Dynastie des ComnĂšnes
AprĂšs un net recul de ses frontiĂšres en Asie Mineure et la perte de ses possessions en Italie dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIe siĂšcle, lâEmpire byzantin entreprit sous les ComnĂšnes une pĂ©riode de redressement continu bien quâincomplet. Cinq empereurs (Alexis Ier, Jean II, Manuel Ier, Alexis II et Andronic Ier) tentĂšrent pendant 104 ans et par divers moyens de tenir tĂȘte aux noblesses terrienne et militaire, soit en favorisant des membres de leur propre famille (Alexis Ier), soit en faisant appel Ă des conseillers de lâextĂ©rieur (Jean II), soit en privilĂ©giant lâune dâelles (Manuel Ier), soit en persĂ©cutant lâune et lâautre (Andronic 1er). La rĂ©forme du systĂšme monĂ©taire conduite par Alexis Ier permit de relancer la vie Ă©conomique et commerciale, mais cette derniĂšre fut contrariĂ©e par lâascendant de plus en plus considĂ©rable que prirent les marchands vĂ©nitiens dâabord, gĂ©nois et pisans ensuite, Ă©tablis Ă Constantinople. Sur le plan extĂ©rieur, les ComnĂšnes cherchĂšrent Ă freiner lâavancĂ©e des Turcs en Anatolie tout en maintenant de bonnes relations avec eux pour avoir les mains libres dans la dĂ©licate conduite des relations avec les royaumes francs de Palestine et de Syrie et, Ă travers eux, avec les puissances europĂ©ennes qui leur Ă©taient apparentĂ©es. Mais ce furent les Normands qui, aprĂšs sâĂȘtre attaquĂ©s aux possessions byzantines du sud de lâItalie et sâĂȘtre dirigĂ©s vers Constantinople, portĂšrent le coup de grĂące Ă cette dynastie.
DâIsaac ComnĂšne Ă Alexis Ier ComnĂšne (1057 â 1081)
Lorsque lâimpĂ©ratrice ThĂ©odora se trouva sur le point de mourir, la noblesse du palais la contraignit dâadopter un sĂ©nateur dĂ©jĂ ĂągĂ©, simple et inoffensif, Michel le Stratiotique, pensant ainsi sâemparer du pouvoir effectif. Celui-ci fut proclamĂ© empereur sous le nom de Michel VI Bringas (1056-1057). Son rĂšgne ne dura quâun an et dix jours pendant lesquels lâhostilitĂ© entre fonctionnaires et gĂ©nĂ©raux atteignit son paroxysme. Le , les troupes dâAsie se rĂ©voltĂšrent et proclamĂšrent empereur leur commandant, Isaac ComnĂšne. AprĂšs sâĂȘtre ralliĂ© les troupes dâEurope, restĂ©es fidĂšles Ă Michel VI, Isaac entra sans difficultĂ© Ă Constantinople oĂč il entreprit de rĂ©former lâĂtat en profondeur, se crĂ©ant des ennemis dans toutes les classes de la sociĂ©tĂ©. Pour remplir le trĂ©sor public, vidĂ© par Constantin IX Monomaque, il rĂ©voqua un grand nombre de concessions terriennes sâaliĂ©nant ainsi les grands propriĂ©taires. LâĂglise se dĂ©tourna de lui lorsquâil entra en conflit avec le patriarche, Michel Ier CĂ©rulaire, quâil fit arrĂȘter en 1059. Enfin, il se mit Ă dos les hauts fonctionnaires et les sĂ©nateurs en rĂ©duisant drastiquement leurs salaires. Sentant Ă quel point ses efforts Ă©taient vains, abandonnĂ© de tous et malade, lâempereur abdiqua et se retira dans un monastĂšre aprĂšs avoir choisi Constantin Doukas comme successeur. Le premier ComnĂšne nâavait pas rĂ©ussi Ă fonder de dynastie[1].
LâarrivĂ©e dâIsaac ComnĂšne au pouvoir avait marquĂ© lâavĂšnement de la noblesse militaire de province. Celle de Constantin X Doukas (1059-1067) celle du retour de lâaristocratie urbaine et de la bureaucratie du palais. Les annĂ©es qui suivirent jusquâĂ lâarrivĂ©e au pouvoir dâAlexis ComnĂšne furent remplies par la lutte incessante de ces deux classes, lutte qui affaiblit lâempire et facilita la tĂąche des nombreux envahisseurs qui se pressaient Ă ses frontiĂšres, Turcs, PetchĂ©nĂšgues et Normands[2].
Ayant trouvĂ© la situation financiĂšre difficile Ă son avĂšnement, Constantin X Doukas rĂ©duisit systĂ©matiquement les dĂ©penses militaires, rendant lâarmĂ©e incapable de dĂ©fendre les frontiĂšres. Ă la fin de son rĂšgne et de celui de son successeur, Romain IV DiogĂšne (1068-1071), lâĆuvre de la dynastie macĂ©donienne Ă©tait ruinĂ©e.
Ă lâOuest, les Normands, mercenaires venus du nord de lâEurope, menaçaient dĂ©jĂ les possessions byzantines du sud de lâItalie. Ălu en , le pape Nicolas II eut recours Ă eux pour expulser de Rome lâantipape BenoĂźt X. En remerciement, le pape donna la principautĂ© de Capoue Ă Richard Ier d'Aversa, et celle de Pouilles et de Calabre au Normand Robert Guiscard, lequel en prenant Palerme en 1072, mettra dĂ©finitivement fin Ă la prĂ©sence byzantine en Italie[3] - [4].
Au Nord-Ouest, les Hongrois passĂšrent le Danube pour sâemparer de Belgrade pendant que les Oghouzes envahissaient une partie des Balkans, que la Croatie qui venait de dĂ©clarer son indĂ©pendance choisissait de faire obĂ©dience Ă Rome plutĂŽt quâĂ Constantinople et que Constantin X installait le reste des Ouzes finalement dĂ©faits par les Bulgares et la peste dans lâempire[5] - [6].
Ă lâEst, les Turcs seldjoukides avaient balayĂ© les restes de la puissance arabe en Asie et, aprĂšs avoir soumis la Perse, avaient traversĂ© la MĂ©sopotamie, sâemparant de Bagdad, capitale des califes. Ils reprirent bientĂŽt lâArmĂ©nie et, aprĂšs avoir ravagĂ© la Cilicie, sâemparĂšrent de CĂ©sarĂ©e en 1067. Romain IV, qui avait remportĂ© un certain succĂšs lors des campagnes de 1068 et 1069, fut dĂ©fait lors de la terrible dĂ©faite de Mantzikert en 1071 et dut concĂ©der aux Turcs lâensemble de lâAnatolie[7].
La dĂ©faite de Mantzikert devait avoir pour consĂ©quence la dĂ©chĂ©ance de Romain IV DiogĂšne et lâavĂšnement de Michel VII Doukas (1071-1078). Le pouvoir retournait Ă lâaristocratie urbaine alors quâil eĂ»t fallu un militaire dâexpĂ©rience pour conserver les provinces, sources de la richesse de lâempire. Ă Constantinople, chacun des partis rivaux engagea des troupes turques si bien que celles-ci se rĂ©pandirent dans ce qui restait encore Ă conquĂ©rir de lâempire sans mĂȘme avoir Ă combattre. En 1076, lâanarchie Ă©tait Ă son comble, aggravĂ©e par une Ă©pidĂ©mie de peste, par une famine due aux spĂ©culations du premier ministre de Michel VII, et par une nouvelle invasion des Turcs. Le , lâarmĂ©e dâOccident proclamait empereur son chef, le gĂ©nĂ©ral NicĂ©phore Bryenne, alors quâune semaine plus tard lâarmĂ©e dâOrient faisait de mĂȘme en faveur du domestique des Scholes, NicĂ©phore III BotaniatĂšs. Ce fut NicĂ©phore BotaniatĂšs qui lâemporta et entra Ă Constantinople en [8] - [9].
Le rĂšgne de NicĂ©phore III BotaniatĂšs (1078-1081) se rĂ©sume en une lutte sans merci entre gĂ©nĂ©raux rivaux qui devait se terminer par le triomphe du plus capable dâentre eux, Alexis Ier ComnĂšne. Aussi habile diplomate que fin stratĂšge, Alexis ComnĂšne sut trouver un terrain dâentente avec les Doukas. Son Ă©pouse, IrĂšne Doukas Ă©tait du reste la petite-fille du cĂ©sar Jean qui devint son alliĂ©. Alexis lui-mĂȘme fut adoptĂ© par lâimpĂ©ratrice Marie pour dĂ©fendre les droits de son fils, le jeune Constantin Doukas. En fait, avertis de ce que tramaient contre eux les ministres de NicĂ©phore III, les frĂšres Isaac et Alexis ComnĂšne quittĂšrent Constantinople en pour rejoindre leur armĂ©e Ă Tchorlou dâoĂč elle devait chasser les Turcs de Cyzique. Câest lĂ quâAlexis fut proclamĂ© empereur par son armĂ©e. Le mois suivant il entrait Ă Constantinople aprĂšs avoir conclu un accord avec un autre prĂ©tendant, NicĂ©phore MĂ©lissĂšne qui sâĂ©tait proclamĂ© empereur lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente, et lui avoir promis le titre de CĂ©sar. Sentant la partie perdue, NicĂ©phore III abdiqua et se retira dans un monastĂšre[10] - [11].
Alexis Ier ComnĂšne (1081 â 1118)
Politique intérieure
Ă son arrivĂ©e au pouvoir, Alexis I ComnĂšne hĂ©ritait dâun empire considĂ©rablement rĂ©duit oĂč rĂ©gnaient lâanarchie et le dĂ©sordre : le gouvernement devait faire face Ă la fronde de la noblesse civile, les Turcs seldjoukides occupaient la plus grande partie de lâAsie mineure, les PetchenĂšgues menaçaient les provinces danubiennes et Robert Guiscard se prĂ©parait Ă attaquer Constantinople[12].
Alexis accĂ©da au trĂŽne grĂące Ă lâappui conjuguĂ© de la noblesse militaire et de la famille Doukas Ă laquelle il Ă©tait liĂ© par son mariage avec IrĂšne Doukaina[13]. Toutefois, aprĂšs la naissance de son premier hĂ©ritier mĂąle, Jean ComnĂšne (1088) et son association au trĂŽne (1092), il nâhĂ©sitera pas Ă priver de ses droits Ă la couronne Constantin Doukas, le fils de lâimpĂ©ratrice Marie Doukas et de Michel VII dont il avait fait son hĂ©ritier. Ă la suite de quoi, il força lâimpĂ©ratrice Marie Ă se retirer dans un couvent, Ă©tablissant ainsi la suprĂ©matie de la famille ComnĂšne sur celle des Doukas[14].
Par diverses mesures, Alexis sâefforça dĂšs le dĂ©but de son rĂšgne dâinstaller au centre du pouvoir les membres de sa famille dont sa mĂšre, Anna Dalassena, son frĂšre Isaac, son beau-frĂšre NicĂ©phore MĂ©lissĂšne, son fils Jean et son beau-fils NicĂ©phore Bryenne. Il leur accorda entre autres le privilĂšge de prĂ©lever directement des taxes sur des terres qui leur Ă©taient octroyĂ©es sans avoir Ă passer par le gouvernement, systĂšme qui sous Manuel I sera concĂ©dĂ© aux militaires et deviendra la pronoĂŻa (provision)[15].
