Principauté de Montbéliard
La principauté de Montbéliard est une ancienne principauté située à Montbéliard dans la région culturelle de Franche-Comté. Originellement, il s'agit d'un comté féodal (en allemand : Grafschaft Mömpelgard) fondé en 1042 par l'empereur germanique Henri III, fils de Conrad II le Salique, et devenue principauté à partir de 1495, les comtes de Montbéliard prenant le titre de ducs.
(de) Grafschaft Mömpelgard
Statut |
comté féodal du Saint-Empire |
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Capitale | Montbéliard |
Langue(s) | Français, franc-comtois |
Religion | Catholicisme, protestantisme |
Superficie | 251,5 km² |
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1042 | Fondation du comté de Montbéliard |
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1495 | Le comté devient duché |
1793 | Rattachement à la République française |
1042 - 1073 | Louis de Montbéliard |
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1162 - 1195 | Amédée II de Montfaucon |
1444 - 1450 | Louis IV de Wurtemberg |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Son territoire correspond aux communes actuelles d'Abbévillers, Aibre, Allenjoie, Allondans, Arbouans, Audincourt, Badevel, Bart, Bavans, Belverne, Bethoncourt, Bretigney, Brognard, Clairegoutte, Courcelles-lès-Montbéliard, Couthenans, Dambenois, Dampierre-les-Bois, Dasle, Désandans, Dung, Étobon, Étouvans, Étupes, Exincourt, Fesches-le-Châtel, Frédéric-Fontaine, Grand-Charmont, Hérimoncourt, Issans, Laire, Magny-Danigon, Montbéliard, Nommay, Présentevillers, Raynans, Sainte-Marie, Sainte-Suzanne, Saint-Julien-lès-Montbéliard, Semondans, Sochaux, Taillecourt, Valentigney, Vandoncourt, Le Vernoy, Vieux-Charmont et Voujeaucourt.
Comté de Montbéliard
Maison de Mousson
En 1042, au début de la féodalité, l'empereur germanique Henri III, fils de Conrad II le Salique, fonde le comté féodal de Montbéliard et le donne à son vassal Louis de Montbéliard de la Maison de Mousson, à qui il donne le titre de premier comte de Montbéliard.
Maison de Montfaucon
Au XIIe siècle, le seigneur Amédée II de Montfaucon, de la Maison de Montfaucon, devient comte de Montbéliard par mariage avec Sophie de Montbéliard, fille du comte Thierry II de Montbéliard.
Cependant, il y eut une courte interruption. De la fin du XIIIe siècle jusqu'au début du XIVe, le comté de Montbéliard « tombera » dans la Maison de Chalon par le mariage de Renaud de Bourgogne et de Guillemette de Neuchâtel (héritière du comté par son arrière-grand-père Thierry III, dit « le Grand Baron »). Au décès de Renaud, le comté reviendra à la Maison de Montfaucon par le mariage de sa fille Agnès et d'Henri, sire de Montfaucon.
Maison de Wurtemberg
En 1397, le mariage de la comtesse Henriette de Montfaucon avec Eberhard IV, comte de Wurtemberg, de la Maison de Wurtemberg, renforce le lien du pays de Montbéliard avec le Saint-Empire romain germanique.
Outre le comté de Montbéliard, la comtesse Henriette apporte dans la corbeille de mariage, des fiefs, tels que les seigneuries de Granges-le-Bourg, Clerval, Passavant, Etobon, Porrentruy, avec les fiefs de la Roche Saint-Hippolyte, ainsi que les terres de Franquemont (Goumois). Certaines d'entre elles relevaient du comté de Bourgogne, mais la comtesse les administrait de droit régalien, en vertu de l'héritage qu'elle tenait de son grand-père Étienne de Montfaucon, et par l'hommage qu'elle rendit elle-même au duc de Bourgogne Jean sans Peur.
Par ce mariage, l'héritage du comté de Montbéliard et ses dépendances s'ajoutait à celui du Wurtemberg qui comprenait les seigneuries de Riquewihr, Ferrette, et le comté d'Horbourg en Alsace.
Le comté de Montbéliard n'était pas une vassalité wurtembergeoise. Il était l'égal du comté de Wurtemberg mais lui était héréditairement attaché par le mariage d'Henriette. De facto, il conserverait " tous ses droits, ses us et coutumes, ainsi que sa langue " comme il était habituel dans le vaste Empire germanique (l'allemand n'a jamais été imposé à Montbéliard).
