Juan Manuel Santos
Juan Manuel Santos CalderĂłn, nĂ© le Ă Bogota, est un homme d'Ătat colombien, prĂ©sident de la RĂ©publique de 2010 Ă 2018.
Juan Manuel Santos | ||
Juan Manuel Santos en 2010. | ||
Fonctions | ||
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Président de la République de Colombie | ||
â? (8 ans) |
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Ălection | 20 juin 2010 | |
RĂ©Ă©lection | 16 juin 2014 | |
Vice-prĂ©sident | Angelino GarzĂłn GermĂĄn Vargas Lleras Ăscar Naranjo |
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PrĂ©dĂ©cesseur | Ălvaro Uribe | |
Successeur | IvĂĄn Duque | |
Ministre de la DĂ©fense nationale | ||
â? (2 ans, 10 mois et 4 jours) |
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PrĂ©sident | Ălvaro Uribe | |
Prédécesseur | Camilo Ospina Bernal | |
Successeur | Freddy Padilla de LeĂłn | |
Ministre des Finances et du Crédit public | ||
â? (2 ans) |
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Président | Andrés Pastrana Arango | |
Prédécesseur | Juan Camilo Restrepo | |
Successeur | Roberto Junguito Bonnet | |
Ministre du Commerce extérieur | ||
â? (2 ans, 8 mois et 20 jours) |
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Président | César Gaviria | |
Successeur | Daniel Mazuera GĂłmez | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Juan Manuel Santos CalderĂłn | |
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Bogota (Colombie) | |
Nationalité | colombienne | |
Parti politique | Parti libéral (jusqu'en 2004) Parti de la U (depuis 2005) |
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PĂšre | Enrique Santos Castillo | |
MĂšre | Clemencia CalderĂłn | |
Conjoint | MarĂa Clemencia RodrĂguez (depuis 1987) | |
DiplÎmé de | Université du Kansas London School of Economics Université Harvard Fletcher School of Law and Diplomacy |
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Profession | Ăconomiste Journaliste |
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Distinctions | Prix Nobel de la Paix 2016 | |
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Présidents de la République de Colombie | ||
Il est plusieurs fois ministre Ă partir de 1991, dĂ©tenant notamment le portefeuille de la DĂ©fense nationale de 2006 Ă 2009, sous la prĂ©sidence d'Ălvaro Uribe.
Membre du Parti de la U, mouvement de droite soutenant Ălvaro Uribe, il est Ă©lu prĂ©sident de la RĂ©publique en 2010 et rĂ©Ă©lu en 2014. Il rompt progressivement avec la droite uribiste et obtient le prix Nobel de la paix en 2016 pour son action en faveur du processus de paix avec la guĂ©rilla des FARC. IvĂĄn Duque, un proche d'Uribe, lui succĂšde Ă la prĂ©sidence.
Famille et jeunesse
Juan Manuel Santos, troisiÚme des quatre enfants de Clemencia Calderón et Enrique Santos Castillo, est issu d'une famille influente de Colombie. Son grand-oncle, Eduardo Santos, fondateur du journal El Tiempo (dont la famille est toujours propriétaire), a été président de la République de 1938 à 1942[1]. Son pÚre, Enrique Santos Castillo (1917-2001), a été rédacteur en chef puis éditeur du journal familial pendant 56 ans, ne le quittant que trois mois avant sa mort[2].
Juan Manuel Santos passe la majeure partie de son enfance Ă Bogota.
DiplÎmé d'économie et d'administration d'entreprises à l'université du Kansas, il étudie ensuite à la Fletcher School of Law and Diplomacy, la London School of Economics et à l'université Harvard[3].
CarriĂšre professionnelle
Juan Manuel Santos est nommé à 24 ans représentant de la Colombie à l'Organisation internationale du café, un poste qu'il conserve pendant sept ans tout en poursuivant des études à la London School of Economics. à son retour en Colombie, en 1983, il est nommé sous-directeur d'El Tiempo.
