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Histoire du Mali

Le Mali a été le berceau de trois grands empires : l'empire du Ghana, l'empire du Mali et l'Empire songhaï. Il est par la suite une colonie française de 1895 à 1960. Quelques années aprÚs son indépendance, il subit la dictature de Moussa Traoré avant de connaßtre un régime démocratique (depuis le début des années 1990).

Carte du Mali actuel.

Préhistoire

Les premiÚres traces de peuplement humain remontent au Ve millénaire av. J.-C., on trouve en effet des vestiges néolithiques du Sahara vert dans l'Adrar des Ifoghas. Les premiÚres formes de vie urbaine apparaissent vers 250 avant notre Úre à Djenné-Djenno.

Les trois grands empires

Empire du Ghana

Aussi nommé Ouagadou, il est érigé par les Sarakolés au IVe siÚcle. Il fonde sa prospérité sur le sel et l'or. L'empire se désagrégera en 1076 à la suite des percées des BerbÚres venus islamiser l'Afrique occidentale.

Empire du Mali

carte de l'ouest de l'Afrique avec une vaste zone colorée couvrant le Sénégal et le sud de la Mauritanie et du Mali actuels
Carte de l'empire du Mali, étendue approximative maximale à son apogée au XIVe siÚcle.

Fondé au XIe siÚcle, il est unifié vers 1222 ou 1230 par Soundiata Keïta, roi du Mandé[n 1], région correspondant à peu prÚs à l'actuel Mali. Il coalise les Malinkés afin de contrer les attaques du roi du Sosso, Soumaoro Kanté. En 1235, à la bataille de Kirina, il défait son adversaire.

La « Charte du Manden », datant de 1222 ou de 1236, correspond au serment prononcĂ© par Soundiata KeĂŻta Ă  l'occasion de son intronisation. ConsidĂ©rĂ© comme l'un des plus anciens textes relatifs aux droits de l'homme, il s'agit d'un contenu oral, « constitutionnel », relatif aux droits de l'homme et Ă  l'organisation formelle et lĂ©gale rĂ©gissant les rapports entre les hommes. Il ne fera l'objet d'une transcription Ă©crite qu'au XXe siĂšcle[1] - [2]. Soundiata KeĂŻta poursuit ensuite ses conquĂȘtes, reprenant ainsi Koumbi Saleh, ex-capitale de l’empire du Ghana, des mains du roi du Sosso. Il crĂ©e le second des trois grands empires, le trĂšs riche et puissant empire du Mali[3], qui est Ă©largi, organisĂ© et gĂ©rĂ© par ses successeurs.

À son apogĂ©e sous le rĂšgne de Mansa Moussa, en 1312, l'empire du Mali s'Ă©tendait sur une rĂ©gion comprise entre l'ocĂ©an Atlantique et le Niger. Ce souverain est devenu cĂ©lĂšbre pour les fastes de son pĂšlerinage Ă  La Mecque. Son armĂ©e Ă©tait composĂ©e de 100 000 soldats. La prospĂ©ritĂ© de l'empire reposait sur le commerce transsaharien du cuivre, du sel, de l'or et des Ă©toffes. Les caravanes favorisaient Ă©galement les Ă©changes culturels. Tombouctou, Gao et DjennĂ© furent les centres Ă©conomiques et culturels de cette civilisation au centre de l'islam soudano-malien. En 1324, le mansa (roi des rois), Kanga Moussa, Ă  l'occasion d'un pĂšlerinage Ă  La Mecque, dĂ©verse tant d'or — une dizaine de tonnes semble-t-il — dans l'Ă©conomie moyen-orientale qu'il fait baisser pour plusieurs annĂ©es le cours du mĂ©tal prĂ©cieux[4].

AprĂšs le rĂšgne de Mansa Moussa II (vers 1387), l'empire connaĂźt une pĂ©riode de troubles de succession qui l'affaiblissent ; dans le mĂȘme temps, les berbĂšres touareg, restĂ©s durablement rebelles, lancent des attaques contre les villes de la zone sahĂ©lienne, notamment Tombouctou dont ils s'emparent en 1433[5]. Les Portugais, quant Ă  eux, arrivĂ©s sur le continent au dĂ©but du XVe siĂšcle[n 2], commercent avec l'empire tout en participant Ă  son affaiblissement car, pour favoriser leur nĂ©goce, notamment d'esclaves, ils soutiennent les petites communautĂ©s cĂŽtiĂšres et les poussent Ă  s’émanciper[6].

Empire songhaĂŻ

carte de l'ouest de l'Afrique avec une large zone colorée partant de la cÎte ouest et s'étendant vers le centre du continent
Carte de l'Empire songhaĂŻ au XVIe siĂšcle.

La domination touarĂšgue dans la zone septentrionale est de courte durĂ©e. Sous l'impulsion de Sonni Ali Ber (« Sonni Ali le grand »), considĂ©rĂ© comme un grand stratĂšge, le royaume du SonghaĂŻ, tributaire de l'empire du Mali depuis 1300, met en place une politique de conquĂȘtes territoriales, rompant avec l'Ă©conomie de razzia qui prĂ©valait jusqu'alors. Il combat et vainc les Peuls et les Touaregs ; il reprend Tombouctou en 1468. C'est l'avĂšnement du troisiĂšme empire, l'Empire songhaĂŻ, lequel se dĂ©veloppe durant le XVe siĂšcle et le XVIe siĂšcle, la conquĂȘte territoriale s'appuyant sur une organisation politique largement inspirĂ©e de celle de l'empire du Mali[7]. Il s'Ă©tend alors sur la plus grande partie du Mali actuel.

Sonni Ali, musulman « de façade », reste fidĂšle aux traditions songhaĂŻs. À sa mort, le parti musulman l'emporte et l'Empire SonghaĂŻ est dirigĂ© par une dynastie musulmane, la dynastie des Askia[7], qui porte l'empire Ă  son apogĂ©e au XVIe siĂšcle. À la fin du XVIe siĂšcle, des guerres civiles se conjuguent aux assauts des Saadiens, qui lui contestent la possession des mines de sel de Teghazza, au Sahara, pour affaiblir l'empire. La bataille de Tondibi, perdue contre les Saadiens, le 12 avril 1591, marque la fin de l'empire et son allĂ©geance au sultan du Maroc[8] - [9].

En 1591 l'empire est quasiment entiĂšrement dĂ©mantelĂ© par les troupes du pacha Djouder en provenance du Maroc. SuccĂ©deront une mosaĂŻque de petits États : les royaumes bambaras de SĂ©gou et du Kaarta, l'empire peul du Macina, l'Empire toucouleur, le royaume du KĂ©nĂ©dougou, etc. La pratique de l'esclavage se dĂ©veloppe pendant cette pĂ©riode. Au XIXe siĂšcle les Bambaras qui comme les Dogons ont rĂ©sistĂ© Ă  l'islamisation sont victimes de la guerre sainte menĂ©e par le chef musulman El Hadj Oumar Tall.

Autres royaumes

Royaumes bambaras

Au milieu du xviie siĂšcle, les Bambaras crĂ©ent avec Kaladjan Coulibaly un royaume animiste autour de SĂ©gou. Kaladjan Coulibaly rĂšgne pendant trente ans (1652-1682) mais ne rĂ©ussit pas Ă  fonder un État stable. Ses successeurs seraient les rois Danfassari (1682-1697) et Soma (1697-1712). Mamari Coulibaly est l’arriĂšre-petit-fils de Niangolo. Son pĂšre est Soma et son grand-pĂšre, fils de Niangolo, se nomme Danfassari. Surprenant la fille de Faro, gĂ©nie du fleuve, en train de voler des aubergines dans son champ, il lui laisse la vie sauve. Pour le rĂ©compenser, Faro lui met une goutte de son lait dans chaque oreille, ce qui lui permet d’entendre les complots qui se trament contre lui. C'est aux alentours de 1712 que Mamari Coulibaly prend le pouvoir Ă  SĂ©gou grĂące Ă  son « ton », qui est une association composĂ©e de personnes de mĂȘme classe d'Ăąge. Biton Coulibaly rĂšgne de 1712 Ă  sa mort en 1755. Pendant son rĂšgne, les limites du royaume s’étendent sur les deux rives du Niger, entre Bamako et Tombouctou. Le fils de Biton, Dinkoro Coulibaly succĂšde Ă  son pĂšre en 1755. Il est assassinĂ© en 1757 par ses tondjons pour « cause de tyrannie ». Son frĂšre, Ali Coulibaly, musulman, tente d’interdire les cultes animistes et la consommation de dolo. Il est Ă  son tour assassinĂ©. L’anarchie s’installe avec une succession de rois victimes de coups d’État perpĂ©trĂ©s par les tondjons. En 1766, Ngolo Diarra, un esclave pas tout Ă  fait esclave (il est devenu captif Ă  la suite des conditions de dettes d'impĂŽts imposĂ©es par les Coulibaly), s’empare du trĂŽne et rĂ©tablit l’autoritĂ© sur les "tondjons". Il rĂšgne jusqu’en 1790 (ou 1792). Il organise le commandement du royaume en plaçant ses fils aux commandes des diffĂ©rentes localitĂ©s. Il meurt au retour d’une campagne contre les Mossi, Ă  Riziam (dans l’actuel Burkina Faso). Son fils Monzon Diarra lui succĂšde en gagnant la guerre contre son frĂšre Nianankoro. RĂ©gnant de 1790 (ou 1792) Ă  1808, il Ă©tend le royaume, en envahissant le Royaume bambara du Kaarta et en conquĂ©rant notamment Tombouctou en 1800. Son fils Da Monzon Diarra (1808-1827) a vaincu quatre rois que son pĂšre n'a jamais rĂ©ussi Ă  vaincre : Samanyana Bassi, MahĂ©ri de Djonkoloni, KorĂš Douga Koro et Djakourouna Toto Dembele. Il rĂ©siste Ă  l’empire peul du Macina de SĂ©kou Amadou qui a lancĂ© une guerre sainte contre les animistes. Les frĂšres de Da se succĂšdent ensuite : TiĂ©folo Diarra (1827-1840), Kirango Ba (1840-1848), Nalenkoma, Massa Demba (1851-1854), binamari dit Torokoro Mari (1854-1855) et Wetala Ali (1855-1861). Mais le Royaume bambara de SĂ©gou s’affaiblit. En 1861, El Hadj Oumar Tall s’empare de SĂ©gou et met fin au royaume Bambara.

Empire Toucouleur

L'Empire toucouleur vers 1864.

Oumar Tall, à son retour de pÚlerinage à La Mecque et de son séjour à l'université al-Azhar du Caire, entreprend à partir de Dinguiraye la création d'un empire théocratique musulman[10].

Avec une armĂ©e de 30 000 hommes Ă©quipĂ©s d'armes Ă  feu, il lance un Djihad en 1852. Il attaque le Bambouk et au Kaarta convertit par la force les habitants Ă  l'islam[10].

