Royaume d'Arles
Le royaume d'Arles (ou royaume des Deux-Bourgognes ou second royaume de Bourgogne) était un État féodal qui a existé de 933 à 1378, incorporé au Saint-Empire romain germanique à partir de 1032.
Royaume des Deux-Bourgognes
Royaume de Bourgogne-Provence
Second royaume de Bourgogne
Statut | Monarchie rattachée à partir de 1032 au Saint-Empire |
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Capitale | Vienne puis Arles |
Langue(s) | Latin |
Religion | Catholicisme |
Superficie (1000) | 133 400 km²[1] |
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933 | Hugues d'Arles « cède » le royaume de Basse-Bourgogne (cisjurane et Provence) de son cousin Louis III l'Aveugle à Rodolphe II, roi de Haute-Bourgogne (transjurane). |
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1032-1034 | Guerre de succession de Bourgogne : à la mort sans postérité de Rodolphe III, Conrad II du Saint-Empire hérite du trône de Bourgogne. |
1125 | Le marquisat de Provence se détache du comté de Provence pour passer au comté de Toulouse. |
1312 | Traité de Vienne : cession du comté de Lyon à la France par l'archevêque Pierre de Savoie. |
1349 | Traité de Romans : vente du dauphiné de Viennois à la France. |
1361 | Le comté de Savoie ne dépend plus du Royaume d'Arles, mais directement du Saint-Empire. |
1366 | Charles IV du Saint-Empire cède le Royaume d'Arles à Louis Ier, duc d'Anjou et frère du roi de France. |
1388 | Dédition du Comté de Nice à la Savoie |
1378 | Charles IV institue le dauphin de France vicaire impérial permanent dans tout le Royaume d'Arles. |
1483 | La Provence est rattachée à la couronne de France. |
1678 | Traité de Nimègue : le comté de Bourgogne, dernière possession impériale du Royaume d'Arles, devient français. |
934-937 | Rodolphe II de Bourgogne |
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937-993 | Conrad III de Bourgogne |
993-1032 | Rodolphe III de Bourgogne |
(1er) 1032-1039 | Conrad II du Saint-Empire |
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(Der) 1365-1366 | Charles IV du Saint-Empire |
Entités précédentes :
- Royaume de Haute-Bourgogne (transjurane)
- Royaume de Basse-Bourgogne (cisjurane et Provence)
Entités suivantes :
- Saint-Empire romain germanique :
- Comté de Bourgogne
- Principauté de Montbéliard
- Principauté épiscopale de Sion
- Comté de Savoie
- Duché de Zähringen
- Comté de Genève
- Comté de Provence
- Principauté d'Orange
- Principauté épiscopale de Bâle - Royaume de France :
- Marquisat de Provence (1125)
- Comté de Forez (1167)
- Vivarais (1308)
- Lyonnais (1312)
- Dauphiné (1349)
Au IXe siècle, la Bourgogne impériale voit naître, en son sein, deux royaumes :
- le premier, au sud, touchant les rives de la Méditerranée, prend le nom de Royaume de Provence appelé aussi Basse-Bourgogne ou Bourgogne cisjurane (la Cisjurane correspond au duché de Lyon-Vienne prolongé par le Dauphiné, la Maurienne, la Savoie propre et la Bourgogne provençale autour de Valence et Die) (royaume créé en 855 à la mort de l'empereur Lothaire pour le dernier de ses fils, Charles de Provence (†863), Lothaire étant lui-même l'aîné des petits-fils de Charlemagne ; après Charles vinrent son neveu par alliance le roi Boson, proclamé en 879, puis le fils de ce dernier, Louis l'Aveugle, en 890) ;
- le second, appelé Royaume de Bourgogne transjurane, ou Haute-Bourgogne, situé à l'origine en Helvétie (au-delà des monts du Jura ; royaume fondé en 888 à la mort de l'empereur Charles le Gros), intègre rapidement d'autres domaines, dont les terres Outre-Saône du diocèse de Besançon[Note 1] (comme il s'étend donc de part et d'autre du Jura, on l'appelle aussi simplement Bourgogne jurane).
