Scandale de la parapolitique
Le scandale de la parapolitique a Ă©clatĂ© en 2006 en Colombie, aprĂšs le changement de majoritĂ© au congrĂšs colombien et la rĂ©Ă©lection avec une trĂšs forte majoritĂ© du prĂ©sident Ălvaro Uribe. Une sĂ©rie de rĂ©vĂ©lations de presse, d'arrestations et de dĂ©cisions de justice ont fragilisĂ© les paramilitaires d'extrĂȘme-droite, liĂ©s aux trafiquants de drogue et accusĂ©s de divers massacres ainsi que leurs soutiens dans les services secrets et des politiques d'envergure, parfois trĂšs proches du prĂ©sident Ălvaro Uribe. L'une des arrestations les plus retentissantes est en celle du chef des services secrets colombiens, accusĂ© d'avoir informĂ© les groupes paramilitaires des actions de l'armĂ©e.
Ce processus a trouvé ses germes dans l'amnistie accordée par Uribe aux paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC), dirigées par Carlos Castaño (1965-2006) et Salvatore Mancuso, avec la Loi Justice et paix de , votée sous le gouvernement Uribe et accompagné d'importantes opérations de désarmement des paramilitaires, qui ont isolé les éléments les plus durs.
La découverte du pacte de Ralito (voir ci-dessous), signé par Salvatore Mancuso, « Jorge 40 » et d'autres chefs des AUC, ainsi que plusieurs personnalités politiques (dont le gouverneur de Sucre et de Córdoba et une dizaine de parlementaires), a dévoilé l'existence d'une stratégie des AUC, dénommée « plan Birmanie », pour renforcer leur influence et s'emparer du pouvoir politique, d'abord dans la région Caraïbe sur la cÎte atlantique, puis au niveau national.
Effets principaux du scandale
Ce scandale a abouti Ă l'arrestation de sĂ©nateurs proches d'Uribe (Alvaro GarcĂa, Jairo Merlano et Erick Morris) puis de celle d'un ancien chef des services de renseignement, le Departamento Administrativo de Seguridad (DAS), Jorge Noguera[1]. 64 congressistes (soit le quart du CongrĂšs de la RĂ©publique de Colombie[2]) ont Ă©tĂ© identifiĂ©s par la Cour suprĂȘme de justice dans le scandale de la parapolitique, dont 32 sont aujourd'hui en dĂ©tention[3].
Le , la Cour suprĂȘme de justice a ordonnĂ© l'arrestation de six parlementaires liĂ©s aux paramilitaires, dont Ălvaro AraĂșjo Castro, le frĂšre de la ChanceliĂšre et Ministre des Affaires Ă©trangĂšres, MarĂa Consuelo AraĂșjo, qui dĂ©missionna quelques jours aprĂšs. L'ancien ministre Ălvaro AraĂșjo Noguera, pĂšre des deux prĂ©-citĂ©s, a aussi Ă©tĂ© accusĂ© d'association de malfaiteurs (formation de groupes paramilitaires) et d'avoir participĂ© Ă un enlĂšvement aggravĂ©[4].
La mĂȘme annĂ©e, l'ancien sĂ©nateur Mario Uribe Escobar, cousin germain du prĂ©sident Uribe, a dĂ» dĂ©missionner de son poste de sĂ©nateur en raison de ses liens avec les paramilitaires[5], avant d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© et incarcĂ©rĂ©, en , aprĂšs une tentative de demande d'asile au Costa Rica, Ă la prison de Bogota[3]. Ălvaro Uribe a rĂ©vĂ©lĂ©, le Ă la radio privĂ©e Caracol, qu'une enquĂȘte avait Ă©tĂ© ouverte contre lui dans le cadre de lâinvestigation sur le massacre dâAro de 1997, au cours duquel 15 paysans accusĂ©s dâaider les guĂ©rilleros des FARC avaient Ă©tĂ© tuĂ©s par les paramilitaires avec lâaide de lâarmĂ©e colombienne ; Uribe a niĂ© toute implication[3] - [6] - [7] - [8] - [9].
Mario Uribe est l'associé politique du président Uribe depuis plus de 20 ans. Depuis leur élection au Parlement en 1986, les deux cousins ont fondé ensemble le Parti de la Colombie démocratique, dont la totalité des élus au Parlement sont aujourd'hui emprisonnés[7].
