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Politique en Colombie

La Colombie est une république fonctionnant avec un régime présidentiel régi par la Constitution de 1991. Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la république, actuellement Gustavo Petro[1].

Historique

Depuis les annĂ©es 1840, la politique de la Colombie est dominĂ©e par le Parti libĂ©ral et le Parti conservateur, dont sont issus la plupart des PrĂ©sidents. À l'exception d'une brĂšve pĂ©riode de rĂ©gime militaire dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Rojas Pinilla entre 1953 et 1958, les institutions ont connu un fonctionnement dĂ©mocratique pendant la majeure partie de l'histoire du pays, le pouvoir alternant ou se partageant entre les libĂ©raux et les conservateurs.

La diffĂ©rence entre libĂ©raux et conservateurs est autant affaire de tradition familiale que de positions politiques, mais une ligne de clivage claire entre ces deux partis sur certains grands sujets : durant la majeure partie de l'histoire du pays, le Parti libĂ©ral est fĂ©dĂ©raliste, au contraire du Parti conservateur, plutĂŽt centralisateur. Le Parti conservateur, est traditionnellement plutĂŽt protectionniste et dĂ©fend la place de l'Ă©glise catholique dans la sociĂ©tĂ©. Le Parti libĂ©ral est au contraire de tradition laĂŻque et libre-Ă©changiste. Par la suite, l’émergence puis la domination du modĂšle capitaliste ont conduit Ă  une unification Ă©conomique et sociale des classes dirigeantes colombiennes. L’élite Ă©tant progressivement devenue un groupe social unique, les diffĂ©rences entre les partis ont perdu de leur pertinence pour les groupes dirigeants, et les possibilitĂ©s de coalition et de gouvernement partagĂ© sont devenues plus naturelles. Les gouvernements libĂ©raux n’ont ainsi jamais rĂ©ellement tentĂ© d’orienter la Colombie vers un modĂšle de type social-dĂ©mocrate, bien que certains se soient rĂ©vĂ©lĂ©s plus rĂ©formistes, comme Alfonso LĂłpez Pumarejo lors de son premier mandat entre 1934 et 1938. AprĂšs la Violencia, l’appartenance Ă  l’un des deux partis relevait gĂ©nĂ©ralement plus de la tradition familiale que d’arbitrages idĂ©ologiques[2].

Le Parti communiste colombien est fondé en 1930. Depuis les années 1960, on assiste à l'émergence d'autres partis politiques, qui prennent un poids croissant : le MRL d'Alfonso López Michelsen dans les années 1960, l'ANAPO de Gustavo Rojas Pinilla dans les années 1960 et 1970, l'Union Patriotique dans les années 1980 et l'Alliance Démocratique - M19 (voir M-19). Le Parti libéral et le Parti conservateur ont continué à se partager le pouvoir jusqu'à 2002, date de la premiÚre élection d'Álvaro Uribe.

Le candidat de gauche, Gustavo Petro, atteint le second tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle en 2018. Il s'agit d'une premiĂšre pour la gauche colombienne, longtemps rejetĂ©e Ă  la marge de la vie politique du pays selon l’argument qu'elle Ă©tait irrĂ©mĂ©diablement liĂ©e Ă  la lutte armĂ©e. D'aprĂšs le politologue Yann Basset, « le premier tour a montrĂ© qu’on ne vote plus dĂ©sormais en Colombie en fonction des rĂ©seaux clientĂ©listes, mais qu’il existe un vote d’opinion, une citoyennetĂ© civique, et c’est un vrai changement politique ». PrĂ©sentĂ© par la plupart des mĂ©dias colombiens comme un « populiste de gauche » qui mĂšnerait son pays Ă  la ruine comme le Venezuela, Petro est largement devancĂ© au second tour par son adversaire conservateur Ivan Duque, Ă©lu avec 54 % des voix[3] - [4].

Violence et politique en Colombie

L'affrontement politique entre Parti libéral et Parti conservateur a parfois débouché sur de véritables guerres civiles comme la Guerre des Mille Jours de 1899 à 1902, ou la période de La Violencia entre 1948 et 1960. Ce schéma ne s'est pas reproduit depuis les années 1960 et le Front national.

En revanche, la situation actuelle de la Colombie est marquée par un conflit armé qui se prolonge depuis les années 1960. Ce conflit implique deux guérillas marxistes, l'ELN et les FARC, des groupes paramilitaires comme les Aigles noirs, ainsi que la force publique (armée et police).

