s par dĂ©rivation rĂ©gressive Ă partir de verbes : (korty « gorgĂ©e » â kortyol), dâautres par crĂ©ation consciente Ă partir de verbes (zörej « bruit de ferraille » â zörög). Certains noms dâanimaux se sont formĂ©s par lâimitation de leurs cris : kakukk « coucou », pacsirta « alouette », rigĂł « merle ».
Une catĂ©gorie Ă part est constituĂ©e par les mots utilisĂ©s pour faire venir, mener ou faire partir certains animaux : cic (pour faire venir le chat), csi (pour faire venir les poulets), hess (pour faire partir les oiseaux), sicc (pour faire partir le chat). Certains noms dâanimaux son dĂ©rivĂ©s de tels mots : cica « chat » (langage des enfants), csirke « poussin, poulet », hĂ©ja « autour » (dâun mot pour faire partir lâoiseau).
Créations expressives
Ce sont des mots qui ajoutent, par leur forme sonore, des contenus affectifs aux contenus notionnels quâils portent. De tels mots Ă©largissent beaucoup en hongrois lâaire des nuances de sens. Câest surtout le cas de verbes qui rendent des mouvements et des Ă©tats, avec des nuances qui expriment la lenteur, lâhĂ©sitation, le ridicule, etc. Exemples pour :
- « aller » : baktat « trotter à pas lents », bandukol « aller tout doucement », biceg « clopiner », kecmereg « traßnasser »: totyog « trottiner » (enfant commençant à marcher), etc. ;
- « ĂȘtre assis » : csĂŒcsĂŒl « faire sisite » (langage enfantin), kuksol « ĂȘtre assis Ă croupetons », kuporog « ĂȘtre assis Ă croupetons ; se tenir perchĂ© sur une branche » ;
- des mouvements de la bouche : motyog « balbutier », tåt « ouvrir largement la bouche », vicsorog « grincer des dents ; montrer ses crocs » ;
- des mouvements des yeux : pillant « jeter un coup dâĆil », pislog « ciller » ;
- des vibrations : bizsereg « picoter », didereg « grelotter (de froid) », hemzseg « grouiller ».
Il y a aussi des adjectifs créations expressives dépréciatives : bamba « balourd(e) », nyiszlett « gringalet », pipogya « chiffe molle », sunyi « chafouin(e) ».
Sont également des créations expressives les mots du langage des petits enfants et de celui utilisé par les adultes avec ces enfants, dont certains sont passés dans la langue commune : båb « marionnette », baba « bébé ; poupée », pép « boullie », etc.
La formation de mots
Ce procĂ©dĂ© interne dâenrichissement du lexique consiste Ă combiner des Ă©lĂ©ments dĂ©jĂ existants dans la langue pour obtenir des mots nouveaux. Ces Ă©lĂ©ments peuvent ĂȘtre hĂ©ritĂ©s, empruntĂ©s, calquĂ©s ou crĂ©Ă©s[10].
La dérivation
Ce procédé est trÚs développé en hongrois. Dans cette langue, il se fait par suffixation.
Dâun cĂŽtĂ©, un radical peut recevoir des suffixes lexicaux diffĂ©rents. Par exemple, Ă partir de la radical szem « 1. Ćil ; 2. grain » il y a les dĂ©rivĂ©s szemcse « granule », szemecske « 1. petit Ćil ; 2. granule », szemelget « grappiller », szemereg « il bruine », szemerkĂ©l « il bruine », szemes « en grains », szemez « 1. Ă©cosser ; 2. (fam.) faire de lâĆil Ă quelquâun », szemlĂ©l « examiner du regard », szemölcs « verrue », etc. Dâun autre cĂŽtĂ©, un mot dĂ©jĂ dĂ©rivĂ© peut recevoir dâautres suffixes lexicaux, par exemple szemölcs + -s â szemölcsös « verruqueux(euse) ». Exemple de dĂ©rivation plus complexe : ad « donner » + -at â adat « donnĂ©e, information » + -ol â adatol « documenter » + -hat â adatolhat « pouvoir documenter » + -atlan â adatolhatatlan « impossible Ă documenter » + -sĂĄg â adatolhatatlansĂĄg « impossibilitĂ© Ă documenter ».
