Insurrection talibane

L'insurrection talibane est une révolte armée qui a commencé en 2001 après la chute de l'organisation au pouvoir au début de la guerre d'Afghanistan. Les forces talibanes ont affronté le gouvernement afghan, dirigé par le président Hamid Karzai, puis par le président Ashraf Ghani, et contre une coalition de forces dirigée par les États-Unis, qui comprenait tous les membres de l'OTAN. À la suite de l'offensive des talibans et du retrait des troupes américaines d'Afghanistan en 2021, le gouvernement d'Ashraf Ghani s'effondre et l'Émirat islamique d'Afghanistan est réinstauré par les talibans, mettant fin à la révolte qui a duré près de 20 ans.

Description de cette image, également commentée ci-après

Contrôle territorial de l'Afghanistan à la fin de l'offensive de 2021
Territoire contrôlé par les talibans
Territoire contesté
Territoire contrôlé par le gouvernement afghan

Informations générales
Date	du 17 décembre 2001 au 15 août 2021 (19 ans, 7 mois et 29 jours)[1]
Lieu	Afghanistan
Issue	Victoire des talibans Échec de la coalition à réprimer l'insurrection Chute de la république islamique d'Afghanistan Rétablissement de l'émirat islamique d'Afghanistan

Belligérants
République islamique d'Afghanistan RS (à partir de 2015) Voir liste Luxembourg Slovénie Nouvelle-Zélande Grèce Autriche Ukraine Suède Monténégro Lettonie Estonie Macédoine du Nord Lituanie Slovaquie Norvège Finlande Bosnie-Herzégovine Belgique Hongrie Albanie Azerbaïdjan Arménie Danemark Bulgarie Pays-Bas Portugal Mongolie Pologne Australie Croatie République tchèque Géorgie Allemagne Italie Roumanie Espagne Turquie Royaume-Uni États-Unis Milices alliées Haut Conseil de l'Émirat islamique d'Afghanistan (en) (prétendument depuis 2015)[2] - [3] - [4] - [5] - [6] - [7] Jamiat-e Islami[8] Junbish-i Milli[8] Hezb-i Wahdat[9] Anciennement : FIAS (2001-2014) Voir liste Albanie Arménie Australie Autriche Azerbaïdjan Bahreïn Belgique Bosnie-Herzégovine Bulgarie Canada Croatie République tchèque Danemark Salvador Estonie Finlande France Géorgie Allemagne Grèce Hongrie Islande Irlande Italie Jordanie Lettonie Lituanie Luxembourg Malaisie Mongolie Monténégro Pays-Bas Nouvelle-Zélande Norvège Pologne Portugal Macédoine du Nord Roumanie Singapour (2008–13) Slovaquie Slovénie Corée du Sud Espagne Suède Suisse (2004–08) Tonga Turquie Ukraine Émirats arabes unis Royaume-Uni	Talibans Soutien : Pakistan (allégué, démenti par le Pakistan)[10] - [11] - [12] Iran (allégué, mais démenti par l'Iran)[13] - [14] Russie (allégué, mais démenti par la Russie)[15] - [16] Qatar (allégué par l'Arabie saoudite, démenti par le Qatar)[17] - [18] Arabie saoudite (ouvertement jusqu'en 2001, prétendument jusqu'en 2013)[19] Groupes alliés Hezb-e-Islami Gulbuddin Al-Qaïda Union du Jihad islamique (en)[20] Parti islamique du Turkestan[21] Mouvement islamique d'Ouzbékistan Groupes dissidents talibans (à partir de 2015) Front du mollah Dadullah (en) Fidai Mahaz (en)

Commandants
Ashraf Ghani (président de l'Afghanistan) Abdullah Abdullah (chef de l'exécutif afghan) Abdul Rashid Dostom (vice-président de l'Afghanistan) Muhammad Mohaqiq (chef de l'exécutif adjoint afghan) Atta Muhammad Nur (en) (gouverneur de la province de Balkh) Bismillah Khan Mohammadi (en) (ministre de la Défense de l'Afghanistan) Sher Mohammad Karimi (chef d'état-major de l'armée) Nangialaï †[7] Abdoul Manan Niazi †[22] Coalition : RS (à partir de 2015)[23] Voir liste Xavier Bettel Borut Pahor Jacinda Ardern Bill English John Key Kyriakos Mitsotakis Alexis Tsipras Alexander Van der Bellen Heinz Fischer Volodymyr Zelensky Petro Poroshenko Carl XVI Gustaf Milo Đukanović Filip Vujanović Egils Levits Raimonds Vējonis Kersti Kaljulaid Toomas Hendrik Ilves Stevo Pendarovski Gjorge Ivanov Gitanas Nausėda Dalia Grybauskaitė Zuzana Čaputová Andrej Kiska Erna Solberg Sauli Niinistö Pedro Sánchez Mariano Rajoy Sifet Podžić (en) Marina Pendeš Sophie Wilmès Charles Michel János Áder Ilir Meta Bujar Nishani Zoran Milanović Kolinda Grabar-Kitarović Ilham Aliyev Nikol Pashinyan Karen Karapetyan Hovik Abrahamyan Mette Frederiksen Lars Løkke Rasmussen Roumen Radev Rosen Plevneliev Mark Rutte Marcelo Rebelo de Sousa Aníbal Cavaco Silva Scott Morrison Malcolm Turnbull Anciennement : FIAS (2001-2014) Voir liste Tommy Franks Dan K. McNeill (en) David Barno (en) Karl Eikenberry (en) David McKiernan Stanley A. McChrystal David Petraeus John R. Allen Egon Ramms (en) Guy Laroche (en)	Haibatullah Akhundzada (commandeur des croyants)[24] Seraj Haqqani (chef adjoint des talibans)[25] Mohammad Yaqoub (chef adjoint des talibans)[24] Djalâlouddine Haqqani † (dirigeant du « réseau Haqqani ») Gulbuddin Hekmatyar (2002-2016) Ayman al-Zawahiri (émir d'Al-Qaïda) Abdul Ghani Baradar (chef du bureau diplomatique des talibans)[26] Mansoor Dadullah (en) † (dirigeant du « front Dadullah »)[27] - [28] Haji Najibullah (en) (dirigeant du « Fidai Mahaz »)[29] Anciennement : Mohammad Omar † (chef des talibans) Akhtar Mansour † (chef des talibans)[26] - [24] Obaidullah Akhound † (ministre de la Défense taliban)[26] Mohammad Fazl (en) (vice-ministre de la Défense)[26] Abdul Qayyum Zakir (en) (chef militaire taliban) Mollah Dadullah † (chef militaire taliban)[26] Oussama ben Laden † (émir d'Al-Qaïda)

Forces en présence
Forces armées afghanesForces armées afghanes : 352 000[30] RS : + 13 000[31] HCEIA (en) : 3 000 à 3 500[4] Anciennement : FIAS : + 18 000[32] Mercenaires ou contractors : + 20 000[32]	Talibans : 60 000 (estimation provisoire)[33] Réseau Haqqani : 4 000 à 15 000[34] - [35] - [36] HIG : 1 500 à + 2 000[37] Al-Qaïda : 100 à 800[38] - [39] - [40] Fidai Mahaz (en) : 8 000[29]

Pertes
Forces armées afghanesForces armées afghanes : Morts : + 65 596 Blessés : + 16 500[33] / Coalition : Morts : 3 486 (toutes causes confondues), 2 807 (au combat) ( : 2 356, : 454[41] , : 158, : 88, : 57, : 53, autres : 321)[42] Blessés : 22 773 ( : 19 950, : 2 188, : 635)[43] - [44] - [45] PMC : Morts : + 3 937 ( : 1 822, autres : 2 115)[46] - [47] - [48] Blessés : + 15 000[47] - [48] Total tués : + 70 664	Talibans : Morts : + 52 893 (estimation, pas de données officielles)[33] - [49] - [50]

Conflit afghan (2001-2021)

Batailles

Conflit afghan

La guérilla s'est propagée dans une certaine mesure au-delà de la frontière avec le Pakistan voisin, en particulier le Khyber Pakhtunkhwa. Les talibans ont mené une guerre contre les forces de sécurité nationales afghanes et leurs alliés de l'OTAN, ainsi que contre des cibles civiles. Les pays de la région, en particulier le Pakistan, l'Iran, la Chine et la Russie, ont souvent été accusés de financer et de soutenir les groupes d'insurgés[51] - [52] - [53] - [54] - [55] - [56] - [57] - [58] - [59] - [60].

Le réseau Haqqani, le parti Hezb-e Islami Gulbuddin (jusqu'en 2016) et des groupes plus petits affiliés à Al-Qaïda ont également fait partie de l'insurrection talibane[61] - [62].

Contexte

À la suite de l'invasion américaine de l'Afghanistan en 2001, les talibans ont été vaincus et de nombreux combattants talibans ont quitté le mouvement ou se sont retirés dans des sanctuaires au Pakistan. En mai et juin 2003, des responsables talibans de haut rang proclament un regroupement des talibans et s'estiment être prêts à mener une guérilla afin d'expulser les forces américaines d'Afghanistan[63] - [64]. Le chef taliban Mohammad Omar assigne cinq zones opérationnelles aux commandants talibans tels que Dadullah. Dadullah prit en charge la province de Zabol[63].

