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Liste des marbres antiques

Cet article présente la liste des variétés de marbres antiques, de différentes couleurs, utilisées durant l'Antiquité et surtout l'Empire romain.

Marbres colorés du pavement d’une ancienne maison à Cyrène (Libye)
Echantillons de marbres antiques : 10 = marbre jaune antique de Chemtou ; arrière-plan : à gauche, brèche de Skyros (Grèce), à droite, 7 = marbre portasanta de Chios (Grèce) - Musée gallo-romain de Fourvière à Lyon

La notion de marbre antique se rapporte au sens large de pierre polie, cela dĂ©signe des roches variĂ©es suffisamment fermes qui prenaient un aspect brillant après lustrage et que les Anciens appelaient marmoros pour les Grecs, marmor pour les Latins, marmo pour les Italiens et marbre pour les francophones. On y compte de nombreux vrais « marbres » au sens strict moderne (calcaires mĂ©tamorphisĂ©s et entièrement cristallisĂ©s) et d'autres calcaires durs (comme les albâtres, les brèches calcaires, entre autres) mais aussi de nombreuses autres roches très diffĂ©rentes des calcaires que ce soit en composition, en texture et en duretĂ©, notamment des roches siliceuses qui sont beaucoup plus dures, comme les granites, diorites et gneiss, les porphyres, les basaltes, la serpentinite, etc.

Marbres italiens

  • Marbre de Luni, d’un blanc vif Ă  contexture serrĂ©e et Ă  grains très fins ; il prend un beau poli et se prĂŞte facilement aux ouvrages les plus dĂ©licats. Les carrières de marbre de Luni dans les Alpes Apuanes (Toscane) sont Ă©puisĂ©es. Les Anciens s’en sont beaucoup servi : l’AntinoĂĽs du Capitole, l’AntinoĂĽs (bas relief).
  • Marbre de Carrare, ce marbre, blanc veinĂ© de gris, très employĂ© par les Romains l’est encore de nos jours. Les carrières de Carrare (Italie) en Toscane, exploitĂ©es depuis deux mille ans, furent ouvertes du temps de Jules CĂ©sar et sont loin d’être Ă©puisĂ©es malgrĂ© l'exportation dans toute l’Europe et mĂŞme l’AmĂ©rique. Sa texture est granulaire Ă  grains très fins et très serrĂ©s. Dans le centre des blocs se trouvent quelquefois des cristaux de roche, d’une limpiditĂ© peu commune, nommĂ©s diamants de Carrare. Une variĂ©tĂ© de ce marbre rayĂ© de verdâtre est appelĂ© Cipolinacci di Carrara par les Italiens.
  • Le palombino, son nom vient de sa couleur qui ressemble Ă  celle d’un pigeon blanc. Marbre blanc-grisâtre, très compact qui le fait ressembler au marbre du Proconnèse. Il est rarement en grosses pièces. Il existe une variĂ©tĂ© parfaitement pure, d’un grain et d’un ton Ă©gaux, qui le rapproche de l’ivoire ou la porcelaine. Son poli n’est pas très brillant.
  • Le bleu antique, Marbre Ă  gros grain de couleur blanchâtre avec des ondes et des bandes d’un bleu ardoise, en zigzags interrompus. Il est rare et il jouit d’une lĂ©gère luciditĂ© lorsqu’il est en plaques minces.
  • Le petit bleu antique, son nom vient de la finesse de son grain et sa ressemblance avec le bleu antique. Un fond blanchâtre avec des ondes et des bandes longitudinales gris ardoise, qui serpentent et forment des nĹ“uds qui donnent Ă  ce marbre un aspect agrĂ©able et prend un très beau poli. Les Anciens l’ont sans doute tirĂ© des carrières de Toscane.