Parcours politique
Ascension
Il entre en politique comme ministre du Commerce extĂ©rieur du prĂ©sident libĂ©ral CĂ©sar Gaviria, dont il est Ă©lu dĂ©signĂ© prĂ©sidentiel en 1993[N 1]. De 1995 Ă 1997, il fait partie du triumvirat qui dirige le Parti libĂ©ral colombien[4]. En 1997, il contacte les AutodĂ©fenses unies de Colombie, en la personne de leur leader Carlos Castaño, selon lui dans l'optique de prĂ©parer un plan de paix, mais selon ses dĂ©tracteurs en vue de conspirer contre le prĂ©sident Ernesto Samper. PĂ©nalisĂ© par cette zone trouble, Santos n'obtient qu'un poste mineur dans le gouvernement d'AndrĂ©s Pastrana Arango, et prend du recul par rapport Ă la vie politique, se consacrant Ă l'Ă©criture de chroniques dans El Tiempo ainsi qu'Ă celle de son livre La tercera vĂa, de tendance blairiste. Santos parvient toutefois, dans la deuxiĂšme partie du mandat de Pastrana, Ă s'imposer de nouveau Ă un poste important du gouvernement (ministre des Finances et du CrĂ©dit public)[1].
En 2004, Santos quitte le Parti libĂ©ral, au sein duquel il avait commencĂ© sa carriĂšre politique, et annonce son ralliement Ă Ălvaro Uribe[4]. Il cofonde, en 2005, le Parti social d'unitĂ© nationale (« Parti de la U »), qui a pour but de regrouper les partisans de ce dernier.
Ministre de la DĂ©fense nationale
Ministre de la DĂ©fense nationale de Ă , Juan Manuel Santos dĂ©veloppe dans le cadre de la politique de « sĂ©curitĂ© dĂ©mocratique » du prĂ©sident Uribe une politique Ă©nergique de lutte contre la guĂ©rilla, en particulier les Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie (FARC), couronnĂ©e de succĂšs tels que l'opĂ©ration Jaque ou la mort de l'important cadre des FARC IvĂĄn RĂos, parfois plus controversĂ©e comme l'opĂ©ration PhĂ©nix (bombardement en Ăquateur d'un camp des FARC, au cours duquel RaĂșl Reyes trouve la mort). Ă la suite de cette derniĂšre opĂ©ration, qui dĂ©clenche une crise diplomatique entre la Colombie, l'Ăquateur et le Venezuela, un mandat d'arrĂȘt international est lancĂ© contre Santos par un juge Ă©quatorien[1].
Son passage au ministĂšre de la DĂ©fense est Ă©galement terni par le scandale dit des « faux positifs » (exĂ©cutions de civils que l'armĂ©e fait passer pour des guĂ©rilleros tuĂ©s au combat)[1]. Le scandale Ă©clate en 2008 avec l'identification de 19 jeunes dont les disparitions avaient Ă©tĂ© signalĂ©es par les familles Ă Soacha (dans la banlieue de Bogota) que lâarmĂ©e prĂ©sentait comme des guĂ©rilleros abattus[5]. La mĂ©diatisation soudaine de cette politique secrĂšte de l'armĂ©e colombienne entraine une multiplication des tĂ©moignages et des enquĂȘtes judiciaires conduit Ă identifier plus de 4 300 civils exĂ©cutĂ©s[6]. Toutefois, probablement couvertes par la hiĂ©rarchie militaire et les responsables politiques, ces pratiques sont restĂ©es globalement impunies (le taux dâimpunitĂ© pour les soldats criminels de guerre sâĂ©lĂšverait Ă 98,5 % selon l'ONU)[7].
Ălection prĂ©sidentielle de 2010
Le , aprĂšs son dĂ©part du ministĂšre de la DĂ©fense, il devient « directeur unique » du Parti social d'unitĂ© nationale (« Parti de la U »). Ălvaro Uribe arrivant Ă la fin de son second mandat et ne pouvant se reprĂ©senter malgrĂ© une popularitĂ© record (plus de 70 % d'opinions favorables), Juan Manuel Santos est choisi pour porter les couleurs du Parti de la U Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2010[8].
