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Droits de l'homme en Iran

À partir du XIXe siĂšcle, la notion de droits de l'homme commence Ă  pĂ©nĂ©trer en Iran. Au cours du XXe siĂšcle, les droits de l'homme font l'objet de luttes pour leur application et de restrictions diverses, qui durent encore aujourd'hui. Pendant plusieurs siĂšcles, la charia a rĂ©glĂ© la vie juridique en Iran, jusqu'Ă  la rĂ©volution constitutionnelle de 1906. Le systĂšme juridique traditionnel Ă  partir de lĂ  est transformĂ© en profondeur avec le rĂšgne de la dynastie Pahlavi (1926-1979) qui se dĂ©tache de la charia, celle-ci ayant montrĂ© ses limites et son incapacitĂ© Ă  rĂ©gir la vie juridique du pays. Mohammed Reza Shah Palavi introduit un droit moderne oĂč les principes des droits de l'homme sont partiellement prĂ©sents.

La pĂ©riode la plus dĂ©mocratique que connut l'Iran, sous Mossadegh premier ministre du gouvernement du shah au dĂ©but des annĂ©es 1950, est cependant suivie de rĂ©gressions des droits de l'homme, sous l'impulsion du chah Mohamed Reza Pahlavi lorsque son pouvoir commence Ă  ĂȘtre contestĂ© par diverses forces dont les islamistes, mais Ă©galement les libĂ©raux et l'opposition de gauche, auxquelles il oppose la rĂ©pression. Puis sous le gouvernement islamique qui vit Khomeini imposer au pays le retour Ă  la charia, Ă  la suite de la rĂ©volution islamique de 1979, les droits de l'homme sont abandonnĂ©s dans leur principe et dans la rĂ©alitĂ© de la vie de la sociĂ©tĂ© iranienne[1].

Toutefois, les libertĂ©s sont une tradition ancienne en Iran. Dans l'AntiquitĂ©, Ă  l'Ă©poque de la dynastie des AchĂ©mĂ©nides, on constate l'existence d'une grande tolĂ©rance en matiĂšre religieuse sous forme d'un pluralisme religieux admis, de droits individuels et d'une conception relativement Ă©galitaire de la condition des femmes. Elles sont l'Ɠuvre des rĂ©formes de Cyrus II au VIe siĂšcle avant notre Ăšre qui toutefois ne lui survivent que partiellement, et sont caractĂ©ristiques de la pĂ©riode prĂ©islamique. Ces principes de libertĂ© ne survivent guĂšre Ă  la conquĂȘte de la Perse par les Arabes au VIIe siĂšcle et l'importation de l'islam fait disparaĂźtre les religions perses antiques, c'est pourquoi les libertĂ©s connaissent des sorts trĂšs divers au cours de l'histoire du pays.

Au cours du XXe siĂšcle, l’Iran subit Ă  plusieurs reprises des bouleversements sociaux et politiques, s'accompagnant de changements multiples dans l'application des droits humains fondamentaux. Un nationalisme insĂ©parable de la religion caractĂ©rise le pays au XIXe siĂšcle suivi d'une premiĂšre rĂ©volution, en 1906, qui a dotĂ© l'Iran d'une monarchie de type parlementaire. Soixante-dix ans plus tard, la rĂ©volution qui a renversĂ© le Shah, se produit au nom de la religion et restaure les valeurs de l'islam comme source du droit. Alors une pĂ©riode de terreur suit l'instauration de la rĂ©publique islamique. Cependant la gĂ©nĂ©ralisation de l'accĂšs Ă  l'Ă©ducation et l'arrivĂ©e au pouvoir de rĂ©formistes en 1997 se traduisent, durant un temps assez bref par la reconquĂȘte de certaines libertĂ©s, qui disparaissent Ă  nouveau avec l'Ă©lection d'Ahmadinejad en 2005 sous le contrĂŽle de l'ayatollah Khamenei.

Ces derniĂšres annĂ©es, malgrĂ© des critiques internationales - plusieurs rĂ©solutions de l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale et de la Commission des droits de l’homme de l’ONU portant sur le non-respect par l’Iran de la DĂ©claration universelle des droits de l'homme et des conventions affĂ©rentes - malgrĂ© des interventions rĂ©itĂ©rĂ©es de l'Europe, concernant les violations des droits de l'homme en Iran, et les demandes de l'UE faites Ă  l'Iran de respecter les droits de l'homme, le gouvernement de la RĂ©publique islamique d’Iran continue de restreindre la libertĂ© d’expression, de rĂ©primer ses opposants politiques, d’avoir recours Ă  la torture, aux punitions telles que lapidation, amputations, et Ă  la peine capitale, y compris pour les mineurs, de pratiquer la discrimination envers les femmes et des minoritĂ©s. Depuis 2005 les exĂ©cutions capitales et les dĂ©tentions arbitraires se multiplient.

Paradoxalement, la société iranienne se modernise et des élections sont réguliÚrement organisées, bien que la régularité de celles organisées sous la présidence d'Ahmadinedjad soient fortement contestées par les Iraniens, au point que les organisations des droits de l'homme parlent de "mascarade électorale"[2]. On a pu imaginer que la façon dont les droits de l'homme sont pris en compte en Iran pourrait évoluer avec la modernisation de la société. Mais cette évolution a été remise en cause depuis l'élection présidentielle de 2005 et, plus radicalement encore, depuis celle de 2009.

Conditions d'Ă©tudes

La perception des droits de l’homme en Iran est influencĂ©e par deux facteurs. Tout d’abord, l’Iran est une rĂ©publique islamique qui s’est dotĂ©e d’un systĂšme judiciaire et de lois dĂ©rivĂ©es du droit musulman. Le pouvoir iranien actuel exerce un contrĂŽle important sur ses citoyens dont il restreint Ă©troitement les libertĂ©s. Ce contrĂŽle est exercĂ© notamment au moyen d’arrestations et d’emprisonnements arbitraires comme le montrent les exemples d’Akbar Gandji ou de la rĂ©pression des protestations Ă©tudiantes.

Rapporter l’ensemble des faits liĂ©s Ă  la situation des droits de l’homme et des minoritĂ©s en Iran est difficile. L’accĂšs Ă  l’information par les journalistes et les chercheurs Ă©trangers est contrĂŽlĂ©[3]. Selon Jacques Leclerc, du Centre international de recherche en amĂ©nagement linguistique de l’UniversitĂ© Laval, certains Iraniens refusent de rapporter la situation exacte dans leur pays par peur de reprĂ©sailles de la part du gouvernement. D’un autre cĂŽtĂ© et pour des raisons opposĂ©es, les rapports fournis par l’opposition politique au rĂ©gime iranien sont difficiles Ă  vĂ©rifier[3].

De nombreux rapports donnent des informations concernant le non-respect des droits de l'homme, tels ceux de la FIDH qui produit un dossier sur la peine de mort en Iran ainsi prĂ©sentĂ© : « Alors mĂȘme que le nombre d’États abolitionnistes ne cesse de croĂźtre dans le monde, l’Iran se place au deuxiĂšme rang mondial s’agissant du nombre d’exĂ©cutions aprĂšs la Chine, et dĂ©tient le plus fort taux d’exĂ©cution par habitant »[4]. À ce propos la FIDH parle d'une « politique de la terreur » dont la peine de mort est le moyen, car elle est appliquĂ©e pour de multiples raisons, aussi bien politiques que privĂ©es. Un rapport fait le point sur la violation des droits de l'homme qui continue d'ĂȘtre prĂ©occupante[5], ou encore les rapports d'Amnesty International[6] ou de Human rights watch qui donnent des recensions des Ă©vĂ©nements relevant de la violation des droits de l'homme[7].

Histoire : principes de droit et de libertĂ© depuis l'ancienne Perse et dans l’histoire de l’Iran

Antiquité

Les Grecs eurent une grande admiration pour Cyrus : ses historiens qui nous ont laissĂ© des tĂ©moignages par lesquels nous est parvenue la connaissance dĂ©taillĂ©e du gouvernement de Cyrus. Ce sont HĂ©rodote[8]., et XĂ©nophon, dans l’ouvrage qu’il consacra entiĂšrement Ă  Cyrus le Grand, dans lequel il dĂ©crit l’empire achĂ©mĂ©nide fondĂ© par Cyrus comme stable et justement administrĂ© car il repose sur des principes de droit rompant avec le passĂ© et sur une citoyennetĂ© acquise sur la base d’une satisfaction aux obligations militaires et fiscales ; l’armĂ©e y Ă©lit ses officiers et, passĂ© une certaine anciennetĂ©, elle reconnaĂźt le droit du soldat Ă  servir dans sa province d’origine[9]. De mĂȘme Platon juge Cyrus dans Les Lois comme un souverain juste et sage.

Le cylindre de Cyrus conservé au British Museum. (Livius)

En effet dĂšs son couronnement faisant suite Ă  la conquĂȘte de Babylone en - 539, Cyrus le Grand Ă©dicte des principes de gouvernement et de droit qui devaient demeurer dans l'histoire comme un modĂšle de sagesse, de tolĂ©rance et de justice propres Ă  pacifier un Empire composĂ© de peuples distincts, ce dont Alexandre le Grand de MacĂ©doine s'inspira quand il fonda son Empire Ă  la suite de Cyrus, en marchant sur ses traces. Cyrus fit graver ces principes sur un cylindre dĂ©couvert en 1879. Ce document, est le premier texte Ă©dictant une charte du droit des nations (ce que l'on nomme aujourd'hui droit international)[10]. Il dĂ©crit un certain nombre de droits qui appartiennent aux sujets de l'empire dont les premiers principes sont l'Ă©galitĂ© raciale, linguistique et religieuse, la libĂ©ration des esclaves et des peuples dĂ©portĂ©s Ă  qui est accordĂ© le droit de rentrer chez eux. Certains auteurs considĂšrent cette charte comme constituant les prĂ©misses des droits humains fondamentaux reconnaissant les libertĂ©s dont les DĂ©clarations universelles des droits de l'homme feront des droits imprescriptibles[11] :

  • Le texte Ă©tablit le consentement des sujets Ă  la souverainetĂ©, et la rĂ©solution pacifique des conflits.
  • Il interdit l’esclavage et le travail forcĂ©, reconnaĂźt le droit au salaire, le droit au travail, et Ă  la propriĂ©tĂ©.
  • Il garantit la libertĂ© de religion et de conversion, de circulation, et le respect des traditions et coutumes.
  • Il introduit le principe de la responsabilitĂ© individuelle de la faute.
  • Il consacre le respect des droits Ă©dictĂ©s, la lutte contre l’oppression, et affirme le droit Ă  la vie.

Du fait de l’interdiction de l’esclavage, tous les palais des rois perses ont Ă©tĂ© construits par des ouvriers libres Ă  une Ă©poque oĂč les esclaves rĂ©alisaient gĂ©nĂ©ralement les grands travaux. De mĂȘme, l’armĂ©e perse est une armĂ©e de conscription et de mercenaires.

En vertu de ces principes, la mĂȘme annĂ©e, Cyrus promulgue un dĂ©cret qui autorise le retour des juifs Ă  JĂ©rusalem, tout en les aidant matĂ©riellement et financiĂšrement[12]. Les livres bibliques des Chroniques et d’Esdras mentionnent ces rĂ©formes de Cyrus qui fut tenu pour un grand souverain par les HĂ©breux, tout comme par les Grecs. Cyrus se prĂ©sentait lui-mĂȘme comme un second IsaĂŻe, en se rĂ©fĂ©rant du reste au livre d'IsaĂŻe dans la Bible[13].

ImprĂ©gnĂ© du zoroastrisme, qui proclame l’importance des principes de libertĂ©, de justice, et d’égalitĂ© des sexes[14] - [15], le monde achĂ©mĂ©nide apparaĂźt donc comme un des lieux ou se sont Ă©laborĂ©s des droits fondamentaux[16].

Bas relief Sassanide reprĂ©sentant Shapur II victorieux d’une rĂ©volte, un soldat (en bas Ă  droite) lui prĂ©sente deux tĂȘtes de rĂ©voltĂ©s dĂ©capitĂ©s

Ce modĂšle politique sera repris par Alexandre le Grand lors la conquĂȘte de la Perse et la fondation de son empire qui s'inscrit dans les traces de Cyrus. Alexandre suivra la voie tracĂ©e par Cyrus et Darius et conservera cette conception d'une royautĂ© tolĂ©rante. Il s'inscrit dans l'hĂ©ritage des AchĂ©mĂ©nides dont il perpĂ©tue les modes de gestion et d'administration. Ce modĂšle se poursuit encore en se transformant avec la mise en place de la dynastie SĂ©leucide. Certains de ces principes se retrouveront par la suite Ă  l’avĂšnement de l’empire parthe et aux dĂ©buts de l’empire sassanide oĂč la tolĂ©rance et la reconnaissance de libertĂ©s en matiĂšre de diversitĂ© culturelle assure la coexistence pacifique des peuples au sein de l'Empire. Comme sous les AchĂ©mĂ©nides, l’Iran de la pĂ©riode parthe se distingue par le respect des diffĂ©rences raciales et linguistiques garantissant la coexistence culturelle et sociale de ses diffĂ©rents peuples. Cette coexistence autorise aussi de nombreux Ă©changes commerciaux. L’expansion romaine et les guerres perso-romaines amĂšneront progressivement l’empire Ă  la recherche d’une identitĂ© culturelle unifiĂ©e en opposition Ă  la culture grĂ©co-romaine et Ă  la religion chrĂ©tienne. L’empire sassanide adopte donc le zoroastrisme comme religion d’État, et restreint sĂ©vĂšrement la libertĂ© religieuse. Juifs et chrĂ©tiens subissent ainsi une rĂ©pression marquĂ©e qui n’épargnera pas non plus les manichĂ©ens. Une pĂ©riode de fondamentalisme religieux naĂźt donc sous les Sassanides, divisant profondĂ©ment la sociĂ©tĂ© perse et affaiblissant l’empire. La dĂ©sorganisation et la confusion sociale sont, par la suite, renforcĂ©es avec l’émergence du mazdakisme, porteur d’une vision collectiviste de la sociĂ©tĂ©. Cette religion a, pendant un temps, une influence importante sur le pouvoir ; cette influence augmente encore la dĂ©sorganisation de l’État. La reprise du contrĂŽle de l’État par les prĂȘtres zoroastriens, puis le retour au systĂšme de classes passĂ© sont difficilement acceptĂ©s par les basses classes sociales. L’empire sassanide s’effondre avec l’invasion musulmane[17] - [18].

Période médiévale

Cette tradition ancienne de tolérance et de respect des diversités cesse avec l'invasion arabo-musulmane en 642 qui constitue un tournant dans l'histoire de la Perse, tendant à effacer ses spécificités.

Les Arabes imposent dĂšs lors Ă  la Perse, avec une grande violence, leur religion, l'islam, leur langue et leur Ă©criture.

L’invasion arabo-musulmane s’accompagne de pillages et de sacs des villes vaincues, pratiques courantes Ă  l’époque. La pratique de l'esclavage fait son apparition, contrairement Ă  la tradition perse sĂ©culaire, et le profit tirĂ© de la vente des prisonniers comme esclaves est particuliĂšrement mal ressenti par les Perses[17].

Toutefois un siÚcle plus tard, les Perses se révolteront contre les Omeyyades venus de Bagdad, à la domination desquels ils veulent échapper. Toujours sous gouvernement arabe dont les membres occupent les places dominantes, ils retrouveront cependant leur langue, conserveront l'écriture arabe, et, pour résister, en matiÚre de religion, adopteront le chiisme, une version singuliÚre de l'islam se réclamant d'Ali, qui repose sur la conception messianique de l'attente du retour de l'imam caché.

Cependant avec la conquĂȘte de la Perse par les Omeyyades, les discriminations raciales touchant les populations rĂ©cemment converties et les exactions sanglantes marquent les premiers temps de la conquĂȘte islamique de la Perse. Ainsi, on attribue Ă  Ghotaibeh ben Muslim Belali, commandant Omeyyade chargĂ© d’opĂ©rations militaires en MĂ©sopotamie, l’ordre de faire « couler des flots de sang suffisants pour entraĂźner des moulins Ă  eau », puis de « mĂ©langer le sang Ă  de l'eau car la coagulation les bloquait »[17]. Encore influencĂ©s par le mazdakisme, les Perses attendent le retour d’un systĂšme sans classes et l’instauration d’une fraternitĂ© avec les envahisseurs musulmans[19]. Sous la nouvelle religion dominante, un autre systĂšme de classes s’instaure consacrant la domination arabe et l'adoption de l'islam comme religion dominante imposant ses rĂšgles Ă  l'ensemble de la sociĂ©tĂ©, les Perses non musulmans devenant alors des dhimmis, l’égalitĂ© des sexes cĂ©dant la place Ă  l’exclusion des femmes des affaires publiques et Ă  une inĂ©galitĂ© institutionnalisĂ©e[20].

