Guerre urbaine dans la Comuna 13 de MedellĂn (2001-2003)
Ăpisode particuliĂšrement Ăąpre du Conflit armĂ© interne colombien, une vĂ©ritable guerre urbaine a ravagĂ© la Comuna Trece (13e arrondissement) de MedellĂn de 2001 Ă 2003.
Date | 2001 Ă 2003 |
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Lieu | Comuna 13 de MedellĂn |
Casus belli | ContrĂŽle armĂ© du territoire de la plus grande partie de la Comuna 13 de MedellĂn par les milices populaires |
Issue | Reprise du territoire de la Comuna 13 par lâarmĂ©e, la police et les paramilitaires des AutodĂ©fenses unies de Colombie (AUC) |
Force publique et paracos * Armée de terre * Police * Force aérienne * Paramilitaires du Bloque Cacique Nutibara | Guérilla * FARC Frente Urbano Jacobo Arenas * ELN Frente Urbano Luis Fernando Giraldo Builes * Comandos Armados del Pueblo |
* Général Mario Montoya * Général Leonardo Gallego * alias Don Berna |
Conflit armé interne colombien
Elle oppose les guĂ©rillas ou milices populaires des FARC (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia : Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie), de lâELN (EjĂ©rcito de LiberaciĂłn Nacional : ArmĂ©e de libĂ©ration nationale) et des CAP (Comandos Armados del Pueblo : Commandos armĂ©s du peuple) aux paramilitaires ou paracos des AUC (Autodefensas Unidas de Colombia : AutodĂ©fenses unies de Colombie), aux corps de police et Ă la 4e brigade de lâarmĂ©e colombienne, et atteint son paroxysme avec les opĂ©rations Mariscal et OriĂłn en mai et octobre 2002.
Contexte
MedellĂn
MedellĂn est la deuxiĂšme commune (municipio) de Colombie (166 266 habitants en 1938, 2 223 078 en 2005, 2 569 007 habitants estimĂ©s en 2020) et la deuxiĂšme ĂĄrea metropolitana (correspondant approximativement Ă lâunitĂ© urbaine, ou agglomĂ©ration) : 3 312 165 habitants en 2005, et 3 723 455 habitants estimĂ©s en 2018. Elle comporte seize comunas (arrondissements urbains) et cinq corregimientos (arrondissements ruraux).
La croissance rapide de MedellĂn repose alors sur trois causes : natalitĂ©, exode rural, et dĂ©placements dus au conflit armĂ© (15 000 personnes en 2001).
Lâimplantation des narcotrafiquants, comme le cartel de MedellĂn de Pablo Escobar, sâest traduite par une violence sauvage Ă la fin du XXe siĂšcle. Le taux dâhomicides monte en flĂšche Ă MedellĂn de 1984 (environ 50 homicides pour 100 000 habitants) Ă 370 en 1992. Il baisse ensuite rapidement Ă 160 en 1998, Ă©tiage auquel il Ă©tait stabilisĂ© en 2000.
Lâessentiel de ces homicides est le fait de rĂšglements de comptes et dâagressions. Si la violence de lâĂ©poque est accrue par lâimpact du conflit armĂ©, celui-ci est donc loin dâen ĂȘtre la cause principale.
La Comuna 13
La Comuna 13, celle de San Javier, est situĂ©e Ă lâouest du cĆur de la ville : elle comptait 138 790 habitants en 2005, et 140 758 habitants estimĂ©s en 2020. Sa population explose Ă partir des annĂ©es 1950 comme celle de MedellĂn, pour se stabiliser ensuite depuis les annĂ©es 2000.
Depuis lâarrivĂ©e du mĂ©tro en 1996 (station San Javier)[Note 1], son centre commerçant est plutĂŽt occupĂ© par les classes moyennesâ; il est entourĂ© de collines escarpĂ©es de peuplement pauvre, voire marginalisĂ©. Si elles comportent quelques noyaux de peuplement anciens, comme El Salado, peuplĂ© depuis la fin du XVIIIe siĂšcle [Note 2], pour y exploiter des mines de sel (d'oĂč son nom : « Le SalĂ© »), lâhabitat y est le plus souvent issu dâinvasiones (bidonvilles), dont certaines subsistent toujours[1]. L'apparition des invasiones des hauts de El Salado, de Nuevos conquistadores et de Las Independencias 1, 2 et 3 est ainsi rĂ©cente et datĂ©e : de 1978 Ă 1981[GII 1].
En 2002, 97,5 % de la Comuna 13 est classĂ©e en estrato («âstrateâ» : classement de 1 Ă 6 des zones habitĂ©es selon le niveau social) 1 ou 2 (les plus pauvres), et câest la zone de MedellĂn comportant le plus de chĂŽmage.
Comme dans les autres quartiers pĂ©riphĂ©riques de la ville, les frontiĂšres invisibles entre quartiers y sont longtemps restĂ©es une rĂ©alitĂ© : les bandes rivales se cĂŽtoyaient Ă San Javier, mais entre les quartiers on ne franchissait une «âfrontiĂšreâ» que, littĂ©ralement, au pĂ©ril de sa vie. La violence y est alors endĂ©mique : agressions, racket, «âsĂ©questrations expressâ», sans quâon sache toujours quelle part y prennent les groupes de miliciens, de voyous, de narcotrafiquants et de paramilitaires.
Mais contrairement à la mauvaise réputation faite à la Comuna 13, les homicides y sont à cette époque en dessous de la moyenne de la ville (11e sur 16) : la violence est plus aiguë dans les 7 comunas du nord-est et du centre-est de la ville.
Le conflit armé
La guerre urbaine de la Comuna 13, dont en particulier lâopĂ©ration OriĂłn, est un Ă©pisode du Conflicto armado interno (Conflit armĂ© interne) colombien qui, des annĂ©es 1960 jusquâĂ la paix de 2016, et au-delĂ , oppose les guĂ©rillas dâextrĂȘme gauche aux groupes paramilitaires et Ă la force publique (armĂ©e et polices), non sans relation avec les cartels et organisations de narcotrafiquants, les uns et les autres pouvant nouer des alliances au grĂ© de leur intĂ©rĂȘt. Cette pĂ©riode succĂšde Ă celle de La Violencia (la Violence â de 1948 Ăą la fin des annĂ©es 1950) et fait 220 000 morts pour les seules annĂ©es de 1958 Ă 2012[2].
Un des effets majeurs du conflit armĂ© est le dĂ©placement massif des populations au grĂ© des affrontements : le Centro de Monitoreo de Desplazamiento Interno (Centre de suivi des dĂ©placements internes) Ă©value Ă 7 800 000 le nombre de personnes dĂ©placĂ©es en Colombie, soit plus que dans nâimporte quel autre pays, en guerre ou non[3]. Entre 1995 et 2009, la Comuna 13 accueille 7 475 personnes dĂ©placĂ©es des seuls dĂ©partements dâAntioquia et de Choco[GMH 1]. LâELN coordonne par exemple lâinstallation dâune invasiĂłn pour des centaines de familles dans le haut de El Salado au milieu des annĂ©es 1990.
La guerre urbaine qui apparaßt à cette époque est largement une délocalisation de celle qui sévit dans les zones rurales.
La présidence Uribe
Traditionnellement trĂšs conservatrice sur le plan politique et trĂšs inĂ©galitaire sur le plan social[Note 3], la sociĂ©tĂ© colombienne laisse peu dâespace politique aux mouvements progressistes lĂ©gaux, mais se montre peu encline Ă nĂ©gocier avec ceux qui ne voient ou ne veulent dâissue que dans la lutte armĂ©e. La Colombie est dâailleurs le seul pays dâAmĂ©rique latine Ă nâavoir jamais basculĂ© Ă gauche depuis 2000.