Marbres français

  • Le gris antique ou Biglio antico pour les italiens, d’un gris-blanchâtre, ce marbre a un fort gros grain qui prend un beau poli et jouit d’une certaine transluciditĂ©. On le trouve dans les anciens monuments et colonnes, que les Romains tiraient probablement de Cambo-les-Bains près de Bayonne, oĂą il existe la trace d’une ancienne carrière de marbre absolument semblable.
  • Rouge antique du Jura, des carrières de Sampans, de couleur du rose pâle au rouge carmin.
  • La pierre du Jura, de couleur jaune veinĂ© de rouge, des carrières de Damparis, Dole, Foucherans, Sampans.
  • Marbre de Saint-BĂ©at
  • Marbres de Sarrancolin, polychromes avec des dominantes beiges, marron ou grises et parcourus de veines rouges. UtilisĂ©s durant l'AntiquitĂ©, leur renommĂ©e s'est forgĂ©e grâce aux nombreuses commandes royales notamment celles de Louis XIV pour le château de Versailles. Au XIXe siècle, Charles Garnier les choisit pour les colonnes du grand escalier de l'OpĂ©ra de Paris et plus rĂ©cemment, en 1931, l'architecte en chef William Lamb dĂ©cora avec ces marbres une partie du hall de l'Empire State Building Ă  New York. ArrĂŞtĂ©e au milieu du XIXe siècle, l'activitĂ© marbrière a repris grâce Ă  la volontĂ© des Ă©lus locaux en 1991. Les variĂ©tĂ©s les plus cĂ©lèbres sont l'OpĂ©ra Fantastico Ă©galement appelĂ© Sarrancolin OpĂ©ra, ainsi que le Sarrancolin-Versailles.
  • Le Grand Antique, de couleur noir et blanc extrait dans la commune de Moulis en Ariège. La carrière fut exploitĂ©e dès l'AntiquitĂ© romaine. Le marbre, alors appelĂ© Marmor Celticum, fut utilisĂ© dans de nombreux bâtiments Ă  Rome et Constantinople. Rouverte au XIXe siècle, elle fut abandonnĂ©e en 1952. Depuis 2014, elle est Ă  nouveau exploitĂ©e et le marbre moulisien s'exporte dĂ©sormais Ă  Londres, Ă  New York, au Japon...