Le tombeau de Saadi Ă  Shiraz

Sous la domination arabe, l’expression politique, artistique et culturelle perse connaĂźt une pĂ©riode de rĂ©cession de deux siĂšcles. Pendant cette pĂ©riode, les musulmans combattent les formes reprĂ©sentatives, assimilĂ©es Ă  de l’idolĂątrie. Les dhimmis (les non-musulmans) sont soumis au paiement de taxes spĂ©ciales (jizya). Les mariages interreligieux sont prohibĂ©s pour les musulmanes. Seuls les musulmans peuvent pratiquer certains travaux ou activitĂ©s. De plus, les populations non musulmanes peuvent ĂȘtre soumises Ă  l’esclavage, contrairement aux musulmans. MĂȘme si la culture perse connaĂźt par la suite un nouvel Ăąge d’or, se rĂ©pandant au travers de toute la civilisation islamique, la pensĂ©e philosophique, artistique, et scientifique subit, Ă  partir du XIe siĂšcle, les effets du fondamentalisme religieux. Elle doit alors tenir compte dans son expression de la thĂ©ologie et des commandements religieux[17] - [21]. Toutefois, au cours des siĂšcles suivants, l’Iran est administrĂ© par plusieurs dynasties rĂ©gnant au mĂȘme moment sur des territoires diffĂ©rents. Chaque souverain a donc sa propre politique vis-Ă -vis de l’ouverture religieuse. L’influence grandissante des penseurs perses se gĂ©nĂ©ralise au monde musulman au point d’asseoir une domination quasi complĂšte. En effet, de multiples souverains ont des conseillers et ministres perses. Leur maniĂšre de gouverner peut ĂȘtre soumise aux influences et critiques littĂ©raires. Ainsi, le poĂšte moraliste Saadi consacre une grande part du Golestan (« le jardin de roses »), une de ses Ɠuvres majeures, Ă  l’art du gouvernement. La capacitĂ© d’entendre la critique ou la colĂšre, mĂȘme exprimĂ©e par une personne humble, et de les pardonner, le respect de la vie, l’humilitĂ©, l’intelligence et l’honnĂȘtetĂ© sont ainsi Ă©rigĂ©s en valeurs devant guider le roi dans son gouvernement[22].

L’invasion mongole de l’Iran est marquĂ©e par des massacres de masse, ainsi que par la destruction de nombreuses villes iraniennes (donc des centres culturels, littĂ©raires et scientifiques). La violence devient le principal mode d’exercice de la domination. La population iranienne baisse nettement. De plus, l’éclatement des structures de la sociĂ©tĂ© iranienne entraĂźne la ruralisation de la population. Suivant la rĂ©organisation sociale, le droit se tribalise et les punitions collectives deviennent courantes. Les traces de cette modification profonde de la sociĂ©tĂ© iranienne perdurent durant des siĂšcles et sont encore visibles de nos jours dans le droit coutumier iranien. Paradoxalement, la domination mongole s’accompagne d’un renouveau de la tolĂ©rance religieuse qui laisse se dĂ©velopper l’islam chiite, et lĂšve les restrictions imposĂ©es aux juifs, chrĂ©tiens, et zoroastriens[17].

La fin de la domination mongole avec Tamerlan est marquĂ©e par le retour de nouvelles restrictions religieuses. Une pĂ©riode de persĂ©cution s’ouvre, touchant Ă©galement les musulmans sunnites : conversions forcĂ©es, massacres ou sĂ©grĂ©gation seront particuliĂšrement importants au XVIe siĂšcle sous la dynastie des SĂ©fĂ©vides. Sous leur rĂšgne, le chiisme duodĂ©cimain est adoptĂ© comme religion d'État pour la premiĂšre fois de l'histoire du pays[21].

Entrée dans la modernité

DĂšs l’époque qajare, certains iraniens commencent Ă  se battre pour le concept naissant des droits de l’Homme. Ce sont les Baha’is qui, les premiers, se prononcent en faveur de l’émancipation fĂ©minine. La premiĂšre femme apparaissant non voilĂ©e en public est Fatemeh, nĂ©e en 1814, qui est une figure de ce mouvement. Des femmes issues de ce mouvement telles Khorshid Khanoum et Roustameh voyagent alors en Iran pour sensibiliser le peuple perse Ă  propos de l’émancipation fĂ©minine. Fatemeh finit exĂ©cutĂ©e par pendaison pour avoir tentĂ© de tuer Nasseredin Shah[23].

Au cours du XIXe siĂšcle et Ă  l’aube du XXe siĂšcle, de nombreux modernistes iraniens ayant voyagĂ© en Europe afin d’y suivre de hautes Ă©tudes, ramĂšnent en Iran certaines idĂ©es occidentales, dont le concept des droits de l’Homme. C’est Ă  cette Ă©poque que se dĂ©veloppe la presse en Iran : le premier journal est imprimĂ© en 1835[24]. En 1907, pendant la rĂ©volution constitutionnelle, le pays compte 90 journaux[25], et les idĂ©es modernistes se propagent dans le pays grĂące Ă  ceux-ci.

L’opposition Ă  la politique des Shahs qajars a jouĂ© un grand rĂŽle dans la formation des droits humains en Iran. Cette opposition politique se manifeste d’abord par la rĂ©volte du tabac qui a eu lieu en 1891. C’est une rĂ©volte nationaliste contre les concessions sur le marchĂ© du tabac accordĂ©es aux Britanniques par Nasseredin Shah. La rĂ©volte est menĂ©e par le clergĂ© et les intellectuels iraniens et porte en elle les germes de la rĂ©volution constitutionnelle.

La rĂ©volution constitutionnelle de l’Iran met en place en 1906 une monarchie constitutionnelle en Iran. Une assemblĂ©e constituante et lĂ©gislative est alors formĂ©e, mais les dĂ©buts du constitutionnalisme en Iran sont difficiles. Ahmad Shah, avec l’aide de la Grande-Bretagne et de la Russie, dissout le Majles (assemblĂ©e nationale) en 1908 et dĂ©clare la loi martiale. Quand l’assemblĂ©e est reformĂ©e 17 mois plus tard, elle vote ses premiĂšres lois : code des impĂŽts, loi sur les Ă©lections et lois sur l’éducation.

Pour la premiĂšre fois en 2 000 ans depuis Cyrus le Grand, l’Iran se base sur une Constitution pour rĂ©gir les interactions entre citoyens et dĂ©finir les droits minimaux.

PĂ©riode Pahlavi

Couronnement de Reza Shah Pahlavi le 25 avril 1926

L’influence conjointe des puissances Ă©trangĂšres et des militaires iraniens met un terme Ă  la dynastie qajare en 1924. Le ministre de la guerre d’alors, Reza Khan est installĂ© sur le trĂŽne sous le nom de Reza Shah Pahlavi.

Reza Shah avait pour projet de faire de l’Iran une rĂ©publique, sur le modĂšle de ce que fit AtatĂŒrk en Turquie mais il fut contraint d'y renoncer partiellement du fait de l’opposition du clergĂ©. Son ambition Ă©tait de moderniser l’Iran en dĂ©veloppant l’industrie et en crĂ©ant des infrastructures importantes, ce qu'il fit en rĂ©alisant le chemin de fer national par exemple. Il crĂ©a un systĂšme d’éducation public national, et effectua une amĂ©lioration importante du systĂšme de santĂ©. Il rĂ©alisa une rĂ©forme de la justice, qui Ă©tait prĂ©cĂ©demment contrĂŽlĂ©e par le clergĂ©. Son Ɠuvre marquante fut aussi la crĂ©ation du code civil et la rĂ©alisation d'une certaine laĂŻcitĂ© iranienne : en 1935 il Ă©dicta l’interdiction du port du voile pour les femmes et l’obligation de porter un habit « Ă  l’occidentale » pour les hommes. Pour l'ensemble de ces rĂ©formes il lui fallait un gouvernement centralisĂ© et fort. C'est lui qui transforma le nom de la Perse en Iran en 1935 qui Ă©tait le nom du pays en langue locale.

Cette Ă©poque de changements est difficile, les rĂ©formes Ă©tant imposĂ©es autoritairement Ă  une partie de la sociĂ©tĂ©. Les membres du Majles, en particulier, subissent de fortes pressions pour faire monter Reza Khan sur le trĂŽne et pour voter ses rĂ©formes constitutionnelles[26]. Le style de gouvernement de Reza Shah est cependant perçu comme autoritaire par une partie de la sociĂ©tĂ©. Il veut faire entrer l’Iran dans la modernitĂ© par la force (il rencontre tout de mĂȘme l'opposition d'une frange de la population). Reza Shah initie sa politique de Kashf-e Hijab, impopulaire dans les catĂ©gories de la population attachĂ©es Ă  la religion, bannissant le port du hijab en public et de progrĂšs vers la laĂŻcitĂ©. Alors une part de la sociĂ©tĂ© perd le droit de s’exprimer et tout dĂ©saccord avec la politique du rĂ©gime est rĂ©primĂ©. Ce style de gouvernement autoritaire entraĂźne de grands mĂ©contentements dans le pays[27]. L’assemblĂ©e nationale Majles reste en place mais vote dans le sens des rĂ©formes proposĂ©es par le nouveau Shah. L’opposition politique est quasiment inexistante.

En 1930, le commerce des esclaves est définitivement prohibé en Iran par une loi votée par le Majles.

Au cours du rĂšgne de Reza Shah, la centralisation des pouvoirs dans les mains du Shah devient de plus en plus grande. L’arrivĂ©e au pouvoir de son fils, Mohammad Reza Shah Pahlavi permet de continuer l'Ɠuvre entamĂ©e par Reza Shah, les rĂ©formes modernes et ce processus de centralisation du pouvoir dans les mains du souverain[28]. Cependant, le style de gouvernement est diffĂ©rent dans les premiers temps, et prend des mesures populaires et dĂ©mocratiques Ă©tendant les droits de l'homme, telles que la rĂ©forme agraire, le droit de vote accordĂ© aux femmes, et la suppression de l'illettrisme par un systĂšme d'Ă©ducation national, public et ouvert aux femmes[29] car Mohammad Reza Shah a Ă©tĂ© Ă©duquĂ© aux idĂ©es dĂ©mocratiques occidentales au cours de son Ă©ducation en Suisse.

La pĂ©riode entre 1941 et 1953 est peu marquĂ©e sur le plan des droits de l’homme, car le pays doit faire face Ă  la guerre, Ă  une situation Ă©conomique prĂ©occupante et Ă  des problĂšmes extĂ©rieurs avec la Russie (crise irano-soviĂ©tique). Cependant le style de gouvernement de Mohammad Reza Shah est de plus en plus coupĂ© de la vie politique iranienne et en 1953, il veut se soustraire d'abord Ă  la puissance soviĂ©tique, puis Ă  celle des Britanniques. Avec la crise provoquĂ©e par la nationalisation du pĂ©trole dĂ©cidĂ©e par le gouvernement dĂ©mocratique de Mossadegh, le Shah autorise la prĂ©paration d’un coup d’État organisĂ© par la CIA : l’opĂ©ration Ajax. AprĂšs ce coup d’État qui fait chuter le premier ministre Mossadegh, Mohammad Reza Shah est rĂ©installĂ© sur le trĂŽne et se met alors Ă  gouverner de maniĂšre de plus en plus autocratique. Il va devenir en une dĂ©cennie l’autoritĂ© finale sur toutes les questions de politique intĂ©rieure et Ă©trangĂšre[28].

C’est immĂ©diatement aprĂšs la crise de nationalisation du pĂ©trole que le Shah fonde la SAVAK, une police politique, avec l’aide de la CIA[30]. La SAVAK rĂ©primera durement tous les opposants politiques au Shah, qu’ils soient en Iran[31] ou en exil[32]. En se servant des revenus du pĂ©trole, qui augmenteront aprĂšs 1973, le Shah poursuit une politique visant Ă  faire de l’Iran une puissance rĂ©gionale et mĂšne une rĂ©forme sociale et Ă©conomique en profondeur du pays. Il continue cependant Ă  repousser des changements dĂ©mocratiques et se refuse Ă  accorder davantage de libertĂ©s politiques et civiques significatives.

MĂȘme si l'Iran ne respecte pas scrupuleusement les droits de l'homme sous le rĂ©gime du Shah, perçu comme autoritaire et autocratique, il souscrit officiellement aux droits de l'homme, Ă  leurs DĂ©clarations, du moins et il mĂšne une action de rĂ©flexion sur ceux-ci conjointement aux pays du monde entier qui y souscrivent. Entre le 22 avril et le 13 mai 1968, la ConfĂ©rence internationale des droits de l'homme se rĂ©unit Ă  TĂ©hĂ©ran afin de passer en revue les progrĂšs accomplis depuis l'adoption de la DĂ©claration universelle des droits de l'homme en 1948 et pour dresser un programme pour l'avenir. Cette rĂ©union donnera naissance Ă  la proclamation de TĂ©hĂ©ran[33].

Cependant, aprĂšs son couronnement grandiose en 1967 oĂč il devient empereur d'Iran et surtout aprĂšs 1976 oĂč il remplace le calendrier islamique par un calendrier impĂ©rial qui fut celui de l'ancien Empire perse fondĂ© par Cyrus dans la lignĂ©e duquel il voulut s'inscrire, Mohamed Reza Shah commence Ă  provoquer des contestations, ces innovations Ă©tant perçues comme anti-islamiques, mais aussi du fait d'inĂ©galitĂ©s sociales qui accompagnent le dĂ©veloppement d'un systĂšme Ă©conomique capitaliste. DĂšs lors les protestations venues des milieux islamistes, s'ajouteront Ă  celles venues des milieux libĂ©raux protestant contre le manque de libertĂ© d'expression et de l'opposition communiste protestant contre les inĂ©galitĂ©s[29].

En effet, l'opposition est sĂ©vĂšrement rĂ©primĂ©e. En 1978, Ă  la veille de la RĂ©volution islamique, le nombre de prisonniers politiques en Iran est Ă©valuĂ© Ă  100 000 personnes par des organisations comme Amnesty International[34]. Le non-respect des droits de l’Homme en Iran sera en partie la cause de la rĂ©volution iranienne qui dĂ©bute en 1978[35].

RĂ©volution iranienne et instauration de la RĂ©publique islamique

Les violations des droits de l’homme sous le rĂšgne du Shah et son pouvoir dictatorial, sont une des causes de la rĂ©volution iranienne, les Iraniens espĂ©rant obtenir des libertĂ©s dont ils Ă©taient privĂ©s.Toutefois si le nouvel ordre islamique installĂ© en 1979 condamne le rĂšgne du Shah dans la constitution issue de la rĂ©volution c'est en invoquant le fait que les violations des droits de l'homme et l'absence de libertĂ©s, seraient dues Ă  un gouvernement laĂŻc, sans Dieu. DĂ©niant l'universalitĂ© des droits de l'homme dĂ©clarĂ©s « Ă©trangers », le prĂ©ambule Ă  la Constitution iranienne islamique affirme la particularitĂ© nationale et religieuse de la Constitution : « Notre nation, au cours de son dĂ©veloppement rĂ©volutionnaire, s'est dĂ©barrassĂ©e de la poussiĂšre et des impuretĂ©s accumulĂ©es lors du passĂ© taghuti [infidĂšle, athĂ©e] et a purgĂ© les influences idĂ©ologiques Ă©trangĂšres, faisant retour Ă  d'authentiques points de vue intellectuels et conceptions du monde islamiques »[36]. Cette Constitution prĂ©cise mĂȘme les exactions subies par les opposants au rĂ©gime, tout en promettant « une sociĂ©tĂ© modĂšle et idĂ©ale basĂ©e sur les normes islamiques »[37].

Cette dĂ©claration est toutefois rapidement contredite dans les faits : une pĂ©riode de terreur s’installe immĂ©diatement aprĂšs la rĂ©volution et des grandes purges sont organisĂ©es, contre tous ceux accusĂ©s d'ĂȘtre « royalistes », partisans du Shah, puis trĂšs vite contre toutes les forces n'approuvant pas l'imposition d'un systĂšme islamiste sans concessions Ă  la sociĂ©tĂ©, qui vont ĂȘtre systĂ©matiquement Ă©liminĂ©es les unes aprĂšs les autres, tandis que des milliers de militaires sont dĂ©mis de leurs fonctions et que sont mises en place des milices armĂ©es au service de la rĂ©volution, les comitĂ©s rĂ©volutionnaires qui deviendront les Pasdaran, agissent sans contrĂŽle du gouvernement et en dehors des lois, ce qui forcera les premiers ministres successifs, Bazargan et Bani Sadr Ă  dĂ©missionner et tenter d'organiser l'opposition depuis l'Ă©tranger.

