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Conflit armé colombien

Le conflit armĂ© colombien est un conflit interne en Colombie. On date son origine au milieu des annĂ©es 1960 avec la crĂ©ation de diffĂ©rentes guĂ©rillas marxistes. À partir des annĂ©es 1980, des groupes paramilitaires se constituent, se prĂ©sentant comme une force de contre-insurrection opposĂ©e aux guĂ©rillas que l'État ne parvient pas Ă  vaincre. Au cours des annĂ©es 2000, les AutodĂ©fenses unies de Colombie, principal groupe paramilitaire, sont officiellement dĂ©sarmĂ©es aprĂšs un accord de paix avec le gouvernement (remplacĂ©es par des « groupes Ă©mergents » moins puissants). Le conflit se poursuit Ă  la fin des annĂ©es 2000 entre les Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie (FARC) et l'ELN (marxiste), les cartels paramilitaires (BACRIM) et les forces gouvernementales.

Conflit armé colombien
Description de l'image Collage conflicto interno armado en Colombia.jpg.
Informations générales
Date Depuis 1964 - en cours
(59 ans)
Lieu Colombie
Issue

En cours

Traité de paix avec les FARC en 2016.
Belligérants
République de Colombie Guérillas :
FARC
ELN
EPL
CGSB
Movimiento 19 de Abril
ERB
MAQL
PRT
CRS
Paramilitaires :
AUC
‱ BACRIM
‱ AAA
‱ Águilas Negras
‱ Los Rastrojos
‱ Los Urabeños
‱ La Oficina de Envigado
‱ Libertadores del Vichada
‱ ERPAC

Cartels:

Cartel de MedellĂ­n
Cartel de Cali
Cartel de la Costa
Cartel del Norte del Valle
Forces en présence
ArmĂ©e : 283 000
Police : 158 800[1]
FARC : 17 000 (en 2000)

FARC : 8 000 (en 2010)[2]

FARC : 7 000 (en 2017)[3]
ELN : 3 000 (2022)
EPL : 500[4]
>4 000[5]
Pertes
Au moins 450 664 morts entre 1985 et 2018
121 768 disparus
7 700 000 dĂ©placĂ©s

Conflit armé colombien

Batailles

Années 1970
AnorĂ­

Années 1980
Palais de justice

Années 1990

Années 2000

Années 2010

Entre 1985 et 2018, le conflit a fait au moins 450 664 morts, 121 768 disparus et 7,7 millions de dĂ©placĂ©s d'aprĂšs la Commission de la vĂ©ritĂ©. Il constitue, selon le sous-secrĂ©taire des Nations unies pour les questions humanitaires, « la plus grande catastrophe humanitaire de l’hĂ©misphĂšre occidental »[6].

Un accord de cessez-le-feu définitif (les FARC observaient déjà auparavant un cessez-le-feu unilatéral) est annoncé le qui est déclaré comme étant « le dernier jour de guerre » entre les FARC et le gouvernement[7]. L'accord de paix est finalement signé le et soumis à référendum[8]. Le , le gouvernement colombien et les FARC paraphent l'accord de paix mettant fin au conflit armé qui les opposait.

Le rĂ©fĂ©rendum rejette de justesse l'accord, mais une nouvelle phase de nĂ©gociation permet de modifier le projet, finalement adoptĂ© par le parlement[9]. Le conflit se poursuit toutefois entre l'État colombien et des groupes armĂ©s divers : guĂ©rillas subsistantes (ELN, EPL), dissidents des FARC, groupes paramilitaires, les uns et les autres pouvant en outre ĂȘtre liĂ©s au narcotrafic[10].

Historique

Origines

L'actuel conflit armé colombien commence à l'issue de la période dite de La Violencia, au milieu des années 1960, avec la formation de deux groupes de guérilla marxistes : les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l'Armée de libération nationale (ELN). Le premier de ces groupes émerge comme branche militaire du Parti communiste colombien, à partir de groupes de guérilla issus de la République de Marquetalia et des autres zones d'autodéfense communistes constituées en particulier dans les départements du Tolima et du Meta. Les FARC sont essentiellement constituées de paysans, avec un fort encadrement du Parti communiste.

L'ELN est un groupe d'inspiration castriste qui se fonde Ă  la mĂȘme pĂ©riode dans le dĂ©partement de Santander, bĂ©nĂ©ficiant initialement du soutien des communistes au travers des syndicats des ouvriers du pĂ©trole. Rapidement, des tensions se font jour entre les deux groupes : tandis que les castristes, selon la thĂ©orie foquiste, croient que la guĂ©rilla peut mener Ă  la rĂ©volution mĂȘme si toutes les conditions objectives n'en sont pas rĂ©unies, les communistes « orthodoxes » jugent que dans la situation de la Colombie de la fin des annĂ©es 1960, la prioritĂ© doit ĂȘtre donnĂ©e Ă  l'action de masse au travers du Parti communiste et des syndicats. L'ELN obtient une importante couverture mĂ©diatique grĂące Ă  des actions Ă  fort impact comme le dynamitage d'un train dans le dĂ©partement de Santander, et Ă  la personnalitĂ© de Camilo Torres, prĂȘtre extrĂȘmement populaire qui rejoint l'ELN et pĂ©rit rapidement lors d'un affrontement avec une patrouille militaire.

En 1967, un troisiÚme groupe de guérilla, l'Armée populaire de libération (EPL) émerge à partir d'une scission maoïste du Parti communiste colombien. Toutefois, ces groupes de guérilla ne connaissent pas d'importants succÚs et, au début des années 1970, sont réduits à quelques centaines d'hommes agissant dans des zones reculées du pays. L'ELN est durement touchée en 1973 au cours de l'opération Anorí, mais quelques dizaines de guérilleros échappent à l'encerclement de l'armée et continuent leur lutte armée.

DĂšs 1969, un rĂšglement de l’armĂ©e ordonne « l’organisation militaire de la population civile dans le but de soutenir les opĂ©rations de combat (
) sous contrĂŽle direct des unitĂ©s militaires ». En 1976, le commandement de l'armĂ©e souligne que « si une guerre circonscrite et non conventionnelle entraĂźne trop de risques, les techniques paramilitaires sont une force sĂ»re, utile et nĂ©cessaire aux objectifs politiques ». Des organisations paramilitaires telles que l’Alliance anticommuniste amĂ©ricaine (triple A) commencent alors Ă  assassiner des militants de gauche[11].

Années 1970-1980

Les années 1970 sont marquées par la reconstitution des structures des FARC et de l'ELN, qui parviennent à conserver leurs bases d'appui rurales, par l'émergence du Movimiento 19 de Abril (M-19). En 1982, le président conservateur Belisario Betancur, constatant le peu de résultats des politiques de répressions observées par ses prédécesseurs, propose d'engager des négociations avec les guérillas. Longtemps dénoncés comme de simples bandits ou criminels, le caractÚre politique des motivations des guérilleros est reconnu et, pour la premiÚre fois, un gouvernement concÚde l'existence de « raisons objectives » au développement de la lutte armée colombienne. Les guérillas répondent favorablement à cette politique d'ouverture, et en 1985 les FARC constituent en association avec une fraction de l'ELN, le Parti communiste et d'autres acteurs politiques civils l'Union patriotique. Le M-19 convient également d'un cessez-le-feu avec le gouvernement[12].

Cette nouvelle stratĂ©gie du pouvoir colombien Ă  l'adresse des guĂ©rillas est nĂ©anmoins loin d’emporter l'adhĂ©sion de tous. Les États-Unis qui, dirigĂ©s par Ronald Reagan, cherchent Ă  appliquer en AmĂ©rique latine une politique intransigeante de contre-insurrection acceptent trĂšs mal l'idĂ©e de nĂ©gociations. L'ambassadeur amĂ©ricain Lewis Tambs s'emploie ainsi Ă  torpiller les nĂ©gociations et forge durant cette pĂ©riode l'expression de « narco-guĂ©rilla ». Par ailleurs, de grands propriĂ©taires terriens, alarmĂ©s par le discours introduit par les ex-guĂ©rilleros dans le dĂ©bat politique national en matiĂšre de rĂ©forme agraire, entreprennent de renforcer des groupes paramilitaires privĂ©s qui constitueront ultĂ©rieurement les AUC. De plus, « les efforts pour chercher une solution non violente ou politique au conflit interne ont Ă©tĂ© perçus par le haut commandement militaire comme des avancĂ©es de la guĂ©rilla communiste vers le pouvoir[11]. » Enfin, les puissants cartels de drogue du pays qui possĂ©daient dans les annĂ©es 1980 une influence considĂ©rable sur la classe politique colombienne grĂące Ă  l'effet de la corruption, et nourrissaient une relative inquiĂ©tude Ă  voir Ă©merger une nouvelle mouvance politique.