Une enquĂȘte a aussi Ă©tĂ© ouverte contre Nancy Patricia GutiĂ©rrez, prĂ©sidente du SĂ©nat de la RĂ©publique de Colombie, et Carlos GarcĂa, prĂ©sident du parti U[6] - [10].
Selon les enquĂȘtes en cours, plusieurs dirigeants politiques et hauts fonctionnaires colombiens auraient bĂ©nĂ©ficiĂ© de ces alliances via l'intimidation et les actions armĂ©es des groupes paramilitaires contre la population civile. Ă la suite de l'amnistie de 2005 et de la dĂ©mobilisation relative des AUC, certains paramilitaires ont obtenu des postes dans les conseils municipaux, les assemblĂ©es municipales ainsi qu'au CongrĂšs et dans d'autres organes Ă©tatiques. D'un autre cĂŽtĂ©, certains politiques sont accusĂ©s de dĂ©tournement de fonds, utilisĂ©s pour financer les groupes armĂ©s illĂ©gaux, et auraient aussi organisĂ© des fuites facilitant leurs opĂ©rations, qui incluent des massacres, assassinats, dĂ©placements forcĂ©s de population afin d'augmenter leur puissance[11].
Les politiciens inculpĂ©s ont frĂ©quemment recours Ă la mesure de « condamnation anticipĂ©e », grĂące Ă laquelle ils bĂ©nĂ©ficient de rĂ©ductions de peine confortables sâils reconnaissent les faits[12].
Conséquences internationales
Le scandale de la parapolitique a influencĂ© les relations internationales de la Colombie, avec une apostrophe de la dĂ©mocrate Nancy Pelosi, prĂ©sidente de la Chambre des reprĂ©sentants des Ătats-Unis, exigeant d'Uribe, en , qu'il condamne les militaires liĂ©s aux paramilitaires, qui figurent sur la liste des organisations terroristes de l'OEA (Organisation des Ătats d'AmĂ©rique)[13]. Majoritaires dans les deux Chambres, les dĂ©mocrates se sont saisis de l'affaire pour rĂ©duire l'aide militaire apportĂ©e Ă la Colombie (principalement dans le cadre du plan Colombie) et d'ajouter des conditions Ă l'aide Ă©conomique versĂ©e[14].
L'ancien vice-prĂ©sident des Ătats-Unis, Al Gore, a annulĂ© en sa participation Ă un forum environnemental oĂč devait participer Uribe, en affirmant que les soupçons Ă son Ă©gard devaient d'abord ĂȘtre dissipĂ©s. Uribe a rejetĂ© ces accusations, qu'il prĂ©senta comme des calomnies, et s'est dĂ©clarĂ© navrĂ© de la dĂ©cision d'Al Gore[15].
Le prĂ©sident Uribe a ensuite entrepris une tournĂ©e aux Ătats-Unis afin d'obtenir l'appui des membres du CongrĂšs amĂ©ricain pour signer le traitĂ© de libre Ă©change Colombie-Ătats-Unis, dont la signature pourrait ĂȘtre hypothĂ©quĂ©e aux consĂ©quences du « Paragate », comme on l'appelle aussi dans la presse nationale. Il a rencontrĂ© Ă cette occasion Nancy Pelosi, qui lui rĂ©pondit que pour avoir l'appui du Parti dĂ©mocrate, il fallait impĂ©rativement que le gouvernement soumette Ă la justice tous les fonctionnaires compromis par ce scandale, tout en regrettant l'impunitĂ© accordĂ©e aux crimes faits Ă l'encontre des syndicalistes[16]. Un nouveau voyage d'Uribe n'a pas eu plus de succĂšs.
Le scandale de la parapolitique a amené le président colombien Uribe à arbitrer, au sein de son administration, en faveur de ceux qui souhaitent un désarmement à grande échelle des paramilitaires et sans trop de concessions.