Certains suffixes forment des mots dâune nature diffĂ©rente de celle du mot de base, dâautres â des mots de mĂȘme nature. Les suffixes lexicaux sont trĂšs nombreux, mais pas tous sont productifs. Sont productifs les suivants[11] :
Suffixes formateurs de noms
Suffixe | Nature du mot de base | CaractÚre du mot dérivé | Exemples |
---|---|---|---|
-såg/-ség[12] | adjectif | nom abstrait | szépség « beauté » |
nom | baråtsåg « amitié » | ||
-itås[13] | adjectif emprunté | nom abstrait | modernitås « modernité » |
-ka/-ke[14] | nom | diminutif | leånyka « fillette », egérke « petite souris » |
-cska/-cske[15] | nom | diminutif | fiĂșcska « garçonnet », könyvecske « petit livre » |
-i | prĂ©nom de personne | diminutif | Feri (â Ferenc « François »), Erzsi (â ErzsĂ©bet « Ălisabeth »)[16] |
-s | nom | nom dâoccupation | ĂłrĂĄs[17] « horloger » |
nom de chiffre/nombre | szåzas[18] « cent » | ||
-ĂĄs/-Ă©s | verbe | nom de procĂšs complexe | a lĂĄny megoperĂĄlĂĄsa[19] « lâintervention chirurgicale effectuĂ©e sur la fille »[20] |
nom de procÚs simple | olvasås « lecture » | ||
nom de résultat | bemélyedés « (r)enfoncement » | ||
-Ăł/-Ć | verbe | nom dâagent | a levĂ©l ĂrĂłja « celui/celle qui (a) Ă©crit la lettre » |
nom dâoccupation[21] | A levĂ©l ĂrĂłja nem volt ĂrĂł. « Celui/Celle qui a Ă©crit la lettre nâĂ©tait pas Ă©crivain. » | ||
nom dâinstrument | evezĆ[22] « aviron » |
Suffixes formateurs dâadjectifs
Suffixe | Nature du mot de base | Sens du mot dérivé | Exemples | |
---|---|---|---|---|
-atlan/-etlen | verbe transitif direct | adjectif privatif | megĂratlan « non-Ă©crit(e) », neveletlen « mal Ă©levĂ©(e) » | |
-tlan/-tlen, -talan/-telen | nom | terminĂ© en voyelle | adjectif privatif | sĂłtlan « pas salĂ©(e) », nĆtlen « cĂ©libataire » (litt. « sans femme ») |
terminĂ© en consonne | lombtalan « sans feuillage », vĂztelen « sans eau » | |||
-i | nom | dâoccupation | adjectif de relation[23] | tanĂĄri « enseignant(e), professoral(e) » |
de fonction | elnöki « présidentiel(le) » | |||
dâĂ©tablissement, dâinstitution | egyetemi « universitaire » | |||
toponyme | balatoni « du lac Balaton » | |||
abstrait | pihenési « de repos » | |||
de domaine dâactivitĂ© | teolĂłgiai « tĂ©ologique » | |||
de pĂ©riode de temps | nyĂĄri « dâĂ©tĂ© » | |||
de personnalitĂ© | bartĂłki « bartĂłkien(ne) », JĂłzsef Attila-i « dâAttila JĂłzsef, caractĂ©ristique pour A. JĂłzsef » | |||
-beli | nom | de pays, de continent, de ville | adjectif dâappartenance | nĂ©metorszĂĄgbeli « qui se trouve en Allemagne », afrikabeli « qui se trouve en Afrique », varsĂłbeli « qui se trouve dans la ville de Varsovie » |
dâĂ©tablissement, dâinstitution | parlamentbeli « qui se trouve dans le parlement » | |||
de domaine dâactivitĂ© | Ă©pĂtĂ©szetbeli « du domaine de lâarchitecture » | |||
collectif | csoportbeli « Ă lâintĂ©rieur du groupe » | |||
-s | nom | dâobjet, dâinstrument, dâanimal, de plante | qui dĂ©tient ou est muni de ce que le mot de base dĂ©nomme | sapkĂĄs « Ă casquette » ; dobos « avec un tambour » ; kutyĂĄs « avec un chien », bokros « buissonneux » |
de type dâinstitution, dâorganisation, de groupe | qui appartient Ă ou active dans ce que dĂ©nomme le mot de base | fĆiskolĂĄs « Ă©lĂšve dâĂ©cole supĂ©rieure », fideszes « membre du parti Fidesz » | ||
de période de temps | en relation avec la période dénommée par le mot de base | éves « annuel(le) » | ||
emprunté terminé en -(åc)ió | en relation avec la notion dénommée par le mot de base | privatizåciós « concernant la privatisation » | ||
adjectif | de couleur | à caractéristiques qui ressemblent à celles exprimées par le mot de base | kékes « bleuùtre » | |
ethnonyme | svédes « qui ressemble à quelque chose de suédois / à un(e) Suédois(e) » | |||
dĂ©rivĂ© dâun toponyme, avec le suffixe -i | pĂĄrizsias « qui ressemble Ă quelque chose de parisien / Ă un(e) Parisien(ne) » | |||
-jĂș/-jƱ | nom dĂ©terminĂ© par un adjectif qualificatif ou numĂ©ral | terminĂ© en voyelle | qui dĂ©tient quelque chose | nagy erejƱ « dâune grande force » |
-Ăș/-Ʊ | terminĂ© en consonne | nagy orrĂș « au gros nez » | ||
-nyi | nom concret | caractĂ©risĂ© par une certaine quantitĂ© ou dimension | egy pohĂĄrnyi « un verre » (tant quâil contient), egy mĂ©ternyi « dâun mĂštre » |