Dans ce contexte, l'Union patriotique fait rapidement l'objet d'une rĂ©pression sanglante Ă  laquelle prennent part cartels de drogue et paramilitaires, mais aussi certains secteurs de l'armĂ©e et de la police. Cette campagne d'assassinats se poursuit plusieurs annĂ©es et laisse des milliers de militants tuĂ©s, ainsi que la plupart des Ă©lus du parti et ses candidats aux Ă©lections prĂ©sidentielles. De son cĂŽtĂ©, le M-19 dĂ©nonce des attaques de l'armĂ©e contre ses forces (dont notamment l'assassinat de l'un de ses dirigeants politiques) et l’inflexibilitĂ© du gouvernement sur les thĂ©matiques sociales abordĂ©es au cours des nĂ©gociations. L'ensemble des guĂ©rillas reprennent progressivement la lutte armĂ©e.

À partir de cette Ă©poque, le conflit n'Ă©pargne plus les grands centres urbains : la prise du palais de justice de Bogota, les 5 et , par le M-19, fait une centaine victimes dont 33 des 35 assaillants, 11 employĂ©s et civils et 48 militaires et une dizaine de disparations[13]. La Coordination guĂ©rilla Simon Bolivar est crĂ©Ă©e en 1987. Cette structure est un espace de travail commun entre l'ELN, l'EPL, le M-19, ainsi que des groupes de moindre importance : le PRT (maoĂŻste) et le Movimiento Armado QuintĂ­n Lame, guĂ©rilla indigĂšne du dĂ©partement du Cauca. Elle explose toutefois rapidement quand plusieurs guĂ©rillas (M-19, QuintĂ­n Lame et la majeure partie de l'EPL) dĂ©posent les armes et signent un accord de paix avec le gouvernement, qui aboutit Ă  l'assemblĂ©e constituante de 1991 : Ă  partir de cette date, les seules guĂ©rillas actives sont les FARC, l'ELN, et la frange de l'EPL qui a refusĂ© de dĂ©poser les armes.

1990-2002

En , le siĂšge du secrĂ©tariat des FARC Ă  La Uribe est pris par l'armĂ©e, dĂ©clenchant en 1991 une contre-offensive des FARC sur tout le territoire colombien. Les dirigeants de FARC sont dĂ©sormais contraints Ă  la mobilitĂ© et les contacts avec le gouvernement sont rendus beaucoup plus difficiles. Les FARC se placeront dĂ©sormais dans une stratĂ©gie militaire, au dĂ©triment du politique : cette orientation s'explique en particulier par l'affaiblissement du Parti communiste (dĂ©cimĂ© Ă  la suite de l'expĂ©rience de l'Union Patriotique), et par la mort de Jacobo Arenas, principal idĂ©ologue du mouvement, en 1990. La confĂ©rence de 1993 des FARC rĂ©affirme l'objectif de la conquĂȘte du pouvoir, et elle est suivie par une importante vague d'offensives des FARC entre 1993 et 1998, qui se traduit par la prise de plusieurs bases militaires et de villages, au cours d'opĂ©rations concentrant plusieurs centaines de guĂ©rilleros, la plus importante Ă©tant sans doute la prise de MitĂș le . Selon certains observateurs, le conflit colombien passe alors Ă  la phase de guerre de mouvement, et les forces armĂ©es ne semblent plus en mesure de maĂźtriser les guĂ©rillas. L'action des FARC et de l'ELN passe Ă©galement par des barrages routiers, des enlĂšvements et des sabotages (olĂ©oducs, centrales hydroĂ©lectriques
).

Face à l'inefficacité de l'armée, le phénomÚne paramilitaire prend de l'ampleur et se structure. D'abord essentiellement présent autour du golfe d'Urabå, il se structure en 1994 au niveau régional par la constitution des Autodefensas campesinas de Córdoba y Urabå (ACCU), puis en 1997 par la constitution des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), sous la direction de Carlos Castaño. Le président Samper autorise également la constitution de groupes citoyens d'autodéfense appelés Convivir (vivre ensemble), qui dans les faits servent de couverture aux paramilitaires. L'un des modes d'actions des paramilitaires est le massacre de civils dans des villages supposés favorables à la guérilla, comme le massacre de Mapiripån, en . Dans ce dernier cas, la complicité de l'armée a été reconnue par la justice colombienne et la Cour interaméricaine des Droits de l'Homme.

Unité féminine des FARC entre 1998 et 2002.

C'est dans ce contexte explosif que le prĂ©sident AndrĂ©s Pastrana dĂ©crĂšte en 1998 la crĂ©ation d'une zone dĂ©militarisĂ©e de 42 000 km2 dans les dĂ©partements du Meta et du Guaviare pour y conduire des dialogues avec les FARC. Les dialogues tenus dans cette zone, occupĂ©e par les FARC de Ă  fĂ©vrier 2002 aboutissent Ă  des libĂ©rations unilatĂ©rales de prisonniers par les FARC (en 1998, les FARC dĂ©tenaient plus de 500 militaires et policiers), mais ils ne permettent pas un rĂšglement du conflit, et la zone dĂ©militarisĂ©e est utilisĂ©e par les FARC pour recruter de nouveaux soldats, toucher les rançons des enlĂšvements et servir comme base arriĂšre pour des opĂ©rations militaires. De son cĂŽtĂ© le gouvernement refuse de libĂ©rer ses prisonniers et nĂ©gocie un projet de militarisation avec les États-Unis. La violence paramilitaire s’accroit : tandis qu’en 1999 on enregistrait 168 massacres, leur nombre atteignait 236 en 2000[11]. En , le prĂ©sident Pastrana dĂ©crĂšte la rĂ©occupation de la zone dĂ©militarisĂ©e. Les FARC comptent alors environ 17 000 hommes et disposent de milices urbaines dans certains quartiers de BogotĂĄ, Cali et MedellĂ­n, et de groupes de guĂ©rilla dans le pĂĄramo de Sumapaz, aux portes de BogotĂĄ.

Mandats d'Álvaro Uribe : 2002-2010

Les deux mandats d'Álvaro Uribe sont marquĂ©s par une politique dite de sĂ©curitĂ© dĂ©mocratique : la prioritĂ© est donnĂ©e Ă  la rĂ©ponse militaire aux guĂ©rillas, avec pour objectif la rĂ©tablissement de la prĂ©sence de l'État sur tout le territoire colombien. L'armĂ©e voit son budget, ses effectifs et sa capacitĂ© aĂ©rienne fortement renforcĂ©s (en particulier Ă  la suite du Plan Colombie, qui se traduit par une importante aide militaire amĂ©ricaine Ă  la Colombie). Le budget de la dĂ©fense reprĂ©sente en 2008, 6,5 milliards de dollars soit 4 % du produit national brut[14]. Les capacitĂ©s opĂ©rationnelles de l'armĂ©e lui permettent de nouveau de rĂ©sister aux FARC et de les faire reculer, aidĂ©es en cela par une forte offensive des AUC, jusqu'Ă  leur dĂ©mobilisation en 2006.

Plan Colombie

Les États-Unis mettent sur pied Ă  partir de 2000 le Plan Colombie afin d'assister de façon plus significative qu'auparavant le gouvernement colombien face aux groupes rebelles et aux narcotrafiquants. Dans les quinze annĂ©es qui suivent, prĂšs de 100 000 militaires colombiens vont ĂȘtre formĂ©s dans ce cadre et des dizaines d'hĂ©licoptĂšres d'attaque livrĂ©s Ă  l'armĂ©e colombienne[15].

