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Cyanure d'hydrogĂšne

Le cyanure d'hydrogĂšne est un composĂ© chimique de formule chimique H-C≡N. Une solution aqueuse de cyanure d'hydrogĂšne est appelĂ©e acide cyanhydrique (ou acide prussique).

Cyanure d'hydrogĂšne
Image illustrative de l’article Cyanure d'hydrogùne
Identification
Nom UICPA cyanure d'hydrogĂšne
Synonymes

Acide cyanhydrique
Acide prussique

No CAS 74-90-8
No ECHA 100.000.747
No CE 200-821-6
No RTECS MW6825000
PubChem 768
SMILES
InChI
Apparence liquide ou gaz incolore, d'odeur caractéristique[1]
Propriétés chimiques
Formule CHN [IsomĂšres]HCN
Masse molaire[2] 27,025 3 ± 0,001 1 g/mol
C 44,44 %, H 3,73 %, N 51,83 %,
pKa 9,2 - 9,3
Moment dipolaire 2,985 188 D[3]
Propriétés physiques
T° fusion −13 °C[1]
T° ébullition 26 °C[1]
Solubilité dans l'eau : miscible[1],

miscible Ă  l'Ă©thanol
soluble dans l'Ă©ther

ParamÚtre de solubilité Ύ 24,8 MPa1/2 (25 °C)[4]
Masse volumique 0,69 g cm−3 (liquide)[1]
T° d'auto-inflammation 538 °C[1]
Point d’éclair −18 °C (coupelle fermĂ©e)[1]
Limites d’explosivitĂ© dans l’air 5,6–40,0 %vol[1]
Pression de vapeur saturante Ă  20 °C : 82,6 kPa[1]
ViscositĂ© dynamique 0,192 mPa s (20 °C)
Point critique 53,9 bar, 183,55 °C[6]
Thermochimie
S0liquide, 1 bar 109 kJ/mol
ΔfH0liquide 113,01 J mol−1 K−1
Cp 71,09 J mol−1 K−1 (20 °C, liquide)
35,85 J·mol-1·K-1 (25 °C, gaz)
PCS 671,5 kJ mol−1 (25 °C, gaz)[8]
Propriétés électroniques
1re énergie d'ionisation 13,60 ± 0,01 eV (gaz)[9]
Précautions
SGH[10] - [11]
SGH02 : InflammableSGH06 : ToxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H224, H330 et H410

SGH06 : ToxiqueSGH09 : Danger pour le milieu aquatique
Danger
H300, H310, H330 et H410
SIMDUT[12]
B2 : Liquide inflammableD1A : MatiÚre trÚs toxique ayant des effets immédiats gravesF : MatiÚre dangereusement réactive
B2, D1A, F,
NFPA 704
Transport
-


-

Inhalation TrĂšs toxique
Peau TrĂšs toxique
Yeux Provoque des conjonctivites
Ingestion TrĂšs toxique
Écotoxicologie
LogP −0,25[1]
Seuil de l’odorat bas : 2 ppm
haut : 10 ppm[13]

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Il s'agit d'un produit extrĂȘmement toxique et qui peut ĂȘtre mortel, car il cause une anoxie du fait de l’analogie structurale de l’ion CN− avec la molĂ©cule d’O2 et de son affinitĂ© pour la molĂ©cule d’hĂ©moglobine qui transporte l’oxygĂšne dans le sang. Dans la nature, il est souvent associĂ© au benzaldĂ©hyde qui dĂ©gage une odeur d’amande amĂšre caractĂ©ristique, Ă  laquelle certaines personnes ne sont pas sensibles.

Histoire

Le cyanure d'hydrogÚne fut initialement isolé d'un pigment bleu (le bleu de Prusse), connu depuis 1704, mais dont on ignorait la structure. On sait aujourd'hui que c'est un polymÚre de coordination, avec une structure complexe et une formule empirique de ferrocyanure de fer hydraté.