Antécédents
Bien que les AUC, fondĂ©es en 1997 Ă partir d'une fusion des diffĂ©rents groupes paramilitaires eux-mĂȘmes issus de la Violencia des annĂ©es 1960, soient soupçonnĂ©s de longue date d'avoir tissĂ© des liens avec la classe politique et les forces armĂ©es colombiennes, c'est l'Ă©mergence de ce scandale, avec la dĂ©couverte en particulier de l'ordinateur de Jorge 40, qui a permis Ă la justice colombienne d'initier des enquĂȘtes et d'arrĂȘter plusieurs politiciens.
DĂšs , le dĂ©putĂ© Gustavo Petro (PĂŽle dĂ©mocratique alternatif, deuxiĂšme force politique du pays depuis l'Ă©lection de [17]) dĂ©nonce la complicitĂ© entre les paramilitaires et certains politiques, accusant notamment le sĂ©nateur Alvaro GarcĂa Romero (aujourd'hui incarcĂ©rĂ©) d'ĂȘtre le co-inspirateur d'un groupe paramilitaire, en 1997, avec Salvador Arana, ancien gouverneur de Sucre et alors ambassadeur au Chili, Miguel Nule AmĂn, Salvatore Mancuso, chef des AUC, Eduardo Cobo (alias « Diego Vecino »), SalomĂłn FĂ©riz (frĂšre du dĂ©putĂ© JosĂ© Luis FĂ©riz) et deux membres de l'armĂ©e[18] - [19] - [20]. Le groupe Ă©tait accusĂ© d'avoir commis des assassinats ainsi que le massacre de El Chengue, en , qui fit 25 morts[18]. L'action judiciaire contre ce groupe a, selon Petro, notamment Ă©tĂ© bloquĂ© par JosĂ© Feliciano Yepes, aujourd'hui emprisonnĂ© Ă Caracas pour tentative d'assassinat contre le prĂ©sident vĂ©nĂ©zuĂ©lien Hugo ChĂĄvez[18].
Petro dénonça aussi, preuves à l'appui, le sénateur Alvaro Romero, pour son implication dans le massacre de Macayepo (15 morts). Député depuis plus de 20 ans, Romero s'est rendu à la justice le aprÚs une courte cavale[21]. En outre, Petro dénonce alors les liens entretenus avec les AUC, et en particulier avec Diego Vecino et Rodrigo Mercado Pelufo (alias Cadena), de l'ancien député Muriel Benito Rebollo. Cette derniÚre a alors nié cela, mais l'apparition de son nom dans l'ordinateur de « Jorge 40 » en tant que candidat de « Diego Vecino » pour les élections de 2006 conduit à sa condamnation à 6 ans de prison[22] - [23].
Un mois aprĂšs, Clara LĂłpez ObregĂłn, la dirigeante du PĂŽle dĂ©mocratique alternatif, dĂ©nonce devant la Cour suprĂȘme de justice les liens soupçonnĂ©s de membres du CongrĂšs avec les AUC, aprĂšs avoir pris connaissance des propos de Salvatore Mancuso, chef des AUC, selon lesquels 35 % du CongrĂšs « sont des amis » de son organisation[4].
La mĂȘme annĂ©e, Jorge Noguera Cotes, l'ancien directeur du DĂ©partement administratif de sĂ©curitĂ© (DAS), un des services de renseignements colombien, a fait l'objet d'une enquĂȘte sur la base de plusieurs accusations, dont l'une Ă©manant de l'ancien chef des services informatiques du DAS, Rafael GarcĂa, un tĂ©moin-clĂ© des enquĂȘtes. Ce dernier accusait Noguera de mettre le DAS Ă disposition des AUC dans le nord du pays[24].
Devant l'accusation de mĂ©dias tel que la revue Semana, le prĂ©sident Uribe s'est indignĂ©, affirmant qu'il « mettrait sa main au feu pour lui » [Noguera]. Ce dernier a cependant dĂ» dĂ©missionner, et a Ă©tĂ© nommĂ© comme consul Ă Milan, avant de devoir dĂ©missionner Ă nouveau et ĂȘtre inculpĂ©, en , accusĂ© d'« association de malfaiteurs » et d'avoir collaborĂ© et informĂ© illĂ©galement les paramilitaires[25]. Noguera a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© le [26].