Juan Manuel Santos se pose comme le continuateur de la politique de « sĂ©curitĂ© dĂ©mocratique » du prĂ©sident sortant[N 2] - [9]. Il arrive en tĂȘte du premier tour avec 46,7 % des suffrages, devant le candidat du Parti vert, Antanas Mockus (21,5 %), majoritairement soutenu sur les rĂ©seaux sociaux[10] - [11]. Dans l'entre-deux-tours, GermĂĄn Vargas Lleras (Changement radical, 10,1 %), NoemĂ SanĂn (Parti conservateur, 6,1 %) et plusieurs Ă©lus du Parti libĂ©ral apportent leur soutien Ă Santos[12].
Le , il est élu président de la République de Colombie avec 69,1 % (9 millions de voix), contre 27,5 % (3,6 millions de voix) à Antanas Mockus. Au soir de sa victoire, il promet l'anéantissement des FARC et exige que celles-ci libÚrent tous leurs otages[13].
Investiture
Le , Juan Manuel Santos prĂȘte serment, devenant ainsi le 59e prĂ©sident de la RĂ©publique de Colombie. La cĂ©rĂ©monie d'investiture se tient sur la place BolĂvar de Bogota, en prĂ©sence de 3 000 invitĂ©s, dont le prĂ©sident sortant, Ălvaro Uribe, et 16 chefs d'Ătat et de gouvernement[N 3] - [14]. Dans son discours, il promet notamment de continuer la lutte contre les groupes armĂ©s illĂ©gaux tout en s'affirmant ouvert au dialogue si ceux-ci renoncent Ă leurs activitĂ©s, et formule le vĆu de « reconstruire les relations » avec le Venezuela et l'Ăquateur voisins[15].
Selon le PÎle démocratique alternatif, parti d'opposition de gauche, une cinquantaine d'opposants politiques auraient été assassinés dans les trois mois suivant son investiture[16].
Rupture avec la droite uribiste
DĂšs son arrivĂ©e Ă la tĂȘte du pays, bien quâil ait rendu hommage Ă son prĂ©dĂ©cesseur dans son discours dâinvestiture, Juan Manuel Santos est rĂ©guliĂšrement critiquĂ© par l'aile la plus conservatrice de la classe politique colombienne, notamment par Ălvaro Uribe lui-mĂȘme[17]. Le , Juan Manuel Santos, qui mĂšne une politique considĂ©rĂ©e comme moins « droitiĂšre » que celle d'Uribe, dĂ©nonce « ceux qui se permettent en tant qu'ancien prĂ©sident, d'Ă©mettre des critiques sur le travail de leurs successeurs ». Les mĂ©dias colombiens soulignent que cette rupture pourrait conduire Ă un affrontement entre les deux hommes lors de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2014[18].
Son gouvernement démantÚle peu à peu les réseaux de corruption, qui s'étaient multipliés durant la présidence d'Uribe, dans les secteurs de la santé, de l'éducation, de la collecte d'impÎts[19]. Il demande pardon aux victimes des paramilitaires et renforce les conditions de détention des officiers complices de massacres[19]. il fait aussi dissoudre les services de renseignements ; ceux-ci étant liés aux narcotrafiquants et impliqués dans la répression de l'opposition sous la présidence d'Uribe[20].
Il fait en outre voter des lois de restitution de terres aux populations déplacées et de réparations aux victimes du conflit avec les FARC. Ces lois sont critiquées en raison de l'expulsion de paysans de leurs terres pour les proposer à d'autres communautés[21].
NĂ©gociations avec les FARC et lâELN
Lors de son arrivĂ©e Ă la tĂȘte de la Colombie, le conflit armĂ© avec les FARC a fait prĂšs de 260 000 morts et sept millions de dĂ©placĂ©s[22].