Suffixes formateurs de verbes
Suffixe | Nature du mot de base | Sens du mot dérivé | Exemples | |
---|---|---|---|---|
-z(ik) | nom | sâoccuper Ă quelque chose | programoz « programmer » (dans lâinformatique), diszkĂłz(ik) « aller Ă la discothĂšque » (itĂ©ratif) | |
-l[24] | nom | sâoccuper Ă quelque chose | bokszol « faire de la boxe » | |
verbe étranger | printel « imprimer » (avec une imprimante) | |||
-ĂĄl | verbe Ă©tranger | sâoccuper Ă quelque chose | formattĂĄl « formater » | |
-kodik/-kedik/-ködik, -skodik/-skedik/-sködik[25] | nom | dâoccupation, de fonction | se comporter en accord avec ce que le mot de base dĂ©nomme | kertĂ©szkedik « jardiner », diĂĄkoskodik « ĂȘtre Ă©tudiant », mĂ©rnökösködik « travailler en tant quâingĂ©nieur » |
adjectif caractĂ©risant un trait humain | dĂ©rivĂ© avec le suffixe -s | se comporter en accord avec le trait exprimĂ© par le mot de base | aggĂĄlyoskodik « sâinquiĂ©ter » | |
dérivé avec un suffixe privatif | hƱtlenkedik « se comporter de façon infidÚle » | |||
-gat/-get | verbe dâaction | aspect sĂ©cant | action de valeur rĂ©duite | olvasgat « lire » (de temps en temps et/ou superficiellement) |
aspect non-sécant | action itérative | vereget « battre » | ||
-g | radical onomatopéique | action sécante | dörög « tonner » | |
-n | radical onomatopéique | action non-sécante | dörren « détoner » | |
-odik/-edik/-ödik | adjectif | commencer Ă devenir conforme Ă la qualitĂ© exprimĂ©e par le mot de base | magasodik « se hausser », sötĂ©tedik « sâassombrir » | |
-Ăt | adjectif | faire avoir la qualitĂ© exprimĂ©e par le mot de base | magasĂt « hausser », sötĂ©tĂt « assombrir » | |
-sodik/-sedik/-södik | adjectif dĂ©rivĂ© dâun ethnonyme | commencer Ă devenir conforme Ă la qualitĂ© exprimĂ©e par le mot de base | nĂ©metesedik « se germaniser » | |
-sĂt | adjectif dĂ©rivĂ© dâun ethnonyme | faire avoir la qualitĂ© exprimĂ©e par le mot de base | nĂ©metesĂt « germaniser » | |
-izål[26] | adjectif emprunté | faire avoir la qualité exprimée par le mot de base | modernizål « moderniser » | |
-(t)at/-(t)et | verbe actif | verbe factitif | mosat « faire laver », nézet « faire regarder », dolgoztat « faire travailler », feleltet « questionner » (un élÚve) | |
-Ăłdik/-Ćdik | verbe actif | verbe moyen | becsukĂłdik « se fermer », elintĂ©zĆdik « se rĂ©gler, se rĂ©soudre » | |
-kodik/-kedik/-ködik | verbe actif | verbe rĂ©flĂ©chi | mosakodik « se laver », fĂ©sĂŒlködik « se peigner » |
Suffixes formateurs dâadverbes
Suffixe | Nature du mot de base | Sens du mot dérivé | Exemples | |
---|---|---|---|---|
-n | adjectif | non-dérivé | la maniÚre dont un procÚs a lieu | vidåman « gaiment » |
dérivé | szabålyszerƱen « de maniÚre rÚglementaire » | |||
-ul/-ĂŒl | adjectif | dĂ©rivĂ© dâun ethnonyme | la maniĂšre dont un procĂšs a lieu | olaszul « en italien » |
Ă suffixe privatif | elkerĂŒlhetetlenĂŒl « inĂ©vitablement » | |||
-lag/-leg | adjectif dérivé avec -i | « du point de vue »[27] | logikailag « logiquement », mƱvészileg « du point de vue artistique » | |
-kor | nom exprimant un procĂšs | le moment du procĂšs | megĂ©rkezĂ©skor « Ă lâarrivĂ©e » |
La composition
Ce procĂ©dĂ© est beaucoup plus frĂ©quent en hongrois quâen français. Au syntagme nom + complĂ©ment du nom du français il correspond souvent un mot composĂ© en hongrois.
La plupart des mots composés ont un élément de base qui est toujours en derniÚre position et détermine la fonction syntaxique du mots et ses traits morphologiques, étant essentiel également pour déterminer le sens du mot composé.
Du point de vue de la nature des mots dont on peut former des mots composés, il y a les combinaisons productives suivantes :
- nom + nom : bankautomata « guichet automatique bancaire », pĂ©nzmosĂĄs « blanchiment dâargent » ;
- adjectif + nom : kismama [â kis « petit(e) » + mama « maman »] « femme enceinte », meleghĂĄz [â meleg « chaud(e) » + hĂĄz « maison »] « serre » ;
- nom + adjectif : oszlopmagas « haut(e) comme un poteau », tĂŒndĂ©rszĂ©p « belle comme une fĂ©e » ;
- adjectif + adjectif : sötĂ©tkĂ©k [â sötĂ©t « foncĂ©(e) » + kĂ©k « bleu(e) »] « bleu foncĂ© », vilĂĄgoslila [â vilĂĄgos « clair(e) » + lila « violet »] « violet clair ».