En , la Cour Constitutionnelle conditionna la Loi Justice et paix, amnistiant les AUC, à des « aveux pleins et sincÚres », à la révélation de « la localisation des corps des desaparecidos » et au dédommagement financier des victimes[27], sans quoi elle était déclarée anticonstitutionnelle[14]. C'est grùce à ces amendements que l'incarcération de 58 paramilitaires (sur un total de 30 000 combattants démobilisés[28]), préalable à leur amnistie, a incité ceux-ci à révéler des informations concernant leurs liens avec l'armée et les politiques, afin de pouvoir bénéficier de la loi, qui a établi un plancher maximal de 8 ans de prison pour les crimes commis, quels qu'ils soient[2]. Salvatore Mancuso a alors révélé plusieurs crimes compromettant les politiciens de plusieurs régions du pays[28].
L'ordinateur de « Jorge 40 »
Les enquĂȘteurs sont d'abord partis d'un ordinateur d'un certain « Don Antonio », homme de confiance de Rodrigo Tovar Pupo (alias « Jorge 40 »), chef du Bloc nord des AUC, dans lequel ils ont trouvĂ© des fichiers rĂ©vĂ©lant de multiples crimes commis contre des syndicalistes et membres de la sociĂ©tĂ© civile dans la rĂ©gion CaraĂŻbe sur la cĂŽte Atlantique, et l'alliance avec diffĂ©rents politiciens, dont des maires, des gouverneurs et des candidats aux lĂ©gislatives, avec l'objectif d'Ă©tendre leur influence. Les crimes comptent plusieurs massacres, assassinats, et un nombre inconnu de dĂ©putĂ©s et d'autres responsables politiques Ă©lus grĂące Ă l'influence et Ă l'intimidation des paramilitaires[28]. Bien des crimes dĂ©taillĂ©s dans l'ordinateur de « Jorge 40 », lui-mĂȘme accusĂ© d'avoir assassinĂ© plus de 50 membres de la sociĂ©tĂ© civile entre 2004 et 2006[28], ont Ă©tĂ© commis aprĂšs le cessez-le-feu des AUC. L'ordinateur rĂ©vĂšle en outre les fraudes Ă©lectorales ayant facilitĂ© lâĂ©lection puis la rĂ©Ă©lection de Uribe en 2002 et 2006[1].
Ces rĂ©vĂ©lations ont poussĂ© le procureur Edgardo Maya VillazĂłn Ă dĂ©clarer que ce scandale serait Ă©quivalent voire pire au procĂšs 8 000, qui a touchĂ© l'ancien prĂ©sident Ernesto Samper, accusĂ© d'avoir financĂ© sa campagne Ă©lectorale de 1995 grĂące aux fonds des paramilitaires. Devant ĂȘtre jugĂ© par le CongrĂšs, Samper a Ă©tĂ© exonĂ©rĂ© par celui-ci, mais son ministre de la DĂ©fense, Fernando Botero Zea, et son trĂ©sorier de campagne, Santiago Medina, ont Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ©s. Quatre dĂ©putĂ©s membres de la coalition parlementaire appuyant Uribe, Zulema Jattin, Dieb Maloof, David Char et Alvaro GarcĂa Romero, ont Ă©tĂ© Ă©claboussĂ©s par les informations contenues dans cet ordinateur[29].
Le Pacte de Ralito
C'est dans le cadre de ce scandale qu'on a dĂ©couvert le « Pacte de Ralito », un document, signĂ© le , qui prouve l'existence d'un accord entre les AUC, plusieurs parlementaires ou anciens parlementaires (dont sept dĂ©putĂ©s et quatre sĂ©nateurs), cinq maires, deux gouverneurs (celui de Sucre et de CĂłrdoba), un journaliste, et d'autres fonctionnaires pour « refonder la patrie »[30]. La plupart des signataires ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s le , inculpĂ©s d'association aggravĂ©e de malfaiteurs, bien que certains aient essayĂ©, sans succĂšs, de se faire inculper pour dĂ©lit de sĂ©dition[31]. L'existence du Pacte de Ralito a Ă©tĂ© dĂ©voilĂ© fin 2006 par le sĂ©nateur Miguel Alfonso de la Espriella, l'un des signataires, sur ordre d'un des chefs des AUC, Salvatore Mancuso. Le contenu du document a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© publiquement en Ă la suite des dĂ©clarations de Jorge 40, responsable des AUC, lors des nĂ©gociations de paix, et une des copies du document lui-mĂȘme remis Ă la justice par Mancuso lors d'une de ses auditions[30].