Le , il demande Ă lâarmĂ©e de rĂ©viser sa stratĂ©gie pour combattre les FARC, ces derniĂšres regagnant du terrain et multipliant les attaques soudaines et imprĂ©vues, malgrĂ© la mort d'un de leurs dirigeants, Jorge Briceño SuĂĄrez[23]. Le lendemain, Juan Manuel Santos annonce son intention d'ouvrir un dialogue de paix avec la guĂ©rilla communiste uniquement en cas de « circonstances appropriĂ©es », parmi lesquelles la libĂ©ration des otages[24].
En , les FARC décrÚtent un cessez-le-feu définitif dans la foulée d'un accord de paix conclu avec le gouvernement pour mettre fin à 52 ans de conflit armé[25]. Juan Manuel Santos décide de soumettre l'accord de paix conclu entre le gouvernement et les FARC à un référendum. Mais, à la surprise générale, le « non » l'emporte avec 50,2 % des suffrages. La participation à ce scrutin est de seulement 37,4 %, en partie en raison de l'ouragan Matthew[26].
Malgré ce résultat, Juan Manuel Santos assure son intention de maintenir le cessez-le-feu en vigueur tandis que le chef des FARC, Timoleón Jiménez, appelle au maintien de la paix[27]. AprÚs une nouvelle phase de négociations, le gouvernement et les FARC signent un second accord, qui modifie substantiellement le premier[28]. En 2017, quelque 7 000 combattants des FARC remettent leurs armes à des représentants de l'ONU. Une cérémonie se tient par la suite en présence de Juan Manuel Santos et de Timoleón Jiménez pour récupérer le reste des armes ; l'ONU estime alors que toutes les armes des FARC ont été saisies[29]. Les FARC se transforment ensuite en parti politique, la Force alternative révolutionnaire commune (la FARC).
La conduite et le rĂ©sultat des nĂ©gociations sont critiquĂ©s. La droite uribiste reproche au gouvernement dâavoir fait trop de concession aux FARC. Dâun autre cĂŽtĂ©, des craintes sont exprimĂ©es sur la sĂ©curitĂ© des anciens guĂ©rilleros et de leurs familles, certains ayant Ă©tĂ© assassinĂ©s par des groupes paramilitaires « dâextrĂȘme droite »[30]. Fin 2017, des points de lâaccord de paix ne sont pas pleinement appliquĂ©s (beaucoup dâanciens FARC restent emprisonnĂ©s, la Commission de la vĂ©ritĂ© et de la juridiction spĂ©ciale pour la paix, chargĂ©e dâanalyser les responsabilitĂ©s de chaque partie dans le conflit, est partiellement vidĂ©e de sa substance par le SĂ©nat, etc.)[31]. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme dĂ©plore de son cĂŽtĂ© « lâexistence de nombreuses communautĂ©s assiĂ©gĂ©es par les mafias qui se sont abattues sur les territoires abandonnĂ©s par les FARC sans que lâĂtat n'intervienne, la situation critique des dĂ©fenseurs des droits de lâhomme, une impunitĂ© sĂ©lective qui remet en question la prĂ©sence des victimes au cĆur du processus de paix, un CongrĂšs qui a rĂ©interprĂ©tĂ© Ă la baisse le contenu des textes signĂ©s », et estime que 385 dirigeants sociaux et dĂ©fenseurs des droits de lâhomme ont Ă©tĂ© assassinĂ©s entre le et le [32].
En plus du traité de paix avec les FARC, Juan Manuel Santos, afin de parvenir à une « paix complÚte » en Colombie, entame en 2017 des négociations avec la derniÚre guérilla du pays, l'Armée de libération nationale (ELN), qui compte environ 2 000 combattants. à la fin de sa présidence, il manque de peu de conclure un accord avec cette guérilla[33]. Il impute cet échec aux modalités de vérification de l'ONU[33].
Prix Nobel de la paix
Le , cinq jours aprĂšs la courte victoire du « non » au rĂ©fĂ©rendum sur lâaccord avec les FARC, le prix Nobel de la paix lui est attribuĂ© pour son action en faveur du rĂšglement du conflit avec les FARC[34]. Il donne les fonds accompagnant son prix (900 000 dollars) aux victimes du conflit armĂ© colombien[35].
