Ăngrid Betancourt
Ăngrid Betancourt Pulecio[1], nĂ©e Ă Bogota le , est une femme politique colombo-française[2], candidate Ă la prĂ©sidentielle colombienne en 2002, enlevĂ©e par la guĂ©rilla paysanne des Farc et maintenue en captivitĂ© pendant plus de six ans dans la jungle amazonienne.
Ăngrid Betancourt | |
Ăngrid Betancourt Ă Pise (Italie), en 2008. | |
Fonctions | |
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Sénatrice de la république de Colombie | |
â (3 ans, 7 mois et 3 jours) |
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Président | Andrés Pastrana Arango |
Représentante de la république de Colombie | |
â (4 ans) |
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Président | Ernesto Samper |
Biographie | |
Nom de naissance | Ăngrid Betancourt Pulecio |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Bogota (Colombie) |
Nationalité | Colombienne Française |
Parti politique | Parti libéral (1994-1998) Parti vert oxygÚne (1998-2002 et depuis 2021) |
Conjoint | Fabrice Delloye (1983-1990) Juan Carlos Lecompte (1997-2011) |
Enfants | MĂ©lanie Delloye-Betancourt Lorenzo Delloye-Betancourt |
DiplÎmé de | IEP de Paris |
Profession | Politologue |
Religion | Catholique |
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Sénateurs de Colombie Représentants de Colombie |
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Elle est enlevĂ©e par les Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie (Farc) le alors quâelle est en campagne prĂ©sidentielle dans l'ancienne zone dite de « dĂ©militarisation », lĂ oĂč se sont dĂ©roulĂ©s les pourparlers de paix avec les forces rebelles. Les nĂ©gociations avec les Farc venaient d'Ă©chouer, et le gouvernement colombien annonçait le succĂšs de l'opĂ©ration militaire Tanatos, dont le but Ă©tait de dĂ©loger la guĂ©rilla de la rĂ©gion. Son enlĂšvement est fortement mĂ©diatisĂ©, en particulier « sur le registre de l'Ă©motion » en France[3], ce qui en fait un otage de valeur pour la guĂ©rilla. Le gouvernement français essaie de la faire libĂ©rer en nĂ©gociant avec les Farc et avec l'aide du prĂ©sident vĂ©nĂ©zuĂ©lien Hugo ChĂĄvez, sans succĂšs[3].
Elle est dĂ©livrĂ©e, en compagnie de quatorze autres otages, lors de lâopĂ©ration Jaque menĂ©e par l'armĂ©e nationale colombienne le , six ans et demi aprĂšs son enlĂšvement[4]. Sa libĂ©ration reçoit un large Ă©cho dans les mĂ©dias.
Elle est dĂ©signĂ©e prĂ©sidente d'honneur des Verts mondiaux lors du congrĂšs de cette organisation en mai 2008 au BrĂ©sil[5]. Elle est nommĂ©e citoyenne d'honneur de Longueuil, au QuĂ©bec, lors dâune cĂ©rĂ©monie protocolaire, en compagnie de la mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, en dĂ©cembre 2010. Elle est Ă©levĂ©e au grade de chevalier de la LĂ©gion d'honneur, reçoit le prix Princesse des Asturies de la Concorde et le Women's World Award (en). Son nom est proposĂ© pour le prix Nobel de la paix, le prix Petra Kelly et un DVF Award[6].
Biographie
Ăngrid Betancourt est la fille de Gabriel Betancourt MejĂa, ancien ministre colombien de lâĂducation, sous-directeur gĂ©nĂ©ral de l'Unesco et ambassadeur de Colombie en France, et de Yolanda Pulecio VĂ©lez, reine de beautĂ© pendant sa jeunesse, puis dĂ©putĂ©e, sĂ©natrice et ambassadrice. Sa premiĂšre communion lui est donnĂ©e par le pape Paul VI lors de son passage en Colombie en aoĂ»t 1968[7].
Fin 1963, son pĂšre est nommĂ© directeur adjoint de lâUnesco Ă Paris, puis ambassadeur de Colombie auprĂšs de cette organisation. Elle y passe une partie de son enfance, scolarisĂ©e Ă l'Institut de l'Assomption[8]. De nombreuses personnalitĂ©s frĂ©quentent la famille, comme Fernando Botero et Gabriel GarcĂa MĂĄrquez, ainsi que Pablo Neruda[9], avec qui sa famille garde un fort lien d'amitiĂ© jusqu'Ă la mort de ce dernier en 1973[10].
Ăngrid Betancourt fait ses Ă©tudes secondaires au lycĂ©e français Louis-Pasteur de Bogota. puis intĂšgre l'Institut d'Ă©tudes politiques de Paris. Elle obtient son diplĂŽme (section Relations internationales) en 1983[11]. Elle rencontre le diplomate français Fabrice Delloye, qu'elle Ă©pouse en 1981. De cette union naissent deux enfants, MĂ©lanie et Lorenzo Delloye-Betancourt. Le couple se sĂ©pare en 1990.
En 1997, elle Ă©pouse Ă Bogota le publicitaire Juan Carlos Lecompte, avant de divorcer en 2011[12].
DĂ©buts en politique et Ă©lection au parlement
Ăngrid Betancourt est en Colombie en 1989 auprĂšs de sa mĂšre, Yolanda Pulecio, fortement Ă©branlĂ©e par l'assassinat de Luis Carlos Galan, candidat aux Ă©lections prĂ©sidentielles sur un programme de lutte contre la corruption. En 1990, elle entre au ministĂšre des Finances, oĂč son nom a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ© au ministre par un ami devenu directeur du journal Semana. En 1992, elle est affectĂ©e au ministĂšre du Commerce extĂ©rieur, sous la direction de Juan Manuel Santos (futur prĂ©sident de la Colombie en 2010)[7].