Vers 933 (en tout cas entre 928 — mort de l'empereur Louis l'Aveugle — et 947 — mort d'Hugues d'Arles), sous le règne du roi de Bourgogne transjurane Rodolphe II (petit-fils maternel du roi Boson et neveu de Louis l'Aveugle), le royaume de Bourgogne et le royaume de Provence s'unissent. Le royaume ainsi formé prend le nom de « Royaume des Deux-Bourgognes », et se place sous la suzeraineté des souverains germaniques.
Historique
Le traité de Verdun de 843 déchire à jamais l'unité de l'empire de Charlemagne, dont l'œuvre politique s'écroule. La mutilation que le traité fait subir à la Bourgogne donne naissance, à l’ouest de la Saône, à une Bourgogne française (ou Bourgogne franque, d'où sort vers 918 la Bourgogne ducale), et à l’est de cette même rivière, à une Bourgogne impériale, lot de l’empereur Lothaire (d'où sort vers 982 la Bourgogne comtale). Les héritiers mâles de Lothaire (Louis II d'Italie, Lothaire II de Lotharingie, Charles de Provence) disparaissent les uns après les autres et chacun des descendants de Lothaire par les femmes, ou de ses frères Louis et Charles, tente de dépouiller sa parentèle.
La succession de Louis l'Aveugle (930-942) et l'annexion au royaume de Bourgogne transjurane (942-1032)
En 928, à la mort de Louis l'Aveugle (fils de Boson et petit-fils maternel de l'empereur Louis II d'Italie) la souveraineté sur le royaume de Provence fut très incertaine. Les négociations entamées dans le courant de l'année entre Raoul de France (fils du duc de Bourgogne Richard le Justicier, il était aussi le neveu paternel du roi Boson de Provence et donc le cousin germain de feu Louis l'Aveugle) et Hugues d'Arles, qui tentait alors d'évincer Charles-Constantin (fils de Louis l'Aveugle), restèrent sans effet.
Vers 933, le roi de Bourgogne transjurane Rodolphe II (régnant alors sur l'Helvétie et l'Alsace méridionale : Bâle et l'Ajoie ; avec des prétentions sur la Souabe et le Brisgau, dont il obtint concrètement l'Aargau ; roi d'Italie entre 922 et 926), en compétition avec Hugues d'Arles pour la couronne d'Italie, aurait obtenu de ce dernier la cession de l'ancien royaume de Provence en échange de l'abandon de ses ambitions italiennes. L'historien Poupardin cite Liutprand de Crémone[2] : « Quand le roi Hugues l’apprit, il lui envoya des députés, et donna à Rodolphe toute la terre qu’il avait tenue en Gaule avant de monter sur le trône, en même temps qu’il recevait de lui le serment qu’il ne rentrerait jamais en Italie ». Cet accord, dont l'existence (ou du moins sa date) est discutée[3], aurait écarté définitivement Charles-Constantin de Vienne de la succession de son père Louis l'Aveugle, et l'aurait conduit à faire appel au roi des Francs Raoul.
Malgré l'intervention de Raoul de France, qui apparaît à Anse dès juin 932[4] - [5], Charles-Constantin ne parvint à conserver que le gouvernement de Vienne et du Viennois. Celle d'Otton Ier de Germanie contre Hugues d'Arles, qui tenta un dernier retour à la mort de Rodolphe II en 937 en épousant sa veuve Berthe de Souabe, permit finalement au jeune Conrad III le Pacifique, fils de Berthe et Rodolphe, d'accéder au trône.
La paix revenue après 940, un accord tripartite entre Français, Ottoniens et Bosonides conforta la position du nouveau roi de Bourgogne par une série de mariages royaux : Conrad le Pacifique épousa en 964 Mathilde, la sœur du roi de France Lothaire (fils du successeur du roi Raoul, Louis IV d'Outremer), et Otton maria en 951 Adélaïde, la sœur de Conrad. Parallèlement, le puissant marquis-comte de Provence Hugues le Noir, aussi duc de Bourgogne et frère cadet du roi Raoul, apparaît alors comme le gardien de l'héritage bivinide aux marges du royaume de France et du royaume de Conrad.