En 1752, le chimiste français Pierre Macquer montra que le bleu de Prusse pouvait ĂȘtre converti en oxyde de fer et un composĂ© volatil, et que la combinaison de ces deux produits redonnait le bleu de Prusse. Le nouveau composĂ© Ă©tait prĂ©cisĂ©ment le cyanure d'hydrogĂšne. AprĂšs Macquer, le chimiste suĂ©dois Carl Wilhelm Scheele synthĂ©tisa le cyanure d'hydrogĂšne en 1782, et le nomma BlausĂ€ure (lit. « acide de bleu »), ayant reconnu son aciditĂ©. En anglais, il fut davantage connu sous le nom de prussic acid.

En 1787, le chimiste français Claude Louis Berthollet montra que le cyanure d'hydrogÚne ne contenait pas d'oxygÚne, ce qui fut essentiel pour la théorie des acides, Lavoisier ayant postulé que tous les acides contenaient de l'oxygÚne (le nom de l'oxygÚne provient du grec qui signifie « qui engendre l'acidité », tout comme pour l'allemand Sauerstoff). En 1811, Joseph Louis Gay-Lussac parvint à liquéfier le cyanure d'hydrogÚne pur, puis, en 1815, il en établit la formule chimique.

Sources naturelles

ExtrĂȘmement toxique, l'acide cyanhydrique est produit naturellement par certains vĂ©gĂ©taux, et peut ĂȘtre trouvĂ© notamment dans les amandes amĂšres, les noyaux de pĂȘche (et plus gĂ©nĂ©ralement les noyaux des fruits du genre Prunus), de nĂšfles, les feuilles de cerisier (Prunus avium) et de laurier-cerise (Prunus laurocerasus), le sorgho (jeune plante et graines non mĂ»res), le sureau hiĂšble et le manioc. Il intervient aussi dans l’arĂŽme des cerises (comme le benzaldĂ©hyde).

Il est prĂ©sent dans les cyanhydrines comme les mandĂ©lonitriles, et peut en ĂȘtre extrait par voie chimique. Certains millepattes dĂ©gagent du cyanure d'hydrogĂšne comme mĂ©canisme de dĂ©fense. Il est contenu dans les gaz d'Ă©chappement des vĂ©hicules Ă  combustion interne, dans la fumĂ©e de tabac, dans les fumĂ©es chirurgicales et dans la fumĂ©e de combustion de certaines matiĂšres plastiques contenant de l'azote — typiquement, le polyacrylonitrile et les copolymĂšres associĂ©s, ABS et SAN, mais aussi le polyurĂ©thane.

Préparation et synthÚse

Le cyanure d'hydrogÚne est produit en grande quantité par deux procédés :

CH4 + NH3 → HCN + 3 H2
Cette réaction est semblable à celle du méthane et de l'eau pour former CO et H2 (procédé dit « du gaz à l'eau ») ;
CH4 + NH3 + 1,5 O2 → HCN + 3 H2O
Cette rĂ©action se produit sur un catalyseur constituĂ© de fils en alliage platine/rhodium (gĂ©nĂ©ralement 90/10 %) Ă  une tempĂ©rature d'environ 1 100 °C.
  • Le procĂ©dĂ© Shawinigan est assez semblable aux prĂ©cĂ©dents mais utilise des coupes d'hydrocarbures avec comme principal composant le propane :
C3H8 + 3 NH3 → 3 HCN + 7 H2
La rĂ©action a lieu dans un lit fluidisĂ© avec des particules de coke Ă  une tempĂ©rature supĂ©rieure Ă  1 300 °C. Aucun catalyseur n'est nĂ©cessaire.
  • Au laboratoire, de petites quantitĂ©s d'HCN sont produites par action d'acide sur un cyanure alcalin.
H+ + NaCN → HCN + Na+

Cette réaction est la source d'empoisonnements accidentels.

Propriétés

Propriétés physiques

Le cyanure d'hydrogÚne se présente, à l'état pur, sous la forme d'un liquide incolore trÚs volatil, ou d'un gaz incolore exhalant une odeur caractéristique d'amande amÚre. Il bout à 26 °C.

Il est miscible en toutes proportions avec l'eau et l'éthanol, soluble dans l'oxyde de diéthyle (éther).

Le cyanure d'hydrogĂšne gazeux dans l'air est explosif Ă  partir d'une concentration de 56 000 ppm (5,6 %).