AprĂšs quelques annĂ©es de travail, déçue par les rivalitĂ©s politiciennes (des ministres entretenaient des ambitions prĂ©sidentielles et aucun ne voulait voir son rival conforter sa popularitĂ© au sein du Parti libĂ©ral) et par la corruption, elle se prĂ©sente aux Ă©lections lĂ©gislatives colombiennes de 1994 (en) ; elle est investie sans difficultĂ© par le Parti libĂ©ral, grĂące Ă l'influence de sa mĂšre, elle-mĂȘme sĂ©natrice. Lors de sa campagne, elle distribue des prĂ©servatifs. Elle obtient un siĂšge au Capitole national avec trĂšs bon score[7].
Affaire des fusils Galils
Elle accroĂźt sa notoriĂ©tĂ© auprĂšs des Colombiens Ă l'occasion d'un scandale qu'elle a contribuĂ© Ă rĂ©vĂ©ler. Au dĂ©but des annĂ©es 90, IsraĂ«l cherchait Ă se dĂ©barrasser de ses fusils « Galils », modĂšle peu efficace, notoirement dĂ©passĂ©, mĂ©prisĂ© par les soldats israĂ©liens eux-mĂȘmes, et surtout totalement inadaptĂ© au climat tropical colombien. Ă la fin du mandat de CĂ©sar Gaviria un gros contrat d'achat de ces fusils est nĂ©gociĂ©. Les responsables israĂ©liens remportent le marchĂ© colombien Ă l'aide de confortables pots-de-vin[7], Ă©vinçant les concurrents amĂ©ricain Colt et français avec le Famas.
Quatre dĂ©putĂ©s, parmi lesquels, outre Ăngrid Betancourt et un ancien guĂ©rillero du M-19, alertĂ©s par un ex-militaire inquiet de voir des armes obsolĂštes Ă©quiper ses anciens collĂšgues, mĂšnent l'enquĂȘte et dĂ©couvrent la corruption. Trois hauts fonctionnaires sont accusĂ©s de corruption par la justice, bien qu'ils ne soient, selon Ăngrid Betancourt, que des « boucs-Ă©missaires » car, estime-t-elle, nombre de politiciens et militaires sont aussi compromis. Ce premier combat la perturbe. Le gouvernement, et principalement le ministre de la DĂ©fense Fernando Botero Zea, rĂ©plique par une virulente campagne de calomnie largement relayĂ©e par les grands mĂ©dias du pays. Ils l'accusent avec les trois autres dĂ©putĂ©s d'avoir Ă©tĂ© financĂ©s par Colt. Cela entraĂźne des poursuites Ă son encontre par la justice colombienne, mais son innocence est reconnue[7].
Proceso 8000
En 1996, Ăngrid Betancourt se trouve de nouveau sous le feu des projecteurs Ă l'occasion des dĂ©bats au Parlement sur les liens du chef de lâĂtat, Ernesto Samper, avec le Cartel de Cali. Deux ans auparavant, les frĂšres Rodriguez, patrons du Cartel, soutiennent la candidature de Samper Ă laquelle ils contribuent financiĂšrement pour une grosse part, dans un enregistrement rĂ©alisĂ© Ă leur insu et dĂ©voilĂ© par le candidat dĂ©chu, Andres Pastrana. Niant dans un premier temps l'authenticitĂ© de l'enregistrement, la prĂ©sidence est contrainte de reconnaĂźtre les faits. Seulement, affirme le gouvernement, le prĂ©sident n'en a jamais rien su. Tout a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par son Ă©quipe de campagne. Le scandale continue d'enfler jusqu'Ă contraindre le gouvernement Ă proposer un vaste dĂ©bat public pour convaincre de sa bonne foi[7].
L'affaire est portĂ©e Ă dĂ©libĂ©ration au Parlement. Mais d'aprĂšs les accusateurs une centaine de dĂ©putĂ©s et plus de la moitiĂ© des sĂ©nateurs sont eux-mĂȘmes impliquĂ©s dans l'affaire nommĂ©e « Proceso 8000 (es) » selon le numĂ©ro de dossier attribuĂ© par le procureur de Cali Ă une perquisition chez un comptable liĂ© au Cartel. Ăngrid Betancourt fait une grĂšve de la faim de deux semaines pour dĂ©noncer les manĆuvres de ses collĂšgues parlementaires : une loi votĂ©e par le SĂ©nat suspend toute enquĂȘte sur des contributions financiĂšres d'origine incertaine. Le dĂ©roulement de lâenquĂȘte est ponctuĂ© d'assassinats de tĂ©moins qu'elle estime orchestrĂ©s par le gouvernement. Ăngrid Betancourt elle-mĂȘme Ă©chappe Ă une tentative d'assassinat. La culpabilitĂ© du prĂ©sident est rejetĂ©e par les parlementaires avec une Ă©crasante majoritĂ© ; seuls deux ministres sont inculpĂ©s pour relations avec le Cartel[7].
La corruption du Parti libĂ©ral amĂšne Ăngrid Betancourt Ă former son propre parti, Oxigeno Verde, avec lequel elle devient sĂ©natrice. Elle apporte son concours Ă la candidature du conservateur Andres Pastrana pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 1998 mais entre par la suite dans l'opposition Ă son gouvernement, qui selon elle n'appliquerait pas ses promesses de campagne et s'accommoderait de la corruption, notamment en raison d'un scandale impliquant un proche conseiller du prĂ©sident[13].
Capture
En fĂ©vrier 2002, le gouvernement d'AndrĂ©s Pastrana rompt les nĂ©gociations avec les guĂ©rilleros des Farc et ordonne la reconquĂȘte des 42 000 km2 qui leur avaient Ă©tĂ© concĂ©dĂ©s. Une grande opĂ©ration militaire â l'opĂ©ration Thanatos â est dĂ©clenchĂ©e par l'armĂ©e colombienne sur ordre du prĂ©sident Pastrana pour dĂ©loger les forces rebelles du territoire le .
Le , le prĂ©sident Pastrana survole en hĂ©licoptĂšre San Vicente del CaguĂĄn pour affirmer par sa prĂ©sence le succĂšs de l'opĂ©ration Thanatos. Les autoritĂ©s refusent qu'Ăngrid Betancourt voyage par voie aĂ©rienne avec les journalistes qui accompagnent le chef de lâĂtat[14]. Le prĂ©sident AndrĂ©s Pastrana argue de l'insĂ©curitĂ© dans la zone. SimultanĂ©ment il retire les gardes du corps assignĂ©s Ă la protection d'Ăngrid Betancourt, laissant sans sĂ©curitĂ© la candidate Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle. Sa dĂ©cision n'a jamais Ă©tĂ© expliquĂ©e. Il semblerait que, pour des raisons de convenance politique, il voulait Ă©viter la prĂ©sence d'un candidat de lâopposition Ă San Vicente del Caguan en mĂȘme temps que lui, durant la confĂ©rence de presse internationale qu'il avait convoquĂ©e.