Les membres de sa famille seront Ă©galement les premiers bĂ©nĂ©ficiaires de la rĂ©forme des titres de la famille impĂ©riale et de la fonction publique rendue nĂ©cessaire par les concessions massives de titres sous le rĂ©gime de la noblesse des fonctionnaires. Câest ainsi quâAlexis crĂ©a pour son frĂšre Isaac le nouveau titre de sĂ©bastocrator qui prit prĂ©sĂ©ance sur le titre de cĂ©sar. Il put ainsi, sans grever le TrĂ©sor impĂ©rial, donner aux hauts fonctionnaires des titres qui Ă©taient autrefois rĂ©servĂ©s aux jeunes membres de la maison impĂ©riale. Avec lâajout de divers prĂ©fixes, ces titres pouvaient engendrer une Ă©chelle de prĂ©sĂ©ance inĂ©puisable. Le seul titre de hypertatos se subdivisait en sĂ©bastohypertatos, pansĂ©bastohypertatos et protopansĂ©bastohypertatos. Dans lâarmĂ©e, le titre de megas dux remplaça celui de dux pour dĂ©signer le grand amiral sous lequel Ă©tait placĂ©e la flotte de guerre alors quâĂ partir du milieu du XIe siĂšcle, les deux domestiques dâOrient et dâOccident deviendront grands domestiques. Enfin, Alexis consolidera lâadministration en mettant lâensemble des dĂ©partements sous la direction dâun λογοΞÎÏÎ·Ï ÏÏÎœ ÏΔÎșÏÎÏÏÎœ (logothĂšton ton sekreton) qui, Ă partir du XIIe siĂšcle sera connu comme le grand logothĂšte, poste Ă©quivalent Ă celui de premier ministre[16] - [17].
DĂ©sireux de mettre au pas sĂ©nateurs et eunuques du palais, Alexis nâhĂ©sita pas Ă sâentourer de conseillers de rang modeste, dont plusieurs Francs, ce qui lui vaudra lâhostilitĂ© de nombre de sĂ©nateurs qui participeront aux complots fomentĂ©s contre lui ainsi que de grands propriĂ©taires terriens dâAnatolie dont les terres avaient Ă©tĂ© saisies par les Turcs et qui furent Ă©cartĂ©s par la suite du pouvoir[16].
Faisant face, lors de son arrivĂ©e au pouvoir Ă une grave crise financiĂšre, Alexis devra avoir recours dans les premiĂšres annĂ©es de son rĂšgne Ă divers stratagĂšmes dont la dĂ©prĂ©ciation de la monnaie amorcĂ©e sous NicĂ©phore BotaniatĂšs. Ă un moment six diffĂ©rents types de nomismata seront en circulation[18]. Toutefois, aprĂšs avoir aidĂ© les villes de province Ă reprendre leur place dans lâĂ©conomie de lâempire et avoir rĂ©glementĂ© le commerce, Alexis procĂ©da Ă une vaste rĂ©forme monĂ©taire. En 1092, la monnaie de base devint lâ hyperpyre, (« trĂšs raffinĂ© ») fait dâor presque pur, auquel sâajoutait lâ electrum (mĂ©lange dâor et dâargent) et le billon (mĂ©lange dâargent et de cuivre). Avec le tetarterom (cuivre), ces piĂšces constitueront le systĂšme monĂ©taire ayant cours pendant toute la dynastie des ComnĂšnes[19].
Homme dâune grande piĂ©tĂ© comme en tĂ©moignent ses nombreuses fondations monastiques et les statuts quâil leur accorda, Alexis nâhĂ©sita pas Ă mettre la main sur les biens ecclĂ©siastiques lorsquâil fallut lever une armĂ©e pour lutter contre les Normands. Et bien quâil ait promis de restituer ces biens et passĂ© un Ă©dit en 1082 interdisant de nouvelles confiscations, il eut recours Ă des mĂ©thodes fort similaires quelques annĂ©es plus tard[20]. Mais lâĂglise trouva aussi en lui un ardent dĂ©fenseur de lâorthodoxie, notamment contre les Bogomiles dont il fit juger et bruler vif le chef Basile ou contre lâenseignement nĂ©oplatonicien contraire Ă la doctrine chrĂ©tienne diffusĂ© par Jean lâItalien, lequel en tant que « consul des philosophes » dirigeait lâuniversitĂ© impĂ©riale[21] - [22].
DĂ©fense et politique Ă©trangĂšre
Lorsquâil arriva au pouvoir, Alexis se retrouva Ă la tĂȘte dâune armĂ©e petite mais efficace recrutĂ©e pendant les rĂšgnes de Michel VII et de NicĂ©phore III, composĂ©e principalement de mercenaires Ă©trangers (les VarĂšgues) et de quelques corps dâĂ©lite (les excubites, les athanates et les vestiaires) de mĂȘme que quelques tagmas de Thrace et de MacĂ©doine et quelques corps ethniques : Pauliciens, Turcs et Francs. Cette armĂ©e fut anĂ©antie lors des guerres avec les Normands et les PetchenĂšgues. Ce nâest quâaprĂšs le passage de la premiĂšre croisade que lâempereur fut en mesure dâĂ©tablir une stratĂ©gie de dĂ©fense cohĂ©rente, basĂ©e sur une armĂ©e composĂ©e de trois sortes dâunitĂ©s : (1)les mercenaires Ă©trangers sous leurs propres commandants et les troupes venant de diffĂ©rentes parties de lâempire (Thrace, MacĂ©doineâŠ), (2)les PetchenĂšgues, et (3) les troupes byzantines proprement dites. Les soldats de ces derniĂšres Ă©taient Ă la solde de la famille impĂ©riale et de la grande propriĂ©tĂ© des pronoĂŻaires des diffĂ©rents coins de lâempire. Dans ce systĂšme, les postes de commandement Ă©taient presque tous assumĂ©s par des membres de la famille impĂ©riale Ă©tendue[23] - [24] - [25].
Alexis rebĂątit Ă©galement la flotte impĂ©riale, laquelle, pratiquement inexistante lors de la guerre contre Robert Guiscard, jouera un rĂŽle efficace lors de la guerre contre BohĂ©mond et parviendra Ă reprendre la CrĂšte et Chypre[26]. Mais si celle-ci put ĂȘtre utile pour aider Ă reconquĂ©rir le littoral de lâAsie mineure et les iles, elle ne put assurer le contrĂŽle de la mer qui sera repris progressivement par les rĂ©publiques italiennes, si bien quâaprĂšs la mort dâAlexis, Venise se rendra maitresse des eaux byzantines[27].
Le rĂ©tablissement de lâempire au cours du rĂšgne dâAlexis I sera toutefois dĂ» moins aux succĂšs militaires quâĂ une diplomatie reposant sur un systĂšme dâalliances extrĂȘmement brillant grĂące auquel lâempereur pourra compenser pour la faiblesse de ses propres forces. Contre les Normands, il se servit de Venise; pour neutraliser les Turcs il joua les Turcs seldjoukides contre les Turcs danichmendites ; contre les PetchenĂšgues, il utilisa les Coumans, tout comme il se servira aussi bien des Turcs contre les croisĂ©s que des croisĂ©s contre les Turcs[28].
Peu aprĂšs son accession au trĂŽne, Alexis dut faire face aux Normands de Robert Guiscard, lequel avait envahi les possessions byzantines de lâItalie mĂ©ridionale. Alexis tenta de contrer ses plans en incitant lâempereur germanique Henri IV Ă attaquer les Ătats pontificaux alliĂ©s de Guiscard pendant que ce dernier, menaçant la cĂŽte orientale de lâAdriatique, mettait le siĂšge devant Dyrrachium (DurrĂ«s, en Albanie) dâoĂč il comptait se diriger vers Constantinople. DĂ©pourvu de flotte, lâempereur demanda lâaide de son alliĂ©e naturelle dans ce dossier, Venise, dont le commerce maritime se serait trouvĂ© en grand danger si un autre Ătat contrĂŽlait seul les deux rives de lâAdriatique. De fait, les VĂ©nitiens attaquĂšrent et dĂ©firent Robert Guiscard sur mer, mais celui-ci rĂ©ussit Ă dĂ©faire lâarmĂ©e byzantine sur terre et Ă sâenfoncer profondĂ©ment en territoire impĂ©rial. Venise fit payer trĂšs cher son aide. Non seulement le doge reçut-il le titre honorifique de protosĂ©bastos, mais la rĂ©publique se fit concĂ©der le libre commerce de toutes les marchandises sur lâensemble du territoire de lâempire en plus de comptoirs Ă Galata. Venise sâĂ©tablissait ainsi fermement comme puissance politique, militaire et commerciale dans lâempire au dĂ©triment des marchands byzantins dont le mĂ©contentement sera une source de difficultĂ© pour plusieurs empereurs par la suite. Quant aux Normands, la mort de Robert Guiscard en 1085 et les dĂ©sordres qui Ă©clatĂšrent par la suite en Italie dĂ©livrĂšrent Byzance de ce danger[29] - [30].
Ă lâavĂšnement dâAlexis, les bandes nomades turques Ă©taient en voie de sâorganiser et un Ătat seldjoukide Ă©tait nĂ© sous la conduite de Soliman. Celui-ci avait dĂ©jĂ aidĂ© Michel VII contre NicĂ©phore BotaniatĂšs, puis BotaniatĂšs contre Bryenne et enfin NicĂ©phore MĂ©lissĂšne contre BotaniatĂšs. En Ă©change, il reçut la moitiĂ© des villes enlevĂ©es Ă lâempire dont NicĂ©e qui devint sa capitale. Ătendant ses territoires jusquâĂ Smyrne, quartier gĂ©nĂ©ral de lâambitieux Ă©mir Zachas, il se proclama sultan de la Roum (Rome en turc) avec autoritĂ© sur tous les autres Turcs de lâAnatolie aux dĂ©pens du sultan lĂ©gitime, Malek-Shah. Alexis qui avait besoin de mercenaires pour sa guerre contre les Normands et voulait voir rĂ©gner la paix en Anatolie conclut un traitĂ© avec Soliman qui ne sauvait la face quâen faisant de ce dernier le vassal de lâempire byzantin. Ceci nâempĂȘcha pas Soliman de sâenfoncer toujours plus profondĂ©ment en Anatolie oĂč les places fortes byzantines furent prises lâune aprĂšs lâautre au nombre desquelles Antioche en 1085 et Ădesse en 1086. Seuls demeuraient aux mains dâAlexis les ports dâAttalie, dâĂphĂšse et de HĂ©raclĂ©a du Pont. La mĂȘme annĂ©e toutefois, Soliman devait ĂȘtre tuĂ© par les troupes de Malek-Shah, lequel moins dĂ©sireux de garder lâAnatolie que de sâemparer de lâĂgypte fatimide proposa une alliance Ă Alexis. Fort heureux de pouvoir jouer les Turcs les uns contre les autres, celui-ci rĂ©ussit Ă reprendre le port de Sinope et NicomĂ©die. Toutefois, toutes ses troupes Ă©tant occupĂ©es sur le Danube, il ne put poursuivre son avantage[31].
Devant affronter les Normands sur la cĂŽte de lâAdriatique et les Turcs en Anatolie, Alexis dut aussi repousser les PetchenĂšgues qui, aprĂšs sâĂȘtre installĂ©s en Bulgarie et sâĂȘtre alliĂ©s aux Coumans leurs frĂšres de race, envahirent la Thrace en 1086. Deux annĂ©es consĂ©cutives, les PetchenĂšgues tentĂšrent de se frayer un chemin vers Andrinople et parvinrent jusque sous les murs de Constantinople en 1090, laquelle se trouva aussi assiĂ©gĂ©e du cĂŽtĂ© de la mer par lâĂ©mir Tzachas qui avait fait alliance avec les PetchenĂšgues. Fort heureusement pour les Byzantins, une querelle Ă©clata entre PetchenĂšgues et Coumans lors du partage du butin Ă la suite de la bataille de Dristra sur le Danube. Alexis dĂ©cida alors de faire appel aux Coumans qui y rĂ©pondirent avec empressement. Le , au pied du Mont Lebounion, les PetchenĂšgues furent pratiquement anĂ©antis. Les quelques survivants furent ou bien enrĂŽlĂ©s dans lâarmĂ©e impĂ©riale ou bien Ă©tablis sur des terres au nord-ouest de Thessalonique. Lâempereur rĂ©ussit de la mĂȘme maniĂšre Ă se dĂ©barrasser de Tzachas en concluant une alliance avec lâĂ©mir de NicĂ©e, Aboul Kassim, puis avec son successeur, Kilidj Arslan. Leurs forces combinĂ©es parvinrent Ă mettre en dĂ©route celles de Tzachas qui se rĂ©fugia chez le sultan oĂč il fut Ă©gorgĂ©[32] - [33].