Or, depuis 2000, monte en puissance Ălvaro Uribe VĂ©lez, ancien gouverneur du dĂ©partement d'Antioquia, qui fonde sa stratĂ©gie politique sur un anticommunisme viscĂ©ral et sur la mise en Ćuvre dâune solution militaire dĂ©finitive au conflit. Cette stratĂ©gie fonctionne alors : le , il est Ă©lu dĂšs le premier tour Ă la prĂ©sidence avec 54,5 % des voix.
Les liens dâĂlvaro Uribe et de son frĂšre Santiago[4] avec les paramilitaires font lâobjet de plusieurs investigations judiciaires, parfois agrĂ©mentĂ©es de dĂ©tention, les intĂ©ressĂ©s niant quant Ă eux toute implication[5].
Les grandes Ă©tapes du conflit
Lâhistoire des conflits politico-militaires de la Comuna 13 peut se rĂ©sumer dans les grandes Ă©tapes suivantes :
â Avant 1985 : la Comuna 13, oĂč les pouvoirs publics sont peu prĂ©sents, encore largement occupĂ©e par les invasiones, est disputĂ©e par des bandes rivales de narcotrafiquants et de voyousâ;
â De 1985 Ă 2000 : les miliciens[Note 4] nettoient la Comuna des mafieux et imposent leur loiâ;
â De 2001 Ă 2003 : la guerre urbaine voit leur suprĂ©matie contestĂ©e par la force publique et les paramilitaires, Ă qui lâĂtat laisse le contrĂŽle du territoire repris aux milicesâaprĂšs l'opĂ©ration OriĂłn ;
â De 2004 Ă 2007, le conflit sâĂ©teint aprĂšs le repli de la guĂ©rilla et la dĂ©mobilisation des paramilitaires du Bloque Cacique Nutibaraâ;
â De 2008 Ă 2010, les conflits entre groupes de gangs et de paramilitaires reprennent pour le contrĂŽle du territoire dans diffĂ©rentes comunas pĂ©riphĂ©riques de MedellĂn (109 homicides en 2009 Ă la Comuna 13)[GMH 2].
Les miliciens maĂźtres du territoire
De 1985 environ Ă 2000, la guĂ©rilla, avec les FARC, lâELN et les milices proprement dites, comme les Milicias AmĂ©rica Libre (Milices AmĂ©rique libre), Milicias Populares de Occidente (Milices populaires de lâOuest), sâinstallent dans des divers quartiers populaires de MedellĂn. En 1996 sont crĂ©Ă©es dans la Comuna 13 les Comandos Armados del Pueblo (CAP - Commandos armĂ©s du peuple).
Selon un tĂ©moin, ces milices populaires auraient comptĂ© jusquâĂ 20 000 membres dans la Comuna 13[GII 2], hommes et femmes, combattants ou non. Un tel chiffre serait Ă©norme, rapportĂ© Ă sa population, ou Ă celui des AUC : 30 000 ont Ă©tĂ© dĂ©mobilisĂ©s pour toute la Colombie, encore certains pouvaient-ils ĂȘtre fictifs[6].
Les milices entretiennent des rapports complexes avec la population, dont elles sont en grande partie issues. Au dĂ©part, elles sont plutĂŽt bien perçues : elles affrontent les gangs et les voyous qui contrĂŽlaient la Comuna. Elles interdisent le trafic : la drogue ne circule plus. LâELN et les CAP exĂ©cutent mĂȘme les trafiquants sâil y en a, contrairement aux FARC, qui les chassent mais ne les tuent pas. Câest la limpieza social (nettoyage social). Elles organisent aussi des distributions, arrivent avec des camions de nourriture ou dâĂ©lectromĂ©nager dont elles font la rĂ©partition. Les miliciens organisent encore des fĂȘtes (parche Pilsen â argot colombien, quelque chose comme bringue KroâŠ) oĂč les habitants vont soit par goĂ»t, soit par peur : il vaut mieux y allerâŠ[7]
Mais plus elles sont en force, plus les milices deviennent elles-mĂȘmes prĂ©datrices. Les miliciens, identifiĂ©s par le brassard de leur organisation, contrĂŽlent la Comuna dâune main de fer, sans chercher Ă savoir sâils ont affaire Ă des hommes, femmes, des enfants. Ils imposent le couvre-feu, occupent les rues cagoulĂ©s et armĂ©s jusquâaux dents, recrutent plus ou moins de force. Ils ont essentiellement deux sources de revenus : les vacunas (« vaccins », c'est-Ă -dire racket), tel le pĂ©age imposĂ© quotidiennement aux bus, et les «âsĂ©questrations expressâ» (ils retiennent quelquâun et, sâil est solvable, ne le relĂąchent que quand la famille a payĂ©).
à la fin des années 1990, les FARC tiennent par exemple Nuevos Conquistadores et El Salado, L'ELN Las Independencias 1 et 2 ainsi que Villa Laura, les CAP Las Independencias 3[GII 3].
LâarrivĂ©e des paramilitaires
Le «âBloque Metroâ» des Autodefensas Campesinas de CĂłrdoba y UrabĂĄ (ACCU) est crĂ©Ă© en 1996, dirigĂ© par Carlos GarcĂa FernĂĄndez, alias «âDoble Ceroâ». Ă partir de 1997, les paramilitaires commencent Ă prendre position sur les hauteurs sud d'Altavista et de San Antonio de Prado, d'oĂč ils se prĂ©parent Ă dĂ©loger les milices de la Comuna 13.
Au premier semestre 2001 ont lieu les premiĂšres opĂ©rations de lâarmĂ©e et de la police (opĂ©ration Primavera en fĂ©vrier) ainsi que des paramilitaires (attaque de El CorazĂłn et Belencito en juillet). La guerre urbaine de la Comuna 13 a commencĂ©. Elle durera deux ans, de 2001 Ă 2003. Câest une pĂ©riode de terreur pour la population.
Dans le courant de lâannĂ©e, alors que les paramilitaires se regroupent nationalement dans les Autodefensas Unidas de Colombia et, non sans conflits meurtriers entre eux, le Bloque Metro laisse la place dans la Comuna 13 au Bloque Cacique Nutibara, dirigĂ© par le narcotrafiquant Diego Fernando Murillo (es), alias Adolfo Paz ou Don Berna.
Ă la stratĂ©gie dâintĂ©gration et de contrĂŽle des milices sâoppose la stratĂ©gie de la terreur des paramilitaires. Par tous les moyens, il faut Ă©liminer ou dĂ©loger non seulement les miliciens, mais aussi les dĂ©fenseurs des droits humains ou les leaders communautaires[8], quitte Ă arrĂȘter ou abattre quiconque aprĂšs une dĂ©nonciation sans preuve ou un comportement ambigu. On peut incendier un secteur et le vider de sa population parce que parmi elle se trouvent des miliciens ou supposĂ©s tels[GMH 3]. Les dĂ©placements de population se font de plus en plus nombreux, quâils soient dus Ă la peur, aux destructions ou tout simplement forcĂ©s. Sur la seule pĂ©riode 2001-2003, on compte 1 711 dĂ©placements forcĂ©s, la moitiĂ© de tous les dĂ©placements enregistrĂ©s entre 1985 et 2010[GMH 1].
Le nombre de morts suit la mĂȘme Ă©volution : de 143 en 2000, il monte Ă 317 en 2001 et 442 pour les seuls 9 premiers mois de 2002[Aricapa 1]. Certains parlent dâun total de 1 500 morts sur la pĂ©riode[9]. La responsabilitĂ© des actions violentes nâest pas toujours connue et nâest pas Ă©galement rĂ©partie : 3 dâentre elles sont attribuĂ©es Ă la guĂ©rilla en 2001 et 8 en 2002, contre respectivement 8 et 57 aux paramilitaires, ainsi que 5 et⊠1 997 Ă la force publique[GMH 4].