Les armĂ©es amĂ©ricaine et colombienne organisent des opĂ©rations conjointes, tandis que des entreprises de sĂ©curitĂ© et des conseillers amĂ©ricains sont prĂ©sents sur le sol colombien. Les États-Unis fournissent des systĂšmes de guidage installĂ©s sur les munitions de façon Ă  atteindre les dirigeants des guĂ©rillas au moyen de « bombes intelligentes », et la National Security Agency (NSA) assiste les services de renseignement colombien pour les Ă©coutes et l’espionnage. L’ambassade amĂ©ricaine Ă  BogotĂĄ demeure l’une des plus imposantes du monde[16].

Paramilitarisme pendant la sécurité démocratique

Au moins jusqu'en 2003, les forces paramilitaires des AUC jouent un rĂŽle plus important que celui de l'armĂ©e dans la reconquĂȘte des territoires contrĂŽlĂ©s par les guĂ©rillas. En effet, depuis leur formation en 1997, les AUC sont parvenues Ă  expulser les FARC de nombreux territoires qu'elles contrĂŽlaient, en particulier dans l'UrabĂĄ et le Magdalena Medio. Ces mĂȘmes forces parviennent Ă  expulser les milices urbaines des FARC des zones oĂč elles sont influentes, comme l'« Arrondissement 13 » de MedellĂ­n. Cette avancĂ©e passe par une stratĂ©gie de terreur s'attaquant Ă  la population civile soupçonnĂ©e de soutenir les guĂ©rillas, et en particulier par des massacres.

D'autre part, les paramilitaires, dĂ©mobilisĂ©s entre 2003 et 2006 dans le cadre d'un processus de paix entre le gouvernement et les AUC (accord de Santa Fe de Ralito le ) se sont partiellement remobilisĂ©s, au sein des Águilas Negras et d'autres groupes paramilitaires dits Ă©mergents, qui regroupent d'anciens cadres des AUC et des nouvelles recrues. Ces nouvelles structures appelĂ©es Bandes criminelles (Bacrim) par le gouvernement colombien, conservent en fait selon certains experts de nombreux traits du paramilitarisme, en particulier une structure de commandement de type militaire et la capacitĂ© Ă  contrĂŽler certains territoires, sur une Ă©chelle plus rĂ©duite que les AUC. Ces groupes auraient comptĂ© 4 000 membres en 2008, et plus de 6 000 en 2010, rĂ©partis en environ six structures diffĂ©rentes[17].

Guérillas face à la sécurité démocratique

Face Ă  cette offensive, les guĂ©rillas ont Ă©tĂ© mises sur la dĂ©fensive. Depuis 2003, les FARC n'avaient plus la capacitĂ© de prendre des bases militaires, ce qu'elles avaient fait Ă  plusieurs reprises Ă  la fin des annĂ©es 1990, et leurs effectifs seraient passĂ©s de 17 000 hommes en 2002 Ă  quelque 8 000 en 2010, tandis que l'ELN compte Ă  cette date moins de 3 000 hommes. Au cours du seul mois de , deux dirigeants importants des FARC sont tuĂ©s au combat (IvĂĄn RĂ­os et RaĂșl Reyes), et leur fondateur Manuel Marulanda meurt de mort naturelle.

Si d'importants coups militaires ont pu ĂȘtre portĂ©s aux guĂ©rillas sous les deux mandats d'Álvaro Uribe, celles-ci sont toutefois loin d’ĂȘtre vaincues. Les FARC et l'ELN ont conservĂ© une importante capacitĂ© d'action en se recentrant sur les tactiques de guĂ©rillas : petits groupes trĂšs mobiles, utilisation de mines antipersonnel et de francs-tireurs, parvenant ainsi Ă  infliger des pertes Ă  l'armĂ©e et Ă  mettre partiellement en Ă©chec la politique de sĂ©curitĂ© dĂ©mocratique. MalgrĂ© la politique de fumigations au glyphosate associĂ©e au Plan Colombie, la production de cocaĂŻne reste importante et fournit une source abondante de financement pour les paramilitaires et les guĂ©rillas (si ces derniĂšres ne possĂšdent pas de chaĂźne logistique permettant l'exportation de cocaĂŻne ou de laboratoires pour en produire, elles prĂ©lĂšvent nĂ©anmoins des impĂŽts sur les cultures de coca et pourraient parfois servir d'intermĂ©diaire entre paysans et narcos-trafiquants).

Limites de la sécurité démocratique

Les succÚs de la sécurité démocratique (succÚs contre les guérillas, processus de paix avec les paramilitaires) sont ternis par deux scandales majeurs. Le scandale de la parapolitique, révÚle les liens entre une partie importante de la classe politique, dont de nombreux parlementaires favorables à la majorité présidentielle, et les paramilitaires. Le scandale des faux positifs, qui éclate fin 2008, désigne la pratique consistant, pour les forces militaires, à abattre des civils avant de les faire passer pour des guérilleros.

L'objectif de cette pratique est d'amĂ©liorer les statistiques (nombre de guĂ©rilleros tuĂ©s), et donc d'obtenir des primes ou des permissions. Environ 10 000 civils ont Ă©tĂ© victimes de ce systĂšme d’exĂ©cutions extrajudiciaires[18]. En 2010, alors que le mandat de Juan Manuel Santos dĂ©bute, de nombreux analystes pensent que la politique de sĂ©curitĂ© dĂ©mocratique doit ĂȘtre repensĂ©e[19] - [20].

Mandats de Juan Manuel Santos (2010-...)

2010-2017 : Vers un accord de paix entre le gouvernement et les FARC

Le dĂ©but du mandat de Santos est marquĂ© par une recrudescence de la violence. Les FARC lancent une sĂ©rie d'attaques, tuant plusieurs dizaines de policiers et militaires durant le mois de septembre[21] - [22]. Une contre-offensive est lancĂ©e par le pouvoir : le , 22 guĂ©rilleros sont tuĂ©s lors du bombardement de 3 camps prĂšs de la frontiĂšre Ă©quatorienne[23], tuant du mĂȘme coup Domingo Biojo, un des dirigeants politiques du 48e front des FARC[24]. Le , un coup majeur est portĂ© Ă  l'organisation marxiste lors de l'OpĂ©ration Sodome : Jorge Briceño SuĂĄrez, alias Mono Jojoy, chef militaire de l'organisation est tuĂ© ainsi qu'une vingtaine d'autres guĂ©rilleros, lors du bombardement de leur camp par l'armĂ©e colombienne[25]. Le camp dĂ©truit, constituĂ© d'un bunker, est dĂ©crit comme le « cƓur » des FARC en Colombie[26]. Les États-Unis saluent « une victoire importante pour la Colombie »[27].

Le , selon le ministre de la DĂ©fense Rodrigo Rivera, 8 145 membres de groupes armĂ©s illĂ©gaux ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou arrĂȘtĂ©s, tandis que 2 271 se sont volontairement dĂ©mobilisĂ©s. Il a Ă©galement dĂ©clarĂ© que « Nous avons mis Ă  la disposition de la justice 1 406 membres des FARC, 237 de l'ELN, 2 998 membres de groupes criminels et 3 051 criminels de droit commun »[28] tandis que le think tank de gauche Nuevo Arco Iris dĂ©clare pour sa part que les FARC et l'ELN ont tuĂ© ou blessĂ© 2 500 membres des forces de sĂ©curitĂ© en 2010 et que les FARC disposent de 11 200 membres et non de 7 000[29]. Le gouvernement considĂšre dĂ©but 2011 les FARC comme affaiblies et en repli. La prioritĂ© des forces de sĂ©curitĂ© colombiennes est Ă  cette date de lutter contre les bandes criminelles hĂ©ritiĂšres du paramilitarisme, qui sont pour le gĂ©nĂ©ral Oscar Naranjo, commandant en chef de la police, « la principale menace pour le pays »[30].

Le , le prĂ©sident Santos confirme, aprĂšs plusieurs jours de rumeurs, que le gouvernement colombien a entamĂ© des entrevues avec les responsables de FARC pour aboutir Ă  un dialogue de paix et terminer le conflit[31]. Il rencontre Ă  cet effet un « ferme soutien » de la part des ÉvĂȘques de Colombie qui estiment que ce dialogue peut « conduire, avec l’aide de Dieu, Ă  mettre un terme au conflit armĂ© »[32]. Le communiquĂ©, du , de la ConfĂ©rence Ă©piscopale de Colombie, prĂ©sidĂ©e par Mgr RubĂ©n Salazar GĂłmez, ArchevĂȘque de Bogota, invite les fidĂšles et tout le peuple de Colombie « Ă  faire propre la cause de la paix, apportant, chacun selon sa condition, les Ă©lĂ©ments nĂ©cessaires Ă  la construction d’un État de droit rendant possible la coexistence dans la justice, la solidaritĂ© et la fraternitĂ© »[32].