AprĂšs un rĂšgne de quatorze ans, Alexis semblait avoir Ă©loignĂ© tous les pĂ©rils et, comme lâaffirme Anne ComnĂšne, « le calme rĂ©gnait dans les provinces maritimes »[34]. MĂȘme les relations avec la papautĂ© sâĂ©taient amĂ©liorĂ©es aprĂšs la disparition des acteurs du drame de 1054. En 1095, Alexis Ă©crivit au pape Urbain II pour demander que des chevaliers chrĂ©tiens dâOccident lâaident Ă tenir les musulmans en Ă©chec et suggĂ©ra que le pape vienne lui-mĂȘme Ă Constantinople prĂ©sider un concile qui rĂ©glerait les questions encore en suspens entre les deux Ăglises. LâidĂ©e dâune croisade pour dĂ©livrer le Saint-SĂ©pulcre Ă©tait tout Ă fait Ă©trangĂšre aux Byzantins pour qui la Palestine, prise par les Seldjoukides en 1077, ferait naturellement retour Ă lâempire lorsque celui-ci viendrait Ă bout des Turcs[35] - [36].
Mais en Occident, un grand mouvement de ferveur religieuse sâĂ©tait emparĂ© Ă la fois de lâĂglise qui vivait la grande rĂ©forme clunisienne, des masses paysannes accablĂ©es par une crise Ă©conomique sans prĂ©cĂ©dent et dâune noblesse en mal dâaventures et de nouvelles possessions. Si Alexis ne voulait pas se voir dĂ©possĂ©der de son titre de dĂ©fenseur des chrĂ©tiens, il ne pouvait non plus sâopposer trop directement Ă lâenthousiasme des croisĂ©s qui pouvaient servir sa cause. Il se dĂ©barrassa assez facilement d'une premiĂšre croisade sous la conduite de Pierre dâAmiens, dit Pierre lâErmite, en faisant transporter les croisĂ©s de lâautre cĂŽtĂ© du Bosphore oĂč, en dĂ©pit de ses conseils, leurs bandes indisciplinĂ©es et insuffisamment approvisionnĂ©es attaquĂšrent les Turcs de NicĂ©e et furent en grande partie massacrĂ©es[37].
PlutĂŽt que des milliers de croisĂ©s impatients de dĂ©livrer JĂ©rusalem, lâempereur aurait dĂ©sirĂ© la venue de quelques centaines de chevaliers bien armĂ©s et entrainĂ©s qui, sous son autoritĂ©, lui auraient permis de reconquĂ©rir lâAnatolie. Il se trouva bientĂŽt confrontĂ© Ă des armĂ©es totalisant environ cinq mille cavaliers et trente mille fantassins alors que lâarmĂ©e impĂ©riale ne disposait que de vingt mille soldats[38]. De plus ces armĂ©es Ă©taient conduites par des princes souverains qui entendaient diriger eux-mĂȘmes les opĂ©rations. Et parmi eux se trouvait BohĂ©mond, fils de Robert Guiscard, quâAlexis avait eu Ă combattre quelques annĂ©es auparavant[39]. Pour tourner cette difficile situation Ă son avantage lâempereur exigea que les croisĂ©s lui prĂȘtent le serment dâhommage que la fĂ©odalitĂ© avait introduit en Occident, faisant ainsi dâeux ses vassaux, et quâils lui remettent toutes les villes ayant dĂ©jĂ appartenu Ă lâempire quâils pourraient. En revanche, il promettait dâassurer lâapprovisionnement des croisĂ©s en vivres et en munitions et de se joindre Ă eux avec toute son armĂ©e. Bien quâĂ contrecĆur pour certains dâentre eux, presque tous prĂȘtĂšrent le serment dĂ©sirĂ© [40].
Pour parvenir en Palestine, les croisĂ©s devaient longer la cĂŽte de lâAnatolie. Ce fut lâoccasion pour les croisĂ©s et les Byzantins de sâemparer de NicĂ©e, capitale de lâancien alliĂ© Kilidj Arslan. ConformĂ©ment aux ententes, la ville fut remise Ă lâempereur qui y installa une garnison byzantine et envoya ses troupes reconquĂ©rir Smyrne, ĂphĂšse, Sardes et plusieurs autres villes permettant de rĂ©tablir la domination byzantine sur la partie occidentale de lâAsie mineure.
Peu Ă peu toutefois, les relations entre croisĂ©s et Byzantins se dĂ©tĂ©riorĂšrent. Sur la route de Constantinople, les Normands de BohĂ©mond furent rĂ©guliĂšrement attaquĂ©s par des bandes de PetchenĂšgues qui affirmĂšrent ĂȘtre aux ordres de lâempereur. Le comte de Toulouse et son armĂ©e de Provençaux furent Ă©galement attaquĂ©s par des Slaves alors quâils longeaient la cĂŽte dalmate. MĂȘme le lĂ©gat papal, AdhĂ©mar du Puy fut dĂ©pouillĂ© par des PetchenĂšgues. Et aprĂšs la conquĂȘte de NicĂ©e, les croisĂ©s furent scandalisĂ©s par lâattitude de lâempereur qui offrit aux Turcs de sâenrĂŽler dans les armĂ©es byzantines ou dâobtenir un sauf-conduit pour rentrer chez eux[41].
La rupture dĂ©finitive Ă©clata lors de la prise dâAntioche, le . Une querelle sâĂ©leva entre Raymond de Toulouse et BohĂ©mond qui, prenant prĂ©texte des atermoiements de lâempereur, refusa de remettre la ville aux Byzantins et sây installa en permanence alors que les autres croisĂ©s, sous la direction de Raymond de Toulouse, poursuivaient leur route vers JĂ©rusalem dont ils sâemparaient le pendant quâAlexis livrait bataille pour sâemparer de TrĂ©bizonde[42].
Lâempereur se tourna alors contre BohĂ©mond. Car si la fondation dâun royaume franc dans la lointaine Palestine Ă©tait tolĂ©rable, la crĂ©ation dâune principautĂ© normande Ă Antioche nuisait autant aux intĂ©rĂȘts des Byzantins que des Turcs. AprĂšs avoir Ă©tĂ© fait prisonnier par les Turcs puis libĂ©rĂ© contre rançon, BohĂ©mond retourna dans son fief avant de partir pour lâOccident oĂč il organisa une campagne de dĂ©nigrement contre Byzance qu'il accusa de trahir la chrĂ©tientĂ©. De retour en Ă la tĂȘte dâune importante armĂ©e, il fit face aux Byzantins mais fut dĂ©fait et dut reconnaitre lâempereur byzantin comme son suzerain en 1108; Antioche demeura une principautĂ©, mais Ă titre de fief impĂ©rial sous la direction de TancrĂšde qui succĂ©da Ă BohĂ©mond. BohĂ©mond pour sa part retourna en Italie oĂč il mourut peu aprĂšs. Alexis tenta, mais en vain, de coaliser les princes francs contre TancrĂšde[43] - [44].
Lâempereur passa ses derniĂšres annĂ©es Ă rĂ©organiser lâadministration des territoires dâAsie mineure oĂč il dut continuer Ă lutter contre les Turcs dirigĂ©s par le nouveau sultan, Malek-Shah II. Le seul autre Ă©vĂšnement important de son rĂšgne fut le traitĂ© quâil dut signer en 1116 avec Pise aprĂšs avoir tentĂ© en vain de mettre un terme Ă la piraterie des Pisans qui, avec les GĂ©nois, ravageaient la cĂŽte ionienne. Ce traitĂ©, par les avantages Ă©conomiques quâil concĂ©dait Ă la rĂ©publique, dĂ©montrait le rĂŽle de plus en plus important que les rĂ©publiques italiennes jouaient dans lâempire[45] - [46].
Jean II ComnĂšne (1118 â 1143)
Politique intérieure
Fille ainĂ©e dâAlexis I, Anne ComnĂšne espĂ©rait ardemment partager le trĂŽne avec son fiancĂ©, Constantin Doukas, initialement choisi par Alexis I pour lui succĂ©der. Aussi, conçut-elle une haine mortelle contre son jeune frĂšre, Jean[47], au point de tenter de le faire assassiner au cours des funĂ©railles de leur pĂšre. Avec la complicitĂ© de sa mĂšre et de son frĂšre Andronic, elle tenta une derniĂšre fois de convaincre Alexis sur son lit de mort de la nommer impĂ©ratrice. Toutefois, Alexis confirma le choix de Jean comme son successeur[48].
Dâun tempĂ©rament droit et intĂšgre, Jean II ne tint pas rigueur Ă sa sĆur qui dut simplement se retirer dans le monastĂšre de la Theotokos Kecharitomene oĂč elle Ă©crivit sa cĂ©lĂšbre Alexiade[49]. LâintĂ©gritĂ© de Jean Ă©tait aussi remarquable que la conscience quâil avait de ses devoirs. Contrairement Ă son pĂšre, il sâabstint de tout nĂ©potisme et, gardant sa parentĂ© Ă distance, sâentoura de conseillers souvent dâorigine trĂšs modeste comme Jean Axouch, ancien musulman fait prisonnier par les croisĂ©s qui deviendra grand domestique ou commandant en chef des armĂ©es[50].
Militaire avant tout, Jean ComnĂšne passa la majeure partie de son rĂšgne sur les champs de bataille et sâappliqua Ă renforcer lâarmĂ©e reconstruite par son pĂšre, favorisant le recrutement indigĂšne et la formation militaire[51].
Politique extérieure
Si, surtout dans les premiĂšres annĂ©es de son rĂšgne, Alexis I avait dĂ» mener une politique essentiellement dĂ©fensive contre les envahisseurs, Jean II put prendre lâinitiative et mener une politique visant la reconquĂ©rir des territoires anatoliens controlĂ©s par les Turcs tout en amenant les royaumes latins Ă reconnaĂźtre la suprĂ©matie de lâempereur. Pour les Byzantins, il importait moins dâoccuper physiquement le territoire (conception fĂ©odale occidentale) que de sâassurer que leurs souverains reconnaissent lâempereur comme celui Ă qui Dieu avait confiĂ© la responsabilitĂ© de lâĆkoumĂšne[52].
DĂšs son avĂšnement, Jean II partit en campagne pour recouvrer lâAnatolie. Toutefois, les Ă©vĂšnements le forcĂšrent Ă donner prioritĂ© aux problĂšmes qui se posaient en Europe.
En 1122, les PetchenĂšgues qui, aprĂšs avoir Ă©tĂ© vaincus par Alexis, avaient cessĂ© leurs razzias pendant une trentaine dâannĂ©es traversĂšrent le Danube et sâaventurĂšrent jusquâen MacĂ©doine et en Thrace. Ce fut leur derniĂšre invasion : Jean II leur fit subir une dĂ©faite Ă©crasante Ă la suite de laquelle certains prisonniers furent installĂ©s sur des terres dans lâempire alors que les autres Ă©taient enrĂŽlĂ©s dans lâarmĂ©e impĂ©riale. On ne devait plus entendre parler dâeux en tant que peuple [53].