Cette terreur prend la forme de l’application d’une justice sommaire et d’exĂ©cutions massives de cadres et officiels du rĂ©gime du Shah ou de personnes prĂ©sentant des liens mĂȘme tĂ©nus avec l’ancien rĂ©gime. Cette rĂ©pression sanglante s’étend en 1980 Ă  l’ensemble des opposants, et touche principalement les organisations marxistes dont certaines s’opposent violemment au rĂ©gime. Le parti Tudeh, communiste, est sĂ©vĂšrement rĂ©primĂ© et ses membres pourchassĂ©s et tuĂ©s. En 1982, la direction du parti est arrĂȘtĂ©e et emprisonnĂ©e, puis plus de 5 000 membres du parti sont aussi exĂ©cutĂ©s. Le parti est interdit. Ses membres survivants prennent la voie de l'exil. L’invasion du territoire par l’Irak ainsi que la tentative de guerre civile par l’opposition marxiste armĂ©e des Moudjahiddins mettent en danger la rĂ©volution islamiste. Cette mise en danger accĂ©lĂšre le durcissement de la politique de rĂ©pression et le contrĂŽle du pays par le rĂ©gime[38] - [39] - [40]. AprĂšs un attentat visant le siĂšge du parti de la rĂ©publique islamique, l’État rĂ©pond par des exĂ©cutions de masse qui marqueront le point culminant de la terreur post-rĂ©volutionnaire. Les tribunaux iraniens d'exception, contre lesquels protestent les juristes et les dĂ©fenseurs des droits de l'homme, dĂ©cident de l’exĂ©cution de milliers de prisonniers politiques, dont de nombreux membres des Moudjahidines du Peuple. En 1988, Khomeini Ă©met une fatwa visant Ă  l'Ă©limination des Moudjahidines. Selon Mohammad Mohaddessin, 30 000 moudjahidines seront exĂ©cutĂ©s dans les mois qui suivent[41]. Selon l'OMPI, (organisation des Moujahidines du peuple) depuis 1981, plus de 120 000 opposants ou sympathisants de l'OMPI ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s en Iran. Toute opposition est non seulement interdite mais Ă©liminĂ©e physiquement et ne survit, dispersĂ©e, qu'Ă  l'Ă©tranger pour ceux qui ont rĂ©ussi Ă  Ă©chapper au massacre, qu'ils soient anciens partisans du Shah, Kurdes, dĂ©mocrates, communistes ou moudjahidines.

Les opposants sont soumis Ă  la terreur d'une justice arbitraire qui a dĂ©finitivement enterrĂ© toute rĂ©fĂ©rence aux droits de l'homme. L'État islamique se rĂ©vĂšle un État d'exception persĂ©cuteur de toute opposition, interdisant toute libertĂ© et toute diffĂ©rence : des anciens responsables politiques sont exĂ©cutĂ©s malgrĂ© les protestations internationales, tel Amir Abbas Hoveida, premier ministre du Shah, des membres des minoritĂ©s ethniques sont Ă©galement exĂ©cutĂ©s, en particulier les Kurdes. Les ComitĂ©s de la RĂ©volution (armĂ©s) font rĂ©gner la terreur en procĂ©dant Ă  des arrestations multiples. Khomeini, en 1979, envoie l'armĂ©e tirer sur les Kurdes[42]. L’ayatollah Sadeq Khalkhali dĂ©clare que « chaque citoyen a le droit d’ĂȘtre un exĂ©cuteur », et que « le croyant ne doit pas s’embarrasser de formalitĂ©s » ; Khalkhali introduit aussi le concept de « culpabilitĂ© Ă©vidente », faisant de la prĂ©somption de culpabilitĂ© l’élĂ©ment dominant du procĂšs.

En dĂ©cembre 1982, l’ayatollah Khomeini estime le temps venu d'effectuer une volte-face et dĂ©crĂšte que l’État a le devoir de protĂ©ger les citoyens ; il demande alors, aprĂšs en avoir Ă©tĂ© l'inspirateur en tant que Guide SuprĂȘme, l’arrĂȘt des exĂ©cutions sommaires qui diminuent progressivement, mais provisoirement, avant de reprendre Ă  plus grande Ă©chelle encore en 1988-89[43] - [44].

ParallĂšlement, en 1980, afin de stabiliser le rĂ©gime et favoriser l’islamisation du pays, une rĂ©volution culturelle est lancĂ©e. Le but de cette « rĂ©volution culturelle » est de rĂ©aliser le contrĂŽle de l'islam sur l'Ă©ducation, Ă©tant donnĂ© que le pays connaĂźt depuis les Pahlavi, une tradition d'Ă©ducation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de la jeunesse, entiĂšrement scolarisĂ©e et nombreuse Ă  poursuivre des Ă©tudes supĂ©rieures. En mars 1980, Khomeini ordonne la prise de contrĂŽle des campus dans son message de Norouz (nouvel an iranien). Le mois suivant, l’ayatollah Ali Khamenei, alors prĂ©sident de la RĂ©publique, appelle, au cours d’une priĂšre du vendredi, Ă  la guerre sainte (Jihad) contre les Ă©tudiants iraniens.

En effet, il accuse ces Ă©tudiants de transformer les amphithĂ©Ăątres en foyers de guerre contre l’État islamique. Des attaques violentes suivent, faisant plusieurs morts et blessĂ©s dans les rangs des Ă©tudiants qui sont expulsĂ©s de leurs universitĂ©s. Les universitĂ©s ayant auparavant fait campagne contre la monarchie sont fermĂ©es pendant 2 ans. AprĂšs leur rĂ©ouverture, les campus sont rĂ©duits au silence, et les Ă©tudiants n’étant pas affiliĂ©s au rĂ©gime sont interdits de participer Ă  des mouvements. Les associations d’étudiants musulmans reçoivent Ă©galement le mandat d’espionner les Ă©tudiants et les enseignants[38].

La rĂ©pression de l’opposition ne fait cependant pas l’unanimitĂ© du clergĂ© iranien. L’ayatollah Hossein Ali Montazeri, successeur pressenti de Khomeini s’élĂšve avec constance contre les abus du pouvoir et critique les violations des droits de l’homme par le rĂ©gime. Il est alors Ă©cartĂ© de la succession au poste de Guide de la rĂ©volution au profit de l’ayatollah Ali Khamenei, et sera mĂȘme arrĂȘtĂ© en 1997. Il va passer 5 ans en rĂ©sidence surveillĂ©e et reste sous surveillance depuis 2002[45].

La rĂ©volution islamique Ă©limine toute opposition et interdit toute libertĂ© d'expression avec des mĂ©thodes de terreur. Les journaux indĂ©pendants sont fermĂ©s, la presse et les medias sont sĂ©vĂšrement contrĂŽlĂ©s. DĂšs 1980 les Ă©lections aux Majlis sont suspectĂ©es de fraudes au profit de l'IRP, parti de la rĂ©volution islamique, lorsque sont rejetĂ©es les accrĂ©ditations de dĂ©putĂ©s n'appartenant pas Ă  l'IRP. En 1984 les Ă©lections considĂ©rĂ©es comme n'Ă©tant pas libres sont boycottĂ©es par l'IFM, le parti de Mehdi Bazargan, premier ministre, qui n'a cessĂ© de protester contre la suppression des libertĂ©s fondamentales durant l'exercice de sa fonction[46]. À la fin des annĂ©es 1990, il est devenu clair pour un grand nombre d’Iraniens qu’ils ont affaire Ă  des types d’abus bien pires encore que sous le rĂ©gime prĂ©cĂ©dent dont ils avaient pourtant voulu se dĂ©barrasser de l'emprise pour ses manquements aux droits de l'homme. Un dĂ©senchantement Ă  l'Ă©gard de la thĂ©ocratie islamiste qui a fait de la violation des droits de l'homme le point crucial de la contestation, et qui, combinĂ© Ă  la corruption et Ă  la mauvaise gestion de l’économie nationale, atteint des degrĂ©s explosifs et montre que les Iraniens ne croient plus Ă  une solution qui se trouverait dans l'islam[47].

La situation s'est encore aggravée depuis l'élection de l'ultra-conservateur Ahmadinedjad en 2005 et depuis les derniÚres élections de 2009, fortement contestées, de sorte que le régime semble désormais engagé dans une fuite en avant, reposant sur la seule répression, ce à quoi s'oppose la société et ce que contestent de plus en plus de courants y compris parmi les hauts dignitaires religieux[48] - [49].

Arrivée au pouvoir des réformateurs (religieux pragmatiques)

Le mĂ©contentement des Iraniens s’exprime avec l’élection en 1997 de Mohammad Khatami, un clerc rĂ©formiste[50] (Hojjat-ol-Eslam). Il a fait campagne pour l’établissement d’un État de droit et l’amĂ©lioration de la protection des droits de l’homme. Une fois Ă©lu, Khatami Ɠuvre pour « la crĂ©ation d'une sociĂ©tĂ© civile dans laquelle les ĂȘtres humains et leurs droits sont respectĂ©s, et oĂč les citoyens ont le droit de remettre en cause leurs hommes d'État. » Il appelle aussi Ă  une rĂ©vision de la constitution et Ă  la limitation des pouvoirs du gouvernement[51]. Khatami reconnaĂźt les violations des droits de l’Homme perpĂ©trĂ©es par le rĂ©gime. Il admoneste aussi le fait que l’islam pose des limites aux libertĂ©s individuelles[52].

Les libertĂ©s publiques et en particulier celle de la presse, connaissent un essor sans prĂ©cĂ©dent, et les mĂ©dias constituent le moyen principal d’expression des rĂ©formateurs de tous bords. Cependant, les journalistes Ă©vitent de discuter de l’interdiction de consommer de l’alcool et du port obligatoire du voile pour les femmes car ces sujets sont sensibles. Ils Ă©vitent aussi de critiquer le principe du Velayat-e faqih, qui est considĂ©rĂ© comme infaillible par le pouvoir en place[53].

Ces positions dĂ©rangent fortement les religieux conservateurs qui font tout pour empĂȘcher les rĂ©formes lancĂ©es par Khatami et se servent de leurs alliĂ©s dans d’autres institutions (SystĂšme judiciaire, Pasdaran, Basij) pour emprisonner et terroriser les partisans de Khatami. La situation est tellement prĂ©occupante pour les conservateurs qu’ils mĂšnent une campagne d’assassinats de dissidents et d’intellectuels fin 1998. Cette manƓuvre a pour but d’intimider et d’éliminer les critiques du rĂ©gime[47]. L’ayatollah Mohammad Yazdi demande mĂȘme aux juges d'agir au cours d’un de ses sermons. Il se justifie en disant qu’« il ne doit pas ĂȘtre permis Ă  des individus de prendre un stylo et d’écrire ce qu’ils veulent »[54]. Une autre justification est que « le dĂ©veloppement incontrĂŽlĂ© des libertĂ©s menace les fondements de la rĂ©volution »[55].

Pendant la pĂ©riode oĂč les rĂ©formistes sont au pouvoir, des dizaines de journaux sont fermĂ©s. Plusieurs religieux rĂ©formistes sont jugĂ©s et condamnĂ©s sous des prĂ©textes divers par le tribunal spĂ©cial du clergĂ©[47], comme le montre l’exemple de l’Hojjat-ol-Eslam Abdollah Nouri, Ă©diteur du journal Khordad. Ce religieux rĂ©formateur, critique de la rĂ©pression, est accusĂ© d’insultes Ă  Khomeini et de publication d’articles religieux puis condamnĂ© Ă  cinq ans d’emprisonnement[56]. Il est envoyĂ© Ă  la prison d’Evin, fondĂ©e par la SAVAK, ex-police secrĂšte du Shah.

Au cours de l'année 1999, des protestations étudiantes connues sous le nom de 18 Tir sont durement réprimées.

Les personnalitĂ©s en faveur de l’amĂ©lioration des droits de l’homme deviennent de plus en plus nombreuses. Abdul Karim Soroush, ancien commissaire Ă  la rĂ©volution culturelle islamique, revoit ses positions et dĂ©fend les droits de l’Homme. Il admet que ce concept est une dĂ©couverte importante de l’humanitĂ© et dit en 1999 « nous devons reconnaĂźtre quelques droits de l'Homme, basiques et universels pour tout le monde »[57].

Les rĂ©formistes alliĂ©s Ă  Khatami remportent une nouvelle victoire aux Ă©lections lĂ©gislatives (Majles) du 18 fĂ©vrier 2000. L’humiliation des conservateurs dans les urnes les fait rĂ©agir et un par un, les rĂ©sultats Ă©lectoraux sont invalidĂ©s. Les journaux rĂ©formateurs favorables Ă  Khatami sont fermĂ©s l’un aprĂšs l’autre, et des journalistes sont jetĂ©s en prison (Akbar Gandji par exemple). Des ultra-conservateurs comme l’ayatollah Mohammad-Taqi Mesbah Yazdi demandent publiquement le recours Ă  la violence pour dĂ©fendre l’Islam, menacĂ© par ceux qui demandent la dĂ©mocratisation et l’ouverture[47].

Le prĂ©sident Khatami ne peut rĂ©aliser ses rĂ©formes Ă  cause des conservateurs, qui reviennent sur le devant de la scĂšne politique en 2005, avec l’élection de Mahmoud Ahmadinejad, maire conservateur de TĂ©hĂ©ran.

Violation des droits de l'homme aprÚs les élections contestées de juin 2009

Depuis ces derniÚres élections la dictature se durcit faisant disparaßtre tous les droits de l'homme et toutes les libertés. Le pouvoir entend faire disparaßtre toute possibilité de débat et de différence politiques[58] - [59].

Les élections de juin 2009 visant à élire un nouveau président, furent contestées par des millions d'Iraniens suspectant l'irrégularité des dites élections.

Les Iraniens descendirent dans la rue pacifiquement, protestant aux cris de « rendez-moi mon vote » et d'autres mots d'ordre contestant ouvertement le grand ayatollah Khamenei et le régime des mollahs actuels. Ces manifestations furent sévÚrement réprimées faisant de nombreux morts, dont on ignore le chiffre exact du fait de la censure étroite maintenue par le pouvoir. Elles furent l'occasion de trÚs nombreuses arrestations, de prisonniers et disparus, dont il est tout aussi difficile de connaßtre le nombre exact, que le pouvoir cache soigneusement[60]. Cette répression des manifestants est contraire aux droits de l'homme. Elle suscita de nombreuses protestations hors d'Iran[61]

Le soulÚvement du peuple d'Iran a reçu des soutiens partout dans le monde[62]

Des procĂšs ont commencĂ©, sous l'accusation de prĂ©paration d'un coup d'État, collaboration Ă  un complot organisĂ© depuis l'Ă©tranger, espionnage au profit de puissances Ă©trangĂšres et mĂȘme injures faites Ă  Dieu, oĂč il apparaissait que les accusĂ©s avaient Ă©tĂ© torturĂ©s et faisaient des aveux sous la menace[63].

La presse et les médias ont été muselés et les journalistes étrangers interdits[64].

Les candidats aux Ă©lections et autres leaders politiques se voient actuellement menacĂ©s par les gardiens de la rĂ©volution, de ces mĂȘmes accusations graves, (espionnage, participation Ă  un complot de l'Ă©tranger) ce qui indique que le rĂ©gime se durcit au point d'empĂȘcher toute expression quelle qu'elle soit et toute vie politique laissant la place Ă  une opposition quelconque[65].

Au total, plus de 150 personnes auront Ă©tĂ© tuĂ©es par le rĂ©gime[66] - [67], des milliers auront Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es et torturĂ©es, dont des centaines violĂ©es en prison par les agents du rĂ©gime[68].

Situation actuelle des droits de l’homme en Iran

Pour les dirigeants en place, l’Iran aurait rĂ©ussi Ă  restaurer les plus fondamentaux des droits de l'homme selon l’islam. Cette affirmation est infirmĂ©e par des violations manifestes des droits de l'homme, dĂ©noncĂ©es par l'opposition au rĂ©gime de TĂ©hĂ©ran, et plus gĂ©nĂ©ralement en Occident et dans de nombreux pays du monde oĂč une vision trĂšs critique du rĂ©gime rĂ©volutionnaire iranien prĂ©vaut.