Selon les enquĂȘtes de l'hebdomadaire El Espectador, le pacte a Ă©tĂ© signĂ© dans le cadre d'une stratĂ©gie des AUC afin de consolider leur pouvoir en marge de la loi, en s'appuyant sur le narcotrafic et concrĂ©tiser, Ă l'avenir, la prise du pouvoir politique, d'abord dans la rĂ©gion Caribe puis au niveau national. DĂ©nommĂ© « Plan Birmanie », en rĂ©fĂ©rence au pays situĂ© dans le Triangle d'or asiatique, cette initiative n'a pas fait l'unanimitĂ© au sein des AUC. Carlos Castaño a en effet refusĂ© de l'appuyer, s'opposant aux leaders d'alors du Bloque Central BolĂvar des AUC, IvĂĄn Roberto Duque alias « Ernesto BĂĄez » et Carlos Mario JimĂ©nez alias « Macaco », fortement liĂ©s aux trafic de stupĂ©fiants, et dĂ©cidant finalement de dĂ©missionner[32]. Castaño a par la suite Ă©tĂ© assassinĂ© par son propre frĂšre, Vicente Castaño[33] - [34], fondateur du groupe paramilitaire Ăguilas Negras, crĂ©Ă© Ă la suite de la dĂ©mobilisation des AUC et qui refuse toute nĂ©gociation avec le gouvernement Uribe.
Deux universitaires argentins, Mario Alfredo Sandoval et Juan Antonio Rubbini Melato, Ă©taient prĂ©sents Ă la rĂ©union de Ralito de 2001, selon Alfonso de la Espriella, en tant que conseillers politiques des AUC[35] - [36] - [37]. Sandoval, rĂ©fĂ©rencĂ© avec le numĂ©ro 1076/1163 dans le rapport de la ComisiĂłn Nacional sobre la DesapariciĂłn de Personas (Commission nationale sur la disparition de personnes, CONADEP), Ă propos de lâenlĂšvement dâun Ă©tudiant dâarchitecture pendant la « guerre sale » des annĂ©es 1970[37], et dĂ©sormais spĂ©cialisĂ© dans l'intelligence Ă©conomique, a notamment Ă©tĂ© chargĂ© de cours Ă l'IHEAL (Institut des Hautes Ătudes d'AmĂ©rique Latine), enseignant aussi Ă l'universitĂ© Sorbonne Nouvelle - Paris 3 et Ă l'universitĂ© Paris-Est-Marne-la-VallĂ©e[35]. Il a fait partie d'une dĂ©lĂ©gation au Chili prĂ©sidĂ©e par Alain Juillet, ancien chef de la DGSE et depuis haut responsable chargĂ© de lâintelligence Ă©conomique au SGDN[35] - [38].
Signataires du Plan Ralito
Leaders des AUC
- Salvatore Mancuso alias « Santander Lozada ».
- Diego Fernando Murillo alias « Don Berna » ou « Adolfo Paz ».
- Edward Cobos Téllez alias « Diego Vecino ».
- Rodrigo Tovar Pupo alias « Jorge 40 ».
Leaders politiques
(Nom ; fonction au moment de la signature du pacte ; fonction au moment de l'ordre d'arrestation ; statut actuel.)
Source: 32 personas firmaron el 'acuerdo de Ralito', Radio Caracol, .
Liste non exhaustive (32 signataires en tout).
- Salvador Arana ; gouverneur de Sucre ; ancien ambassadeur au Chili ; en cavale.
- Rodrigo Burgos ; sĂ©nateur du Parti conservateur colombien ; dĂ©mis de ses fonctions ; rĂ©sultats provisoires de l'enquĂȘte favorables.
- Alfonso Campo Escobar ; représentant à la Chambre de Magdalena pour le Parti conservateur colombien ; ibid. ; incarcéré, s'est soumis à une condamnation par anticipation.
- Miguel de la Espriella ; représentant à la Chambre de Córdoba ; sénateur du Parti de la Colombie démocratique ; condamné à 3 ans et 7 mois de prison.
- José Gnecco Cerchar ; sénateur du Parti libéral colombien ; démis de ses fonctions ; incarcéré.