L'alliance avec Venise avait Ă©tĂ© le fondement de la politique dâAlexis dans la lutte contre les Normands en Adriatique. Ălu doge en 1117, Dominico Michiel demanda Ă Jean II la reconduction du traitĂ© de 1082. Le pĂ©ril normand sâĂ©tant estompĂ©, Jean II, sensible aux rĂ©criminations des commerçants byzantins lĂ©sĂ©s par les privilĂšges concĂ©dĂ©s Ă Venise, refusa abruptement dĂ©clarant que les VĂ©nitiens seraient dorĂ©navant soumis aux mĂȘmes rĂšgles que leurs concurrents. En 1121, le doge envoya sa flotte assiĂ©ger Corfou, sans succĂšs. Mais au cours des annĂ©es qui suivirent, Venise devait sâemparer de Rhodes, de Chios, Samos, Lesbos et Andros (1124-1125). Se rendant compte que cette guerre lui coĂ»tait plus que les avantages fiscaux quâil devrait concĂ©der aux VĂ©nitiens et sa flotte Ă©tant dans lâimpossibilitĂ© de lâemporter sur la leur, Jean II finit par accepter en 1126 un nouveau traitĂ© qui rĂ©tablissait les privilĂšges dĂ©jĂ accordĂ©s Ă Venise [54].
En 1127, Jean dut faire face Ă une invasion hongroise, le roi Ătienne II lâaccusant dâavoir donnĂ© asile Ă son oncle, Almus, dĂ©trĂŽnĂ© par le frĂšre dâĂtienne, Coloman. AprĂšs avoir capturĂ© Belgrade et NiĆĄ, Ătienne II sâavança en Bulgarie jusquâĂ Philippopolis. Jean se porta Ă sa rencontre avec une flottille sur le Danube et tomba sur les Hongrois Ă lâembouchure du Danube et de la Nera aprĂšs quoi il reconquit les villes perdues. Le Danube redevint ainsi la frontiĂšre de lâempire[55].
Ă la mĂȘme Ă©poque, Jean marcha contre les Serbes chez qui la guerre civile avait Ă©clatĂ© peu avant la mort de Constantin Bodin en 1101. La Bosnie, la Rascie et Hum (Zahumlje) avaient fait sĂ©cession de la DioclĂ©e. La Rascie, sous la direction du ĆŸupan Bolkan, Ă©tait une alliĂ©e de la Hongrie et un foyer dâagitation contre lâempire. Jean II dĂ©fit celui-ci et installa de nombreux prisonniers serbes en Asie mineure comme il lâavait fait avec les PetchenĂšgues [56].
En 1130 la situation Ă©tait stabilisĂ©e en Europe et Jean pouvait reprendre lâĆuvre entreprise en Asie mineure dont lâempire contrĂŽlait les cĂŽtes nord, ouest et sud ainsi que les territoires situĂ©s au nord-ouest dâune ligne sinueuse allant de la vallĂ©e du MĂ©andre (aujourdâhui BĂŒyĂŒk Menderes au sud-ouest de la Turquie) au sud-est de la mer Noire, dans la rĂ©gion de TrĂ©bizonde gouvernĂ©e comme fief impĂ©rial par le duc Constantin Gabras. Au sud-est de cette ligne se trouvaient des tribus turques dont les Danichmendes qui convoitaient les ports de la mer Noire et diverses tribus nomades qui sâĂ©taient infiltrĂ©es dans les vallĂ©es fertiles de Phrygie et de Pisidie. Ce faisant, elles avaient coupĂ© la route terrestre du port byzantin dâAttalie (Antalya) depuis lors accessible seulement par mer[57].
En 1119, Jean II sâĂ©tait dâabord dirigĂ© vers lâancienne capitale de la Phrygie, LaodicĂ©e, dont il sâĂ©tait emparĂ© avant de se diriger lâannĂ©e suivante vers Sozopolis, rĂ©tablissant les communications terrestres avec Attalie. Il ne devait reprendre cette offensive quâen 1132 alors que lâĂ©mir danichmendite, Ghazi, avait rĂ©ussi Ă devenir la premiĂšre puissance de la rĂ©gion aprĂšs sâĂȘtre emparĂ© de MĂ©litĂšne en 1124 et avoir, en 1030, dĂ©fait et tuĂ© le prince dâAntioche. Jean II partit alors pour la Terre Sainte et rĂ©ussit Ă se rallier aussi bien les princes chrĂ©tiens que musulmans de Bithynie et de Paphlagonie, si bien que lâempire recouvrit tout le littoral de la mer Noire, du Bosphore au fleuve Tchorok, Ă lâest de TrĂ©bizonde, redevenant ainsi une puissance maritime de premier ordre[58].
Puis, aprĂšs sâĂȘtre soumis les princes armĂ©niens de Cilicie qui conservaient leur indĂ©pendance entre les Turcs, lâempire et les Ătats francs en 1137, Jean II put entreprendre son grand dessin : reprendre Antioche, imposer sa suzerainetĂ© au roi Foulques de JĂ©rusalem et se voir ainsi reconnu comme le dĂ©tenteur du pouvoir suprĂȘme du monde chrĂ©tien. En 1137, il commença le siĂšge dâAntioche dont le nouveau prince, Raymond de Poitiers, se rendit au terme de nĂ©gociations qui faisaient de lui le vassal non plus du roi latin de JĂ©rusalem mais de lâempereur byzantin moyennant quâon lui promit la souverainetĂ© dâAlep dĂšs que celle-ci serait reconquise avec son aide. Suivit une sĂ©rie de campagnes qui lui permirent en 1141 de retourner Ă Constantinople, maĂźtre en thĂ©orie du moins, des territoires sâĂ©tendant jusquâĂ la mer Noire. Toutefois, ici encore, le but de ces expĂ©ditions Ă©tait moins dâoccuper le territoire que de forcer les souverains Ă reconnaĂźtre la suzerainetĂ© impĂ©riale comme le montre la prise dâĂdesse dont le comte, Jocelyn, put continuer Ă exercer le pouvoir aprĂšs sâĂȘtre dĂ©clarĂ© vassal de Jean. Dans ce contexte, la question dâAntioche ne fut jamais clairement rĂ©solue et Raymond, soutenu par le clergĂ© latin, rompit en 1142 les accords conclus. Jean Il prĂ©parait une nouvelle offensive contre ce dernier lorsquâil fut blessĂ© par une flĂšche empoisonnĂ©e au cours dâun accident de chasse et mourut en [59].
Manuel Ier (1143 â 1180)
Un empereur tournĂ© vers lâOccident
Si, en 1130, la situation sâĂ©tait stabilisĂ©e en Europe, un danger pointait Ă lâhorizon : celui dâun renouveau de la politique expansionniste normande. AprĂšs avoir intĂ©grĂ© la Sicile et lâApulie Ă son royaume, Roger II sâĂ©tait fait couronner roi Ă Palerme le jour de NoĂ«l de la mĂȘme annĂ©e. Ceci menaçait Ă la fois les intĂ©rĂȘts byzantins dans le sud de lâItalie et Ă©ventuellement en Syrie de mĂȘme que les intĂ©rĂȘts allemands plus au nord. Il Ă©tait donc logique pour Jean II de sâallier avec lâempereur Lothaire dâabord, puis avec son successeur Conrad III contre Roger[60].
DotĂ© comme son pĂšre dâune vive intelligence et dâun charisme naturel, Manuel I fut un brillant chef de guerre et un diplomate habile pĂ©nĂ©trĂ© de lâidĂ©e dâun empire universel. Mais il diffĂ©rait de son pĂšre sur deux points : son amour pour tout ce qui venait dâOccident qui lui fit porter plus dâattention Ă cette rĂ©gion du monde quâĂ lâAsie mineure et sa conception de lâempire universel quâil considĂ©rait moins sous lâangle religieux de reprĂ©sentant de Dieu sur terre que sous lâaspect temporel dâune rĂ©unification des empires dâOrient et dâOccident[61].
Manuel transforma la cour impĂ©riale. Admirateur de la chevalerie occidentale, mariĂ© Ă deux reprises Ă des princesses occidentales, il abandonna la rigueur et lâaustĂ©ritĂ© de son pĂšre pour faire rĂ©gner Ă sa cour une atmosphĂšre lĂ©gĂšre trĂšs Ă©loignĂ©e du formalisme rigide quâavaient imposĂ© les traditions orientales. On y donna mĂȘme des tournois auxquels prit part lâempereur, spectacle qui en scandalisa plus dâun de mĂȘme que le nombre dâĂ©trangers occidentaux admis Ă la cour, la variĂ©tĂ© et lâimportance des postes qui leur furent confiĂ©s[62].
Aussi nâest-il pas surprenant que la politique Ă©trangĂšre ait tenu la premiĂšre place durant son rĂšgne. On peut y distinguer trois pĂ©riodes. La premiĂšre, qui sâĂ©tend de 1143 Ă 1149 est marquĂ©e par la deuxiĂšme croisade.
La pĂ©riode de la deuxiĂšme croisade (1143 â 1149)
La capture dâĂdesse par lâatabeg de Mossoul et dâAlep, Imad ed-Din Zengi avait envoyĂ© une onde de choc Ă travers la chrĂ©tientĂ© qui avait cru voir dans le succĂšs de la premiĂšre croisade un signe de la faveur divine. ChassĂ© de Rome par les Romains, le pape EugĂšne III fit appel Ă Bernard de Clairvaux, pour prĂȘcher une nouvelle croisade que devait diriger le roi de France, Louis VII le Jeune. Celui-ci Ă©crivit Ă lâempereur Manuel Ă lâĂ©tĂ© 1146 pour solliciter son aide. Instruit par lâexpĂ©rience de la premiĂšre croisade, Manuel rĂ©pondit comme son aĂŻeul que les croisĂ©s devraient non seulement rembourser leurs frais de subsistance, mais aussi prĂȘter serment de vassalitĂ©. Les Allemands, premiers arrivĂ©s, commencĂšrent dĂšs le dĂ©but Ă piller et ravager le territoire, pendant que le neveu de Conrad III, le jeune duc FrĂ©dĂ©ric qui devait devenir lâempereur FrĂ©dĂ©ric Barberousse sâillustra de mauvaise maniĂšre en brulant un monastĂšre et les moines qui y vivaient en reprĂ©sailles contre une attaque de brigands. Les Français pour leur part furent scandalisĂ©s dâapprendre Ă leur arrivĂ©e que Manuel, qui craignait peut-ĂȘtre plus lâarrivĂ©e des croisĂ©s que les Turcs, venait tout juste de signer un traitĂ© avec ceux-ci, lui donnant les mains libres de ce cĂŽtĂ©[63].
Ce fut le moment que choisit Roger II, roi des Normands et alliĂ© de Louis VII, pour lancer une attaque contre lâempire et sâemparer de Corfou, avant de se diriger vers le PĂ©loponnĂšse et de capturer ThĂšbes et Corinthe dâoĂč il put rentrer tranquillement en Italie, Manuel Ă©tant trop occupĂ© avec les croisĂ©s pour lancer une contre offensive. La croisade, elle, tourna vite au fiasco. AprĂšs ĂȘtre passĂ©es de Constantinople en Asie mineure, les troupes de Conrad III furent anĂ©anties dĂšs la premiĂšre bataille par les troupes du sultan dâIconium. Louis VII, passĂ© Ă son tour en Asie se dirigea vers Attalia dâoĂč il sâembarqua pour la Syrie mais ne put prendre Damas, premier objectif des croisĂ©s[64].