Fin 2004, Omar annonce au nom des talibans lancer une insurrection contre « l'Amérique et ses marionnettes » (c'est-à-dire les forces gouvernementales afghanes de transition) afin de « regagner la souveraineté de notre pays »[65].

Les talibans passent plusieurs années à se regrouper et lancent une nouvelle escalade de la campagne d'insurrection en 2006[66].

Organisation

En 2018, les talibans sont composés de quatre chouras ou conseils représentatifs. Le premier est la Quetta choura. Deux chouras plus petites lui sont subordonnées, le réseau Haqqani (également connu sous le nom de Miran Shah Choura) et la choura de Peshawar[67]. L'instrument consultatif islamique de Peshawar est créée en mars 2005 et est basée dans l'est de l'Afghanistan[68]. La majorité de ses combattants sont d'anciens membres du parti Hezb-e Islami Gulbuddin[69]. Le réseau Haqqani déclare son autonomie par rapport au choura de Quetta en 2007. La choura de Peshawar est autonome de 2009 à 2016[70].

La deuxième choura autonome est la choura du Nord, basée dans la province du Badakhshan. Le troisième est la choura de Mashhad, parrainé par l'Iran, et le quatrième est le choura de Rasul, dirigé par Muhammad Rasul (en) et également connu sous le nom de Haut Conseil de l'Émirat islamique[67].

Finances

Alors que les talibans d'avant 2001 ont supprimé la production d'opium, l'insurrection « s'appuie sur les revenus de l'opium pour acheter des armes, former ses membres et acheter du soutien ». En 2001, l'Afghanistan ne produit que 11 % de l'opium mondial. Aujourd'hui, il produit plus de 80 % de la récolte mondiale et le commerce de la drogue représente la moitié du PIB de l'Afghanistan[71] - [72] - [73] - [74]. Cependant, des estimations ultérieures montrent que la drogue n'est peut-être pas la principale source de revenus des talibans. La fiscalité et les ventes de minerais sous les gouvernements fantômes du groupe depuis 2001 ont également été des sources importantes[75].

Le 28 juillet 2009, Richard Holbrooke, l'envoyé spécial des États-Unis pour l'Afghanistan et le Pakistan, déclare que les transferts d'argent en provenance d'Europe occidentale et des États du Golfe dépassent les revenus du trafic de drogue et qu'une nouvelle force opérationnelle a été formée pour fermer cette source de fonds[76].

L'agence des États-Unis pour le développement international étudie la possibilité que les pots-de-vin de ses contrats soient acheminés vers les talibans[77].

Un rapport de la London School of Economics (LSE) affirme fournir la preuve la plus concrète à ce jour que l'agence de renseignement pakistanaise ISI fournit un financement, une formation et un sanctuaire aux talibans à une échelle beaucoup plus grande qu'on ne le pensait auparavant. L'auteur du rapport, Matt Waldman, s'est entretenu avec neuf commandants de terrain talibans en Afghanistan et sa conclusion montre que les relations du Pakistan avec les insurgés sont bien plus étroites qu'on ne le pensait auparavant. Certaines des personnes interrogées suggèrént que l'organisation assiste même aux réunions du conseil suprême des talibans, le conseil de direction[78] - [79] - [80]. Un porte-parole de l'armée pakistanaise a rejeté ce rapport, le qualifiant de « malveillant »[81] - [82].

Soutien étranger aux talibans

Pakistan

La victoire des talibans a été facilitée par le soutien du Pakistan. Bien que le pays s'avère être un allié majeur des États-Unis avant et après l'invasion de l'Afghanistan en 2001, des éléments du gouvernement pakistanais (y compris les services militaires et de renseignement) ont maintenu pendant des décennies de solides liens logistiques et tactiques avec les militants talibans, et ce soutien a aidé à soutenir l'insurrection en Afghanistan[83] - [84]. Par exemple, le réseau Haqqani, une filiale des talibans basée au Pakistan, bénéficiait d'un solide soutien de l'Inter-Services Intelligence (ISI), l'agence de renseignement pakistanaise[83]. Les dirigeants talibans trouvent refuge au Pakistan, vivent dans le pays, y font des affaires, gagnent des fonds et y reçoivent des soins médicaux[83] - [84]. Certains éléments de l'establishment pakistanais ont sympathisé avec l'idéologie talibane et de nombreux responsables pakistanais considérent les talibans comme un atout contre l'Inde[83] - [84]. Bruce Riedel note que « l'armée pakistanaise pense que l'Afghanistan offre une profondeur stratégique contre l'Inde, ce qui est leur obsession »[84].

En 2007, le président pakistanais Pervez Musharraf admet que les talibans reçoivent une aide transfrontalière et déclare : « Il ne fait aucun doute que les militants afghans sont soutenus depuis le sol pakistanais. Le problème que vous avez dans votre région est que le soutien est fourni de notre côté »[85] - [86].

Le 1^er septembre 2021, le ministre pakistanais de l'Intérieur, Rashid Ahmad, déclare dans une interview à Hum News que « tous les principaux dirigeants talibans sont nés et ont grandi au Pakistan. Cela a été notre 'service' de les avoir formés et beaucoup d'autres pourront étudier »[87].

Russie et Iran

Le docteur Antonio Giustozzi, chercheur principal au Royal United Services Institute sur le terrorisme et les conflits, écrit : « Les Russes et les Iraniens ont aidé les talibans à avancer à un rythme effréné en mai-août 2021. Ils ont contribué à les financer et à les équiper, mais peut-être plus important encore, ils les ont aidés en négociant des accords avec des partis, des groupes et des personnalités proches de l'un ou l'autre pays, voire des deux. [...] Les gardiens de la révolution ont aidé les talibans à progresser dans l'ouest de l'Afghanistan, notamment en faisant pression sur divers hommes forts et commandants de milices liés à l'Iran pour qu'ils ne résistent pas aux talibans »[88].

2001–2006 Période de regroupement de l'insurrection talibane

Carte détaillant la propagation de l'insurrection talibane en Afghanistan entre 2002 et 2006.

Après la bataille de Tora Bora et l'opération Anaconda, les talibans sont vaincus et de nombreux combattants talibans quittent le mouvement ou se retirent dans des sanctuaires au Pakistan, où ils entament les premières étapes du regroupement[63] - [64] - [89].

Des pamphlets de talibans et d'autres groupes sont éparpillés dans les villes et les campagnes au début de 2003, exhortant les fidèles islamiques à se soulever contre les forces américaines et d'autres soldats étrangers dans la guerre sainte[90]. Le 27 janvier 2003, lors de l'opération Mongoose (en), un groupe de combattants est agressé par les forces américaines dans un complexe de grottes d'Adi Ghar, à 25 km au nord de Spin Boldak[91]. Dix-huit rebelles auraient été tués sans faire de victimes américaines. Le site est soupçonné d'abriter une base de ravitaillement et de combattants en provenance du Pakistan. Les premières attaques isolées par des bandes talibanes relativement importantes sur des cibles afghanes sont également apparues à cette époque.

En mai 2003, le juge en chef de la Cour suprême des talibans, Abdul Salam, annonce que les talibans sont de retour, regroupés, réarmés et prêts à une guérilla pour expulser les forces américaines d'Afghanistan. Omar assigne cinq zones opérationnelles aux commandants talibans tels que Dadullah, qui prit en charge la province de Zabol[92].

De petits camps d'entraînement mobiles des talibans sont établis le long de la frontière pour former les recrues à la guérilla, selon le guerrier taliban de haut rang Mullah Malang en juin 2003[64]. La plupart proviennent des madrassas des zones tribales du Pakistan. Des bases, quelques-unes comptant jusqu'à 200 combattants, émergent dans les zones tribales à l'été 2003. La volonté pakistanaise d'empêcher l'infiltration est incertaine, tandis que les opérations militaires pakistanaises s'avéreront peu utiles[92].

Au cours de l'été 2003, les attaques des talibans augmentent progressivement en fréquence. Des dizaines de soldats du gouvernement afghan, des travailleurs humanitaires d'ONG et plusieurs soldats américains meurent dans les raids, des embuscades et des attaques à la roquette. Outre les attaques de la guérilla, les combattants talibans commencent à renforcer leurs forces dans le district de Dai Chopan dans la province de Zabol. Les talibans y décident d'y prendre position. Au cours de l'été, jusqu'à 1 000 guérilleros rejoignent la zone. Plus de 220 personnes, dont plusieurs dizaines de policiers afghans, sont tuées en août 2003[93].

L'opération Valiant Strike est une opération militaire terrestre majeure des États-Unis en Afghanistan annoncée le 19 mars 2003, impliquant les 2^e et 3^e bataillons du 504^e régiment d'infanterie de parachutistes[94], des troupes roumaines et afghanes. Les forces combinées traversent Kandahar et certaines parties du sud de l'Afghanistan dans le but d'éliminer les forces ennemies talibanes et les caches d'armes tout en essayant de recueillir des renseignements sur les activités des talibans dans la région[93]. À la fin de l'opération, le 24 mars 2003, les forces de la coalition ont arrêté 13 combattants talibans présumés et confisqué plus de 170 lance-roquettes, 180 mines terrestres, 20 fusils automatiques et mitrailleuses, ainsi que de nombreuses roquettes, fusils et lanceurs.