Par l'accord de Visé-sur-Meuse en 942, Louis IV d'Outremer rétrocéda l'ancien duché de Lyon-Vienne et donc le nord de l'ancien royaume de Provence (la Cisjurane) à Conrad le Pacifique de Bourgogne [6].
Par la suite le titre comtal de Charles-Constantin de Vienne, pour lequel il dut rendre hommage au jeune souverain de Bourgogne, réapparaît ponctuellement, au gré des stratégies matrimoniales de l'aristocratie régionale, donnant vraisemblablement naissance aux maisons comtales qui émergent un peu avant l'an mil (comtes d'Albon/de Viennois et comtes de Savoie[7] ; le comté de Vienne proprement dit est annexé par les archevêques, puis ressuscité de manière honorifique en faveur des comtes anscarides de Mâcon puis de leurs descendants par les femmes de la Maison de Vienne, de la fin du XIe/1re moitié du XIIe siècle à 1263) ; autour de l'an mil, l'affaiblissement du royaume d'Arles s'accompagne aussi de l'émergence des comtes de Lyon et de Forez, des comtes anscarides de Bourgogne, des comtes de Genève, de Provence, de Montbéliard et de Ferrette, etc.).
En 1032, à la mort sans postérité du fils de Conrad le Pacifique, Rodolphe III, Conrad II le Salique, duc de Franconie et empereur romain germanique, neveu par alliance de Rodolphe, hérite du trône de Bourgogne qui est alors annexé au Saint-Empire, suscitant la révolte de l'aristocratie de la région, au profit de Eudes II de Blois, plus proche héritier. Après une guerre de deux ans, le parti Blésiste est vaincu et le royaume rentre dans l'orbite Impériale définitivement.
La royauté d'Arles effectivement assurée par les empereurs (1032-1250)
L'empereur prend possession du royaume de Bourgogne et d'Arles et le royaume devient un membre du Saint-Empire romain. Dès lors, les Empereurs se regardent constamment comme roi d'Arles, en vertu de la donation de Rodolphe. Mais leur domination est plus nominale que réelle. Ils y firent de temps à autre des actes de souveraineté.
Les empereurs Conrad II (le Salique, de Franconie) et Henri III[Note 2], son fils, sont successivement couronnés rois de Bourgogne et d’Arles en 1033 à Payerne et en 1038 à Soleure.
→ Au XIIe siècle, Lothaire de Supplinbourg (1075-1137), successeur de la maison de Franconie, prend le titre de roi d'Arles et nomme Conrad, duc de Zähringen, gouverneur/vicaire du Royaume d'Arles.
Le successeur de Lothaire, Conrad III, confirme à son fils Berthold IV de Zähringen (le fondateur de Fribourg) le titre de recteur de Bourgogne et lui donne un caractère héréditaire, charge à lui de faire respecter son droit. La Maison de Zähringen restera rectrice d'Arles jusqu'à la disparition sans descendance de Berthold V (le fondateur de Berne), en 1218. En 1125, le marquisat de Provence se détache du comté de Provence pour passer au comté de Toulouse. Au XIIe siècle, les comtes de Provence et de Toulouse, même s'ils sont censés tenir respectivement le comté et le marquisat de Provence de l'Empire, consentent à grand-peine à rendre hommage à l'Empereur. Par des empiétements successifs, le royaume est réduit à sa plus simple expression : quelques châteaux en Provence et dans le Comtat.
Les empereurs Conrad III (1093-1152 ; arrière-petit-fils maternel d'Henri III) et son neveu Frédéric Barberousse (1122-1190) tentent de restaurer une suzeraineté que leur éloignement affaiblit, en s'appuyant sur les princes ecclésiastiques en lutte perpétuelle contre les seigneurs laïcs. Conrad III inféode en 1144 à l'archevêque d'Arles les quelques châteaux qui lui restent ; les archevêques d'Arles deviennent les représentants des empereurs en Provence alors que l'archevêque de Vienne devient archichancelier du Royaume de Bourgogne et d'Arles. Conrad III et Frédéric Barberousse profitent des dissensions entre les familles des Baux et celle des Béranger pour faire acte de suzeraineté sur la Provence et se faire rendre hommage de la Provence. En 1162, Frédéric Barberousse, par une charte datée de Turin, confirme à Hugues des Baux l'investiture que Conrad III avait accordée à son père Raymond des Baux et donne le comté de Provence et d’Arles à titre de fief à Raymond, en réservant les droits de l’Empire. En 1178, Frédéric Barberousse se fait couronner roi de Bourgogne dans la cathédrale Saint-Trophime d'Arles par l'archevêque Raimon de Bollène.