Il s’attaque au Khasso mais doit faire face aux français qui avaient construit en 1855 un fort Ă  MĂ©dine, sur un terrain achetĂ© au roi du Khasso, Diouka Samballa Diallo. Oumar Tall assiĂšge pendant 4 mois le fort, qui est libĂ©rĂ© par les troupes françaises arrivĂ©es par le fleuve SĂ©nĂ©gal en juillet 1857[10].

Oumar Tall se dirige vers l'est par Nioro puis SĂ©gou, qu'il conquiert en 1861.

Vaincu par les peuls du Macina, il se rĂ©fugie ensuite dans la falaise de Bandiagara, oĂč il se serait fait sauter[10].

Son fils, Amadou Tall, à qui il avait confié la ville de Ségou, prend sa succession mais ne réussit pas à maintenir l'unité de l'Empire[10].

En 1880, les Français lui promettent de ne pas toucher à ses possessions. Amadou croit en ces promesses et refuse de s'allier avec Samory Touré. Les Français conquiÚrent Ségou en 1890 et Amadou doit fuir à Sokoto, au nord du Nigeria[10].

Colonisation

Pénétration coloniale et résistances

La pĂ©nĂ©tration coloniale française, menĂ©e par Louis Faidherbe puis Joseph Gallieni, se fait Ă  partir du SĂ©nĂ©gal en allant vers l’est : les français conquiĂšrent progressivement tout le territoire de ce qui allait devenir le Soudan français puis le Mali aprĂšs l’indĂ©pendance : SaboucirĂ© en 1878, Kita en 1881, Bamako en 1883, SĂ©gou en 1890, Nioro en 1891, Tombouctou en 1894, Sikasso en 1898, Gao en 1899. Cette conquĂȘte d’un territoire divisĂ© en plusieurs royaumes s’est opĂ©rĂ©e par la force et par la diplomatie, les Français tentant de jouer les uns contre les autres, en faisant signer des traitĂ©s, pas toujours respectĂ©s.

En 1863, Louis Faidherbe Ă©voque le projet de pĂ©nĂ©tration coloniale en ces termes : « Vous voulez arriver au Soudan par l'AlgĂ©rie ? Vous n'y rĂ©ussirez pas. Vous vous perdrez dans les sables du Sahara et vous ne les traverserez pas. Mais si, profitant des voies naturelles qui nous sont offertes, vous vous servez du fleuve SĂ©nĂ©gal pour gagner la route du Soudan et les rives du Niger, vous y crĂ©erez une colonie française qui comptera parmi les plus belles du monde[11] ». Il envoie cette mĂȘme annĂ©e une mission de reconnaissance, la mission Quintin-Mage, puis une deuxiĂšme mission en 1879-1880, la mission Gallieni-ValliĂšres auprĂšs du roi de SĂ©gou, Amadou Tall[12].

Le royaume khassonkĂ© de Logo, dont la capitale SaboucirĂ© (actuellement commune de Logo) est situĂ©e sur la rive gauche du fleuve SĂ©nĂ©gal Ă  25 km. de Kayes est dirigĂ© par le roi Niamodi Sissoko. Celui-ci refuse la pĂ©nĂ©tration coloniale française. Le , les troupes françaises, conduites par le lieutenant-colonel Reybaud, fortes de 585 hommes, Ă©quipĂ©es de 4 canons et 80 chevaux affrontent pendant plusieurs heures les troupes du roi Niamodi Sissoko. Les Français dominent militairement et gagnent la bataille qui fait 13 morts et 51 blessĂ©s chez les Français et 150 morts chez les khassonkĂ©s, dont le roi Niamodi Sissoko[13]. Cette bataille marque le premier acte de rĂ©sistance contre les Français.

En 1880, Joseph Gallieni découvre Bamako qui « ne renferme plus actuellement qu'un millier d'habitants » et que « rien ne distingue des autres villages de la région »[14].

AprÚs son installation à Kita le , Borgnis-Debordes se lance dÚs le vers Bamako. Le , l'armée française bat en retraite devant l'armée de Samory Touré à Kéniéra. Le , Gustave Borgnis-Desbordes, entre dans Bamako et commence la construction du fort le 5 février[12].

Samory Touré fonde un empire, le Ouassoulou, qui s'étend sur une grande partie du pays malinké, correspondant à l'actuel Mali et la Guinée et atteignant les zones forestiÚres de Sierra Leone et du Liberia[10].

L’armĂ©e Ă©tait composĂ©e de Sofas bien entraĂźnĂ©s et Ă©quipĂ©s de fusils, achetĂ©s avec les revenus tirĂ©s de la vente d'esclaves. Samory TourĂ© rĂ©siste longtemps contre les troupes coloniales françaises, dirigĂ©es successivement par Gustave Borgnis-Desbordes, Joseph Gallieni, Louis Archinard. Samory TourĂ© est arrĂȘtĂ© par les Français dirigĂ©s par le capitaine Gouraud Ă  GuĂ©lemou (CĂŽte d'Ivoire). Il est dĂ©portĂ© au Gabon oĂč il meurt en 1900[10].

Le roi Tiéba Traoré du Kénédougou était allié des Français. Son frÚre et successeur, Babemba Traoré s'oppose aux français pour résister à leur visée expansionniste. Sikasso, capitale du royaume, est prise le malgré son tata, muraille défensive. Babemba, qui refuse de se rendre, se donne la mort[10].

Soudan français

Le territoire malien, dĂ©nommĂ© Haut-SĂ©nĂ©gal-Niger devient, en 1895, une colonie française intĂ©grĂ©e Ă  l'Afrique-Occidentale française avec une portion de la Mauritanie, du Burkina Faso et du Niger. Kayes devient son chef-lieu pour laisser la place, en 1907, Ă  Bamako. En 1920, elle est appelĂ©e Soudan français. Parmi les diffĂ©rents gouverneurs coloniaux, on peut citer Henri Terrasson de FougĂšres, qui fut Lieutenant-gouverneur du Haut-SĂ©nĂ©gal-Niger en 1920-1922, gouverneur intĂ©rimaire en mars 1920, puis Ă  nouveau le 21 aoĂ»t 1921 pour ĂȘtre ensuite nommĂ© Gouverneur du Soudan français du 26 fĂ©vrier 1924 Ă  1931.

En vue d’assurer sa domination sur les populations africaines, le colonisateur français met en place un systĂšme trĂšs centralisĂ©.

Des communes mixtes, prĂ©vues par un arrĂȘtĂ© du gouverneur gĂ©nĂ©ral du sont Ă©rigĂ©es dans un premier temps Ă  Bamako et Kayes au )[15] puis Ă  Mopti au [16]. Les communes de SĂ©gou et Sikasso sont Ă©rigĂ©es respectivement en 1953 et 1954. Ces communes-mixtes sont gĂ©rĂ©es par un administrateur-maire nommĂ© par arrĂȘtĂ© du lieutenant-gouverneur, assistĂ© d’une commission municipale du 1er degrĂ© composĂ©e de 8 membres titulaires (4 notables citoyens français, 4 notables sujets français) et 4 membres supplĂ©ants (2 citoyens français, 2 sujets français)[17].

Le , une loi[18] permet Ă  plusieurs communes africaines de devenir des communes de plein exercice. C’est le cas de Bamako, Kayes, SĂ©gou et Mopti en 1956 et de Sikasso en 1959. Dans ces communes, un collĂšge unique Ă©lit le conseil municipal qui dĂ©signe le maire en son sein. Modibo KeĂŻta devient ainsi le premier maire Ă©lu de Bamako. Des communes de moyen exercice, oĂč le maire est un fonctionnaire nommĂ© par le chef de territoire, assistĂ© d’un conseil municipal Ă©lu par un collĂšge unique sont Ă©rigĂ©es en 1958 : Kita, Kati, Koulikoro, Koutiala, San, Tombouctou et Gao[17].

Les Français veulent développer les cultures irriguées dont les productions étaient exportées vers la métropole. L'essentiel des investissements est ainsi concentré sur l'Office du Niger, dont les coûts d'investissement sur la période 1928-1939 s'élÚvent à 4 milliards de francs.

Cette politique a permis d'augmenter les productions exportées[19] :

Productions agricoles au Soudan français en 1928 et 1959
Production 1928 1959
riz paddy 90 000 tonnes 182 000 tonnes
arachide 35 000 tonnes 105 000 tonnes
coton 1 000 tonnes 8 500 tonnes

Le décret du crée le service de l'inspection du travail en Afrique noire, puis la loi du abolit le travail obligatoire. Le Fonds d'investissement pour le développement économique et social pour accélérer le développement des colonies françaises[20].

Vers l'indépendance : République soudanaise et fédération du Mali

Deux partis politiques dominent

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la vie politique reprend au Soudan français. La France souhaite l’intĂ©gration d’Africains Ă  la vie politique. Deux collĂšges sont crĂ©Ă©s, un pour les citoyens français, les colons, l'autre pour les autochtones. Ce deuxiĂšme collĂšge, plus important numĂ©riquement, comprend 4 groupes principaux d'Ă©lecteurs:

  • les fonctionnaires et les agents de l'administration ;
  • les anciens militaires ;
  • les notables et les chefs indigĂšnes ;
  • les titulaires d'un diplĂŽme de l'enseignement Ă  partir du Certificat d'Ă©tudes primaires.

La premiĂšre Ă©lection se dĂ©roule le , quatorze candidats se prĂ©sentent. Fily Dabo Sissoko, instituteur soutenu par l'administration et les chefs traditionnels arrive en tĂȘte avec 10 406 voix, suivi de Mamadou KonatĂ© (2 905 voix), Ibrahim Sall (1 433 voix) et Modibo KeĂŻta (937 voix)[21].

Le Parti démocratique soudanais, proche du Parti communiste français et le Bloc démocratique soudanais, officiellement proche de la SFIO mais qui se rapproche du PCF, sont créés respectivement les 6 et . Le Parti progressiste soudanais (PSP) est créé le , constitué essentiellement de notables locaux, les chefs de canton désignés par le colonisateur[22].

Le Rassemblement démocratique africain (RDA) tient son congrÚs constitutif à Bamako du 18 au et le lendemain, sa section soudanaise, l'Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain voit le jour par la fusion du Bloc démocratique soudanais et du Parti démocratique soudanais. Mamadou Konaté devient président et Modibo Keïta secrétaire général de ce nouveau parti[23].