Malade, Conrad III revint Ă Constantinople oĂč il sâengagea Ă organiser une expĂ©dition contre Roger II Ă laquelle se rallia Venise. Mais Roger II contre attaqua Ă la fois en aidant le duc Guelfe Ă sâinsurger contre les Hohenstaufen forçant Conrad Ă rentrer dâurgence en Europe et en soutenant Hongrois et Serbes dans leur lutte contre lâempire. LâEurope se trouvait ainsi divisĂ©e en deux camps : dâun cĂŽtĂ© Byzance, lâAllemagne et Venise, de lâautre les Normands, les Guelfes, la France, la Hongrie et la Serbie[65].
Le renversement des alliances (1149 â 1158)
La deuxiĂšme pĂ©riode vit un renversement des alliances occasionnĂ©e par la mort de Conrad III et de Roger II. Alors quâil se prĂ©parait Ă aller rejoindre Conrad III en Italie, Manuel apprit que les Serbes, soutenus par les Hongrois et probablement aussi par les Normands sâĂ©taient rĂ©voltĂ©s. Pendant ce temps, Louis VII toujours davantage persuadĂ© de la duplicitĂ© des Byzantins, rencontrait Roger II en Calabre oĂč ils discutĂšrent dâune nouvelle croisade, cette fois contre Byzance. Ce plan ne put aboutir, le pape nâayant pas donnĂ© son accord et Conrad rĂ©ussissant Ă vaincre les Guelfes pendant que Manuel conduisait une expĂ©dition punitive contre les Serbes et les Hongrois[66].
Toutefois, en , Conrad mourut et fut remplacĂ© par FrĂ©dĂ©ric de Souabe qui rĂȘvait lui aussi de rĂ©unifier les empires dâOrient et dâOccident, mais Ă son profit. En , ce fut au tour du pape EugĂšne de mourir et dâĂȘtre remplacĂ©, aprĂšs le bref pontificat dâAnastase IV, par Adrien IV. Enfin, le , Roger II mourut Ă son tour, laissant la couronne Ă son fils Guillaume I qui offrit Ă Manuel de nĂ©gocier. Divers barons normands sâĂ©tant soulevĂ©s, Manuel prit cette offre pour une admission de faiblesse et se prĂ©para Ă envahir les Pouilles pendant quâAdrien IV envahissait les Ătats normands. Mal leur en prit : Guillaume rĂ©ussit Ă dĂ©faire les Byzantins Ă Brindisi en 1156, Ă soumettre ses vassaux et Ă forcer le pape Ă nĂ©gocier la paix; il ne restait plus Ă Manuel quâĂ retirer ses troupes dâItalie et Ă conclure la paix avec Guillaume en 1158[67].
Retour Ă la rĂ©alitĂ© (1158 â 1180)
La troisiĂšme pĂ©riode devait montrer que Manuel avait eu tort de nĂ©gliger lâOrient; elle complĂ©ta aussi le renversement des alliances en mettant fin Ă la coopĂ©ration traditionnelle avec Venise.
En 1156, le nouveau prince dâAntioche, Renaud de ChĂątillon sâĂ©tait emparĂ© de Chypre avec lâaide du chef national des ArmĂ©niens, Thoros, quâil sâĂ©tait engagĂ© Ă combattre. Deux ans plus tard, lâempereur se mit en route vers la Cilicie[68]; Thoros sâenfuit Ă son approche pendant que Renaud, pris de panique, implorait la paix. Sur les entrefaites le roi Baudouin III de JĂ©rusalem arriva [69]. Lui et Manuel devaient immĂ©diatement devenir de grands amis. Câest ainsi que le jour de PĂąques 1159, Manuel fit son entrĂ©e solennelle Ă Antioche, en grand apparat, le diadĂšme impĂ©rial sur la tĂȘte, Renaud marchant Ă ses cĂŽtĂ©s en tenant les rĂȘnes de son cheval, suivi de Beaudoin Ă cheval mais sans arme et tĂȘte nue. Ainsi Ă©tait reconnue la suprĂ©matie du basileus en tant que chef de file du monde chrĂ©tien. Le mĂȘme genre de cĂ©rĂ©monial se renouvĂšlera en 1165 lors de la visite du successeur de Beaudoin, Amaury I, Ă Constantinople [70]
Sur le chemin du retour, Manuel rencontra les Ă©missaires de Nur ed-Din qui lui proposait la paix, le retour de six mille prisonniers chrĂ©tiens et sâengageait Ă envoyer une expĂ©dition contre les Turcs seldjoukides. Manuel accepta Ă la consternation des Latins. Ceci lui permit Ă lâautomne 1159 de retourner en Anatolie Ă la tĂȘte dâune expĂ©dition contre le sultan seldjoukide Kilidj Arslan II. Contre les forces combinĂ©es de lâempereur, des troupes petchenĂšgues payĂ©es par Renaud et Thoros, de celles de Nur ed-Din et des Danichmendes, le sultan dut se rendre et signer un traitĂ© en 1162 qui rendait Ă l'empire toutes les villes grecques occupĂ©es par les Seldjoukides, promettait de fournir des troupes et de venir en visite officielle Ă Constantinople oĂč le mĂȘme genre de cĂ©rĂ©monial lâattendait. Lâempereur nâĂ©tait plus le chef de file des seuls chrĂ©tiens, mais aussi de lâĆkoumĂšne [71].
La mort de GĂ©za II de Hongrie en 1161 fournit prĂ©texte Ă une intervention dans ce pays que Manuel aurait voulu rattacher Ă lâempire. Il prit parti contre le fils de GĂ©za, Ătienne III, et soutint plutĂŽt ses frĂšres, Ătienne IV et Ladislav. Au terme dâune longue guerre, la Dalmatie, la Croatie et la Bosnie ainsi que la rĂ©gion de Sirmium (Sremska Mitrovica en VoĂŻvodine) revenaient Ă lâempire et le prince BĂ©la, hĂ©ritier du trĂŽne hongrois, Ă©tait envoyĂ© parfaire son Ă©ducation Ă Constantinople oĂč, en recevant le titre de sĂ©bastocrator, il devenait Ă©galement hĂ©ritier du trĂŽne. La naissance dâun fils de Manuel risqua dâengendrer un conflit, mais BĂ©la dut retourner en Hongrie Ă la mort dâĂtienne III pendant que les Serbes de Rascie se voyaient privĂ©s de lâappui hongrois et quâĂtienne NĂ©manja, devait, Ă la suite d'une expĂ©dition en 1172, faire publiquement sa soumission comme Renaud de ChĂątillon et Amaury avant lui[72].
Le rĂšgne de Manuel Ă©tait Ă son apogĂ©e ; Ă la suite des rĂšgnes dâAlexis, de Jean II et de ses propres succĂšs, Byzance Ă©tait redevenue une grande puissance dans les Balkans, en mer ĂgĂ©e et dans le monde mĂ©diterranĂ©en, capable de dĂ©ployer des armĂ©es puissantes, des flottes imposantes et dâacheter amis ou ennemis grĂące Ă des rĂ©serves dâor inĂ©puisables[73].
Câest alors que la fortune commença Ă tourner. LâinimitiĂ© existant entre Venise et FrĂ©dĂ©ric Barberousse avait poussĂ© la rĂ©publique italienne Ă maintenir des relations cordiales avec Byzance en dĂ©pit du fait que leurs intĂ©rĂȘts commerciaux se heurtaient en Dalmatie. Cependant la tension montait dans la colonie Ă tel point que les VĂ©nitiens Ă©migrĂšrent en masse de Constantinople et finirent par rompre les relations commerciales. Manuel leur tendit un piĂšge et, aprĂšs quâil leur eĂ»t promis de leur donner lâexclusivitĂ© du commerce Ă Constantinople et que 20 000 dâentre eux fussent revenus, Manuel les fit arrĂȘter, allĂ©guant quâils Ă©taient les auteurs dâune attaque contre le quartier gĂ©nois de Galata, et confisqua tous leurs biens. En reprĂ©sailles, Venise envoya une flotte occuper lâile de Chios, aprĂšs quoi le doge se rapprocha Ă la fois de Barberousse et du roi de Sicile. Manuel dut se rĂ©signer Ă demander la paix. Le traitĂ© de Venise en 1177, mettant fin Ă la guerre avec la Ligue lombarde et amenant une rĂ©conciliation entre le pape et Barberousse faisait sâĂ©vanouir le rapprochement politique et religieux que Manuel avait espĂ©rĂ© conclure avec la papautĂ©[74].
En Asie mineure, une tentative de croisade (1168-1171) dirigĂ©e par Byzance avec lâaide des Ătats francs contre lâĂgypte se termina par un fiasco. De plus, la mort de Nur ed-Din en 1174 laissait les Danichmendes sans protection contre le sultan Kilidj Arslan qui affermissait sa puissance en Asie mineure. LâannĂ©e suivante les relations Ă©taient rompues entre Byzance et les Turcs seldjoukides. Manuel marcha contre leur capitale, Iconium, mais subit une cuisante dĂ©faite dans les dĂ©filĂ©s de MyriokĂ©phalon, le . LâarmĂ©e byzantine fut dĂ©cimĂ©e et Manuel devait comparer cette dĂ©faite Ă celle subie 105 ans plus tĂŽt par son ancĂȘtre, Romain DiogĂšne, Ă Mantzikert. Elle devait marquer la fin du rĂȘve de Manuel dâimposer lâautoritĂ© de Byzance sur lâAsie mineure[75].
Situation intérieure
Toutes ces guerres avaient toutefois laissĂ© Byzance passablement isolĂ©e tant en Europe en raison Ă la fois de ses tentatives pour ressusciter lâidĂ©e impĂ©riale et de ses alliances avec des musulmans quâen Asie mineure oĂč elle nâavait fait que remplacer plusieurs petites puissances hostiles entre elles par un seul ennemi bien organisĂ© qui finit par le battre. Sur le plan intĂ©rieur, Ă la mort de Manuel, les finances Ă©taient en dĂ©sordre, lâempire Ă©tait Ă©puisĂ© et le prestige impĂ©rial sĂ©rieusement compromis.
La diplomatie de Manuel Ă©tait basĂ©e sur des subsides, pots-de-vin et cadeaux de toutes sortes, lesquels grevaient le budget. Sâil avait relocalisĂ© de nombreux prisonniers de guerre sur des terres dâempire et si ceux-ci lui devaient le service militaire, il dut embaucher de plus en plus de mercenaires qui vivaient aux dĂ©pens de la population locale. Par ailleurs, le rĂ©gime de la noblesse militaire encouragea la grande propriĂ©tĂ© et les biens grevĂ©s de services des pronoĂŻaires introduits sous Jean II. De telle sorte que si, sous le rĂ©gime de la noblesse civile des Doukas, on fuyait le rĂ©gime militaire, chacun voulait maintenant soit ĂȘtre soldat, soit avoir partie liĂ©e avec lâarmĂ©e pour pouvoir survivre. Ainsi se dĂ©veloppait une sorte de fĂ©odalisation qui, en augmentant le pouvoir de la noblesse, diminuait le pouvoir de lâempereur[76].
Le rĂšgne de Manuel marqua ainsi Ă la fois lâapogĂ©e des ComnĂšnes et le dĂ©but de leur dĂ©clin.
Alexis II (1180 â 1183)
NĂ© porphyrogĂ©nĂšte le , Alexis II fut couronnĂ© coempereur deux ans plus tard. Sa mĂšre, Marie dâAntioche fille de Raymond de Poitiers, Ă©tait dĂ©testĂ©e comme Ă©trangĂšre et premiĂšre latine Ă rĂ©gner Ă Constantinople. Câest Ă elle toutefois que Manuel avait confiĂ© la rĂ©gence en cas de minoritĂ© Ă condition que celle-ci prenne lâhabit monastique Ă sa mort, ce quâelle fit. Mais elle continua Ă diriger les affaires de lâĂtat avec le protosĂ©baste Alexis ComnĂšne, neveu de Manuel et oncle de la reine de JĂ©rusalem. De concert, ils justifiĂšrent les craintes du peuple de voir les marchands italiens et lâaristocratie dilapider les biens publics et accaparer les hautes charges de lâĂtat[77].