Une catĂ©gorie Ă part est constituĂ©e par les compositions dâun Ă©lĂ©ment qui, bien quâil ait un sens lexical, ne peut constituer un mot autonome, et un mot proprement-dit. La plupart des Ă©lĂ©ments non-autonomes sont premiers : alhadnagy « sous-lieutenant », ĂĄlnĂ©v « pseudonyme », belkereskedelem « commerce intĂ©rieur », kĂŒlkereskedelem « commerce extĂ©rieur », elĆszĂł « avant-propos, prĂ©face », fĆkönyvelĆ Â« chef comptable », gyĂłgymĂłd « procĂ©dĂ© thĂ©rapeutique », közvĂ©lemĂ©ny « opinion publique », mellĂ©khatĂĄs « effet secondaire », önkritika « autocritique », összlĂ©tszĂĄm « effectif total », tĂĄvirĂĄnyĂtĂĄs « tĂ©lĂ©commande », utĂłszezon « arriĂšre-saison ». Dâautres Ă©lĂ©ments non-autonomes sont derniers : bogĂĄrfĂ©le « espĂšce dâinsecte », tojĂĄsfĂ©le « sorte dâĆuf ».
Selon les rapports entre les composants, on peut établir plusieurs catégories de mots composés :
- Les compositions organiques ont des éléments entre lesquels il y a un rapport syntaxique. De ce points de vue il y a :
- des compositions subordonnantes :
- Ă sujet, dont sont productives celles du type porlepte [â por « poussiĂšre » + lepte « couvert(e) »] « couvert(e) de poussiĂšre » ;
- Ă objet : egyetĂ©rt (â egyet « un » + Ă©rt « comprendre ») « ĂȘtre dâaccord », favĂĄgĂł (â fa « arbre, bois » + vĂĄgĂł « coupeur ») « bĂ»cheron », fejcsĂłvĂĄlva (fej « tĂȘte » + csĂłvĂĄlva « en secouant ») « en secouant la tĂȘte », kerĂ©kgyĂĄrtĂł (â kerĂ©k « roue » + gyĂĄrtĂł « producteur ») « charron » ;
- Ă complĂ©ment : gyorsĂșszĂł [â gyors « rapide » + ĂșszĂł « nageur(euse) »] « nageur(euse) rapide », kĂ©zenfogva (â kĂ©zen « par la main » + fogva « en tenant ») « en se tenant par la main », napraforgĂł (â napra « vers le soleil » + forgĂł « qui tourne ») « tournesol », rostonsĂŒlt [â roston « sur gril » + sĂŒlt « rĂŽti(e) »] « grillade », ujjĂĄĂ©pĂtĂ©s (â ujjĂĄ « pour que cela devienne nouveau » + Ă©pĂtĂ©s « construction ») « reconstruction », zsĂrmentes [â zsĂr « graisse » + mentes « dĂ©pourvu(e) de »] « sans graisse » ;
- Ă Ă©pithĂšte : teĂĄscsĂ©sze (â teĂĄs « Ă thĂ© » + csĂ©sze « tasse ») « tasse Ă thĂ© », öttusa (â öt « cinq » + tusa « combat ») « pentathlon », szĂĄzlĂĄbĂș (â szĂĄz « cent » + lĂĄbĂș « Ă pattes ») « myriapode », hĂĄztetĆ (â hĂĄz « maison » + tetĆ Â« toit ») « toit de maison », tojĂĄsfehĂ©rje (â tojĂĄs « Ćuf » + fehĂ©rje « le blanc de ») « blanc dâĆuf » ;
- Ă rapport syntaxique non-prĂ©cisable : gĂĄzfƱtĂ©s (â gĂĄz « gaz » + fƱtĂ©s « chauffage ») « chauffage au gaz », lĂ©pcsĆhĂĄz (â lĂ©pcsĆ Â« escalier » + hĂĄz « maison ») « escalier dâimmeuble », ĂștlevĂ©l (â Ășt « chemin, route » + levĂ©l « feuille ») « passeport » [Parmi ces compositions il y a beaucoup de calques dâaprĂšs des mots composĂ©s allemands, par exemple lĂĄmpalĂĄz (â lĂĄmpa « lampe » + lĂĄz « fiĂšvre ») « trac ».] ;
- des compositions coordonnantes : ;
- proprement-dites, qui sont complĂštement soudĂ©es, seul le dernier composant pouvant recevoir des suffixes : adĂĄsvĂ©tel « achat-vente », rabszolga [â rab « captif(ive) » + szolga « domestique »] « esclave », testvĂ©r (â test « corps » + vĂ©r « sang ») « frĂšre/sĆur » ;
- par redoublement dâun mot : egy-egy « un(e) pour chacun(e) », egyszer-egyszer « parfois » (litt. « une fois-une fois »), ki-ki « chacun(e) sĂ©parĂ©ment » (litt. « qui-qui »), mĂĄr-mĂĄr « presque » (litt. « dĂ©jĂ -dĂ©jà ») ;
- par rĂ©pĂ©tition du radical dâun mot : körös-körĂŒl « tout autour », rĂ©gestelen-rĂ©gen « il y a trĂšs longtemps » ;
- par rĂ©pĂ©tition dâun mot et sa dĂ©formation dans lâune des occurrences : izeg-mozog « frĂ©tiller » (le premier composant est la dĂ©formation du second, qui signifie « remuer »), gizgaz « mauvaise herbe » (le premier composant est la dĂ©formation du second, de mĂȘme sens que le mot composĂ©, mais moins expressif), mendemonda « racontar » (le premier composant est la dĂ©formation du second, qui signifie « lĂ©gende ») ;
- par association de deux mots entre lesquels il y a une ressemblance morphologique, ayant le mĂȘme suffixe, et qui sont souvent dans une relation antonymique : Ă©gen-földön « partout » (litt. « au ciel-sur terre »), Ă©jjel-nappal « jour et nuit », hegyes-völgyes « vallonnĂ©(e) » (litt. « Ă collines-Ă vallĂ©es »), jĂłl-rosszul « tant bien que mal », sĂŒt-fĆz (sĂŒt « faire cuire au four » + fĆz « faire cuire Ă lâeau ») « faire la cuisine ».
