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Sadeq Khalkhali

L’ayatollah Sadeq Ahmadi Givi, plus connu sous le nom de Sadeq Khalkhali (en persan : Ű”Ű§ŰŻÙ‚ ŰźÙ„ŰźŰ§Ù„ÛŒ, Sādeq KhalkhalÄ«), nĂ© en 1926 et mort le , Ă©tait un religieux chiite iranien, principalement connu pour son poste de chef des tribunaux rĂ©volutionnaires iraniens. Il a Ă©tĂ© tellement expĂ©ditif dans sa maniĂšre de rendre la justice qu’il est connu sous le surnom de « Juge qui pend Â» ou du « boucher Â». Il a Ă©galement inventĂ© le concept de « culpabilitĂ© Ă©vidente Â», selon lequel l’accusĂ© est prĂ©sumĂ© coupable si ses crimes paraissent Ă©vidents avant le dĂ©but du procĂšs[1].

Sadeq Khalkhali
Fonctions
Député à l'Assemblée consultative islamique
Qom (en)
-
Grand ayatollah (d)
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  77 ans)
Téhéran
SĂ©pulture
Nom dans la langue maternelle
Ű”Ű§ŰŻÙ‚ ŰźÙ„ŰźŰ§Ù„ÛŒ
Nationalité
Formation
Activités
Enfant
Fatemeh Sadeghi (d)

Khalkhali est connu pour avoir Ă©tĂ© l'un des disciples de Khomeini dĂšs 1955[2] et aurait reconstruit l'ancienne sociĂ©tĂ© secrĂšte d'assassins islamiques connue sous le nom de Fadayan-e Islam aprĂšs sa suppression dans les annĂ©es 50[3]. Il n’empĂȘche que ce n'Ă©tait pas une figure connue du public avant la rĂ©volution islamique

Histoire

Fils d'un fermier d'origine azerbaĂŻdjanaise iranienne est nĂ© Ă  Givi (province d'Ardabil en Iran), Sadeq Khalkhali est issu d’une famille de religieux d’origines modestes et aux idĂ©es politiques radicales. Pendant le rĂšgne de Mohammad Reza Pahlavi, il a Ă©tĂ© exilĂ© Ă  plusieurs reprises, notamment pour avoir traitĂ© Cyrus le Grand de « sodomite dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© ».

Il a Ă©tĂ© choisi par l’ayatollah Khomeini le pour ĂȘtre le chef des tribunaux rĂ©volutionnaires nouvellement Ă©tablis et pour rendre les dĂ©cisions islamiques.

Au début de la révolution, il condamna à mort des centaines d'anciens fonctionnaires du régime Pahlavi pour des accusations telles que « propagation de la corruption sur terre » et « guerre contre Dieu »[4]. La plupart des condamnés n'avaient pas accÚs à un avocat ou à un jury. Parmi eux, les plus célÚbres sont Amir Abbas Hoveida, premier ministre du chah pendant huit ans, le général Nader Djahanbani, ou Nematollah Nassiri, ancien chef de la SAVAK, la police secrÚte durant la dynastie des Pahlavi.

Il a mĂȘme parfois appliquĂ© la sentence lui-mĂȘme. Concernant Amir Abbas Hoveida, les appels Ă  la clĂ©mence ont affluĂ© du monde entier et Khalkhali aurait reçu l'ordre par tĂ©lĂ©phone d’annuler l'exĂ©cution. Khalkali aurait alors rendu visite en personne Ă  Hoveida et lui tira dessus lui-mĂȘme ou ordonna Ă  un serviteur de faire l'acte en dĂ©clarant Ă  la personne Ă  l'autre bout du fil : "Je suis dĂ©solĂ©, la sentence a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©e"[5]. Dans une autre version de l'histoire, Khalkhali prĂ©sidant l'exĂ©cution de Hoveida, se serait assurĂ© que les liens de communication entre la prison de Qasr et le monde extĂ©rieur soient coupĂ©s, "pour empĂȘcher toute intercession de derniĂšre minute en sa faveur par Mehdi Bazargan, le Premier ministre provisoire "[6]. En jugeant Hoveida, Khalkhali a effectivement sapĂ© la position du Premier ministre provisoire de la RĂ©volution islamique, le modĂ©rĂ© Mehdi Bazargan, qui dĂ©sapprouvait la Cour rĂ©volutionnaire islamique et cherchait Ă  Ă©tablir la rĂ©putation de justice et de modĂ©ration de la RĂ©volution.