DĂ©fense nationale
En , en contradiction avec sa promesse exprimĂ©e lors de la campagne prĂ©sidentielle de 2014 de supprimer le service militaire, il fait Ă©tendre la durĂ©e de celui-ci de 12 Ă 18 mois[36]. Le budget militaire est paradoxalement augmentĂ© de 8 % aprĂšs les accords de paix[37]. En , la Colombie devient le seul pays dâAmĂ©rique latine Ă devenir partenaire de l'OTAN[38].
Situation Ă©conomique
Dans son discours d'investiture de 2010, Juan Manuel Santos affiche son souhait de faire de « la prospérité sociale » la priorité de son gouvernement, alors que 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Pour lutter contre la misÚre et le chÎmage, il souhaite mettre l'accent sur la création d'emplois[39].
De façon gĂ©nĂ©rale, les indicateurs Ă©conomiques sâamĂ©liorent sous sa prĂ©sidence. Le taux de chĂŽmage diminue Ă 9 % en 2018 contre 12 % en 2009[40] - [41] - [42], ce qui reste cependant l'un des plus Ă©levĂ©s en AmĂ©rique latine[43]. En matiĂšre fiscale, il privilĂ©gie les impĂŽts nationaux sur les biens et services (le taux standard de la taxe Ă la consommation est portĂ© de 16 % Ă 19 %) Ă ceux sur la fortune et la propriĂ©tĂ©, supprimant notamment lâimpĂŽt sur la richesse[44] - [45].
Institutions
En 2015, quelques mois aprĂšs sa rĂ©Ă©lection, il fait adopter une disposition constitutionnelle rĂ©tablissant lâinterdiction pour le prĂ©sident de la RĂ©publique de Colombie de briguer un second mandat[46] - [47]. Cette possibilitĂ© avait Ă©tĂ© introduite dans la Constitution en 2004 Ă lâinitiative du prĂ©sident Ălvaro Uribe[47] - [48]. Il dĂ©clare Ă cette occasion : « La campagne Ă©lectorale [de 2014] m'a confirmĂ©, sur le plan personnel et politique, que la rĂ©Ă©lection n'est pas opportune. »[49].
Sujets sociétaux
Dans la lutte historique du pays contre la drogue, Juan Manuel Santos discute la possibilitĂ© de lĂ©galiser des drogues douces comme la marijuana, qui pourrait, selon lui, ĂȘtre un moyen d'endiguer la violence[50]. Il prend Ă©galement la dĂ©cision contestĂ©e de cesser l'utilisation du glyphosate en Ă©pandage sur les cultures illĂ©gales de coca[51]. L'utilisation de ce composĂ© ne donnait que des rĂ©sultats mitigĂ©s dans la lutte contre la production de cocaĂŻne[52], mais le caractĂšre cancĂ©rigĂšne des prĂ©parations comme le Roundup contenant du glyphosate, rĂ©vĂ©lĂ©e par un rapport du CIRC, a menĂ© Ă l'application du principe de prĂ©caution. Depuis l'application de ce moratoire, la production de coca a de nouveau augmentĂ© en Colombie[53].
Relations internationales
Sa présidence est marquée par une diplomatie régionale active, marquée par la réconciliation de la Colombie avec ses voisins vénézuélien et équatorien[54].
Venezuela
Lors de la campagne présidentielle de 2010, le président vénézuelien, Hugo Chåvez, et son homologue équatorien, Rafael Correa, prennent position contre Juan Manuel Santos, jugeant que ce dernier représente « un danger pour la paix » et « pour la région »[55] - [56]. Juan Manuel Santos et son principal adversaire, Antanas Mockus, estiment alors que les deux dirigeants de gauche outrepassent leur rÎle en intervenant de la sorte dans la campagne colombienne[57].