Les forces de la coalition dirigée par les États-Unis mènent l'opération Asbury Park le 2 juin 2004 et le 17 juin 2004, de la force opérationnelle 1/6 BLT de la 22^e Marine Expeditionary Unit engagée dans des combats avec les talibans et d'autres forces anti-coalition dans les provinces d'Orozgan et de Zabol, culminant dans la région de Dai Chopan en Afghanistan. Cette opération se caractérise par des combats atypiques du côté de la tactique des talibans et des autres guérillas rencontrées[95], aboutissant à une importante bataille le 8 juin. Pendant l'opération Asbury Park, la 22^e unité expéditionnaire de marines est confrontée à un adversaire qui creusait fréquemment des tranchées et engageait les US Marines Corps, plutôt que les méthodes traditionnelles de type hit-and-run (ou « attaque asymétrique »). En tant que tels, les Marines, avec l'aide des avions B-1B Lancer, A-10 Warthog et AH-64 Apache, s'engagent dans des « batailles rangées chaque jour »[95]. Le dernier des combats ayant eu lieu près de Dai Chopan le 8 juin fut décisif dans la mesure où les forces ennemies ont été épuisées à tel point qu'aucun contact supplémentaire ne fut établi avec l'adversaire pendant la durée de l'opération. Les attaques simultanées des talibans sur trois plans le 8 juin 2004 entraîna plus de quatre-vingt-cinq morts confirmées, avec des estimations bien dépassant les 100 morts, pour environ 200 à 300 blessés, avec des dizaines de capturés. Alors que tout au long de l'opération, une « poignée » de forces américaines et de la milice afghane ont été blessées.

Fin 2004, le chef taliban vivant caché, Mohammad Omar, annonce une insurrection contre « l'Amérique et ses marionnettes » (c'est-à-dire les forces gouvernementales afghanes de transition) pour « regagner la souveraineté de notre pays »[65].

De la fin juin à la mi-juillet 2005, les Navy Seals mènent l'opération Red Wings en tant qu'opération militaire combinée / conjointe dans le district de Pech de la province afghane de Kounar, sur les pentes d'une montagne nommée Sawtalo Sar[96] - [97], à environ 32 km à l'ouest de la capitale provinciale de Kounar, Assadâbâd[98]. L'opération vise à perturber l'activité des milices locales anti-coalition (ACM) talibanes, contribuant ainsi à la stabilité régionale et facilitant ainsi les élections au Parlement afghan prévues pour septembre 2005[98]. À l'époque, l'activité de la milice anti-coalition talibane dans la région est notamment menée par un petit groupe, dirigé par un homme local de la province de Nangarhar, Ahmad Shah, ayant des aspirations à une proéminence fondamentaliste islamique régionale. Lui et son groupe furent parmi les principales cibles de l'opération.

Entre le 13 et le 18 août 2005, le Corps des Marines mène une opération militaire dans la province afghane de Kounar, appelée opération Whalers (en), quelques semaines seulement après la désastreuse opération Red Wings. À l'instar de Red Wings, l'objectif de Whalers est de perturber l'activité de la milice anti-coalition talibane (ACM) dans la région afin de stabiliser davantage la région pour une participation électorale sans entrave aux élections parlementaires nationales afghanes du 18 septembre 2005. L'opération est planifiée et exécutée par le 2^e bataillon du 3^e régiment de Marines. L'accent de l'opération est une cellule de milice anti-coalition dirigée par Ahmad Shah, qui est l'un des 22 groupes ACM identifiés opérant dans la région à ce moment-là, et est le plus actif. La cellule d'Ahmad Shah est responsable de l'embuscade des Navy SEAL et de la fusillade du MH-47 qui a tué, au total, 19 membres du personnel des opérations spéciales américaines au cours de l'opération Red Wings. L'opération Whalers, du nom de l'équipe de hockey professionnelle Hartford / New England Whalers, est la « suite » de l'opération Red Wings dans le sens qu'elle vise à favoriser la stabilisation de la situation sécuritaire dans la province agitée de Kounar, dans l'est de l'Afghanistan, un objectif à long terme que ce sont donnés les forces américaines et de la coalition opérant dans la région à ce moment-là. L'opération Whalers, menée par un certain nombre de compagnies d'infanterie de marine accompagnées de soldats de l'armée nationale afghane et soutenue par des unités d'aviation, de renseignement et d'armes de combat de l'armée conventionnelle et des moyens aériens de l'US Air Force, s'avérera être un succès. L'activité de l'ACM a considérablement diminué, les renseignements humains et les renseignements électromagnétiques ultérieurs ont révélé qu'Ahmad Shah a été grièvement blessé. Shah, qui cherchait à perturber les élections parlementaires nationales afghanes de septembre 2005, n'a pas été en mesure d'entreprendre d'importantes opérations anti-coalition talibanes à la suite de l'opération Whalers à Kounar ou dans les provinces voisines[99].

Escalade de 2006

En 2006, l'Afghanistan commence à faire face à une vague d'attentats à l'explosif improvisé et à des kamikazes, notamment après la prise de commandement de l'OTAN pour la lutte contre les insurgés au printemps 2006[100].

Le président afghan Hamid Karzai condamna publiquement les méthodes utilisées par les puissances occidentales. En juin 2006, il déclare :

« Et depuis deux ans, j'ai systématiquement, constamment et quotidiennement averti la communauté internationale de ce qui se développe en Afghanistan et de la nécessité d'un changement d'approche à cet égard… La communauté internationale [doit] réévaluer la manière dont cette guerre contre le terrorisme est menée. »

Les insurgés ont également été critiqués pour leur conduite. Selon Human Rights Watch, les bombardements et autres attaques contre des civils afghans par les talibans (et dans une moindre mesure le Hezb-e-Islami Gulbuddin), auraient « fortement augmenté en 2006 », avec « au moins 669 civils afghans tués en au moins 350 attaques armées, dont la plupart semblent avoir été intentionnellement lancées contre des civils ou des biens de caractère civil »[101] - [102]. 131 des attaques d'insurgés sont des attentats-suicides ayant tué 212 civils (732 blessés), 46 membres de l'armée et de la police afghanes (101 blessés) et 12 soldats étrangers (63 blessés)[103].

Les Nations unies estiment que pour le premier semestre 2011, les morts civiles ont augmenté de 15% et atteint 1 462, soit le pire bilan depuis le début de la guerre et malgré l'afflux de troupes étrangères[104].

Chronologie

Juin :
- 6 juin : un bombardement en bordure de route fait 2 morts parmi les soldats américains, l'attaque a lieu dans la province de Nangarhar. Un autre attentat-suicide à Khost fait également trois blessés parmi les soldats américains[105].
- 15 juin : Un bus transportant des ouvriers vers une base américaine explose tuant 10 personnes et en blessant 15. Les explosifs ont été placés dans le bus[106].
Juillet :
- 1^er juillet : 2 soldats britanniques sont tués lorsque leur base est prise sous le feu d'armes légères, y compris des grenades propulsées par roquettes[107].
Août :
- 8 août : 4 soldats canadiens de l'OTAN sont tués dans deux attaques distinctes. Et un kamikaze visant un convoi de l'OTAN s'est fait exploser, tuant 21 personnes[108].
- 20 août : 3 soldats américains sont tués et 3 autres blessés dans une bataille avec des militants talibans après qu'une bombe en bordure de route ait touché une patrouille américaine[109].
Septembre :
- 8 septembre : un important attentat-suicide à la voiture piégée près de l'ambassade des États-Unis à Kaboul fait 18 morts, dont 2 soldats américains[110].
- 10 septembre : le gouverneur de la province de Paktia, dans le sud-est de l'Afghanistan, est tué aux côtés de son garde du corps et de son neveu lorsqu'un kamikaze s'est fait exploser à côté de la voiture du gouverneur[111].
Octobre :
- 14 octobre : un attentat suicide dans la ville de Kandahar fait 8 morts dont un soldat de l'OTAN[112].
- 15 octobre : 2 soldats canadiens sont tués lorsque des militants talibans ont attaqué les troupes de l'OTAN à l'aide de tirs d'armes légères et de grenades propulsées par roquettes[112].
Décembre :
- 6 décembre : un kamikaze s'est fait exploser devant le bureau d'un entrepreneur de sécurité tuant 7 personnes dont 2 Américains, l'attaque a eu lieu au sud de l'Afghanistan à Kandahar[113].
- 19 décembre : le mollah Akhtar Muhammad Osmani, qui serait le numéro 4 de la choura talibane, est tué par une frappe aérienne américaine dans le sud de l'Afghanistan[114].

2007

Risques pour la sécurité régionale et niveaux de culture du pavot à opium en 2007-2008.