Le PSP de Fily Dabo Sissoko domine dans un premier temps grĂące Ă  son implantation sur l’ensemble du territoire. Aux Ă©lections lĂ©gislatives de novembre 1946, la liste du PSP obtient deux dĂ©putĂ©s[24], et aux Ă©lections lĂ©gislatives trois dĂ©putĂ©s contre un seul pour l’US-RDA[24]. Mais en quelques annĂ©es, l’US-RDA va s’imposer. Il arrive en tĂȘte aux premiĂšres Ă©lections municipales organisĂ©es Ă  Bamako le ainsi qu’aux Ă©lections municipales du . Modibo KeĂŻta devient le premier maire Ă©lu de Bamako[25]. Et aux Ă©lections pour l’AssemblĂ©e territoriale soudanaise de mai 1957, l’US-RDA obtient 35 dĂ©putĂ©s, le PSP cinq[26]. DĂšs 1959, une grande partie des membres du PSP dĂ©cide de rejoindre l’US-RDA, faisant de ce dernier un parti unique de fait[27].

Soudan au sein de l’Union française

La constitution française adoptĂ©e en 1946 dĂ©finit l’Union française « formĂ©e, d'une part, de la RĂ©publique française qui comprend la France mĂ©tropolitaine, les dĂ©partements et territoires d'outre-mer, d'autre part, des territoires et États associĂ©s », c’est-Ă -dire les colonies[28].

Chaque territoire a un conseil général dont les membres sont élus par un double collÚge. Le conseil général n'a pas de pouvoir de décision, il adopte des délibérations à caractÚre consultatif. Le territoire est géré par un gouverneur qui est responsable devant les autorités centrales[20].

L'Ă©chelon fĂ©dĂ©ral (Afrique-Équatoriale française et Afrique-Occidentale française) est dotĂ© d’un grand conseil. Le Grand conseil de l'AOF siĂšge Ă  Dakar. Il est constituĂ© de 5 membres de chaque territoire. Un gouverneur gĂ©nĂ©ral, puis un Haut-commissaire ont autoritĂ© sur la fĂ©dĂ©ration[20].

L'Assemblée de l'Union française composé pour moitié de représentant des conseils généraux, pour l'autre de représentant du parlement français, avait une fonction consultative[20].

La loi-cadre du consacre la territorialisation des colonies françaises, marquant la victoire des thÚses du leader ivoirien du Rassemblement démocratique africain Félix Houphouët-Boigny sur le fédéralisme défendu par Modibo Keïta et Léopold Sédar Senghor. Chaque territoire est doté d'un Conseil de gouvernement. Les conseils généraux deviennent des assemblées territoriales avec des compétences limitées. Les Assemblées territoriales sont élues au suffrage universel direct et élisent en leur sein 5 représentants pour siéger au Grand conseil de l'AOF ou de l'AEF[20].

Un chef de territoire est nommĂ© par le gouvernement français. Il prĂ©side le conseil de gouvernement. Les dĂ©cisions de ce conseil peuvent ĂȘtre annulĂ©es par le ministre de la France d'Outre-mer[20].

Le , les élections des assemblées territoriales ont lieu dans l'ensemble des territoires. Au Soudan français, l'US-RDA obtient 57 siÚges contre 7 à l'Union Dogon et 6 au PSP. Le premier conseil de gouvernement est constitué le 21 mai 1957sous la présidence de Jean-Marie Koné[20].

Modibo KeĂŻta devient secrĂ©taire d'État Ă  la prĂ©sidence du conseil (Gouvernement FĂ©lix Gaillard du au )[20].

Fédération du Mali

La question du fĂ©dĂ©ralisme divise les dirigeants africains au sein mĂȘme du RDA. L’ivoirien FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny s'oppose Ă  la fĂ©dĂ©ration ne voulant pas que la CĂŽte d’Ivoire devienne « la vache Ă  lait des autres territoires ». À l’opposĂ© le Soudanais Modibo KeĂŻta et le SĂ©nĂ©galais LĂ©opold SĂ©dar Senghor soutiennent l’idĂ©e d’une fĂ©dĂ©ration[29].

Le référendum du sur la Constitution de la République française voulue par le général De Gaulle contribue à la désunion, partageant les Africains en trois camps : les indépendantistes, les fédéralistes et les anti-fédéralistes[29].

LĂ©opold SĂ©dar Senghor qui souhaite une Afrique de l'Ouest unie et associĂ©e Ă  la France appelle Ă  voter oui. L’US-RDA appelle Ă©galement Ă  voter oui. Elle pense que le pays n'est pas prĂȘt pour l'indĂ©pendance et souhaite avant toute indĂ©pendance rĂ©aliser l'unitĂ© entre les territoires. Les Ivoiriens soutiennent cette constitution. Seul le guinĂ©en Ahmed SĂ©kou TourĂ© et le nigĂ©rien Bakari Djibo appellent Ă  voter non[29].

La GuinĂ©e vote majoritairement non et devient indĂ©pendante. les autres territoires de l’AOF votent majoritairement pour et deviennent des États autonomes au sein de la CommunautĂ© française qui se substitue Ă  l’Union française.

Au congrÚs fédéral du RDA qui se tient à Bamako en décembre 1958, les Soudanais et les Sénégalais mÚnent la bataille du fédéralisme. Les délégués du Dahomey et de la Haute-Volta les soutiennent[29].

Le , l'Assemblée constituante du Soudan adopte à l'unanimité une déclaration prévoyant la création d'une assemblée constituante fédérale dotée d'une délégation de pouvoir en vue de la définition des institutions fédérales[20].

Le , Modibo Keïta est élu président du grand conseil de l'AOF[20].

Le , l’AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale de la fĂ©dĂ©ration du Mali se rĂ©unit Ă  Dakar. Les dĂ©lĂ©gations de 4 territoires Ă©taient reprĂ©sentĂ©es : le SĂ©nĂ©gal (prĂ©sidĂ©e par LĂ©opold SĂ©dar Senghor), la RĂ©publique soudanaise (prĂ©sidĂ©e par Mahamane HaĂŻdara), le Dahomey (prĂ©sidĂ©e par Alexandre AdandĂ©) et la Haute-Volta (prĂ©sidĂ©e par Maurice YamĂ©ogo). Modibo KeĂŻta est Ă©lu prĂ©sident de l’AssemblĂ©e. En quatre jours, la constitution de la fĂ©dĂ©ration du Mali est adoptĂ©e. Chaque dĂ©lĂ©gation doit rentrer dans son pays pour la faire ratifier[30].

Le , l’AssemblĂ©e du Soudan adopte la constitution de la RĂ©publique soudanaise et la constitution fĂ©dĂ©rale. En Haute-Volta, Maurice YamĂ©ogo change de position : aprĂšs avoir dĂ©fendu la fĂ©dĂ©ration du Mali, il souhaite maintenant une adhĂ©sion individuelle de son pays Ă  la CommunautĂ©. Cette volte-face se fait sur la pression de la CĂŽte d’Ivoire voisine. Au Dahomey, les partisans du fĂ©dĂ©ralisme Ă©chouent et le pays ne rejoint pas la FĂ©dĂ©ration. Seuls le SĂ©nĂ©gal et le Soudan français adhĂ©rent Ă  la fĂ©dĂ©ration du Mali[30].

Le , des élections générales ont lieu. L'US-RDA obtient la totalité des 80 siÚges de l'Assemblée territoriale[20].

RĂ©sultats des Ă©lections du
Inscrits 2 148 667
Votants 693 335
Union soudanaise-Rassemblement dĂ©mocratique africain 522 080 voix
Parti progressiste soudanais 167 575 voix

Le , le Soudan français accùde au statut d’autonomie interne[20].

Le , la fĂ©dĂ©ration du Mali devient officielle par la signature des accords de transfert de compĂ©tence et de coopĂ©ration avec la France. La premiĂšre assemblĂ©e fĂ©dĂ©rale est composĂ©e de 20 membres Ă©lus par pays, SĂ©nĂ©gal et Soudan français. Elle se rĂ©unit la premiĂšre fois le Ă  Dakar, capitale de la fĂ©dĂ©ration du Mali. LĂ©opold SĂ©dar Senghor est Ă©lu prĂ©sident de l’assemblĂ©e et Modibo KeĂŻta devient chef du gouvernement fĂ©dĂ©ral. L’AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale vote l’adhĂ©sion de la fĂ©dĂ©ration du Mali Ă  la communautĂ©[30].

Modibo Keïta est désigné président du gouvernement de la fédération du Mali. Le lendemain, le gouvernement fédéral est constitué[20], à parité de Soudanais et de Sénégalais[30] :

  • prĂ©sident du conseil : Modibo KeĂŻta (Soudan français) ;
  • vice-prĂ©sident du conseil : Mamadou Dia (SĂ©nĂ©gal) ;
  • ministre de la Justice : Boubacar GuĂšye (SĂ©nĂ©gal) ;
  • ministre de l'information et de la sĂ©curitĂ© : Tidiani TraorĂ© (Soudan français) ;
  • ministre de la Fonction publique : Ousmane BĂą (Soudan français) ;
  • ministre des Finances : Doudou Thiam (SĂ©nĂ©gal) ;
  • ministre des Travaux publics Amadou Mamadou Aw (Soudan français) ;
  • ministre de l'Éducation et de la SantĂ© : Abdoulaye Fofana (SĂ©nĂ©gal).

Le congrÚs constitutif de Parti de la fédération africaine se tient à Dakar du 1er au . Il regroupe l'US-RDA, l'Union progressiste dahoméenne, le Mouvement populaire sénégalais, le Parti du rassemblement africain (PRA) et l'Union démocratique voltaïque (UDV-RDA) de Haute-Volta[20].

Les nĂ©gociations entre la France et la fĂ©dĂ©ration du Mali se tiennent Ă  Paris du au . Les accords remettent aux deux États fĂ©dĂ©rĂ©s toutes les compĂ©tences dĂ©tenues par la CommunautĂ©. Le prĂ©sident de la RĂ©publique française Ă©tait de droit le prĂ©sident de la communautĂ©. La France participe Ă  la formation des armĂ©es fĂ©dĂ©rales et possĂšde des bases militaires sur leur territoire. Ces accords sont ratifiĂ©s par l’AssemblĂ©e nationale française le puis par le SĂ©nat le 13 juin. Ils sont ensuite ratifiĂ©es par les AssemblĂ©es du SĂ©nĂ©gal et du Soudan qui votent le 14 juin le transfert de leur compĂ©tence Ă  la fĂ©dĂ©ration du Mali dans plusieurs domaines : politique Ă©trangĂšre, dĂ©fense, monnaie, politique financiĂšre et Ă©conomique commune, contrĂŽle de la justice et de l'enseignement supĂ©rieur, organisation gĂ©nĂ©rale des transports communs et des tĂ©lĂ©communications. L’indĂ©pendance est proclamĂ©e le [30] - [31].

Crise de la Fédération

La fĂ©dĂ©ration du Mali est indĂ©pendante depuis le 20 juin 1960 mais les divergences entre les Soudanais et les SĂ©nĂ©galais sont nombreuses. Les Soudanais souhaitent rapidement la fusion entre les deux nations pour n’en former qu’une seule. Ils souhaitent aussi Ă©viter que LĂ©opold SĂ©dar Senghor ne deviennent prĂ©sident, fonction que doit occuper selon eux Modibo KeĂŻta[32].