Principauté de Montbéliard
En 1495, Eberhard V de Wurtemberg est élevé à la dignité de duc de Wurtemberg par l'empereur Maximilien Ier ; Montbéliard reste un comté, mais le duc y étant souverain, les textes font désormais mention de la principauté de Montbéliard.
En dépit de vicissitudes, cet état de fait se maintient plusieurs siècles. Sous l'impulsion du duc Ulrich VI de Wurtemberg, la principauté est passée au luthéranisme entre 1524 et 1538, ce que reconnaît la paix d'Augsbourg de 1555 selon le principe « cujus regio, ejus religio » (« tel prince, telle religion ») qui s'applique à la principauté, considérée comme terre d'Empire.
Par l'article 11 du traité de paix signé à Nimègue, le , l'Espagne cède le comté de Bourgogne, ou Franche-Comté, à la France[1].
Par un arrêt du [2], le parlement de Besançon réunit le comté de Montbéliard à la France en le déclarant « être, mouvoir et dépendre de la souveraineté du comté de Bourgogne »[3], c'est-à-dire « être fief mouvant du comté de Bourgogne »[4], enjoignant au duc Georges de Wurtemberg « d'en rendre les foi et hommage » au roi de France, Louis XIV, « comme comte de Bourgogne »[5], sous peine de commise.
Par l'article 13[6] du traité signé à Ryswick, le , entre la France et le Saint-Empire romain germanique, Georges de Wurtemberg est rétabli en la possession du comté de Montbéliard, des fiefs de Clerval et de Passavant ainsi que des seigneuries de Granges, Héricourt, Blamont, Châtelot, Clémont et autres. Mais cet article opère une distinction entre la principauté de Montbéliard, réduite au comté, et les autres possessions wurtembergeoises. Seul le comté est reconnu immédiat du Saint-Empire romain germanique, avec rang de principauté, et l'hommage rendu en 1681 est cassé en conséquence. Mais Clerval et Passavant ne sont reconnus que tenus en fiefs — du prince-évêque de Bâle — et les seigneuries comme situées dans le comté de Bourgogne. La principauté se trouve de nouveau réduite au seul comté.
En 1748, les « Quatre Terres » (terres dépendantes de Héricourt, Châtelot, Clémont et Blamont) sont annexées par la France de Louis XV, avec l'assentiment de Charles II de Wurtemberg. En 1786, un nouveau traité fixe les limites entre les deux États souverains. À la veille de la Révolution, les droits du duc de Wurtemberg en France sont de nature très diverse : les uns se réduisent à des droits seigneuriaux ordinaires sur un certain nombre de villages situés en Alsace, en Franche-Comté, en Bourgogne ; les autres sont de souveraineté absolue.
Territoire
Seigneurie de Blamont
La seigneurie de Blamont comprenait les seize villages d'Autechaux, Blamont, Beaucourt, Bondeval, Dannemarie, Écurcey, Glay, Hérimoncourt, Meslières, Pierrefontaine-lès-Blamont, Roches-lès-Blamont, Seloncourt, Thulay, Vandoncourt, Villars-lès-Blamont, ainsi qu'Audincourt et Dasle, mi-partis avec le comté de Montbéliard.
Seigneurie de Châtelot
La seigneurie de Châtelot comprenait, outre Saint-Maurice, son chef-lieu, les dix villages suivants : Blussans, Blussanjeaux, Châtelot, Colombier-Châtelot, Colombier-Fontaine, Echelotte et Longevelle ; ainsi que Beutal et Lougres, mi-partis avec le comté de Montbéliard ; et Montenois, mi-parti avec la seigneurie de Granges.
Seigneurie de Clémont
La seigneurie de Clémont comprenait, outre Montécheroux, son chef-lieu, le village de Liebvillers ainsi qu'une partie des villages de Damjoux, Noire-Fontaine, Poset et Villers-sous-Damjoux.
Seigneurie d'Héricourt
La seigneurie d'Héricourt comprenait, outre Héricourt, les villages de Byans, Brevilliers, Chagey, Chenebier, Echavanne, Luze, Mandrevillars, Saint-Valbert, Verlans et Vyans-le-Val ; ainsi que les villages d'Aibre, Bussurel, Champey, Coisevaux, Echenans-sous-Mont-Vaudois, Laire et Tremoins, qui étaient mi-partis avec le comté de Montbéliard ; et le village de Tavey, mi-parti avec l'abbé de Lure.
Seigneurie de Riquewihr
Intégration à la France
Le , le représentant en mission Bernard de Saintes fait occuper la principauté de Montbéliard et, par un arrêté pris le lendemain, il la déclare conquise à la France[7].
