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Platane commun

Platanus Ă—hispanica, platane Ă  feuilles d'Ă©rable

Écorce d'un sujet centenaire.
Jeune pousse issue d'un semis.

Le platane commun ou platane à feuilles d'érable (Platanus ×hispanica ou Platanus ×acerifolia)[1] est une espèce d'arbres de la famille des Platanaceae.

C'est un hybride entre le platane d'Occident (Amérique du Nord) et le platane d'Orient (ouest de l'Asie, sud est de l'Europe)[2], à fertilité très faible (seule une infime partie des graines peuvent germer), apparu au cours du XVIIIe siècle en Europe. Cette espèce est couramment utilisée comme arbre d'ornement et d'alignement le long des rues.

Origine

Existant en Europe, au Crétacé, le platane y disparaît à l'ère glaciaire. Le platane d'Occident (peu courant en Europe et d'origine américaine) et le platane d'Orient (planté par les Romains en Italie, vers l'an 390 av. J.-C.) évoluent différemment. Ils sont introduits et hybridés en Espagne (d'où le nom "Hispanica") et en Angleterre vers 1650, pour donner le platane commun ou platane à feuilles d'érable, le plus courant en France.

Caractéristiques

  • DurĂ©e de vie : estimĂ©e Ă  un millier d'annĂ©es maximum, bien que l'arbre d'Hippocrate (Platane d'Orient, espèce parente du platane commun) aurait prĂ©tendument 2400 ans.
  • Taille maximale connue : 10 m de circonfĂ©rence et 55 m de haut (le platane de la bastide des Bruyères Ă  Pont-Saint-Esprit, dans le Gard[3]).
  • Port : houppier large.
  • Tronc : droit, pouvant atteindre un diamètre impressionnant avec l'âge.
  • Écorce caractĂ©ristique qui se fissure en Ă©cailles (rhytidomes), dĂ©gageant des zones jaunâtres. L'aspect de peau de serpent de l'Ă©corce est assez particulier.
  • Sujet centenaire en mai.
    Feuillage caduc. Grandes feuilles (20 cm) alternes (contrairement Ă  l'Ă©rable qui a des feuilles opposĂ©es) Ă  trois ou sept lobes peu dentĂ©s. Les nervures ne partent pas toutes du mĂŞme point. Les jeunes pousses sont couvertes de poils marron qui restent un certain temps sur les feuilles, se mĂŞlant aux graines poilues qui se libèrent des fruits de l'annĂ©e passĂ©e (en avril). Les feuilles sont grandes, coriaces, difficilement putrescibles.
  • Fleurs : unisexuĂ©es, rĂ©unies en capitules sphĂ©riques pendant au bout d'un long pĂ©doncule.
  • Fruits : Les fruits sont des petits akènes entourĂ©s d'un duvet qui facilite la dissĂ©mination par le vent. Ils sont groupĂ©s en boules ou glomĂ©rules qui persistent longtemps après la chute des feuilles.
  • Planche botanique.
    Planche botanique.
  • Platane remarquable.
    Platane remarquable.
  • Tronc.
    Tronc.
  • Arbre Ă©laguĂ©.
    Arbre élagué.
  • Bourgeons.
    Bourgeons.
  • Feuillage.
    Feuillage.
  • Fruits et feuilles en Ă©tĂ©.
    Fruits et feuilles en été.
  • Feuilles d'automne.
    Feuilles d'automne.
  • Fruit dans l'arbre en hiver.
    Fruit dans l'arbre en hiver.
  • Fruits du platane : akènes regroupĂ©s en glomĂ©rule sphĂ©rique.
    Fruits du platane : akènes regroupés en glomérule sphérique.
  • GlomĂ©rules et akènes - MusĂ©um de Toulouse.
    Glomérules et akènes - Muséum de Toulouse.
  • Arbuste ayant poussĂ© sur le houppier d'un platane.
    Arbuste ayant poussé sur le houppier d'un platane.
  • Une feuille de platane commun tombĂ©e sur le sol Ă  Varennes-sur-Morge.
    Une feuille de platane commun tombée sur le sol à Varennes-sur-Morge.

Étymologie

Le terme « platane » a été emprunté, via le latin, au nom grec de l'arbre, platanos, de platus, large, en référence à l'ampleur du houppier.