Les talibans continuent à privilégier les attentats-suicides comme tactique.
- En 2007, l'Afghanistan connait 140 attentats-suicides de plus – plus qu'au cours des cinq dernières années combinées – provoquant la mort de 300 personnes, dont de nombreux civils[115].
- Un rapport de l'ONU déclare que les auteurs sont de jeunes hommes peu éduqués et mécontents qui ont été recrutés par des dirigeants talibans dans des madrassas pakistanaises[116].
Les analystes occidentaux estiment que les talibans pouvent aligner environ 10 000 combattants à tout moment, selon un rapport du 30 octobre du New York Times. De ce nombre, « seulement 2 000 à 3 000 sont des insurgés à plein temps très motivés », rapporte le Times. Les autres sont des travailleurs à temps partiel, composés de jeunes hommes afghans aliénés, en colère contre les bombardements ou les combats pour gagner de l'argent. En 2007, de nombreux combattants étrangers se sont présentés en Afghanistan, un nombre inédit depuis le début de l’insurrection, selon des responsables afghans et américains. On estime que 100 à 300 combattants à plein temps sont des étrangers, généralement du Pakistan, d'Ouzbékistan, de Tchétchénie, de divers pays arabes et peut-être même de Turquie et de Chine occidentale. Ils ont tendance à être plus fanatiques et violents, et apportent souvent des compétences telles que la capacité de publier des vidéos plus sophistiquées sur Internet ou une expertise dans la fabrication de bombes[117]. Les talibans contrôlent désormais jusqu'à 54% de l'Afghanistan[118].
Le 15 avril, le gouvernement afghan promet de mettre fin à tous les contrats d'otages avec les talibans après l'exécution de deux victimes afghanes kidnappées dans le cadre d'un accord visant à libérer un journaliste italien[119].

Chronologie

Janvier :
- 23 janvier : un kamikaze s'est fait exploser devant une base américaine dans l'est de l'Afghanistan, tuant 10 personnes attendant à l'extérieur de la base[120].
Février :
- 2 février : les forces talibanes attaquent une ville du sud de l'Afghanistan, détruisant le centre du gouvernement et retenant brièvement certains anciens en captivité[121].
- 19 février : les talibans se sont brièvement emparés d'une petite ville de l'ouest de l'Afghanistan après la fuite de la police en ville, les forces talibanes sont intervenues pendant 30 minutes et ont saisi trois véhicules[122].
- 20 février : un kamikaze s'est fait exploser lors d'une cérémonie d'ouverture d'un hôpital, blessant 2 soldats de l'OTAN et un employé de l'hôpital[123].
- 27 février : 23 personnes sont tuées lorsqu'un kamikaze attaque une base militaire américaine, l'aérodrome de Bagram (BAF), dans le district de Bagram, dans la province de Parwan. L'attaque a eu lieu alors que le vice-président américain Dick Cheney se trouvait dans l'enceinte. Cheney n'a pas été blessé et était la cible prévue de l'attaque, comme le prétendent les talibans. Les morts comprennent un soldat américain, un soldat coréen et un entrepreneur américain[124].
Mars :
- 4 mars : un kamikaze attaque un convoi américain et fait 16 morts parmi les civils alors que le convoi américain tirait sporadiquement sur des voitures civiles autour d'eux. Dans un autre incident, deux soldats britanniques sont tués par un tir de roquette tirés par les talibans lors d'affrontements dans la province de Helmand du Sud[125].
- 17 mars : un kamikaze visant un convoi militaire canadien fait un mort et trois blessés, dont un soldat de l'OTAN. L'attaque a eu lieu à Kandahar[126].
- 19 mars : une voiture piégée explose près d'un convoi de trois véhicules de l'ambassade des États-Unis, faisant de nombreux blessés[127].
- 27 mars : quatre policiers sont tués dans le sud de la province de Helmand après qu'un kamikaze s'est fait exploser devant un poste de police[128].
- 29 mars: un kamikaze près de Kaboul a fait exploser des explosifs près de la voiture d'un haut responsable du renseignement afghan, tuant 4 civils[129].
Avril :
- 6 avril : Karzai déclare qu'il a parlé aux talibans pour ramener la paix en Afghanistan[130]. Il note que les talibans afghans sont « toujours les bienvenus » en Afghanistan, exceptés les militants étrangers[131].
- 9 avril : six soldats canadiens sont tués dans le sud de l'Afghanistan lorsqu'ils font exploser une bombe en bordure de route. un attentat à la bombe en bord de route, également dans le sud de l'Afghanistan, fait un mort et un blessé parmi les soldats de l'OTAN. Dans un autre incident, une déclaration du porte-parole des talibans affirme avoir décapité un traducteur travaillant pour un journaliste italien kidnappé[132].
- 15 avril : un kamikaze frappe une entreprise de sécurité privée américaine, tuant quatre Afghans travaillant pour l'entreprise[133].
- 16 avril : un kamikaze a rejoint un terrain d'entraînement de la police et a fait exploser son engin explosif, tuant 10 policiers et en blessant des dizaines d'autres. L'attaque a eu lieu dans la ville relativement calme de Kondoz. Les talibans revendiquent l'attentat[133].
- 20 avril : des explosions séparées dans le sud de l'Afghanistan font deux morts parmi les soldats de l'OTAN[134].
- 22 avril : un kamikaze s'est fait exploser dans une ville de l'est de l'Afghanistan, tuant six personnes. Une bombe en bordure de route a également touché un véhicule des services de renseignement afghans, tuant les quatre personnes se trouvant à l'intérieur[135].
- 30 avril : des centaines d'Afghans sont descendus dans les rues de l'ouest de l'Afghanistan, accusant les soldats américains d'avoir tué des dizaines de civils dans des combats qui, selon la coalition, ont tué 136 talibans au cours d'une opération de trois semaines[136].
Mai :
- 13 mai : le mollah Dadullah, le plus haut commandant militaire des talibans en Afghanistan, est tué lors de combats dans le sud[114].
- 23 mai : le nouveau commandant en chef des talibans, le mollah Bakht Mohammed, frère et remplaçant du défunt commandant sur le terrain, le Mansoor Dadullah (en), fait sa première déclaration publique, affirmant que les talibans « poursuivront la guerre sainte jusqu'au départ des pays occupants »[137].
Juillet :
- 19 juillet : la crise des otages sud-coréens implique la prise en otage par les talibans de vingt-trois travailleurs humanitaires chrétiens sud-coréens dans la province de Ghazni. Les talibans ont tué deux otages plus tard ce mois-là. La crise s'achève le 30 août avec la libération des otages restants dans le cadre d'un accord avec les diplomates du gouvernement sud-coréen.
Août :
- 31 août : un kamikaze fait exploser son véhicule chargé d'explosifs après avoir percuté trois véhicules militaires à la porte militaire de l'aéroport international de Kaboul. Deux soldats afghans sont tués et dix personnes blessées.
Septembre :
- 29 septembre : dans un effort pour parvenir à un compromis avec les dirigeants talibans, Karzai propose un quid quo pro en permettant aux militants d'avoir une place au gouvernement s'ils cessent de se battre. Les dirigeants talibans répondent qu'il n'y aura pas de compromis à moins que des forces intervenantes telles que l'OTAN et les États-Unis quittent le pays[138].
Novembre :
- 2 novembre : Mawlawi Abdul Manan, figure importante des talibans, est tué par les forces de sécurité afghanes. Sa mort est confirmée par les talibans[139].

2008

Les États-Unis avertissent qu'en 2008, les talibans se sont « fusionnés en une insurrection résiliente » et « maintiendront ou même augmenteront la portée et le rythme de leurs attaques terroristes »[140]. Les attaques des insurgés talibans dans l'est de l'Afghanistan ont augmenté de 40 % par rapport à la même période en 2007[140].

Chronologie

Février :
- 24 février : la médiocrité des renseignements militaires donne lieu à des rapports contradictoires sur une éventuelle offensive printanière des talibans[141] - [142].
Août :
- 19 août : les forces talibanes tuent 9 soldats français (dont un 10^e mort dans un accident) près de Kaboul[143].
Octobre :
- 6 octobre : CNN rapporte que, via des intermédiaires saoudiens, les talibans négocient pour mettre fin au conflit en Afghanistan ; les talibans se sont séparés d'Al-Qaïda[144].
Décembre :
- 7 décembre : 200 talibans armés de RPG et d'armes automatiques attaquent deux dépôts de ravitaillement de l'OTAN à l'extérieur de Peshawar, détruisant 100 véhicules remplis de fournitures destinées à soutenir l'effort de l'OTAN en Afghanistan[145] - [146].
- 8 décembre : 200 talibans armés de RPG et d'armes automatiques attaquent un dépôt de ravitaillement de l'OTAN à l'extérieur de Peshawar, détruisant 53 camions porte-conteneurs remplis de fournitures destinées à soutenir l'effort de l'OTAN en Afghanistan[145].

2009

En 2009, les talibans reprennent le contrôle des campagnes de plusieurs provinces afghanes. En août 2009, les commandants talibans de la province d'Helmand commencent à délivrer des « visas » de la part de « l'Émirat islamique d'Afghanistan » afin de permettre les voyages vers et depuis la capitale provinciale de Lashkar Gah[147].