Propriétés chimiques

Le cyanure d'hydrogĂšne pur est stable.

Moins pur, comme il est commercialisĂ©, et s'il n'est pas stabilisĂ©, il polymĂ©rise en donnant un dĂ©pĂŽt brun. Ce processus, exothermique et autocatalytique, s'accĂ©lĂšre en prĂ©sence d'eau et de produits Ă  rĂ©action alcaline, et peut ainsi conduire Ă  une rĂ©action explosive. Le stabilisant le plus frĂ©quent est l'acide phosphorique, employĂ© dans des proportions de 50 Ă  100 ppm.

Le cyanure d'hydrogĂšne est faiblement acide et produit des ions cyanure CN− en solution aqueuse. Les sels de l'acide cyanhydrique sont appelĂ©s « cyanures ».

RĂ©actions

HCN + R-CO-R' (cĂ©tone ou aldĂ©hyde) → R-C(OH)(CN)-R' (cyanhydrine)

Le cyanure d'hydrogÚne brûle dans l'air en donnant de l'eau, du dioxyde de carbone et du diazote.

Chimie prébiotique

Diaminomaléonitrile.

L'acide cyanhydrique se serait formĂ© grĂące Ă  la dissociation de l'azote molĂ©culaire prĂ©sent dans l'atmosphĂšre. Les rayons ultraviolets pourraient rĂ©aliser cette rĂ©action, Ă  condition d'ĂȘtre suffisamment Ă©nergĂ©tiques (longueur d'onde infĂ©rieure Ă  100 nm), ce qui exclut toute rĂ©action dans les couches les plus basses de l'atmosphĂšre oĂč les ultraviolets les plus Ă©nergĂ©tiques sont absorbĂ©s. La voie prĂ©fĂ©rentielle pour synthĂ©tiser l'acide cyanhydrique Ă  partir de l'azote semble ĂȘtre les Ă©clairs, qui libĂšrent une Ă©nergie considĂ©rable sur leurs parcours, propre Ă  casser de nombreuses molĂ©cules. Une fois la molĂ©cule de diazote brisĂ©e, un atome d'azote peut rĂ©agir avec une molĂ©cule de mĂ©thane (CH4) pour donner de l'acide cyanhydrique et de l'hydrogĂšne.

Le tétramÚre diaminomaléonitrile (en) se forme par polymérisation du cyanure d'hydrogÚne. Par une réaction photochimique, il se transforme en son isomÚre 4-amino-imidazole-5-carbonitrile, qui permet ensuite la synthÚse de nombreux hétérocycles[14] - [15]. De ce fait, il est considéré comme un composé candidat possible dans l'origine de la chimie prébiotique.

Utilisations

Le cyanure d'hydrogÚne est utilisé pour la fabrication :

Sécurité

Voir la section Étiquetage selon les directives CE, à la fin de cet article.

Risques d'incendie

Le cyanure d'hydrogĂšne, dont le point d'Ă©clair est de −17,8 °C (coupelle fermĂ©e), est extrĂȘmement inflammable. Il peut former des mĂ©langes explosifs avec l'air et ses limites d'explosivitĂ© sont de 5,6 et 41 % en volume.

Établissements recevant du public (ERP)

En France, l'arrĂȘtĂ© du 4 novembre 1975 modifiĂ© impose que la masse des matĂ©riaux inflammables utilisĂ©s dans les amĂ©nagements intĂ©rieurs des Ă©tablissements recevant du public n'entraĂźne pas une quantitĂ© d'azote pouvant ĂȘtre libĂ©rĂ©e sous forme d'acide cyanhydrique supĂ©rieure Ă  cinq grammes par mĂštre cube du volume du local considĂ©rĂ©.

Toxicité pour l'Homme

L'intoxication aiguĂ« peut survenir par ingestion, par inhalation, ou par contact avec la peau. Une concentration de 300 ppm dans l'air tue un homme en quelques minutes. Sa toxicitĂ© est due Ă  l'ion cyanure. Le cyanure d'hydrogĂšne est utilisĂ© aux États-Unis comme mĂ©thode d'exĂ©cution de la peine de mort et a Ă©tĂ© utilisĂ© par le rĂ©gime nazi (sous le nom de Zyklon B) dans les camps d'extermination comme outil « d'extermination de masse ». Le mĂȘme produit est toujours fabriquĂ© actuellement en RĂ©publique tchĂšque, sous le nom « Uragan D2 », et utilisĂ© comme pesticide.

