Pacte de Ralito
Le pacte de Ralito est un accord signé le entre les Autodéfenses unies de Colombie (AUC) et des parlementaires ou anciens parlementaires colombiens (dont sept députés et quatre sénateurs), cinq maires, deux gouverneurs (celui de Sucre et de Cordoba), un journaliste, et d'autres fonctionnaires pour « refonder la patrie »[1]. Le pacte est un des éléments notables du scandale de la parapolitique.
Selon l'enquĂȘte de l'hebdomadaire colombien El Espectador, le pacte est signĂ© dans le cadre d'une stratĂ©gie des AUC visant Ă consolider leur pouvoir en marge de la loi, en s'appuyant sur le narcotrafic et concrĂ©tiser, Ă l'avenir, la prise du pouvoir politique, d'abord dans la rĂ©gion caraĂŻbe puis au niveau national.
DĂ©nommĂ© « Plan Birmanie », en rĂ©fĂ©rence Ă ce pays du Triangle d'or asiatique, cette initiative ne fait pas l'unanimitĂ© au sein des AUC. Carlos Castaño, leader des AUC, refuse en effet de l'appuyer, s'opposant aux chefs du Bloque Central BolĂvar des AUC, IvĂĄn Roberto Duque, alias Ernesto BĂĄez, Carlos Mario JimĂ©nez, alias Macaco, et Ă celui du Bloque Cacique Nutibara, Diego Fernando Murillo, alias Don Berna. Tous sont directement impliquĂ©s dans le trafic de stupĂ©fiants. Carlos Castaño dĂ©cide finalement de dĂ©missionner[2]. Il sera assassinĂ© par son propre frĂšre, Vicente Castaño[3] - [4], fondateur du groupe paramilitaire Ăguilas Negras, crĂ©Ă© Ă la suite de la dĂ©mobilisation des AUC et refusant toute nĂ©gociation avec le gouvernement Uribe.
Deux universitaires argentins, Mario Alfredo Sandoval et Juan Antonio Rubbini Melato, sont prĂ©sents Ă la rĂ©union de Ralito de 2001, selon Alfonso de la Espriella, en tant que conseillers politiques des AUC[5] - [6] - [7]. Mario Sandoval, rĂ©fĂ©rencĂ© avec le no 1076/1163 dans le rapport de la Commission nationale sur la disparition de personnes (CONADEP) en Argentine, Ă propos de lâenlĂšvement dâun Ă©tudiant dâarchitecture pendant la « guerre sale » des annĂ©es 1970[7], et dĂ©sormais spĂ©cialisĂ© dans l'intelligence Ă©conomique, a notamment Ă©tĂ© chargĂ© de cours Ă l'IHEAL, enseignant aussi Ă la Sorbonne nouvelle et Ă l'UniversitĂ© de Marne-la-VallĂ©e[5]. Il a fait partie d'une dĂ©lĂ©gation au Chili prĂ©sidĂ©e par Alain Juillet, ancien chef de la DGSE et depuis haut responsable chargĂ© de l'intelligence Ă©conomique au SGDN[5] - [8].
L'existence du pacte de Ralito sera dĂ©voilĂ© fin 2006 par le sĂ©nateur Miguel Alfonso de la Espriella, l'un des signataires, sur ordre d'un des chefs des AUC, Salvatore Mancuso. Le contenu du document est rĂ©vĂ©lĂ© publiquement en Ă la suite des dĂ©clarations de Jorge 40, commandant du Bloc Nord des AUC, lors des nĂ©gociations de paix, et une copie du document est remise Ă la justice par Mancuso lui-mĂȘme lors d'une de ses auditions[1]. La plupart des signataires sont arrĂȘtĂ©s le , inculpĂ©s d'association aggravĂ©e de malfaiteurs, bien que certains tentent de faire requalifier ce dĂ©lit pour celui de sĂ©dition, sans succĂšs[9].
Références
- (es) « 32 personas firmaron el 'acuerdo de Ralito' », Radio Caracol, 19 janvier 2007.
- (es) « Los secretos del Plan Birmania », El Espectador, 14 novembre 2007.
- Jean-Hébert Armengaud, « Le chef des miliciens colombiens torturé et exécuté par les siens », Libération, 2 septembre 2006.
- (es) Hernando Salazar, « Misterio de Carlos Castaño, develado », BBC Mundo, 4 septembre 2006.
- (es) Eduardo Febbro, « Un amigo de los para », Pågina/12, 16 mars 2008.
- Laurence Mazure, « Imprudences ou connivences », Le Monde diplomatique, mai 2007, p. 8â9.
- Laurence Mazure, « Un tortionnaire de la dictature conseiller de Sarkozy ? Assistera-t-il à la rencontre Kirchner-Sarkozy du 7 avril ? », Coordination de soutien aux luttes du peuple argentin (CALPA), 25 mars 2008.
- Sylvain Lapoix, « Les Chambres de commerce ont aidé l'ex-tortionnaire argentin à se recycler »(Archive.org ⹠Wikiwix ⹠Archive.is ⹠Google ⹠Que faire ?) (consulté le ), Marianne, 11 avril 2008.
- (es) « Ordenan la captura de los congresistas que firmaron el pacto de Ralito », Radio Caracol, 14 mai 2007.