Quelques jours avant lâinvestiture Ă la prĂ©sidence de la RĂ©publique de Juan Manuel Santos, une importante crise diplomatique survient entre la Colombie et le Venezuela. Hugo ChĂĄvez rompt, le , toutes relations avec la Colombie Ă la suite de la prĂ©sentation par l'ambassadeur colombien auprĂšs de l'Organisation des Ătats amĂ©ricains de documents visant Ă prouver la prĂ©sence de 1 500 membres des FARC au Venezuela. Accusant le prĂ©sident Ălvaro Uribe, qui avait auparavant fait bombarder lâĂquateur, de prĂ©parer une attaque aĂ©rienne contre son pays avant la fin de son second mandat, Hugo ChĂĄvez dĂ©ploie des forces armĂ©es le long de leur frontiĂšre commune, le [58]. Cet Ă©vĂ©nement complique le souhait de Juan Manuel Santos, exprimĂ© durant la campagne prĂ©sidentielle, de « normaliser » les relations entre les deux pays limitrophes[59].
Contrairement au souhait de Juan Manuel Santos, Hugo ChĂĄvez nâest pas prĂ©sent Ă son investiture, se faisant reprĂ©senter par son ministre des Affaires Ă©trangĂšres, NicolĂĄs Maduro. Mais dĂšs son entrĂ©e en fonction, le prĂ©sident Santos propose de rĂ©tablir les relations diplomatiques avec le Venezuela. Cette proposition est accueillie favorablement par Hugo ChĂĄvez, qui annonce son intention de le rencontrer[60]. Le , avec la mĂ©diation de Luiz InĂĄcio Lula da Silva, une rencontre est organisĂ©e entre les deux chefs d'Ătat dans la ville de Santa Marta. Ă l'issue de cet entretien, la dĂ©cision de renouer les relations diplomatiques et commerciales, nĂ©cessaires Ă l'Ă©conomie des deux pays, est annoncĂ©e. Juan Manuel Santos, aprĂšs avoir serrĂ© la main de ChĂĄvez devant le portrait de SimĂłn BolĂvar, prĂ©cise que le Venezuela remboursera ses dettes aux exportateurs colombiens, estimĂ©es Ă environ 800 millions de dollars[61]. Mais des tensions demeurent, notamment sur la gestion des passages Ă la frontiĂšre[62]. Les autoritĂ©s colombiennes accusent Caracas de permettre aux guĂ©rillas de se constituer une base arriĂšre logistique au Venezuela, et les autoritĂ©s vĂ©nĂ©zuĂ©liennes accusent BogotĂĄ de laisser les cartels dĂ©velopper une forte contrebande Ă la frontiĂšre[63].
L'arrivĂ©e au pouvoir de NicolĂĄs Maduro et la crise politique et humanitaire que connaĂźt ensuite le Venezuela dĂ©gradent significativement les relations entre les deux pays. En , la Colombie prend la tĂȘte du groupe de Lima, une alliance regroupant quatorze gouvernements latino-amĂ©ricains soutenant les exigences de l'opposition vĂ©nĂ©zuĂ©lienne[63]. Le , trois jours avant la fin du second mandat de Juan Manuel Santos, le prĂ©sident NicolĂĄs Maduro se dit victime dâune tentative d'assassinat au moyen de deux drones chargĂ©s d'explosifs, que revendique depuis BogotĂĄ un chef d'un parti d'opposition vĂ©nĂ©zuĂ©lien[64]. Maduro attribue cette attaque à « l'ultra-droite vĂ©nĂ©zuĂ©lienne alliĂ©e avec l'ultra-droite colombienne de Juan Manuel Santos », ainsi qu'Ă des militants agissant depuis les Ătats-Unis[65]. Juan Manuel Santos dĂ©ment ces accusations et affirme qu'« il n'y a plus de dĂ©mocratie au Venezuela »[66] - [67]. D'aprĂšs le spĂ©cialiste de l'AmĂ©rique latine Christophe Ventura, Maduro « accuse Santos d'ĂȘtre l'auteur intellectuel de l'attentat, parce qu'il lĂ©gitime symboliquement toute forme d'acte contre lui »[63].
Ătats-Unis
En 2017, les Ătats-Unis menacent de « dĂ©certifier » la Colombie en raison de « lâextraordinaire augmentation des cultures de coca et de production de la cocaĂŻne ces trois derniĂšres annĂ©es »[37].