- des compositions subordonnantes :
- Les compositions non-organiques sont formĂ©es de mots soudĂ©s entre eux sans rapport syntaxique conservĂ© dans le cadre du mot composĂ©. Elles peuvent ĂȘtre :
- formĂ©es de mots se trouvant au dĂ©but de textes frĂ©quents dans lâusage, par exemple de priĂšres : hiszekegy (â hiszek « je crois » + egy « un ») « crĂ©do », miatyĂĄnk « Notre PĂšre », ĂĄbĂ©cĂ© « alphabet », egyszeregy (â egyszer « une fois » + egy « un ») « table de multiplication » ;
- des pronoms et des conjonctions formĂ©s dâĂ©lĂ©ments frĂ©quemment utilisĂ©s en succession dans le passĂ© et qui ont fini par se souder : bĂĄrki « quiconque », valaki « quelquâun », hanem (â ha « si » + nem « non ») « mais », holott (â hol « oĂč » + ott « lĂ -bas ») « alors que », mĂ©gis (â mĂ©g « encore » + is « aussi ») « quand mĂȘme » ;
- formĂ©es de syntagmes ou mĂȘme de phrases dont les membres se sont soudĂ©s et qui sont parfois dĂ©formĂ©s : fogdmeg (â Fogd meg! « Attrape-le ! ») « sbire », keljfeljancsi (â Kelj fel, Jancsi! « LĂšve-toi, Jancsi ! ») « poussah », mitugrĂĄsz (â Mit ugrĂĄlsz? « Quâest-ce que tu as Ă sautiller ? ») « agitĂ©(e) », nebĂĄncsvirĂĄg (Ne bĂĄnts! « Ne me fais pas de mal ! » + virĂĄg « fleur ») « personne trop sensible », nefelejcs (â Ne felejts! « Nâoublie pas ! ») « ne mâoubliez pas, myosotis ».
- Il y a aussi des compositions situĂ©es entre les organiques et les non-organiques, formĂ©es dâun type de mot nominal et dâune postposition. Dans celles-ci on peut constater un certain rapport de subordination, mais leur formation est en fait due Ă leur succession dans la phrase : dĂ©lelĆtt « matinĂ©e », dĂ©lutĂĄn « aprĂšs-midi », holnaputĂĄn « aprĂšs-demain », tegnapelĆtt « avant-hier ».
Tous les mots composĂ©s nâont pas les Ă©lĂ©ments pareillement soudĂ©s. Ceux qui sont bien soudĂ©s se voient ajouter les suffixes grammaticaux et lexicaux seulement au dernier Ă©lĂ©ment. Câest le cas des compositions subordonnantes [jĂłindulat « bonne volontĂ© », jĂłindulatĂș « bienveillant(e) », jĂłindulatĂșak « bienveillant(e)s », jĂłindulatĂșbb « plus bienveillant(e) »] ; des compositions coordonnantes proprement-dites (rabszolga « esclave », rabszolgĂĄk « esclaves », a rabszolgĂĄknak « aux esclaves »), des noms composĂ©s non-organiques (fogdmeg « sbire », fogdmegek « sbires ») ; des noms composĂ©s intermĂ©diaires : dĂ©lutĂĄn « aprĂšs-midi », dĂ©lutĂĄnok « aprĂšs-midis ». Dans les mots composĂ©s moins soudĂ©s, les deux membres reçoivent le mĂȘme suffixe. Câest le cas des compositions organiques coordonnantes formĂ©es de verbes : jön-megy « il/elle va et vient », jönnek-mennek « ils/elles vont et viennent ».
Il y a aussi des mots composĂ©s dâun mot dĂ©jĂ composĂ© + un mot simple, par exemple sĂĄrgadinnye (â sĂĄrga « jaune » + dinnye « pastĂšque ») « melon » + termesztĂ©s « culture » (agricole) â sĂĄrgadinnye-termesztĂ©s « culture du melon », voire de deux mots composĂ©s, par exemple rendĆrzenekar « orchestre de(s) policiers », de rendĆr « policier » (â rend « ordre » + Ćr « gardien ») + zenekar « orchestre » (â zene « musique » + kar « chĆur »).