- JosĂ© MarĂa Imbeth ; dĂ©putĂ© du Parti conservateur colombien ; dĂ©mis de ses fonctions ; incarcĂ©rĂ©, en attente de jugement.
- JesĂșs MarĂa LĂłpez ; gouverneur de CĂłrdoba ; retraitĂ© ; libre en raison de son Ăąge.
- Juan Manuel López Cabrales ; sénateur du Parti libéral colombien ; ibid. ; incarcéré.
- William Montes ; sénateur du Parti conservateur colombien ; ibid. ; incarcéré.
- Reginaldo Montes ; représentant à la Chambre de Córdoba ; sénateur du Changement radical ; incarcéré.
- JosĂ© de los Santos Negrete ; gĂ©rant du Parti conservateur colombien ; reprĂ©sentant du Parti conservateur colombien Ă la Chambre de CĂłrdoba ; absous par la Cour suprĂȘme de justice.
- Luis Carlos Ordosgoitia ; Représentant à la Chambre de Córdoba ; directeur de l'INCO (Instituto Nacional de Concesiones) ; incarcéré, en attente de jugement.
- Eleonora Pineda ; Conseil de Tierralta ; ancienne députée ; incarcérée.
- Freddy Sånchez ; député ; démis de ses fonctions ; incarcéré.
- Sigifredo Senior ; maire de Tierralta ; - ; incarcéré, en attente de jugement.
- Edwin Mussi ; maire de Ovejas, Sucre ; - ; incarcéré, en attente de jugement.
Le scandale du DAS
Le scandale touchant le DĂ©partement administratif de sĂ©curitĂ© (DAS), la principale agence de renseignement en Colombie, Ă©clata Ă la suite de l'arrestation de son chef du secteur informatique, Rafael Enrique GarcĂa, accusĂ© d'avoir favorisĂ© les groupes paramilitaires et les narcotrafiquants devant ĂȘtre extradĂ©s aux Ătats-Unis. GarcĂa a dĂ©noncĂ© Jorge Noguera Cotes, l'ancien chef du DAS, alors consul Ă Milan, d'avoir utilisĂ© sa position pour mettre le DAS au service des paramilitaires dirigĂ©s par Jorge 40. Selon des dĂ©clarations de GarcĂa, dĂ©but 2006, dans les mĂ©dias, Noguera aurait remis une liste comportant le nom de 24 dirigeants syndicaux au Bloque Norte, dirigĂ© par Jorge 40[39]. Plusieurs des personnes figurant sur la liste ont Ă©tĂ© tuĂ©es, menacĂ©es ou soumises Ă un processus judiciaire arbitraire[39].
AppuyĂ© par le prĂ©sident Uribe, Jorge Noguera a cependant dĂ» dĂ©missionner, avant d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© le , accusĂ© d'association de malfaiteurs et d'homicide aggravĂ©[40]. Uribe a dĂ©clarĂ© alors que si Noguera Ă©tait jugĂ© coupable, il devrait prĂ©senter ses excuses au pays pour l'avoir nommĂ©. Noguera Ă©tait en effet chargĂ© de la campagne prĂ©sidentielle d'Uribe dans le dĂ©partement de Magdalena en 2002, et a Ă©tĂ© nommĂ© immĂ©diatement aprĂšs la victoire d'Uribe, avant d'ĂȘtre nommĂ© consul Ă Milan lors du second mandat d'Uribe[41].
Noguera a Ă©tĂ© remis en libertĂ© le pour vice de forme[42], avant d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© de nouveau le [43]. En , il a Ă©tĂ© destituĂ© de ses fonctions et suspendu pour 18 ans, accusĂ© d'avoir collaborĂ© avec les AUC, de s'ĂȘtre enrichi de façon illĂ©gale et d'avoir dĂ©formĂ© des informations afin de favoriser les paramilitaires. Une enquĂȘte contre lui est toujours en cours[44].
