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Boulevards des Maréchaux

Les boulevards des MarĂ©chaux forment un ensemble continu de boulevards qui ceinturent Paris, Ă  la limite de la ville, sur une longueur de 33,7 kilomètres[1]. Ce nom collectif dĂ©coule du fait qu'Ă  leur crĂ©ation, la totalitĂ© de ces boulevards portaient des noms de marĂ©chaux du Premier Empire. Parmi les trois boulevards supplĂ©mentaires qui ont Ă©tĂ© ouverts par la suite, l'un porte le nom d'un amiral napolĂ©onien et deux, plus rĂ©cents, les noms de gĂ©nĂ©raux de la France libre.

Historique

Les boulevards des MarĂ©chaux occupent l'emplacement de l’ancienne route militaire (ou rue Militaire) qui longeait l'enceinte de Thiers, bâtie de 1841 Ă  1844. L'extension de Paris en 1860 par annexion des communes riveraines a Ă©tendu la capitale prĂ©cisĂ©ment jusqu'Ă  cette enceinte, qui avec son large glacis marquait une profonde rupture dans le tissu urbain. Le projet d'Haussmann de crĂ©er un boulevard de ceinture large de 40 m, Ă  l'emplacement de la rue militaire, est dĂ©clarĂ© d'utilitĂ© publique[2] et le boulevard est dĂ©coupĂ© en dix-neuf sections en 1864[3]. Cependant l'Ă©largissement projetĂ© nĂ©cessitait d'exproprier les terrains privĂ©s vers l'intĂ©rieur. Aussi, cette rocade de grande largeur Ă©tait incomplète en 1919. La chaussĂ©e des boulevards n'avait Ă  cette date, pour la plus grande partie, que de 12 Ă  13 mètres de largeur. Ils n'avaient pas attirĂ© les activitĂ©s urbaines, Ă©tant bordĂ©s par de petites propriĂ©tĂ©s privĂ©es ou des immeubles de rapport dĂ©pourvus de commerces cĂ´tĂ© ville et par le rempart du cĂ´tĂ© de la banlieue.

  • Le boulevard Kellermann vers 1910.
    Le boulevard Kellermann vers 1910.
  • Le boulevard Ney vers 1910.
    Le boulevard Ney vers 1910.
  • Le boulevard Brune Ă  l'angle de la rue Didot en 1907.
    Le boulevard Brune Ă  l'angle de la rue Didot en 1907.
  • Le boulevard Brune vers 1910, avec son passage Ă  niveau.
    Le boulevard Brune vers 1910, avec son passage Ă  niveau.

L'achèvement de cette rocade de 40 mètres au début des années 1920 fait suite au déclassement des fortifications en 1919. Ces boulevards drainent rapidement une forte circulation[4].

Les dix-neuf sections de 1864
Nom du boulevardPersonnageDĂ©butFin
Boulevard PoniatowskiJózef Antoni PoniatowskiPorte de BercyPorte de Picpus (porte Dorée)
Boulevard SoultJean-de-Dieu SoultPorte de PicpusPorte de Vincennes
Boulevard DavoutLouis Nicolas DavoutPorte de VincennesPorte de Bagnolet
Boulevard MortierÉdouard MortierPorte de BagnoletPorte de Romainville (porte des Lilas)
Boulevard SĂ©rurierJean Mathieu Philibert SĂ©rurierPorte de RomainvilleCanal de l'Ourcq
Boulevard MacdonaldÉtienne MacdonaldCanal de l'OurcqPorte d'Aubervilliers
Boulevard NeyMichel NeyPorte d'AubervilliersPorte de Saint-Ouen
Boulevard BessièresJean-Baptiste BessièresPorte de Saint-OuenPorte de Clichy
Boulevard BerthierLouis-Alexandre BerthierPorte de ClichyPorte de la RĂ©volte
Boulevard Gouvion-Saint-CyrLaurent de Gouvion-Saint-CyrPorte de la RĂ©voltePorte de Neuilly
Boulevard LannesJean LannesPorte de NeuillyPorte de la Muette
Boulevard SuchetLouis-Gabriel SuchetPorte de la MuettePorte d'Auteuil
Boulevard MuratJoachim MuratPorte d'AuteuilSeine
Boulevard VictorClaude-Victor PerrinSeinePorte de Versailles
Boulevard LefebvreFrançois Joseph LefebvrePorte de VersaillesFaisceaux de voies de la gare Montparnasse
Boulevard BruneGuillaume BruneFaisceaux de voies de MontparnassePorte d'Orléans
Boulevard JourdanJean-Baptiste JourdanPorte d'OrléansPorte de Gentilly
Boulevard KellermannFrançois Christophe KellermannPorte de GentillyPorte d'Italie
Boulevard MassénaAndré MassénaPorte d'ItaliePorte de la Gare