Autres procédés de création spontanée de mots
- Certains mots ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par la lexicalisation de formes suffixĂ©s dâautres mots : fehĂ©rje (â fehĂ©r « blanc » + le suffixe possessif -je) « blanc dâĆuf ; protĂ©ine », hĂĄtul (â hĂĄt « dos, arriĂšre » + -ul) « Ă lâarriĂšre », jobb [â jĂł « bon(ne) » + le suffixe du degrĂ© comparatif -bb) « droit(e) » (contraire de « gauche »), sokĂĄ (â sok « beaucoup » + -ĂĄ) « longtemps ». Ce nâest pas un procĂ©dĂ© productif.
- Par dĂ©rivation rĂ©gressive (suppression dâun suffixe) se sont crĂ©Ă©s :
- des noms Ă partir de verbes : kapa « houe » â kapĂĄl « biner », parancs « ordre » â parancsol « ordonner », vĂĄd « accusation » â vĂĄdol « accuser », fĂŒtty « sifflement » â fĂŒttyent « siffler », pĂr « rougeur des joues » â pirul « rougir » ;
- des verbes Ă partir de noms composĂ©s : gyorsĂr « stĂ©nographier » â gyorsĂrĂĄs « stĂ©nographie », kĂ©pvisel « reprĂ©senter » â kĂ©pviselĆ Â« reprĂ©sentant(e), dĂ©putĂ©(e). Ce procĂ©dĂ© est toujours productif : hĆszigetelĂ©s « isolation thermique » â hĆszigetel « effectuer une isolation thermique ».
- Certains mots se sont formĂ©s par Ă©limination de lâĂ©lĂ©ment principal dâun mot composĂ© ou du terme rĂ©gent dâun syntagme : feketekĂĄvĂ© (litt. « cafĂ© noir ») â fekete « cafĂ© », kölnivĂz « eau de Cologne » â kölni, napkelet « lever du soleil » â kelet « orient, est ».
- Un autre procĂ©dĂ© est la diffĂ©renciation sĂ©mantique de variantes phonĂ©tiques dâun mot. Par exemple, le mot szarv ~ szaru signifiait « corne » avec deux sens que ce mot a en français : « âą Excroissance dure, pointue et paire ornant la tĂȘte de certains mammifĂšres et servant d'arme offensive ou dĂ©fensive. ; âą Substance (kĂ©ratine) constituant des zones superficielles (cals) ou des organes durs (sabot, ongle, griffe, corne) et employĂ©e dans l'industrie[28]. » Les sens des deux variantes se sont diffĂ©renciĂ©s : szarv sâest spĂ©cialisĂ© dans le premier sens et szaru dans le deuxiĂšme. Autres formations de ce genre : bozĂłtos « brouissailleux(euse), courvert de broussailles » ~ bozontos « broussailleux » (se rĂ©fĂ©rant aux cheveux) ; csekĂ©ly « de peu dâimportance » ~ sekĂ©ly « peu profond » (se rĂ©fĂ©rant Ă lâeau) ; gomb « bouton » (de vĂȘtement) ~ gömb « sphĂšre, globe » ; lobog « 1. flamboyer ; 2. flotter (se rĂ©fĂ©rant Ă un drapeau) » ~ lebeg « planer » ; nevel « Ă©lever, Ă©duquer » ~ növel « accroĂźtre, augmenter, agrandir ».
Mots créés par dérivation ou composition
Les mots ainsi crĂ©Ă©s ont pour base des mots existant dans la langue, cependant, ils ne sont pas apparus spontanĂ©ment, mais ont Ă©tĂ© proposĂ©s par des lettrĂ©s, surtout Ă©crivains et linguistes. Les crĂ©ateurs de beaucoup de tels mots sont connus. Ce moyen interne dâenrichissement du lexique sâapplique au cours de la traduction de textes Ă©trangers ou avec lâintention de crĂ©er des termes de spĂ©cialitĂ©. Cette tendance Ă©tait manifeste surtout vers la fin du XVIIIe siĂšcle et au dĂ©but du XIXe, la premiĂšre pĂ©riode du mouvement de « renouvellement de la langue », quand on a crĂ©Ă© quelque 8 500 mots, dont la plupart a disparu depuis. Exemples de mots crĂ©Ă©s par lâĂ©crivain Ferenc Kazinczy, qui ont subsistĂ© : alkalom « occasion », Ă©deskĂ©s « douceĂątre », egyesĂŒlet « association », Ă©vszak « saison », felvonĂĄs « acte (de piĂšce de thĂ©Ăątre) », fĂŒzet « cahier », hĂĄlĂĄs « reconnaissant », kedvenc « favori(te) », keringĆ Â« valse ».
Vers le milieu du XXe siĂšcle il a commencĂ© Ă se manifester une tendance Ă remplacer les termes sportifs Ă©trangers par des mots hongrois. Câest alors que sont apparus les mots jĂ©gkorong (â jĂ©g « glace » + korong « disque ») « hockey sur glace », röplabda (â röp radical du verbe röpĂŒl « voler » + labda « ballon ») « voleyball », labdarĂșgĂĄs (litt. « frappe du ballon avec le pied ») « football », vĂzilabda (litt. « ballon dâeau ») « water-polo », etc. La tendance Ă Ă©viter les mots Ă©trangers et Ă crĂ©er leurs Ă©quivalents continue au XXIe siĂšcle : csontritkulĂĄs (litt. « rarĂ©faction des os ») « ostĂ©oporose », magĂĄnosĂtĂĄs (dĂ©rivĂ© de magĂĄn « privĂ© ») « privatisation », merevlemez « disque dur », szĂĄmĂtĂłgĂ©p (litt. « machine Ă calculer ») « ordinateur », etc. Il y a aussi des doublets emprunt â mot crĂ©Ă©, par exemple privatizĂĄciĂł â magĂĄnosĂtĂĄs.