Les milices rĂ©agissent face Ă la menace des paracos. Elles durcissent leur contrĂŽle sur la population. Mais elles ne sont pas en position de force : les paramilitaires disposent de moyens financiers importants pour sâarmer, recruter, retourner des miliciens en les payant bien mieux que les milices, ce qui pose la question de leur financement. Celui-ci provient du trafic de drogue (comme câest parfois le cas de la guĂ©rilla), de multinationales telles la Chiquita Brands International (ex-United fruit), mais aussi dâentreprises colombiennes, dâĂ©leveurs, de propriĂ©taires terriens⊠: la paraĂ©conomie[10] est un rouage du paramilitarisme aussi essentiel que la parapolitique.
LâarmĂ©e ne manque pas non plus de moyens : les Ătats-Unis lui fournissent en 15 ans une aide militaire de 10 milliards de dollars (câest le 2e pays bĂ©nĂ©ficiaire de leur aide aprĂšs IsraĂ«l)[11].
Dans la Comuna 13, fusillades, rançonnage, assassinats ciblés, arrestations arbitraires, séquestrations, meurtres gratuits, disparitions forcées, recrutements forcés ou leurs tentatives, morts et blessés par balle perdue, font alors partie du quotidien. Les opérations conjointes de l'armée, de la police et des paramilitaires impliquent parfois tanks et hélicoptÚres.
Les fusillades sont quotidiennes, elles interviennent souvent la nuit et il arrive quâelles se poursuivent jusquâau lendemain. Les murs sont en bois ou en brique : plusieurs habitants, parfois des enfants, sont tuĂ©s par des balles qui les ont traversĂ©es. Les miliciens exĂ©cutent une femme qui aurait renseignĂ© la police[12], ou un professeur dâuniversitĂ© et son fils qui ne se sont pas arrĂȘtĂ©s Ă un barrage[Aricapa 2]. Les paramilitaires dĂ©capitent un milicien quâils ont abattu et jouent au foot avec sa tĂȘte avant de lâexposer plusieurs heures dans un grillage[Aricapa 3], ils violent une mĂšre et sa fille dont des parents sont miliciens, avant de leur couper les seins et de les abattre[Aricapa 3].
La population vit un enfer. « Nous sommes au milieu dâun sandwich terrifiant », rĂ©sume un leader communautaire fin mai 2002[Aricapa 4]. Les manifestations et les grĂšves de bus se succĂšdent pour protester contre la violence ou le racket. Le , une marche de lâespĂ©rance rĂ©unit 2 000 habitants des quartiers Olaya Herrera, Blanquizal et Vallejuelos, qui dĂ©filent avec des drapeaux blancs pour demander lâarrĂȘt des combats, Ă lâappel du pĂšre JosĂ© Luis Arroyave[Aricapa 5]. Celui-ci milite pour un accord de paix : il sera abattu en septembre[12] - [Aricapa 6].
Violences de tous ordres, sĂ©questrations, disparitions, dĂ©placements forcĂ©s⊠ne sont pas les seuls aspects du drame vĂ©cu par la population. On ne travaille plus et on nâĂ©tudie plus : si un jour on arrive Ă sortir, le lendemain les fusillades reprennent et on se terre. La faim se rĂ©pand[7]. Les repĂšres des enfants sâeffondrent : lâautoritĂ© parentale fait place Ă lâautoritĂ© des groupes armĂ©sâ; les enfants jouent Ă la guĂ©rilla et, Ă cause des armes, ils veulent plus tard «âdevenir guĂ©rillerosâ»[GII 4]. Les nouveaux logements ne trouvent pas preneur, la valeur des maisons sâĂ©croule : on vend la sienne Ă moitiĂ© prix pour fuir le carnage[Aricapa 7]. Une maison nâest plus un refuge : habitĂ©e, elle ne protĂšge pas des balles perduesâ; dĂ©sertĂ©e, elle devient une trinchera : une tranchĂ©e, poste dâobservation et de combat. Les voisins ne sont plus une prĂ©sence connue et rassurante : ils peuvent ĂȘtre des mouchards, des combattants cachĂ©s, des espions ; la dĂ©fiance est la rĂšgle. Chacun est suspect et chacun suspecte les autres. Toute la vie sociale devient dĂ©rĂšglement, mĂ©fiance et peur[GII 5] : c'est vivre deux ans au milieu d'un champ de bataille ; c'est vivre un cauchemar, rĂ©el, pour le retrouver, en rĂȘve, quand on arrive Ă dormir[GII 6]. MalgrĂ© cela, une forte solidaritĂ© permet de tenir pour ces gens qui ont bĂąti cĂŽte Ă cĂŽte leur nouvelle vie en mĂȘme temps que leur masure : on abrite, on nourrit, on aide ceux qui ont parfois tout perdu[GII 7].
Il ne faudra pas moins de 17 opĂ©rations conjointes pour venir Ă bout des milices, dont douze sous la prĂ©sidence d'Ălvaro Uribe. Elles impliquent la police et lâarmĂ©e, thĂ©oriquement sous le contrĂŽle de la fiscalia (parquet) dont elles sont censĂ©es appliquer les dĂ©cisions. Mais la force publique travaille la main dans la main avec les paramilitaires[13], entre autres parce que ceux-ci Ă©chappent Ă tout contrĂŽle. Si les autoritĂ©s ont niĂ© contre toute Ă©vidence la participation des paramilitaires, plusieurs dâentre eux, ainsi que des militaires, ont par la suite confirmĂ© et Ă©clairĂ© cette collaboration, y compris devant la justice, comme Don Berna lui-mĂȘme[14], Juan Carlos Villa Saldarriaga, alias Movil 8[15] ou d'autres[GII 8].
Parmi ces opérations conjointes, deux se détachent par leur importance, leur dommages collatéraux et leur résultat : Mariscal en mai 2002 et Orión en octobre [Note 5].
LâopĂ©ration Mariscal
Cette opĂ©ration de grande envergure est dĂ©clenchĂ©e le mardi , officiellement en vue de dĂ©samorcer les actions prĂ©vues par les milices pour saboter lâĂ©lection prĂ©sidentielle fixĂ©e au dimanche suivant[Aricapa 8]. Ă 3 h du matin, 700 hommes sont dĂ©ployĂ©s avec des tanks et deux hĂ©licoptĂšres ArpĂa[Note 6] (soit la moitiĂ© de ceux dont dispose le pays). JusquâĂ 15 h 30, ils ratissent les quartiers de Veinte de Julio, El Salado, Las Independencias I, II et III, Nuevos Conquistadores, armĂ©s de mitraillettes, secondĂ©s par des francs-tireurs postĂ©s sur les collines surplombant ces quartiers.
Alors que deux civils sont blessĂ©s dans la rue et quâils ne peuvent ĂȘtre secourus sous le feu roulant, la population commence Ă tendre des draps et dâautres tissus blancs, dâabord aux fenĂȘtres, puis dans la rue : c'est la « Marche des mouchoirs blancs »[GMH 5].
Si on se tient aux bilans officiels, câest lâopĂ©ration la plus meurtriĂšre de la guerre : elle fait neuf morts dont trois enfants, 39 blessĂ©s (dont 31 civils, 2 soldats, 6 policiers) et 31 prisonniers (dont 2 chefs de lâELN)[Aricapa 9].