Les nĂ©gociations ont officiellement commencĂ© Ă  Oslo en novembre 2012 mais se sont poursuivies essentiellement Ă  La Havane. L'accord signĂ© le devant les responsables des Nations unies et divers chefs d’États amĂ©ricains indique que 300 militaires sous mandat de l’ONU et sous la direction du français Jean Arnault seront chargĂ©s de surveiller le respect du cessez-le-feu et la dĂ©militarisation des 7000 combattants des FARC qui seront regroupĂ©s dans 23 « zones transitoires de normalisation », complĂ©tĂ©es de 8 autres secondaires, pour six mois maximum. Il s'agit Ă©galement d'assurer la sĂ©curitĂ© de ceux-ci face aux ex-paramilitaires et aux narco trafiquants, souvent liĂ©s les uns aux autres et restĂ©s trĂšs actifs dans le pays[33].

Les FARC rassemblent en septembre leur dixiĂšme et derniĂšre confĂ©rence nationale, Ă  laquelle ont assistĂ© plus de deux-cents reprĂ©sentants des diffĂ©rentes unitĂ©s de la guĂ©rilla, pour valider les accords conclus avec le gouvernement[34]. Lors du rĂ©fĂ©rendum organisĂ© le , les Colombiens rejettent l'accord de paix avec 50,23 % des voix, pour une participation de 37,28 % de la population. À la suite de la victoire du « Non » au rĂ©fĂ©rendum, et aprĂšs une nouvelle phase de nĂ©gociations, le gouvernement et les FARC trouvent un nouvel accord modifiant largement le premier[35], finalement ratifiĂ© le par le SĂ©nat et le 30 par la Chambre des ReprĂ©sentants[9]. Fin , la mission de l'ONU chargĂ©e de superviser l'application des accords de paix estiment que toutes les armes des FARC ont Ă©tĂ© rendues[36].

Le conflit aprÚs le désarmement des FARC

MalgrĂ© le dĂ©sarmement des FARC, de nombreux groupes de « saboteurs armĂ©s » restent toutefois actifs dans le pays, allant des guĂ©rilleros qui poursuivent leur lutte armĂ©e (ELN, EPL), Ă  des dissidents des FARC et Ă  des groupes comme le Clan du Golfe, organisation alliant des anciens paramilitaires, des rĂ©seaux criminels, des narcotrafiquants et des bandes armĂ©es locales, avec un nombre total de participants allant de 1 900 selon les autoritĂ©s Ă  3 500 selon le FIP (Fondation idĂ©es pour paix), ainsi que les « bandes criminelles Ă©mergentes », plutĂŽt appelĂ©es « groupes armĂ©s organisĂ©s » (GAO), bandes Ă  effectifs plus rĂ©duits Ă©galement issues en grande partie du paramilitarisme. La FIP a publiĂ© mi-2017 un rapport sur la question ; l'un des auteurs de ce rapport fait ressortir qu'aujourd'hui, sans les FARC, de nombreuses personnes ne ressentent pas de changement drastique dans certaines rĂ©gions. Ces groupes armĂ©s, mĂȘme avec des effectifs rĂ©duits, ont un impact humanitaire sur les populations qui devraient en thĂ©orie bĂ©nĂ©ficier de la signature de la paix[10].

En 2018, le nouveau prĂ©sident de la rĂ©publique IvĂĄn Duque dĂ©clare peu aprĂšs son investiture n'ĂȘtre tenu par aucune obligation issue des accords signĂ©s par son prĂ©dĂ©cesseur et refuse de rendre opĂ©rante la Juridiction spĂ©ciale pour la paix, alors que les assassinats de reprĂ©sentants du mouvement social et d'anciens guĂ©rilleros augmentent. En deux ans, 613 « leaders sociaux » et 137 ex-guĂ©rilleros signataires de l’accord de paix ont Ă©tĂ© assassinĂ©s[37].

Les membres dĂ©mobilisĂ©s des FARC subissent la pression des groupes paramilitaires — plusieurs centaines de dĂ©mobilisĂ©s ont Ă©tĂ© assassinĂ©s — et des institutions de l’État, notamment la menace de se voir extradĂ©s vers les États-Unis pour des faits relevant du trafic de cocaĂŻne. L’arrestation en 2018 de l'un des commandants emblĂ©matiques de la guĂ©rilla, Jesus Santrich, victime d'un montage judiciaire visant Ă  l’inculper pour narcotrafic, suscita une vive inquiĂ©tude et fut Ă  l’origine de la disparition de plusieurs cadres de la guĂ©rilla qui retournĂšrent dans la clandestinitĂ©[38]. La Commission de vĂ©ritĂ© et de rĂ©conciliation confirmera en 2022 que Jesus Santrich et IvĂĄn MĂĄrquez ont fait l'objet d'un complot de la DEA et du procureur gĂ©nĂ©ral colombien NĂ©stor Humberto MartĂ­nez pour mettre en pĂ©ril le processus de paix et inciter les FARC Ă  reprendre les armes[39].

En , d’anciens commandants des FARC, dont IvĂĄn MĂĄrquez — le principal nĂ©gociateur de la guĂ©rilla Ă  La Havane —annoncent reprendre les armes, accusant le gouvernement de ne pas respecter les termes de l'accord. Dans son discours inaugural, marquĂ© par une forte consonance Ă©cologique, le nouveau groupe dĂ©plore que des points clefs des accords de paix comme l’attribution de terres aux paysans dĂ©munis, la substitution volontaire des cultures illicites et une sĂ©rie de projets visant l’amĂ©lioration des conditions de vie dans les campagnes, aient Ă©tĂ© « perdus dans le labyrinthe de l’oubli ». Il appelle par ailleurs les guĂ©rilleros dĂ©mobilisĂ©s Ă  reprendre les armes, annonce sa coordination avec l'ArmĂ©e de libĂ©ration nationale (ELN), l'autre guĂ©rilla du pays, et affirme ne pas cibler les militaires mais « l’oligarchie » et les entreprises transnationales[37]. En rĂ©action, le prĂ©sident Duque annonce une offensive militaire et TimoleĂłn JimĂ©nez, l'ancien commandant en chef des FARC, condamne ce retour aux armes[40].

En 2018, les dissidences comptaient 1 200 membres[41]. En 2021, elles en comptaient 5 200 selon un rapport de l’Institut d’études pour le dĂ©veloppement et la paix (Indepaz). La majoritĂ© d'entre eux sont de nouvelles recrues n'ayant pas appartenu aux FARC[38].

L'Ă©lection de Gustavo Petro Ă  la prĂ©sidence en juin 2022 conduit Ă  un nouveau processus de paix. Premier prĂ©sident issu de la gauche de l'histoire rĂ©cente de la Colombie, Petro dĂ©clare souhaiter une « paix totale » et se dĂ©clare prĂȘt Ă  nĂ©gocier tant avec les guĂ©rillas qu'avec les groupes narcotrafiquants issus du paramilitarisme. Il entend notamment dĂ©mobiliser tous les groupes armĂ©s illĂ©gaux simultanĂ©ment afin d'Ă©viter que les anciens combattants remis Ă  la vie civile ne soient exposĂ©s aux reprĂ©sailles de leurs anciens ennemis comme lors des processus de paix prĂ©cĂ©dents. Les factions dissidentes des FARC y rĂ©pondent favorablement et annoncent le 23 septembre le dĂ©but d'un cessez-le-feu[42]. Le Clan du Golfe et plusieurs autres groupes narcotrafiquants ont Ă©galement manifestĂ© leur intĂ©rĂȘt pour ces nĂ©gociations, de mĂȘme que l'ELN[43].