Chronologie

Juin :
- 30 juin : Bowe Bergdahl, soldat de première classe de l'armée américaine, est capturé par les talibans dans le sud de l'Afghanistan.
Juillet :
- 18 juillet : les talibans diffusent une vidéo montrant Bergdahl interviewé par l'un de ses ravisseurs[148].
Août :
- 12 août : les porte-parole des talibans menacent le public de ne pas voter aux prochaines élections présidentielles[149].
- 15 août : attentat à la bombe contre le quartier général de l'OTAN en Afghanistan :
  - Une voiture piégée explose devant le siège de l'OTAN à Kaboul, tuant au moins sept personnes et en blessant près de 100. Des soldats de l'ISAF sont signalés parmi les blessés.
- 25 août : une voiture piégée massive secoue Kandahar, tuant au moins 30 personnes et en blessant des dizaines alors que des immeubles s'effondrent dans le centre-ville. L'attaque survient après l'annonce des premiers résultats des élections présidentielles[150]. Quatre soldats américains meurent dans une explosion d'un engin explosif improvisé (EEI) dans le sud de l'Afghanistan, portant les pertes de l'ISAF à 295, éclipsant le nombre de morts de la coalition estimé à 294 lors d'une explosion en 2008[151].
Septembre :
- 4 septembre : une frappe aérienne américaine sur deux pétroliers tue au moins 70 personnes dans la province de Farah après avoir été détournée par des militants talibans. Des proches en colère des personnes tuées affirment que des civils récupéraient du carburant dans les camions-citernes au moment de la frappe aérienne[152].
Décembre:
- le 1^er décembre, le président américain Barack Obama annonce envoyer 30 000 soldats supplémentaires pour aider à combattre l'insurrection talibane. Les talibans réagissent au discours du président en déclarant intensifier leur combat en Afghanistan. Un commandant taliban déclare à la BBC que si davantage de troupes américaines arriveront, de nouveaux soldats mourront[153].
- Après sa réélection contestée, le président Hamid Karzai annonce aller de l'avant avec un projet de Loya Jirga pour discuter de l'insurrection talibane. Les talibans seront invités à participer à cette Jirga[154].

2010

Régions insurgées en Afghanistan et dans les régions frontalières du Pakistan, à partir de 2010.

En 2010, les talibans sont chassés de certaines parties de la province de Helmand par l'opération Moshtarak de la FIAS débuté en février 2010. Entre-temps, l'insurrection des talibans s'est étendue aux provinces du nord du pays[155] - [156]. La nouvelle politique des talibans est de déplacer les militants du sud vers le nord, pour montrer qu'ils existent « partout », selon le gouverneur de la province de Faryab, Abdul Haq Shafaq[157] - [158]. La plupart des troupes afghanes et de l'OTAN étant stationnées dans les provinces du sud et de l'est, les villageois du nord autrefois pacifique[159] se sont retrouvés confrontés à une détérioration rapide de la sécurité, alors que les insurgés s'emparèrent de nouveaux territoires dans des provinces telles que Kondoz et Baghlan, s'étant même infiltrés dans les montagnes de la province de Badakhshan au nord-est.

Chronologie

Janvier:
- 17 janvier : « le jour de la terreur à Kaboul » :
  - Ce jour-là, des fusillades près du palais présidentiel et d'autres bâtiments gouvernementaux paralysent la capitale afghane pendant des heures[160] - [161].
  - Alors que le président Karzai prête serment à ses nouveaux ministres à l'intérieur du palais présidentiel, des militants lancent des attaques dans plusieurs endroits de Kaboul, notamment des centres commerciaux, un cinéma et la banque centrale. Une équipe d'hommes armés lance un assaut spectaculaire dans le « style commando » avec deux hommes kamikazes, les autres se livrant à un combat à mort près des portes du palais présidentiel, une opération menée par des insurgés pour terroriser la capitale afghane, démoralisant davantage la population et prêtant à l'impression que pratiquement aucune partie du pays ne peut être en sécurité[162] - [163] - [164] - [114] - [165] - [166] - [167]. Les talibans déclarent avoir déployé 20 kamikazes portant des gilets explosifs et également armés d'armes lourdes et légères[168] - [169].
  - Un responsable de la sécurité occidentale a estimé qu'il y avait un incident de sécurité à Kaboul, en moyenne, tous les sept à dix jours.
Février :
- 26 février : des militants ciblent des hôtels et des maisons d'hôtes à Kaboul. Jusqu'à neuf Indiens, un diplomate italien et un cinéaste français sont dénombrés morts dans le pire assaut contre la capitale afghane depuis plusieurs mois. Une bataille de quatre heures commence par un attentat à la voiture piégée et comprend des attaques kamikazes et des combattants talibans lançant des grenades. Les attaques semblent viser des responsables du gouvernement indien et des travailleurs médicaux. Trois policiers afghans sont tués et six autres officiers figurent parmi les 38 personnes blessées dans ce qui est décrit comme une attaque bien planifiée et coordonnée[170].
Juin :
- 2-4 juin : l'administration Karzai organise la Jirga de la paix afghane à Kaboul qui est annoncée après les élections présidentielles de 2009. Les talibans ne sont pas invités.
Juillet :
- 20-29 juillet : Conférence internationale sur l'Afghanistan à Kaboul.
Août :
- 6 août : assassinat de 10 membres de l'équipe médicale d'une association caritative chrétienne dans les montagnes du Badakhshan.
- 10 août : Amnesty International suggère que la Cour pénale internationale devrait ouvrir une enquête officielle sur les crimes commis par les talibans et d'autres groupes d'insurgés en Afghanistan[171] - [172] - [173] - [174] - [175].

2011

Chronologie

Les talibans ont continué d'attaquer et de tendre des embuscades aux troupes de l'OTAN et afghanes, tout en assassinant de manière ciblée des responsables gouvernementaux.

Janvier :
- 29 janvier : le sous-gouverneur de Kandahar est tué dans un attentat suicide. Trois mois plus tard, le 15 avril, le chef de la police de Kandahar, le général Khan Mohammed Mujahid, est également tué.
Avril :
- Il est rapporté qu'en 2011, les États-Unis dépensent 2 milliards de dollars par semaine pour combattre les talibans en Afghanistan. La guerre en Afghanistan aurait coûté aux États-Unis environ 108 milliards de dollars pour l'année 2011. À titre de comparaison, la guerre en Irak leur ont coûté environ 50 milliards de dollars cette année-là[176].
Mai :
- 28 mai : les talibans assassinent l'un de leurs principaux opposants, Mohammed Daud Daud, lors d'un attentat à la bombe. Six autres personnes sont également tuées. Il était le chef de la police pour le nord de l'Afghanistan.
Juillet :
- 18 juillet : le conseiller du président Karzai, Jan Mohammad Khan, est assassiné à Kaboul par les talibans lors d'un attentat qui tue également un député afghan[177].
- Dès le 18 juillet, les forces de la coalition entament leur plan de transition en remettant le pouvoir de plusieurs zones à l'autorité afghane à la suite de leur plan de retrait futur du pays. Un militant taliban qui s'était infiltré dans la police afghane tue sept autres policiers à Lashkar Gah[178]. Le même jour, le chef de la police du district de Registaan et trois autres policiers sont tués dans des attentats à la bombe[179].
- 22 juillet : 325 combattants de la coalition sont dénombrés tués, plus de 55 % des décès causés par des EEI[180].
- 19 juillet : le chef général de l'ISAF, David Petraeus, quitte son poste avec des résultats mitigés[181] - [182]. Pendant son mandat à la tête de l'ISAF, 3 775 insurgés ont été tués ou capturés lors de 2 832 raids [182], tandis que 713 soldats de l'OTAN ont été tués. Dans l'ensemble, le niveau de violence dans le pays a augmenté. Il est remplacé par le général John Allen.
- 20 au 22 juillet : les troupes de l'OTAN tuent 50 combattants Haqqani lors d'une attaque contre leur camp[183].
- 24 juillet : une enquête militaire américaine découvre qu'une partie des 2 milliards de dollars de fonds donnés par les États-Unis dans des contrats est tombée entre les mains de l'insurrection[184].
- 27 juillet : le maire de Kandahar, Ghulam Haidar Hameedi, est tué dans un attentat suicide[185].
- 28 juillet : des kamikazes et des tireurs d'élite attaquent le quartier général de la police de Tarin Kowt lors d'une attaque à grande échelle qui tue plus de 21 personnes, dont le journaliste afghan Ahmed Omed Khpulwak[186]. Selon le ministre afghan de l'Intérieur, pour la période de 2 ans entre le 19 mars 2009 et le 19 mars 2011, 2 770 policiers afghans ont été tués et 4 785 blessés tandis que 1 052 soldats afghans ont été tués et 2 413 blessés[187].
- 31 juillet : 10 policiers afghans sont tués dans un attentat suicide à Lashkar Gah où les forces de sécurité afghanes avaient succédé à l'OTAN une semaine auparavant. Le même jour, 10 gardes afghans protégeant un convoi de ravitaillement de l'OTAN sont tués dans une attaque[188]. La veille, 5 soldats afghans et 2 soldats de l'OTAN ont été tués dans un attentat à la bombe contre leur patrouille[189].
Août :
- 6 août : 31 soldats des forces spéciales américaines sont tués dans le crash de leur hélicoptère probablement abattu lors d'un combat avec les talibans[190]. Sept soldats afghans sont également tués. Ce fut le plus grand nombre de morts pour les troupes de l'OTAN de toute la guerre. La plupart des soldats américains tués étaient des Navy SEALs[191].
- 7 août : 4 soldats de l'OTAN sont tués, dont deux membres de la Légion étrangère française, et 5 autres sont blessés[192].