Henri VI (1165-1197 ; fils de Barberousse) puis Otton IV (1177-1212 ; neveu par alliance d'Henri VI) succèdent à Frédéric Barberousse. Le second essaye de rétablir un semblant d'autorité sur le royaume en nommant son proche Gervais de Tilbury Maréchal de la cour impériale pour le royaume d'Arles. Arles est à l'époque au carrefour de toutes les rivalités et ce contexte peut expliquer le portrait médiocrement flatteur de ses habitants tel que le dresse Gervais de Tilbury :
- « Près du cours du Rhône, les souffles sont plein de force, et les hommes sont engendrés gonflés de vent, vains, inconstants et suprêmement menteurs dans leurs promesses »[8].
Et c’est dans cette cité provençale qu'il entreprend pour l’empereur, en 1212[9], la rédaction des Otia imperialia (Les Divertissements pour un empereur).
En 1215, Frédéric II (1194-1250), petit-fils de Barberousse, succède à Otton après que ce dernier a été déposé à la suite de la bataille de Bouvines. À peine parvenu à l'Empire, de Bâle où il tient sa cour, Frédéric II se déclare roi d'Arles devant les prélats du pays et tente de relever le royaume. Il est le dernier des empereurs à s'immiscer avec quelques succès dans les affaires de Provence.
→ Pour ce faire, il accorde la vice-royauté d'Arles à Guillaume Ier des Baux-Orange, Prince d'Orange (1215-1218). À sa mort, il confère ensuite le vicariat du Royaume d'Arles à Guillaume VI de Montferrat, Marquis de Montferrat, puis Hugues Béroard, Archevêque d'Arles (1230-1232).
Finalement, il se fera sacrer Roi d'Arles en 1231 par ce dernier personnage et récupérera alors directement, pour un temps, le gouvernement du royaume, utilisant un proche nommé Caille de Gurzan, dépositaire de l'autorité royale, comme son relais dans la région. Les affaires d'Italie lui imposent cependant de délaisser de nouveau le sud-est de la Gaule, et 4 autres vicaires se succéderont : Henri de Revello (? - 1238), Supramonte Lupo (1238), Bernard de Lorette (1238 - 1240) et Gautier de Manupello (1240 - ?). Toutefois ces derniers, petits seigneurs Italiens, n'étaient ni des nobles locaux ni des personnages important, et ils n'eurent jamais les moyens réels de leur office.
Affaiblissement de l'autorité impériale
L’autorité de l’Empire sur le « royaume de Bourgogne et d’Arles » est plus honorifique que directe et réelle. La suzeraineté n'est efficace qu'entre les mains des empereurs puissants qui peuvent intervenir dans l’Est et le Midi de la France, mais elle s'éclipse facilement sous des princes faibles dans les territoires trop éloignés des frontières impériales.
Après Frédéric II, l'autorité impériale sur le royaume arlésien n'est plus qu'une ombre. Trop occupés à des guerres lointaines, ses successeurs se trouvent hors d'état de maintenir leur souveraineté sur la Bourgogne. La puissance des archevêques d'Arles, privés de tout appui matériel, suit dans son déclin la chute de l'autorité impériale en Provence pendant que la puissance des comtes se renforce. Charles Ier (1226-1285), de la maison d'Anjou, succède à celle de Barcelone. Charles d'Anjou est plus puissant qu'aucun de ses prédécesseurs. Pendant près d'un demi-siècle la royauté arlésienne reste en sommeil.