En 1793, par son rattachement à la France, la principauté lui apporte quarante-cinq nouvelles communes : Abbévillers[C 1], Aibre[C 2], Allenjoie[C 3], Allondans[C 4], Arbouans[C 5], Audincourt[C 6], Badevel[C 7], Bart[C 8], Bavans[C 9], Belverne, Bethoncourt[C 10], Bretigney[C 11], Brognard[C 12], Clairegoutte, Courcelles-lès-Montbéliard[C 13], Couthenans[C 14], Dambenois[C 15], Dampierre-les-Bois[C 16], Dasle[C 17], Désandans[C 18], Dung[C 19], Étobon, Étouvans[C 20], Étupes[C 21], Exincourt[C 22], Fesches-le-Châtel[C 23], Frédéric-Fontaine, Grand-Charmont[C 24], Issans[C 25], Laire[C 26], Magny-Danigon, Montbéliard[C 27], Nommay[C 28], Présentevillers[C 29], Raynans[C 30], Sainte-Marie[C 31], Sainte-Suzanne[C 32], Saint-Julien-lès-Montbéliard[C 33], Semondans[C 34], Sochaux[C 35], Taillecourt[C 36], Valentigney[C 37], Le Vernoy[C 38], Vieux-Charmont[C 39] et Voujeaucourt[C 40].
Avec Mandeure[C 41], issue de la république de Mandeure annexée simultanément, ces communes furent d'abord rattachées à la Haute-Saône, constituant le nouveau district de Montbéliard en 1793, comprenant quatre cantons (Audincourt, Clairegoutte, Désandans et Montbéliard).
En 1797[8], les cantons d'Audincourt, Désandans et Montbéliard furent transférées au département du Mont-Terrible, puis en 1800, avec la suppression de ce département[9], au Haut-Rhin. Avec le nouveau découpage mis en place cette année-là, elles ne formaient plus que deux cantons (Audincourt et Montbéliard) de l'arrondissement de Porrentruy[10].
Enfin, en 1816[11], à la suite des pertes territoriales françaises de 1815, dont la restitution de tout le reste de l'arrondissement de Porrentruy à la Suisse, les cantons de Montbéliard et d'Audincourt furent rattachés au Doubs[12], intégrés à l'arrondissement de Saint-Hippolyte, et Montbéliard devint sous-préfecture à la place de Saint-Hippolyte.
Seule la commune de Couthenans changea encore de département, en 1829[13], pour être rattachée à nouveau à la Haute-Saône[14].
Les cantons d'Audincourt et de Montbéliard connurent encore quelques modifications de limites avec les cantons voisins, et furent découpés en 1973 et 1982, donnant naissance aux actuels cantons de Montbéliard-Est et Montbéliard-Ouest, d'Audincourt, d'Étupes, de Sochaux-Grand-Charmont, de Valentigney.
Notes et références
Références
- « Ledit seigneur roi très-chrétien retiendra et demeurera saisi, et jouira effectivement de tout le comté de Bourgogne, appelé Franche-Comté, et des vielles, places et pays en dépendant, y compris la ville de Besançon et son district ».
- Arrêt du parlement de Besançon du 31 août 1680, portant réunion du comté de Montbéliard à la souveraineté du comté de Bourgogne.
- « LA COUR […] dit et déclare que les villes, châteaux, territoires et comté de Montbéliard entier, appartenances et dépendances, sans en rien excepter ni réserver, être, mouvoir et dépendre de la souveraineté du comté de Bourgogne ».
- « LA COUR […] dit et déclare les villes, châteaux, seigneuries et [autres] territoires dudit comté de Montbéliard, [avec] ses appartenances et dépendances, être [un] fief mouvant du comté de Bourgogne ».
- « LA COUR […] commandant pour ce ledit duc Georges de Wurtemberg, comte de Montbéliard, d'en rendre les foi, hommages et serments et devoirs requis à Sadite Majesté, comme comte de Bourgogne, dans six semaines après signification du présent arrêt, et de donner dénombrement dudit fief, six semaines après ledit hommage fait ».