Point de vue des autorités iraniennes

Dans un discours du 27 avril 2005, l'ayatollah Ali Khamenei, le guide suprĂȘme de la rĂ©volution islamique, dĂ©clare que « les droits de l'homme sont une arme contre l'islam »[69].

PrĂ©cĂ©demment, dans son discours d’ouverture de la 5e ConfĂ©rence de la pensĂ©e islamique (1987), Ali Khamenei avait exprimĂ©, affirmant parler au nom du Coran, le primat de la charia sur les droits de l'homme et son refus de ces derniers, en tant qu'« invention occidentale » qui ne reconnaĂźt pas le Coran comme source des droits de l'homme et que ne reconnaĂźt pas le Coran. Il avait exprimĂ©, du point de vue de la charia, son refus des droits de l'homme tels que contenus dans les dĂ©clarations universelles soit en particulier ceux qui seraient, selon cette vue, contraires Ă  l'islam : les droits Ă  la libertĂ© d'expression, de pensĂ©e, de croyance et Ă  la libertĂ© religieuse, l'Ă©galitĂ© entre les hommes et les femmes, arguant que le Coran contiendrait tous les droits fondamentaux depuis quatorze siĂšcles. La libertĂ© d'expression est limitĂ©e Ă  la conformitĂ© au Coran, de mĂȘme que les droits des femmes sont Ă©dictĂ©s par le seul Coran. Il dĂ©nie l’universalitĂ© du concept des droits de l’homme[70].

Point de vue des droits de l'homme face Ă  la charia

Ce point de vue des religieux iraniens fondamentalistes reprĂ©sentĂ© par Khamenei et hostile aux droits de l'homme au nom de l'islam dans sa version la plus rigoriste, doit ĂȘtre rapportĂ© au point de vue inverse des droits de l'homme tel que l'Ă©tablit, parmi d'autres, la Cour europĂ©enne des droits de l'homme, conformĂ©ment Ă  la dĂ©claration universelle des droits de l'homme Ă©tablie par l'ONU en 1948.

En effet l'incompatibilitĂ© entre les principes des droits de l'homme et la charia est explicitement Ă©noncĂ©e par la Cour europĂ©enne des droits de l’homme, Ă  l'occasion d'une affaire concernant un parti islamiste turc.

En aoĂ»t 2001, la Cour europĂ©enne des droits de l’homme a estimĂ© que l’instauration de la Charia n’était pas compatible avec les valeurs prĂŽnĂ©es par la Convention europĂ©enne des droits de l’homme de 1950. Il s’agissait pour la Cour de juger si le gouvernement turc avait le droit de dissoudre un parti islamique turc, le Refah, en raison des valeurs prĂŽnĂ©es par ce parti (Charia notamment). La Cour a validĂ© la dissolution du Refah.

La Cour europĂ©enne des droits de l'homme dans un arrĂȘt rendu Ă  l’unanimitĂ© dĂ©clarĂ© que : « la charia, reflĂ©tant fidĂšlement les dogmes et les rĂšgles divines Ă©dictĂ©es par la religion, prĂ©sente un caractĂšre stable et invariable. Lui sont Ă©trangers des principes tels que le pluralisme dans la participation politique ou l’évolution incessante des libertĂ©s publiques. La Cour relĂšve que, lues conjointement, les dĂ©clarations en question qui contiennent des rĂ©fĂ©rences explicites Ă  l’instauration de la charia sont difficilement compatibles avec les principes fondamentaux de la dĂ©mocratie, tels qu’ils rĂ©sultent de la Convention, comprise comme un tout. Il est difficile Ă  la fois de se dĂ©clarer respectueux de la dĂ©mocratie et des droits de l’homme et de soutenir un rĂ©gime fondĂ© sur la charia, qui se dĂ©marque nettement des valeurs de la Convention, notamment eu Ă©gard Ă  ses rĂšgles de droit pĂ©nal et de procĂ©dure pĂ©nale, Ă  la place qu’il rĂ©serve aux femmes dans l’ordre juridique et Ă  son intervention dans tous les domaines de la vie privĂ©e et publique conformĂ©ment aux normes religieuses. (...) Selon la Cour, un parti politique dont l’action semble viser l’instauration de la charia dans un État partie Ă  la Convention peut difficilement passer pour une association conforme Ă  l’idĂ©al dĂ©mocratique sous-jacent Ă  l’ensemble de la Convention. La Cour ne saurait perdre de vue que des mouvements politiques basĂ©s sur un fondamentalisme religieux ont pu par le passĂ© s’emparer du pouvoir politique dans certains États, et ont eu la possibilitĂ© d’établir le modĂšle de sociĂ©tĂ© qu’ils envisageaient. Elle considĂšre que chaque État contractant peut, en conformitĂ© avec les dispositions de la Convention, prendre position contre de tels mouvements politiques en fonction de son expĂ©rience historique. La Cour observe aussi que le rĂ©gime thĂ©ocratique islamique a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© imposĂ© dans l’histoire du droit ottoman. La Turquie, lors de la liquidation de l’ancien rĂ©gime thĂ©ocratique et lors de la fondation du rĂ©gime rĂ©publicain, a optĂ© pour une vision de la laĂŻcitĂ© confinant l’Islam et les autres religions Ă  la sphĂšre de la pratique religieuse privĂ©e. Rappelant l’importance du respect du principe de la laĂŻcitĂ© en Turquie pour la survie du rĂ©gime dĂ©mocratique, la Cour considĂšre que la Cour constitutionnelle avait raison lorsqu’elle estimait que le programme du Refah visant Ă  Ă©tablir la charia Ă©tait incompatible avec la dĂ©mocratie »[71].

Quant à l'Iran, plus spécifiquement, en octobre 2005, aprÚs l'élection d'Ahmadinedjad, le Parlement européen condamne les violations des droits de l'homme en Iran[72], ce qui valut en réponse de l'Iran une rupture de ses relations avec l'Europe.

La prĂ©sidence de l'Union europĂ©enne adresse un message Ă  l'Iran en 2007 et s'inquiĂšte des violations des droits de l'homme dont elle a eu connaissance, sous le titre "Droits de l’homme en Iran" elle dĂ©clare :

" L’Union europĂ©enne est profondĂ©ment prĂ©occupĂ©e par l’évolution rĂ©cente de la situation des droits de l’homme en Iran. L’UE s’inquiĂšte notamment de la rĂ©cente vague d’arrestations d’acteurs de la sociĂ©tĂ© civile et de dĂ©fenseurs des droits des femmes. Les enseignants, les Ă©tudiants, les syndicalistes, les universitaires et les journalistes qui exercent leur droit d’exprimer librement leurs opinions sont la cible d’intimidations constantes ; les hommes et les femmes se voient imposer par la force des codes vestimentaires plus stricts. La fermeture rĂ©cente d’au moins trois bureaux d’organisations non gouvernementales a Ă©galement suscitĂ© l’inquiĂ©tude. L’UE souhaite en outre attirer l’attention sur la dĂ©tĂ©rioration de la situation des minoritĂ©s ethniques et religieuses, d’Iran, et notamment sur le sort des BahaĂŻs qui sont exclus de la vie publique et victimes de discriminations et de harcĂšlement.

L’UE se dĂ©clare prĂ©occupĂ©e par la poursuite des exĂ©cutions en Iran et engage le gouvernement iranien Ă  respecter et Ă  protĂ©ger effectivement les droits de l’homme fondamentaux de ses citoyens en abolissant complĂštement, en particulier, la peine de mort pour les mineurs, les amputations et autres peines cruelles comme la lapidation. L’UE demande Ă  l’Iran de maintenir les moratoires sur ces pratiques et de leur donner force de loi de toute urgence, ainsi que l’a recommandĂ© l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies dans sa derniĂšre rĂ©solution sur les droits de l’homme en Iran."[73]

Point de vue des Iraniens postislamistes et partisans de la démocratie

Ce point de vue des religieux iraniens fondamentalistes doit aussi ĂȘtre rapportĂ© au point de vue des Iraniens qui pensent tout au contraire de Khamenei que le droit iranien ne peut ĂȘtre construit sur la charia mais doit ĂȘtre fondĂ© sur les principes des droits de l'homme. Ils reprĂ©sentent le point de vue nommĂ© "postislamiste". Ils sont partisans d'une dĂ©mocratie qui pourrait se conjuguer avec un islam rĂ©formĂ©, Ă  condition de sĂ©parer les domaines politiques et religieux.

Le courant postislamiste représenté par divers penseurs, religieux et intellectuels, tel que par exemple Abdolkarim Soroush[74] et Mohammad Mojtahed Shabestari (en)[75] considÚre qu'une société moderne comme l'est l'Iran actuel, ne peut faire dériver son droit du Coran et ne peut le trouver déjà constitué dans la charia. L'application de celle-ci a montré son incapacité à répondre aux exigences d'une société contemporaine qui, selon eux, doit au contraire se régler sur les droits de l'homme et intégrer les principes de la démocratie.

Ils pensent en effet, sur la base de l'expĂ©rience du rĂ©gime islamiste, que les notions de droit de l'homme et de dĂ©mocratie sont des rĂ©fĂ©rences incontournables sur lesquelles devrait s'appuyer une politique qui conviendrait Ă  l'Iran et qui est la plus souhaitable. Ils pensent en effet, dans leur discours sur le droit, que des notions telles que « droits de l'homme » et « dĂ©mocratie », considĂ©rĂ©es par le pouvoir actuel comme des notions qualifiĂ©es d'« occidentales » et donc Ă©trangĂšres au monde musulman, ne peuvent ĂȘtre Ă©vacuĂ©es du droit iranien. Mojtahed Shabestari est un religieux et Abdolkarim Sorush est un des intellectuels les plus importants en Iran, lui aussi religieux[76] - [77].

Il est important de prendre en compte que ce mouvement appartient Ă  un cadre de pensĂ©e religieux (dini) et que ses penseurs se qualifient eux-mĂȘmes[76] et sont qualifiĂ©s par les observateurs d'intellectuels religieux (roshanfekr-e dini), comme ils sont ainsi perçus par le public. De sorte que l'apparition de cette pensĂ©e et son Ă©volution sont riches d'une argumentation religieuse.

Anicée Van Engeland considÚre que le discours iranien post-islamique sur les droits de l'homme est « riche, varié et intellectuellement stimulant, résultat paradoxal d'un régime qui limite la liberté d'expression et la liberté de pensée. » Ces intellectuels auraient formulé des théories assimilables à une troisiÚme voix transcendant l'opposition permanente entre le principe d'universalité et le relativisme culturel, créant ainsi une spécificité iranienne des droits de l'homme au sein du monde musulman[78].

Aux intellectuels nommĂ©s postislamistes, il faut ajouter ces autres partisans de la dĂ©mocratie qui situent leur activitĂ© dans le domaine politique plus que thĂ©ologique, tel Mohammad Khatami Ă©lu prĂ©sident d'Iran en 1997 et rĂ©Ă©lu en 2000, reprĂ©sentant une nouvelle force politique, oĂč les jeunes, les femmes, les urbains s'inscrivent dans une alternative Ă  la rĂ©volution islamique qui serait un rĂ©gime dĂ©mocratique fondĂ© sur les droits de l'homme. Et SaĂŻd Hadjarian, thĂ©oricien des rĂ©formes de 1997, qui considĂšre que la religion doit laisser Ă  la politique son espace propre, rejetant ainsi l'autoritĂ© du Velayat-e faqih, il est partisan d'une sĂ©cularisation de la vie politique.

Loi Fondamentale (Constitution)

Voici quelques extraits de la loi fondamentale (en persan : Qānun-e asāsi) de l’Iran. Selon le dix-neuviĂšme principe, « le peuple d’Iran, quel que soit l’ethnie ou le groupe, jouit de droits Ă©gaux ; la couleur, la race, la langue etc. ne seront pas une cause de privilĂšge. »[79] Selon le vingtiĂšme principe de la Constitution, « tous les membres de la Nation, femmes et hommes, sont sous la protection de la Loi et jouissent de tous les droits humains, politiques, Ă©conomiques, sociaux et culturels, dans le respect des prĂ©ceptes de l’islam ». Selon le vingt-et-uniĂšme principe, « l’État a pour devoir de garantir les droits de la femme Ă  tous points de vue dans le respect des prĂ©ceptes islamiques, et prendre les dispositions suivantes :

  1. La crĂ©ation de terrains propices pour l’épanouissement de la personnalitĂ© de la femme et la restauration de ses droits matĂ©riels et spirituels.
  2. La protection des mĂšres, en particulier pendant la pĂ©riode de grossesse et pour l’éducation de l’enfant ; la protection des enfants sans tuteur.
  3. La crĂ©ation d’un tribunal compĂ©tent pour assurer la stabilitĂ© et la continuitĂ© de la famille.
  4. La mise en place d’une assurance spĂ©ciale pour les veuves, les femmes ĂągĂ©es et dĂ©laissĂ©es.
  5. Confier la garde des enfants aux mĂšres dignes dans leur intĂ©rĂȘt mutuel lorsqu’il n’y a pas de tuteur lĂ©gal. »

Selon le vingt-troisiĂšme principe, « le dĂ©lit d’opinion est proscrit et nul ne peut faire l’objet de blĂąme et d’admonestation en raison de ses opinions. »

Selon le vingt-quatriĂšme principe, « les publications et la presse jouissent de la libertĂ© d’expression, sauf s’ils portent atteinte aux principes de l’islam et Ă  l’ordre public ; la Loi fixera les modalitĂ©s de ce principe. »

Selon le vingt-cinquiĂšme principe, « le contrĂŽle et l’interception du courrier, l’enregistrement et la divulgation des conversations tĂ©lĂ©phoniques, la divulgation des transmissions tĂ©lĂ©graphiques et du tĂ©lex, la censure, les manquements dans leur transmission ou leur distribution, les Ă©coutes ainsi que toute sorte d’investigation sont interdits, sauf si la Loi en dispose autrement. »

Selon le vingt-sixiĂšme principe, « les partis, les groupements, les associations politiques et syndicales, les associations islamiques ou des minoritĂ©s religieuses reconnues, sont libres Ă  condition qu’ils ne portent pas atteinte aux principes d’indĂ©pendance, de libertĂ©, de solidaritĂ© nationale, aux prĂ©ceptes islamiques et aux fondements de la RĂ©publique Islamique. Nul ne peut ĂȘtre empĂȘchĂ© ou forcĂ© Ă  participer Ă  l’un d’entre eux. »

Selon le vingt-septiĂšme principe, « l’organisation de rĂ©unions et de manifestations, sans port d’arme, est libre Ă  condition de ne pas troubler les fondements de l’islam. »

La lĂ©gislation iranienne est fortement imprĂ©gnĂ©e des prĂ©ceptes de l’islam et consolide la suprĂ©matie de l’homme dans les sphĂšres privĂ©e et publique. La femme est considĂ©rĂ©e comme une personne sous tutelle et non mature[80]. On peut constater avec les extraits de la constitution donnĂ©s ci-dessus qu’une forte diffĂ©rence sĂ©pare le texte lĂ©gal de la constitution et les faits constatĂ©s en Iran. La rĂ©daction de la constitution du rĂ©gime de la RĂ©publique Islamique d’Iran prĂ©sente des ambivalences. En effet, la constitution proclame la libertĂ© dans un certain nombre de domaines, « sauf si la loi en dispose autrement » ou « Ă  condition de ne pas troubler les fondements de l’islam ». Le pouvoir revenant au clergĂ© de par le systĂšme institutionnel iranien, et plus particuliĂšrement au guide de la rĂ©volution, il devient clair que, si la RĂ©publique Islamique d’Iran se proclame dĂ©mocratique, le clergĂ© peut tout de mĂȘme imposer sa vision d’un Islam politique.

On peut ainsi lire dans le quatriĂšme des principes gĂ©nĂ©raux au chapitre premier de la constitution de la rĂ©publique islamique d'Iran que "l’ensemble des Lois et rĂšglements civils, pĂ©naux, financiers, Ă©conomiques, administratifs, culturels, militaires, politiques et autres doit ĂȘtre basĂ© sur les prĂ©ceptes islamiques. Ce principe prime sur le caractĂšre gĂ©nĂ©ral et absolu de tous les principes de la Loi constitutionnelle et des autres Lois et rĂšglements, l’apprĂ©ciation de cette prescription incombe aux jurisconsultes religieux du Conseil des Gardiens"[81]. Autrement dit, quel que soit l'article de cette constitution humainement rĂ©digĂ©e, il ne peut s'opposer Ă  la charia divinement dĂ©crĂ©tĂ©e telle qu'elle est dĂ©finie par l'autoritĂ© religieuse chiite selon le principe du Velayat-e faqih. Ceci un point majeur de divergence, de confusion et d'incomprĂ©hension entre l'Iran et l'Occident, qu'il faut toujours avoir Ă  l'esprit... peut-ĂȘtre serait-il plus clair et plus judicieux de parler de droits de l'homme "en islam" ou "islamiques", comme ont tentĂ© de l'exprimer les dĂ©clarations de Paris en 1981[82], de Dacca en 1983[83] et du Caire en 1990[84]. Dans les articles 24 et 25 de cette derniĂšre, il est clairement indiquĂ© que « Tous les droits et libertĂ©s Ă©noncĂ©s dans la prĂ©sente DĂ©claration sont soumis aux dispositions de la Charria » et que « la Charria est l'unique rĂ©fĂ©rence pour l'explication ou l'interprĂ©tation de l'un quelconque des articles contenus dans la prĂ©sente DĂ©claration ».