Conséquences

Le conflit armĂ© gĂ©nĂšre des victimes militaires appartenant Ă  la force publique ou aux diffĂ©rents acteurs armĂ©s, mais son Ă©volution au cours des derniĂšres dĂ©cennies a crĂ©Ă© en Colombie un contexte propice Ă  toutes sortes de violations des Droits de l'homme et du droit international humanitaire (DIH), qui font que ce sont de plus en plus les civils qui ont supportĂ© les consĂ©quences du conflit. Ces phĂ©nomĂšnes de violences dirigĂ©es contre les civils prennent des formes extrĂȘmement graves (massacres, assassinats ciblĂ©s, disparitions forcĂ©es, prise d'otages etc.). Cette rĂ©alitĂ©, en partie ignorĂ©e ou masquĂ©e jusqu'alors, a Ă©tĂ© rendue incontournable par les confessions d'anciens chefs paramilitaires dans le cadre des « versions libres » prĂ©vues par la loi justice et paix. Les paramilitaires ne sont toutefois pas les seuls responsables des actions visant les civils (massacres et disparitions forcĂ©es en particulier), et l'État et les FARC utilisent Ă©galement, dans une moindre mesure, ces modes d'action[44] - [45].

Pertes militaires

Les estimations du nombre de victimes de conflit varient fortement, avec des chiffres se situant autour de 50 000 victimes entre 1964 et 2002, ces chiffres n'incluant que les victimes directes d'affrontements entre diffĂ©rentes parties au conflit[46]. Selon l'institut canadien Ploughshares, le conflit a fait entre 50 000 et 200 000 victimes entre 1964 et 2010, dont au moins 40 000 depuis 1990[47].

Selon les donnĂ©es du ministĂšre de la dĂ©fense colombien, de 2002 Ă  , 16 853 membres des FARC et 3 493 membres de l'ELN se seraient dĂ©mobilisĂ©s. Dans le mĂȘme temps, 38 459 membres de groupes armĂ©s auraient Ă©tĂ© capturĂ©s par l'armĂ©e colombienne, et 14 209 tuĂ©s. L'armĂ©e colombienne indique dĂ©plorer 5 244 tuĂ©s sur la mĂȘme pĂ©riode[48]. Ces chiffres restent cependant Ă  considĂ©rer avec prudence[49].

Victimes civiles

Selon Amnesty International, « la grande majoritĂ© des 70 000 personnes tuĂ©es dans le cadre du conflit armĂ© au cours des 20 derniĂšres annĂ©es sont des civils ». La majeure partie d'entre eux ont Ă©tĂ© victimes des forces paramilitaires, mais avec le dĂ©sarmement partiel de ces groupes Ă  partir de 2003, la part de l'armĂ©e et de la police n'a cessĂ© d'augmenter (voir scandale des faux positifs). Le nombre des victimes civiles des paramilitaires est au contraire passĂ© de 1 560 en 2002 Ă  plus de 3000 en 2007. Les victimes sont pour la plupart des paysans ou des leaders communautaires prĂ©sentĂ©s par les militaires et les paramilitaires comme des guĂ©rilleros tuĂ©s au combat[50].

La Juridiction spéciale de paix établit en 2021 que plus de 6 400 civils ont été exécutés par l'armée entre 2002 et 2008[51].

Les groupes de guérilla sont également responsables d'homicide sur des civils, avec un nombre de victimes qui passe de 720 en 2002 à 260 en 2007. Parmi ces civils victimes des groupes guérilleros, on trouve des candidats aux élections (la plupart des 29 candidats aux élections locales et régionales de 2007), ainsi que des paysans ou des leaders syndicaux accusés de sympathiser avec le groupe de guérilla rival dans le cadre de la guerre entre les FARC et l'ELN dans le département d'Arauca[50].

Un rapport d'un centre de l'OTAN sur le terrorisme relÚve en 2011, selon les sources publiques, un total de 340 actes terroristes (7e rang mondial) faisant 448 tués, 634 blessés et 123 personnes enlevées[52].

Déplacements forcés

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s, avec trois millions de personnes dĂ©placĂ©es depuis 1950, la Colombie Ă©tait en 2008 le pays au monde le plus touchĂ© par ce phĂ©nomĂšne devant l'Irak et la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo[53]. Selon les chiffres officiels du gouvernement colombien, qui ne considĂšre pas la Colombie comme le pays le plus touchĂ© par ce phĂ©nomĂšne, le nombre de personnes dĂ©placĂ©es entre 1950 et 2010 s'Ă©lĂšve Ă  3 551 106, mais la tendance est Ă  la baisse : alors que le nombre de personnes dĂ©placĂ©es en 2007 s'Ă©levait Ă  327 740, ce chiffre s'Ă©tablissait Ă  161 222 en 2009. Selon l'ONG Codhes, qui chiffre Ă  3 700 000 le nombre de colombiens dĂ©placĂ©s par le conflit, 380 000 de ces personnes demandent ou ont obtenu le statut de rĂ©fugiĂ©s dans 36 pays, l'Équateur Ă©tant la destination la plus commune (52 000 colombiens bĂ©nĂ©ficient en 2010 du statut de rĂ©fugiĂ© en Équateur)[54]. 70 % de ces rĂ©fugiĂ©s auraient Ă©tĂ© victimes de dĂ©placements forcĂ©s par les paramilitaires, 21 % par l’armĂ©e et prĂšs de 10 % par les guĂ©rillas selon un rapport de l'ONG CoaliciĂłn Colombiana contra la Tortura[55].

Selon les chiffres du CICR, la majorité des personnes déplacées (52 %) sont des mineurs. Les causes principales de ces déplacements forcés sont les recrutements forcés par les groupes armés illégaux (guérillas ou paramilitaires), les menaces de mort ainsi que les fumigations au glyphosate pratiqués à grande échelle. Dans de nombreux cas, des groupes illégaux, en particulier paramilitaires et narcotrafiquants, s'approprient les terrains laissés par les personnes déplacées : cette situation concerne plus de 5 millions d'hectares dans le pays[56] - [57] - [58]. Concernant les femmes qui constituent la moitié de la population déplacée, une sur cinq a dû fuir des violences sexuelles[59].

Droits des enfants

Dans un rapport publiĂ© en , l'ONU intĂšgre les FARC et l'ELN Ă  une liste de 16 groupes armĂ©s (actifs en Afghanistan, Birmanie, Colombie, Congo, Philippines, etc.) contrevenant de maniĂšre persistante aux droits des enfants en temps de guerre. Les groupes rebelles colombiens sont accusĂ©s de continuer Ă  recruter des personnes de moins de 18 ans dans leurs forces, au mĂ©pris des conventions internationales qui prohibent l'emploi d'enfants soldats. Selon le rapport, au moins 600 enfants ont ainsi Ă©tĂ© recrutĂ©s dans des groupes armĂ©s entre 2008 et 2009 (ce qui concernerait Ă©galement les paramilitaires). L'engagement « volontaire » d'un mineur dans la guĂ©rilla peut toutefois ĂȘtre vu comme un engagement forcĂ© par les conditions sociales et Ă©conomiques : absence de perspectives Ă©conomiques, risques pesant sur les mineurs auxquels ils pensent pouvoir se soustraire en rejoignant la guĂ©rilla. Si les recrutements de mineurs sont de moins en moins tolĂ©rĂ©s par la sociĂ©tĂ© colombienne, les dĂ©nonciations sont encore rares par rapport aux cas constatĂ©s[60] - [61]. Certains spĂ©cialistes posent nĂ©anmoins la question de la valeur de la notion d'enfance dans un pays oĂč la loi permet le mariage des filles Ă  partir de 12 ans et oĂč la pauvretĂ© se fait bien plus meurtriĂšre que la guerre[62] - [63].