En août 1960, Modibo Keïta critique les essais nucléaires français dans le Sahara, ce qui irrite le président français Charles de Gaulle et le Premier ministre Michel Debré[33].

Au conseil fĂ©dĂ©ral du , Mamadou Dia est dĂ©chargĂ© de ses fonctions ministĂ©rielles qui sont confiĂ©es Ă  Modibo KeĂŻta, prĂ©textant, selon une dĂ©claration faite Ă  Radio-Mali, des menaces graves pour la fĂ©dĂ©ration du Mali. Mamadou Dia dĂ©clare que le prĂ©sident Modibo KeĂŻta vient de tenter un coup d'État[33].

Le 20 août, l'assemblée sénégalaise proclame l'indépendance du Sénégal en dehors de la fédération du Mali. Le gouvernement de Dakar reçoit les pleins pouvoirs pour 3 mois et l'état d'urgence est proclamé. Les frontiÚres du Sénégal sont fermées et le trafic ferroviaire vers Kayes et Bamako est interrompu. Modibo Keïta est reconduit par train à la frontiÚre soudanaise[33].

Le 5 septembre, Léopold Sédar Senghor est élu président du Sénégal[30].

Le 11 septembre, Claude Hettier de Boislambert, haut-reprĂ©sentant de la France auprĂšs de la fĂ©dĂ©ration du Mali remettait ses lettres de crĂ©ance au prĂ©sident du SĂ©nĂ©gal, ce qui vaut reconnaissance de fait l’indĂ©pendance du SĂ©nĂ©gal par la France[30].

Le 22 septembre, les Soudanais proclament Ă  leur tour leur indĂ©pendance en dehors de la fĂ©dĂ©ration du Mali mais conservent le nom de Mali pour leur nouveau pays, la premiĂšre constitution du Mali est datĂ©e de ce jour ; cette proclamation vaut aussi reconnaissance de l’indĂ©pendance sĂ©nĂ©galaise proclamĂ©e le mois prĂ©cĂ©dent. La fĂ©dĂ©ration du Mali comprenant SĂ©nĂ©gal et Soudan est dĂ©finitivement terminĂ©e, indĂ©pendante de la France depuis le 20 juin, elle n’aura vĂ©cu qu’un trimestre. Cette date coĂŻncide avec l’anniversaire de la bataille du 22 septembre 1878, premier acte de rĂ©sistance contre la puissance coloniale française.

Le 28 septembre 1960, le Mali et le Sénégal entrent aux Nations unies[32].

PremiÚre république

Dans une déclaration lue par Mamadou Diarrah[34], le congrÚs assigne au gouvernement des tùches prioritaires :

  • s'attaquer immĂ©diatement et vigoureusement Ă  la dĂ©colonisation Ă©conomique ;
  • instituer rapidement des structures Ă©conomiques nouvelles en renversant et en dĂ©veloppant les circuits commerciaux dans le cadre d'une planification socialiste fondĂ©e sur les rĂ©alitĂ©s africaines ;
  • user de tous les moyens pour implanter une infrastructure ferroviaire, routiĂšre, fluviale et aĂ©rienne conforme aux besoins du pays ;
  • intensifier la production agricole pour augmenter la consommation intĂ©rieure et le potentiel d'exportation ;
  • user de tous les moyens pour l'implantation d'industries de transformation afin d'Ă©viter des frais inutilement Ă©levĂ©s ;
  • accentuer les recherches miniĂšres pour faire du Mali un État digne de l'Afrique moderne ;
  • diriger et contrĂŽler efficacement l'Ă©conomie du pays par l'État qui y prendra une part de plus en plus active, notamment par la mise en place d'un Office national du commerce extĂ©rieur et l'intensification du secteur coopĂ©ratif.

Économie de type socialiste

Le rĂ©gime souhaite une modernisation de l'agriculture dans le sens d'un socialisme collectiviste. L'État tente de lutter contre les chefferies traditionnelles et de mettre en place des collectivitĂ©s socialistes dans les campagnes, afin de promouvoir le « champ collectif », cultivĂ© par l'ensemble des villageois. Ainsi, sont mis en place des groupements ruraux de producteurs et de secours mutuels (GRPSM) au niveau des villages, regroupĂ©s Ă  l'Ă©chelon des arrondissements au sein de groupements ruraux associĂ©s et au plan des cercles au sein des sociĂ©tĂ©s mutuelles de dĂ©veloppement rural (SMDR). Les paysans sont incitĂ©s Ă  adhĂ©rer Ă  l'US-RDA et Ă  participer aux « contributions volontaires » et aux « investissements humains », travaux non rĂ©munĂ©rĂ©s tels que construction de routes ou de dispensaires[35].

Le champ collectif (maliforo en bambara) est obligatoire dans chaque village. Le bĂ©nĂ©fice de la vente de ses produits est utilisĂ© pour l'entretien des structures coopĂ©ratives et les investissements intravillageois. Les paysans s’investissent peu dans ces champs collectifs dont la production est infĂ©rieure de 30 % en moyenne par rapport aux champs familiaux[35].

Les paysans sont forcĂ©s de vendre leur production de cĂ©rĂ©ales Ă  des prix trĂšs bas fixĂ©s par l'État. L’objectif est d'assurer un approvisionnement des villes, sĂ»r et Ă  faible coĂ»t. Mais les paysans prĂ©fĂšrent vendre leur production aux commerçants privĂ©s plutĂŽt qu'Ă  l’Office des produits alimentaires maliens (OPAM), organisme Ă©tatique qui bĂ©nĂ©ficie pourtant du monopole[35].

En octobre 1960, la SociĂ©tĂ© malienne d’importation et d’exportation (Somiex) est crĂ©Ă©e et se voit attribuer le monopole des exportations des productions locales et de l’importation des produits manufacturĂ©s et de biens alimentaires comme le sucre, le thĂ© et le lait en poudre, et leur distribution Ă  l’intĂ©rieur du pays. Ce qui mĂ©contente les commerçants dont beaucoup ont soutenu l’US-RDA avant l’indĂ©pendance.

Le , le gouvernement crĂ©Ă© le franc malien qui remplace le franc CFA. Le franc malien n’est pas convertible et la dĂ©tention de l’ancienne devise est interdite. Cette dĂ©cision aggrave les dissensions avec les commerçants. L’un d’eux est emprisonnĂ© pour dĂ©tention de francs CFA. Le , une manifestation de commerçants est violemment rĂ©primĂ©e, faisant plusieurs morts. Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko, ancien responsable du Parti progressiste soudanais sont arrĂȘtĂ©s avec Kassim TourĂ©, chef de file des commerçants de Bamako. Ils sont jugĂ©s pour complot contre l’État par un tribunal populaire du 24 au qui les condamne Ă  la peine de mort, peine commuĂ©e en condamnation Ă  perpĂ©tuitĂ©. Ils mourront au bagne de Kidal dans le Nord du Mali.

Le franc malien ne parvient pas Ă  se maintenir face aux francs Cfa. Un marchĂ© noir s’instaure par des commerçants vendant aux pays voisins du bĂ©tail ou des cĂ©rĂ©ales et achetant des marchandises importĂ©es pour ĂȘtre revendues au Mali sans paiement des taxes et droits de douane. Ce marchĂ© noir entraĂźne un manque Ă  gagner pour le budget de l’État, dĂ©ficitaire de 1960 Ă  1968.

En 1961, la rĂ©gie des transports du Mali est crĂ©Ă©e en vue d’assurer l’acheminement des marchandises exportĂ©es (arachides et cotons) ou importĂ©es vers et depuis le port d’Abidjan en CĂŽte d’Ivoire. Cet acheminement par camion a Ă©tĂ© mis en place Ă  la suite de la fermeture de la ligne de chemin de fer entre Bamako et Dakar.

La compagnie Air Mali, nouvellement crĂ©Ă©e, est entiĂšrement Ă©quipĂ©e d’appareils Iliouchine importĂ©s d’Union soviĂ©tique[36]. Les pays satellites de l’URSS entretiennent d’excellentes relations diplomatiques avec le Mali dans les premiĂšres annĂ©es de l'indĂ©pendance. La TchĂ©coslovaquie figure au deuxiĂšme rang, derriĂšre l’URSS, pour la coopĂ©ration avec le rĂ©gime. Les accords de coopĂ©ration signĂ©s en 1961 mettent en place une assistance technique tchĂ©coslovaque. Plusieurs centaines de techniciens sont envoyĂ©s pour la formation de spĂ©cialistes en matiĂšre d’aviation civile, et soutiennent le dĂ©veloppement de la sociĂ©tĂ© aĂ©rienne nationale en fournissant des piĂšces de rechange. NĂ©anmoins, les tensions croissantes entre les deux pays conduisent au dĂ©sengagement progressif de la TchĂ©coslovaquie dĂšs le milieu des annĂ©es soixante[36].

En 1963, Moscou obtient le monopole de la prospection miniĂšre, mais en dĂ©pit de fouilles actives et d’investissements importants, les rĂ©sultats sont pratiquement nuls[36].

Plusieurs industries sont crĂ©Ă©es avec l’aide financiĂšre de diffĂ©rents pays, comme la SociĂ©tĂ© des conserveries du Mali Ă  BaguinĂ©da avec la Yougoslavie, l’usine cĂ©ramique du Mali avec la CorĂ©e du Nord, une cimenterie avec l’URSS, la SociĂ©tĂ© nationale des tabacs et allumettes avec la rĂ©publique populaire de Chine


Relations internationales : non alignement et panafricanisme affiché

Le dialogue avec la France est tendu. Le prĂ©sident Modibo KeĂŻta annonce que le Mali fait partie des pays non alignĂ©s. À la suite d'un accord entre Paris et Bamako, les troupes françaises stationnĂ©es Ă  Gao, Tombouctou, Nioro, SĂ©gou et Kayes doivent ĂȘtre regroupĂ©es sur la base de Kati avant le 1er octobre. En janvier 1961, Modibo KeĂŻta, soutenant les AlgĂ©riens dans leur guerre d'indĂ©pendance rĂ©clame le dĂ©part immĂ©diat de toutes les troupes françaises stationnĂ©es au Mali, soit 2 200 hommes. En fĂ©vrier 1961, le Mali reconnaĂźt le gouvernement provisoire de la RĂ©publique algĂ©rienne (GPRA) ainsi que le gouvernement congolais installĂ© Ă  Stanleyville par Antoine Gizenga. L'Ă©vacuation de la base française de Kati se termine en juin, celle de Tessalit en juillet et celle de Gao en aoĂ»t. Le dernier dĂ©tachement français quitte la base aĂ©rienne de Bamako en septembre.