L'épithète spécifique du nom scientifique synonyme, acerifolia, c'est-à-dire à feuille d'érable, fait référence à la ressemblance des feuilles de cette espèce avec celles de l'érable, principalement à l'érable sycomore, Acer pseudoplatanus (faux platane), qui lui est ainsi nommé pour sa ressemblance avec le platane par les feuilles, l'écorce qui se desquame, et l'aspect général...

Utilisation

Platanes en alignement urbain.
  • Ornement : on connaĂ®t bien le platane comme arbre d'ornement urbain et d'alignement de route. Il supporte l'Ă©lagage (s'il est bien rĂ©alisĂ©). C'est un arbre d'ornement parmi les plus courants en France. C'est aussi l'arbre le plus haut de Paris (un exemplaire atteint 45 m de hauteur). Mais il est passĂ© de mode, d'autant plus qu'il est menacĂ© par un champignon (Ceratocystis platani) qui est apparu pour la première fois dans la rĂ©gion de Naples peu après la Seconde Guerre mondiale[4], provoquant la maladie du chancre colorĂ©.
  • Menuiserie : son bois clair, dur et ferme est utilisĂ© en menuiserie. Il ressemble au bois du hĂŞtre et rĂ©siste mieux que lui Ă  l'humiditĂ©, mais il est plus facilement attaquĂ© par les insectes. L'aubier se distingue peu du cĹ“ur.
  • Bois de chauffage : le bois du platane a une combustion particulièrement propre. La vigueur de cet arbre l'a fait souvent utiliser dans le Sud-Ouest de la France comme arbre tĂŞtard. TaillĂ© Ă  environ 2 ou m de hauteur tous les 3 ans ou tous les 6 ans, il fournit des branches ayant le bon diamètre pour alimenter un poĂŞle Ă  bois. On pouvait donc voir près des maisons plusieurs de ces platanes taillĂ©s rĂ©gulièrement. Cette technique des arbres en tĂŞtard permet d'optimiser la production de bois de chauffage pour un minimum de surface. Les arbres ayant un système racinaire dĂ©jĂ  en place, la croissance des branches est rapide après la coupe, rĂ©alisĂ©e en hiver. Les branches de faible diamètre sont aisĂ©ment manipulables. Le sol n'est pas dĂ©gradĂ© par des coupes franches. La technique des arbres taillĂ©s en tĂŞtard peut ĂŞtre appliquĂ©e Ă  d'autres espèces d'arbres. Au Pays basque par exemple, elle Ă©tait surtout appliquĂ©e aux chĂŞnes. Cette technique correspond Ă  l'Ă©tat d'une sociĂ©tĂ© agro-pastorale qui utilise particulièrement le bois comme source d'Ă©nergie, mais avec une technologie limitĂ©e.

Conseils d'entretien

Des platanes malades le long du canal du Midi Ă  Agde.

Les platanes ne nécessitent pas d'entretien particulier. Sur un jeune sujet, on peut élaguer les branches latérales de façon à renforcer le tronc et laisser apparaître l'écorce. Sur un sujet âgé (que l'on rencontre rarement dans un jardin de particulier), on peut éclaircir les branches, pour réduire la prise au vent et éliminer les branches mortes qui pourraient tomber sur les passants. Cet arbre supporte très bien les tailles sévères annuelles (taille en tête de chat ).

Écologie

L'écorce de platane se délite pour former des rhytidomes, bien connus des entomologistes, sous lesquels une multitude de petits animaux viennent chercher refuge, notamment en hiver. Tout un écosystème se développe ainsi sous les plaques d'écorce, avec ses proies et ses prédateurs. En hiver, cette faune est encore augmentée par les animaux vivant normalement dans le houpier, et qui descendent sur le tronc et les branches lors de la chute des feuilles, mais également par d'autres animaux des alentours, normalement non inféodés au platane le reste de l'année.

On peut ainsi y observer des pseudoscorpions, comme Chernes hahnii, de petits coléoptères Carabidae, comme Dromius quadrimaculatus, des escargots, comme les clausilies et les boutons, ainsi que de nombreuses espèces d'araignées, punaises et coccinelles.