Ce nâest quâun succĂšs trĂšs relatif : le nombre dâinsurgĂ©s neutralisĂ©s ne dĂ©passe pas celui dâopĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, Otoño 1 et Contrafuego, qui avaient mobilisĂ© beaucoup moins de moyens et fait beaucoup moins de victimes civiles. En revanche, les enseignements de Mariscal seront prĂ©cieux pour la prĂ©paration dâOriĂłn, aucune des opĂ©rations menĂ©es entre juin et septembre ne se montrant plus efficace.
LâopĂ©ration Orion
Ălvaro Uribe, Ă peine Ă©lu, prĂ©pare une guerre sans merci contre la guĂ©rilla, dans lâensemble du pays comme dans la Comuna 13. Ă MedellĂn, celle-ci est dâailleurs la derniĂšre dont les milices nâont pas Ă©tĂ© Ă©liminĂ©es.
Le , aprĂšs la mort de deux Ă©tudiants atteints par des balles perdues aux limites de la Comuna 13, le maire de MedellĂn, Luis PĂ©rez GutiĂ©rrez, appelle le prĂ©sident. Celui-ci nâattendait que cette occasion et lui envoie le jour mĂȘme le commandant de lâarmĂ©e, Carlos Alberto Ospina, qui vient spĂ©cialement par voie aĂ©rienne de la rĂ©gion de BogotĂĄ. DĂšs lâaprĂšs-midi, ils sâaccordent sur les principes de lâintervention dans le bureau du maire[16].
Le au soir, les forces militaires et policiĂšres sont Ă pied dâĆuvre : 450 hommes spĂ©cialisĂ©s en opĂ©rations urbaines sont prĂȘts Ă combattre, ainsi que 1 000 hommes de la 4e brigade du gĂ©nĂ©ral Mario Montoya et de la police mĂ©tropolitaine du gĂ©nĂ©ral Leonardo Gallego, sans compter les paramilitaires du Bloque Cacique Nutibara[Aricapa 10].
Le 16 Ă 4 h du matin, elles sont dĂ©ployĂ©es sur les collines surplombant la Comuna 13, oĂč elles se disposent en quatre anneaux de sĂ©curitĂ© pour empĂȘcher toute exfiltration. Ă 9 h du matin, elles commencent Ă ratisser les hauteurs de la Comuna. Elles sont appuyĂ©es par les tirs dâobus des tanks et les tirs de fusil ou de mitraillettes des francs-tireurs allongĂ©s sur les hauteurs, ainsi que par les salves de mitrailleuses et de roquettes des hĂ©licoptĂšres ArpĂa [Note 6] qui arrosent les positions des miliciens[9].
Des «âinformateursâ» au visage masquĂ© guident la troupe et lui indiquent les miliciens et leurs maisons : ce signalement vaut arrestation immĂ©diate, tout suspect Ă©tant aussitĂŽt embarquĂ© dans un camion. Ces informateurs sont des paramilitaires, qui Ă©taient pour certains infiltrĂ©s dans les milices, pour dâautres sont des miliciens retournĂ©s, que ce soit pour avoir senti que le vent tournait ou pour des raisons financiĂšres[9].
La phase militaire de lâopĂ©ration durera deux jours, les et . Elle aboutit Ă une victoire totale sur les milices : selon le bilan officiel, lâopĂ©ration fait 17 morts (4 militaires, 3 civils, 10 miliciens), 30 blessĂ©s (dont 10 militaires), 400 prisonniers aussitĂŽt incarcĂ©rĂ©s Ă la Catedral, lâancienne prison de Pablo Escobar Ă Envigado. Des armes sont saisies (47 revolvers, 19 fusils, 108 grenades Ă fusil, 6 000 cartouches) et 4 victimes de sĂ©questration sont libĂ©rĂ©es, outre la famille dâun transfuge, sĂ©questrĂ©e elle aussi[Aricapa 11]. Mais la CINEP dresse en 2003 un bilan assez diffĂ©rent : elle parle de 229 miliciens arrĂȘtĂ©s par le parquet (FiscalĂa et ProcuradurĂa[Note 7]), et parmi les civils de 1 mort, 8 disparus, 38 blessĂ©s et 355 arrestations ; parmi ceux-ci 170 sont poursuivis et deux seulement auront Ă©tĂ© condamnĂ©s 4 ans plus tard[GII 9]. Et pour lâONG de MedellĂn CorporaciĂłn JurĂdica Libertad[17], 13 ans plus tard, il est considĂ©rablement revu Ă la hausse : 17 homicides du fait de la force publique, 71 personnes assassinĂ©es par les paramilitaires, 80 civils blessĂ©s, 12 personnes torturĂ©es, 92 disparitions forcĂ©es et 370 dĂ©tentions arbitraires[18].
Le , Carlos Alberto Ospina, chef de lâarmĂ©e, peut hisser le drapeau colombien sur le parvis de lâĂ©glise du quartier Veinte de Julio[Aricapa 12].
Le , le maire Luis PĂ©rez GutiĂ©rrez effectue une visite trĂšs mĂ©diatisĂ©e de la Comuna, avec le gĂ©nĂ©ral Montoya, commandant la 4e brigade, et le gĂ©nĂ©ral Gallego, chef de la police mĂ©tropolitaine. Il hisse Ă son tour le drapeau colombien, suivi par les fonctionnaires et par des habitants, comme pour un jour de fĂȘte nationale. Certains habitants viennent remercier les vainqueurs, en leur parlant ou en les touchant, pour avoir mis fin Ă deux ans de tueries et dâangoisses[Aricapa 12].
Mais cette reprise en main laisse derriĂšre elle un champ de bataille, quâil faut reconstruire, rĂ©parer, nettoyer, oĂč il faut reloger les dĂ©placĂ©s, oĂč il faut rouvrir les commerces et les servicesâŠ
Conséquences
L'opĂ©ration OriĂłn met un terme au contrĂŽle des milices et aux affrontements armĂ©s sur la Comuna. Force publique et paramilitaires sortent victorieux de deux ans de guerre urbaine. Dans les jours suivants, plusieurs attentats Ă lâexplosif ou Ă la bouteille de gaz sont commis dans dâautres quartiers de MedellĂn : centre-ville, Laureles, Poblado, Manrique, UniversitĂ©[Aricapa 13], mais il ne sâagit que dâun baroud dâhonneur.
Le choix est fait de laisser les paramilitaires finir le travail : les arrestations arbitraires, les exactions, les exĂ©cutions dureront deux mois aprĂšs OriĂłn, jusqu'en dĂ©cembre. Nouveaux maĂźtres du territoire, les paracos exercent le pouvoir durant un an, avant dâĂȘtre dĂ©mobilisĂ©s en dĂ©cembre 2003 sur la Comuna. Pour la dĂ©mobilisation du Bloque Nutibara, le narcotrafiquant et paramilitaire Don Berna ordonne de tirer la pĂłlvora (« feux d'artifice artisanaux ») le 1er dĂ©cembre Ă minuit dans tous les quartiers de la ville, pour rappeler qu'il faudra toujours compter avec les paramilitaires. C'est l'origine de l'alborada (« l'aube ») toujours fĂȘtĂ©e Ă MedellĂn depuis 2003, dont la population a certes oubliĂ© l'origine, mais qui cause chaque annĂ©e de nombreux blessĂ©s, notamment des enfants[19] - [20].
La dĂ©mobilisation nationale des paracos interviendra en 2006. Celle-ci accorde une large impunitĂ© pour les crimes commis, bien que des sanctions soient thĂ©oriquement prĂ©vues[21]. Certains arrestations arbitraires ont Ă©tĂ© reconnues : les frĂšres Castaño Casa, arrĂȘtĂ©s le 16 octobre et dĂ©tenus jusqu'en aoĂ»t 2005, seront ainsi innocentĂ©s en 2016 et obtiendront rĂ©paration[22] - [Castaño 1].