AprĂšs la visite d'AndrĂ© Malraux, ministre d'État français chargĂ© des affaires culturelles Ă  Bamako en mai 1961 puis celle de Seydou Badian KouyatĂ© Ă  Paris, des nĂ©gociations franco-maliennes s’ouvrent Ă  Bamako en juin entre une dĂ©lĂ©gation française conduite par M. Leprette et une dĂ©lĂ©gation malienne conduite par Idrissa Diarra, secrĂ©taire politique de l'US-RDA. Ces discussions sont suspendues au bout de 3 semaines et reprennent Ă  Paris le . La dĂ©lĂ©gation française est alors prĂ©sidĂ©e par Jean Foyer, ministre de la CoopĂ©ration et Georges Gorse, secrĂ©taire d'État aux affaires Ă©trangĂšres. AprĂšs 15 jours de nĂ©gociations, des accords de coopĂ©ration Ă©conomique, financiĂšre, culturelle entre les deux pays sont dĂ©finis.

Le Mali se tourne alors vers la GuinĂ©e de Ahmed SĂ©kou TourĂ© et le Ghana de Kwame Nkrumah qui est le premier chef d'État Ă  effectuer une visite officielle de 5 jours au Mali. Les trois pays tentent de crĂ©er une Union des États africains en mai 1961.

En juin 1961, le Mali décide de quitter l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA), créant de nouvelles tensions entre Paris et Bamako. Pourtant des discussions s'engagent entre les deux parties en vue d'une coopération financiÚre. En juillet 1963, deux accords sont signés, un accord financier provisoire signé par Valéry Giscard d'Estaing, ministre français des Finances et M. Ndouré, ministre malien du Commerce et des Transports, et un accord commercial signé par Raymond Triboulet, ministre français de la Coopération et M. Ndouré.

Modibo Keïta accueilli par les employés de Tovarna avtomobilov maribor à Maribor, lors d'une visite officielle en Yougoslavie en 1961.

EncouragĂ©e par l’aile marxisante de son parti unique, l’Union soudanaise, le Mali se tourne vers le bloc communiste dĂšs 1961, voyant en l’URSS le dĂ©fenseur des grands idĂ©aux de lutte anticoloniale et communiste. Le bloc de l’Est devient un des principaux partenaires commerciaux du Mali, reprĂ©sentant 42,8 % des Ă©changes dans les annĂ©es 1964-1965, loin devant les États-Unis (2,3 %)[36]. L’URSS participe Ă©galement dans ces annĂ©es Ă  de grands chantiers, tel que le Stade omnisports Modibo-KeĂŻta de Bamako, construction colossale, Ă  l’architecture typique du modĂšle soviĂ©tique. Dans les derniĂšres annĂ©es socialistes, le Mali aprĂšs avoir profitĂ© des faveurs des deux grands du communisme, Ă  savoir l’Union soviĂ©tique et la rĂ©publique populaire de Chine (RPC), sous l’influence de la tendance dure de l’Union soudanaise tend Ă  pencher vers la coopĂ©ration chinoise[36].

En ce qui concerne la coopĂ©ration militaire, l’URSS livre des Ă©quipements lourds, blindĂ©s, vĂ©hicules, aviation et envoie des techniciens militaires qui assurent l’instruction des nouveaux matĂ©riels livrĂ©s[36]. En dĂ©pit de cette coopĂ©ration poussĂ©e avec le bloc de l’Est et la Chine, l’aura communiste tend Ă  se ternir au fil des annĂ©es. La coopĂ©ration avec les pays communistes se rĂ©vĂšle dĂ©cevante et provoque la dĂ©sillusion d’une partie de l’Union soudanaise. La chute de Modibo Keita en marquera le coup d’arrĂȘt[36].

Les relations avec le SĂ©nĂ©gal se normalisent progressivement avec la venue d'un ministre sĂ©nĂ©galais Ă  Bamako en dĂ©cembre 1962, la suppression des visas entre les deux pays en fĂ©vrier 1963 ainsi que le principe de rĂ©ouverture de la ligne de chemin de fer entre les deux pays puis en juin la signature de 5 accords sĂ©nĂ©galo-maliens, prĂ©cĂ©dant une rencontre entre les chefs d'État, Modibo KeĂŻta et LĂ©opold SĂ©dar Senghor. LĂ©opold SĂ©dar Senghor est reçu officiellement Ă  Bamako en dĂ©cembre 1965, Modibo KeĂŻta Ă  Dakar en novembre 1966.

Avec la Mauritanie, les accords sont tendus dÚs l'indépendance. Le Mali critique l'attitude des Maures souhaitant poursuivre l'esclavage de Maliens, la Mauritanie reproche les connivences entre le Mali et le Maroc tentant à démanteler la Mauritanie. Cependant, en février 1963, le président malien reçoit le président mauritanien Mokhtar Ould Daddah à Kayes et signe avec lui un accord frontalier.

En octobre 1963, Le Mali joue le rÎle de médiateur dans le conflit qui oppose le Maroc et l'Algérie, dénommé la « Petite guerre des sables ».

Le Mali joue un rÎle actif au sein de l'Organisation de l'unité africaine. En décembre 1965, le Mali rompt ses relations diplomatiques avec Londres pour protester contre l'attitude du Royaume-Uni en Rhodésie.

En janvier 1967, de nouvelles négociations débutent à Paris, prévoyant le retour à terme du Mali au sein de l'UMOA. Des accords conclus en décembre 1967 prévoient à partir du 1er mars 1968 le principe de convertibilité du franc malien.

En dehors des relations privilĂ©giĂ©es avec les pays communistes, le Mali de Modibo KeĂŻta entretient Ă©galement des liens avec les pays non alignĂ©s ou de l'Ouest. Des accords de coopĂ©ration sont ainsi signĂ©s avec les États-Unis, la Yougoslavie et IsraĂ«l. En septembre 1961, le Mali participe Ă  la confĂ©rence des Non-AlignĂ©s Ă  Belgrade.

Durcissement politique

En 1962 a lieu le 6e et dernier congrĂšs de l’US-RDA qui institue six commissaires politiques chargĂ©s du contrĂŽle du parti et de l’administration. Le mouvement de la jeunesse soudanaise, crĂ©Ă©e en 1959, est intĂ©grĂ© au sein de l’US-RDA. Une milice populaire est mise en place ainsi qu’un service civique obligatoire et des brigades de vigilances. Ces mesures vont accroĂźtre l’impopularitĂ© du rĂ©gime de Modibo KeĂŻta[37].

En 1962, une premiÚre rébellion touarÚgue, limitée à la région de Kidal éclate pour refuser l'autorité du président Modibo Keïta. Les autorités maliennes répriment férocement et place la région du nord sous surveillance militaire[38].

En avril 1964, les 80 candidats de la liste unique prĂ©sentĂ©e par l’US-RDA sont Ă©lus aux Ă©lections lĂ©gislatives[37].

Face aux difficultĂ©s Ă©conomiques que connaĂźt le Mali, auxquelles s’ajoute la rĂ©bellion touarĂšgue au nord, le parti unique US-RDA est en proie aux divisions entre une aile modĂ©rĂ©e et une aile radicale. En 1967 Modibo KeĂŻta, qui a tentĂ© l’équilibre, s’allie avec les radicaux qui prĂŽnent la rĂ©volution active. Le bureau politique national de l’US-RDA est dissous et remplacĂ© par le ComitĂ© national de dĂ©fense de la rĂ©volution (CNDR).

Le , Modibo KeĂŻta dissout l’AssemblĂ©e nationale et dĂ©cide de gouverner par ordonnance[37].

Le des quartiers officiers militaires, dont les capitaines Yoro DiakitĂ© et Mamadou Cissoko et les lieutenants Youssouf TraorĂ©, Kissima Doukara et Moussa TraorĂ© renversent le rĂ©gime de Modibo KeĂŻta[37]. Le prĂ©sident est arrĂȘtĂ© au retour d’un voyage officiel dans la rĂ©gion de Mopti.

Régime militaire et autoritaire de Moussa Traoré

RĂ©gime d'exception

Un ComitĂ© militaire de libĂ©ration nationale (CMLN) est formĂ© qui met en place un rĂ©gime d’exception. Le , un gouvernement placĂ© sous l'autoritĂ© du CMLN est constituĂ© avec le capitaine Yoro DiakitĂ© comme Premier ministre. Le capitaine Charles Samba Cissokho et le chef d'escadron de gendarmerie Balla KonĂ© sont nommĂ©s respectivement ministre de la DĂ©fense nationale et ministre de l'IntĂ©rieur, de l'Information et de la SĂ©curitĂ©. Deux personnalitĂ©s modĂ©rĂ©es du rĂ©gime de l’US-RDA font partie du gouvernement: Jean-Marie KonĂ© qui a nĂ©gociĂ© les accords franco-malien, nommĂ© ministre des Affaires Ă©trangĂšres et Louis NĂšgre qui conserve son poste de ministre des Finances auquel s'ajoute le Plan et les Affaires Ă©conomiques[39].

Le , la constitution du 22 septembre 1960 est abolie et remplacĂ©e par la Loi fondamentale. le CMLN est l'organe suprĂȘme du pays, son prĂ©sident, Moussa TraorĂ©, est chef de l'État. Le CMLN promet l'adoption rapide d'une nouvelle constitution et des Ă©lections dans l'annĂ©e Ă  venir[39].

Yoro DiakitĂ© est dĂ©mis rapidement de ses fonctions de Premier ministre qui sont attribuĂ©s au chef de l'État. Du 10 septembre au il occupe les fonctions de ministre de la DĂ©fense, de l'IntĂ©rieur et de la SĂ©curitĂ©. Il est dĂ©mis de ces fonctions au profit de Kissima Doukara. RayĂ© des cadres de l'armĂ©e, il est arrĂȘtĂ© pour tentative de coup d'État le et condamnĂ© le 31 juillet aux travaux forcĂ©s Ă  perpĂ©tuitĂ© dans une mine de sel oĂč il meurt de mauvais traitement deux ans plus tard. Le capitaine Malick Diallo, ministre de l'Information est condamnĂ© en mĂȘme temps Ă  la mĂȘme peine. En octobre 1971, Moussa TraorĂ© prend le titre de colonel[39].

Les conseils municipaux élus sont dissous et remplacés par des délégations spéciales dont les chefs remplissaient les fonctions de maire[17].

MalgrĂ© l’interdiction des partis politiques, le parti malien du travail (PMT) s’active dans la clandestinitĂ© pour la dĂ©fense des libertĂ©s individuelles et l'instauration du pluralisme politique. Les militants du PMT s'impliquent au sein de l'Union nationale des travailleurs du Mali, qui, lors de son 2e congrĂšs (appelĂ© « congrĂšs de revitalisation des travailleurs maliens », rĂ©clame le dĂ©part des militaires. La junte militaire fait dissoudre la direction de l'UNTM et arrĂȘter des membres du bureau syndical[40].