Ăngrid Betancourt maintient son dĂ©placement afin de soutenir le maire de San Vicente del CaguĂĄn, membre de son parti politique. Ă la sortie de Florencia, un barrage militaire contrĂŽle l'identitĂ© des passagers et laisse passer les voitures dont celle d'Ăngrid Betancourt. Comme le gouvernement l'a annoncĂ©, les voitures traversent une zone fortement militarisĂ©e avec des patrouilles de soldats et des hĂ©licoptĂšres. Au dĂ©tour d'un pont, les voitures sont arrĂȘtĂ©es par un autre barrage militaire. Cette fois, ce sont les Farc, installĂ©es sur la route Ă la sortie du village de Montañitas. Ăngrid Betancourt et Clara Rojas sont prises en otages[15].
Cet enlĂšvement inquiĂšte le pouvoir, du fait de la notoriĂ©tĂ© de la candidate Ă l'Ă©tranger, notamment en France, et parce que le gouvernement craint que le fait d'avoir enlevĂ© les escortes d'Ăngrid Betancourt ne suscite des critiques Ă son encontre[16].
En France, Dominique de Villepin, ministre des Affaires Ă©trangĂšres, fait de la libĂ©ration d'Ăngrid Betancourt une affaire d'Ătat.
Les Farc justifient son enlÚvement par son appartenance à l'oligarchie qu'ils entendent combattre et par son vote de budgets militaires dirigés contre la guérilla, ce qui en ferait une ennemie du mouvement guérillero.
De 2003 Ă 2006
En , lâ« opĂ©ration 14 juillet », tentative de libĂ©ration dâĂngrid Betancourt par des forces spĂ©ciales du gouvernement français est un fiasco. De surcroĂźt, elle provoque une tension dans les relations diplomatiques de la France avec la Colombie et le BrĂ©sil.
Le , un avion de transport militaire français atterrit sur lâaĂ©roport de Manaus, au BrĂ©sil, Ă la demande de la famille Betancourt, dans le but dâexfiltrer l'otage, dont la libĂ©ration imminente est attendue sur la foi d'une information validĂ©e par le nouveau gouvernement. Ă bord de l'avion se trouvent une Ă©quipe mĂ©dicale et des diplomates, dont le chef-adjoint du cabinet du ministre français des Affaires Ă©trangĂšres, qui a dĂ©cidĂ© lâopĂ©ration. Le commandant de bord a obtenu lâautorisation dâatterrissage au prĂ©texte de faire le plein de kĂ©rosĂšne avant de regagner Cayenne. Toutefois, lâattitude des Français paraĂźt suspecte Ă la police brĂ©silienne (refus dâinspection de lâavion, propos des Français concernant le « ramassage de quatre personnes »). Le ministre brĂ©silien des Affaires Ă©trangĂšres, Celso Amorim, informĂ© le de cette prĂ©sence française, contacte son homologue français qui fait allusion Ă une opĂ©ration humanitaire. Le , lâavion doit dĂ©coller pour Cayenne, sur ordre du prĂ©sident Luiz InĂĄcio Lula da Silva.
LâopĂ©ration est rendue publique par l'hebdomadaire brĂ©silien Carta Capital. Les ambassadeurs français au BrĂ©sil et en Colombie sont convoquĂ©s. Dominique de Villepin, le ministre français des Affaires Ă©trangĂšres, prĂ©sente des excuses publiques le 31 juillet. La mission provoque une polĂ©mique, car elle aurait Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e par le ministre français des Affaires Ă©trangĂšres seul qui n'a informĂ© ni le ministre de la DĂ©fense, ni le Premier ministre, ni le PrĂ©sident de la RĂ©publique[17], mais les protagonistes impliquĂ©s reviendront ensuite officiellement sur leurs dires[18] - [19].
Le , le guĂ©rillero SimĂłn Trinidad (en) chargĂ© des nĂ©gociations de libĂ©ration d'Ăngrid Betancourt et des autres prisonniers politiques des Farc et du gouvernement est arrĂȘtĂ© Ă Quito, oĂč il devait rencontrer un reprĂ©sentant de l'Onu, au terme d'une opĂ©ration conjointe des services secrets amĂ©ricains et colombiens. Remis aux Ătats-Unis qui l'accusaient d'avoir exportĂ© 5 kg de cocaĂŻne[20], il est condamnĂ© Ă soixante ans de prison[21].
La mobilisation pour la libĂ©ration d'Ăngrid Betancourt se poursuit en France. Le chanteur Renaud Ă©crit une chanson en son honneur (Dans la jungle) et organise des concerts de soutien (notamment le au ZĂ©nith de Rouen ou au ZĂ©nith de Paris en novembre 2007).
2007
Un otage des Farc, le sous-officier colombien Jhon Frank Pinchao, parvenu à s'échapper, s'exprime sur ses difficiles conditions de détention et donne des indices pour la recherche de l'otage. Il indique l'avoir rencontrée le et affirme qu'elle a essayé à cinq reprises de s'échapper[22].
Le prĂ©sident Ălvaro Uribe informe le qu'il a libĂ©rĂ© sans condition le chef guĂ©rillero des Farc, Rodrigo Granda (en), Ă la demande expresse de son homologue français Nicolas Sarkozy. Ălvaro Uribe annonce Ă©galement la libĂ©ration Ă venir de plus de cent cinquante rebelles repentis afin d'inciter la guĂ©rilla Ă libĂ©rer ses otages. Mais la guĂ©rilla colombienne rejette cette manĆuvre, l'assimilant Ă un « rideau de fumĂ©e », Ă laquelle ne participeraient que d'ex-rebelles ayant abandonnĂ© la guĂ©rilla et selon plusieurs avocats des paysans et syndicalistes incarcĂ©rĂ©s soumis Ă des pressions pour s'avouer guĂ©rilleros[23].