Les sursauts du royaume d'Arles
Les prétentions de la veuve de Saint Louis, la reine Marguerite (1221-1295), l'une des filles de Raimond-Bérenger IV (v. 1198-1245), comte de Provence, en réveillent le souvenir. À la mort de sa sœur, Béatrice, l'épouse de Charles Ier d'Anjou, Marguerite tente de récupérer le comté de Provence. Elle fait assigner son beau-frère, Charles Ier d'Anjou, devant le pape et l'empereur, Rodolphe de Habsbourg, dont elle reconnaît formellement la suzeraineté sur la Provence. L'Empereur ne s'immisce pas dans la querelle mais, Charles d'Anjou étant resté sourd à l'appel, Rodolphe de Habsbourg saisit l'occasion pour affermir ses droits, et inféode la Provence à Marguerite jusqu'à ce que Charles consente à s'entendre avec lui. L'empereur lui accorde alors l'investiture des comtés de Provence et de Forcalquier, et lui confirme tous les privilèges accordés par ses prédécesseurs aux Bérangers (1280 ; il s'agit des comtes de Provence de la Maison de Barcelone). Rodolphe de Habsbourg, qui entend profiter de sa position en tant que roi des Romains pour affirmer la position de sa famille, commence alors à négocier avec Charles Ier d'Anjou avec lequel il vient de se réconcilier. L'idée germe en 1280 de restaurer la royauté d'Arles au profit du petit-fils de Charles, le futur roi de Hongrie Charles Martel d'Anjou, également futur beau-fils de Rodolphe via son mariage avec Clémence de Habsbourg. Cette idée rencontre une très vive opposition de la part de l'écrasante majorité des sujets du royaume, et Marguerite se fait alors la championne des opposants au parti Angevin (seuls le Dauphin Humbert Ier et le comte de Valentinois Aymar IV, en conflit avec leur archevêque et évêque respectifs, sont partisans de Charles). Ils se rassemblent à Lyon fin 1281 pour décider de finalement rassembler l'armée à Mâcon pour lutter contre Charles, alors que ce dernier fourbit ses armes en Provence. Finalement, la révolte des Vêpres siciliennes à la Pâque 1282 détourne l'ensemble des forces Angevines vers la Sicile et ce projet de restauration, le dernier, n'ira pas plus avant.
En 1312, le royaume d'Arles refait surface. Henri VII du Saint-Empire, empereur, tient à affirmer les droits de l'Empire sur le royaume d'Arles. L'empereur, mécontent du parti pris en Italie par Robert d'Anjou (fils de Charles II et petit-fils de Charles Ier), roi de Naples et comte de Provence, en faveur des guelfes et contre lui, condamne à mort Robert d'Anjou et le déchoit de ses terres de Provence qu'il offre à Frédéric II, roi de Sicile, à condition que ce dernier les conquière. Il confirme également tous les droits et privilèges de l'archevêque d'Arles. La menace reste sans effet. A cette date, le démembrement du royaume au profit de la France est déjà bien entamé puisque le , Philippe IV le Bel rattache au royaume le comté de Lyon, ancienne capitale des Gaules, important carrefour commercial européen et cité majeure du royaume, par le traité de Vienne. Le comté de Forez est auparavant devenu un état vassal en 1167, alors que l'ensemble du Vivarais a été annexé entre 1271 (Bas-Vivarais) et 1308 (Haut-Vivarais). Le , Philippe VI de Valois (neveu maternel de Robert d'Anjou) achète le dauphiné de Viennois par le traité de Romans ; son arrière-arrière-petit-fils Charles VII obtient le Valentinois en 1419/1424, et le fils de ce dernier, Louis XI, obtient la Provence en 1481/1482.
La fin du royaume d'Arles
À nouveau, le royaume d'Arles n'entend plus parler des empereurs germaniques jusqu'à ce que Charles IV du Saint-Empire retrouve en 1355[10] le chemin de la Provence et confirme une fois encore tous les privilèges de l'Église d'Arles.