DeuxiÚme république : le parti unique

Moussa TraorĂ© fait approuver le une nouvelle constitution crĂ©ant la 2e rĂ©publique par rĂ©fĂ©rendum. Le Oui l’emporte par 99,71 % mais l’opposition qualifie ce rĂ©fĂ©rendum de « farce Ă©lectorale »[41].

Le , le parti unique Union dĂ©mocratique du peuple malien (UDPM) est crĂ©Ă©. Le rĂ©gime autoritaire met en place Ă©galement l'Union nationale des jeunes du Mali afin de contrĂŽler la jeunesse et rĂ©duire l’influence du syndicat Ă©tudiant, l’Union nationale des Ă©lĂšves et Ă©tudiants du Mali (UNEEM), qui avait des liens avec des partis clandestins comme le PMT, le Parti malien pour la dĂ©mocratie et la rĂ©volution (PMDR) et le ComitĂ© de dĂ©fense des libertĂ©s dĂ©mocratiques au Mali (CDLDM)[42].

Le , Modibo KeĂŻta meurt, officiellement d’un ƓdĂšme pulmonaire[43]. Cependant, aucune autopsie n’ayant Ă©tĂ© pratiquĂ©, les raisons de sa mort sont incertaines : manques de soin, empoisonnement sont des raisons invoquĂ©s par les proches de l’ancien prĂ©sident[44].

Affichage d'une volonté d'ouverture

Moussa TraorĂ© dĂ©cide rapidement de se sĂ©parer de l’aile dure du ComitĂ© militaire de libĂ©ration nationale qui lui reproche sa volontĂ© d’ouverture. Il fait arrĂȘter le , Kissima Doukara, ministre de la DĂ©fense et de l'IntĂ©rieur Karim DembĂ©lĂ© et TiĂ©coro Bagayoko, directeur des services de sĂ©curitĂ©, en leur reprochant une tentative de coup d'État. Le 30 avril, les directeurs de la Somiex et de la Comatex, des proches de TiĂ©coro Bagayogo, sont arrĂȘtĂ©s pour corruption[45].

Le procÚs politique de « la bande des trois » a lieu du 18 au 21 octobre, Kissima Doukara et Tiécoro Bagayoko sont condamnés à mort, Karim Dembélé est condamné à 20 ans de travaux forcés. Deux ans plus tard, le , ils seront de nouveau jugés, cette fois pour détournement de fonds publics. Kissima Doukara, et Nouhoun Diawara, ancien intendant général de l'armée sont condamnés à mort pour détournement de fonds publics tandis que Tiécoro Bagayoko, ancien directeur des services de sécurité est condamné à 5 ans de travaux forcés et Karim Dembélé à 3 ans de prison[45].

Le , un remaniement ministériel permet l'entrée au gouvernement de jeunes intellectuels progressistes, séduit par une prétendue ouverture démocratique, comme Alpha Oumar Konaré qui devient ministre Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture[45].

Lors de l’élection prĂ©sidentielle du , Moussa TraorĂ©, candidat unique, est Ă©lu, ainsi que 82 dĂ©putĂ©s, tous membres de l’UDPM[46].

Contestations du régime par les étudiants et élÚves

La jeunesse, et plus particuliÚrement les lycéens et les étudiants, sont les principaux contestataires du régime de Moussa Traoré.

Le , une grĂšve des Ă©tudiants est lancĂ©e par l'Union nationale des Ă©lĂšves et Ă©tudiants du Mali (UNEEM) contre l'instauration d'un concours d'entrĂ©e pour les Ă©tablissements de l'enseignement supĂ©rieur. Un accord conditionnel est signĂ© par Samba Lamine Sow, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'UNEEM, mais est contestĂ© par la base. Le 10 fĂ©vrier, une manifestation violente se dĂ©roule Ă  Bamako, organisĂ©e par une fraction de l'UNEEM opposĂ© Ă  l'accord. Boniface Diarra, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'UNEEM Ă  l'École normale d'administration, est arrĂȘtĂ© par la police[45].

Le 22 février le gouvernement exige des parents qu'ils fassent pression sur les lycéens pour reprendre les cours, les menaçants de leur faire rembourser les frais de scolarité. Les étudiants doivent s'engager à ne pas faire grÚve pendant une période de 10 ans. La majorité des élÚves reprennent les cours[45].

Le 24 avril le ministre de l'Ă©ducation nationale annonce la dissolution du bureau de l'UNEEM et la fermeture des Ă©tablissements scolaires de Bamako. Ceux-ci rouvrent le 6 mai. Le 9 mai, une manifestation est organisĂ©e pour demander la libĂ©ration de B Diarra. La police interpelle de nombreuses personnes. Le 17 mai, Modibo KeĂŻta est enterrĂ© Ă  Hamdallaye Ă  Bamako. Une manifestation spontanĂ©e rassemble plusieurs milliers de personnes. L'Ă©tat d'urgence est dĂ©crĂ©tĂ© et une centaine de personnes sont arrĂȘtĂ©es[45]

ParallĂšlement Ă  la mise en place du parti unique, le rĂ©gime crĂ©Ă© l'Union nationale des jeunes du Mali (UNJM), une organisation Ă©tatique censĂ©e contrĂŽler toutes les activitĂ©s de la jeunesse. Les 20 et se tient au congrĂšs constitutif de l'UNEEM en tant que section de l'UNJM, le mouvement Ă©tudiant affirme sa volontĂ© d'autonomie et de noyautage de l'UNJM. Modibo Diallo est Ă©lu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Du 26 au 29 juin, lors du congrĂšs constitutif (UNJM), S. SamackĂ©, ancien membre de l'organisation des jeunes de l'US-RDA, proche d’Alpha Oumar KonarĂ©, est Ă©lu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral[45].

En dĂ©cembre 1978, le deuxiĂšme congrĂšs de l'Uneem se tient. Le bureau est renouvelĂ© et une ligne politique est affirmĂ©e : se dĂ©marquer du pouvoir et promouvoir le socialisme. TiĂ©bilĂ© DramĂ©, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, fait adoptĂ© Ă  l'unanimitĂ© le retrait de l'organisation Ă©tudiante de l'UNJM. Le 29 janvier 1979, l'UNEEM organise une marche de soutien aux Ă©lĂšves de la RĂ©publique centrafricaine contre la dictature de Jean-Bedel Bokassa. Le gouvernement malien accuse les 2000 Ă©lĂšves d'ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures d'un autre État[45].

L'Uneem boycotte le congrÚs constitutif de l'Union démocratique du peuple malien (UDPM) qui se tient du 29 au 31 mars. Le 1er mai, l'UNEEM se retire effectivement de l'UNJM[45].

Le 7 aoĂ»t, l'UNEEM organise une campagne d'information et de sensibilisation pour populariser ses revendications : suppression des concours dans l'enseignement supĂ©rieur et la fonction publique, dotation en cantines et internats des lycĂ©es rĂ©gionaux, suppression du tronc commun, augmentation des bourses et leur paiement Ă  terme Ă©chu. Le 26 novembre, une grĂšve a lieu dans tout le pays pour la satisfaction des revendications. Le 26 novembre, une marche sur le ministĂšre de l'Éducation nationale Ă  Bamako est organisĂ©e. Des milliers d'Ă©lĂšves envahissent la cour du ministĂšre et prennent le ministre en otage pour l'obliger Ă  lire les revendications. Le 4 et 5 dĂ©cembre, la fermeture des Ă©tablissements scolaires est dĂ©cidĂ©e Moussa TraorĂ© qui limoge le directeur de la sĂ©curitĂ©. Le 17 dĂ©cembre, le gouvernement dĂ©cide d'enrĂŽler les Ă©lĂšves et Ă©tudiants dans l'armĂ©e. Amnesty International dĂ©nonce l'envoi de 375 Ă©lĂšves au camp des parachutistes de Djikoroni oĂč ils sont rasĂ©s et battus[45].

Le 18 décembre, les femmes de Bamako manifestent contre l'enrÎlement de leurs enfants et sont rejointes par les élÚves et étudiants. La police tire sur la foule. Amnesty International recense 15 morts sur l'ensemble du territoire. Le pouvoir est contraint de négocier avec l'UNNEM par la médiation de l'Union nationale des femmes du Mali et accepte les revendications des étudiants, sans fixer de délais pour leur réalisation. Les lycées rouvrent le [45].

Le 15 janvier, au 2e congrĂšs de l'UNJM, Sory Coulibaly, secrĂ©taire du bureau exĂ©cutif de l'UDPM, annonce la dissolution de l'UNEEM. Le gouvernement dĂ©cide qu’une seule organisation peut reprĂ©senter la jeunesse ; l’Union nationale des jeunes du Mali. Le 13 fĂ©vrier, une manifestation de lycĂ©ens arpente les rues de SĂ©gou. La police intervient. Deux morts sont recensĂ©s et un Ă©lĂšve et un enseignant sont arrĂȘtĂ©s. Le 18 fĂ©vrier, se tient un congrĂšs extraordinaire de l'UNEEM. Abdoul Karim Camara, surnommĂ© Cabral, est Ă©lu secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral. Un mot d'ordre de grĂšve pour rĂ©clamer la libĂ©ration personnes arrĂȘtĂ©es Ă  SĂ©gou, la restauration de l’UNEEM et le paiement des bourses[45].

Le , alors que le Mali accueille les chefs d'État des pays riverains du Sahara, l'UNEEM souhaite profiter de la prĂ©sence de la presse internationale pour porter ses revendications. Des milliers de scolaires se regroupent dans le centre-ville de Bamako. Les manifestants s'en prennent aux vitrines des supermarchĂ©s, aux voitures de l'administration et aux bĂątiments de l'État. La police rĂ©prime violemment les manifestants[45].

Les familles de Cabral et de Seudiou Mamadou Diarrah, secrĂ©taire Ă  l'information, sont arrĂȘtĂ©es pour obliger les deux leaders Ă©tudiants Ă  se rendre. Cabral est arrĂȘtĂ© et torturĂ©, obligĂ© Ă  prononcer Ă  la radio un appel Ă  la reprise des cours. Le 16 mars, il dĂ©cĂšde en prison en raison des tortures et de l'absence de soin. Le 19, un sit-in avenue de l'IndĂ©pendance Ă  Bamako rassemble plusieurs milliers d'Ă©lĂšves et Ă©tudiants qui rĂ©clament le corps de Cabral[45].