Ravageurs des platanes

Tigre du platane (Corythucha ciliata).
  • Arocatus longiceps, une punaise de la famille des Lygaeidae, se nourrit des graines, et n'a donc pas un impact esthĂ©tique important.
  • Le tigre du platane (Corythucha ciliata), une punaise exotique envahissante : pullule, affecte les feuilles. Il est observable l'hiver, en grand nombre, sous les rhytidomes oĂą il cherche refuge. Il a Ă©tĂ© Ă©voquĂ© comme vecteur potentiel pour plusieurs maladies cryptogamiques :
  • Un champignon (Glaeosporium nervisequm) dĂ©cime les platanes ; les arbres infectĂ©s sont reconnaissables grâce Ă  des taches noirâtres qui peuvent apparaĂ®tre sur le feuillage au printemps.
  • le chancre colorĂ© du Platane, provoquĂ© par Ceratocystis platani. Le chancre colorĂ© du platane se reconnait par des traces sur l'Ă©corce de couleur bleu noir ou violacĂ©e, il provoque en quelques annĂ©es un dessèchement gĂ©nĂ©ral de l'arbre infectĂ© puis sa mort. Le chancre colorĂ© est la principale cause de mortalitĂ© du platane, par exemple le long du canal du Midi (classĂ© en 1996 au patrimoine mondial de l'humanitĂ© par l'Unesco). En cas d'infection, la loi impose de couper tous les autres platanes situĂ©s Ă  proximitĂ©.
  • l'oĂŻdium du Platane, provoquĂ© par Erysiphe platani.

L'étendue des dégâts sur certains lots de platanes utilisés comme arbres d'alignement a contraint, ces dernières années, à leur abattage et à leur remplacement par des essences plus résistantes, comme le micocoulier, sur de nombreux sites.

Allergies

Duvet sous-foliaire ; momentanément irritant

Il faut éviter l'élagage au printemps, quand les jeunes feuilles sont en croissance. Celles-ci sont en effet recouvertes d'un duvet de poils irritants pour les yeux, la gorge et les voies respiratoires. Ces poils irritants sont arrachés et dispersés par les procédures d'élagage.

Pollens devenant allergène au contact de polluants courants

Récemment (2017) les effets de deux polluants « oxydants » (O3 et NO2) sur du pollen en suspension (de platane ; Platanus x acerifolia) ont été recherchés, étudiés et mesurés via 3 techniques : immunoempreinte, spectroscopie photoélectronique infrarouge et rayons X[5].

Les tests immunologique ont clairement mis en évidence une augmentation d'allergénicité du pollen[5].

Les deux autres méthodes ont montré que la composition élémentaire de surface du pollen de platane avait (en 6 heures) changé sous l'effet de ces polluants (communs en ville).
Certains de ces changements dépendent des polluants. In vitro, six heures d'exposition à 0,061 ppm d'O3 : 0,025 ppm de NO2 et 0,060 et 0,031 ppm du mélange O3 + NO2 suffisent à induire des changements d'allergénicité du pollen, plus ou moins selon le polluant testé (gaz ou mélange de gaz)[5].

Ce travail a aussi montré qu'un même gaz oxydant (O3 ou NO2) peut interagir différentient selon l'allergène considéré[5]. Selon les auteurs, « lors de son voyage dans l'air, la paroi pollinique subit donc des modifications de ses composants induites par la pollution atmosphérique, ce qui peut compromettre la fonction pollinique »[5].

Remarque : ces changements surviennent à des niveaux inférieurs aux seuils réglementés de pollution de l'air[5].

Le platane dans la culture

Notes et références

  1. Platanus x hispanica sur le site INPN, consulté le 22 octobre 2015
  2. Camille Henriet, « Le Platane commun » Accès libre, sur Le Blog Gallica, (consulté le )
  3. « Le plus gros platane d'Europe »,
  4. (en) Roberto G. Ocasio-Morales, « <Origin of Ceratocystis platani on Native Platanus orientalis in Greece and Its Impact on Natural Forests> », <Plant Disease>, vol. 91, no 7,‎ <2007>
  5. (en) Helena Ribeiro, Célia Costa, Ilda Abreu et Joaquim C.G. Esteves da Silva, « Effect of O3 and NO2 atmospheric pollutants on Platanus x acerifolia pollen: Immunochemical and spectroscopic analysis », Science of The Total Environment, vol. 599-600,‎ , p. 291–297 (DOI 10.1016/j.scitotenv.2017.04.206, lire en ligne, consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Voir aussi

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