Jeanne Ire de Naples (petite-fille de Robert d'Anjou) et son mari Louis de Tarente (neveu de Robert d'Anjou), mis en danger à Naples par le roi de Hongrie Louis Ier (petit-neveu de Robert d'Anjou), reviennent en Provence. Jeanne consent à rendre hommage à Charles IV, pour le gouvernement de la Provence, et ce dernier lui accorde par diplôme daté du à Aix-en-Provence, l'investiture du comté. Charles IV (†1378) est de retour en Provence en 1365, et se faire couronner dans l'église Saint-Trophime d'Arles. Des affaires plus importantes dans l'Empire, auxquelles il préfère donner la primeur, rappellent l'empereur Charles IV en Allemagne. Ne pouvant plus songer à la Provence, il prend la décision de s'en débarrasser et cède ses droits sur la couronne d'Arles à Louis Ier d'Anjou en 1366 (petit-fils de Philippe VI de Valois), qui se voit là affranchi de toute suzeraineté.
→ Aymar VI de Poitiers-Valentinois (en 1349 ; †vers 1374), Gautier/Gaucher Adhémar de Monteil de La Garde (en 1358-1359), Amédée VI de Savoie (en 1356-1366), le dauphin Charles (VI) (en 1378) et le prince d'Orange Louis II de Chalon-Arlay (en 1421-1429) portent encore le titre de vicaire impérial au royaume d'Arles.
En fait, la réunion de la Provence à la couronne de France, en 1482 (sans le comté de Nice, cédé à la Savoie dès 1388) met fin à toute idée de rétablissement de ce royaume, dont il n'est plus question[Note 3].
Evoquons les dernières possessions impériales du royaume d'Arles à devenir françaises : la Savoie en 1792 et 1860 (certes rattachée directement à l'Empire en par Charles IV en faveur d'Amédée VI, mais si longtemps bourguignonne…) ; la principauté de Montbéliard en 1793 lors des guerres révolutionnaires (Montbéliard avait fait partie de l'Ajoie). Ces acquisitions marquent la pénétration maximale de la France dans l'ancien royaume de Bourgogne. Auparavant, en plus des terres citées plus haut, le comté de Valentinois est tombé dans l'escarcelle des rois de France en 1419, la Bresse, le Bugey et le pays de Gex sont acquis en 1601 lors du traité de Lyon ; le comté de Bourgogne lors du traité de Nimègue en 1678 ; la principauté d'Orange en 1713 lors des traités d'Utrecht (1713), puis en 1731 ; la/les Dombes en 1762 ; le Comtat Venaissin avec la ville d'Avignon en 1791.
Les restes des anciennes terres royales de Bourgogne non-incorporés à la France épousent maintenant plus ou moins les formes de la Suisse romande, majoritairement constitués du Valais (Sion, abbaye d'Agaune), de Neuchâtel, Lausanne, Genève, du Jura et de l'ancien duché de Zähringen (Fribourg, Berne, Soleure) formellement indépendants de l'Empire depuis les traités de Westphalie de 1648. Et le territoire de la future Principauté de Monaco fut anciennement provençal en tant que situé dans le comté de Nice.
Institutions
Divisions territoriales
Notes et références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Royaume de Bourgogne » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Ces terres correspondent approximativement aux terres comtoises.
- Henri III se fit couronné roi d'Arles en 1038.
- E.-F. Grasset, auteur de la Notice sur les chartes impériales du royaume d'Arles ajoute encore : « Il est vrai qu'en 1532 Charles-Quint, ayant envahi la Provence, prétendit revendiquer le royaume de Bourgogne et fit même, dit-on, des actes de souveraineté à Aix et à Marseille en qualité de roi d'Arles ; mais on ne peut regarder cela comme une entreprise sérieuse de relever ce trône qui s'était écroulé pour toujours. Quant aux actes de ce prince, il n'en reste pas de traces dans nos archives. »
Références
- Superficie estimée à partir de Google Earth.
- Liutprand de Crémone, Antapodosis, l. III, c. 48.
- Carlrichard Bruhl, Naissance de deux peuples : Français et Allemands, IXe – XIe siècle, Fayard, 1995, 387 p.
- Cart. de Cluny, no 396. Lire en ligne.