2012

Chronologie

Août :
- 27 août :
  - Les insurgés talibans dans la région du sud de l'Helmand contrôlée par les talibans tuent 17 civils — quinze hommes et deux femmes — qui assistaient à une fête. Un responsable du gouvernement déclare que les victimes ont été décapitées pour avoir célébré avec de la musique et des danses mixtes[193] dans le district de Musa Qala à Helmand, ce qui va à l'encontre de l'islam extrême des talibans. Plus tard, cependant, un responsable du gouvernement provincial déclare que les 17 personnes tuées résultent d'une bagarre entre deux commandants talibans au sujet de deux femmes (qui ont également été tuées). Les civils ont été soit décapités, soit égorgés, mais certains présentent des signes de blessures par balle ou de coups[194].
    - Les attentats sont condamnés par le président afghan Hamid Karzai (qui ordonne une enquête sur l'attentat[193]), le chef de la coalition de l'OTAN dirigée par les États-Unis, les Nations Unies et l'Union européenne. Cependant, les talibans nient toute responsabilité dans l'attaque, affirmant qu'aucun membre taliban n'a jamais tué de civils.
    - L'attaque se produit le même jour lorsque deux soldats américains sont tués par un soldat afghan[195].
  - 10 soldats afghans sont tués par les talibans, également dans la province de Helmand[194].

2013

Chronologie

Janvier :
- 6 janvier : des kamikazes tuent quatre personnes lors d'une attaque à Spin Boldak.
- 16 janvier : le siège de la direction nationale afghane de la sécurité à Kaboul est attaqué par une équipe de kamikazes, tuant un agent de sécurité et 17 autres blessés.
- 26 janvier : un attentat suicide dans un marché de Kondoz tue au moins dix personnes et en blesse jusqu'à vingt autres.
- 27 janvier : au moins vingt membres de la police nationale afghane ont été tués dans des attentats à la bombe au cours de la dernière journée et huit policiers ont été tués lors de la dernière attaque à Kandahar.

Février :
- 24 février : deux gardes et un policier afghan sont tués dans des attentats-suicides coordonnés à Jalalabad et dans la province de Logar, dans l'est de l'Afghanistan, tandis qu'une troisième attaque de ce type contre la Direction nationale de la sécurité à Kaboul est déjouée.
- 27 février : des insurgés talibans tuent 17 miliciens afghans affiliés au gouvernement lors d'une attaque nocturne dans le district d'Andar, dans l'est de la province de Ghazni.

Mars :
- 11 mars :
  - Deux soldats américains et trois soldats afghans sont tués dans la province de Wardak lors de la dernière attaque d'initiés contre les forces de la coalition.
  - Dans un autre incident, deux civils afghans sont abattus par des soldats américains après avoir omis de s'arrêter à un poste de contrôle près de Kaboul.
- 13 mars : un kamikaze tue 10 spectateurs, dont le chef de la police du district, lors d'un événement de jeu local dans la province de Kondoz, dans le nord de l'Afghanistan.
- 26 mars :
  - Un attentat suicide contre un poste de police à Jalalabad tue cinq policiers tandis que sept assaillants meurent.
  - Un soldat britannique est tué et neuf sont blessés par des insurgés talibans lors d'une attaque contre une base de patrouille avec un camion piégé et des tirs d'armes légères dans la province de Helmand, district de Nad Ali.

Avril :
- 3 avril :
  - plus de 46 personnes sont tuées et plus de 100 blessées à la suite d'une attaque de militants talibans armés de gilets explosif contre un palais de justice à Farah.
  - Des hommes armés et des kamikazes talibans ont attaqué Farah, tuant 34 civils et 10 membres des forces de sécurité. Neuf assaillants ont été tués.
- 5 avril : un âne chargé d'explosifs est utilisé dans une attaque contre un poste de sécurité de la police dans le district d'Alingar de la province de Laghman, dans l'est de l'Afghanistan, tuant un policier et blessant trois civils.
- 6 avril : un attentat à la bombe à Qalat, capitale de la province méridionale de Kaboul, tue trois soldats américains et deux civils américains, ainsi qu'un médecin afghan. Un civil américain meurt dans une autre attaque dans l'est du pays.
- 8 avril : des combattants talibans sont soupçonnés d'être responsables de l'explosion d'un bus qui a tué au moins neuf personnes et en a blessé plus de vingt autres dans la province de Wardak.
- 12 avril : 13 soldats de l'armée nationale afghane sont tués et un est blessé dans une embuscade dans la province orientale de Kounar.
- 22 avril : 11 personnes sont kidnappées en Afghanistan lors d'un transit en l'hélicoptère qui fut forcé d'atterrir. Les talibans assument la responsabilité des enlèvements.
- 26 avril : six policiers sont empoisonnés et tués par balle dans la province de Kunduz tandis qu'un autre est porté disparu.
- 26 avril : au moins 30 personnes meurent dans le sud de l'Afghanistan après qu'un bus s'est écrasé dans l'épave d'un camion attaqué par des insurgés talibans.
- 29 avril : un Boeing 747 s'écrase près d'une base militaire américaine à Begrâm, tuant les sept membres d'équipage américains à bord.
- 30 avril : une bombe en bordure de route tue trois membres de la force ISAF de l'OTAN en Afghanistan.

Mai :
- 4 mai : cinq soldats américains sont tués lorsqu'une bombe explose à Kandahar. De plus, trois autres sont tués dans des incidents distincts.
- 6 mai : un garde-frontière afghan est tué et deux soldats pakistanais sont blessés dans des violences frontalières.
- 13 mai : trois soldats géorgiens sont tués et plusieurs blessés lors d'une attaque insurrectionnelle à grande échelle contre une base de la FIAS dans la province de Helmand.
- 14 mai : les talibans tuent quatre soldats américains dans la province de Kandahar.
- 16 mai : un kamikaze tue 15 personnes dont deux soldats américains et quatre employés de l'OTAN à Kaboul. L'explosion blesse également 39 personnes.
- 24 mai : les forces de sécurité afghanes combattent les insurgés talibans dans le centre de Kaboul. Un policier afghan, un soldat népalais et de nombreux insurgés sont tués.

Juin :
- 2 juin : des insurgés talibans attaquent deux points de contrôle dans le district de Kamdesh, dans l'est de l'Afghanistan, tuant quatre policiers afghans.
- 3 juin : un attentat-suicide dans l'est de l'Afghanistan tue au moins 20 personnes, dont 10 enfants.
- 6 juin : sept militaires géorgiens sont tués et neuf blessés lors d'une attaque d'insurgés au camion piégé contre la base de la FIAS à Shir Ghazay.
- 8 juin :
  - En Afghanistan, un homme portant un uniforme militaire afghan attaque et tue trois soldats américains, dans ce qui semble être une attaque interne contre des soldats de la Force internationale d'assistance à la sécurité américaine, basée dans la province de Paktika, dans l'est de l'Afghanistan.
  - Dans un autre incident sans rapport, un soldat italien est tué et trois blessés lorsqu'un enfant lance une grenade sur un convoi de l'OTAN dans la province de Farah, dans l'ouest de l'Afghanistan.
- 10 juin : sept militants talibans lourdement armés lancent une attaque coordonnée près du principal aéroport international de Kaboul et s'emparent d'un immeuble de cinq étages en construction à proximité. Les forces de sécurité afghanes reprennent le bâtiment, tuant les sept militants et ne faisant aucune victime militaire ou civile.
- 11 juin :
  - Une bombe explose près de la Cour suprême afghane tuant huit personnes et en blessant des dizaines.
  - À Kaboul, un kamikaze taliban fait 16 morts.
- 18 juin :
  - Une bombe explose à Kaboul tuant trois personnes et en blessant six autres.
  - Quatre soldats américains sont tués près de l'aérodrome de Bagram.
- 25 juin : des hommes armés et des kamikazes tuent trois agents de sécurité. Le même jour, les talibans attaquent le palais présidentiel, sept ou huit explosions se produisent et huit assaillants sont tués.

Juillet :
- 2 juillet : des militants attaquent le siège de l'OTAN au nord de Kaboul, faisant au moins deux morts.
- 9 juillet : 17 personnes sont tuées par une bombe en bordure de route.
- 23 juillet : une bombe tue huit personnes dans la province d'Awardak, dont trois soldats de l'armée américaine, quatre soldats de l'armée nationale afghane et un interprète afghan.

Août :
- 3 août : 9 enfants meurent dans un attentat suicide près du consulat indien à Jalalabad.
- 5 août : une bombe explose dans un marché de Kandahar, tuant au moins quatre personnes.
- 8 août : une bombe explose dans un cimetière de la province de Nangarhar, tuant au moins 14 personnes.
- 11 août : trois soldats américains sont tués dans une attaque dans la province de Paktia.
- 17 août : 10 personnes sont tuées dans un camp par des insurgés dans l'ouest de l'Afghanistan.
- 23 août : une patrouille conjointe de routine composée de parachutistes britanniques, de marines américains et de soldats afghans cible un village pour rechercher des armes illégales dans la province de Helmand. Après l'insertion par un hélicoptère Chinook, la patrouille est prise en embuscade par les talibans, l'escarmouche qui en résulte dure environ 45 minutes et tue 11 insurgés et en blesse quatre autres, un officier de la marine américaine est également blessé, un soldat reçut la croix de Victoria lors de cette action.

Septembre :
- 8 septembre : les talibans tuent quatre soldats de l'armée nationale afghane lors d'une attaque contre un bureau de renseignement près de Kaboul.
- 13 septembre :
  - Des insurgés talibans attaquent le consulat des États-Unis à Hérat, tuant deux membres de la police nationale afghane et blessant une vingtaine de civils.
  - Des hommes armés et des kamikazes talibans tuent huit agents de sécurité et un policier à Hérat. Les sept assaillants sont tués.