Les militants de l’Union Patriotique, la principale formation de gauche dans les annĂ©es 1980, ont fait l'objet d'une campagne d'extermination (4 000 morts) qui a conduit Ă  la disparition du parti[5].

Religion et politique

La religion est un thĂšme central de la vie politique du pays. Au XIXe siĂšcle, plusieurs guerres civiles ont Ă©tĂ© suscitĂ©es par des questions religieuses, et de la fin du XIXe siĂšcle Ă  1930, l’archevĂȘque de BogotĂĄ devait donner son placet au candidat prĂ©sidentiel du parti conservateur. L’Église maintient une position intransigeante Ă  l’égard des libĂ©raux au moment de leur retour au pouvoir en 1930, et des courants radicaux appellent Ă  la « guerre sainte » contre les libĂ©raux pendant la pĂ©riode connue comme La Violencia (1946-1958)[6] - [7].

Des partis politiques ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s dans les rangs des mouvements pentecĂŽtistes, et les « megachurchs » reçoivent rĂ©guliĂšrement la visite des candidats aux Ă©lections. Certaines dĂ©cisions politiques restent largement influencĂ©es par des intĂ©rĂȘts religieux.

Institutions

La Constitution colombienne de 1886 reste en vigueur jusqu'en 1991, ancrant fermement la Colombie dans un corpus idĂ©ologique et des pratiques politiques conservatrices, mĂȘme pendant les Ă©pisodes de gouvernements libĂ©raux. La Constitution de 1991, adoptĂ©e aprĂšs un accord de paix entre l’État et le Mouvement du 19 avril (M-19, une guĂ©rilla de gauche), marque en thĂ©orie une rupture, dĂ©finissant la Colombie comme un État social de droit, organisĂ© en une RĂ©publique unitaire, dĂ©mocratique, participative, pluraliste, dĂ©centralisĂ©e, aux entitĂ©s territoriales autonomes. Mais elle n’a eu aucun impact sur la politique Ă©conomique effectivement menĂ©e, et n’a pas renouvelĂ© le personnel politique[2].

Pouvoir exécutif

Le pouvoir exĂ©cutif est dĂ©tenu par le PrĂ©sident, qui est Ă  la fois le chef de l'État et du gouvernement. Le prĂ©sident et le vice-prĂ©sident sont tous deux Ă©lus au suffrage universel Ă  deux tours pour un mandat de quatre ans.

Pouvoir législatif

Le pouvoir législatif colombien est bicaméral. Le parlement, appelé CongrÚs, est constitué du Sénat (la chambre haute) et de la Chambre des représentants (la chambre basse). Les membres des deux chambres sont élus pour une période de quatre ans, au suffrage universel.

Entre 1995 et 2014, cent quarante-quatre parlementaires (dont huit prĂ©sidents du CongrĂšs) ont Ă©tĂ© impliquĂ©s dans scandale de la parapolitique, pour leur collaboration avec les milices paramilitaires d’extrĂȘme droite[5].

Pouvoir judiciaire

Le pouvoir judiciaire en Colombie (es) s’inspire du modĂšle français avec quelques spĂ©cificitĂ©s, notamment l’existence d’un ministĂšre public autonome, le « Fiscal » gĂ©nĂ©ral, nommĂ© par la Cour suprĂȘme de justice Ă  partir de trois candidats proposĂ©s par le prĂ©sident de la RĂ©publique. Le pouvoir judiciaire est exercĂ© par la Cour constitutionnelle, la plus haute autoritĂ© judiciaire de Colombie, par la Cour suprĂȘme de justice et par le Conseil d'État[8]. Le siĂšge de la Cour suprĂȘme de justice, de la Cour constitutionnelle et du Conseil d'État est le palais de justice, Ă  Bogota.

Partis politiques

À partir de sa fondation en 2005, le Parti de la U, qui regroupe les partisans du prĂ©sident Uribe, obtient de bons rĂ©sultats Ă©lectoraux, rivalisant avec le Parti libĂ©ral et le Parti conservateur. Álvaro Uribe est rĂ©Ă©lu dĂšs le premier tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2006, mais la Constitution lui interdit de briguer un troisiĂšme mandat en 2010.