Le seuil de perception olfactive est inférieur à ppm chez les sujets attentifs, sains et non habitués ; cependant, de nombreuses personnes, pour des raisons génétiques, ne perçoivent pas ou peu l'odeur du cyanure d'hydrogÚne.

Des taux de concentration atmosphĂ©riques supĂ©rieurs Ă  50 ppm respirĂ©s pendant plus d'une demi-heure reprĂ©sentent un risque important, alors que des taux de 200 Ă  400 ppm ou plus sont considĂ©rĂ©s comme pouvant entraĂźner la mort aprĂšs une exposition de quelques minutes. À titre indicatif, la dose lĂ©tale 50 pour le rat est de 484 ppm pour une exposition de cinq minutes.

Source

  • Institut national de recherche et de sĂ©curitĂ©, Cyanure d'hydrogĂšne et solutions aqueuses [PDF], fiche toxicologique no 4, 1997, Paris, 5 p.

Dans la littérature

Au cinéma

  • La solution aqueuse de cyanure d'hydrogĂšne apparaĂźt sous son nom d'acide prussique lors d'un dialogue entre Bernard Blier et Annie Girardot dans le film Elle cause plus... elle flingue (1972) de Michel Audiard, Ă©voquant un ancien dĂźner en tĂȘte Ă  tĂȘte entre ces deux personnages et qui avait mal fini.
  • UtilisĂ© sous le nom d'acide prussique dans le film En secret (2014) par les amants Laurent et ThĂ©rĂšse Raquin pour mettre fin Ă  leurs jours.
  • UtilisĂ© dans le film Jurassic World: Fallen Kingdom dans le manoir Lockwood.
  • UtilisĂ© dans le film Skyfall sorti en 2012 lors d’un dialogue entre M et l’ex-agent Da Silva du MI6.
  • Le service King's Man essaie d'assassiner Raspoutine avec un gĂąteau Ă  l'amande (The King's Man). Raspoutine dĂ©couvre le poison Ă  cause de la similitude connue entre l'amande et le cyanure d'hydrogĂšne.

Notes et références

  1. CYANURE D'HYDROGENE, LIQUEFIE, Fiches internationales de sécurité chimique .
  2. Masse molaire calculĂ©e d’aprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 9-50.
  4. (en) James E. Mark, Physical Properties of Polymer Handbook, Springer, , 2e Ă©d., 1076 p. (ISBN 978-0-387-69002-5 et 0-387-69002-6, lire en ligne), p. 294.
  5. (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, États-Unis, McGraw-Hill, , 7e Ă©d., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50.
  6. « Properties of Various Gases », sur flexwareinc.com (consulté le ).
  7. (en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams, vol. 1-3, Huston, Texas, Gulf Pub. Co., (ISBN 0-88415-857-8, 0-88415-858-6 et 0-88415-859-4).
  8. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press, , 83e éd., 2664 p. (ISBN 0849304830, présentation en ligne), p. 5-89.
  9. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, Boca Raton, CRC Press/Taylor & Francis, , 89e éd., 2736 p. (ISBN 9781420066791, présentation en ligne), p. 10-205.
  10. Numéro index 006-006-00-X dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE no 1272/2008 (16 décembre 2008).
  11. Numéro index 006-006-01-7 dans le tableau 3.1 de l'annexe VI du rÚglement CE no 1272/2008 (16 décembre 2008).
  12. « Cyanure d'hydrogÚne » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009.
  13. « Hydrogen cyanide », sur hazmap.nlm.nih.gov (consulté le ).
  14. Tom Maimone, PrebioticChemistry, sur scripps.edu.
  15. Cleaves, H.J., Prebiotic Chemistry: What We Know, What We Don't, Evo. Edu. Outreach, 2012, 5, 342.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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