Octobre :
- 15 octobre : une bombe dans une mosquée de la province de Logar tue le gouverneur Arsala Jamal et fait d'autres blessés.
- 27 octobre : une bombe en bordure de route dans l'est de l'Afghanistan tue 18 personnes.

Novembre :
- 16 novembre : un attentat suicide à la voiture piégée à Kaboul tue six personnes et en blesse vingt.

Décembre :
- 23 décembre : le capitaine Richard Holloway du Special Boat Service est tué par des coups de feu lors d'un raid conjoint des forces SBS-afghanes (avec soutien aérien) sur les insurgés talibans dans une vallée à l'est de Kaboul, avant les élections en Afghanistan.
- 27 décembre : un kamikaze attaque un convoi militaire étranger à la périphérie est de Kaboul, tuant au moins trois soldats étrangers, des policiers et la Force internationale d'assistance à la sécurité dirigée par l'OTAN.

2014

Alors que les troupes américaines commencent à partir et que le nombre d'attaques talibanes augmentent, des spéculations éclatent selon lesquelles les talibans attendent un retrait américain avant de lancer une offensive majeure[196].

Chronologie

Janvier :
- 6 janvier : un kamikaze à la voiture piégée explose à un poste de contrôle de la police dans la province de Ghazni, tuant trois policiers.
- 8 janvier : un livre publié par l'ancien secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, critique le président Barack Obama pour sa gestion de la guerre en Afghanistan.
- 9 janvier : le gouvernement afghan annonce la libération de 72 combattants talibans des prisons, malgré les objections américaines selon lesquelles ils constituent une menace pour la sécurité.
- 11 janvier : un garçon afghan de quatre ans est tué par les troupes américaines.
- 17 janvier : 21 personnes sont tuées dans un attentat suicide contre un restaurant de Kaboul.
- 26 janvier : un kamikaze attaque un bus de l'armée à Kaboul, tuant deux soldats et deux civils.

Février :
- 10 février : une voiture piégée explose à Kaboul, tuant deux sous-traitants travaillant avec la FIAS.
- 18 février : un attentat suicide à Kaboul tue au moins deux personnes.
- 24 février : le commandant en chef des talibans, Asmatullah Shaheen Bhittani, est tué à Khyber Pakhtunkhwa.

Mars :
- 11 mars : des hommes armés à Kaboul tuent le correspondant étranger de la radio suédoise Nils Horner.
- 12 mars : trois insurgés talibans sont tués par une équipe de policiers afghans et de commandos privés après avoir attaqué un ancien QG de la direction nationale de la sécurité à Kandahar. Les talibans affirment avoir tué quatre commandos et cinq policiers, ce que la police nie.
- 18 mars : un kamikaze en pousse-pousse explose sur un marché de Maïmana, tuant 15 personnes et en blessant des dizaines.
- 20 mars :
  - Quatre membres présumés talibans attaquent le luxueux hôtel Serena à Kaboul, tuant au moins neuf personnes, dont quatre étrangers.
  - Des kamikazes attaquent un poste de police dans la ville de Jalalabad, faisant au moins 11 morts et 22 blessés.

Avril :
- 2 avril : un kamikaze portant un uniforme militaire frappe un bureau d'inscription des électeurs à Kaboul, tuant six policiers.
- 4 avril : deux membres de l'Associated Press sont abattus par un Afghan portant un uniforme de police à Khost. L'une d'elles, la lauréate du prix Pulitzer et photojournaliste Anja Niedringhaus, est tuée. L'autre est grièvement blessé.

Mai :
- 8 mai : une bombe artisanale près de la frontière afghane dans le Waziristan du Nord, au Pakistan, tue huit soldats pakistanais.
- 21 mai : les talibans lancent des attaques dans les provinces de Badakhshan et de Laghman, tuant 10 policiers et trois civils.
- 23 mai : des hommes armés attaquent le consulat indien dans la province de Hérat.

Juin :
- 9 juin : cinq soldats de la Force internationale d'assistance à la sécurité de l'OTAN sont tués dans la lutte contre les talibans.

Juillet :
- 2 juillet : un kamikaze attaque un bus de l'armée de l'air de l'armée nationale afghane à Kaboul, tuant au moins cinq personnes.
- 8 juillet : les talibans revendiquent la responsabilité d'une attaque dans le centre de l'Afghanistan qui a coûté la vie à 10 civils, quatre membres tchèques de la Force internationale d'assistance à la sécurité et deux policiers afghans.
- 12 juillet : une attaque transfrontalière des talibans afghans tue trois soldats de l'armée pakistanaise dans l'agence Bajaur des zones tribales sous administration fédérale.
- 15 juillet : une voiture piégée explose sur un marché de la province de Paktika, dans l'est de l'Afghanistan, tuant au moins 89 personnes et en blessant des dizaines d'autres lors de l'une des attaques les plus meurtrières de la guerre.
- 17 juillet : des explosions et des coups de feu sont signalés près de l'aéroport international de Kaboul alors que des militants capturent temporairement un bâtiment en construction.
- 22 juillet : un kamikaze taliban se fait exploser devant l'aéroport international de Kaboul, tuant trois conseillers étrangers et un interprète afghan.
- 24 juillet : à Herat, deux femmes finlandaises travaillant pour une organisation d'aide étrangère sont abattues.
- 25 juillet : les insurgés afghans tuent 17 civils chiites en provenance de Kaboul.
- 26 juillet : les insurgés arrêtent des minibus dans la province de Ghor et exécutent 14 musulmans chiites.
- 29 juillet : un kamikaze tue Hashmat Karzai, le cousin du président afghan et un éminence régionale, dans la ville de Kandahar.

Août :
- 5 août : un général de division américain, Harold J. Greene est tué, et un général de brigade allemand et plusieurs soldats américains font partie des 15 blessés, lors d'une attaque par un soldat afghan — tué par des soldats afghans — à l'université de la Défense Marshal Fahim National de Kaboul.
- 14 août : une bombe en bordure de route explose à côté d'une voiture de police dans la province de Laghman, tuant trois policiers et en blessant quatre autres.
- 30 août : des insurgés talibans attaquent le bâtiment de la Direction nationale de la sécurité à Jalalabad, faisant au moins six morts.

Septembre :
- 8 septembre : un attentat suicide à la bombe tue le chef de la police du sud de la province de Kandahar.
- 16 septembre : une grosse bombe explose à Kaboul entraînant la mort de trois soldats internationaux (dont un major de l'armée américaine) et cinq blessés.
- 30 septembre : un double attentat suicide tue sept personnes et en blesse 21 autres, dont des soldats afghans à Kaboul.

Octobre :
- 1^er octobre : des kamikazes talibans attaquent un convoi de l'armée nationale afghane à Kaboul, tuant au moins sept personnes et en blessant 19.
- 8 octobre : un kamikaze tue au moins quatre personnes et en blesse 16 dans la province de Helmand.
- 13 octobre : une attaque des talibans tue 22 militaires afghans dans le nord de l'Afghanistan.
- 21 octobre : une bombe en bordure de route à Kaboul tue au moins quatre soldats des forces de sécurité nationale afghanes et six autres soldats et six civils sont blessés.

Novembre :
- 10 novembre : dix policiers, dont un commandant, sont tués par des attentats à la bombe à Jalalabad et dans la province de Logar.
- 18 novembre : un kamikaze attaque à Kaboul et tue au moins deux personnes.
- 23 novembre : attentat de Yayha Khail
- 27 novembre : un attentat suicide à Kaboul tue six personnes dont un Britannique.

Décembre :
- 1^erdécembre : un attentat-suicide tue au moins neuf personnes, dont deux policiers, lors des funérailles d'un ancien d'une tribu dans la province de Baghlan.
- 11 décembre : un kamikaze taliban tue au moins six soldats de l'armée nationale afghane à Tangi Tarakhil, à la périphérie de Kaboul.
- 13 décembre :
  - Des hommes armés assassinent Atiqullah Rawoofi, le chef du secrétariat de la Cour suprême d'Afghanistan, dans la périphérie de Kaboul[197].
  - 21 personnes meurent dans des attaques à travers l'Afghanistan, dont deux soldats américains.

2015

2015 voit les talibans obtenir divers gains en Afghanistan dans une tentative de fracture du gouvernement afghan naissant avec des succès sans précédent depuis l'intervention de l'OTAN en 2001. Les talibans multiplient les attentats-suicides et réalisent de multiples gains territoriaux à travers le pays.

Offensive de Kondoz

À partir d'avril, les talibans se battent pour la ville de Kondoz dans le nord de la province du même nom et parviennent à capturer la ville en septembre. Les forces armées afghanes la reprennent en octobre, mais des sources locales contestent cette affirmation[198]. La chute rapide de la ville entraîne des appels de la part de certains responsables gouvernementaux pour que le président Ashraf Ghani et le PDG Abdullah Abdullah démissionnent[199].

Offensive de Helmand

En décembre, les talibans ont fait d'avantage de gains territoriaux en assiégeant les forces afghanes dans les villes de Lashkar Gah, Sangin et les villes périphériques de la province de Helmand dans le sud de l'Afghanistan[200]. Fin décembre, la majeure partie de Sangin est capturée par les talibans, les forces afghanes locales étant encerclées et forcées de compter sur des ponts aériens pour les munitions et la nourriture[201].