Dans la communication officielle, les opĂ©rations Mariscal et OriĂłn Ă©taient censĂ©es ĂȘtre dirigĂ©es contre tous les groupes armĂ©s, AUC inclus[GII 10]. Cette vision dâactions de forces de lâordre visant Ă rĂ©tablir lâordre et la lĂ©galitĂ© dans une zone soumise Ă la violence de clans opposĂ©s est pour le moins idyllique. Forces de l'ordre et paramilitaires travaillent en coopĂ©ration Ă©troite, et lâobjectif comme le rĂ©sultat de la guerre sont clairement politiques : reprendre Ă des milices armĂ©es d'extrĂȘme gauche, au prix dâun dĂ©ferlement de violence inouĂŻ, un territoire laissĂ© Ă dâautres milices armĂ©es mais idĂ©ologiquement proches du pouvoir, si ce nâest liĂ©es Ă lui[Aricapa 14].
Le bilan humain de cette guerre urbaine est lourd : outre les dégùts matériels et économiques, elle aurait laissé 1 500 morts et plus de 1 700 personnes déplacées, dont certaines avaient trouvé refuge à la Comuna 13 pour fuir les combats de leur région[GMH 1].
Elle laisse en outre un nombre difficilement Ă©valuable de disparus. Les combattants abandonnent parfois des cadavres dans les rues, mais peuvent aussi se dĂ©barrasser discrĂštement des corps dans des fosses communes. La plus importante est celle situĂ©e Ă lâArenera del Agregado, en bordure du quartier dâEduardo Santos, plus connue sous le nom de La Escombrera (la dĂ©charge). Les paramilitaires du Bloque Cacique Nutibara, selon lâun dâentre eux, y auraient enfoui une cinquantaine de corps[9], la municipalitĂ© et la CoordinaciĂłn JurĂdica Libertad (Coordination juridique libertĂ©) parlent, elles, de plus de 100[23], d'autres de 300âŠ[9]
AprĂšs OriĂłn et ses sĂ©quelles, la population peut-elle du moins enfin bĂ©nĂ©ficier dâune pĂ©riode de tranquillitĂ©, sans vivre dans lâangoisse permanente des balles perdues.
Suites
Si la victoire militaire est totale, elle est acquise au prix de nombreuses violations des droits humains, qui pĂšsent toujours sur la vie publique colombienne.
Les dénonciations contemporaines
En mai 2003, la revue Noche y niebla (Nuit et brouillard) du CINEP (Centre dâinvestigation et dâĂ©ducation populaire) publie le dossier «âComuna 13, la otra versiĂłnâ» (Comuna 13, lâautre version). Elle y documente des violations des droits humains par la force publique et les paramilitaires entre 1998 et 2002 Ă MedellĂn : 67 concernent la Comuna 13[24]. Elle est traitĂ©e par le mĂ©pris par les pouvoirs publicsâ: le ministre de lâIntĂ©rieur, Fernando Londoño Hoyos, ne veut y voir quâun « mensonge monumental »[Aricapa 15].
ParallĂšlement, la CIDH (Commission interamĂ©ricaine des droits humains), Ă©manation de lâOEA (Organisation des Ătats amĂ©ricains), enquĂȘte sur placeâ; le , elle publie un communiquĂ© faisant Ă©tat dâassassinats sĂ©lectifs, de disparitions forcĂ©es, dâactes de violence et dâintimidation par les groupes paramilitaires, que la force publique a laissĂ©s faire. La commission appelle Ă mettre fin au contrĂŽle des paramilitaires et Ă rĂ©tablir lâautoritĂ© de lâĂtat. Est-ce parce quâelle a Ă©tĂ© entendue que le Bloque Cacique Nutibara est dĂ©mobilisĂ© en dĂ©cembreâ[Aricapa 16]?
La Cour interaméricaine des droits humains
La CIDH (Cour interamĂ©ricaine des droits humains), autre organisme issu de lâOEA, est saisie par ladite commission en 2014 sur le cas de militantes des droits humains persĂ©cutĂ©es Ă la suite des troubles de 2002 : elles ont dĂ©noncĂ© les actions des groupes paramilitaires en connivence avec la force publique. La saisine indique que lâune dâelles, Ana Teresa Yarce, a Ă©tĂ© assassinĂ©e en octobre 2004â; que deux de ses compagnes ont Ă©tĂ© menacĂ©es et dĂ©placĂ©es de force aprĂšs violation de leur domicile, et que deux autres ont Ă©tĂ© dĂ©tenues arbitrairement[25].
Le , la Cour condamne lâĂtat colombien pour les privations illĂ©gales et arbitraires de libertĂ© subies, pour nâavoir pas rempli son devoir de protection de la vie dâAna Teresa Yarce, comme pour nâavoir pas rempli son obligation de garantir la libertĂ© de circulation des personnes dĂ©placĂ©es de force[25]. Ce nâest donc pas directement pour les violations des droits humains au cours des opĂ©rations de 2002 que lâĂtat est alors condamnĂ©, mais pour nâavoir pas protĂ©gĂ© les militants qui les dĂ©nonçaient. Les crimes commis de part et dâautre durant la guerre urbaine restent pour leur part impunis â sauf la condamnation mentionnĂ©e ci-dessous.
Le , la Cour interamĂ©ricaine des droits de l'homme ouvre une audience Ă double titre historique sur le premier cas de disparition forcĂ©e liĂ© Ă l'opĂ©ration OriĂłn qui lui est soumis : Arles Edison GuzmĂĄn, emmenĂ© par des hommes en civil le 30 novembre 2002 et qui nâa jamais Ă©tĂ© revu. Or, Ă la suite de lâarrivĂ©e au pouvoir du premier prĂ©sident de gauche en Colombie, Gustavo Petro, Martha LucĂa Zamora, la reprĂ©sentante de lâĂtat colombien reconnaĂźt devant le CIDH la responsabilitĂ© de lâĂtat, qui ne lâa pas protĂ©gĂ© et a failli Ă rechercher les coupables, et demande au nom de lâĂtat le pardon de la famille du disparu[26].
Les enquĂȘtes en Colombie
Lâaccord de paix de 2016 entre lâĂtat colombien et les FARC, en vue de leur dĂ©mobilisation et de leur rĂ©insertion, prĂ©voyait la crĂ©ation de la JEP (Juridiction spĂ©ciale pour la paix). Celle-ci a Ă©tĂ© saisie en 2018 par des familles de victimes de disparitions forcĂ©es, afin de prendre des mesures conservatoires quant Ă 17 lieux utilisĂ©s comme fosses communes par les combattants durant le conflit armĂ©, dont le plus important : la Escombrera. Mais la Escombrera sâĂ©tend sur trois hectares et a reçu depuis plus de cinq tonnes de dĂ©combres : les premiĂšres recherches effectuĂ©es sur les indications des paramilitaires Juan Carlos Villada, alias MĂłvil 8, ou Jorge Enrique Aguilar RodrĂguez, alias Aguilar sont restĂ©es sans rĂ©sultat[27]. En 2021, 19 ans aprĂšs OriĂłn, les recherches se poursuivent sous l'autoritĂ© de la JEP[28].
Le , la JEP exige de la municipalitĂ©, du procureur gĂ©nĂ©ral de Colombie, de lâInstitut national de mĂ©decine lĂ©gale, de la PersonerĂa[Note 8] de MedellĂn et de la Commission nationale de recherche des personnes disparues des actions prĂ©cises de dĂ©veloppement des bases de donnĂ©es sur les victimes et leurs proches. Ceci sous cinq jours et pour une liste de 417 personnes disparues entre 1978 et 2016, quâelle a recensĂ©es pour la seule Comuna 13[29].