Code civil

Discriminations entre hommes et femmes dans le code civil iranien
La lĂ©gislation iranienne, fortement imprĂ©gnĂ©e des prĂ©ceptes de l’islam, consolide la suprĂ©matie masculine. Cela entraĂźne des discriminations[85] constatĂ©es dans les articles du code civil iranien[86].
Les inĂ©galitĂ©s entre hommes et femmes dans le code civil se traduisent par le fait qu’une femme n’a pas la mĂȘme « valeur » qu’un homme. En effet, en termes d’hĂ©ritage, un homme reçoit toujours deux fois plus qu’une femme[87]. De plus, les femmes, considĂ©rĂ©es comme majeures sur le plan civil Ă  l’ñge de 9 ans, doivent obtenir l’autorisation du pĂšre pour voyager et se marier[88] - [89]. Quand elles sont mariĂ©es, elles doivent thĂ©oriquement obtenir l'autorisation de leur mari pour voyager.
Droits de l’enfant en Iran sur le plan du droit international
Lors des dĂ©clarations faites lors de la ratification de la convention relative aux droits de l’enfant de l’ONU, il apparaĂźt que l’Iran Ă©met des rĂ©serves. « Le Gouvernement de la RĂ©publique islamique d'Iran se rĂ©serve le droit de ne pas appliquer des dispositions ou articles de la Convention qui ne seraient pas compatibles avec les lois islamiques ou avec la lĂ©gislation en vigueur dans le pays »[90].

Code pénal

Les violations des droits de l’Homme en Iran sont parfois institutionnalisĂ©es, rĂ©pandues et lĂ©galisĂ©es dans le code pĂ©nal iranien, dĂ©rivant de la Charia.

Les catégories de peine

Le code pĂ©nal iranien distingue deux catĂ©gories de peines : les Hudud (« peines fixes ») et les Qissas (« rĂ©tributions ») ou Diya (« argent du sang » ou « loi du talion »). Les peines de la catĂ©gorie Hudud sont appliquĂ©es aux personnes commettant des crimes contre l’État, tels que l’adultĂšre, la consommation d’alcool, le vol avec effraction ou Ă  la tire, la rĂ©bellion contre les autoritĂ©s islamiques, l’apostasie et les rapports homosexuels (considĂ©rĂ©s comme contraires Ă  l’islam). Les peines incluent la mort par lapidation ou dĂ©capitation, l’amputation et les coups de fouet (les peines sont gĂ©nĂ©ralement exĂ©cutĂ©es en public). Les victimes de crimes de nature privĂ©e, comme le meurtre ou le viol, peuvent exercer un droit de rĂ©tribution (Qissas) ou dĂ©cider d’accepter l’argent du sang (Diyah ou « loi du talion »)[91].

La peine capitale

La peine capitale est en vigueur en Iran, qui est le pays oĂč le nombre d'exĂ©cutions est le deuxiĂšme au monde, aprĂšs la Chine. Cette peine est parfois mise en Ɠuvre par lapidation.

Restrictions des libertés et oppression de nombreuses catégories sociales

Partisans de Mostafa Mo'in, candidat Ă  l’élection prĂ©sidentielle en 2005, dont un des slogans Ă©tait de se battre pour les droits de l’homme n'a obtenu que 13,83 %.

La situation des droits de l’homme est jugĂ©e trĂšs critique en Iran. Les libertĂ©s fondamentales sont restreintes depuis la rĂ©volution islamique.

De nombreux faits, dont certains rĂ©cents, indiquent le non-respect par le gouvernement iranien des droits civils, de la libertĂ© d’expression politique et du droit des travailleurs. Le rĂ©gime de TĂ©hĂ©ran a Ă©tĂ© condamnĂ© par plusieurs rĂ©solutions de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale et de la commission des droits de l’homme de l’ONU. Depuis 1979, le rĂ©gime iranien a exĂ©cutĂ© plus de 120 000 militants politiques, d'aprĂšs le Conseil national de la rĂ©sistance iranienne[92]. 30 000 d’entre eux ont Ă©tĂ© Ă©liminĂ©s en l’espace de quelques mois en 1988 sur la base d’une fatwa dĂ©nonçant leurs activitĂ©s subversives et pilotĂ©es depuis l’étranger[93].

Dans ce pays oĂč la vie des citoyens est Ă©troitement contrĂŽlĂ©e par les Gardiens de la RĂ©volution islamique, ceux-ci ont appris Ă  contourner les interdits, en particulier, en n'ayant certains comportements qu'en privĂ©. Les fĂȘtes Ă  la maison sont monnaie courante. Durant ces fĂȘtes, les jeunes filles ĂŽtent leur voile, se maquillent, portent des jupes et jeans moulants. Les jeunes Ă©coutent du rap, de la pop ou du rock. Les tĂ©lĂ©visions Ă©trangĂšres sont reçues par des rĂ©cepteurs satellites cachĂ©s ou sortis durant la nuit. Certains boivent de l’alcool importĂ© en contrebande, d'autres trompent leur femme ou leur mari. En fait, tout le monde triche avec le systĂšme mis en place par les ayatollahs iraniens[3].

Les violations des droits de l’homme en Iran

Le Parlement europĂ©en a adoptĂ© le , par 499 voix contre 43 et 89 abstentions, une RĂ©solution condamnant vivement le non-respect de la DĂ©claration universelle des droits de l'homme en RĂ©publique islamique, accusant l'Iran de violations graves et rĂ©pĂ©tĂ©es sur sa population, y compris d’exĂ©cutions d’enfants[72].

La RĂ©publique islamique a opposĂ© alors une fin de non-recevoir Ă  l'Union europĂ©enne Ă  ce sujet. Le 22 dĂ©cembre, l’AFP annonce que l’Iran ne continuera pas le dialogue avec les EuropĂ©ens : « L'Union europĂ©enne, sur une base politique, a adoptĂ© une dĂ©claration sur les droits de l'homme contre l'Iran, ce qui ne laisse pas de place pour poursuivre le dialogue »[72], a dĂ©clarĂ© le porte-parole du ministĂšre iranien des Affaires Ă©trangĂšres, Hamid Reza Assefi.

Condition de la femme

Femme iranienne avec ses papiers d’identitĂ©

Les femmes iraniennes ont largement participĂ© Ă  la rĂ©volution de 1979. Elles ont, aux cĂŽtĂ©s de leurs maris et de leurs enfants, participĂ© aux manifestations contre le rĂ©gime du Shah. Or, la premiĂšre consĂ©quence de la RĂ©volution islamique pour les femmes est la disparition de la loi sur la protection de la famille. Cette loi avait Ă©tĂ© votĂ©e Ă  l’époque du Shah et Ă©tait favorable aux droits des femmes[94].

Si la constitution de la rĂ©publique islamique d’Iran proclame l’égalitĂ© des sexes, elle place cette derniĂšre dans un cadre religieux ; ce qui a pour consĂ©quence l'institutionnalisation des inĂ©galitĂ©s entre hommes et femmes. Toutefois, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, les Iraniennes jouissent de plus de libertĂ©s que les femmes de nombreux autres pays du golfe Persique (Arabie saoudite, Qatar, BahreĂŻn
). Il a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© lors de la 5e ConfĂ©rence Internationale des Femmes, organisĂ©e par l’UNESCO Ă  PĂ©kin en 1995, puis lors d’une session Ă  New York en 2000 intitulĂ©e Femme-2000. L’ÉgalitĂ© de sexes, le DĂ©veloppement et la Paix au XXIe siĂšcle : « les femmes de l’Iran moderne sont en grande partie privĂ©es de la protection juridique Ă  cause de l’accĂšs limitĂ© aux ressources financiĂšres et Ă  cause du systĂšme traditionnel proclamant la prioritĂ© des hommes dans tous les domaines importants de la vie. »[95]

AprĂšs l’élection du prĂ©sident Mohammad Khatami en 1997 (dĂ» en grande partie au vote des femmes et des jeunes), le Bureau des affaires des femmes devient le Centre des Affaires de la participation des femmes[96]. L’objectif de cette nouvelle institution est que les femmes s’organisent et dĂ©fendent leurs droits. Les ONG de dĂ©fense des droits des femmes se sont donc multipliĂ©es depuis cette Ă©poque, mais le gouvernement ne leur donne pas les moyens d’ĂȘtre indĂ©pendantes.

Hormis le Centre de la participation des femmes, il existe d’autres organismes tels que le Conseil culturel et social des femmes (crĂ©Ă© en 1987), la Commission du Parlement pour les questions des femmes, de la famille et de la jeunesse (crĂ©Ă©e en 1997), le Bureau gĂ©nĂ©ral pour les questions des femmes et des questions judiciaires. Ces organismes ont pour but de promouvoir l’égalitĂ© des sexes dans tous les domaines de la vie sociale, y compris la lĂ©gislation, les programmes et les projets[97].

Les nouvelles rĂ©alitĂ©s sociales des femmes iraniennes ont contraint les lĂ©gislateurs et les spĂ©cialistes de la loi islamique Ă  consacrer une partie importante de leurs Ă©crits aux problĂšmes des femmes et Ă  leur place dans la sociĂ©tĂ©. Les femmes et leurs droits se trouvent dĂ©sormais au cƓur des dĂ©bats jurisprudentiels oĂč s’affrontent les visions rĂ©formatrices et conservatrices[98].

Les femmes sont autorisĂ©es Ă  la pratique du sport ; en 2000, le pays compte 3 millions de licenciĂ©es. Les pratiques sportives exigeant le port de tenues adaptĂ©es, il en rĂ©sulte une exclusion stricte des hommes des lieux d’entraĂźnement, le plus souvent limitĂ©s aux salles closes.

L’attribution du prix Nobel de la paix en 2003 Ă  Shirin Ebadi, une avocate fĂ©ministe dĂ©fendant les droits de l’homme, renforce la confiance des fĂ©ministes iraniennes et ancre leurs relations avec les iraniens expatriĂ©s. Shirin Ebadi permet aux militantes iraniennes du droit des femmes de faire davantage entendre leur message en occident. Ancienne juge et prĂ©sidente du tribunal de TĂ©hĂ©ran sous le Shah, aujourd’hui avocate au Barreau de TĂ©hĂ©ran, Shirin Ebadi a fait de la dĂ©fense des prisonniers politiques et des enfants sa cause depuis de nombreuses annĂ©es. Elle est Ă©galement Ă  l’origine de la cĂ©lĂ©bration en Iran de la journĂ©e internationale de la femme, et crĂ©e en 1994 la SociĂ©tĂ© pour la protection des droits de l’enfant.

Les restrictions induites par les codes vestimentaires en vigueur en Iran imposent le port du hijab en public et particuliĂšrement pour les femmes employĂ©es dans la fonction publique ou dans l’exercice de fonctions officielles ; ou d’uniformes de couleurs sombres pour les Ă©tudiantes (en gĂ©nĂ©ral foulard de couleur sombre dont les couleurs varient selon les administrations). Le port du voile est obligatoire pour toute femme, quelle que soit sa religion ou sa nationalitĂ©, y compris en visite de tourisme[99]. Cependant, les Iraniennes ont appris depuis plusieurs annĂ©es Ă  exprimer indirectement leurs opinions. Elles utilisent pour cela un langage corporel et vestimentaire contournant ces rĂšgles[100] - [101].

Une Iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e le 13 septembre 2022 par la police de la moralitĂ© pour «justification et Ă©ducation» au sujet du hijab, le foulard qui est obligatoire pour toutes les femmes. Elle a Ă©tĂ© battue Ă  l'intĂ©rieur d'une camionnette de police. Le 16 septembre 2022, elle est dĂ©cĂ©dĂ©e en garde Ă  vue[102]. En outre, le 29 septembre 2022, le chanteur iranien Shervin Hajipour a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© parce qu'il a Ă©tĂ© publiĂ© sur Instagram concernant la mort de Mahsa Amini[103].

ContrĂŽle de l’information, restrictions de la libertĂ© de presse et d’expression

Liberté de la presse
Un rapport de Reporters sans frontiĂšres signale la restriction permanente de la libertĂ© de la presse et dĂ©nonce le recours Ă  la censure. L’Iran est l’un des dix pays au monde les plus rĂ©pressifs en matiĂšre de libertĂ© de la presse. 100 journaux et publications ont Ă©tĂ© fermĂ©s par le rĂ©gime depuis avril 2000. Il y a actuellement 10 journalistes en prison. Reporters sans frontiĂšres considĂšre que l’Iran est « la plus grande prison du Moyen-Orient pour les journalistes »[104].

Les journalistes dĂ©tenus en prison sont souvent persĂ©cutĂ©s et humiliĂ©s, Ă  l’image de Zahra Kazemi, cette journaliste irano-canadienne, qui a pĂ©ri au cours de sa dĂ©tention. Le Canada a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran Ă  la suite de ce dĂ©cĂšs.

Dans son rapport publiĂ© Ă  l’occasion de la 16e journĂ©e internationale de la libertĂ© de la presse le 3 mai 2006, Reporters sans frontiĂšres (RSF) dĂ©nonce 37 « prĂ©dateurs de la libertĂ© de la presse », parmi lesquels de nombreux responsables politiques ou chefs de groupes armĂ©s[105]. RSF classe le prĂ©sident iranien Mahmoud Ahmadinejad parmi les « prĂ©dateurs de libertĂ© » : « Qu'ils soient prĂ©sident, ministre, roi, guide suprĂȘme, chef de guĂ©rilla ou leader d'une organisation criminelle, ces prĂ©dateurs de la libertĂ© de la presse ont le pouvoir de faire emprisonner, enlever, torturer et parfois de faire assassiner des journalistes ».

Toutefois, Akbar Ganji, Plume d’or de la libertĂ©, prĂ©cisa peu de temps aprĂšs avoir reçu cette distinction :« Nous demandons l'Ă©tablissement de la dĂ©mocratie en Iran. Cela ne peut pas ĂȘtre imposĂ© de l'extĂ©rieur. C'est Ă  nous de lutter pour que notre pays soit dĂ©mocratique. L'Iran n'est pas un rĂ©gime fasciste et totalitaire comme l'Ă©tait celui de Staline. On peut encore entendre des dĂ©fenseurs de la libertĂ©. »

Akbar Ganji, intellectuel iranien et opposant au rĂ©gime des mollahs, soutient le projet pour changer l’Iran dans une interview donnĂ©e au journal Le Monde en juin 2006. Il dĂ©nonce les violations des droits de l’Homme en Iran : « un rĂ©gime, Ă  TĂ©hĂ©ran, qui bafoue les droits les plus Ă©lĂ©mentaires ». Avec Amnesty International (voir le rapport de cette organisation sur l’Iran), Akbar Ganji dĂ©nonce un rĂ©gime qui a fait exĂ©cuter 94 personnes en 2005. Il pense que la seule voie pour le pays serait la dĂ©sobĂ©issance civile[106]. Il rappelle aux dĂ©mocraties occidentales « leur devoir de dĂ©noncer les atteintes aux droits de l’homme » en Iran. MalgrĂ© cette dĂ©nonciation, le rĂ©gime pratique abondamment Ă  partir de 2009 les arrestations de journalistes pour peser sur la vie politique, notamment lors des Ă©lections parlementaires de 2012, oĂč 63 d'entre eux sont dĂ©tenus, dont Marzieh Rasouli[107].