Khomeini le charge ensuite de s’occuper du problĂšme des Kurdes qui rĂ©clament leur autonomie au cours de la rĂ©volution, ainsi que d’autres autonomistes, puis des trafiquants de drogue. Il affirme dans une interview qu'il a dĂ» exĂ©cuter moins de 1 000 personnes au plus fort de ses activitĂ©s, le tribunal rĂ©volutionnaire de Khalkhali a condamnĂ© Ă  mort "jusqu'Ă  60 Kurdes par jour"[5].

Certains de ses critiques signalent qu'il a séjourné dans une institution psychiatrique dans sa jeunesse, et qu'il éprouvait du plaisir à étrangler des chats[1] - [7].

Khalkhali Ă©tait connu pour son antipathie envers l'Iran prĂ©islamique. En 1979, il Ă©crivit un livre dĂ©signant le roi Cyrus le Grand comme un "tyran, un menteur et un homosexuel". En , il dĂ©truit la tombe de Reza Shah et d’autres membres de la famille Pahlavi, au sud de TĂ©hĂ©ran, aidĂ© par 200 gardes rĂ©volutionnaires[8]. Ayant appelĂ© Ă  la destruction du Tombeau de Cyrus et des restes du palais persan de deux mille ans Ă  Chiraz, il essaiera de dĂ©truire le site archĂ©ologique de PersĂ©polis, une citĂ© royale AchĂ©mĂ©nide, mais en sera empĂȘchĂ© par le gouverneur de la province du Fars et des habitants qui se dĂ©fendront Ă  coups de jets de pierres[9].

Pendant la crise iranienne des otages, il apparait à la télévision en train de pousser les corps brûlés des agents américains à la suite du crash de deux hélicoptÚres envoyés en Iran dans le cadre de l'opération Eagle Claw[1].

Khalkhali, dans ses fonctions au sein du gouvernement rĂ©volutionnaire islamique, s'est donnĂ© pour mission d'Ă©liminer la communautĂ© bahĂĄ'Ă­e en Iran (la plus grande minoritĂ© religieuse non musulmane). Les bahĂĄ'Ă­s ont Ă©tĂ© privĂ©s de tous les droits civils et humains qui leur avaient Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment reconnus et plus de 200 ont Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s ou tuĂ©s au cours des premiĂšres annĂ©es de la RĂ©publique islamique. Tous les biens bahĂĄ'Ă­s ont Ă©tĂ© saisis, y compris son site le plus sacrĂ©, la Maison des BĂĄb Ă  Chiraz, qui a Ă©tĂ© remise par le gouvernement Ă  Khalkhali pour les activitĂ©s du Fada'iyan-e-Islam[10]. Le site a ensuite Ă©tĂ© rasĂ© ainsi que tout le quartier, pour construire une mosquĂ©e et une nouvelle route. En plus de prĂ©sider le tribunal rĂ©volutionnaire islamique qui a entraĂźnĂ© l'exĂ©cution de dizaines de membres des conseils bahĂĄ'Ă­s Ă©lus, Khalkhali a assassinĂ© un bahĂĄ'Ă­, Muhammad Muvahhed, qui avait disparu en 1980 dans le systĂšme carcĂ©ral rĂ©volutionnaire. Il a Ă©tĂ© rapportĂ© plus tard que Khalkhali s'est personnellement rendu dans la cellule de Muvahhed, a exigĂ© qu'il renonce Ă  sa foi et devienne musulman. Quand Muvahhed refusa, Khalkhali se couvrit le visage d'un oreiller et lui tira une balle dans la tĂȘte[11].