Bien que les recrutements de mineurs par des factions du conflit concernent essentiellement ceux issus de communautĂ©s rurales, les enfants provenant des centres urbains ne sont pas pour autant Ă©pargnĂ©s par la violence. Des groupes paramilitaires, avec le concours des forces de police et de l'armĂ©e, ont rĂ©guliĂšrement procĂ©dĂ© Ă  des opĂ©rations de « nettoyages social » contre des personnes jugĂ©es indĂ©sirables: sans-abri, toxicomanes, prostituĂ©es, mais aussi enfants des rues. « Il y a six mois les paramilitaires sont venus et ont mis le feu Ă  une petite fille. Ils ont versĂ© de l’essence sur elle et l’ont enflammĂ©e. » Lorsque leurs agresseurs ne peuvent pas les atteindre par balles ou au couteau alors ils dĂ©versent de l’essence dans les bouches d’égouts et y mettent le feu. 22 enfants sont ainsi morts brĂ»lĂ©s vifs. Le harcĂšlement par la police, qui agit gĂ©nĂ©ralement le dimanche, est permanent et les pousse Ă  se rĂ©fugier au plus profond des canalisations de la ville. « Ils viennent constamment ici, t’attrapent et t’emmĂšnent au poste de police. LĂ  ils te frappent dur et t’aspergent avec un puissant jet d’eau. Ils te disent que tu es bon pour le nettoyage social. Ils ne te disent pas quand mais quand c’est ton tour, c’est ton tour ». Pour la seule annĂ©e 1993, au moins 2 190 enfants de la rue ont Ă©tĂ© assassinĂ©s, pour beaucoup par des agents de l’État[64] - [65] - [66].

Dans le dĂ©partement du Caqueta, au sud de la Colombie, mais peut-ĂȘtre ailleurs Ă©galement, l'armĂ©e a eu recours Ă  l'utilisation « d'enfants tueurs ». Des enfants des rues Ă©taient enlevĂ©s par des policiers de la Brigade de protection des enfants, puis remis aux renseignements militaires, qui les dressaient Ă  tuer au couteau. Ils Ă©taient entraĂźnĂ©s sur des clochards, avec lesquels ils devaient dormir dans une mĂȘme piĂšce aprĂšs l'assassinat. L'instruction achevĂ©e, ils Ă©taient alors expĂ©diĂ©s dans des territoires contrĂŽlĂ©s par la guĂ©rilla et s’enrĂŽlaient dans celle-ci avec pour mission d'Ă©liminer les commandants dans leur sommeil[67].

Violences sexuelles

Comme dans beaucoup de conflits, on dĂ©plore des actes de violences sexuelles de la part des belligĂ©rants sur la population civile. Selon une Ă©tude publiĂ©e en par Intermon Oxfarm, 489 687 personnes, en grande majoritĂ© des femmes, auraient Ă©tĂ© victimes de ce type de violence dans 407 municipalitĂ©s. Des Ă©lĂ©ments des groupes paramilitaires, de guĂ©rilla et de l'armĂ©e colombienne auraient violĂ© entre 2001 et 2009 14 779 femmes. Les groupes armĂ©s auraient Ă©galement forcĂ© plus de 1 500 femmes Ă  se prostituer durant cette mĂȘme pĂ©riode[68]. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par la Coalition colombienne contre la torture relĂšve que les agents de l’État sont responsables de 66 % des viols, les paramilitaires de 32 % et les guĂ©rillas de 2 %[69].

Massacres

  • Massacre de San JosĂ© de ApartadĂł : en , des hommes des AUC sous le commandement d'un nommĂ© Melaza opĂšrent conjointement avec une brigade de l'armĂ©e colombienne dans cette «communautĂ© de paix», qui dĂ©clarait refuser de s'impliquer dans le conflit, mais accusĂ©e par l'armĂ©e et les paramilitaires de permettre l'action des FARC. Au cours de ces opĂ©rations, qui durĂšrent trois jours, huit habitants de la CommunautĂ© sont tuĂ©s, dont deux miliciens des FARC mais aussi des femmes et enfants, Ă©tranglĂ©s, Ă©gorgĂ©s, ou dĂ©coupĂ©s Ă  la machette. Les principaux responsables, le paramilitaire Melaza et Armando Gordillo, capitaine de l'armĂ©e, sont arrĂȘtĂ©s en 2007 et admettent leur responsabilitĂ© dans ces faits, que l'armĂ©e avait d'abord essayĂ© d'attribuer aux FARC[70].
  • Massacre de Betoyes, en . Quatre jeunes filles d'une communautĂ© indigĂšne sont violĂ©es et l'une d'elles, enceinte, tuĂ©e. Trois hommes sont Ă©galement abattus au cours de cette action, entraĂźnant la fuite de la population. Les auteurs du massacre arboraient des insignes des AUC mais auraient possiblement pu appartenir Ă  l'armĂ©e colombienne[71].
  • Massacre de Macayepo, le . Le sĂ©nateur Álvaro GarcĂ­a Romero (es) (Parti de la Colombie dĂ©mocratique), un puissant propriĂ©taire terrien qui siĂ©geait depuis 40 ans, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en 2007 dans le cadre du scandale de la parapolitique et condamnĂ©, en , pour avoir apparemment commanditĂ© le massacre[72].
  • Massacre de El Salado, du 16 au , qui aurait fait plus de 100 victimes. Le massacre a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par 450 paramilitaires sous le commandement de Jorge 40 (es), qui indique avoir agi sur ordre de Carlos Castano. Les victimes ont pour la plupart Ă©tĂ© torturĂ©es avant d’ĂȘtre mises Ă  morts, et les femmes violĂ©es. De nombreux corps sont retrouvĂ©s dĂ©capitĂ©s[73].
  • Massacre de MapiripĂĄn du 15 au . Ce massacre aurait fait au minimum 39 victimes, tuĂ©es sur ordre du chef paramilitaire Salvatore Mancuso. Plusieurs militaires, dont un colonel et un gĂ©nĂ©ral, ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  la peine maximale de 40 annĂ©es de prison ferme pour avoir participĂ© directement au massacre, ou pour avoir permis aux paramilitaires d’accĂ©der au village. Pour ces raisons, le , la Cour interamĂ©ricaine des Droits de l'Homme a jugĂ© l'État colombien responsable de ce massacre[74].

DĂ©finition

Selon les dĂ©finitions utilisĂ©es, basĂ©es sur le nombre de victimes, le degrĂ© de violence et les motivations des acteurs armĂ©s, ce conflit est qualifiĂ© par diffĂ©rents instituts ou groupes de rĂ©flexion de « guerre civile », de « conflit armĂ© », de « conflit armĂ© interne », de « guerre rĂ©volutionnaire », de « conflit civil idĂ©ologique », ou de « guerre »[46]. Certains intellectuels et Ă©ditorialistes colombiens, dont l'ancien prĂ©sident Alfonso LĂłpez Michelsen ont, Ă  la fin des annĂ©es 1990 adoptĂ© le terme de « guerre civile », s'appuyant en particulier sur l'intensitĂ© du conflit, tandis que d'autres comme Eduardo Pizarro LeongĂłmez ou Daniel PĂ©caut jugent que l'emploi du terme de guerre civile est inadaptĂ© ou mĂȘme dangereux. Eduardo Posada CarbĂł, auteur d'un essai sur le sujet, estime que l'affrontement entre les groupes armĂ©s illĂ©gaux et l'État ne se traduit pas en une polarisation de larges secteurs de la sociĂ©tĂ© sur des critĂšres ethniques, politiques oĂč religieux, et que la majeure partie de la population ne se reconnaĂźt dans aucun des acteurs armĂ©s illĂ©gaux (guĂ©rillas ou paramilitaires), mais se sent reprĂ©sentĂ©e au moins en partie par les institutions de l'État. Il en conclut que le terme de « guerre civile » ne saurait s'appliquer au conflit colombien[75].

Sous les mandats d'Alvaro Uribe (de 2002 Ă  2010), la position officielle du gouvernement colombien a Ă©tĂ© qu'il n'existe pas en Colombie un conflit armĂ©, mais plutĂŽt une menace terroriste (ou narco-terroriste) contre laquelle la force publique doit lutter par tous les moyens. Un changement dans cette politique se produit au cours de la prĂ©paration sous le gouvernement de Juan Manuel Santos d'une nouvelle loi sur les victimes, qui devrait reconnaitre que la Colombie connaĂźt un conflit armĂ©. Selon Santos, « Cela fait longtemps qu'il y a [en Colombie] un conflit armĂ© ». Selon Arturo Mujica, avocat de la Commission colombienne des juristes, cette modification du statut officiel de la situation que connaĂźt la Colombie serait Ă  mĂȘme d'ouvrir la porte Ă  la reconnaissance et Ă  l'indemnisation non seulement des victimes des FARC et des autres groupes de guĂ©rilla, ce qui Ă©tait dĂ©jĂ  le cas, mais aussi Ă  de possibles indemnisations pour les victimes de l'État et des paramilitaires[76]. Cette possibilitĂ© dĂ©clenche une polĂ©mique entre les partisans de Juan Manuel Santos et ceux d'Álvaro Uribe, opposĂ©s Ă  ce changement d'analyse sur la situation en Colombie. Álvaro Uribe, suivi par Juan Lozano (prĂ©sident du Parti social d'unitĂ© nationale) demande que si le terme « conflit armĂ© » Ă©tait retenu dans la loi sur les victimes, la mĂȘme loi prĂ©cise que les FARC comme des autres groupes combattants sont des groupes terroristes[77].