Pays oĂč l’accĂšs libre Ă  Internet est contrĂŽlĂ© ou censurĂ©. L'Iran est considĂ©rĂ© comme un des pays les plus rĂ©pressifs.
  • trĂšs grave
  • grave
  • difficile
  • moyenne
  • situation bonne
Source: RSF
Contrîle d’Internet
Selon un article de Reporters sans frontiĂšres[108], « avec la fermeture de la majoritĂ© des journaux iraniens depuis avril 2000, ce moyen de communication est devenu le mĂ©dia principal grĂące auquel les journalistes et les correspondants de presse peuvent s’exprimer et appeler Ă  davantage de libertĂ©s. AgacĂ©s par ce nouveau procĂ©dĂ©, les conservateurs iraniens ont renforcĂ© le contrĂŽle de ce mĂ©dia. Depuis janvier 2003, plusieurs webmestres et internautes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s. »

D’aprĂšs la mĂȘme source, « la mĂ©fiance des conservateurs Ă  l’égard de la toile n’empĂȘche pas son utilisation Ă  des fins de propagande. Ainsi, des sites d’informations comme Daricheh.org ou Jebhe.com (note : aucune de ces deux site n'existent plus aujourd'hui) ont Ă©tĂ© mis en place et vĂ©hiculent les idĂ©es des durs du rĂ©gime. L’universitĂ© thĂ©ologique de Qom forme, par ailleurs, plusieurs milliers d’étudiants en informatique et de spĂ©cialistes d’Internet chaque annĂ©e. Un mollah de Qom le justifie par l'idĂ©e qu'ils fassent de leur savoir une utilisation Ă  mĂȘme de servir le pays et l’islam ».

Appel au meurtre contre Salman Rushdie pour apostasie
La publication des Versets sataniques en septembre 1988 a dĂ©clenchĂ© immĂ©diatement une vive rĂ©action dans le monde islamique en raison de sa description jugĂ©e irrĂ©vĂ©rencieuse du prophĂšte Mahomet. Le , une fatwa rĂ©clamant l’exĂ©cution de Rushdie a Ă©tĂ© proclamĂ©e sur Radio TĂ©hĂ©ran par l’Ayatollah Rouhollah Khomeini, chef de l’Iran dĂ©nonçant le livre comme « blasphĂ©matoire » envers l’Islam. Comme le roman suggĂšre que Rushdie ne croit plus en l’Islam, Khomeini l’a aussi condamnĂ© pour apostasie, ce qui selon le Hadith est passible de mort.

Via un communiquĂ© de presse, la fondation des martyrs a rĂ©itĂ©rĂ© un appel au meurtre en fĂ©vrier 2006. « La fatwa de l'imam Khomeini Ă  propos de l'apostasie de Salman Rushdie restera en vigueur Ă©ternellement » affirme cette fondation par communiquĂ© de presse le 14 fĂ©vrier 2006, exactement 18 ans aprĂšs la fatwa annoncĂ©e par l’imam[109]


LibertĂ© d’association

D’aprĂšs Amnesty International de graves carences touchent des aspects essentiels du systĂšme judiciaire iranien. En effet il facilite les attaques et le harcĂšlement des dĂ©fenseurs des droits de l’homme ; limitant ainsi leur capacitĂ© d’action. Le Code pĂ©nal iranien contient un certain nombre de dispositions Ă  la formulation vague, relatives au droit d’association et Ă  la « sĂ©curitĂ© nationale » qui permettent d’interdire toute une sĂ©rie d’activitĂ©s. C’est notamment le cas pour les activitĂ©s liĂ©es au journalisme ou aux dĂ©clarations publiques, pourtant garanties par le droit international relatif aux droits humains[110].

En outre, les limitations Ă  la libertĂ© d’expression, de rĂ©union et d’association ressortissent des articles 6 et 24 de la Constitution et de l’article 16 de la loi relative Ă  l’activitĂ© des partis politiques, des sociĂ©tĂ©s et des associations politiques et professionnelles. Le ComitĂ© des droits de l’Homme des Nations unies note Ă  cet Ă©gard que des membres de certains partis politiques ont Ă©tĂ© victimes de discriminations. Ces discriminations ont particuliĂšrement visĂ© ceux qui n’ont pas partagĂ© les vues des autoritĂ©s sur la pensĂ©e islamique ou qui ont exprimĂ© des opinions divergeant des positions officielles (U.N. Doc. CCPR/C/79/Add.25).

Conditions des personnes LGBT

Depuis l’établissement de la rĂ©publique islamique en 1979, les lois iraniennes sont basĂ©es sur une interprĂ©tation particuliĂšre de la charia. Toutes les relations sexuelles qui ont lieu en dehors du traditionnel mariage hĂ©tĂ©rosexuel sont illĂ©gales et aucune distinction lĂ©gale n’est faite entre les relations consenties ou non consenties. L'Iran assimile les personnes trans et les travestis aux gays et lesbiennes. Tous sont condamnables par l’islam au fouet ou Ă  la mort d’aprĂšs le code pĂ©nal iranien.

Les relations homosexuelles qui ont lieu entre deux adultes consentants en privĂ© sont considĂ©rĂ©es comme un crime. La sanction maximale pour ce « crime » est la peine de mort. Les articles 108 Ă  140 du code pĂ©nal iranien votĂ© par le Majles le 30 juillet 1991 traitent des questions de l’homosexualitĂ© et des peines associĂ©es.

D’aprĂšs la Boroumand Foundation, il y eut entre 1979 et 1990 au moins 107 exĂ©cutions pour des comportements homosexuels. D’aprĂšs Amnesty International, au moins 5 homosexuels dont deux femmes furent exĂ©cutĂ©s publiquement en janvier 1990. De trĂšs nombreux tĂ©moignages montrent que, en dĂ©pit d'une affirmation du prĂ©sident Mahmoud Ahmadinejad en 2007 selon lequel il n'y aurait pas d'homosexuels en Iran[111], les exĂ©cutions capitales par pendaison d'homosexuel(le)s se poursuivent dans ce pays.

En 1963, l’ayatollah Rouhollah Khomeini avait dĂ©clarĂ© qu’il n’existe aucune restriction religieuse vis-Ă -vis de la chirurgie corrective pour les homosexuels. Il considĂšre dans ses Ă©crits que les homosexuels sont des malades qui mĂ©ritent d’ĂȘtre soignĂ©s. Cependant, ce livre ne s’appliquait alors qu’aux personnes intersexes, et Ă  cette Ă©poque, les fatwas de Khomeini n’avaient aucun poids sur le gouvernement impĂ©rial, lequel n’avait aucune politique spĂ©cifique vis-Ă -vis des personnes transgenres[112]

La fatwa originelle de Khomeini a depuis Ă©tĂ© confirmĂ©e par l’ayatollah Ali Khamenei et est soutenue par de nombreux membres du clergĂ© iranien[113]. Le rapport du HCR de 2001 dit que la chirurgie de changement de sexe est frĂ©quemment et ouvertement menĂ©e en Iran, et que les homosexuels et les travestis sont en sĂ©curitĂ© tant qu'ils gardent profil bas[114]. Le rapport dĂ©clare de plus qu'il n'est pas possible actuellement pour les personnes transgenres de choisir de ne pas subir de chirurgie - si on leur accorde le droit de changer de sexe, il est attendu qu'il le fasse immĂ©diatement. Ceux qui ne veulent pas se faire opĂ©rer (ainsi que ceux qui se travestissent ou ne peuvent dĂ©finir leur sexe) sont considĂ©rĂ©s comme Ă©tant de leur genre biologique, et, en tant que tels, peuvent ĂȘtre soumis Ă  harcĂšlement pour le fait d'ĂȘtre homosexuels et sont donc sujets aux mĂȘmes lois interdisant les actes homosexuels[115].

Cependant, il existe toujours de forts prĂ©jugĂ©s vis-Ă -vis de la transidentitĂ© dans la sociĂ©tĂ© iranienne, et il est conseillĂ© Ă  la plupart des personnes trans ayant Ă©tĂ© opĂ©rĂ©s de rester discret sur leur passĂ©. Une fois qu'une personne trans a bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une chirurgie de rĂ©attribution sexuelle, elle devient lĂ©galement une personne de ce sexe. Tous les documents lĂ©gaux, comme les certificats de naissance et les passeports, sont modifiĂ©s une fois l’intervention effectuĂ©e.

En septembre 2022, deux lesbiennes et militantes LGBTQ sont condamnĂ©es Ă  mort par un tribunal de la ville d’Ourmia. Elles sont accusĂ©es de promouvoir l’homosexualitĂ©[116].

Opposants politiques

Les opposants politiques en Iran sont rĂ©guliĂšrement persĂ©cutĂ©s et torturĂ©s[117] - [118] - [119]. En 1988, l'État iranien a exĂ©cutĂ© des milliers de prisonniers politiques retenus dans des prisons iraniennes (30 000 d’aprĂšs le UNHCR[120]). D’aprĂšs Human Rights Watch[121], ces exĂ©cutions sommaires pourraient ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme crime contre l’humanitĂ© selon les lois internationales. Mustafa Pour-Mohammadi (actuel ministre de l’IntĂ©rieur, haut placĂ© au ministĂšre des Renseignements de 1987 Ă  1999) Ă©tait membre d’un comitĂ© de trois personnes qui dĂ©cidait des exĂ©cutions sommaires des prisonniers retenus Ă  TĂ©hĂ©ran dans la prison d’Evin. D’aprĂšs le rapport 2003 d’Amnesty International sur l’Iran, un petit nombre de prisonniers politiques ont pu bĂ©nĂ©ficier de libĂ©rations provisoires ou conditionnelles pour raisons de santĂ©[122].

En 2009, Ă  la suite des manifestations de protestation contre la rĂ©Ă©lection contestĂ©e de Mahmoud Ahmadinejad, au cours desquelles a Ă©tĂ© tuĂ©e Neda Agha-Soltan devenue l'icĂŽne mondiale de cette rĂ©volte iranienne, la FĂ©dĂ©ration internationale des Ligues des droits de l'homme communique : "En quinze jours, « plus de 2 000 personnes »ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es et se trouvent dĂ©tenues en Iran, tandis que des centaines sont « portĂ©es disparues », a annoncĂ© hier, Ă  Paris, le vice-prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH), Karim Lahidji. Toujours selon la FIDH, des « sources fiables » au sein des professionnels de la santĂ© font Ă©tat d'une « vingtaine de cadavres » dans les morgues de ces hĂŽpitaux, en lien avec les manifestations. La FIDH appelle le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'Organisation des Nations unies Ă  nommer un reprĂ©sentant spĂ©cial sur l'Iran, lequel aurait notamment pour tĂąche d'enquĂȘter sur les rĂ©cents Ă©vĂ©nements afin d'Ă©tablir les responsabilitĂ©s pour les morts et les blessĂ©s Ă  l'occasion des manifestations pacifiques"[123].

Données démographiques
Religion Homme Femme Total
chrétiens 86,532 82,061 168,593
Juifs 31,833 30,425 62,258
Zoroastriens 10,845 10,555 21,400
Musulmans 17,196,024 16,200,884 33,396,908
Inconnus 31,113 28,472 59,585
Total 17,356,347 16,352,397 33,708,744
1er novembre 1976 information de recensement démographique[124]
Groupe ethnique % de la population totale
Persan 51 %
Azéris 24 %
Gilaki et Mazandarani 8 %
Kurdes 7 %
Arabes 3 %
Lors 2 %
Baloutches 2 %
TurkmĂšnes 2 %
Autres 1 %
5 octobre 2006, CIA World Factbook [125]

Dans le "International Religious Freedom Report 2003" du gouvernement des États-Unis, il est Ă©crit que[126] :

  • On dĂ©nombre environ 68 millions d'habitants, musulmans Ă  99 % (89 % chiites et 10 % sunnites), baha'is, chrĂ©tiens, zoroastriens, mandĂ©ens et juifs constituant moins de 1 % de la population.
  • La plus importante communautĂ© religieuse non-musulmane est la communautĂ© baha'ie, estimĂ©e entre 300 000 et 350 000 membres Ă  travers le pays.
  • L'estimation de la communautĂ© juive varie entre 20 000 et 30 000 membre, ce qui reprĂ©sente une rĂ©duction substantielle des 75 000/80 000 juifs rĂ©sidant en Iran avant la rĂ©volution islamique de 1979
  • Il y a environ 300 000 chrĂ©tiens dans le pays selon l'ONU, dont la majoritĂ© sont armĂ©niens ou syro-chaldĂ©ens. Il y a aussi des protestants. Selon le reprĂ©sentant spĂ©cial de l'ONU, les chrĂ©tiens Ă©migrent au rythme de 15 000 Ă  20 000 par an.
  • Les mandĂ©ens, une communautĂ© gnostique prĂ©chrĂ©tienne, compte approximativement 5 000 Ă  10 000 membres, principalement au Khuzestan.
  • Le gouvernement estime qu'il y a 35 000 zoroastriens, bien qu'eux-mĂȘmes se revendiquent 60 000. Ils sont en majoritĂ© persans et sont concentrĂ©s dans les villes de TĂ©hĂ©ran, Kerman et Yazd.
Considérations générales

La RĂ©publique islamique d’Iran tolĂšre les minoritĂ©s (AzĂ©ris, ethnie dont fait partie l’actuel Guide de la rĂ©volution ou TurkmĂšnes

Bien que le persan soit la langue officielle du pays, l’enseignement des langues des minoritĂ©s est autorisĂ© dans le pays (car les minoritĂ©s ethniques sont reconnues par la constitution). De fait, les langues minoritaires (azĂ©ri, turkmĂšne, arabe, baloutche) sont enseignĂ©es aux cĂŽtĂ©s du persan, Ă  condition de respecter l’enseignement chiite[3].

La constitution de la RĂ©publique islamique de 1979 reconnaĂźt certaines minoritĂ©s religieuses (gens du Livre) : les chrĂ©tiens, juifs et zoroastriens, qui disposent de siĂšges rĂ©servĂ©s au parlement. La minoritĂ© sabĂ©enne qui ne compte que quelques centaines de fidĂšles, et les plus de 300 000 baha’is, durement persĂ©cutĂ©s sous tous les rĂ©gimes iraniens, n’ont jamais Ă©tĂ© reconnus comme minoritĂ© religieuse. Les musulmans sunnites, minoritaires en Iran, ne disposent pas non plus de siĂšges rĂ©servĂ©s.

La Constitution iranienne[127] Ă©nonce ces douziĂšme et treiziĂšmes principes : « La religion officielle de l’Iran est l’Islam de confession Dja’farite duodĂ©cimain et ce principe est Ă©ternellement immuable ; et les autres confessions islamiques, soit HanĂ©fite, ChĂąfeĂźte, MĂąlekite, Hanbalite et Zeydi sont entiĂšrement respectĂ©es ; et les adeptes de ces confessions sont libres d’accomplir leurs rites confessionnels conformĂ©ment Ă  leur "figh" ; leur Ă©ducation et leur instruction religieuses ainsi que leur statut personnel (mariage, divorce, succession, testament) et le contentieux judiciaire qui peut en dĂ©couler, sont officiellement reconnus. Dans chaque rĂ©gion oĂč les adeptes de chacune de ces confessions seraient majoritaires, les rĂšglements locaux seront, dans les limites des compĂ©tences des Conseils, conformes Ă  cette confession, tout en prĂ©servant les droits des adeptes des autres confessions. (
) Les Iraniens zoroastriens, juifs et chrĂ©tiens sont reconnus comme les seules minoritĂ©s religieuses qui, dans les limites de la Loi, sont libres d’accomplir leurs rites religieux et, quant au statut personnel et Ă  l’éducation religieuse, agissent en conformitĂ© avec leur liturgie. »

Selon l’article 14 de la Constitution et conformĂ©ment au verset du Coran[128] « Dieu ne vous interdit pas de traiter avec bontĂ© et droiture ceux qui n'ont pas luttĂ© contre vous en raison de votre religion et qui ne vous ont pas expulsĂ©s de vos logements », le gouvernement se devrait donc de respecter les droits humains des non-musulmans, tant qu’ils ne conspirent pas contre l’islam ou la rĂ©publique islamique d’Iran[79] - [3]. Les reprĂ©sentants des minoritĂ©s religieuses officiellement reconnues ont confirmĂ© que l'enseignement de leur religion Ă©tait assurĂ© et respectĂ© tant dans les Ă©coles publiques que dans les Ă©coles propres aux minoritĂ©s[129]. Cependant, peu aprĂšs la RĂ©volution iranienne, le pouvoir islamique a crĂ©Ă© un bureau des minoritĂ©s (religieuses) afin de les surveiller (et de les contrĂŽler). En 1993, le Majles (parlement) a rendu obligatoire la mention de la religion sur les cartes d’identitĂ©, ce qui permet au rĂ©gime de contrĂŽler plus facilement les minoritĂ©s. Une des consĂ©quences est l’éviction des chrĂ©tiens des services publics, des Ă©coles, de l’armĂ©e et d’autres institutions de l’État. D'aprĂšs le rapport de Abdelfattah Amor, « Outre le non-accĂšs aux postes gouvernementaux, il apparaĂźt que les minoritĂ©s ne peuvent accĂ©der professionnellement Ă  l'armĂ©e et Ă  la justice et seraient limitĂ©es dans leur plan de carriĂšre dans le reste de l'administration, sauf cas exceptionnels. »[129]

D’aprĂšs le rapport intĂ©rimaire du reprĂ©sentant spĂ©cial soumis Ă  l’assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de l’ONU le 10 aoĂ»t 2001, (A/56/278) : « il est clair que les sunnites sont victimes de diffĂ©rentes formes de discrimination, surtout lorsqu'ils appartiennent en mĂȘme temps Ă  une minoritĂ© ethnique - toutefois, on a rĂ©cemment fait savoir que le harcĂšlement de religieux sunnites kurdes de la part du Tribunal Religieux SpĂ©cial avait pris fin ; la communautĂ© bahaĂŻe continue d'ĂȘtre victime de discrimination, notamment dans les domaines de l'enseignement, de l'emploi, des voyages, du logement et des activitĂ©s culturelles. »[117] - [118]

Rappelons aussi qu’en Iran, l’apostasie est punie de la peine de mort, certains musulmans s’étant convertis Ă  d’autres religions sont donc eux aussi soumis Ă  des pressions et des atteintes Ă  leur vie.

