Inter-Services Intelligence
La Direction pour le renseignement inter-services ou Inter-Services Intelligence (ISI) est la plus puissante des trois branches des services de renseignements du Pakistan, principalement orientée vers les opérations extérieures. Dirigée par un général, elle est officiellement dépendante des forces armées du Pakistan. Elle est fondée en 1948, peu après l’Intelligence Bureau.
Fondation |
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Sigle |
(en) ISI |
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Président |
Nadeem Anjum (en) |
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Site web |
L'ISI joue un rôle politique très important au Pakistan, au point d'être qualifiée de véritable « État dans l'État. » Ses relations ambiguës avec certains groupes islamistes armés font également polémique, ainsi que sa politique parfois contraire à celle du gouvernement pakistanais.
Historique
Ce service se fait connaître sur le plan mondial lors de la guerre d'Afghanistan lorsque, avec les services américains (programme afghan) et saoudiens, il a largement aidé et formé les moudjahidines contre l'Armée rouge et le gouvernement afghan d’alors. Après avoir soutenu Gulbuddin Hekmatyar qui échoue à prendre Kaboul en 1994 lors de la guerre civile, l'agence soutient les talibans. La prise du contrôle du pays par ces derniers, en 1996, devait apporter une profondeur stratégique face à l’adversaire principal, l'Inde.
Le général Musharraf, président du Pakistan (2001-2008), a remplacé le chef de l'ISI, le général Ashfaq Kayani, par le général Nadeem Taj (en), ancien secrétaire de Musharraf et proche de la femme de ce dernier, le [1]. Ce changement de direction eut lieu un peu plus de deux mois après l'assaut de la Mosquée rouge à Islamabad, au cours duquel l'ISI fut écarté, en raison de ses liens avec les islamistes, au profit du Military Intelligence. L'arrestation en février 2010 du no 2 des taliban afghan, Abdul Ghani Baradar, lors d'une opération conjointe de l'ISI et des États-Unis, pourrait cependant marquer un tournant dans les relations entre les services et les islamistes[2].
Le lieutenant général Ahmed Shuja Pasha, précédemment directeur des opérations militaires de l'état-major général, est nommé à la tête de ce service le et a démantelé la branche politique de l'ISI en pour axer en priorité son action sur la lutte contre le terrorisme[3].
L'ISI a été accusée de collaborer avec des mouvements terroristes islamiques notamment en Afghanistan. En , le chef d'état-major des armées des États-Unis Michael Mullen déclare que le réseau Haqqani est un « véritable bras armé » du renseignement pakistanais, et accuse le renseignement militaire d'avoir soutenu les Haqqani lors de l'attaque de l'ambassade des États-Unis et des quartiers généraux de l'OTAN à Kaboul le .
Le porte-parole de l'armée pakistanaise, le général Athar Abbas, a reconnu pour la première fois que l'ISI était bien en contact avec les Haqqani, mais uniquement dans ses capacités de service de renseignement, s'est-il défendu tandis que les autorités pakistanaises se refusent à attaquer ce réseau[4].
En 2018, les États-Unis annoncent leur intention d'annuler 300 millions de dollars d’assistance sécuritaire au Pakistan, exaspérés, selon le journal Le Monde, par son soutien supposé à des groupes extrémistes.
Organisation
L'ISI a un effectif estimé en 2008 à 25 000 fonctionnaires. Comme tout service spécial, il convient d'y ajouter quelque 30 000 collaborateurs extérieurs[5].
Son siège appelé Point zéro se situe dans le quartier du marché d'Aabpara à Islamabad, il comporte huit départements :
- Le Joint Intelligence Bureau (JIB), responsable du renseignement humain. Ce département est également doté d'un volet action avec trois bureaux, dont l'un est chargé de l'Inde, l'autre du contre-terrorisme et le troisième de la protection des personnalités.
- Le Joint Counter-Intelligence Bureau (CIB), chargé du contre-espionnage, en particulier contre les services indiens.
- Le Joint Signals Intelligence Bureau (JSIB), responsable du recueil du renseignement d'origine électromagnétique.
- Le Joint Intelligence North (JIN), chargé de la maîtrise des conflits au nord du Pakistan (particulièrement au Jammu, Cachemire et dans les régions tribales) et en Afghanistan.