- « Que la maison de Wurtemberg, et nommément le duc Georges, pour lui et ses successeurs, soient rétablis en la possession de la principauté ou comté de Montbéliard, dans le même état, droits et prérogatives, et surtout la même immédiateté à l'égard du Saint-Empire romain [germanique] dont il a joui auparavant, et dont jouissent ou doivent jouir les autres princes de l'Empire, sans avoir aucunement égard à la foi et hommage rendus à la Couronne de France en 1681. Et lesdits princes jouiront librement, dans la suite, de tous les revenus, tant séculiers qu'ecclésiastiques, desdits biens, comme ils faisaient avant la Paix de Nimègue, de même que des fiefs qui ont été ouverts à leur profit, pendant que la France en jouissait, et qui n'ont point été remplis par lesdits princes, excepté la concession que le roi très-chrétien a faite du bourg de Baldeheim, avec ses dépendances, en faveur du commandeur de Chamlay, maître de camp général de ses Armées, laquelle doit demeurer bonne et valable, à condition toutefois qu'il soit tenu d'en rendre l'hommage à M. le prince de Wurtemberg, et à ses héritiers, comme seigneurs directs, et d'en reprendre de fief. De même, ils seront remis en la pleine et libre jouissance, tant des fiefs de Clerva et Passavant, qui leur appartiennent en Bourgogne, que des seigneuries de Granges, Héricourt, Blamont, Châtelot et Clermont, et autres situés dans le comté de Bourgogne, et la principauté de Montbéliard, avec tous les droits et revenus, de la même manière qu'ils les possédaient avant la Paix de Nimègue, sans que tout ce qui a été fait ou prétendu au contraire, sous quelque titre, en quelque temps et sous quelque façon que ce soit, puisse nuire ou préjudicier ».
- Archives parlementaires, tome 76, p. 566, [lire en ligne].
- Loi du 11 ventôse an V (1er mars 1797), qui déclare annexé au département du Mont-Terrible les cantons Audincourt, Montbéliard et Désandans, et celui de Clairegoutte au département de la Haute-Saône.
- Loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), concernant la division du territoire française et l'administration.
- Loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), annexe : Tableau des départements et des arrondissements communaux de la France, article 79 : Rhin (Haut-), 4e Arrondissement : Porentruy, Chevenez, Damphreux, Cornol, Epanvillers, Saint-Braix, Seigne-Légier, Sainte-Ursanne, Audincourt, Desandans, Montbéliard.
- Loi du 9 janvier 1816, qui distrait du département du Haut-Rhin les cantons de Montbéliard et d'Audincourt, et les réunit au troisième arrondissement du département du Doubs, publiée le 13 janvier 1816.
- Loi du 9 janvier 1816, article premier : « Les cantons de Montbéliard et d'Audincourt seront distraits du département du Haut-Rhin et réunis au troisième arrondissement du département du Doubs ».
- Loi du 26 mars 1829, qui autorise de changements de circonscriptions dans plusieurs départements du royaume.
- Article unique : La commune de Couthenans, canton d'Audincourt, arrondissement de Montbéliard, département du Doubs, est distraite de ce canton et réunie au canton d'Héricourt, arrondissement de Lure, département de la Haute-Saône.
Références à Cassini
- Notice communale no 25
- Notice communale no 198
- Notice communale no 438
- Notice communale no 512
- Notice communale no 1064
- Notice communale no 1742
- Notice communale no 2343
- Notice communale no 2765
- Notice communale no 3010
- Notice communale no 4019
- Notice communale no 5780
- Notice communale no 3700
- Notice communale no 10624
- Notice communale no 10846
- Notice communale no 11494
- Notice communale no 11536
- Notice communale no 11630
- Notice communale no 11730
- Notice communale no 12294
- Notice communale no 13252
- Notice communale no 13303
- Notice communale no 13365
- Notice communale no 13788
- Notice communale no 15954
- Notice communale no 17636
- Notice communale no 18372
- Notice communale no 23194
- Notice communale no 25167
- Notice communale no 27991
- Notice communale no 28561
- Notice communale no 31490
- Notice communale no 31605
- Notice communale no 32728
- Notice communale no 35940
- Notice communale no 36427
- Notice communale no 36987
- Notice communale no 38661
- Notice communale no 19371
- Notice communale no 39876
- Notice communale no 41041
- Notice communale no 20876
Pour approfondir
Bibliographie
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Index : communes par ordre alphabétique », sur ehess.fr, École des hautes études en sciences sociales (consulté le ).
- Le Roman d'une Principauté - par Daniel Seigneur - Éditions Cêtre - Besançon.
- Résener (P. de), Abrégé de l'histoire du pays de Montbéliard, depuis les temps primitifs jusqu'à sa réunion à la France en 1793, Montbéliard, Ad. Pétermann, 1892, in-16°, VI-276 p. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76023h