Le les autoritĂ©s colombiennes diffusent une vidĂ©o d'Ăngrid Betancourt[24] (rĂ©cupĂ©rĂ©e avec une lettre de douze pages d'Ăngrid Betancourt Ă sa famille, Ă la suite de l'arrestation Ă Bogota de trois hommes appartenant aux Farc) qui daterait du . Elle y apparaĂźt la tĂȘte baissĂ©e, extrĂȘmement amaigrie et les cheveux trĂšs longs. L'otage ne prononce pas le moindre mot.
Le , les Farc demandent Ă demi-mot l'intervention de Nicolas Sarkozy pour la libĂ©ration des otages, dont Ăngrid Betancourt, le gouvernement colombien Ă©galement. Par messages (l'un radiodiffusĂ©, l'autre tĂ©lĂ©diffusĂ©) du , Nicolas Sarkozy [25]en appelle Ă la fibre humanitaire du chef des Farc, Manuel Marulanda VĂ©lez.
Le lendemain de la parution de la vidĂ©o, des extraits de la lettre qu'Ăngrid Betancourt a adressĂ©e Ă sa mĂšre[26] sont rendus publics. La Franco-Colombienne y raconte la vacuitĂ© des jours, les vexations quotidiennes et la fatigue des longues marches imposĂ©es par la fuite permanente des guĂ©rilleros. Elle souhaite entendre la voix de ses enfants par l'intermĂ©diaire d'une radio abĂźmĂ©e en sa possession. Elle demande prĂ©cisĂ©ment que trois messages hebdomadaires lui soient envoyĂ©s par ce biais les lundis, mercredis et vendredis. Radio France internationale, captĂ©e dans la jungle colombienne, rĂ©pond positivement Ă la demande du comitĂ© de soutien Ă Ăngrid Betancourt. AprĂšs un premier envoi de message le , l'opĂ©ration est prĂ©vue pour se prolonger jusqu'Ă sa libĂ©ration[27]. Ăngrid Betancourt reçoit l'aide de l'Ăglise catholique romaine, qui joue un rĂŽle actif dans les nĂ©gociations[28].
2008
Les nĂ©gociations entre la France et la guĂ©rilla sont entravĂ©es par le gouvernement colombien qui entend se concentrer sur l'option militaire. LâĂ©missaire français NoĂ«l Saez, chargĂ© par la prĂ©sidence française des nĂ©gociations de libĂ©ration d'Ăngrid Betancourt indique : « Nous avons la dĂ©sagrĂ©able impression que le prĂ©sident Alvaro Uribe se sert de nous [âŠ]. Nous risquons de perdre la confiance des Farc, qui observent avec scepticisme quâaprĂšs chacune de nos incursions dans leurs zones leurs campements sont bombardĂ©s par les forces rĂ©guliĂšres. [âŠ] MalgrĂ© toutes nos prĂ©cautions, lâarmĂ©e nous utilise pour arriver jusquâaux Farc[29]. »
Le , deux millions de Colombiens manifestent contre les Farc, encouragĂ©s par le gouvernement, les mĂ©dias et les entreprises[30]. La gauche n'appelle pas Ă manifester. La droite la plus dure et les paramilitaires, en perdant leur monopole de fermetĂ© anti-Farc, s'en trouvent affaiblis. La manifestation met le gouvernement colombien en position de force face aux Farc comme face aux paramilitaires et Ă leurs soutiens, jusque dans son propre parti, oĂč le scandale de la parapolitique bat son plein. Quatre dirigeants paramilitaires dont la tĂȘte a Ă©tĂ© mise Ă prix sont tuĂ©s par la police, arrĂȘtĂ©s ou extradĂ©s dans les trois mois qui suivent la grande manifestation, alors que l'arrestation un an plus tĂŽt de Jorge Noguera Cotes, ex-chef des services secrets, aprĂšs des rĂ©vĂ©lations de presse fracassantes, avait fragilisĂ© tout l'Ă©difice paramilitaire.
Le , un otage des Farc libĂ©rĂ© quelques jours auparavant informe la France de l'Ă©tat de santĂ© alarmant d'Ăngrid Betancourt. Il aurait prĂ©cisĂ© Ă Nicolas Sarkozy qu'elle subissait des sĂ©vices, vivait dans des conditions inhumaines et Ă©tait extrĂȘmement affaiblie aprĂšs avoir contractĂ© une hĂ©patite B. Le prĂ©sident français s'exprime sur le sujet le jour-mĂȘme : la libĂ©ration de l'otage est pour lui une question de vie ou de mort, il est prĂȘt Ă chercher Ăngrid Betancourt Ă la frontiĂšre colombienne si telle Ă©tait une condition des Farc. Les enfants d'Ăngrid Betancourt se disent « extrĂȘmement angoissĂ©s » par la situation de leur mĂšre[31].
Le , Ă la suite d'une opĂ©ration menĂ©e par l'armĂ©e colombienne, Luis Edgar Debia Silva, dit RaĂșl Reyes, considĂ©rĂ© comme le numĂ©ro deux des Farc, est tuĂ© en territoire Ă©quatorien (Ă 1,8 km de la frontiĂšre colombienne), piĂ©gĂ© alors qu'il nĂ©gociait la libĂ©ration d'Ăngrid Betancourt[32]. Si le gouvernement colombien considĂšre ce rĂ©sultat comme l'un des coups les plus durs portĂ©s aux Farc, et s'en fĂ©licite, la famille d'Ăngrid Betancourt s'inquiĂšte des rĂ©percussions nĂ©gatives sur son Ă©ventuelle libĂ©ration. LâĂ©vĂ©nement provoque une vive crise diplomatique avec lâĂquateur, scandalisĂ© par le bombardement de son territoire national.
Lâambassadeur de France en Ăquateur laisse entendre quelques jours aprĂšs la mort de RaĂșl Reyes que les Ătats-Unis seraient impliquĂ©s, sans apporter plus de prĂ©cision.