Branche judiciaire et liens avec la 'Ndrangheta calabraise
L'ancien prĂ©sident du Conseil supĂ©rieur de la magistrature, JosĂ© Alfredo Escobar AraĂșjo, ainsi que sa femme Ana Margarita FernĂĄndez, l'ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du procureur gĂ©nĂ©ral de Colombie, ont aussi reconnu entretenir des liens d'amitiĂ© avec le mafioso Giorgi Sale, membre de la 'Ndrangheta calabraise arrĂȘtĂ© en 2006, mais nia avoir eu connaissance de ses activitĂ©s de trafic de drogue. Sale Ă©tait liĂ© Ă Salvatore Mancuso, le chef des paramilitaires[45] - [46]. Le , Escobar a dĂ©missionnĂ© de la prĂ©sidence du Conseil, suivi de la dĂ©mission de sa femme, tout en en restant membre en tant que magistrat[45]. Le frĂšre d'Ana Margarita FernĂĄndez, qui occupa pendant cinq ans des fonctions gouvernementales, Antonio FernĂĄndez, Ă©tait lui-mĂȘme jusqu'Ă rĂ©cemment directeur national des Biens Ă la Direction nationale des stupĂ©fiants. Dans un des enregistrements publiĂ©s par l'hebdomadaire Semana, le magistrat Escobar AraĂșjo affirmait au mafieux Sale qu'il intercĂ©derait en sa faveur auprĂšs de son beau-frĂšre, Antonio FernĂĄndez[45].
Tensions entre la Cour SuprĂȘme de justice et le prĂ©sident Uribe
Le président Uribe a déposé en une plainte pour diffamation et calomnie aprÚs que le président de la Cour, Cesar Julio Valencia Copete, ait refusé de retirer ses propos publiés par El Espectador, dans lesquels ce dernier assurait que le président l'avait appelé afin qu'il intervienne en faveur de son cousin et associé politique Mario Uribe Escobar, aujourd'hui détenu à la prison de Bogota[47].
De plus, le prĂ©sident Uribe et le Ministre de l'IntĂ©rieur et de la Justice Carlos HolguĂn Sardi ont critiquĂ©, en , les dĂ©cisions de la justice d'incarcĂ©rer les Ă©lus[48]. Le gouvernement Uribe a Ă©tudiĂ© un projet visant Ă crĂ©er un nouveau tribunal, habilitĂ© Ă juger le prĂ©sident, les membres du CongrĂšs et les magistrats, et qui se substituerait Ă la Cour suprĂȘme de justice. Les magistrats de toutes les hautes cours ont rĂ©pondu par un communiquĂ© rejetant l'initiative et les dĂ©clarations du ministre[49] - [6].
Notes et références
- Laurence Mazure, Dans lâinhumanitĂ© du conflit colombien - Le scandale de la « parapolitique » Ă©clabousse le prĂ©sident Ălvaro Uribe, Le Monde diplomatique, mai 2007 (fr) (traductions en anglais et portugais).
- Colombie - paramilitaires : cousin du prĂ©sident Uribe arrĂȘtĂ© ; ancien sĂ©nateur, il prĂ©sida le Parlement, Latin Reporters, 23 avril 2008 (fr).
- Alexandra Matine, Colombie : Ălvaro Uribe impliquĂ© dans un massacre de paysans par une enquĂȘte officielle, Paris Match, 24 avril 2008 (fr).
- El escĂĄndalo de la 'parapolĂtica' en Colombia, El PaĂs, 20 fĂ©vrier 2007 (es).
- Uribe ally quits Colombia Senate, BBC, 5 octobre 2007 (en).
- Cathy CeĂŻbe, Avis de tempĂȘte sur Uribe, L'HumanitĂ©, 24 avril 2008 (fr).
- Pascale Mariani et Roméo Langlois, Le scandale des paramilitaires colombiens éclabousse Uribe, Le Figaro, 24 avril 2008 (fr).
- Le prĂ©sident Uribe visĂ© par une enquĂȘte sur le massacre de paysans colombiens, Le Monde avec l'AFP et Reuters, 24 avril 2008 (fr).
- Paulo A. Paranagua, Le prĂ©sident colombien Ălvaro Uribe dĂ©ment ĂȘtre impliquĂ© dans un crime des paramilitaires, Le Monde, 24 avril 2008 (fr).
- Michel Taille, « En Colombie, le cousin du PrĂ©sident Ă lâombre des paramilitaires », LibĂ©ration, 26 avril 2008 « Lire en ligne »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?) (consultĂ© le ) (fr).