Le , la JEP indique que la municipalitĂ© a rĂ©pondu avec une liste de 83 personnes dont les corps ont Ă©tĂ© identifiĂ©s et remis aux familles de 2016 Ă 2019. Elle se scandalise en revanche quâaucun autre organisme public nâait rĂ©pondu Ă sa demande et la renouvelle avec un ultimatum de cinq jours[30]. Cette seconde demande ne semble pas avoir eu plus dâeffets.
Par ailleurs, les événements de 2002 ont donné lieu à deux condamnations :
- Le , Fredi Alonso PulgarĂn, alias La Pulga (« La Puce »), un des chefs des Comandos Armados del Pueblo, est condamnĂ© Ă 8 ans de prison par le tribunal de Justice et Paix de MedellĂn pour la responsabilitĂ©, qu'il reconnaĂźt, de onze meurtres (dont celui du prĂȘtre JosĂ© Luis Arroyave Restrepo) et trois dĂ©placements forcĂ©s[31] ;
- le , Jorge Enrique Aguilar RodrĂguez, un des chefs du Bloque Cacique Nutibara, est condamnĂ© Ă 26 ans de dĂ©tention pour 10 homicides et 8 disparitions forcĂ©es (dont des mineurs) commis lors de l'opĂ©ration OriĂłn, et dont la plupart ont Ă©tĂ© enfouis Ă la Escombrera[32].
Violence et réconciliation
Chaque 16 octobre, la Comuna 13 commĂ©more lâopĂ©ration OriĂłn Ă la Escombrera[33], de mĂȘme que les « MĂšres de la CandelarĂa » de MedellĂn continuent inlassablement Ă rĂ©clamer la vĂ©ritĂ© sur ce que sont devenus leurs maris ou leurs fils disparus au cours du conflit armĂ©[34].
Aujourdâhui, le quartier de Las Independencias, un des plus meurtris par la guerre, est devenu un des principaux lieux de tourisme de la ville, autour de ses escaliers Ă©lectriques et des Ćuvres de street art qui, depuis 2014, fleurissent lĂ oĂč coulait le sang des victimes (« Graffiti tour »). Ce tourisme sur les cendres dâOriĂłn et de Mariscal a un cĂŽtĂ© morbide, mais il fait vivre les survivantsâŠ
PrĂšs de vingt ans aprĂšs la guerre urbaine, celle-ci reste une plaie douloureuse pour MedellĂn et la Comuna 13. Dâun cĂŽtĂ©, on peut estimer que la situation de fond qui lâa crĂ©Ă©e nâa pas fondamentalement changĂ© : les inĂ©galitĂ©s restent les plus Ă©levĂ©es du continent aprĂšs celles du BrĂ©sil[35], la misĂšre dans les quartiers populaires des grandes villes nâa guĂšre rĂ©gressĂ© en valeur relative, et la violence politique et sociale sâest juste â en partie â dĂ©placĂ©e de lâaffrontement entre guĂ©rillas et forces armĂ©es ou paramilitaires vers les massacres et les meurtres de leaders communautaires ou environnementaux[36].
Dâun autre, on peut relever que la volontĂ© de surmonter la violence, de travailler Ă une rĂ©conciliation et une rĂ©solution pacifique des conflits est porteuse dâespoir. Câest, entre autres, le travail difficile menĂ© par la Casa de la memoria[37] (Maison de la mĂ©moire) de MedellĂn, qui entretient la mĂ©moire du conflit â oĂč les Ă©vĂ©nements de la Comuna 13 occupent une bonne place â non pour entretenir la haine, mais pour Ćuvrer Ă la rĂ©conciliation et au renoncement Ă la violence[38].
Chronologie
Cette chronologie retrace quelques-uns des faits marquants relatifs Ă la guerre urbaine menĂ©e de 2001 Ă 2003 dans la Comuna 13 de MedellĂn.
Date | Lieu | ĂvĂ©nement |
AnnĂ©es 1990 | MedellĂn | La prĂ©sence de la guĂ©rilla et des milices dans les comunas pĂ©riphĂ©riques de MedellĂn est de plus en plus ostensible[Aricapa 17]. |
1996 | Comuna 13 | Naissance des Comandos Armados del Pueblo (CAP), milice propre Ă la Comuna 13[31]. |
1996 | MedellĂn | CrĂ©ation du « Bloque Metro » des Autodefensas Campesinas de CĂłrdoba y UrabĂĄ (ACCU) dirigĂ©es par « Doble Cero ». En avril 2012, un ex-chef des paramilitaires, Pablo HernĂĄn Sierra GarcĂa, affirme devant la justice que les ACCU ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es par les Ă©leveurs d'Antioquia, dont Santiago y Ălvaro Uribe VĂ©lez (ce qu'ils nient)[39]. |
2000 | MedellĂn | Sous les ordres de Carlos Castaño, qui dirige les paramilitaires regroupĂ©s dĂ©sormais dans les Autodefensas Unidas de Colombia (AUC), le « Bloque Metro » fait place au « Bloque Cacique Nutibara », dirigĂ© par Diego Fernando Murillo, par ailleurs narcotrafiquant, alias « Don Berna »[40]. |
DĂ©but 2001 | Comuna 13 | Les paramilitaires, installĂ©s depuis 1997 dans la zone rurale adjacente d'Aguas frĂas, Altavista et San Antonio de Prado, commencent Ă prendre position pour s'opposer aux FARC, Ă l'ELN et aux CAP. C'est le dĂ©but de la guerre urbaine[Aricapa 18]. |
Début février 2001 | Belencito, Corazón, Veinte de julio, El Salado | Opération Primavera (Printemps) : premiÚre opération conjointe des forces armées et de police contre les FARC, l'ELN et les CAP : 18 miliciens ELN capturés[Aricapa 18]. |
DĂ©but juillet 2001 | El CorazĂłn, Belencito et La Torre | Les paramilitaires plongent depuis leur base sur les quartiers[Aricapa 17]. |
Juan XXIII | Assassinat de Evelio de JesĂșs Cadavid et son fils Jorge Alonso Cadavid par 4 membres des CAP, par arme Ă feu[31]. | |
Colombie | Le président Andrés Pastrana rompt le dialogue avec les FARC. La zone démilitarisée d'El Caguån (département de Meta) est investie, entraßnant des mouvements de relocalisation des guérilleros[Aricapa 19]. | |
Belencito-CorazĂłn | GrĂšve des chauffeurs de bus de la ligne Belencito-CorazĂłn, harcelĂ©s par les demandes croissantes des miliciens, et par celles des paramilitaires, qui exigent d'en ĂȘtre les bĂ©nĂ©ficiaires (120 bus arrĂȘtĂ©s)[Aricapa 19]. | |
La Quiebra, La Divisa, Blanquizal | Opération Contrafuego (Contrefeu): avec 600 policiers 400 soldats et 63 parquetiers. 63 perquisitions, 5 membres des CAP abattus et 31 prisonniers[GII 11] - [Note 9]. | |
Belencito, Corazón, Veinte de julio, El Salado, Juan XXIII | Opération Otoño 1 (Automne 1) : implication de la Police militaire, de la 4e brigade, du CTI (Cuerpo Technico de Investigación), du DAS (Departamento Administrativo de Seguridad) 52 prisonniers[GII 11]. | |
Début mars 2002 | Belencito, Corazón | 50 familles de Belencito et Corazón abandonnent le quartier face aux menaces et aux risques d'embrigadement (des deux cÎtés) de leurs fils[Aricapa 20]. |
Début mars 2002 | Comuna 13 | Opération Marfil (Ivoire) : 3 prisonniers de l'ELN et 3 des FARC[Aricapa 21]. |