Une rĂ©union se tient le Ă Panama avec les dĂ©lĂ©guĂ©s des pays mĂ©diateurs (Espagne, France, Suisse) et le haut-commissaire colombien pour la paix Luis Carlos Respreto, indique Fabrice Delloye, ex-mari d'Ăngrid Betancourt, dans un entretien au journal France-Soir. Selon lui, les dĂ©lĂ©guĂ©s Ă©taient sur le point de rencontrer RaĂșl Reyes ; mais dans la nuit du 1er mars, le prĂ©sident colombien, Ălvaro Uribe fait abattre Reyes en territoire Ă©quatorien sans prĂ©venir ni les prĂ©sidents des Ătats mĂ©diateurs, ni le prĂ©sident Correa alors que l'opĂ©ration est effectuĂ©e en Ăquateur.
Dans un entretien au journal colombien Cambio, la sĂ©natrice Piedad CĂłrdoba parle de NoĂ«l Saez, assesseur du gouvernement français frappĂ© par la concomitance de la mort de Reyes, avec son appel prĂ©cĂ©dant la localisation du chef guĂ©rillero. Lors d'un point de presse officiel le , le ministre français des Affaires Ă©trangĂšres, Bernard Kouchner, confirme que la France Ă©tait en contact avec Reyes quelques jours avant sa mort, alors que le , Laurent Wauquiez, porte-parole du Premier ministre français François Fillon, affirme qu'il n'y a « pas eu rĂ©cemment » de contact avec Paris Ă propos d'Ăngrid Betancourt[33].
DÚs lors les Farc présentent cette action militaire comme un « grave revers »[34] dans les négociations en cours avec les présidents français, équatorien et vénézuélien, ce qui a été confirmé par ces pays.
L'exĂ©cution de Reyes entraĂźne Ă©galement une crise entre la Colombie et les pays voisins : lâĂquateur, qui proteste contre l'incursion de l'armĂ©e colombienne sur son territoire, et le Venezuela, que la Colombie accuse d'appuyer les Farc, en se basant sur des documents retrouvĂ©s dans l'ordinateur portable de RaĂșl Reyes. Un groupe d'experts en affaires internationales, dont John Womack (en), de l'universitĂ© Harvard, et Larry Birns (en), du Conseil des Affaires hĂ©misphĂ©riques des Ătats-Unis, prĂ©cise dans un compte rendu rapportĂ© par Tele Sur, que la Colombie avait exagĂ©rĂ© Ă des fins politiques le contenu de ces ordinateurs. Selon ce groupe, mais Ă©galement selon JosĂ© Miguel Insulza, « de maniĂšre Ă©vidente il n'existe pas de preuves qui lient le Venezuela avec les rebelles colombiens » notamment sur le plan financier.
Dans la nuit du 28 mars au , un Falcon 900, envoyĂ© par l'ĂlysĂ©e, s'est posĂ© « discrĂštement » sur la piste de Cayenne, en Guyane[35]. Il s'agit d'un avion mĂ©dicalisĂ©, stationnĂ© sur une base militaire, dans l'attente de la libĂ©ration d'Ăngrid Betancourt, aprĂšs qu'un mĂ©diateur colombien a affirmĂ© le qu'Ăngrid Betancourt est atteinte d'une hĂ©patite B, d'une leishmaniose et souffre de malnutrition.
Ă la suite de ces informations, le prĂ©sident Ălvaro Uribe propose le jour mĂȘme aux Farc la libĂ©ration de tous les guĂ©rilleros y compris les prisonniers Farc condamnĂ©s pour crime contre l'humanitĂ©, en Ă©change de la libĂ©ration d'Ăngrid Betancourt. Cette proposition est jugĂ©e « illĂ©gale » par le ministĂšre colombien de la Justice et l'Organisation des Nations unies le .
Le lendemain , l'avion redĂ©colle vide de la base militaire de Rochambeau, Ă quinze kilomĂštres de Cayenne, en Guyane, pour rejoindre Paris[36]. Des sources militaires Ă©voquent une opĂ©ration de renfort pour l'OpĂ©ration Harpie luttant contre l'orpaillage illĂ©gal en Guyane, lancĂ©e un mois plus tĂŽt par Nicolas Sarkozy : les raisons exactes de la prĂ©sence de cet avion restĂ© trente-six heures Ă Rochambeau sont floues. L'ĂlysĂ©e indique dans la journĂ©e qu'un autre avion mĂ©dicalisĂ© reste en alerte permanente Ă la base militaire de Villacoublay prĂšs de Paris, prĂȘt Ă dĂ©coller Ă tout moment.
Quelques heures plus tard, le Premier ministre français, François Fillon, affirme au journal tĂ©lĂ©visĂ© de 20 h de TF1 que le pays reste prĂȘt Ă accueillir des guĂ©rilleros des Farc, qu'il qualifie de « militants », si eux-mĂȘmes libĂšrent Ăngrid Betancourt. Dans un entretien sur France Inter, le Premier ministre français va plus loin en proposant le statut de rĂ©fugiĂ© politique aux guĂ©rilleros des Farc[37]. L'association France terre d'asile rĂ©agit promptement Ă ces propos en rappelant que le statut de rĂ©fugiĂ© politique ne peut ĂȘtre accordĂ© Ă une personne dont on aura de sĂ©rieuses raisons de penser quâelles ont commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre lâhumanitĂ©[38]. La rĂ©ponse des Farc et la proposition relayĂ©e par Paris et Bogota se font attendre.
Le , La Tribune rapporte la publication la veille par lâAgence de presse bolivarienne, basĂ©e au Venezuela, d'un communiquĂ© des Farc. Dans une lettre datĂ©e du , IvĂĄn MĂĄrquez, un des sept chefs des Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie, indique quâaprĂšs l'attaque qui a causĂ© la mort du commandant RaĂșl Reyes il est clair quâ« il nây aurait pas de rencontre avec la dĂ©lĂ©gation française en vue dâĂ©tudier la libĂ©ration dâĂngrid ».