- Las pruebas hablan por sĂ solas, Semana, 11 novembre 2006 (es).
- Laurence Mazure, « L'extradition, outil de normalisation du para-Etat colombien », sur Le Monde diplomatique,
- Nancy Pelosi le exige a Ălvaro Uribe condenar a los militares que tengan nexos con paramilitares, Semana, 5 mars 2007 (es).
- Philippe Dufort (Université du Québec), Paramilitarisme et scandale de la parapolitique en Colombie, La Chronique des Amériques, octobre 2007, n°17 (fr).
- Al Gore dice que Uribe debe resolver las acusaciones sobre paramilitarismo, Semana, 20 avril 2007 (es).
- Pelosi pide a Uribe actuar contra « paras », BBC, 3 mai 2007 (es).
- Colombie: appel à la vigilance face aux menaces dirigées contre l'opposition, PÎle démocratique alternatif, 7 mars 2007 (fr).
- El congresista Gustavo Petro, denuncia presuntos vĂnculos entre dirigentes polĂticos y paramilitares, Radio Caracol, 19 mai 2005 (es).
- Gustavo Petro denuncia, PÎle démocratique alternatif, 9 décembre 2006 (es).
- El gobernador de la muerte, Semana, 18 novembre 2006 (es).
- El poder del âgordoâ, Semana, 18 novembre 2006 (es).
- Capturan a ex congresista Muriel Benito Rebollo, Semana, 15 novembre 2006 (es).
- Ex representante Muriel Benito Rebollo, condenada a 47 meses de prisiĂłn, Semana (es).
- FiscalĂa ordena captura de ex director del DAS, W Radio, 22 fĂ©vrier 2007 (es).
- Llaman a indagatoria a Jorge Noguera, Semana, 22 janvier 2006.
- FiscalĂa capturĂł a Jorge Noguera por 'parapolĂtica', Semana, 6 juillet 2007 (es).
- Human Rights Watch, Colombia: Al Corregir Ley de DesmovilizaciĂłn, Corte Evita Abusos Futuros, 19 juillet 2006 (es) ; Traduction anglaise. .
- El personaje del año: el fantasma paramilitar, Semana, 23 février 2006 (es).
- El computador de âJorge 40â puede ser el inicio de un nuevo proceso 8.000, Semana, 10 octobre 2006 (es).
- 32 personas firmaron el 'acuerdo de Ralito', Radio Caracol, 20 janvier 2007 (es).
- Ordenan la captura de los congresistas que firmaron el pacto de Ralito, Radio Caracol, 14 mai 2007 (es).
- Los secretos del Plan Birmania, El Espectador, 14 novembre 2007 (es).
- Libération (daté du samedi 2 et dimanche 3 septembre 2006).
- Misterio de Carlos Castaño, develado, BBC, 4 septembre 2006 (es).
- Eduardo Febbro, Un amigo de los para, Pagina 12, 16 mars 2008 (es).
- Laurence Mazure, Imprudences ou connivences, Le Monde diplomatique, mai 2007 (fr).
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- Mancuso, vinculado con mafias italianas, El PaĂs (Cali), 23 novembre 2006 (es).
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- « Colombia: Gobierno critica la detenciĂłn de polĂticos vinculados a los paramilitares »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?) (consultĂ© le ), Infolatam, 23 avril 2008 (es).
- « Altas cortes de Colombia rechazan iniciativa para nuevo tribunal », Reuters, 22 avril 2008, 16:43 GYT lire en ligne (es).
Voir aussi
Bibliographie
- « Philippe Dufort (Université du Québec), Paramilitarisme et scandale de la parapolitique en Colombie », La Chronique des Amériques, , no 17
Articles connexes
Liens externes
- (es) ParapolĂtica. La ruta de la expansiĂłn paramilitar y los acuerdos polĂticos. Livre sur la parapolitique publiĂ© par la FundaciĂłn Nuevo Arcoiris et disponible gratuitement. [PDF]
- (es) El escĂĄndalo de la 'parapolĂtica' en Colombia, El PaĂs, (Chronologie du scandale)
- (fr) Note sur les parlementaires suspectés de liens avec des organisations paramilitaires colombiennes
- (fr) Contre le paramilitarisme en Colombie