Des manifestations de soutien au régime sont organisées le 9 et le 22 mars mais rassemblent peu de monde. Le 29 mars, Moussa Traoré annonce la libération de tous les élÚves, étudiants et professeurs et « pardonne les exactions des étudiants et élÚves ». Le 31 mars, les cours reprennent. Du 8 au 12 avril se réunit le premier conseil national de l'UDPM. Constatant la faillite du parti et condamnant « l'attitude irresponsable des élÚves et étudiants », il décide la tenue d'un congrÚs extraordinaire pour dynamiser le parti et la mise en place d'associations villageoises appelées ton ainsi qu'un service national de la jeunesse[45].

Le 14 avril, les forces de l'ordre interviennent violemment contre les élÚves du lycée de Badalabougou à Bamako : dix élÚves sont blessés. Le mouvement de grÚve reprend pour demander le paiement des bourses et l'autorisation de l'UNEEM[45].

En juin, les élÚves et professeurs désertent les écoles et boycottent les examens pour protester contre le non-paiement des salaires et des bourses. Le 28 juin, les élÚves et étudiants ayant obtenu le paiement des bourses reprennent les cours. Le 2 août, Alpha Oumar Konaré et Tierno Diarra sont remplacés respectivement au ministÚre de la jeunesse et de l'éducation par N'ji Mariko et le général Sékou Ly[45]..

Combat pour le multipartisme

Ronald Reagan et Moussa TraorĂ© en compagnie de leurs Ă©pouses avant un dĂźner d'État en octobre 1988

En 1979, le Parti malien pour la dĂ©mocratie et la rĂ©volution (PMDR) appelle, lors de sa confĂ©rence de Tombouctou en 1979, « les patriotes et dĂ©mocrates maliens » Ă  s’unir pour combattre le rĂ©gime de Moussa TraorĂ©[40].

En 1984 est créé le Front démocratique des patriotes maliens, en 1986 le Front national démocratique populaire (FNDP) qui comprend le Parti malien du travail (PMT), le PMDR, le PDPM, rejoint en 1989 par l'US-RDA[40].

L'Union nationale des travailleurs du Mali tient son conseil central extraordinaire les 28 et et dĂ©clare : « ConsidĂ©rant que le parti unique constitutionnel et institutionnel ne rĂ©pond plus aux aspirations dĂ©mocratiques du peuple malien ; [
] le conseil central extraordinaire rejette en bloc le dirigisme politique qui entrave le dĂ©veloppement de la dĂ©mocratie au Mali [
] opte pour l'instauration du multipartisme et du pluralisme dĂ©mocratique »[41].

Le est créée l'Association des jeunes pour la démocratie et le progrÚs (AJDP).

Le , le ComitĂ© nationale d'initiative dĂ©mocratique (Cnid) est crĂ©Ă©e Ă  Bamako par Mountaga Tall et Demba Diallo[47], afin d’agir Ă  visage dĂ©couvert pour le multipartisme.

Une semaine plus tard, le , l’Alliance pour la dĂ©mocratie au Mali est crĂ©Ă© par des militants du PMT, du PMDR, du FDPM et de l’US-RDA[48] crĂ©ent l’Alliance pour la dĂ©mocratie au Mali (AdĂ©ma), prĂ©sidĂ©e par Abdrahamane Baba TourĂ©[49].

Ces associations vont mobiliser la population, en organisant des marches Ă  Bamako et dans d’autres villes du pays. Le , le Cnid organise une manifestation pacifique qui rĂ©unit 10 000 personnes Ă  Bamako[50]. Le une marche unitaire est organisĂ©e par le Cnid et l’AdĂ©ma Ă  Bamako. Entre 30 000 Ă  50 000 personnes y participent[51] - [52].

Le rĂ©gime interdit d’activitĂ© l’AdĂ©ma et le Cnid le [51].

Le , une nouvelle manifestation est organisée à Bamako. Mountaga Tall, le leader du Cnid est blessé par un tir de grenade lacrymogÚne[50].Le lendemain, une manifestation a lieu à Ségou.

Le , une marche unitaire rassemble le Cnid, L’adĂ©ma, l’Association pour la justice, la dĂ©mocratie et le progrĂšs (AJDP) et la Jeunesse libre et dĂ©mocratique (JLD). Le , l’Adema, le Cnid et l’Association des Ă©lĂšves et Ă©tudiants du Mali (AEEM) organisent une marche silencieuse en souvenir de Cabral, leader Ă©tudiant assassinĂ© le [50].

Le ComitĂ© de coordination des associations et des organisations dĂ©mocratiques, communĂ©ment appelĂ© Mouvement dĂ©mocratique voit le jour le . Il est constituĂ© par le Cnid, l’AdĂ©ma, l’AJDP, le JLD, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), l’Association malienne des droits de l'homme (AMDH), l’AEEM et le barreau[50].

Le , Moussa TraorĂ© est arrĂȘtĂ© par le lieutenant-colonel Amadou Toumani TourĂ©. Un comitĂ© de rĂ©conciliation nationale est formĂ© par les militaires[41].

RĂ©bellion touarĂšgue

Le 27 juin 1990, un poste de gendarmerie est attaqué à Ménaka. C'est le point de départ de l'insurrection armée menée par le Mouvement populaire de l'Azawad de Iyad Ag Ghali[38].

Économie

Sous le rĂ©gime militaire, les champs collectifs et l'obligation de vente des cĂ©rĂ©ales sont abandonnĂ©s. À partir de 1972 sont crĂ©Ă©s les OpĂ©rations de dĂ©veloppement rural (ODR), ayant pour mission de vulgariser de nouvelles techniques de culture, d'approvisionner les paysans en matĂ©riel agricole et en intrants (engrais) et de commercialiser leurs productions. Les ODR sont centrĂ©s sur les cultures de rentes (riz, arachide, coton) au dĂ©triment des cultures traditionnelles locales tel le mil, le sorgho ou le maĂŻs. Il faut attendre la fin des annĂ©es 1970 pour que ces cultures vivriĂšres trouvent leur place au cĂŽtĂ© des cultures de rente. Les paysans se sont pas associĂ©s aux dĂ©cisions les concernant, les ODR servent uniquement l'intĂ©rĂȘt de l'État avec comme objectif d' « intĂ©grer les paysans Ă  l'Ă©conomie capitalisme mondiale »[35]. Les cultures de rentes (Arachide, 28 000 tonnes et le coton, 108 000 tonnes en 1980-1981), rapportent des devises Ă  l'État qui permet de rĂ©sorber le dĂ©ficit chronique de la balance des paiements. Ainsi, le coton reprĂ©sente entre 40 et 50 % des recettes d’exportations[19].

La grande sécheresse de 1973-1974 a profondément touché le Mali : 38 % de la population est sinistrée, les 2/5 du cheptel est mort, les productions vivriÚres sont réduites de 37 %[19].

Transition démocratique

Le Comité de réconciliation nationale rencontre les organisations démocratiques regroupées au sein du Comité de coordination des associations et des organisations démocratiques (CCAOD). Ils décident de constituer le Comité transitoire pour le salut du peuple (CTSP), qui comprend dix militaires et quinze représentants des organisations démocratiques dont 4 représentations des associations de jeunes et deux du mouvement de rébellion du nord. Le CTSP, présidé par Amadou Toumani Touré assume les fonctions de gouvernement provisoire[41].

Le CTSP organise une confĂ©rence nationale du au afin d’élaborer une nouvelle constitution et dĂ©finir le processus Ă©lectoral.

Le multipartisme est reconnu et une charte des partis politiques a été établi par une ordonnance CTSP le [53].

Les maliens approuvent par rĂ©fĂ©rendum le la nouvelle constitution. Le oui l’emporte avec 98,35 % des suffrages. Des Ă©lections municipales sont organisĂ©es la semaine suivante le 23 fĂ©vrier et le 8 mars puis des Ă©lections lĂ©gislatives le 23 fĂ©vrier et le 8 mars. Sur les 48 partis dĂ©jĂ  crĂ©Ă©s, 22 participent aux Ă©lections et 10 obtiennent des Ă©lus. L’AdĂ©ma-Pasj, avec 76 dĂ©putĂ©s sur 116, obtient une large majoritĂ© absolue. Le nouveau gouvernement signe un pacte national de rĂ©conciliation avec les Touaregs le [54]qui prĂ©voit notamment : l’intĂ©gration des ex-rebelles dans les services publics (corps en uniforme et administration gĂ©nĂ©rale) et dans les activitĂ©s socio Ă©conomiques; l’allĂ©gement du dispositif militaire dans les rĂ©gions du Nord; le retour de l’administration et des services techniques dans le Nord; la reprise des activitĂ©s Ă©conomiques et la mise en Ɠuvre de programmes de dĂ©veloppement socio-Ă©conomique d’envergure pour le moyen et le long terme. L’élection prĂ©sidentielle du 12 et clĂŽt le processus Ă©lectoral de l’annĂ©e 1992. Le candidat de l’AdĂ©ma-Pasj Alpha Oumar KonarĂ© l’emporte au second tour face Ă  TiĂ©oulĂ© Mamadou KonatĂ©, candidat de US-RDA et devient le premier prĂ©sident de la 3e rĂ©publique.

TroisiÚme république

PremiÚres élections démocratiques depuis Modibo Keïta

En février 1993, Moussa Traoré est condamné à mort (il sera gracié en 2002).