Le 1er avril 2008, Nicolas Sarkozy demande dans un second message Ă l'adresse des Farc et de Manuel Marulanda VĂ©lez de « libĂ©rer immĂ©diatement Ăngrid Betancourt » ; il ajoute : « Ce serait un crime de ne pas la relĂącher ». Le , le gouvernement français annonce l'envoi d'une mission humanitaire composĂ©e de NoĂ«l Saez, ancien consul français Ă BogotĂĄ, Daniel Parfait, diplomate et compagnon d'Astrid Betancourt[39], ainsi qu'un mĂ©decin pour « accĂ©der Ă notre compatriote Ăngrid Betancourt ». Dans un communiquĂ© via l'agence de presse ANNCOL, les Farc considĂšrent naĂŻve l'attitude de Nicolas Sarkozy. Le , la guĂ©rilla des Farc dĂ©clare « irrecevable » la mission humanitaire, excluant ainsi d'agir sous « la pression mĂ©diatique ».
De plus, les Farc assurent Ă travers un communiquĂ© diffusĂ© par l'agence ANNCOL et rapportĂ© par Le Nouvel Observateur du que la France est un pays capitaliste, que son prĂ©sident est de droite et qu'ils ne savent pas quelles sont les limites de sa sincĂ©ritĂ©. Comme le rapporte Ă©galement ANNCOL, les Farc gardent le souvenir de la fĂącheuse expĂ©rience de l'appel tĂ©lĂ©phonique de membres du gouvernement français qui a permis de localiser le camp de RaĂșl Reyes et, avec le soutien des Ătats-Unis, Ă l'armĂ©e colombienne d'exĂ©cuter ce dernier.
Dans un entretien donnĂ© au journal conservateur colombien El Tiempo en , un prĂȘtre, dĂ©jĂ impliquĂ© dans des libĂ©rations de prisonniers rapporte avoir Ă©tĂ© approchĂ© par les Farc qui « cherchent la maniĂšre de libĂ©rer Ăngrid Betancourt ». Elle serait malade et dĂ©pressive, refuserait la nourriture et les mĂ©dicaments des guĂ©rilleros, et aurait Ă©tĂ© amenĂ©e plusieurs fois dans des centres mĂ©dicaux[40]. LâĂ©missaire français NoĂ«l Saez confirme que la guĂ©rilla sâapprĂȘtait Ă la libĂ©rer lorsque le prĂ©sident colombien a dĂ©clenchĂ© l'opĂ©ration Jaque[29].
Libération
Ăngrid Betancourt est libĂ©rĂ©e le , avec quatorze autres otages, au cours de l'opĂ©ration Jaque menĂ©e par l'armĂ©e nationale colombienne[41].
Retour en France
Le surlendemain de sa libĂ©ration, Ăngrid Betancourt se rend en France. Elle rencontre Ă son arrivĂ©e le prĂ©sident Nicolas Sarkozy et les associations qui ont ĆuvrĂ© Ă sa libĂ©ration[42]. Le lendemain, elle subit des examens mĂ©dicaux Ă l'hĂŽpital d'instruction des armĂ©es du Val-de-GrĂące et dĂ©jeune avec l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui fut Ă©galement son professeur[43]. Elle est reçue au SĂ©nat le [44] puis Ă l'AssemblĂ©e nationale, ainsi que par l'ancien prĂ©sident Jacques Chirac le lendemain[45].
Le , Nicolas Sarkozy lui remet les insignes de chevalier de la LĂ©gion d'honneur lors de la garden-party de l'ĂlysĂ©e.
Critiques
Le dĂ©ferlement mĂ©diatique qui accompagne la prĂ©sence d'Ăngrid Betancourt en France, en particulier lors de sa visite Ă Lourdes le , suscite des critiques[46], notamment pour ses connotations religieuses.
Le paraĂźt aux Ătats-Unis le livre Out of Captivity[47] de Marc Gonsalves, Tom Howes et Keith Stansell, trois co-otages d'Ăngrid Betancourt durant cinq ans et demi, qui comprend des remarques trĂšs dures la concernant ; les trois auteurs ne sont pas du mĂȘme avis[48] - [49]. Ăngrid Betancourt aurait mis la vie des otages amĂ©ricains en danger en dĂ©clarant aux guĂ©rilleros qu'ils Ă©taient des membres de la CIA[50]. Ayant rĂ©ussi Ă conserver sa radio, Ăngrid Betancourt aurait refusĂ© de communiquer aux autres prisonniers les informations qu'elle recevait[48]. Keith Stansell, pour sa part, va jusqu'Ă affirmer qu'elle volait de la nourriture et qu'elle essayait de prendre le contrĂŽle du camp de prisonniers[49]. Gonsalves, qui noua une certaine amitiĂ© avec Ăngrid Betancourt[51], a cependant nuancĂ© le propos de Stansell en affirmant qu'elle « ne rendait pas la vie facile aux guĂ©rilleros »[49].
Le Point dĂ©crit en dĂ©tail et analyse la personnalitĂ© d'Ăngrid Betancourt dans un article, ce qui suscite une polĂ©mique[52].
AprÚs sa libération
Dans une entrevue Ă la radio colombienne Radio Caracol (es) fin septembre 2008, Ăngrid Betancourt, bien qu'elle rĂȘve de retourner en Colombie, s'estime en danger dans ce pays parce qu'elle reste « un objectif militaire » pour les Farc.
Elle ne souhaite pas reprendre part Ă la vie politique colombienne ; toutefois elle reste mobilisĂ©e pour la libĂ©ration des otages restants aux mains des Farc, et indique qu'il y a « d'autres façons » d'aider son pays, y compris depuis l'Ă©tranger[53].Le , Ă l'hĂŽtel de ville de Paris, Ăngrid Betancourt demande Ă deux cents membres de comitĂ©s de soutien venant de France et d'Europe de ne plus utiliser son nom[54]. Ce souhait avait Ă©tĂ© recueilli quelques jours auparavant par Mathieu Deslandes dans Le Journal du dimanche. En consĂ©quence, la FĂ©dĂ©ration internationale des comitĂ©s Ăngrid Betancourt (Ficib) adopte le nom de « FĂ©dĂ©ration internationale des comitĂ©s libertad pour la libĂ©ration des otages en Colombie (Ficlloc) ; son logo est modifiĂ© : il ne reprend plus le visage d'Ăngrid Betancourt, mais une main sortant de trois fils de fer barbelĂ© avec le slogan « Libertad »[55].