DĂ©gradation

Jusqu'aux années 1980, le conflit semble plus structuré que les guerres qu'avait connu la Colombie jusqu'alors, et la guérilla semble porteuse de projets politiques alternatifs et de tactiques nouvelles. Cette « phase de guérilla révolutionnaire » semble alors marquer une nouvelle étape, aprÚs les guerres civiles anarchiques du XIXe siÚcle et la violence généralisée qui frappe le pays pendant La Violencia[78].

Depuis le milieu des annĂ©es 1980 et la gĂ©nĂ©ralisation du conflit, les analystes parlent au contraire d'une « dĂ©gradation », ou « dĂ©gĂ©nĂ©rescence », du conflit, la criminalisation des diffĂ©rents acteurs et l'importance croissante du trafic de drogue dĂ©naturant le caractĂšre politique de la confrontation. Durant cette pĂ©riode, le niveau de violence s’accroĂźt fortement et le conflit touche de plus en plus les civils, devenant une « guerre de tous contre tous ». Les massacres deviennent un moyen d'action privilĂ©giĂ© des diffĂ©rents acteurs armĂ©s. Certains des acteurs de conflit sont conscients de cette Ă©volution et dĂ©clarent vouloir la combattre : selon Manuel PĂ©rez (en), commandant en chef de l'ELN, « lorsqu'on parle d'humanisation de la guerre et que l'on reconnait que nous sommes en guerre civile, le problĂšme n'est pas de savoir si elle va se terminer bientĂŽt ou plus tard, mais de la dĂ©velopper par des voies qui permettent d'Ă©viter un bain de sang pour la population civile
 »[78]. Au cours des annĂ©es 1990 et 2000, la cruautĂ© continue d'ĂȘtre utilisĂ©e comme un « mode d'accĂšs au politique » par les FARC et les forces paramilitaires. Du fait des atrocitĂ©s qu'elles ont commises, les forces paramilitaires ont pu forcer l'État Ă  leur donner une reconnaissance politique par une nĂ©gociation qui dĂ©bouche en 2005 sur la loi Justice et paix, qui leur garantit d'importantes remises de peines s'ils se dĂ©mobilisent et confessent leur crimes. Les FARC, pour leur part, refusent le Droit international humanitaire en utilisant la prise d'otages politiques en vue de disposer d'une « monnaie d'Ă©change » pour pouvoir, le moment venu, redevenir un interlocuteur politique et ĂȘtre reconnu comme « force belligĂ©rante ». Dans les deux cas, selon Daniel PĂ©caut, la cruautĂ© est donc « dĂ©terminĂ©e avant tout par des calculs Ă©minemment rationnels »[79]. Ces prises d'otages de militaires et de politiciens Ă©tant destinĂ©es Ă  obtenir un « accord humanitaire » avec le pouvoir colombien concernant la libĂ©ration des prisonniers des deux parties, et donc des guĂ©rilleros emprisonnĂ©s[80].

MĂ©diatisation et communication du conflit

MĂ©diatisation du conflit

Le dĂ©bat existe en ce qui concerne la couverture mĂ©diatique du conflit armĂ© colombien. Il se pose notamment entre journalisme, communication de guerre (ou de paix) et propagande. Certains journalistes colombiens dĂ©fendent en effet une position de neutralitĂ© quand d’autres considĂšrent comme lĂ©gitime de dĂ©fendre les victimes civiles et encore d’autres affirment que seule la position de l’État et de ses forces armĂ©es doit ĂȘtre soutenue. Ainsi, en 1999, pour garantir cette position de neutralitĂ©, vingt-sept rĂ©dacteurs en chef et Ă©diteurs de mĂ©dias colombiens signent l'Accord pour la discrĂ©tion (Acuerdo por la discreciĂłn), s'engageant Ă  couvrir les informations liĂ©es Ă  la violence avec responsabilitĂ©, qualitĂ©, exactitude, vĂ©racitĂ© et Ă©quilibre[81]. Plusieurs autres initiatives visant Ă  garantir un journalisme Ă©thique sont prises. Yeny Serano, MaĂźtresse de confĂ©rences au dĂ©partement d'information et communication de l'UniversitĂ© de Strasbourg, cite ainsi cinq documents rĂ©digĂ©s par des journalistes colombiens dans les annĂ©es 2003 Ă  2016, en plus de « l’Accord pour la discrĂ©tion », pour orienter leur pratique professionnelle pendant le conflit armĂ© ou les nĂ©gociations de paix. : le « Code d’éthique et de responsabilitĂ© des journalistes », le manuel de style du quotidien national El Tiempo; le manuel du quotidien rĂ©gional El Colombiano, le « Code pour la couverture du conflit armĂ© », le « Dictionnaire pour dĂ©sarmer la parole ». Mais, mĂȘme si la « vĂ©ritĂ© » de l’information est avancĂ©e comme un principe fondamental par certains mĂ©dias colombiens, celle-ci devient, en contexte de conflit, une donnĂ©e stratĂ©gique pour les camps qui s’opposent[82]. Ainsi, en 1997, l’État colombien a publiĂ© une loi « Informations sur les Infractions Ă  l’ordre public » interdisant aux journalistes de la tĂ©lĂ©vision colombienne de diffuser des communiquĂ©s ou des dĂ©clarations provenant ou attribuĂ©s Ă  des groupes de guĂ©rilla ou Ă  leurs membres[83]. La dĂ©fense de la libertĂ© d’expression et du droit Ă  l’information se heurte donc Ă  la logique de communication de guerre et aux contraintes mĂ©diatiques. Certains observateurs en viennent Ă  penser qu’il vaut mieux chercher Ă  communiquer sur le conflit auprĂšs de l'opinion publique en termes de visions complexes plutĂŽt que d’attentes faciles pour Ă©viter d’osciller entre euphorie et dĂ©sillusion qui ont jalonnĂ©es ce trĂšs long conflit[84]. La couverture mĂ©diatique du conflit n’est pas favorisĂ©e par la situation de libertĂ© de la presse dans le pays. Il faut rappeler ici que l’association non gouvernementale Reporters Sans FrontiĂšres classe la Colombie tout en bas du classement mondial de la libertĂ© de la presse : 114Ăšme sur 139 en 2002 (premiĂšre annĂ©e de crĂ©ation du classement) et 145Ăšme sur 180 en 2022. Une position due Ă  une situation politique qui favorise surtout la censure, l’autocensure et la dĂ©sinformation[85].

Le journaliste Gregory Wilpert du Monde diplomatique estime qu'en se focalisant sur les crimes imputables aux FARC, les grands mĂ©dias colombiens ont renvoyĂ© une perception biaisĂ©e du conflit. Une Ă©tude de la chercheuse Alexandra GarcĂ­a portant sur plus de cinq cents articles publiĂ©s dans les grands journaux entre 1998 et 2006 indique que dans la grande majoritĂ© des articles se rĂ©fĂ©rant Ă  des violences commises par les organisations paramilitaires, il Ă©tait seulement question d’« hommes armĂ©s » ou d’« hommes encagoulĂ©s », sans plus de prĂ©cisions sur les auteurs. Au contraire, dans le cas de violences impliquant les guĂ©rillas, celles-ci Ă©taient le plus souvent mentionnĂ©es explicitement. Les Ă©tudes d'opinion indiquent qu'une majoritĂ© de Colombiens considĂšre les guĂ©rillas comme les principales responsables du conflit armĂ©[86].