Dans les années 1920, le démantèlement de l'enceinte permet d'urbaniser les terrains situés à l'extérieur de la ceinture de boulevards. On y construit notamment des habitations à bon marché (HBM) et des équipements publics, comme le parc des expositions de la porte de Versailles, le stade Charléty ou le palais de la Porte Dorée. Des parcs sont également aménagés, comme le square Séverine, le parc Kellermann ou le parc de la Butte du Chapeau-Rouge. Les pavillons de la cité internationale universitaire de Paris sont érigés au milieu d'un vaste espace vert le long du boulevard Jourdan.

En 1932, une section du boulevard Lannes est renommée boulevard de l'Amiral-Bruix (un amiral de l'épopée napoléonienne). En 1987, une section du boulevard Victor devient boulevard du Général-Martial-Valin (un général de l’armée de l'air de la France libre). En 2005, une partie du boulevard Masséna est rebaptisée boulevard du Général-d'Armée-Jean-Simon (un autre officier de la France libre, compagnon de la Libération).

GĂ©ographie

Paris et ses arrondissements

Les boulevards des MarĂ©chaux forment un ruban quasiment continu qui fait le tour de Paris. Doublant le boulevard pĂ©riphĂ©rique du cĂ´tĂ© intĂ©rieur Ă  une distance de 150 mètres en moyenne, les boulevards des MarĂ©chaux ne forment pas comme lui une autoroute urbaine, mais une voie ordinaire. Ils comportent donc, sauf exception (quelques souterrains dĂ©nivelĂ©s ressemblant Ă  des Ă©changeurs), des intersections Ă  niveau et la vitesse y est limitĂ©e Ă  50 km/h.

Les boulevards relient les diffĂ©rentes portes de Paris et sont au sud, Ă  l'est et au nord de la ville bordĂ©s, mais Ă  une distance allant jusqu'Ă  1,4 km environ au niveau de MĂ©nilmontant, par la ligne de Petite Ceinture, ancienne ligne de chemin de fer en partie dĂ©saffectĂ©e. L'espace compris entre les boulevards des MarĂ©chaux et le boulevard pĂ©riphĂ©rique, rĂ©cupĂ©rĂ© sur l'ancien glacis de l'enceinte de Thiers, forme une bande urbanistiquement diffĂ©rente du reste de la capitale : on y trouve un nombre important de logements collectifs de type Habitation Ă  bon marchĂ© en briques rouges typiques, d'Ă©tablissements d'enseignement, de gymnases et stades, et mĂŞme quelques espaces verts, ainsi que la CitĂ© universitaire internationale.

Aménagements

Des pistes cyclables sur trottoirs ont été aménagées. Sur les boulevards non desservis par les deux lignes de tramway (à l'ouest et au nord-ouest), les bus disposent de sites propres sur quelques tronçons.

Au sud et au sud-est, la ligne 3a du tramway d'Île-de-France suit les boulevards des Maréchaux, du pont du Garigliano à la porte de Vincennes. À l'est et au nord-est, la ligne T3b prend le relais de la porte de Vincennes jusqu'à la porte d'Asnières.