- Le Joint Intelligence Miscellaneous (JIM), a la responsabilité des opérations clandestines.
- Le Joint Intelligence X (JIX), chargé de l'exploitation du renseignement recueilli par les autres bureaux. C'est ce département qui diffuse les renseignements vers les autorités gouvernementales et militaires.
- Le Joint Intelligence Technical (JIT), responsable du soutien logistique des opérations.
- Le Special Wing assure la formation des officiers de renseignements pakistanais dans leur ensemble : c'est l'Ă©cole d'espionnage.
Directeurs
Il est depuis son origine commandé par un lieutenant-général de l'armée de terre pakistanaise.
- Lieutenant General Shahid Hamid (1948 - 1950)
- Major General Robert Cawthome (1950 - 1959)
- Brigadier General Riaz Hussain (1959 – 1966)
- Major General Mohammad Akbar Khan (1966 – 1971)
- Lieutenant General Ghulam Jilani (1971 - 1978)
- Lieutenant General Muhammad Riaz (1978 – 1980)
- Lieutenant General Akhtar Abdur Rahman (1980 - 1987)
- Lieutenant General Hamid Gul (1987 - 1989)
- Lieutenant General Shamsur Rehman Kallue (1989 - 1990)
- Lieutenant General Asad Durrani (1990 - 1991)
- Lieutenant General Javed Nasir (1991 - 1993)
- Lieutenant General Javed Ashraf Qazi (1993 - 1995)
- Lieutenant General Naseem Rana (1995 - 1998)
- Lieutenant General Khwaja Ziauddin (1998 - 1999)
- Lieutenant General Mahmoud Ahmad ( - )
- Lieutenant General Ehsan ul Haq ( - 2004)
- Lieutenant General Ashfaq Parvez Kayani (2004 - 2007)
- Lieutenant General Nadeem Taj (en) (2007 - )
- Lieutenant General Ahmed Shujaa Pasha ( - )
- Lieutenant General Zaheerul Islam ( - )
- Lieutenant General Rizwan Akhtar ( - )
- Lieutenant General Naveed Mukhtar ( - )
- Lieutenant General Asim Munir ( - )
- Lieutenant General Faiz Hameed (-)
- Lieutenant General Nadeem Anjum (depuis le )
Références
- Roger Faligot, Pakistan: les dessous de l’assaut de la Mosquée rouge, Rue89, 4 octobre 2007.
- Karen DeYoung et Karin Brulliard, In shift, Pakistan plays role in capture of Afghan Taliban's No. 2, Washington Post, 17 février 2010
- Pakistan: Le renseignement militaire amputé, Le Journal du dimanche, 23 novembre 2008
- Marie-France Calle, « Réseau Haqqani : le Pakistan monte au créneau », sur Le Figaro, (consulté le )
- (fr) NOTES D'ACTUALITÉ N°144 PAKISTAN RÔLE RÉEL DE L'INTER SERVICES INTELLIGENCE (ISI), Alain Rodier, 11 décembre 2008
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Le grand jeu de l’Inter-Services Intelligence, le service de renseignements pakistanais (1), Philippe Raggi
- (fr) Le grand jeu de l’Inter-Services Intelligence, le service de renseignements pakistanais (2), Philippe Raggi
- (fr) Le grand jeu de l’Inter-Services Intelligence, le service de renseignements pakistanais (3), Philippe Raggi
Bibliographie
- Mohammad Yousaf, Silent Soldier: the man behind the Afghan Jehad, General Akhtar Abdur Rahman Shaheed, Jang, Lahore, Pakistan, 1991
- Mohammad Yousaf et Mark Adkin, Afghanistan, l'ours piégé : Histoire secrète d'un conflit ou La revanche de la CIA [« The Bear Trap »], Alerion, Lorient, 1996 (ISBN 2-910963-06-3 et 978-2-910963-06-4) Plusieurs éditions en anglais sous des titres différents :
- The Bear Trap: Afghanistan's Untold Story, Lahore, Jang Publishers, 1992
- Afghanistan The Bear Trap: The Defeat of a Superpower, Casemate, 2001
- The Battle for Afghanistan, Pen and Sword, 2007
- Hein Kiessling, Histoire des services secrets pakistanais, Nouveau Monde, 2016