En janvier 2010, son ancien mari Juan Carlos Lecompte accuse la guĂ©rilla des Farc d'avoir rendu son ex-compagne trĂšs glaciale dans le livre Ăngrid et moi, une libertĂ© douce-amĂšre, publiĂ© en français aux Ă©ditions AlphĂ©e[56].
En juillet 2010, Ăngrid Betancourt rĂ©clame 6,6 millions de dollars de dommages-intĂ©rĂȘts pour les traumatismes et les pertes dus Ă sa pĂ©riode de captivitĂ©[57]. Le gouvernement colombien dĂ©nonce cette attaque contre les soldats qui l'ont libĂ©rĂ©e. L'affaire scandalise l'opinion publique colombienne, dans toutes ses strates, politiques de droite et de gauche, religieuses [58]. Ăngrid Betancourt fait marche arriĂšre au cours d'un entretien tĂ©lĂ©visĂ© menĂ© par Dario Arizmendi le [59], avançant plusieurs motifs de rĂ©tractation[60]. Quelques jours plus tard, elle refuse une indemnitĂ© de 450 000 euros de la France Ă©manant du Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d'autres infractions la jugeant trop faible au regard de son prĂ©judice[61]. Ce retour en arriĂšre s'explique par la crainte de voir la polĂ©mique sur l'action judiciaire qu'elle envisageait de mener contre l'Ătat colombien se rĂ©pandre en France[62].
Fin juillet 2010, elle exclut toute reprise d'activité politique[63].
En juin 2013, à l'occasion du cinquiÚme anniversaire de sa libération, elle plaide pour une suspension de peine pour les guérilleros repentis. Elle estime que « nous ne pouvons pas continuer une justice de vengeance, la paix va nous demander d'accepter un certain degré d'impunité, c'est inévitable »[64].
En , elle soutient Gustavo Petro à l'élection présidentielle[65].
Retour en politique
En , elle présente sa candidature à l'élection présidentielle au nom du Parti vert oxygÚne qu'elle a réactivé[66]. Elle fait partie au début de la campagne d'une coalition centriste qu'elle fait finalement éclater par ses déclarations contre ses partenaires, les accusant de corruption. Elle déroute ses sympathisants par ses attaques trÚs vives contre l'opposition de gauche, puis par sa main tendue à l'ancien président issu de la droite radicale, Alvaro Uribe (2002-2010), chef du Centre démocratique, le parti au pouvoir, qu'elle critiquait auparavant[67]. Le , créditée de moins d'1 % d'intention de vote, elle se retire et soutient le candidat indépendant Rodolfo Hernåndez[68].
Religion
Ăngrid Betancourt est catholique et affiche sa foi publiquement. Le le pape BenoĂźt XVI, avec qui elle entretient d'excellents rapports (« un rĂȘve », « une expĂ©rience inoubliable », « depuis ma libĂ©ration je voulais le voir et l'embrasser ») lui accorde une audience privĂ©e[69]. En 2014, aprĂšs un master en doctrine moderne, elle Ă©tudie la thĂ©ologie de la libĂ©ration au Harris Manchester College Ă Oxford oĂč elle est inscrite depuis 2011[70].
Publications
- SĂ sabĂa, 1996 : enquĂȘte sur le financement de la campagne Ă©lectorale d'Ernesto Samper par le cartel de Cali.
- En collaboration avec Lionel Duroy, La Rage au cĆur, Paris, XO Ă©ditions, , prix spĂ©cial du jury du prix VĂ©ritĂ© 2007.
- MĂȘme le silence a une fin, Ă©ditions Gallimard, 2010.
- Demain dans tes yeux, Ă©ditions Gallimard, 2014.
- La Ligne bleue, Ă©ditions Gallimard, 2014 : roman sur lâArgentine Ă lâĂ©poque de la dictature militaire des annĂ©es 1970-1980[71].
Hommages
- Une salle municipale porte son nom Ă l'espace Olympe-de-Gouges Ă Saint-Germain-lĂšs-Arpajon.
Notes et références
- http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001853/185375fb.pdf Son pÚre utilisait également quand il était en poste à Paris à l'Unesco dans les années 1960-1970 l'orthographe Betancur, mais la date de changement officiel de l'orthographe n'est pas connue, Hermes editorial.
- « La nouvelle vie d'Ingrid Betancourt », Le Nouvel Observateur, .
- « Betancourt : un échec diplomatique », L'Express, .
- « Ingrid Betancourt a été libérée », RFI.
- (en) Global Greens Second Congress 2008 - Ingrid Betancourt Resolution sur globalgreens.org, consulté le .
- Les DVF Awards sont une sĂ©rie de prix crĂ©Ă©s en 2010 par la Diller â von Furstenberg Family Foundation, qui rĂ©compensent avec une bourse annuelle de 50 000 dollars des femmes ayant fait avancer la cause des femmes.
- Ingrid Betancourt, La rage au cĆur, Paris, Ă©ditions xo, , 249 p. (ISBN 2-266-12016-6).
- François Veyne, « Ingrid BĂ©tencourt en pĂšlerinage Ă Lourdes », La Croix, (consultĂ© le ) ; Ingrid Betencourt remercie les sĆurs de l'Institut en ces termes : « sans les bases spirituelles que vous m'avez donnĂ©es, je n'aurais pas pu tenir aussi bien en captivitĂ© ».
- Jacques Thomet, Ingrid Betancourt : Histoire de cĆur ou raison dâĂtat ?, Paris, Hugo et compagnie, , 240 p. (ISBN 2-7556-0072-1), p. 57-58. L'auteur ajoute qu'Ingrid « se cache parfois sous le piano pour Ă©couter la conversation des invitĂ©s, ainsi qu'elle le relatera dans ses mĂ©moires ».
- « Ingrid Betancourt, la course contre la montre », Le Nouvel Observateur, .
- « Sciences Po Alumni », sur sciences-po.asso.fr (consulté le ).