et | La Divisa | Opération Otoño 2 (Automne 2): 19 prisonniers, perquisitions, assassinat du président de la Junta de Acción Comunal (Conseil d'arrondissement ou de quartier) de La Divisa et mort d'un jeune de 14 ans, tué d'une balle perdue à travers la paroi de sa maison[GMH 6]. |
Comuna 13 | Assassinat par des miliciens de Gloria Estella Gil, 36 ans, accusée de transmettre des informations à la police[31]. | |
Fin mars 2002 | Comuna 13 | GrĂšve de chauffeurs de bus de 5 lignes (400 bus arrĂȘtĂ©s)[Aricapa 21]. |
Comuna 13 | Les leaders communautaires de 8 quartiers rĂ©clament de la ville la prĂ©sence d'organismes de droits humains, du DĂ©fenseur du peuple et de la PersonerĂa[Note 8] contre les abus des miliciens, des paramilitaires et de la force publique[Aricapa 21]. | |
El Salado, Veinte de Julio | OpĂ©ration Ăguila (Aigle)[GMH 7]. | |
Comuna 13 | Attaque de l'armée, guidée par 4 informateurs en cagoule, contre la maison de 2 jeunes. Une voisine est tuée par une balle qui a traversé la cloison alors qu'elle allaitait son bébé[Aricapa 22]. | |
Mai 2002 | San Antonio de Prado, à la limite de la Comuna 13 | Opération Horizonte II (Horizon II)[GMH 7]. |
Veinte de Julio, El Salado, Independencias I, II y III, Nuevos Conquistadores | Opération Mariscal (Maréchal) : 700 hommes, des tanks et 2 hélicoptÚres, mitraillettes, francs-tireurs⊠Selon les bilans officiels, c'est l'opération la plus meurtriÚre: 9 morts dont 3 enfants, 39 blessés (dont 31 civils, 2 soldats, 6 policiers, dont 1 paralysé), 31 prisonniers (dont 2 chefs ELN)[GMH 8]. | |
La Independencia | Marche massive des Ă©tudiants du liceo La Independencia contre la violence[Aricapa 9]. | |
Fin mai 2002 | Comuna 13 | L'ONG Ruta pacĂfica envoie Ă la mairie une radiographie de la situation et demande une issue civile Ă la crise. Des leaders dĂ©noncent la brutalitĂ© de la rĂ©pression[Aricapa 4]. |
Colombie | PrĂ©sidentielle : Ălvaro Uribe VĂ©lez est Ă©lu au 1er tour. Son Ă©lection marque un tournant brutal vers la « politique de sĂ©curitĂ© dĂ©mocratique » et le dĂ©veloppement du conflit armĂ©[Aricapa 4]. | |
Comuna 13 | Le bus utilisé par le maire, Luis Pérez Gutiérrez, pour inaugurer un terminal de bus est attaqué par la guérilla. En réponse, le maire annonce la construction de deux nouvelles bases de police, dont celle de El Corazón, 300 policiers supplémentaires et 500 millions pour payer informateurs et délateurs[GMH 9]. | |
0 | Comuna 13 | « Marche de l'espĂ©rance », convoquĂ©e par le pĂšre JosĂ© Luis Arroyave : 2 000 habitants des quartiers Olaya Herrera, Blanquizal et Vallejuelos dĂ©filent avec des drapeaux blancs pour demander l'arrĂȘt des combats. Ils dĂ©noncent, entre autres, l'assassinat de 11 Ă©tudiants d'un groupe de jeunes au cours des opĂ©rations des et , dont certains ont Ă©tĂ© armĂ©s ou revĂȘtus de treillis aprĂšs leur mort[Aricapa 5]. |
Mi juin 2002 | El Salado | JosĂ© Ignacio RĂșa Arango, professeur d'universitĂ© et son fils ignorent un barrage de miliciens au carrefour de la Y (Veinte de Julio) et sont abattus[Aricapa 2]. |
El Corazón, Veinte de Julio, Vallejuelos | Opération Potestad (Puissance) : 37 perquisitions, 23 arrestations (dont 1 chef des FARC)[GMH 8]. | |
El Salado | « Samedi noir ». Une vingtaine de paramilitaires du Bloque Cacique Nutibara descendent de la crĂȘte vers 22 h 30, terrorisent la population en assassinant un habitant, en dĂ©fonçant des portes et en mettant le feu Ă une vingtaine de maisons. 170 des 200 familles du secteur sont dĂ©placĂ©es[GMH 3]. | |
Comuna 13 | 6 000 élÚves et 150 professeurs de 5 établissements ne peuvent effectuer la rentrée scolaire : le lycée La Independencia est occupé par les déplacés, le collÚge Eduardo Santos est le quartier général des miliciens, ailleurs à cause du danger. En tout, 30% des élÚves sont déscolarisés[Aricapa 23]. | |
Mi juillet 2002 | Blanquizal | Les AUC font une incursion, extirpent 4 collégiennes de chez elles et les exécutent[Aricapa 23]. |
Fin juillet 2002 | El Salado, Blanquizal, Olaya Herrera, Vallejuelos⊠| Des combats intenses font plusieurs morts[Aricapa 24]. |
Independencias, El Salado, Veinte de Julio, El Corazón | Opération Antorcha (Torche) : la troupe est appuyée par un hélicoptÚre. 7 morts (4 miliciens dont on ne retrouve pas les corps, 1 jeune, 1 fillette, 1 militaire), 18 blessés (dont 5 soldats, 3 policiers et 10 miliciens), 37 prisonniers[GMH 10]. | |
Colombie | Prise de possession de Ălvaro Uribe. | |
Comuna 13 | GrĂšve de bus pour plusieurs jours[Aricapa 25]. | |
Fin aoĂ»t 2002 | El CorazĂłn | Nuit dantesque dans une zone tenue par les paramilitaires : un groupe de miliciens y fait incursion, faisant un mort et incendiant un bus. Les paramilitaires abattent 3 miliciens, dĂ©capitent l'un d'eux, jouent avec sa tĂȘte et l'insĂšrent dans le grillage d'un rĂ©servoir d'eau, oĂč elle restera plusieurs heures. Aucun compte-rendu dans la presse[Aricapa 3]. |
Las Independencias, Vallejuelos, Olaya Herrera et Blanquizal | Opération Saturno (Saturne) : plusieurs membres des FARC et des CAP sont faits prisonniers[GMH 7]. | |
Juan XXIII | Assassinat du pÚre José Luis Arroyave Restrepo (48 ans), qui militait pour un accord de paix, par des miliciens des Comandos Armados del Pueblo[12]. | |
Quartiers voisins : Cristóbal et Urbanización Alcåzar | 2 étudiants sont tués par des balles perdues à quelques heures d'intervalle : Miguel Quiroga (19 ans) et Laura Betancur (20 ans)[41]. | |
MedellĂn | Sur dĂ©cision d'Ălvaro Uribe, rĂ©union entre le commandant de l'armĂ©e, Carlos Alberto Ospina, et le maire de MedellĂn, Luis PĂ©rez GutiĂ©rrez, pour prĂ©parer l'occupation militaire de la Comuna 13[Aricapa 26]. | |
Comuna 13 | 450 hommes spĂ©cialisĂ©s en opĂ©rations urbaines sont Ă pied d'Ćuvre et prĂȘts Ă combattre, ainsi que 1 000 hommes de la 4e brigade et de la police mĂ©tropolitaine[Aricapa 10]. | |