Sigles et acronymes
En fonction des lettres qui les composent, certains sigles se prononcent comme les mots habituels : MĂV â Magyar Ăllamvasutak « Chemins de Fer dâĂtat Hongrois », ELTE â Eötvös LorĂĄnd TudomĂĄnyegyetem « UniversitĂ© de sciences LorĂĄnd-Eötvös ». Pour dâautres on prononce les noms des lettres : OTP [oËteËpeË] â OrszĂĄgos TakarĂ©kpĂ©nztĂĄr « Caisse Nationale dâĂpargne », PPKE [peËpeËkaËÉ] â PĂĄzmĂĄny PĂ©ter Katolikus Egyetem « UniversitĂ© Catholique PĂ©ter-PĂĄzmĂĄny ». Il y a aussi des sigles empruntĂ©s, par exemple NATO « OTAN ».
Quant aux acronymes, ils peuvent ĂȘtre formĂ©s Ă partir de noms propres mais aussi de noms communs. Dans la premiĂšre catĂ©gorie il y a, par exemple, MalĂ©v â Magyar LĂ©giforgalmi VĂĄllalat « entreprise hongroise de trafic aĂ©rien » et Mol â Magyar Olaj- Ă©s GĂĄzipari Rt. « sociĂ©tĂ© par actions hongroise dâindustrie du pĂ©trole et du gaz ». Ă partir de mots communs, on a formĂ© gyed â gyermekgondozĂĄsi dĂj litt. « allocation de soins Ă lâenfant », tĂ©bĂ©cĂ© « tuberculose », tĂ©vĂ© « tĂ©lĂ© »[29].
Non seulement les acronymes, mais aussi les sigles se comportent comme les mots habituels, câest-Ă -dire ils reçoivent des suffixes grammaticaux et lexicaux : A MĂV-nĂĄl dolgozik. « Il/Elle travaille Ă la MĂV. », A MalĂ©vval utazom. « Je voyage avec MalĂ©v. », NĂ©zi a tĂ©vĂ©t. « Il/Elle regarde la tĂ©lĂ©. »
Mots hongrois dans dâautres langues
Le lexique du hongrois contient beaucoup de mots empruntĂ©s, mais il a Ă©tĂ© dans une proportion beaucoup moindre une source dâemprunts pour dâautres langues. Sont en cause premiĂšrement les langues voisines. Par exemple, entre 1,43 %[30] et 1,6 %[31] des mots roumains seraient dâorigine hongroise. Quelques mots sont entrĂ©s dans des langues plus lointaines, mais pas directement dans toutes. Le Petit Robert, version Ă©lectronique de 1996, fait Ă©tat de 15 mots qui seraient dâorigine hongroise, la plupart dĂ©nommant des rĂ©alitĂ©s hongroises. Un exemple en est paprika, utilisĂ© en allemand, en anglais et dans dâautres langues, avec la mĂȘme graphie quâen hongrois. Un autre exemple est kocsi. Ă lâorigine, câest un adjectif dĂ©rivĂ© du nom du village de Kocs, en Hongrie, utilisĂ© dans le syntagme kocsi szekĂ©r « chariot de Kocs », qui dĂ©signe un type de vĂ©hicule construit dans cette localitĂ©. Le mot sâest rĂ©pandu dans plusieurs langues, avec des formes adaptĂ©es Ă celles-ci, acquĂ©rant dans certaines des nuances de sens diffĂ©rentes de celui de lâĂ©tymon :
- allemand : Kutsche « carrosse, calÚche, diligence, voiture à cheval » ;
- anglais : coach « calÚche, diligence, voiture de train, autocar » ;
- catalan : cotxe « voiture à cheval, voiture automobile, autocar » ;
- espagnol : coche « carrosse, calÚche, diligence, voiture à cheval, poussette, voiture automobile, wagon-lits, autocar » ;
- français : « coche » ;
- macĂ©donien : ĐșĐŸŃĐžŃĐ° « voiture Ă cheval, calĂšche » ;
- néerlandais : koets « carrosse, coche, voiture à cheval, voiture de chemin de fer, corbillard » ;
- polonais : kocz « coche, coupé » ;
- portugais : coche « carrosse » ;
- roumain régional (Banat, Transylvanie) : cocie « chariot, voiture à cheval » ;
- serbe, croate : koÄija « chariot, voiture Ă cheval, calĂšche » ;
- slovĂšne : koÄija « carrosse, coche, voiture Ă cheval » ;
- tchĂšque : koÄĂĄr « calĂšche, carrosse, voiture Ă cheval ».
Notes et références
- Pourcentages donnés par Gerstner 2006, p. 478.
- Section dâaprĂšs Gerstner 2006, pp. 439â440.