Communication des belligérants

Les traces des premiĂšres communications des mouvements armĂ©s rebelles sont assez rares. On peut citer le travail de communication significatif de Camilo Torres Restrepo (1929-1966), prĂȘtre rĂ©volutionnaire colombien, sociologue, militant de gauche et membre de la guĂ©rilla de l'EjĂ©rcito de LiberaciĂłn Nacional (ELN). Ce prĂȘtre, extrĂȘmement populaire, a multipliĂ© les entrevues et les confĂ©rences. Pour lui, la rĂ©volution est un impĂ©ratif chrĂ©tien. En tant que prĂȘtre, il explique que la vie apostolique (moyen d'accĂ©der Ă  la vie surnaturelle) doit avoir des rĂ©sultats visibles dans des manifestations de l'amour du prochain. L'amour du prochain pour Torres, c'est rĂ©soudre le problĂšme de la misĂšre matĂ©rielle. Il dĂ©finit donc le problĂšme social de la Colombie sous un angle chrĂ©tien. Les buts et moyens doivent ĂȘtre pour lui les plus efficaces tels ceux de la thĂ©orie marxiste, avec dĂ©cision, sans timiditĂ© et avec la plus grande autoritĂ© : celle de l'engagement rĂ©volutionnaire. Dans ses Ecrits et Paroles, document encore consultable Ă  la BibliothĂšque Nationale de France, il conclut : « Rechercher la planification Ă©conomique autoritaire dans les pays pauvres est en gĂ©nĂ©ral un devoir pour le chrĂ©tien [...] Il est plus que probable que ce soit les marxistes qui en assument la direction. »[87]

L’État (et ses forces armĂ©es), quant Ă  lui, s’est toujours battu pour ĂȘtre considĂ©rĂ© par les mĂ©dias comme la seule partie lĂ©gale du conflit[88]. Par consĂ©quent, les guĂ©rillas, ayant moins facilement accĂšs aux journalistes ont dĂ» trouver des canaux alternatifs de communication, notamment les confĂ©rences, les kidnappings et les mĂ©dias numĂ©riques. En matiĂšre de confĂ©rences, selon le site web officiel des FARC, le mouvement a tenu 10 ConfĂ©rences Nationales (Conferencia Nacional Guerrillera) depuis l’origine du conflit : en 1965, 1966, annĂ©e inconnue, annĂ©e inconnue, 1974, 1978, 1983, 1993, 2007, et 2016[89]. Il s’agit d’un organe de dĂ©cision et de communication dont les conclusions portent sur les activitĂ©s politiques et militaires de la guĂ©rilla. La confĂ©rence de 2016 est historique puisqu’elle est convoquĂ©e pour ratifier l'accord issu du Processus de paix signĂ© avec le gouvernement colombien Ă  La Havane entre le gouvernement colombien et les FARC-EP, auquel la presse est invitĂ©e. C’est surtout le kidnapping qui est Ă©rigĂ© en vĂ©ritable mode de communication par les groupes armĂ©s, notamment le M-19, l’ELN et les FARC, pendant de nombreuses annĂ©es. En 1999, La fondation Pais Libre, une organisation non gouvernementale colombienne qui surveille les enlĂšvements, a dĂ©clarĂ© en avoir enregistrĂ© environ 8,3 par jour[90]. La maniĂšre de nommer ces personnes enlevĂ©es porte en elle-mĂȘme un enjeu de communication entre les principaux belligĂ©rants.  Alors que le gouvernement et les Forces ArmĂ©es colombiennes ont recours au champ lexical de l’enlĂšvement et de la prise d’otage, les groupes armĂ©s rĂ©volutionnaires parlent de leur cĂŽtĂ© de « prisonnier de guerre », rappelant l’existence d’un conflit[91]. L’enlĂšvement de la femme politique Franco-Colombienne Ingrid Bettencour par les FARC, avec ses 6 ans de rĂ©tention, de 2002 Ă  2008, a Ă©tĂ© certainement l’évĂšnement de ce type le plus mĂ©diatisĂ©. Il a fortement contribuĂ© Ă  faire connaitre les FARC au le grand public[92].

DĂ©clinaisons artistiques du conflit

Le conflit armĂ© colombien a inspirĂ© plusieurs artistes. Parmi ceux-ci, il faut citer Fernando Botero, qui a exposĂ© en 2004 au MusĂ©e national de Colombie une sĂ©rie de cinquante dessins et peintures rĂ©alisĂ©s entre 1999 et 2004. Ces Ɠuvres rompent avec les thĂšmes d'inspiration antĂ©rieurs de Botero, qui avait toujours privilĂ©giĂ© des sujets plus lĂ©gers. Ce tournant est justifiĂ© par la volontĂ© de l'artiste de « laisser un tĂ©moignage » sur un moment irrationnel de l'histoire de Colombie :

« J'ai peint la Colombie toute ma vie, les aspects agrĂ©ables que j'ai connus pendant mon enfance et mon adolescence. Je ne ressens pas directement la violence puisque je vis hors du pays depuis longtemps, mais je la connais par la presse. La violence a commencĂ© Ă  ĂȘtre dans ma tĂȘte et un jour, j'ai senti que je devais peindre, dĂ©clarer l'horreur qui est la mienne face Ă  ce panorama du pays. »

— Fernando Botero, (es) Botero retrata dĂ©cadas de violencia en Colombia, El Pais, 4 mai 2004

Le chanteur Juanes a dédié plusieurs chansons au conflit armé colombien et au fléau que représentent les mines antipersonnel[93].

Au cinĂ©ma, on peut citer le film Golpe de estadio, de Sergio Cabrera, qui dĂ©peint de façon burlesque les relations entre l'armĂ©e et la guĂ©rilla dans un village reculĂ© pendant les phases qualificatives de la Coupe du monde de football de 1994[94]. Le film Soñar no cuesta nada, RĂȘver ne coĂ»te rien (2006), de Rodrigo Triana se fonde sur l'histoire rĂ©elle d'un groupe de soldats qui parviennent en 2003 Ă  s'emparer d'une importante somme d'argent appartenant aux FARC. Se partageant la somme entre eux, ils finissent par ĂȘtre dĂ©masquĂ©s et jugĂ©s[95]. D'autres Ɠuvres audiovisuelles prennent le parti de montrer le conflit au travers du regard des enfants, comme le film Les couleurs de la montagne (2011, de Carlos CĂ©sar ArbelĂĄez), qui au-delĂ  de l'histoire de trois enfants qui veulent rĂ©cupĂ©rer leur ballon de football envoyĂ© sur un terrain minĂ©, montre la vie d'un petit village de l'Antioquia dans le conflit[96]. Le dessin animĂ© Pequeñas voces (petites voix), sorti comme court-mĂ©trage en 2003 puis en 2010 comme long-mĂ©trage, est prĂ©sentĂ© cette mĂȘme annĂ©e au festival de Venise. Le conflit y est vu « au travers des yeux des enfants, d'une maniĂšre totalement neutre », selon Adela Manotas, la directrice artistique du projet. Les seules voix de la bande-son sont celles de quelques-uns des enfants dĂ©placĂ©s en Colombie (un million selon l'UNICEF), l'objectif Ă©tant de « transmettre ce document sur le conflit depuis le monde qui leur appartient »[97].

Le conflit armĂ© est Ă©galement un thĂšme rĂ©current dans l'art populaire de toutes les rĂ©gions de la Colombie. Il se traduit par la rĂ©currence dans les Ɠuvres appartenant Ă  ce courant de thĂšmes comme celui du drapeau (dĂ©chirĂ©, ensanglantĂ©), et celui du sang et de la mort[98], celui enfin des enfants comme victimes du conflit armĂ©[99]. Dans le cadre d'un programme soutenu par plusieurs ONG, les populations indigĂšnes du nord du Cauca ont fait de la peinture une façon de soigner les blessures. La rĂ©alisation dans ce cadre de plusieurs peintures murales permet de maintenir la mĂ©moire des tragĂ©dies (massacres, dĂ©placements forcĂ©s) qu'a subies cette rĂ©gion entre 1999 et 2004[100].

Implications des États-Unis

En 2022, la Commission pour la clarification de la vérité qui s'occupe des crimes ayant eu lieu entre 1958 et 2016, publie un important rapport sur les massacres ayant eu lieu durant ces années. Un document de 1988, produit par la CIA, rend compte des assassinats contre les "gauchistes et communistes présumés" par l'alliance d'un cartel de narcotrafiquants et d'une brigade de l'armée colombienne[101].

Notes et références

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Annexes

Articles connexes

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