- « Ingrid Betancourt et Juan Carlos Lecompte officiellement divorcés », sur Le Point,
- Ingrid Betancourt, MĂȘme le silence a une fin, Paris, Gallimard, , 823 p. (ISBN 978-2-07-044558-5).
- Maurice Lemoine, « La Colombie dâIngrid Betancourt », sur Le Monde diplomatique, monde-diplomatique.fr, (consultĂ© le ), p. 1, 12 et 13.
- L'Ă©mission Un jour, une heure sur France 2 a procĂ©dĂ© Ă une reconstitution des Ă©vĂšnements, dans le cadre d'une enquĂȘte intitulĂ©e Ingrid Betancourt, les secrets d'un enlĂšvement La vidĂ©o de l'Ă©mission.
- Jacques Thomet, Ingrid Betancourt : Histoire de cĆur ou raison dâĂtat ?, Paris, Hugo et compagnie, , 240 p. (ISBN 2-7556-0072-1), p. 79.
- Lors d'un point de presse, le Président Jacques Chirac a d'abord annoncé qu'il n'était pas au courant.
- France 2, « entretien du ministre des Affaires étrangÚres M. Dominique de Villepin avec France 2 », ministÚre des Affaires étrangÚres, (consulté le ).
- Axel GyldÚn, « Quand Paris voulait doubler Bogota », sur L'Express, lexpress.fr, .
- Cinq kilogrammes de cocaĂŻne est la quantitĂ© minimale permettant aux Ătats-Unis de rĂ©clamer une extradition.
- « RISAL.info - La Colombie d'Ingrid Betancourt », sur risal.collectifs.net.
- Revue de presse de mai 2007.
- « Gesticulations colombiennes », .
- « Une vidéo de preuve de vie d'Ingrid Betancourt », sur Comité IDF pour la libération d'Ingrid Betancourt, Clara Rojas et tous les otages en Colombie (consulté le ).
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- « RaĂșl Reyes n'allait ni libĂ©rer Ingrid Betancourt ni rencontrer Nicolas Sarkozy » - Un journalisme d'investigation.
- « Une transfuge des FARC assure que les guérilleros « craquent » », Reuters, Le Point, 19 mai 2008.
- Information reprise dans le Journal du dimanche du 30 mars 2008.
- DĂ©collage Ă 6 h 56 heure locale, 11 h 56 heure de Paris.
- « Astrid Betancourt » - Un journalisme dâinvestigation.
- « DerniĂšre minute Ingrid Betancourt » - Un journalisme dâinvestigation.
- Christophe Deloire, Christophe Dubois, Sexus Politicus, Paris, Albin Michel, , 390 p. (ISBN 2-226-17255-6), p. 21.
- « Les FARC cherchent la maniĂšre de libĂ©rer Ingrid Betancourt (prĂȘtre colombien) », sur www.latinreporters.com.
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- Le Point du 4 juillet 2008, « Ingrid Betancourt est en France ».
- AFP : « Ingrid Betancourt a déjeuné avec Dominique de Villepin à Paris ».
- « Les sénateurs français debout pour saluer Ingrid Betancourt ».
- Le Figaro - Flash actu : « Chirac rend hommage à Betancourt ».
- François-Bernard Huygue, « Cathodique et catholique : Ingrid sanctissima ».
- Lire le livre en ligne, sur le site de l'Ă©diteur.
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- AFP, « L'icÎne Betancourt mise à mal dans un livre », Le Monde, .
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- « Colombie/présidentielle: Ingrid Betancourt renonce à se présenter », Le Figaro,
- « Ingrid Betancourt trÚs émue par Benoßt XVI », Le Figaro, 2 septembre 2008, p. 9.
- Article de Françoise Dargent sur lefigaro.fr du 19 juin 2014.
- « Ingrid Betancourt à l'occasion de la parution de La ligne bleue : Entretien », éditions Gallimard.
Annexes
Bibliographie
- Delphine Caroff, Ingrid Betancourt ou la médiatisation de la tragédie colombienne, L'Harmattan, coll. « Questions contemporaines », Paris, Budapest et Turin, , 196 p., (ISBN 978-2747567428).
- Juan Carlos Lecompte, Au nom d'Ingrid (traduction d'Isabelle Gugnon), Denoël, coll. « Impacts », Paris, , 221 p., (ISBN 978-2207256855).
- Jacques Thomet, Ingrid Betancourt : histoire de cĆur ou raison d'Ătat ?, Ă©ditions Hugo et Compagnie, coll. « Hugo doc », Paris, , 221 p., (ISBN 978-2755600728).
- Yolanda Pulecio Betancourt, Ăngrid, ma fille, mon amour, Ă©ditions Robert Laffont, prĂ©face et traduction de Christiane RancĂ©, Paris, , 259 p. + 8 p. de planches illustrĂ©es, (ISBN 978-2221107980).
- Jean-Jacques Kourliandsky, Ingrid Betancourt : par-delà les apparences, préface de Rafael Jorba, éditions Toute latitude, , 121 p., (ISBN 978-2-35282-018-5).
- Pascal Drouhaud, Farc : confessions d'un guérillero, Choiseul éditions, , 204 p., (ISBN 978-2-916722-16-0).
- Ăric Raynaud, Ingrid Betancourt, femme courage !, Ă©ditions AlphĂ©e, 2008.
- Mario Torres, Ăngrid Betancourt, ce qu'elle n'a pas dit !, Ăditorial Hermes, .
- CĂ©dric Rutter, La Colombie [sans Ingrid ni Pablo], Ă©ditions La Guillotine, .
Filmographie
- Merci Bernard, dans un Ă©pisode de 1983 (en tant qu'actrice : elle interprĂšte une nonne).
- Ăngrid Betancourt : six ans dans la jungle (Hostages: The Kidnapping of Ingrid Betancourt), documentaire d'Angus McQueen, Royaume-Uni, 2010, 90 min.
Articles connexes
- Conflit armé colombien
- Clara Rojas, sa directrice de campagne, enlevĂ©e en mĂȘme temps qu'elle et libĂ©rĂ©e le
- Armée nationale colombienne
- Opération 14 juillet
- Opération Jaque