et | Belencito, Corazón, Veinte de Julio, El Salado, Nuevos Conquistadores, Las Independencias II | PremiÚre phase de l'opération Orión (Orion) : la troupe commence à investir la Comuna 13 à 4 h du matin, appuyée par des tanks et des hélicoptÚres de combat. Bilan officiel: 17 morts (4 militaires, 3 civils, 10 miliciens), 30 blessés (dont 10 militaires), 400 prisonniers. Bilan selon la CJL : 17 homicides du fait de la force publique, 71 personnes assassinées par les paramilitaires, 80 civils blessés, 12 personnes torturées, 92 disparitions forcées et 370 détentions arbitraires[18]. |
au | Comuna 13 | Seconde phase de l'opération Orión : poursuite du ratissage et de la traque des miliciens[42]. |
Veinte de Julio | Le chef de l'armée, Carlos Alberto Ospina, hisse le drapeau colombien sur le parvis de l'église[Aricapa 12]. | |
Comuna 13 | Visite mĂ©diatisĂ©e du maire, avec le commandant de la 4e brigade et le chef de la police mĂ©tropolitaine. Il hisse le drapeau colombien, suivi par des fonctionnaires et par des habitants, comme un jour de fĂȘte nationale[Aricapa 12]. | |
Novembre-décembre 2002 | Comuna 13 | Les semaines suivant l'opération, les escadrons de la mort entrent durant le couvre-feu dans des maisons et en tirent les habitants, tuant souvent à l'arme blanche pour éviter les détonations. Une femme et sa fille sont ainsi retrouvées mortes à la Loma, aprÚs qu'on les ait violées et qu'on leur ait coupé les seins[Aricapa 27]. |
Las Independencias | Arrestation de 2 militantes de l'AMI (Association des femmes de Las Independencias), désignées par un cagoulé[Aricapa 28]. | |
Comuna 13 | Marche de 500 femmes, vĂȘtues de noir, organisĂ©e par le collectif Ruta PacĂfica (Voie pacifique) pour libĂ©rer les femmes de l'AMI. Elles seront libĂ©rĂ©es le 19 aprĂšs une semaine de manifestations et de tapage constants[Aricapa 29]. | |
Décembre 2002 | Comuna 13 | Fin de la chaßne d'arrestations à la suite des dénonciations des cagoulés[Aricapa 28]. |
MedellĂn | Parution de Noche y niebla. Comuna 13, la otra versiĂłn. La revue documente des violations des droits humains par la force publique et les paramilitaires entre 1998 Ă 2002 Ă MedellĂn, dont 67 dans la Comuna 13[24]. | |
Washington | CommuniquĂ© de presse de la ComisiĂłn Interamericana de Derechos Humanos, aprĂšs qu'elle a enquĂȘtĂ© sur place : assassinats sĂ©lectifs, disparitions forcĂ©es, actes de violence et d'intimidation par les groupes paramilitaires sans rĂ©action de la force publique. Elle appelle Ă mettre fin Ă leur contrĂŽle et Ă rĂ©tablir l'autoritĂ© de l'Ătat[Aricapa 16]. | |
Comuna 13 | Ana Teresa Yarce, militante des droits humains est assassinée aprÚs avoir dénoncé les actions des groupes paramilitaires en connivence avec la force publique au cours des opérations de 2002[43]. | |
MedellĂn | Fredi Alonso PulgarĂn, alias La Pulga (« La Puce »), un des chefs des Comandos Armados del Pueblo, est condamnĂ© Ă 8 ans de prison par le tribunal de Justice et Paix de MedellĂn pour sa responsabilitĂ©, qu'il reconnaĂźt, dans onze meurtres (dont celui du prĂȘtre JosĂ© Luis Arroyave Restrepo) et trois dĂ©placements forcĂ©s[31]. | |
Costa Rica | Condamnation de l'Ătat colombien par la Cour interamĂ©ricaine des droits de l'homme (OEA) pour des violations des droits de 5 militantes des droits humains et pour l'assassinat de Ana Teresa Yarce[43]. | |
Juillet 2019 | MedellĂn | Un des chefs du Bloque Cacique Nutibara, Jorge Enrique Aguilar RodrĂguez, alias «âAguilarâ», est condamnĂ© Ă 26 ans de dĂ©tention pour 10 homicides et 8 disparitions forcĂ©es (dont des mineurs) commis du 16 octobre au 18 dĂ©cembre 2002 dans la Comuna 13, et dont il reconnaĂźt que la plupart ont Ă©tĂ© enfouis Ă la Escombrera[32]. |
Notes et références
Notes
- La station San Javier assure en outre depuis 2008 la correspondance avec la ligne de métro-cùble de La Aurora (cf. photo).
- En 1798, Salado de Correa compte quatorze maisons et trois Ă©glises. (Jorge Restrepo Uribe, MedellĂn, su origen, progreso y desarollo, SerigrafĂas, MedellĂn, 1981, p. 36)
- Câest le pays de la rĂ©gion le plus inĂ©galitaire aprĂšs le BrĂ©sil â il lui ravit mĂȘme ce record sous les prĂ©sidences parallĂšles dâĂlvaro Uribe et de Lula - donnĂ©es Banque mondiale.
- La littérature use indifféremment dans ce contexte dess termes de miliciens et de guérilleros.
- Le nom de ces opĂ©rations militaires devait avoir pour initiale celle du mois oĂč elles ont eu lieu. Cette rĂšgle n'a Ă©tĂ© que partiellement respectĂ©e.
- Les Sikorsky AH-60L Arpia sont dérivés des Black Hawk.
- En Colombie, la ProcuradurĂa est le parquet dĂ©diĂ© aux affaires administratives.
- En Colombie, la PersonerĂa est l'organisme chargĂ© de la supervision des collectivitĂ©s locales.
- Presque toute la littérature la situe le 29/02/02, date... inexistante.
Bibliographie
Les ouvrages suivants sont centrés sur les événements de cette période. Il ne semble pas y avoir de littérature en français sur le sujet.
(es) Ricardo Aricapa, Comuna 13, crĂłnica de una guerra urbana [« Comuna 13 : chronique d'une guerre urbaine »], MedellĂn, Universidad de Antioquia,
- p. 100, 163, 203
- p. 163
- p. 195
- p. 153
- p. 162
- p. 204
- p. 179
- p. 136
- p. 152
- p. 211
- p. 212
- p. 215
- p. 214
- p. 240
- p. 237
- p. 238
- p. 79
- p. 101
- p. 107
- p. 108
- p. 109
- p. 135
- p. 179
- p. 180
- p. 194
- p. 208
- p. 229
- p. 222
- p. 225
(es) CorporaciĂłn JurĂdica Libertad, Libertad : rehĂ©n de la "seguridad democrĂĄtica". Detenciones arbitrarias en Colombia : 7 de agosto de 2002 a 6 de agosto de 2004 [« La libertĂ© : otage de la "sĂ©curitĂ© dĂ©mocratique". Arrestations arbitraires en Colombie : du 7 aoĂ»t 2002 au 6 aoĂ»t 2004 »], MedellĂn, CoordinaciĂłn Colombia Europa Estados Unidos,
(es) Grupo interdiscipinario y interinstitucional sobre conflictos y violencias, DinĂĄmicas de guerra y construcciĂłn de paz â Estudio interdiscipinario del conflicto armado en la comuna 13 de MedellĂn [« Dynamiques de guerre et construction de paix â Ătude interdiscipinaire du conflit armĂ© dans la comuna 13 de MedellĂn »], MedellĂn, Universidad de Antioquia,
- p. 32
- p. 78
- p. 48
- p. 190
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