Des Ă©lections lĂ©gislatives ont lieu au Mali en 1997. Inscrites dans un processus Ă©lectoral incluant l’élection prĂ©sidentielle et les Ă©lections communales, elles se dĂ©roulent dans un climat tendu entre l’opposition et le pouvoir. Une rĂ©vision du code Ă©lectoral est votĂ©e quelques semaines avant le scrutin. Un premier tour, organisĂ© dans la confusion le , est invalidĂ© par la Cour constitutionnelle. Le refus du gouvernement d’interrompre le processus Ă©lectoral comme demandĂ© par l’opposition regroupĂ©e au sein du Collectif de l’opposition (Coppo) aggrave les tensions. Les Ă©lections ont finalement lieu les 20 juillet 1997 et 3 aoĂ»t 1997. Alors qu’une grande partie de l’opposition a appelĂ© au boycott, le parti du prĂ©sident Alpha Oumar KonarĂ©, l’Alliance pour la dĂ©mocratie au Mali-Parti africain pour la solidaritĂ© et la justice remporte largement les Ă©lections. L’approche des Ă©lections de 1997 crĂ©e un climat tendu entre la majoritĂ© et l’opposition. Le gouvernement tente de rĂ©former la loi Ă©lectorale pour crĂ©er une Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (Ceni) chargĂ©e d’organiser les Ă©lections et modifier le mode de scrutin. L’opposition, qui craint que cette rĂ©forme renforce le parti au pouvoir saisi la Cour constitutionnelle qui censure le le projet de loi adoptĂ© par l’AssemblĂ©e nationale[55]. Le gouvernement prĂ©sente un nouveau texte qui est adoptĂ© par l’AssemblĂ©e nationale le [56]. Trois jours plus tard, la Ceni est mise en place et prĂ©pare dans la prĂ©cipitation les Ă©lections lĂ©gislatives dont le premier tour a lieu le . Le scrutin se dĂ©roule dans la confusion, en raison notamment de l’absence de listes Ă©lectorales fiables. L’opposition rĂ©clame l’annulation du scrutin, la suspension du processus Ă©lectoral, la dĂ©mission du gouvernement et la dissolution de la Ceni[57]. La Cour constitutionnelle annule le scrutin mais le processus Ă©lectoral se poursuit. L’opposition, qui se rĂ©unit au sein du Collectif des partis de l’opposition (Coppo), dĂ©cide de boycotter les Ă©lections Ă  venir. À l’élection prĂ©sidentielle, le prĂ©sident Alpha Oumar KonarĂ© se retrouve face Ă  un seul candidat, Mamadou Maribatrou Diaby, candidat du petit Parti pour l'unitĂ©, la dĂ©mocratie et le progrĂšs (PUDP) et est rĂ©Ă©lu avec plus de 95 % des suffrages. Le , le prĂ©sident est investi pour un second mandat de cinq ans dans un climat tendu[58]. Les Ă©lections lĂ©gislatives qui se tiennent en juillet sont elles aussi boycottĂ©es par une grande partie de l’opposition. Le scrutin qui se dĂ©roule dans un climat de violence donne la victoire Ă  l’AdĂ©ma-Pasj qui obtient 128 des 147 siĂšges. Les violences se poursuivent avec notamment le lynchage d’un policier lors d’un meeting de l’opposition le , entraĂźnant l’arrestation des principaux chefs de l’opposition, Me Mountaga Tall, prĂ©sident du CNID, Almamy Sylla, prĂ©sident du collectif de l'opposition, Youssouf TraorĂ© de l'UFDP, Seydou Badian KouyatĂ© de l'US-RDA, Mohamed Lamine TraorĂ©, ancien ministre de l'IntĂ©rieur, chef du MIRIA, Fanta Diarra, prĂ©sidente des femmes du CongrĂšs national d'initiative dĂ©mocratique (CNID)[59].

La dĂ©centralisation est l’une des Ɠuvres la plus importante de la 3e RĂ©publique. Si elle faisait partie des discours des deux premiĂšres rĂ©publiques, elle n’avait jamais Ă©tĂ© mise en acte. Le , une loi[60] dĂ©finit les collectivitĂ©s territoriales du Mali qui sont les rĂ©gions, le district de Bamako, les cercles, les communes urbaines et les communes rurales, chacune Ă©tant dotĂ©e de la personnalitĂ© morale et de l’autonomie financiĂšre et aucune ne pouvant Ă©tablir ou exercer de tutelle sur une autre collectivitĂ©. Les collectivitĂ©s s’administrent librement par des assemblĂ©es ou conseils Ă©lus qui Ă©lisent en leur sein un organe exĂ©cutif. Le , 684 communes rurales sont crĂ©Ă©es et viennent s’ajouter aux 19 communes urbaines existantes[17].

Arrivée au pouvoir du président « ATT »

Le , Amadou Toumani TourĂ©, dit ATT, demande et obtient sa mise en retraite anticipĂ©e de l’armĂ©e pour pouvoir se prĂ©senter Ă  l’élection prĂ©sidentielle[61]. Il est Ă©lu prĂ©sident du Mali en avec 64,35 % des voix au second tour. Son adversaire SoumaĂŻla CissĂ©, ancien ministre, obtient 35,65 % des voix. Il nomme Ahmed Mohamed ag Hamani comme premier ministre en le chargeant de rĂ©unir un gouvernement de grande coalition. Le 29 avril 2007, Amadou Toumani TourĂ© est rĂ©Ă©lu au premier tour avec 71,20 % des voix, mais cette Ă©lection est contestĂ©e par les principaux candidats de l’opposition[62]. Les relations commerciales, politiques et culturelles avec la France se ralentissent tandis que celles avec la Chine, la pĂ©ninsule arabique et les États-Unis se renforcent[63].

DĂ©but de la guerre du Mali

En septembre 2010, sept Ă©trangers, dont cinq Français, sont enlevĂ©s par Al-Qaida au Maghreb islamique. Treize mois plus tard, des Touareg maliens, ex-mercenaires en Libye, reviennent dans la partie nord du Mali : le contrĂŽle de cette partie du pays semble Ă©chapper de plus en plus au pouvoir en place Ă  Bamako entre les interventions de Al-Qaida au Maghreb islamique et ces forces Touaregs. Le 22 mars 2012, le capitaine Amadou Haya Sanogo dirige un coup d’État militaire[64]. Quelques mois plus tard, soumis Ă©galement Ă  une pression internationale, il rend le pouvoir Ă  des autoritĂ©s civiles, pour une pĂ©riode de transition, avec comme prĂ©sident par intĂ©rim Dioncounda TraorĂ©. Celui-ci organise une Ă©lection prĂ©sidentielle qui se tient les 28 juillet et 11 aoĂ»t 2013 et s'achĂšve par la victoire d'Ibrahim Boubacar KeĂŻta auquel Dioncouda TraorĂ© transmet le pouvoir le 4 septembre suivant[65] - [66].

Pendant ce temps, durant cette mĂȘme annĂ©e 2012, profitant des bouleversements politiques successifs Ă  Bamako, les Ă©vĂ©nements s'accĂ©lĂšrent dans le nord du pays et dans le Sahel, au centre du pays. De mars Ă  septembre 2012, les villes de Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti tombent aux mains des islamistes qui se rapprochent des rĂ©gions du sud. Le 23 septembre 2012, Le Mali et la CommunautĂ© Ă©conomique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) s'accordent sur le dĂ©ploiement d'une force africaine. Le 21 dĂ©cembre 2012, le Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations unies autorise par une rĂ©solution le dĂ©ploiement d'une force africaine au Mali. Le 11 janvier 2013, les troupes françaises interviennent en appui de cette force africaine, c'est le dĂ©but de l'opĂ©ration Serval[64].

Interventions de troupes françaises (opération Serval puis Barkhane)

Cette opĂ©ration Serval semble ĂȘtre un succĂšs dans un premiers temps : les villes ont Ă©tĂ© reprises ainsi que le territoire du nord du pays, un dialogue est rĂ©tabli avec les diffĂ©rentes composantes Touareg et l’État malien est stabilisĂ©. Mais Al-Qaida au Maghreb islamique change d'approche,et se reconstitue. L'organisation procĂšde dĂ©sormais par des incursions ponctuelles et par des attentats, et le maintien sur place des troupes françaises et africaines, dans l'organisation initiale de ces forces, se rĂ©vĂšle coĂ»teux[67] - [68]. Il est dĂ©cidĂ© de substituer l’opĂ©ration Barkhane Ă  l'opĂ©ration Serval, pour sĂ©curiser la bande sahĂ©lo-saharienne, avec la mission de lutter contre les groupes djihadistes et d’empĂȘcher la constitution de sanctuaires terroristes dont le quartier-gĂ©nĂ©ral semble Ă©tabli Ă  N’Djamena. Le nouveau dispositif est officiellement lancĂ©e le 1er aoĂ»t 2014[69].

La situation sécuritaire reste trÚs précaire, avec de nombreuses attaques djihadistes[70] - [71]. Les conflits communautaires persistent, occasionnant des centaines de morts, particuliÚrement dans la région de Mopti[70]. En 2018, l'armée française poursuit ses opérations et particuliÚrement dans le Liptako Gourma, une zone entre le centre du Mali, le sud-ouest du Niger et le Burkina Faso[72].

Les djihadistes opĂšrent une guerre asymĂ©trique : ils procĂšdent surtout par attaques surprises, tout en utilisant les ressentiments locaux et les conflits intercommunautaires[73] - [74]. Le , des miliciens dogons font 157 morts lors du massacre d'Ogossagou, village peul situĂ© prĂšs de Bankass, toujours dans le centre du pays. Beaucoup des victimes avaient trouvĂ© refuge dans ce village aprĂšs avoir dĂ©jĂ  fui d’autres affrontements intercommunautaires qui ont fait plus de 500 morts en 2018 dans le centre du Mali, selon l’ONU[75]. Les troupes françaises sont de plus en plus critiquĂ©es localement : poursuivre le combat accroĂźt le risque d’enlisement et de compromission[74].

Notes et références

  1. « La Charte du Mandén, proclamée à Kouroukan Fouga », sur unesco.org.
  2. Histoire générale de l'Afrique, vol. 4, p. 157.
  3. Alfred Fierro, « Mali, empire du (XIe-XVIIe s.) », EncyclopÊdia Universalis.
  4. « Kankan Musa ou Mansa Musa, empereur du Mali (1312-1337) », EncyclopÊdia Universalis et Histoire générale de l'Afrique, vol. 4, p. 173.
  5. Histoire générale de l'Afrique, vol. 4, p. 199.
  6. Histoire gĂ©nĂ©rale de l’Afrique, vol. 4, p. 198.
  7. Histoire générale de l'Afrique, vol. 4, p. 219.
  8. Jean BoulÚgue, « Chute de l'empire songhay », EncyclopÊdia Universalis.
  9. Histoire générale de l'Afrique, vol. 4, p. 221-222.
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  11. Cité par Camille Guy, l'Afrique occidentale française, Paris, Larose, 1929, p. 78, cité par Drissa Diakité, 1993
  12. Drissa DiakitĂ©, Origines et histoire de Bamako dans École normale supĂ©rieure de Bamako. DĂ©partement d'Ă©tudes et de recherches d'histoire et de gĂ©ographie, Bamako, Presses universitaires de Bordeaux, 1993, p. 9-22
  13. BM Sissoko, la grande histoire de la bataille de Sabouciré, L'Essor consulté le 23 septembre 2009
  14. cité par Mamadou Sarr, 1980 et Drissa Diakité, 1993
  15. arrĂȘtĂ© gĂ©nĂ©ral du
  16. arrĂȘtĂ© gĂ©nĂ©ral de 1919
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  22. Pierre Boilley, Les Touaregs Kel Adagh : dĂ©pendances et rĂ©voltes : du Soudan français au Mali contemporain, Karthala Éditions, 1999
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  27. (fr) L’opposition sous la 1re RĂ©publique : 1960-196Les Échos consultĂ© le 11 dĂ©cembre 2009.
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  30. Christian Roche, Le SĂ©nĂ©gal Ă  la conquĂȘte de son indĂ©pendance : 1939-1960 : chronique de la vie politique et syndicale, de l'Empire français Ă  l'indĂ©pendance, Ă©diteur KARTHALA Éditions, 2001 (ISBN 2845861133), 9782845861138, 286p.
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Notes

  1. Orthographié aussi « Manden » ou encore « Manding ».
  2. Les Portugais prennent pied sur le continent dĂšs 1415, avec la prise de Ceuta.

Annexes

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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