- Jean Dufour, Recueil des actes de Robert Ier et de Raoul, rois de France (922 – 936), Paris 1978, no 17 et 18.
- Étienne Fournial, « Les origines du comté et les premiers comtes de Forez », « La souveraineté du Lyonnais au Xe siècle », dans Le Moyen Âge, t. 62, (1956). p. 436. Lire en ligne.
- Laurent Ripart, Les fondements idéologiques du pouvoir des comtes de la maison de Savoie (de la fin du Xe au début du XIIIe siècle), vol. 3, Université de Nice, coll. « thèse sous la dir. de Henri Bresc », , 833 p. (lire en ligne), p. 178 – 180, « Une autre hypothèse semble donc plus simple et plus probable : le comte Humbert pourrait bien être le fils de Charles-Constantin, ce qui permettrait de résoudre le vieux problème de la mystérieuse disparition de la descendance de la lignée de Louis l'Aveugle. […] il existe une très forte probabilité pour que notre comte Humbert soit le fils de Charles-Constantin ».
- Ibid., p. 332.
- Jean-Maurice Rouquette (sous la direction de), Arles, histoire, territoires et cultures », p. 343.
- E.-F. Grasset, Notice sur les chartes impériales du royaume d'Arles, existant aux archives départementales des Bouches-du-Rhône, parue dans le Répertoire des travaux de la société de statistique de Marseille.
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- René Poupardin :
- Le royaume de Provence sous les Carolingiens (855 – 933), É. Bouillon, 1901.
- Le royaume de Bourgogne (888-1038) : étude sur les origines du royaume d'Arles, Librairie Honoré Champion, Paris, 1907 (lire en ligne).
- Honoré Bouche, Histoire de Provence.
- Frédéric Charles Jean Gingins de la Sarraz, Mémoires pour servir à l'histoire des royaumes de Provence et de Bourgogne jurane, Lausanne, 1851.
- E.-F. Grasset, Notice sur les chartes impériales du royaume d'Arles, existant aux archives départementales des Bouches-du-Rhône, parue dans : Répertoire des travaux de la société de statistique de Marseille.
- François Demotz :
- L’An 888. Le Royaume de Bourgogne. Une puissance européenne au bord du Léman, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, coll. « Le savoir suisse », , 142 p., chap. 83.
- La Bourgogne, dernier des royaumes carolingiens, Lausanne, Société d'histoire de la Suisse romande, 2008.
- Bertrand Schnerb, L'État bourguignon 1363-1477, Éditions Perrin, 1999.
- Paul Bonenfant :
- Philippe le Bon : sa politique, son action, De Boeck Université, 1996, 476 p., (ISBN 2804121151).
- « La persistance des souvenirs lotharingiens », dans Bulletin de l'Institut Historique Belge de Rome, fascicule XXVII, 1952, p. 53-64.
- « Les projets d'érection des Pays-Bas en royaume du XVe au XVIIIe siècle », dans Revue de l'Université de Bruxelles, tome XLI, 1935-1936, p. 151-169.
- Chaume (Abbé), « Le sentiment national bourguignon de Gondebaud à Charles le Téméraire », 1922, dans Mémoires de l'Académie de Dijon, p. 195 – 308.
- Yves Cazaux, L'idée de Bourgogne, fondement de la politique du duc Charles, « 10e rencontre du Centre Européen d'Études Burgondo-médianes », Fribourg, 1967, Actes publiés en 1968, p. 85-91.
- « État bourguignon et Lotharingie », Académie royale de Belgique, dans Bulletin de la classe des lettres et des sciences morales et politiques, 5e série, tome XLI, 1955, p. 266 – 282.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Le retour des rois de Bourgogne (fin IXe – fin Xe siècle).
- Histoire du royaume de Bourgogne du IXe au XIe siècle.
- Hans-Dietrich Kahl, « Second royaume de Bourgogne » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Dossiers sur le site des Archives départementales de la Savoie et de la Haute-Savoie - Sabaudia.org.
- Laurent Ripart, « Du royaume burgonde au royaume de Bourgogne : les terres savoyardes de 443 à 1032 » (consulté le ), p. 7.