- Section dâaprĂšs Gerstner 2006, pp. 441â459, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă part.
- Zaicz 2006, les articles correspondants.
- GrĂące Ă des missionnaires slaves.
- Le hongrois ne connaĂźt pas le genre grammatical, câest pourquoi les adjectifs ont une seule forme.
- Gerstner 2006, p. 453, les estime Ă quelques centaines, mais selon Sala 1989, p. 279, il y en aurait plus de 2000.
- Section dâaprĂšs Gerstner 2006, pp. 459â460.
- Section dâaprĂšs Gerstner 2006, pp. 461â465.
- Section dâaprĂšs Gerstner 2006, pp. 465â479, sauf les informations des sources indiquĂ©es Ă part.
- Cf. Kiefer 2006, pp. 60â72.
- Les suffixes ont deux ou trois variantes Ă cause des exigences de lâharmonie vocalique.
- Emprunté au latin.
- Ajouté aux noms finissant en consonne.
- Ajouté aux noms finissant en voyelle.
- Se forment de la premiĂšre syllabe du mot de base + la consonne qui suit + le suffixe.
- De óra « montre, horloge ». La suffixation provoque souvent des changements phonétiques dans le radical. Ici a change en å.
- De szåz « cent » (forme utilisée quand on compte). A devant le suffixe est une voyelle de liaison.
- Du verbe megoperål « opérer ».
- Le nom dĂ©rivĂ© peut ĂȘtre utilisĂ© seulement comme « objet » possĂ©dĂ©.
- Par lâinstitutionnalisation du nom dâagent.
- Du verbe evez « ramer ».
- Ătablit une relation entre le nom de base et le nom dĂ©terminĂ© par lâadjectif dĂ©rivĂ©.
- Les suffixes -l et -z(ik) sont concurrents, ayant le mĂȘme sens, mais le second est plus frĂ©quent.
- La seconde variante sâemploie avec des noms terminĂ©s en voyelle ou en consonne occlusive.
- Dâorigine romane.
- Sa fonction syntaxique est de complément de relation.
- Cf. Larousse.fr.
- Les deux derniers exemples reflĂštent la prononciation de sigles (TBC et TV respectivement), mais nâĂ©tant pas Ă©crits sous cette forme, ils comptent pour des acronymes.
- Sala 1988.
- Schulte 2009, p. 239.
Sources bibliographiques
- (hu) Gerstner, KĂĄroly, « A magyar nyelv szĂłkĂ©szlete » [« Lexique du hongrois »], Kiefer, Ferenc (dir.), Magyar nyelv [« Langue hongroise »], Budapest, AkadĂ©miai KiadĂł, 2006 (ISBN 963 05 8324 0), Kiefer, Ferenc (dir.), Magyar nyelv [« Langue hongroise »], Budapest, AkadĂ©miai KiadĂł, 2006 (ISBN 963 05 8324 0), pp. 437â480
- (hu) Kiefer, Ferenc, « Alaktan » [« Morphologie »], Kiefer, Ferenc (dir.), Magyar nyelv [« Langue hongroise »], Budapest, AkadĂ©miai KiadĂł, 2006 (ISBN 963 05 8324 0), pp. 54â79
- (ro) Sala, Marius (dir.), Enciclopedia limbilor romanice [« EncyclopĂ©die des langues romanes »], Bucarest, Editura ĆtiinĆŁificÄ Ći enciclopedicÄ, 1989, (ISBN 973-29-0043-1)
- (ro) Sala, Marius (dir.), Vocabularul reprezentativ al limbilor romanice [« Vocabulaire reprĂ©sentatif des langues romanes »], Bucarest, Editura ÈtiinÈificÄ Èi EnciclopedicÄ, 1988
- (en) Schulte, Kim, « Loanwords in Romanian », Haspelmath, Martin et Tadmor, Uri (dir.), Loanwords in the World's Languages: A Comparative Handbook [« Emprunts dans les langues du monde. Guide comparatif »], Berlin, De Gruyter Mouton, 2009, (ISBN 978-311-021843-5), pp. 230â259
- (hu) Zaicz, Gåbor (dir.), Etimológiai szótår. Magyar szavak és toldalékok eredete [« Dictionnaire étymologique. Origine des mots et des affixes hongrois »], Budapest, Tinta, 2006, (ISBN 963-7094-01-6)
Bibliographie supplémentaire
- (hu) Keszler, BorbĂĄla, « A szĂłkĂ©pzĂ©s » [« La dĂ©rivation »], Magyar NyelvĆr, n° 1, 2000, (ISSN 1585-4515) (consultĂ© le 23 fĂ©vrier 2017)
- (en) RĂłna-Tas, AndrĂĄs et Berta, ĂrpĂĄd , West Old Turkic : Turkic Loanwords in Hungarian [« Le turc ancien de lâOuest : Emprunts turcs en hongrois »], t. I : Introduction, AâK ; t. II : LâZ, Conclusions, Apparatus, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2011, (ISBN 978-3-447-06260-2)
- Szende, Thomas et Kassai, Georges, Grammaire fondamentale du hongrois, Paris, Langues & Mondes â LâAsiathĂšque, 2001 (ISBN 2-911053-61-3)