Pendant ce temps, le jeune Alexis, vaniteux et orgueilleux, passait ses jours Ă la chasse dĂ©laissant totalement les affaires de lâĂtat. Diverses tentatives de coup dâĂtat eurent lieu dont celui de la fille de Manuel, Marie qui avait Ă©pousĂ© Rainier de Montferrat. Le coup avait probablement pour but dâassassiner le protosĂ©baste et de rĂ©gner au nom dâAlexis II. DĂ©noncĂ©s, Marie et Rainier se rĂ©fugiĂšrent Ă Sainte-Sophie oĂč ils demeurĂšrent deux mois sous la protection du patriarche et de gens du peuple. BĂ©la III de Hongrie en profita pour reprendre la Dalmatie, la Bosnie et Sirmium alors quâĂtienne NĂ©manja rĂ©pudia la souverainetĂ© byzantine. En Asie mineure, Kilidj Arslan II rĂ©ussit Ă couper le lien entre lâempire et la cĂŽte sud pendant que le roi dâArmĂ©nie, Ruben III, sâavançait en Cilicie[78].
Câest alors quâAndronic ComnĂšne entra en scĂšne. Fils dâIsaac, frĂšre de Jean II, il avait Ă©tĂ© Ă©levĂ© Ă la cour du sultan dâIconium de mĂȘme que son cousin germain, le futur empereur Manuel, avec qui il ne put jamais vĂ©ritablement sâentendre. AprĂšs une vie passablement mouvementĂ©e et dĂ©jĂ dans la soixantaine, il exerçait les fonctions de gouverneur dans la rĂ©gion du Pont. En il sentit le moment venu dâentrer en action et marcha sur Constantinople. Les troupes envoyĂ©es par la RĂ©gence pour lui barrer la route se ralliĂšrent Ă lui. DĂ©sormais en position de force, il rejeta le compromis offert par le protosĂ©baste et exigea le dĂ©part de celui-ci et lâentrĂ©e dĂ©finitive de Marie dâAntioche dans un couvent. BientĂŽt le peuple de Constantinople se souleva en sa faveur, donnant libre cours Ă la fureur accumulĂ©e depuis des annĂ©es contre les Ă©trangers : les quartiers occupĂ©s par les Occidentaux furent pillĂ©s et les habitants systĂ©matiquement massacrĂ©s. Il devait en rĂ©sulter une rupture complĂšte entre Byzance et lâOccident[79].
Certain de pouvoir renverser la RĂ©gence, il fit son entrĂ©e Ă Constantinople en septembre et sâempressa de faire couronner Alexis II Ă Sainte-Sophie. Ă la suite de quoi il fit empoisonner Marie et Rainier avant dâobliger le jeune Alexis Ă signer lâarrĂȘt de mort de sa mĂšre, laquelle fut Ă©tranglĂ©e dans sa cellule. Le patriarche ThĂ©odose fut dĂ©posĂ© et remplacĂ© par Basile Kamateros. Enfin, la plupart des dignitaires du palais furent remplacĂ©s par des hommes Ă la dĂ©votion dâAlexis. Un an aprĂšs son arrivĂ©e Ă Constantinople, il jugea le moment venu de se faire couronner coempereur par le nouveau patriarche. Quelques semaines plus tard Alexis II Ă©tait Ă©tranglĂ© dans son lit et son corps jetĂ© dans le Bosphore; Andronic se retrouvait seul empereur. Pour complĂ©ter sa prise de pouvoir, il Ă©pousa la veuve dâAlexis II, AgnĂšs-Anne de France, alors ĂągĂ©e de 11 ans et de cinquante ans sa cadette[80].
Andronic Ier (1183 â 1185)
Le rĂšgne dâAndronic fut aussi court que celui de son prĂ©dĂ©cesseur : accueilli dans lâenthousiasme, il Ă©tait assassinĂ© deux ans plus tard par une foule en colĂšre. Sâil voulut rĂ©gĂ©nĂ©rer lâempire, il ne connaissait quâun moyen dây parvenir : la force brutale[81].
Le régime de réformes se transforme en régime de terreur
Ayant Ă©liminĂ© toute opposition, Andronic se mit Ă Ă©radiquer les causes du dĂ©clin de lâempire. Dâune part il redressa le fonctionnement de lâadministration en relevant le traitement des gouverneurs de provinces et des fonctionnaires et en sâassurant que ceux-ci soient versĂ©s rĂ©guliĂšrement, en supprimant la vĂ©nalitĂ© des charges, en Ă©tablissant de nouveaux registres pour lâimpĂŽt et en envoyant dans les provinces des juges probes et intĂšgres. Câest ainsi quâil ordonna de faire pendre aux mĂąts des bateaux ceux qui avaient lâhabitude de piller les bateaux coulĂ©s[82].
En dĂ©fendant ainsi les paysans, Andronic sâaliĂ©na la grande aristocratie fonciĂšre qui Ă©tait devenue lâarmature mĂȘme de lâĂtat et son affaiblissement par les exĂ©cutions massives quâinstaura le rĂ©gime eut des consĂ©quences sĂ©rieuses pour la dĂ©fense de lâempire. Les tentatives de coup dâĂtat se multipliĂšrent et Andronic y rĂ©pondit Ă sa maniĂšre habituelle. Au dĂ©but 1185, Isaac ComnĂšne, ancien doux de Cilicie (qui avait pourtant Ă©tĂ© rachetĂ© par Andronic aprĂšs la conquĂȘte de son duchĂ©) se proclama empereur Ă Chypre. Ne pouvant sâemparer dâIsaac, Andronic fit lapider et empaler deux de ses parents. Et lorsquâon dĂ©couvrit un complot visant Ă mettre sur le trĂŽne Alexis ComnĂšne, fils bĂątard de Manuel et Ă©poux de sa fille, il fit pendre ou aveugler les conspirateurs, y compris son beau-fils. Il nâest donc pas surprenant que nombre dâaristocrates sâenfuirent vers lâOccident oĂč ils se joignirent Ă la campagne de dĂ©nigrement existant contre Byzance[83].
Guerre avec la Hongrie, retour de Venise, invasion des Normands
Contrairement Ă Manuel, Andronic dĂ©testait tant lâOccident oĂč on sâagitait contre lui que les principautĂ©s latines de Syrie. Ayant sĂ©journĂ© Ă la cour de Nur ed-Din, il contacta son successeur, Saladin, avec lequel il conclut un traitĂ© dâalliance visant Ă se partager les dĂ©pouilles de leurs ennemis communs, les Turcs seldjoukides et les Latins de Palestine[84].
Cette « alliance contre nature » ne fit quâaviver lâantipathie de lâOccident Ă lâendroit de Byzance. En mĂȘme temps, les troubles Ă lâintĂ©rieur de lâempire encouragĂšrent Hongrois et Serbes Ă reprendre la politique expansionniste quâĂ©tait parvenu Ă rĂ©primer Manuel. DĂšs 1181, BĂ©la III sâempara de la Dalmatie, dâune partie de la Croatie et de la rĂ©gion de Sirmium pendant quâĂtienne NĂ©manja proclamait son indĂ©pendance et rĂ©unissait sous son sceptre la DioclĂ©e et la Rascie. Deux ans plus tard, Hongrois et Serbes envahissaient lâempire et sâemparaient de Belgrade, Branichevo, NiĆĄ et Sofia que les croisĂ©s trouveront six ans plus tard abandonnĂ©es et dĂ©vastĂ©es[85].
En 1184, les fiançailles du roi Henri, fils de Frédéric Barberousse, et de Constance, tante et héritiÚre de Guillaume de Sicile, rapprochaient les deux plus mortels ennemis de Byzance. Andronic tenta de se prémunir contre ce danger en se rapprochant de Venise avec laquelle il signa un traité accordant des réparations pour les dommages subis en 1171 et permettant aux Vénitiens de revenir à Constantinople reprendre leurs comptoirs, ce qui raviva la haine de la population[86].
Effectivement, Guillaume II, qui avait donnĂ© asile Ă un jeune Grec prĂ©tendant ĂȘtre Alexis II, prĂ©parait une expĂ©dition maritime qui prenait des airs de croisade contre Byzance. Partie en de Messine, elle sâemparait Ă la fin du mois de Dyrrachium et en aout de Thessalonique oĂč les Latins se livrĂšrent Ă un pillage rappelant les sept mille morts que ThĂ©odose le Grand avait fait Ă lâhippodrome 800 ans plus tĂŽt. La nouvelle de ces massacres atteignit bientĂŽt Constantinople oĂč la panique se rĂ©pandit. Jamais auparavant les Normands ne sâĂ©taient approchĂ©s Ă ce point de Constantinople. La rĂ©volution grondait. Elle Ă©clata lorsquâun devin identifia un cousin de lâempereur, Isaac l'Ange, comme possible auteur dâune tentative de coup. Celui-ci tua Ătienne HagiochristophoritĂšs chargĂ© de lâarrĂȘter et alla se rĂ©fugier Ă Sainte-Sophie oĂč il fut rejoint par une foule en colĂšre qui le proclamĂšrent empereur le lendemain (11-). Pris de panique, Andronic tenta de sâenfuir mais fut rattrapĂ© sur les bords de la mer Noire, ramenĂ© Ă Constantinople oĂč une foule en colĂšre le mit en piĂšces quelques jours plus tard[87].
La dynastie des ComnĂšnes qui avait rĂ©ussi sous trois empereurs remarquables Ă redonner Ă lâempire une partie de sa gloire passĂ©e disparaissait lamentablement, ayant surestimĂ© ses forces dans un monde oĂč la crĂ©ation de royaumes fĂ©odaux rendait impossible la renaissance dâun empire universel. Ă lâintĂ©rieur mĂȘme de lâempire, le renforcement de la puissante aristocratie des grands propriĂ©taires terriens et lâaffaiblissement du pouvoir impĂ©rial qui en dĂ©coulait rendra impossible Ă la dynastie des Anges dâĂ©viter lâeffondrement final en 1204.
Une administration centrée autour de la personne de l'empereur
Lâadministration byzantine connaĂźt des changements profonds sous les ComnĂšnes, tout en sâinscrivant dans une rĂ©elle continuitĂ©. Alexis sâillustre par la diversitĂ© des nouveaux titres quâil instaure, bouleversant sensiblement lâordre protocolaire traditionnel. La logique de cette titulature repose principalement sur la famille impĂ©riale. Les degrĂ©s de proximitĂ© avec lâempereur sont illustrĂ©s par la collation de titres et de dignitĂ©s toujours plus grandiloquentes. Le sĂ©bastokrator devient le titre le plus important, dĂ©passant celui de cĂ©sar, les anciennes dignitĂ©s en gĂ©nĂ©ral perdant de la valeur quand elles ne disparaissent pas complĂštement.
Les alliances matrimoniales, qui ont permis aux ComnĂšnes dâaccĂ©der au pouvoir, deviennent le nĆud du pouvoir, entraĂźnant des luttes dâinfluence. Plus encore que sous les dynasties prĂ©cĂ©dentes, la famille impĂ©riale joue un rĂŽle dĂ©cisif dans le destin de lâEmpire au dĂ©triment dâune mĂ©ritocratie certes limitĂ©e mais rĂ©elle. Les ComnĂšnes tentent de s'unir Ă l'ensemble des grandes familles byzantines, comme les Doukas, pour consolider leur emprise sur le trĂŽne. Ce mode de fonctionnement dĂ©voile ses limites Ă la mort de Manuel. DĂšs lors quâAlexis II est mineur, il nâest plus en mesure dâincarner la figure centrale de lâempereur. Les luttes dâinfluence au sein de la cour impĂ©riale peuvent alors redoubler dâintensitĂ©, favorisant lâeffondrement dâun mode de gouvernement intrinsĂšquement fragile.