Kurdes et Arabes

Depuis 1981, les Kurdes d’Iran sont fortement rĂ©primĂ©s par le rĂ©gime islamique. Le peuple kurde n’a pas d’existence juridique et le mot Kurdistan est tabou. La langue kurde n’est tolĂ©rĂ©e que dans les communications orales privĂ©es. Depuis cette Ă©poque, plus de 40 000 civils kurdes ont trouvĂ© la mort et les leaders ont tous Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s ou emprisonnĂ©s[3].

D’aprĂšs le rapport de Miloon Kothari, rapporteur spĂ©cial auprĂšs de l'Organisation des Nations unies, les conditions de vie et de logement des minoritĂ©s ethniques (Kurdes, Arabes, et groupes nomades) en Iran sont trĂšs dĂ©favorables. Miloon Kothari demande au gouvernement de l’Iran de se focaliser sur les provinces historiquement marginalisĂ©es comme le Khuzestan et le Sistan-et-Baloutchistan et de mettre en place des politiques destinĂ©es aux populations dĂ©favorisĂ©es comme les Kurdes et les Arabes[130]. Lors d’une intervention Ă  l’IRIN le [131], M. Kothari a indiquĂ© que les arabes du Khuzestan, dans la rĂ©gion autour de Ahvaz, avaient des conditions de vie trĂšs difficiles, sans accĂšs Ă  l’eau courante, Ă  l’électricitĂ© et au gaz, sans sanitaires. De plus, 200 Ă  250 000 arabes ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s en raison de grands projets de dĂ©veloppement (plantations de canne Ă  sucre, projets pĂ©troliers
), sans ĂȘtre relogĂ©s ni recevoir de compensation adĂ©quate (parfois seulement un quarantiĂšme de la valeur marchande)[130].

Musulmans sunnites

L’état iranien, officiellement chiite, exerce un favoritisme Ă  l’égard de la grande majoritĂ© de sa population chiite et a donc tendance Ă  dĂ©favoriser les sunnites. Les sunnites reprĂ©sentent environ 10 % de la population iranienne[129].

Les sunnites en Iran se trouvent gĂ©nĂ©ralement parmi les populations baloutches et kurdes. Le Centre international pour le dĂ©veloppement des politiques de migration (ICMPD), dans son rapport 2005, cite par exemple le cas de leaders politiques et/ou religieux ayant Ă©tĂ© assassinĂ©s. Ces assassinats impliqueraient la participation de l’État ou au moins de membres d’organisation paramilitaires comme les Basij[132]. L’emprisonnement des personnalitĂ©s sunnites demandant l’égalitĂ© est Ă©galement un des moyens de pression utilisĂ© par le gouvernement[132].

Zoroastriens

On estime aujourd’hui le nombre des zoroastriens entre 32 et 45 000 en Iran, principalement concentrĂ©s Ă  TĂ©hĂ©ran, Kerman et Yazd. Pendant l’époque qajare, il existait des discriminations considĂ©rables contre les zoroastriens. Au milieu du XIXe siĂšcle, plusieurs milliers de zoroastriens sont partis d’Iran pour l’Inde afin d’amĂ©liorer leur statut Ă©conomique et social, dans un mouvement qui rappelle celui des Parsis. Nombre d’entre eux ont rĂ©ussi Ă  faire fortune en Inde et ont dĂ©pensĂ© une partie de ces fortunes Ă  amĂ©liorer les conditions des communautĂ©s zoroastriennes en Iran. L’emphase qui a Ă©tĂ© faite par les Pahlavis sur l’hĂ©ritage prĂ©islamique de l’Iran a aussi aidĂ© les zoroastriens Ă  atteindre une position plus respectĂ©e dans la sociĂ©tĂ©. Nombre d’entre eux ont, durant l’époque pahlavi, Ă©migrĂ© vers TĂ©hĂ©ran depuis Kerman ou Yazd et se sont enrichis en exerçant la profession de commerçants ou d’agents immobiliers.

Comme les chrĂ©tiens et les juifs, les zoroastriens sont reconnus en tant que minoritĂ© religieuse par la Constitution de 1979. Ils ont le droit d’élire un reprĂ©sentant au Majles, et, comme les autres minoritĂ©s acceptĂ©es lĂ©galement, peuvent prĂ©tendre Ă  un emploi dans le gouvernement. Bien que les zoroastriens aient probablement rencontrĂ© des cas particuliers d’injustice et de violations de leurs droits, ils n’ont pas Ă©tĂ© persĂ©cutĂ©s Ă  cause de leurs croyances religieuses.

Juifs
Un juif d’Iran en train de prier dans une synagogue de Shiraz en 1999.

La communautĂ© juive en Iran est parmi les plus vieilles du monde. Ses membres descendent des juifs qui sont restĂ©s dans la rĂ©gion aprĂšs la captivitĂ© de Babylone, quand les souverains achĂ©mĂ©nides du premier empire perse ont permis aux Juifs de retourner Ă  JĂ©rusalem. La constitution de 1979 reconnaĂźt les Juifs comme une minoritĂ© religieuse et leur accorde un siĂšge rĂ©servĂ© au Parlement. Comme les chrĂ©tiens, les juifs n’ont pas Ă©tĂ© persĂ©cutĂ©s[133]. Cependant, au contraire des chrĂ©tiens, ils ont toujours Ă©tĂ© regardĂ©s avec suspicion par la RĂ©publique islamique, probablement parce que le gouvernement est intensĂ©ment hostile Ă  l’État d’IsraĂ«l. On estime en 1988 Ă  50 000 le nombre de Juifs prĂ©sents en Iran, alors qu’ils Ă©taient 85 000 en 1978[134].

De nombreux juifs iraniens ont de la famille en IsraĂ«l (par exemple, Moshe Katsav, prĂ©sident de l’État d’IsraĂ«l, est originaire de Yazd et environ 45 000 juifs iraniens ont Ă©migrĂ© en IsraĂ«l entre 1945 et 1977). Ils continuent d’avoir des contacts entre eux. Depuis 1979, le gouvernement iranien a Ă  plusieurs reprises accusĂ© des juifs d’espionnage et des exĂ©cutions ont eu lieu. Renforçant le sentiment d’insĂ©curitĂ© parmi les juifs d’Iran, cela a poussĂ© certains d'entre eux Ă  Ă©migrer (majoritairement aux États-Unis ou en France).

La Commission de recours des rĂ©fugiĂ©s (actuelle Cour nationale du droit d'asile) française a dĂ©clarĂ© le 17 novembre 1999 Ă  propos d'une demande d'asile : « ConsidĂ©rant que les piĂšces du dossier et les dĂ©clarations faites en sĂ©ance publique devant la Commission permettent de tenir pour Ă©tabli que M. M, qui est de nationalitĂ© iranienne est issu de l’une des plus illustres familles bahaĂŻ d’origine juive Ă©tablie en Iran ; qu’aprĂšs la RĂ©volution islamique, les biens de sa famille ont Ă©tĂ© confisquĂ©s ; que l’un de ses frĂšres a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© sous un motif fallacieux et dĂ©tenu pendant cinq ans ; que pour protĂ©ger son Ă©pouse, membre d’une famille proche de l’ancien rĂ©gime, il a divorcĂ© de cette derniĂšre ; qu’il a simulĂ© sa conversion Ă  l’islam afin d’aider son frĂšre et d’assurer la dĂ©fense de plusieurs membres de sa famille ; que particuliĂšrement surveillĂ© par les pasdarans, il a fait l’objet d’une garde Ă  vue et son domicile a Ă©tĂ© perquisitionnĂ© Ă  plusieurs reprises ; qu’aprĂšs des annĂ©es de nĂ©gociations, il a obtenu l’annulation du dĂ©cret d’expropriation de ses biens ; que le 8 janvier 1998, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et incarcĂ©rĂ© sans explication ; que lors de sa comparution devant le tribunal islamique, il a appris qu’il Ă©tait accusĂ©, Ă  tort, d’avoir vendu Ă  des pasdarans un terrain appartenant Ă  l’État car achetĂ© en son nom par son pĂšre, un bahaĂŻ non converti ; qu’en raison de ses antĂ©cĂ©dents religieux et familiaux, il a Ă©tĂ© condamnĂ© au terme d’une procĂ©dure sommaire Ă  sept ans de prison et quatre-vingts coups de fouet ; qu’aprĂšs son Ă©vasion du Palais de Justice, il a fui son pays ; que par une dĂ©cision du 10 mars 1998, il a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  cinq ans de rĂ©clusion supplĂ©mentaire ; que dans ces conditions, il peut craindre avec raison, d’ĂȘtre persĂ©cutĂ© en cas de retour en Iran ; que, dĂšs lors, le requĂ©rant est fondĂ© Ă  se prĂ©valoir de la qualitĂ© de rĂ©fugiĂ©. »[135]

Chrétiens

En 2004 un dĂ©putĂ© armĂ©nien d’Iran estimait la communautĂ© chrĂ©tienne forte d’environ 100 000 personnes sur 70 millions d’habitants. La persĂ©cution des minoritĂ©s chrĂ©tiennes en Iran ne constitue pas une sĂ©rie de faits isolĂ©s ou une rĂ©sultante de prĂ©judices individuels, mais plutĂŽt une politique d’État. Cette politique d’État s’impose souvent de maniĂšre intrusive sous de multiples facettes. Elle affecte aussi bien les individus que l’Église dans son ensemble[136].

D’aprĂšs Jacques Leclerc, « La SociĂ©tĂ© biblique a reçu l'ordre de ne plus mentionner JĂ©sus comme Fils de Dieu ou comme Seigneur, mais tout simplement comme prophĂšte ; cette sociĂ©tĂ© a fini par ĂȘtre dissoute par les autoritĂ©s iraniennes. Puis, ces derniĂšres ont fermĂ© toutes les librairies chrĂ©tiennes du pays, et interdit l'importation et l'impression de la Bible, du Nouveau Testament et de littĂ©rature chrĂ©tienne en langue farsi. »[3] De plus, Leclerc prĂ©cise qu’une des consĂ©quences de l’inscription de la religion sur la carte d’identitĂ© a permis d’évincer les chrĂ©tiens des services publics, des Ă©coles, de l’armĂ©e et d’autres administrations.

La loi islamique iranienne exige que tous les chrĂ©tiens se conforment aux codes vestimentaires, Ă  la prohibition de l’alcool et Ă  la sĂ©paration des genres masculin et fĂ©minin en public. Les chrĂ©tiens vivent mal ces mesures qui empiĂštent sur leurs traditions religieuses et ne respectent pas leurs libertĂ©s privĂ©es ou publiques.

De plus, l’administration des Ă©coles a toujours Ă©tĂ© une source de tension et de vexation entre les armĂ©niens et le gouvernement de la RĂ©publique islamique. Le ministĂšre de l’Éducation insiste pour que les directeurs des Ă©coles soient des musulmans, que tous les cours soient donnĂ©s en persan, que toutes les classes de littĂ©rature armĂ©nienne aient reçu une approbation de l’administration et que toutes les Ă©tudiantes se conforment au port du hijab en classe.

Baha'is

La communautĂ© baha'ie compte plus de 300 000 membres en Iran[137] - [138]. Contrairement aux minoritĂ©s religieuses des « gens du Livre », les baha'is ne sont pas reconnus par la constitution iranienne et ne disposent pas de siĂšges rĂ©servĂ©s au Parlement. L'État iranien a confisquĂ© des propriĂ©tĂ©s appartenant Ă  des baha'is ; et certains membres de la communautĂ© sont l'objet d'attaques de la part d'assaillants non-identifiĂ©s[139]. Les cimetiĂšres et sites sacrĂ©s de la communautĂ© sont rĂ©guliĂšrement vandalisĂ©s et dĂ©truits, comme le montre l'exemple de la destruction de la tombe de Mollah Mohammad-Ali Barfurushi avec l'approbation des autoritĂ©s iraniennes[137]. Il arrive aussi que des baha'is soient emprisonnĂ©s Ă  cause de leur foi. Dhabihullah Mahrami, par exemple, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  la prison Ă  perpĂ©tuitĂ© sur la base de sa seule foi[137].

L'existence d'un mĂ©morandum secret, appelĂ© « MĂ©morandum Golpaygani[140] Â», fut rendue publique par le rapporteur spĂ©cial de l'ONU pour les droits de l'homme, Reynaldo Galindo Pohl en 1993 [141]. Dans ce rapport confidentiel sur la « question baha'ie Â», Ă©laborĂ© par le Conseil suprĂȘme de la rĂ©volution culturelle islamique, signĂ© par le Guide suprĂȘme de la rĂ©volution islamique Ali Khamenei et datĂ© du , sont Ă©numĂ©rĂ©es des mesures Ă  appliquer pour « Ă©touffer Â» la communautĂ© baha'ie.

Au début de l'année 2003, le gouvernement a fait passer une loi étendant le paiement des Qissas et Diya aux minorités religieuses. Les baha'is ont cependant été exclus de cette mesure car ils ne sont pas une minorité reconnue par le gouvernement.

La Commission de recours des rĂ©fugiĂ©s (actuelle Cour nationale du droit d'asile) française considĂšre les personnes de confession baha'ie comme discriminĂ©es en Iran, notamment pour ne pas renier leur foi sur ordre des autoritĂ©s iraniennes. Voici ce que cette commission dĂ©clare le 23 janvier 1995 Ă  propos d'une autre demande d'asile : « ConsidĂ©rant que les piĂšces du dossier et dĂ©clarations faites en sĂ©ance publique devant la Commission permettent de tenir pour Ă©tabli que Mlle A., qui est de nationalitĂ© iranienne et de confession baha'ie, a Ă©tĂ© l'objet, pour ne pas avoir voulu renier sa foi, de discriminations graves et rĂ©pĂ©tĂ©es qui l'ont notamment empĂȘchĂ©e d'accĂ©der Ă  l'UniversitĂ© ; que des membres de sa famille ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  mort et exĂ©cutĂ©s raison de leur appartenance Ă  cette communautĂ© religieuse ; qu'elle a pu quitter l'Iran durant une brĂšve pĂ©riode oĂč les autoritĂ©s avaient assoupli de façon ponctuelle leur politique en matiĂšre de dĂ©livrance de passeports ; qu'elle a lieu de craindre pour sa sĂ©curitĂ© et pour sa libertĂ© si elle retourne dans son pays d'origine ; que, dĂšs lors, la requĂ©rante est fondĂ©e Ă  demander son admission au statut de rĂ©fugiĂ©e »[142].

Conditions de détention et arrestations arbitraires

La population carcĂ©rale est officiellement de 130 118 personnes (0,22 % de la population)[143], dont 4 % sont des femmes[144]. 60 % des dĂ©tenus le sont pour faits ou consommation de drogue[145].

La pratique de la torture physique et psychologique[118] est dĂ©crite comme habituelle par les ONG[120] (pendaisons, lapidations, Ă©nuclĂ©ations[146], amputations, et coups de fouet en public, Ă  la suite de l’application de la loi du talion pour les crimes de sang, ou de l’application du code civil pour d’autres peines)[145].

De plus, Amnesty International a rapportĂ© l'incarcĂ©ration d’enfants en compagnie d’adultes[118].