En , considéré comme indésirable par les dirigeants de la république islamique, il est forcé à démissionner par le président de l'Iran, Abolhassan Bani Sadr, car il ne peut pas justifier la disparition de plusieurs millions de dollars à la suite des saisies effectuées sur des trafiquants de drogue et aux amendes infligées par le tribunal qu'il dirigeait[8].

Il sera ensuite député de Qom au Majles (Parlement iranien) pendant deux législatures consécutives (8 ans). AprÚs la mort de Khomeini en 1989, il perd ses appuis au sein du régime. Il verra sa candidature au Parlement puis à l'Assemblée des experts invalidée par le conseil des Gardiens en 1989 puis 1991.

AprĂšs l’élection de Mohammad Khatami en 1997, il exprime son soutien au mouvement de rĂ©forme politique et prend la dĂ©fense de dissidents politiques[8].

Dans une interview menĂ©e par Serge Michel pour Le Figaro en 2000, interrogĂ© sur la possibilitĂ© qu’il puisse comparaĂźtre devant la justice internationale, il rĂ©pond qu'il n’a rien fait de mal, sinon Khomeini le lui aurait dit[12].Il aurait dĂ©clarĂ© : "Si mes victimes revenaient sur terre, je les exĂ©cuterais Ă  nouveau, sans exception"[5].

Fin de carriĂšre et mort

Khalkhali se retira Ă  Qom, oĂč il enseigna aux sĂ©minaristes islamiques chiites. Il meurt le , Ă  l'Ăąge de 77 ans, des suites d'un cancer et d'une maladie cardiaque. Au moment de sa mort, le prĂ©sident du Parlement, Mehdi Karoubi, a saluĂ© la performance du juge dans les premiers temps de la rĂ©volution.

Vie familiale et personnelle

Khalkhali était marié et avait un fils et deux filles. Sa fille, Fatemeh Sadeqi, bien que née dans un environnement islamique restrictif, a fait des études universitaires, a obtenu un doctorat et est maintenant connue pour ses opinions laïques[13]. Elle est l'auteur de "Why We Say No to Forced Hijab" - un document largement diffusé en 2008.

Notes et références

  1. (en) « Sadeq Khalkhali », The Daily Telegraph, 27/11/2003
  2. (en) Jubin M.Goodarzi ., Syria and Iran : Diplomatic Alliance and Power Politics in the Middle East, I.B.Tauris, , p. 296
  3. (en) Taheri,, The Spirit of Allah, (1985), p.115
  4. (en) Ervand Abrahamian, Tortured Confessions : Prisons and Public Recantations in Modern Iran, University of California Press, , p. 127.
  5. (en) Taheri, Amir,, Spirit of Allah : Khomeini and the Islamic Revolution, Adler and Adler, , p187.
  6. (en) Martin, Douglas, The Persecution of the Bahá'ís of Iran, 1844-1984., Ottawa, Bahá'í Studies no.12/13., , pp. 43–44.
  7. cité aussi dans Ashraf Pahlavi, Jamais résignée, La Table Ronde, Paris, 1983, (ISBN 2-7103-0167-9)
  8. (en) Sadeq Khalkhali, The Economist, 11/12/2003
  9. (en) Vahman, Fereydun, 175 Years of Persecution : A History of the Babis & Baha'is of Iran., Londres, Oneworld., , pp. 170–171
  10. (en) Bakhash, Shaul,, The Reign of the Ayatollahs : Iran and the Islamic Revolution,, New York, Basic Books,, , p. 111
  11. (en) « Qaddafi Meets an Ayatollah », The New York Times,‎ 2 janvier 1992.
  12. voir une reproduction de l'interview sur un site consacré à Hoveida. L'interview est également disponible dans les archives payantes du Figaro
  13. "Getting to Know the Représentative in the Mailes" (PDF), Iranian Parlement, The social science Data portal, p79

Voir aussi

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