Traité américain de rÚglement pacifique
à la suite d'un jugement défavorable de la Cour internationale de justice sur un différend concernant la frontiÚre maritime avec le Nicaragua, la Colombie dénonce le le traité américain de rÚglement pacifique. La dénonciation de celui-ci ne peut entrer en vigueur avant un an[68] - [69].
Palestine
En , juste avant la fin de sa prĂ©sidence, Juan Manuel Santos, pourtant alliĂ© et soutien dâ?a href="Isra%C3%ABl.html" title="IsraĂ«l">IsraĂ«l, annonce dans une lettre adressĂ©e au ministre palestinien des Affaires Ă©trangĂšres, Riyad Al-Maliki, quâil reconnaĂźt la Palestine comme un Ătat indĂ©pendant[70] - [71]. La Colombie Ă©tait jusquâalors un des trois derniers Ătats dâAmĂ©rique du Sud Ă ne pas avoir pris cette dĂ©cision[71].
RĂ©Ă©lection en 2014
Juan Manuel Santos est rĂ©Ă©lu au second tour de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2014 avec 51 % contre 45 % pour lâuribiste Ăscar IvĂĄn Zuluaga.
En 2017, dans le cadre du scandale de corruption d'Odebrecht (entreprise brĂ©silienne ayant durant plus d'une dĂ©cennie proposĂ© des pots-de-vin Ă de nombreuses personnalitĂ©s politiques latino-amĂ©ricaines), le dĂ©putĂ© Otto Bula â?proche de lâentourage d'Ălvaro Uribe â?affirme dans un premier temps que la campagne de Juan Manuel Santos a reçu un million de dollars du groupe brĂ©silien[72]. Il se rĂ©tracte peu aprĂšs[73]. Le prĂ©sident de la branche colombienne d'Odebrecht, Eleuberto Martorell, affirme de son cĂŽtĂ© avoir injectĂ© des fonds dans les campagnes de 2010 et 2014 de Juan Manuel Santos[74]. Plusieurs personnalitĂ©s membres du parti prĂ©sidentiel pourraient avoir bĂ©nĂ©ficiĂ© des versements d'Odebrecht[75].
Fin de sa présidence
En 2016, deux ans aprÚs sa réélection, entre 20 % et 30 % des Colombiens sondés se déclarent satisfaits de la gestion de Juan Manuel Santos[76] - [77]. à la fin de sa présidence, souffrant notamment de sa politique de négociation avec les FARC, il affiche une impopularité avoisinant les 80 %[33].
En , dans le cadre des Paradise Papers, Juan Manuel Santos est mentionné comme ancien directeur de deux sociétés offshore enregistrées à la Barbade[78].
Dans ce contexte, lâ?a href="%C3%89lection_pr%C3%A9sidentielle_colombienne_de_2018.html" title="Ălection prĂ©sidentielle colombienne de 2018">Ă©lection prĂ©sidentielle de 2018 voit la victoire dâ?a href="Iv%C3%A1n_Duque.html" title="IvĂĄn Duque">IvĂĄn Duque, candidat de droite soutenu par Ălvaro Uribe qui prĂŽne une politique de fermetĂ© vis-Ă -vis des ex-FARC sans pour autant vouloir remettre en cause lâensemble de lâaccord conclu sous la prĂ©sidence Santos. IvĂĄn Duque succĂšde Ă Juan Manuel Santos le [79].
Distinctions et récompenses
- Prix Nobel de la paix (2016)[80]
- MĂ©daille internationale de Kew Gardens (2017)[81] - [82] - [83].
Généalogie
La famille Santos est une famille colombienne originaire des dĂ©partements de Santander et de BoyacĂĄ. Elle a notamment influencĂ© la vie politique et journalistique de la Colombie. La branche principale de la famille provient de JosĂ© MarĂa Santos Plata et de son fils Francisco Santos Galvis nĂ© le Ă Coromoro Ă la suite de son deuxiĂšme mariage avec Facunda Galvis[84].