Au premier tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2010, Juan Manuel Santos, candidat du Parti de la U (46,57 %) arrive largement en tĂȘte, suivi par Antanas Mockus, candidat du Parti vert (21,47 %). Les candidats de Changement radical (GermĂĄn Vargas Lleras, 10,14 %) et du PĂŽle dĂ©mocratique alternatif (Gustavo Petro, 9,16 %) tirent Ă©galement leur Ă©pingle du jeu, tandis que les candidats du Parti conservateur et du Parti libĂ©ral sont relĂ©guĂ©s en cinquiĂšme et sixiĂšme position, avec 6,14 % et 4,37 % respectivement. Pour certains analystes, cette Ă©lection donne le coup de grĂące au systĂšme bipartite de la Colombie, l'un des plus anciens du monde avec une histoire d'un siĂšcle et demi[9].

À l'issue des Ă©lections lĂ©gislatives de 2010, les formations suivantes disposent d'une reprĂ©sentation au Parlement (Tableau 1). Si le "Parti de la U" obtient la reprĂ©sentation la plus importante, le Parti libĂ©ral et le Parti conservateur disposent encore d'importants groupes dans les deux assemblĂ©es, traduisant leur forte implantation locale :

Tableau 1 : Résultats des élections législatives du (estimations[10])
Sénateurs[11] Représentants[12]
Parti social d'unité nationale 27 47
Parti conservateur 23 ou 24 38
Parti libéral 18 35
Parti d'intégration nationale (PIN) 8 12
Changement radical 8 14
PÎle démocratique alternatif 8 4
Parti vert 4 ou 5 2
Mouvement de rénovation indépendante (Mira) 2 1
Engagement citoyen pour la Colombie 0 ou 1 0

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Steven Lynn Taylor, Voting amid violence : electoral democracy in Colombia, Northeastern University Press, Boston ; University Press of New England, Hanover, N. H., Londres, , 240 p. (ISBN 978-1-55553-698-5, lire en ligne)
  • (es) Daniel PĂ©caut, CrĂłnica de cuatro dĂ©cadas de polĂ­tica colombiana, Bogota, Grupo Editorial Norma, , 544 p. (ISBN 958-04-9551-3, lire en ligne)
  • (es) David Roll, Un siglo de ambigĂŒedad : para entender cien años de crisis y reformas polĂ­ticas en Colombia, Bogota, IEPRI, CEREC, , 599 p. (ISBN 958-8101-04-2)
  • (es) Jaime Jaramillo Uribe, AntologĂ­a del pensamiento polĂ­tico colombiano, Banco de la Republica, (lire en ligne)
  • (fr) Gonzalo SĂĄnchez (trad. de l'espagnol par Alexandra Merveille), Guerre et politique en Colombie, Paris, MontrĂ©al, L'Harmattan, , 216 p. (ISBN 2-7384-6371-1, lire en ligne)

Liens externes

Références

  1. Pierre Haski, Les deux gauches sudaméricaines, France Inter, 2022 https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/geopolitique/geopolitique-du-lundi-08-aout-2022-6904940
  2. Jean-Louis Martin, « Les cent jours du gouvernement Petro : une premiĂšre tentative de dĂ©passer un conservatisme social extrĂȘme », sur Fondation Jean-JaurĂšs,
  3. Anne Proenza, « Avec Gustavo Petro, la Colombie découvre le choix électoral », sur Libération.fr,
  4. Anne Proenza, « Colombie : droite dure et gauche indépendante au second tour », sur Libération.fr,
  5. « En Colombie, un CongrÚs pour ou contre la paix ? », sur Medelu,
  6. Juan Correa, « Covid-19, politique et religion : en Colombie, la laïcité malmenée par la pandémie », sur The Conversation,
  7. Rodolfo de Roux, « Helwar Hernando Figueroa Salamanca, La persistance des idĂ©es traditionalistes en Colombie. », Archives de sciences sociales des religions,‎ (lire en ligne)
  8. « Présentation de la Colombie », sur diplomatie.gouv.fr, France diplomatie, (consulté le ).
  9. Tiro de gracia, Semana,
  10. à la mi-mai 2010, les résultats définitifs de ces élections étaient encore inconnus à la suite d'irrégularités dans les procédures de votes, cf. Dos mes después Colombia sigue sin resultados de las elecciones legislativas, La Nación,
  11. ¿Quiénes conformarían el Senado?, Semana,
  12. AsĂ­ quedarĂ­a conformada la CĂĄmara de Representantes, Semana,
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