Au niveau rĂ©gional, les Ă©quilibres ont Ă©tĂ© bouleversĂ©s par la perte de l'Asie Mineure et de l'Italie. Les circonscriptions territoriales, les thĂšmes sont cependant recrĂ©es au fur et Ă mesure de la reconquĂȘte de l'Anatolie, mĂȘme si leur rĂŽle militaire est dĂ©sormais nĂ©gligeable. Des duchĂ©s sont aussi crĂ©Ă©s sur certains territoires. Plus fondamentalement, des phĂ©nomĂšnes de sĂ©cession apparaissent aux confins de l'Empire, qui illustrent les lacunes de l'autoritĂ© impĂ©riale. Les Ăźles de Chypre et de la CrĂšte connaissant des mouvements sĂ©cessionnistes, de mĂȘme que les environs de TrĂ©bizonde sous ThĂ©odore Gabras. Ces mouvements prĂ©figurent la perte par l'Empire de certaines de ces provinces peu de temps aprĂšs la chute de la dynastie des ComnĂšnes.
Le renouveau des forces militaires byzantines
Sous les ComnĂšnes, lâarmĂ©e byzantine retrouve une partie de sa puissance de lâĂšre macĂ©donienne. A lâarrivĂ©e au pouvoir dâAlexis Ier, elle est profondĂ©ment dĂ©sorganisĂ©e par des annĂ©es de guerre civile. La plupart des unitĂ©s traditionnelles, les tagmata, ont disparu et les frontiĂšres ont Ă©tĂ© laissĂ©es Ă lâabandon, la crise du Xe siĂšcle consacrant le dĂ©clin du stratiote, le paysan soldat chargĂ© de la dĂ©fense des terres frontaliĂšres. Cependant, la famille des ComnĂšne est dâorigine militaire, Alexis Ier Ă©tant lui-mĂȘme gĂ©nĂ©ral. De ce fait, elle est particuliĂšrement sensible aux questions militaires et se consacre Ă la refondation de lâarmĂ©e. Les tagmata sont reformĂ©es mais ne reprennent pas le nom des anciennes unitĂ©s. Au contraire, dâautres unitĂ©s historiques sont maintenues comme la garde varangienne. Lâusage de mercenaires reste une constante de lâhistoire militaire byzantine et les chevaliers occidentaux sont de plus en plus prĂ©sents dans les forces militaires, incarnant la puissance militaire de lâEurope occidentale qui suscite crainte et admiration Ă Constantinople. Des guerriers turcs ou des archers Ă cheval petchĂ©nĂšgues sont aussi incorporĂ©s, ainsi qu'une unitĂ© d'origine hongroise, les Vardariotai. NĂ©anmoins, les empereurs restent attentifs au maintien dâunitĂ©s autochtones, assurant la cohĂ©sion de lâarmĂ©e. Sous Alexis, une vĂ©ritable armĂ©e professionnelle est de nouveau en mesure de combattre les adversaires de lâEmpire et de mener des guerres de reconquĂȘte, aux cĂŽtĂ©s par exemple des CroisĂ©s. En revanche, il ne faut pas voir dans lâĆuvre rĂ©formatrice dâAlexis un plan mĂ©ticuleusement pensĂ© mais bien une adaptation aux forces et faiblesses de lâEmpire ainsi quâĂ ses adversaires directs. Les empereurs procĂšdent dâabord par expĂ©dients.
LâarmĂ©e byzantine reste structurĂ©e autour de la prĂ©dominance de la cavalerie lourde (les cataphractaires) qui est lâĂ©lite de lâarmĂ©e, mĂȘme si la chevalerie occidentale se montre souvent supĂ©rieure. Les armes de siĂšge occupent une place centrale dans des guerres souvent faites de siĂšges. La dĂ©faite de MyriokĂ©phalon, loin dâĂȘtre dramatique sur le plan humain, est surtout marquĂ©e par la perte de lâartillerie empĂȘchant Manuel Ier de partir Ă la conquĂȘte dâIconium.
Les grades de lâarmĂ©e subissent aussi des bouleversements, Ă lâimage de lâensemble de la hiĂ©rarchie protocolaire byzantine. Le Grand Domestique devient le chef de lâarmĂ©e tandis que la division traditionnelle entre Domestique des Scholes dâOrient et Domestique des Scholes dâOccident disparaĂźt. Le protostrator devient aussi un personnage de premier plan, en tant que gĂ©nĂ©ral en second.
La marine byzantine, sur le modĂšle de l'armĂ©e, doit ĂȘtre rĂ©organisĂ©e. A lâabandon au dĂ©but du rĂšgne dâAlexis, elle est concurrencĂ©e par les rĂ©publiques italiennes naissantes, qui mettent la main sur les routes commerciales. Si les empereurs byzantins parviennent Ă recrĂ©er une marine digne de ce nom, sous la direction dâun mĂ©gaduc. Sous Manuel, elle peut conduire des expĂ©ditions au-delĂ des mers, en Italie et jusqu'en Ăgypte. Pour autant, elle ne retrouve pas sa prĂ©dominance d'antan. La RĂ©publique de Venise autant que GĂȘnes sont des rivaux indĂ©passables dont la maĂźtrise des mers grandissantes reprĂ©sente un dĂ©fi majeur pour la puissance byzantine.
Notes et références
- Alexander P. Kazhdan, « Isaac I Komnenos » dans (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re éd., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208), p. 1011 ; Cyril Mango, The Oxford History of Byzantium, p. 204.
- Bréhier 1969, p. 222
- Bréhier 1969, p. 227
- Georges Ostrogorsky, Histoire de l'Ătat byzantin, pp. 365 et 368; Cyril Mango, op. cit., p. 189
- Bréhier 1969, p. 226
- Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 365; Cyril Mango, op.cit., p. 183.
- Georges Ostrogorsky, op. cit., pp. 365-366; Cyril Mango, op.cit., pp. 184-185.
- Bréhier 1969, p. 235-236
- Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 369-370.
- Ostrogorsky, op.cit., pp. 371-372
- Bréhier 1969, p. 237-238
- Alexander P. Kazhdan, « Alexios I Komnenos », op. cit., p.63.
- ibid, p. 63
- Louis Bréhier, op. cit., p. 244; Warren Treadgold, A History of the Byzantine State and Society, p. 612.
- Warren Treadgold, op.cit., p. 644; Norwich, Byzantium, The Decline and Fall, p. 51; Mango, op.cit., pp. 204-205.
- Bréhier 1969, p. 244
- Treadgold, op.cit., p. 613 et 681; Ostrogorsky, op.cit., p. 389; pour lâarmĂ©e voir John Haldon, Warfare, State and Society in the Byzantine World, 565-1204, pp. 118-119.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 390; John Norwich, op.cit., p. 51.
- Alexander Kazhdan, op.cit., p. 63, Warren Treadgold, op.cit., p. 619; John Norwich, op.cit., p. 52.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 394; Warren Treadgold, p. 615.
- Bréhier 1969, p. 246
- Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 395; Cyril Mango, op.cit., p. 210.
- John Haldon, op. cit., pp. 93-94
- Bréhier 1969, p. 245
- Georges Ostrogorsky, op. cit.., p. 392.
- George Ostrogorsky, op.cit., p. 388; Warren Treadgold, op.cit., p. 618.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 378 et 388.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 387; Cyril Mango, op.cit., p. 187.
- Bréhier 1969, p. 247
- Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 378-379; Warren Treadgold, op.cit., pp. 614-615; John Norwich, op.cit., pp. 22-25; Cyril Mango, op.cit., pp 190-192; Alexander P. Kazhdan, « Robert Guiscard », op.cit., p. 1799.
- Louis Bréhier, pp. 238-239, pp. 247-248; Warren Treadgold, pp. 614-616; Cyril Mango, op.cit., p. 185.
- Bréhier 1969, p. 248-251
- Alexander P. Kazhdan, « Pechenegs », op.cit., p. 1513; Georges Ostrogorsky, op.cit., pp.380-381; Warren Treadgold, op.cit., pp. 616-618; Cyril Mango, op.cit., p. 183.
- Anne ComnĂšne, IX, 3 (II, 166).
- Bréhier 1969, p. 252-253
- Warren Treadgold, op.cit., p. 619; Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 382; Cyril Mango, op.cit., p. 185.
- Louis Bréhier, op.cit., p. 255; Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 384;Jonathan Harris, Byzantium and The Crusades, p. 57.
- Selon les estimations de S. Runciman, History of the Crusades, vol. I, pp. 33-341; Anne ComnĂšne elle-mĂȘme note [XI, 2.2.] que les croisĂ©s surpassaient de beaucoup en nombre lâarmĂ©e impĂ©riale.
- Alexander P. Kazhdan, « Bohemund », op.cit., p. 301.
- Toutefois TancrĂšde, neveu de BohĂ©mond, arriva directement avec ses troupes en Asie mineure sans passer par Constantinople et nâeut pas Ă se soumettre Ă cette formalitĂ©; Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, sây refusa obstinĂ©ment, promettant simplement de ne pas attenter Ă la vie de lâempereur; Gesta Francorum, 6 (32).
- Jonathan Harris, op.cit., pp. 60-61.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 385; Alexander P. Kazhdan, « Raymond of Toulouse », op.cit., p. 1776.
- Bréhier 1969, p. 255-260
- Jonathan Harris, op.cit., pp. 88-92; Warren Treadgold, op.cit., pp. 625-629; Georges Ostrogorsky, op. cit., pp. 385-387; Alexander P. Kazhdan, « Tancred », op.cit., p. 2009.
- Bréhier 1969, p. 260
- Warren Treadgold, op. cit., p. 627; John Norwich, op. cit., p. 57.
- Elle ne mentionnera celui-ci quâune seule fois dans lâAlexiade sans le dĂ©signer par son nom.
- John Norwich, op.cit., pp. 63-64; Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 397-398; Louis Bréhier, op.cit., p. 262.
- John Norwich, op.cit., p. 65.
- Louis Bréhier, op.cit., p. 263; John Norwich, op.cit., p. 66.
- Louis Bréhier, op.cit., p. 263.
- Voir lâanalyse comparĂ©e que fait Jonathan Harris des sources latines et grecques mettant en lumiĂšre les conceptions diffĂ©rentes que lâOrient et lâOccident se faisaient du pouvoir, Jonathan Harris, op.cit., pp. 82-86.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 399; John Norwich, op.cit. pp. 78-79; Louis Bréhier, op.cit., p. 264; Cyril Mango, op.cit., p. 184.
- Louis Bréhier, op.cit., p. 264; John Norwich, op.cit., p. 70; Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 398-399.
- Cyril Mango, op.cit., p. 192.
- Louis Bréhier, op.cit., p. 264 ; Warren Treadgold, op.cit., p. 631 ; John Norwich, op.cit., p. 71 ; Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 399.
- John Norwich, op.cit., pp. 67-68.
- John Norwich, op.cit., pp. 72-73; Louis Bréhier, op.cit., pp. 264-265; Warren Treadgold, op.cit., pp. 631-633; Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 400.
- Louis Bréhier, op.cit., pp. 265-266; John Norwich, op.cit., pp. 77-85; Warren Treadgold, op.cit., pp. 631-637; Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 400-401; Jonathan Harris, op.cit., pp. 75-75 et 81-86.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 400-401; Cyril Mango, op. cit., p. 192; Alexander P. Kazhdan, « Roger II », op.cit., p. 1801 et « Conrad III », op.cit., p. 495.