Effets

Les gains réalisés par les talibans entravent les pourparlers de paix avec le gouvernement et font apparaître des divisions au sein des talibans au sujet des négociations[202]. En réponse aux nouvelles offensives, les États-Unis décident de ralentir leur retrait des troupes pour aider aux opérations de contre-insurrection[203].

2016

Chronologie

14 avril : les talibans attaquent Kondoz.
19 avril : attentat à l'aide d'un camion de chantier piégé devant un bâtiment des services de renseignements afghans.
31 mai : enlèvement d'un bus avec 220 personnes, 10 personnes sont tués.
1^er juin : prise d'assaut d'un tribunal à Ghazni, 5 talibans décédés et 5 autres décès sont dénombrés.
Juin : les talibans comptent 25 000 combattants dans le Helmand, Kandahar et Uruzgan, selon des sources américaines[204].
18 juillet : attaque de Qalai Zal, sans succès.
Juillet : 20 % de l'Afghanistan est aux mains des talibans, selon le magazine Time[205].
Décembre : les talibans contrôlent 10 % de l'Afghanistan, selon l'armée américaine[206].

2017

Chronologie

10 janvier : les talibans tuent des dizaines de personnes lors d'attentats à la bombe à Kaboul et à Lashkargah, dans la province de Helmand.
21 avril : au moins 10 talibans attaquent le camp Shaheen à Mazâr-e Charîf, dans la province de Balkh, tuant au moins 140 soldats. Tous les assaillants seront liquidés.
22 juin : un kamikaze taliban tue au moins 34 personnes dans une banque de Lashkargah.

2018

Chronologie

27 janvier : un kamikaze taliban tue plus de 100 personnes à Kaboul en utilisant une bombe dans une ambulance.
20 janvier : l'hôtel Intercontinental de Kaboul est attaqué par les talibans. L'attaque fait 40 morts, dont 15 étrangers.
15 août : un kamikaze déclenche sa charge explosive dans un centre éducatif, dans un quartier chiite de l’ouest de Kaboul et fait 48 morts.

2019

Pendant la majeure partie de l'année, le gouvernement américain maintient des pourparlers avec les talibans, dans le but d'obtenir un accord de paix avec l'insurrection. Cependant, un attentat suicide à Kaboul le 7 septembre 2019 qui tue 11 personnes et un soldat américain incite le président américain à rompre les pourparlers de paix avec les talibans[207]. À la mi-septembre, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo affirme que les talibans ont subi plus de 1 000 victimes de guerre en l'espace d'une semaine seulement depuis l'arrêt des négociations de paix avec les talibans[208].

2020

Le 29 février, l'accord entre les États-Unis et les talibans est signé à Doha, au Qatar. L'accord prévoit le retrait des 13 000 soldats américains et alliés au cours des 14 prochains mois, à condition que les talibans poursuivent le processus de paix. Le premier retrait, d'environ 5 000 personnes, aura lieu dans les 135 prochains jours[209].

L'accord de paix stipule que les talibans n'autoriseront pas les organisations terroristes comme Al-Qaïda « à utiliser le sol afghan pour menacer la sécurité des États-Unis et de ses alliés »[209]. En cas de succès, l'accord de paix mettra fin à 18 ans de conflit. Quelques jours seulement après la signature de l'accord historique, les forces américaines mènent des frappes aériennes sur les soldats talibans à titre de mesure « défensive », alors que les combattants talibans « attaquaient activement » un point de contrôle du gouvernement afghan[210].

Le 2 mai, les États-Unis révèlent que l'accord comprend un engagement informel pour les deux parties de réduire la violence de 80 %. Depuis la signature de l'accord, les attaques contre les villes et les forces de la coalition diminuent, mais les attaques globales augmentent de 70 % par rapport à la même période en 2019, selon Reuters. Les talibans affirment que les attaques ont diminué depuis la signature de l'accord.

Le 12 mai, un camion kamikaze tue cinq civils à Gardêz, dans la province de Paktiya. Le 18 mai, les talibans tuent neuf personnes lors d'une attaque similaire dans la province de Ghazni[211].

Le 29 mai, il est révélé que de nombreux dirigeants du réseau Haqqani alignés sur les talibans ainsi que les talibans sont infectés par le COVID-19. Lors de cette période de pandémie, le fils du défunt fondateur, le mollah Mohammad Omar, le mollah Mohammad Yaqoub, est nommé chef par intérim de toute l'organisation[212].

2021

Une carte de l'Afghanistan montrant l'offensive des talibans.

En 2021, les forces américaines et leurs alliés commencent à se retirer d'Afghanistan, ce qui permet aux talibans d'intensifier leur insurrection.

Le 16 juin, les talibans exécutent 22 soldats de l'armée nationale afghane alors qu'ils tentent de se rendre ; des témoins oculaires locaux déclarent que la langue que les militants utilisaient entre eux est étrangère, indiquant que les combattants ne sont vraisemblablement pas de la région[213].

Le 29 juin, d'intenses combats entre les insurgés talibans et les forces gouvernementales tuent 28 civils et en blessent 290 autres au cours de la semaine écoulée, selon le directeur d'un hôpital de Kondoz, la majorité des morts étant des enfants, des femmes et des personnes âgées. Les talibans dépassent leurs bastions du sud et intensifient les combats dans le nord, selon des experts militaires[214].

Le 2 juillet, les troupes américaines quittent complètement l'aérodrome de Bagram, le remettant aux forces armées afghanes alors que la coalition, y compris les États-Unis, se préparent à quitter l'Afghanistan après 20 ans. Pendant ce temps, les combats se poursuivent entre les talibans et les forces gouvernementales, des analystes affirmant que les talibans seront « aux portes de Kaboul »[215]. Par la suite, l'aérodrome de Bagram est pillé par les habitants à la suite du retrait soudain des Américains de la base aérienne, qui s'est déroulé sans aucune coordination avec les autorités locales. Les troupes afghanes ont ensuite débarrassé la base aérienne des pillards et en ont assuré le contrôle[216].

En juin, les talibans capturent 700 Humvee ainsi que des dizaines de véhicules blindés et de systèmes d'artillerie de l'armée nationale afghane alors que davantage de districts tombent sous le contrôle du groupe lors de leur offensive dans le nord[217].

Le 4 juillet, les talibans prennent le contrôle de plusieurs autres districts du jour au lendemain alors que les troupes afghanes abandonnent leurs postes et fuyaient vers le Tadjikistan voisin via la province de Badakhchan. Le Comité d'État pour la sécurité nationale du Tadjikistan rapporte que plus de 300 soldats afghans ont traversé la frontière tadjike alors que le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid confirme que la plupart des gains de territoire se sont produits sans combat[218].

Le 5 juillet, le conseiller présidentiel afghan Hamdullah Mohib déclare la mise en oeuvre d'une contre-offensive contre les talibans dans le nord après la prise de six districts de la province de Badakhshan par le groupe. Un jour plus tôt, au moins 1 037 soldats afghans ont abandonné leurs positions et se sont enfuis au Tadjikistan[219].

Le 7 juillet, les insurgés talibans entrent dans Qala-I-Naw, la capitale provinciale de la province de Badghis, et de violents combats sont signalés alors que les militants se déplacent « vers le centre de la ville ». Tous les responsables gouvernementaux de la ville sont transférés dans une base militaire voisine, tandis que les talibans libèrent environ 400 prisonniers de la prison de la ville[220].

Le 9 juillet, les talibans capturent la ville frontalière d'Islam Qala, à Hérat, le plus grand point de passage frontalier de l'Afghanistan avec l'Iran[221]. Le même jour, les insurgés talibans capturent la ville frontalière de Torghundi à la frontière avec le Turkménistan alors que les forces de sécurité nationales afghanes s'effondrent à Hérat[222]. Le ministère de l'Intérieur déclare que les troupes ont été « temporairement déplacées » et que des efforts sont en cours pour reprendre le passage frontalier. De plus, un porte-parole du gouverneur de la province de Kandahar, Rohullah Khanzada, mentionne que les talibans ont commencé le combat pour la capture de la ville de Kandahar[223].

Le 22 juillet, 100 personnes sont tuées lors d'une fusillade de masse dans le district de Spin Boldak.

Le 3 août, un kamikaze et des hommes armés attaquent Kaboul. Huit personnes sont tuées, sans compter les assaillants[224].

Le 9 août, « #SanctionPakistan » devint l'une des principales tendances Twitter en Afghanistan et dans le monde, les Afghans tenant le Pakistan pour responsable de son soutien aux talibans[225] - [226].

Le 12 août, environ les deux tiers du pays sont aux mains des talibans, avec seulement quatre villes hors du contrôle des insurgés. Des secteurs du gouvernement des États-Unis (CIA) estime que Kaboul tombera dans les 90 jours[227]. Elle sera finalement prise trois jours plus tard.

Conséquences

La fin de l'insurrection des talibans entraîne le début d'une nouvelle insurrection contre l'émirat islamique d'Afghanistan restauré par le Front national de résistance et des groupes alliés qui combattent sous la bannière de la république islamique d'Afghanistan.

Notes et références

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Voir aussi

Liens externes

Who Are the Taliban? by Anand Gopal

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