Parmi les nombreux dĂ©tenus arrĂȘtĂ©s arbitrairement, figure Nasrin Sotoudeh, condamnĂ©e en 2011, Ă  11 ans de prison pour diffusion de propagande et conspiration mettant en danger la sĂ©curitĂ© de l'État. Son engagement, ainsi que celui du rĂ©alisateur Jafar Panahi, ont Ă©tĂ© rĂ©compensĂ©s par le Prix Sakharov en 2012. Elle est dĂ©tenue Ă  la prison Ervin. Le 18 septembre 2013, Nasrin Sotoudeh a Ă©tĂ© graciĂ©e et libĂ©rĂ©e. L'arrivĂ©e du nouveau prĂ©sident iranien Hassan Rohani, qui cherche Ă  montrer une image plus ouverte de l'Iran, a probablement pesĂ© sur la balance pour la libĂ©ration de Nasrin Sotoudeh[147].

Conditions des interrogatoires

Un communiquĂ© de presse de Human Rights Watch confirme un rapport prĂ©cĂ©dent intitulĂ© « Tels des cadavres dans leurs cercueils : torture, dĂ©tention et rĂ©pression de la dissidence de Iran »[119]. Les deux dĂ©noncent l’utilisation systĂ©matique de l’isolement carcĂ©ral Ă  durĂ©e prolongĂ©e et la pratique de la torture physique et psychologique Ă  l’encontre des dissidents politiques et de droit commun[118] - [120]. Des journalistes dĂ©crivent le dĂ©roulement d'opĂ©rations d’interrogatoire brutales durant lesquelles les dĂ©tenus Ă©taient forcĂ©s de renier leurs convictions politiques.

Sur le plan juridique, la pratique de la torture physique et psychologique est strictement prohibĂ©e par la Constitution iranienne, comme le prĂ©cise son trente-huitiĂšme principe : « Toute forme de torture visant Ă  obtenir des aveux ou des renseignements est interdite. Il n’est pas permis de contraindre une personne Ă  tĂ©moigner, Ă  faire des aveux ou Ă  prĂȘter serment, et de tels tĂ©moignages, aveux et serments n’ont ni valeur ni validitĂ©. Tout contrevenant Ă  ce principe sera puni selon la loi. ». En rĂ©alitĂ©, la pratique est courante et vise rĂ©guliĂšrement Ă  obtenir des « aveux forcĂ©s », c'est Ă  dire faire avouer des crimes qui n'ont pas Ă©tĂ© commis, et qui mĂšnent parfois Ă  des exĂ©cutions de dĂ©tenus politiques[148].

Le pouvoir islamique y a néanmoins recours dans de nombreux cas avérés, par exemple celui de Zeinab Jalalian, en violation de la Constitution du pays.

Pratique de détentions arbitraires au secret

Selon des informations recueillies auprĂšs d’une ONG (Amnesty International), au moins 173 membres de l’ordre NĂ©matollahi des soufis sont dĂ©tenus au secret dans la prison de Fajr Qom. En 2006, l’ONG craignait qu’ils n’y aient subi des actes de torture destinĂ©s Ă  leur « arracher des aveux »[149]. En 2009, Ă  la suite de la rĂ©Ă©lection contestĂ©e du prĂ©sident sortant Mahmoud Ahmadinejad, plusieurs tĂ©moignages ont rapportĂ© la poursuite de cette mĂȘme pratique d'extorsion d'aveux Ă  l'encontre des opposants arrĂȘtĂ©s durant les manifestations de la "RĂ©volution verte", selon Human Rights Watch[7].

Arrestations pour feux d’artifice

En mars 2006, les Forces de sĂ©curitĂ© de l’État iranien ont arrĂȘtĂ© 10 personnes Ă  TĂ©hĂ©ran pour distribution de feux d’artifice quelques jours avant Chāhār shanbeh Souri, fĂȘte cĂ©lĂ©brĂ©e par les Iraniens le dernier soir de l’annĂ©e, juste avant l’arrivĂ©e du printemps et de Norouz (nouvelle annĂ©e iranienne)[150]. Mille personnes ont quant Ă  elles Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es dans tout le pays. Les observateurs considĂšrent que ces interdictions ont eu lieu afin d’éviter que ces festivitĂ©s ne dĂ©gĂ©nĂšrent en protestations contre le rĂ©gime[151] - [152]. Plusieurs effigies des dirigeants du rĂ©gime ont Ă©tĂ© brĂ»lĂ©es Ă  cette occasion.

Application de la peine capitale

Nombre de mineurs au moment des faits exécutés entre 1990 et 2006 dans plusieurs pays recensés par Amnesty International[153].

113 personnes ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es en 2003[122], 159 en 2004, « au moins » (selon Amnesty International) 94 en 2005[154] dont au moins 8 mineurs au moment des faits. En 2006, au moins 177 personnes ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es, dont un mineur et au moins trois condamnĂ©s ĂągĂ©s de moins de dix-huit ans au moment des faits[155]. En 2007, au moins 317 personnes ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©es[156]. En 2008, 74 mineurs attendent d'ĂȘtre exĂ©cutĂ©s dans les prisons iraniennes[157].

Malgré la directive de 2002 demandant aux juges la suspension des lapidations, Amnesty International note que deux personnes auraient été lapidées en 2006 et que d'autres prisonniers étaient toujours sous le coup d'une condamnation à mort par lapidation. En septembre 2006, des défenseurs iraniens des droits humains ont lancé une campagne en vue d'obtenir l'abolition de ce chùtiment et de sauver neuf femmes et deux hommes condamnés à mort par lapidation. Trois condamnations auraient été annulées[155].

En 2008, l'Iran a exécuté plusieurs personnes par pendaison, celles-ci ayant été filmées par la télévision officielle. En 2009, la répression de la protestation contre le résultat contesté des élections présidentielles aurait donné lieu a plusieurs dizaines d'exécutions sommaires en pleine rue ou dans les prisons, selon plusieurs organisations de défense des droits de l'homme.

Situation des avocats et des juges en Iran

L'Iran arrive en deuxiĂšme place des pays appliquant la peine de mort

Selon le site de l’ordre des avocats d’Iran : « À l’heure actuelle les ordres des avocats et leurs membres se trouvent en face d’un problĂšme majeur qui rĂ©sulte de l’adoption d’une nouvelle loi confiant au pouvoir judiciaire la dĂ©livrance des permis d'exercer la fonction d’avocat. Il s'agit d'une atteinte Ă  l’indĂ©pendance de la dĂ©fense pourtant vitale pour la protection des personnes nĂ©cessitant une impartialitĂ© absolue. [
] cet Ă©tat de fait est Ă  la fois contraire aux droits de la dĂ©fense et Ă  l’article 35 de la Constitution de l'Iran. »[158]

Selon Amnesty International, qui soutient entre autres le cas de l'avocat Nasser Zarafshan, Le systÚme juridique ne protÚge pas la liberté d'expression et d'association[159]: « Les irrégularités nombreuses constatées dans le fonctionnement du systÚme judiciaire iranien sont liées à une série de causes : des lois contradictoires et vagues qui limitent la liberté d'expression et d'association ; la structure défectueuse du systÚme judiciaire qui manque d'indépendance véritable, est marqué par une méthode de désignation malsaine, et dont le fonctionnement est entravé par l'absence de séparation des pouvoirs ainsi que par l'obligation légale pour les juges de rendre une décision dont la responsabilité personnelle leur est imputée et qui ne repose pas toujours sur un texte de loi. »

Au mois de novembre 2004, l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies a adoptĂ© une rĂ©solution condamnant la situation relative aux droits fondamentaux dans le pays[160]. Le texte attirait l'attention notamment sur « le non-respect des normes internationales dans l'administration de la Justice, l'absence de garanties d’une procĂ©dure rĂ©guliĂšre, le refus de garantir un procĂšs public et Ă©quitable et le droit Ă  un avocat », et dĂ©plorait certaines formes de discrimination systĂ©matique. L'ONU priait le gouvernement iranien de nommer un procureur indĂ©pendant et impartial Ă  TĂ©hĂ©ran et d'honorer ses obligations internationales.

La visite du Groupe de travail de l'Organisation des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires a, alors, été ajournée à la demande des autorités iraniennes[161] - [162].

RĂ©sistances et comitĂ©s de soutien aux Droits de l’Homme en Iran

Centre de dĂ©fense des droits de l’homme, principale organisation iranienne

De nombreux individus, associations, institutions intérieures et extérieures luttent et dénoncent cette situation. On peut citer :

Perspectives d’avenir

Quelques institutions et auteurs se sont risqués à émettre l'hypothÚse d'une possible orientation plus démocratique et moins irrespectueuse des droits de l'homme par le pouvoir régnant en Iran. Leurs espérances ont été largement démenties pas la suite. Par exemple l'ACAT :

Depuis son Ă©lection en 2005, la prĂ©sidence de Mahmoud Ahmadinejad est marquĂ©e par la prioritĂ© donnĂ©e Ă  la politique internationale, le pouvoir se prĂ©occupe essentiellement de la position gĂ©ostratĂ©gique du pays qui conditionne la politique intĂ©rieure et la surveillance Ă©troite de la population, empĂȘchant et interdisant toute opposition. Les droits de l’homme sont sacrifiĂ©s Ă  ces exigences internationales qui font de l'Iran un modĂšle de l'État islamique. Du fait des trĂšs nombreuses violations des droits de l'homme, le dialogue avec l’Union europĂ©enne, rompu en 2004, n’est pas repris malgrĂ© une tentative de relance en 2005. L’ACAT note toutefois que, malgrĂ© des dĂ©clarations contradictoires, la position de l’Iran pourrait Ă©voluer sur la question de l’application de la peine capitale aux mineurs[169].

Cette hypothĂšse prĂ©dictive a Ă©tĂ© largement infirmĂ©e par la suite qui a vu au contraire le nombre d'exĂ©cutions capitales augmenter considĂ©rablement. À l’opposĂ© de la prĂ©cĂ©dente supposition, Amnesty International s'attachant aux faits, autant qu'il est possible Ă©tant donnĂ© la censure rĂ©gnant sur ce sujet, Ă©met la crainte que le nombre d'exĂ©cutions de mineurs depuis 2005 soit sous-Ă©valuĂ©. L’association avait vu dans les promesses Ă©lectorales de Mahmoud Ahmadinejad (amĂ©lioration des droits sociaux et Ă©conomiques) une occasion de sensibiliser l’Iran au thĂšme des droits humains. Elle note au contraire que « les mois ont passĂ© et
 rĂ©pression, limitation du droit Ă  l’expression et d’association, arrestations arbitraires, torture et pour agrĂ©menter le tout, retour massif Ă  la peine de mort, sont Ă  nouveau Ă  la carte »[170].

La surveillance et la rĂ©pression des Ă©tudiants s'est aggravĂ©e sous le gouvernement d'Ahmadinedjad. Des dĂ©clarations de Mahmoud Ahmadinejad ont appelĂ© les Ă©tudiants Ă  "purger l’universitĂ©" de ses enseignants laĂŻques et libĂ©raux. Cet appel, qui faisait craindre une radicalisation du rĂ©gime ayant dĂ©jĂ  repris en main la libertĂ© d’expression en fermant des sites webs, des blogs, et en rĂ©primant la presse indĂ©pendante, a hĂ©las Ă©tĂ© confirmĂ©. En effet, si ces menaces n'avaient pas Ă©tĂ© suivies de mesures immĂ©diates[171], le pouvoir islamique les a violemment mises Ă  exĂ©cution lors des troubles ayant suivi l'Ă©lection prĂ©sidentielle iranienne de 2009. L'UniversitĂ© de TĂ©hĂ©ran est alors au cƓur de la contestation[172] aprĂšs la proclamation de la rĂ©Ă©lection du prĂ©sident sortant, l'opposition dĂ©nonçant les raids des forces de sĂ©curitĂ© dans des dortoirs universitaires oĂč "le sang a coulĂ© et des jeunes ont Ă©tĂ© battus[173]".

Bernard Hourcade, iranologue au CNRS dressait en 2003 un portrait optimiste de l’évolution politique et sociale de l’Iran. Il constatait une modernisation du pays dans les secteurs culturel, social, Ă©conomique, politique, des relations internationales, et des Ă©changes universitaires internationaux. De nombreux anciens pasdarans qui occupent aujourd'hui des postes clefs sont allĂ©s Ă©tudier Ă  l’étranger. Il note que les notions de rĂ©publique, de dĂ©mocratie ou de libertĂ©s s’ancrent de plus en plus dans la sociĂ©tĂ© iranienne et crĂ©ent les conditions d’un changement profond ; changement dans lequel l’islam politique a une nouvelle place. Selon lui, « malgrĂ© la rĂ©pression, l’Iran est un pays oĂč les gens dĂ©battent, parlent, s’expriment, protestent. Quels que soient leurs efforts, les autoritĂ©s clĂ©ricales qui contrĂŽlent la justice et la police ne sont plus en mesure de contrĂŽler l’accĂšs Ă  l’information ni l’expression des revendications. Les actes de rĂ©pression pour l’exemple, notamment contre les journalistes, sont d’autant plus violents et systĂ©matiques, mais dĂ©noncĂ©s avec force et efficacitĂ©, mĂȘme par des membres du gouvernement ». Si des oppositions bloquent encore les processus Ă©lectoraux, ou la promulgation de lois, le pays a changĂ© et a pris l’habitude de l’indĂ©pendance et de la libertĂ© de parole, avant celle des actes[174].

Ces anticipations fort optimistes ont été largement démenties par l'histoire qui a suivi l'élection d'Ahmadinedjad, le candidat relai du grand ayatollah Khamenei représentant la ligne la plus dure du pouvoir théocratique.

En 2006, Emmanuel Todd, anthropologue, dĂ©mographe, historien, sociologue et essayiste français, faisait un constat voisin. L’Iran serait selon lui sur une trajectoire de modernisation qui lui interdirait toute rĂ©gression islamiste. Comme pour les rĂ©volutions française et russe : la montĂ©e de l’alphabĂ©tisation induit une crise idĂ©ologique et politique dĂ©bouchant sur la mise Ă  bas de la monarchie. La rĂ©volution est suivie d’une pĂ©riode violente, et le pays sort ensuite de la phase idĂ©ologique dure. La gĂ©nĂ©ralisation de l'accĂšs Ă  l’éducation entraĂźne le contrĂŽle dĂ©mographique et la modernisation des pensĂ©es. Il note aussi que si l’Iran n’est pas une dĂ©mocratie parfaite, ses Ă©lections rĂ©pĂ©tĂ©es tĂ©moignent d’un tempĂ©rament dĂ©mocratique. Enfin, il Ă©tablit un parallĂšle avec la rĂ©volution amĂ©ricaine qui, trouvant ses sources en une religion contestataire (le protestantisme), donnait naissance Ă  une dĂ©mocratie Ă  matrice religieuse[175].

Ces prĂ©dictions prĂȘtent aujourd'hui Ă  penser qu'E. Todd s'Ă©tait trompĂ© dans une trĂšs large mesure car depuis 2005 l'Iran a pris exactement la voie contraire de ce qu'il annonçait. Les Ă©lections sont apparues comme tellement peu rĂ©guliĂšres qu'une large proportion des Iraniens refusaient d'y participer, jusqu'Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2009 oĂč les Ă©lecteurs sont retournĂ©s aux urnes, du fait de la conviction qu'une possibilitĂ© existait qu'une opposition au courant islamiste dur puisse l'emporter.

Toutefois, au 30 juin 2009, aprĂšs la rĂ©Ă©lection contestĂ©e du prĂ©sident de la rĂ©publique sortant, le non-respect flagrant des droits de l'homme en Iran Ă©tait plus que jamais frappant. "Selon les tĂ©moignages qui parviennent de l’intĂ©rieur de l’Iran, les vagues d’arrestations se poursuivent et prennent chaque jour de l’ampleur. Les prisons dĂ©bordent de personnes arrĂȘtĂ©es. Les pasdarans en envoient aussi beaucoup dans les garnisons des gardiens de la rĂ©volution, de la milice Bassidji et dans des caches secrĂštes. C’est Ă  TĂ©hĂ©ran que l’on compte le plus grand nombre d’arrestations. En province, on perd la trace des prisonniers. Ce sont des manifestants interpellĂ©s dans la rue, mais aussi des gens arrĂȘtĂ©s chez eux la nuit lors de raids sauvages des miliciens, pour avoir criĂ© « Allah-o-Akbar » et « Mort au dictateur » sur les toits[176]".

Le régime a pris un tour de plus en plus répressif et de plus en plus éloigné de la démocratie et désormais le sort des droits de l'homme en Iran, déjà fort peu respectés, inquiÚte plus que jamais tous les observateurs internationaux.

Sources

Notes

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Voir aussi

Articles connexes

Textes de lois

Rapports d’ONG et de l'ONU

Sites de comitĂ©s de soutien aux droits de l’homme en Iran ou d’opposants

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