Aux essences arbustives déjà présentes sur ces boulevards – aulne, catalpa, chêne, érable, érable pourpre, érable negundo, févier, marronnier, micocoulier, mûrier à feuilles de platane, noyer, orme de Sibérie, orme, peuplier blanc, paulownia tomenteux, platane commun, sophora et tilleul – viennent s'ajouter albizzia, amélanchier, arbre de Judée, aubépine, cerisier à grappes, cerisier à fleurs,charme-houblon, frêne, frêne à fleurs, noisetier de Byzance, magnolia de Kobé, poirier à feuilles de saule, poirier de Chine et sorbier[5].

Singularités

Étienne Eustache Bruix, Jean Simon et Martial Valin, dont les noms ont été attribués à certaines portions renommées au XXe siècle, sont tous trois des personnalités militaires, mais sont les seuls à ne pas être des maréchaux du Premier Empire.

Il existe une légère discontinuité au franchissement de la Seine, au pont du Garigliano : entre le boulevard du Général-Martial-Valin et le boulevard Murat, en plus du pont du Garigliano, il faut emprunter la partie sud du quai Louis-Blériot sur un peu plus de cent mètres pour « rejoindre les maréchaux ». Exelmans, maréchal du Second Empire (dont le boulevard n'est pas « des maréchaux »), fut aide-de-camp de Murat. En un sens, il continue de l'épauler, puisque, à l'endroit de cette discontinuité, le boulevard Exelmans permet, sans emprunter le boulevard Murat, de rejoindre directement un autre boulevard portant un nom de maréchal, en l'occurrence le boulevard Suchet, en coupant à travers le sud-ouest du 16e arrondissement de Paris.

Les boulevards d'Indochine et d'Algérie suivent de plus près le contour de Paris en évitant une portion du boulevard Sérurier.

Sur les vingt-six maréchaux du Premier Empire, seuls les noms de dix-neuf ont été attribués à un boulevard. Sur les sept maréchaux sans boulevard, quatre n'ont aucune voie portant leur nom dans Paris : Bernadotte et Marmont considérés comme traîtres à la France[6] ; Grouchy, fait maréchal durant les Cent-Jours, et prétendument responsable de la défaite de Waterloo ; Pérignon, qui a cherché à organiser dans le Midi un plan de résistance contre Napoléon en 1815, a été rayé de la liste des maréchaux pendant les Cent-Jours[7]. En revanche, la mémoire d'Augereau (écarté par Napoléon, qui le qualifie de « traître à la France » durant les Cent-Jours), Moncey (destitué par Louis XVIII), et Oudinot est perpétuée par des rues de Paris ; Moncey est en outre représenté par une statue se trouvant sur la place de Clichy, lieu de son dernier combat.

Articles connexes

Quelques sites particuliers à proximité des boulevards des Maréchaux :

Notes et références

  1. Tous les chiffres de la voirie parisienne, article du 2 février 2011, rubrique « Longueur de quelques autres voies publiques », sur paris.fr, consulté le 11 août 2011.
  2. Adolphe Alphand (dir.), Adrien Deville et Émile Hochereau, Ville de Paris : Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques, Paris, Imprimerie nouvelle (association ouvrière), , « Décret du 29 septembre 1861 », p. 326
  3. Ibid., « Décret du 2 mars 1864 », p. 350-351
  4. Bernard Rouleau, Villages et faubourgs de l’ancien Paris, Paris, Seuil, , 383 p. (ISBN 2 02 008896 7), p. 285
  5. Les plantations sur l'ancien site officiel du tramway (version en ligne au 4 janvier 2007).
  6. Bernadotte, après être monté sur le trône de Suède, a rallié le camp de la sixième coalition contre la France ; Marmont, gouverneur de Paris en 1814, y laisse entrer les armées coalisées et capitule.
  7. La rue Pérignon se rapporte à une autre personnalité.

Voir aussi

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