Parmi les autres membres notables de la famille Santos, peuvent ĂȘtre citĂ©s :
- Antonia Santos (1782-1819) : fille de Pedro Santos Meneses et de MarĂa Petronila Plata RodrĂguez, elle fut l'une des femmes les plus reprĂ©sentatives de l'indĂ©pendance en Colombie Ă travers la « guĂ©rilla de Coromoro » qu'elle crĂ©a avec son frĂšre Fernando[85].
- Eduardo Santos Montejo (1888-1974) : fils de Francisco Santos Galvis et de Leopoldina Montejo, il fut avocat, journaliste et homme politique. Propriétaire du quotidien national El Tiempo dÚs 1913, il exerce la fonction de président de la République de Colombie entre 1938 et 1942[86].
- Enrique Santos Montejo (1886-1971) : fils de Francisco Santos Galvis et de Leopoldina Montejo et frĂšre du prĂ©cĂ©dent[84]. Journaliste, il fonde en 1912 l'hebdomadaire La Linterna et devient rĂ©dacteur en chef dâ?i>El Tiempo en 1917 avant d'en devenir le directeur. Ă partir de 1927 et ce pendant 44 ans, il rĂ©dige l'Ă©ditorial La Danza de las Horas sous le pseudonyme de CalibĂĄn[87].
- Enrique Santos Castillo (1917-2001) : pÚre de Juan Manuel Santos et fils d'Enrique Santos Montejo et de Noemà Castillo, il participe à la vie du quotidien El Tiempo en y occupant le poste de rédacteur en chef dans un premier temps, puis celui de directeur de la rédaction[88].
Publications
- Colombia sin fronteras : para un nuevo futuro, Ministerio de Comercio Exterior, 1994, 389 p.
- La tercera vĂa : una alternativa para Colombia, suivi de La tercera vĂa : nuevas polĂticas para el nuevo siglo de Tony Blair (trad. Rosa Cifuentes et Pablo RipollĂ©s), Aguilar, 1999, 132 p.
- Jaque al terror : los años horribles de las FARC (préface de Carlos Fuentes), Planeta, 2009, 347 p.
Notes et références
Notes
- Le dĂ©signĂ© prĂ©sidentiel, Ă©lu par le SĂ©nat, avait vocation Ă remplacer le prĂ©sident de la RĂ©publique provisoirement en cas de nĂ©cessitĂ©. Santos a Ă©tĂ© le dernier Ă exercer cette fonction, remplacĂ©e ensuite par celle de vice-prĂ©sident. Cf. Congreso Elige Hoy A Ăltimo Designado A La Presidencia, El Tiempo, 11 aoĂ»t 1993.
- Son slogan est « Pas un pas en arriÚre sur la sécurité démocratique, cinq pas en avant sur la prospérité démocratique ». Les cinq pas en avant désignent ses cinq axes de campagne principaux, les deux premiers faisant également référence aux opérations les plus emblématiques de son action comme ministre de la Défense :
- Opération Jaque (qui entraine la libération d'Ingrid Betancourt) ;
- OpĂ©ration PhĂ©nix (action contre les FARC de la force aĂ©rienne colombienne en Ăquateur) ;
- Respect des principes de bonne gouvernance ;
- Amélioration des services publics de santé, d'éducation et de justice ;
- Investissements importants pour la science et la technologie
- Parmi lesquels le prĂ©sident du BrĂ©sil, Luiz InĂĄcio Lula da Silva, de l'Argentine, Cristina FernĂĄndez de Kirchner, de l'Ăquateur, Rafael Correa, du PĂ©rou, Alan GarcĂa, ainsi que de la plupart des dirigeants d'AmĂ©rique centrale
Références
- « La politique, le pouvoir et rien dâautre », Courrier international, 27 mai 2010.
- (en) « Leading Colombian journalist, Enrique Santos Castillo, 84, dies », Seattle Post-Intelligencer, 27 novembre 2001.
- Sa fiche sur le site de la présidence de la République.
- (es) « Juan Manuel Santos: Unidos como debe ser », El Nuevo Siglo, 30 mai 2010.
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