- Georges Ostrogorsky, op. cit., p. 401; Louis Bréhier, op. cit., p. 269; Jonathan Harris, op. cit., pp.101-102.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 401; Jonathan Harris, op.cit., pp. 93 et 113; John Norwich, op.cit., pp. 138-140; Louis Bréhier, op.cit., p. 268.
- John Norwich, op.cit., pp. 92-94; Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 403; Louis Bréhier, op.cit., p. 270; Jonathan Harris, op.cit., pp. 94-101; Cyril Mango, op.cit., p. 195; Alexander P. Kazhdan, « Eugenius III », op.cit., p. 744, « Louis VII », op.cit., p. 1252 et « Frederick I Barbarossa », op.cit., p. 804.
- Georges Ostrogorsky, op. cit., p. 403; Louis Bréhier, op. cit., p. 270; John Norwich, op. cit., pp. 98-99.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 401-402; John Norwich, op.cit., pp. 100-101.
- John Norwich, op.cit., pp. 105-106; Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 404, 405; Warren Treadgold, op.cit., p. 642.
- John Norwich, op.cit., p. 115; Louis Bréhier, op.cit., p. 272; Georges Ostrogorsky, op.cit., p.407; Warren Treadgold, op.cit., p. 643.
- Alexander P. Kazhdan, « Cilicia », op.cit., p. 462.
- Alexander P. Kazhdan, « Baldwin III », op.cit., p. 247.
- Louis Bréhier, op.cit., p. 272; John Norwich, op.cit., pp. 121-122;John Harris, op.cit., p. 105, pp. 108-110; Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 407.
- John Norwich, op.cit., pp. 122-125; Louis Bréhier, op.cit., p.273.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 411-412; John Norwich, op.cit., p. 129; Louis Bréhier, op.cit., pp. 273-274; Warren Treadgold, op.cit., pp. 646-648.
- Cyril Mango, op.cit., p. 185.
- Louis Bréhier, op.cit., pp. 275-276; John Norwich, op.cit., pp. 129-133.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 114; John Norwich, op.cit., pp. 135-137; Louis Bréhier, op.cit., pp. 276-278; Warren Treadgold, op.cit., pp. 647-650; Jonathan Harris, op.cit., p. 147.
- Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 416-417; John Norwich, op.cit., pp. 138-139; Louis Bréhier, op.cit., p. 280.
- Kazhdan, « Alexis II Komnenos », op.cit., p. 1298; Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 418.
- Warren Treadgold, op.cit., pp. 650-651; John Norwich, op.cit., p. 140.
- Alexander P. Kazhdan, « Andronikos I Komnenos », op.cit., p. 94; Louis Bréhier, op.cit., p. 282; John Norwich, op.cit., pp. 142-143; Warren Treadgold, op.cit., pp. 650-651; John Norwich, op. cit., pp. 142-143; John Harris, op.cit., p. 119.
- Louis Bréhier, op.cit., p. 283; John Norwich, op.cit., p. 143; Warren Treadgold, op.cit., p. 653; Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 419; John Harris, op.cit., p. 118; Cyril Mango, op.cit., p. 205.
- Les chroniqueurs de lâĂ©poque comme Eustathe de Thessalonique et NicĂ©tas ChoniatĂšs passent sans transition Ă son sujet des plus grands Ă©loges Ă la pire rĂ©probation.
- Nicétas ChoniatÚs, 422, cité dans Georges Ostrogorsky, op.cit., p. 420.
- Louis Bréhier op.cit., p. 283; Georges Ostrogorsky, op.cit., pp. 420-421; Warren Treadgold, op.cit., p. 654; John Norwich, op.cit., p. 144; Jonathan Harris, op.cit., p. 124; Alexander P. Kazhdan, « Andronikos I Komnenos », op. cit., p. 94.
- Jonathan Harris, op.cit., pp. 121-124; Louis Bréhier, op.cit., p. 284.
- Alexander P. Kazhdan, « Bela III », op. cit., p. 278; Georges Ostrogorsky, op. cit., p. 422; John Norwich, op. cit., p. 144.
- Jonathan Harris, op. cit., p. 120; Louis Bréhier, op. cit., p. 284.
- Alexander P. Kazhdan, « William II », op.cit., p. 2196; John Norwich, op.cit., pp. 145-153; Louis Bréhier, op.cit., p. 285; Georges Ostrogorsky, op. cit., p. 424.
Voir aussi
Bibliographie
On consultera avec profit la bibliographie exhaustive contenue dans chaque volume de la trilogie Le monde byzantin (Coll. Nouvelle Clio, Presses universitaires de France) rĂ©partie pour chacune des pĂ©riodes Ă©tudiĂ©es (vol. 1 â LâEmpire romain dâOrient [330-641]; vol. 2 â Lâempire byzantin [641-1204]; vol. 3 â Lâempire grec et ses voisins [XIIIe]-XVe siĂšcle] entre Instruments bibliographiques gĂ©nĂ©raux, ĂvĂšnements, Institutions (empereur, religion, etc.) et RĂ©gions (Asie Mineure, Ăgypte byzantine, etc.). Faisant le point de la recherche jusquâen 2010, elle comprend de nombreuses rĂ©fĂ©rences Ă des sites en ligne.
Sources primaires
Fille ainĂ©e dâAlexis Ier, Anne ComnĂšne, et son Alexiade est une des principales sources pour cette pĂ©riode. Biographie de son pĂšre de ses dĂ©buts jusquâĂ sa mort (1069-1118), lâAlexiade nous renseigne non seulement sur la pĂ©riode de la restauration de la puissance byzantine, mais aussi sur la rencontre entre Byzance et lâOccident pendant la premiĂšre croisade et sur les luttes de lâempire avec les Normands dâune part, avec les peuples des steppes du Nord et de lâEst dâautre part. Le mari dâAnne, le cĂ©sar NicĂ©phore Bryenne, nous a Ă©galement laissĂ© une histoire de la maison des ComnĂšnes Ă partir dâIsaac jusquâĂ NicĂ©phore BotaniatĂšs, mais lâĆuvre est demeurĂ©e inachevĂ©e. Enfin, Jean Zonaras reprend dans sa Chronique universelle le rĂ©cit de lâAlexiade, mais en y apportant dâimportants complĂ©ments.
Pour lâĂ©poque qui suit celle dâAlexis, lâĆuvre de Jean Kinnamos expose avec simplicitĂ© et concision le rĂšgne de Manuel Ier alors que NicĂ©tas ChoniatĂšs, secrĂ©taire impĂ©rial de la cour et grand logothĂšte sous les Anges, traite dans son Histoire de la pĂ©riode allant du rĂšgne dâAlexis jusquâen 1206.
Parmi les sources occidentales, on peut mentionner les Gesta Francorum, Villehardouin et Robert de Clarie qui Ă©clairent les relations entre Byzance et lâOccident mĂȘme si des textes comme la Gesta Francorum ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s afin de nourrir le sentiment antibyzantin qui se dĂ©veloppait en Occident. Il faut Ă©galement mentionner un faux cĂ©lĂšbre qui contribua Ă rĂ©pandre en Occident lâidĂ©e quâAlexis avait trahi les croisĂ©s. Cette lettre supposĂ©ment dâAlexis Ier au comte de Flandre nous est parvenue sous sa forme latine comme un appel Ă la croisade. En fait, elle a probablement Ă©tĂ© fabriquĂ©e Ă partir dâune vĂ©ritable lettre de lâempereur ayant trait au recrutement de mercenaires occidentaux (Voir Ă ce sujet, E. Joranson, « The Problem of the Spurious Letter of Emperor Alexis to the count of Flanders », Amer. Hist. Rev., 55 (1950), p. 811 et sq.)
- Anonyme. Gesta Francorum et aliorum Hierosolymitanorum, éd. et trad. française L. Bréhier, Paris, C.H.F., 1924.
- Nikephoros Bryennios. Historiarum libri quattuor, ed. et trad. Paul Gautier, Bruxelles, 1975.
- Nicetas ChoniatĂšs. Historia. [livres Google] https://books.google.com/books?id=Yh4bAAAAIAAJ&oe=UTF-8
- Robert de Clary. La conquĂȘte de Constantinople, trad. P. Charlot, Paris, 1939.
- Anna Comnena. The Alexiad, trans. E.A. Sewter, Harmondsworth, 1969.
- Eustathe de Thessalonique. Opuscula, [livre Google] https://books.google.fr/books?id=0uIq3VreEH4C&dq=related:BCUL1092301567.
- Georges & Demetrios TornikĂšs. Lettres et discours, Paris, Ă©d. J. DarrouzĂšs, 1970.
- Guillaume de Tyr. Belli Sacri Historia et Historia Rerum in Partibus Transmarinis Gestarum dans Recueil des Historiens des Croisades, AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris 1841-1906, vol 1; traduit en français dans Collection des MĂ©moires Relatifs Ă lâHistoire de France de F. Guizot, 29 vols. Paris, 1823-1827. Pour les ComnĂšnes : vols. 16-18.
- Villehardouin. La conquĂȘte de Constantinople, Ă©d. et trad. E.Faral, Paris, C.H.F. 1938-1939, 2 vol.
- Jean Zonaras. Epitome historiarum, [livre Google] https://books.google.ca/books/about/Joannis_Zonarae_Epitome_historiarum_Cum.html?id=xIWBKQEACAAJ&redir_esc=y
Sources secondaires
- Pierre AubĂ©. Les empires normands dâOrient, Paris, Tallendier, 1983. (ISBN 2-235-01483-6).
- Malcolm Billing. The Cross & the Crescent, A History of the Crusades, New York, Sterling Publishing co, 1990. (ISBN 0-8069-7364-1) (Paper).
- Louis BrĂ©hier, Vie et mort de Byzance, Paris, Albin Michel, coll. « L'Ăvolution de lâHumanitĂ© »,
- Ferdinand Chalandon. Essai sur le rĂšgne d'Alexis Ier ComnĂšne (1081-1118). Paris : A. Picard. 1900.
- Ferdinand Chalandon. Les ComnĂšnes. Ătude sur lâempire byzantin au XIe et XIIe siĂšcles, Paris, 1900-1912, 3 vol.
- Thalia Gouma-Peterson. Anna Komnene and Her Times, New York & London, Garland Publishing, inc., 2000. (ISBN 0-8153-3851-1).
- John Haldon. Warfare, State and Society in the Byzantine World, 656-1204. London & New York, Routledge, 1999. (ISBN 1 85728 495 X) (paperback)
- Jonathan Harris. Byzantium and The Crusades. London, New York, Hambeldom Continuum, 2003. (ISBN 1 85285 501 0) (paperback).
- (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re Ă©d., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208).
- Cyril Mango(ed.). The Oxford History of Byzantium, London, Oxford University Press, 2002. (ISBN 0-19-814098-3).
- John Julius Norwich. Byzantium, The Decline and Fall, New York, Alfred A. Knopf, 1996, (ISBN 0-679-41650-1). (L'Ćuvre se prĂ©sente en trois volumes: Byzantium: the Early Centuries; Byzantium: The Apogee; Byzantium: The Decline and Fall, dotĂ©s dâune double pagination, successive pour les trois volumes et individuelle pour chacun dâeux; câest cette derniĂšre que nous utilisons dans les rĂ©fĂ©rences).
- Georges Ostrogorsky. Histoire de lâĂtat byzantin, Paris, Payot, 1983. (ISBN 2-228-07061-0).
- Steven Runciman. A History of the Crusades, 3 vols., Cambridge, Cambridge University Press, 1951-1954.
- Warren Treadgold. A History of the Byzantine State and Society, Stanford, Stanford University Press, 1997. (ISBN 0-8047-2630-2).