Marbres Ă©gyptiens

  • Basalte ou "pierre bekhen" (lapis basanites). Existe en deux variantes : l'une Siltstone (Ă  grain fin) et une Grauwacke (un grain lĂ©gèrement plus grossier): les deux sont d’origine mĂ©tamorphique, de couleur foncĂ©e uniforme (gris foncĂ© Ă  gris-vert). Les carrières sont sur les parois rocheuses de chaque cĂ´tĂ© de Ouadi Hammamat dans le dĂ©sert oriental Ă©gyptien.
  • Granit du Forum (marmor claudianum)[1]. Il s'agit d'un gneiss tonalite d'origine mĂ©tamorphique. Les carrières, très spacieuses, sont sur Gebel Fatira (Mons Claudianus), dans le dĂ©sert oriental Ă©gyptien. Une variante Ă  grain plus fin vient de lieux situĂ©s Ă  proximitĂ© des sites miniers (Oued Umm Huyut). Il tire son nom des nombreux fĂ»ts de colonnes utilisĂ©s pour le Forum de Trajan Ă  Rome.
  • Granit rouge ou syènite ou "granit d’Assouan" (lapis thebaicus, lapis pyrrhopoecilus)[2]. Il s’agit d’un granit d’origine magmatique. Les carrières se trouvent Ă  Shellal, au nord d’Assouan (antique Syène), dans la Haute Égypte.
  • Marbre rouge antique, d’un rouge foncĂ©, tachĂ© çà et lĂ  ou sablĂ© de blanc et veinĂ© de noir, sa pâte est parfaitement compacte et c’est l’un des marbres les plus chers. On peut le voir sur la statue colossale de Marcus Agrippa (palais Grimaldi de Venise) et l’AntinoĂĽs Ă©gyptien Ă  Venise.
Monument des TĂ©trarques en porphyre rouge antique, sur la basilique Saint-Marc de Venise
  • Porphyre rouge, ou "porphyre rouge antique" (lapis porphyrites). Il s’agit d’une roche andĂ©sitique, avec prĂ©sence d’hĂ©matite et piĂ©montite, d’origine magmatique. Les carrières se trouvent sur le djebel Dokhan (nom ancien : Mons Porphyrites ou Mons Igneus), une chaĂ®ne montagneuse situĂ©e Ă  l’ouest de Hurghada, dans le dĂ©sert oriental Ă©gyptien.
  • Albâtre cotonneux ("alabastre cotoneus"), albâtre Ă©gyptien, albâtre de la Bible ou albâtre oriental, marbre onyx des anciens (lapis alabastrites)[3]. Il s’agit d’un albâtre calcaire d’origine sĂ©dimentaire. Abondant et très connu dĂ©jĂ  Ă  l’époque prĂ©-romaine, il existe neuf sites d’extraction, surtout vers la citĂ© de Hatnub. Il se prĂ©sente sous une variante blanc laiteux opaque, Ă  grain fin et qui varie du beige-jaunâtre au brun, d'apparence fibreuse (ou cotonneuse), souvent stratifiĂ©e en couches d'Ă©paisseur variable.
  • Brèche coralline ombragĂ©e ou « brèche jaune ou rouge Ă©gyptien » (peut-ĂŞtre knekites lithos). Il s’agit d’une brèche calcaire, avec fragments clastiques de couleur banche-jaunâtre mĂ©langĂ© Ă  un ciment rosâtre par la prĂ©sence d’hĂ©matite. UtilisĂ© Ă  la PĂ©riode prĂ©dynastique Ă©gyptienne et rarement Ă  l’époque romaine. On ne connaĂ®t pas de carrière.
  • Brèche verte d’Égypte ou « brèche verte antique » (hecatontalithos)[4]. Il s’agit d’un conglomĂ©rat de Poudingue sur fond vert (mais il existe aussi une variante sur fond rouge), d’origine mĂ©tamorphique. Les carrières sont deux sites d’extraction du district minier de la basanite (basalte).
  • Granit blanc et noir (marmor tiberianum)[5]. Il s’agit d’un quartz-diorite d’origine magmatique. Les carrières des deux variĂ©tĂ©s connues ("granit blanc et noir de Sainte-Praxède", avec couleur plus foncĂ©e, et "granit blanc et noir du Caire", avec couleur plus claire) se trouvent près de Ouadi Barud, Ă  environ 10 km au sud-est des carrières de granit du Forum, et sont de petites dimensions.
La colonne de la flagellation de Sainte Praxède, qui donna son nom au « granit de la colonne »
  • Granit de la Colonne. Il s’agit d’un gabbro-diorite d’origine magmatique, dont les carrières, de petites dimensions, se trouvent près de Ouadi Umm Shegilat, dans le dĂ©sert oriental Ă©gyptien. Il prĂ©sente de gros cristaux noirs allongĂ©s, qui prĂ©valent sur fond blanc, avec parfois des nuances de rose. Il tire son nom d’un support conservĂ© dans la chapelle de San Zenone de la basilique Santa Prassede Ă  Rome, oĂą il Ă©tait censĂ© ĂŞtre la colonne Ă  laquelle Ă©tait attachĂ© JĂ©sus de Nazareth pendant la flagellation.
  • Granit noir de Syène, ou "granit noir Ă©gyptien", ou, improprement, "diorite Ă©gyptienne" (lapis thebaicus). Il s’agit d’un granodiorite d’origine magmatique. Les carrières se trouvent près de celles de granit rouge, au sud d’Assouan (anciennement Syène).
  • Granit de Ouadi Umm Fawakhir. Il s’agit d’un granodiorite d’origine magmatique. Les carrières se trouvent dans Ouadi el-Sid. Il se prĂ©sente avec des taches rosĂ©es, noirs et blanches, Ă  granulomĂ©trie variable.
  • Granit vert-de-gris[6]. Il s’agit d’un quartz-diorite d’origine magmatique. Les carrières se trouvent dans Ouadi Umm Balad, sur les pentes occidentales du Djebel Dokhan, près des carrières de porphyre rouge. PrĂ©sente une texture fine et homogène de couleur verdâtre, avec zones Ă  tendance grisâtre ou brunâtre.
  • Granit vert mĂ©langĂ©[7]. Il s’agit d’un gabbro d’origine magmatique. Les carrières se trouvent près de Ouadi Maghrabya. PrĂ©sente diverse tonalitĂ©s de vert avec granulomĂ©trie variable.
  • Granit vert de la chaire de San Lorenzo[8] et granit vert de la chair de San Pietro, ou "ophyte" (lapis ophytes). Il s’agit d’un mĂ©tagabbro d’origine mĂ©tamorphique. Les carrières des deux variĂ©tĂ©s (distinctes par la granulomĂ©trie plus ou moins fine), se trouvent près de Ouadi Umm Wikala et Ouadi Semna, dans un complexe de collines anciennement appelĂ©es Mons Ophyates, dans le dĂ©sert oriental Ă©gyptien. Les deux variĂ©tĂ©s prennent le nom des figures rondes (Cosmati) sur le dossier des chaires Ă©piscopales de la basilique Saint-Laurent-hors-les-Murs et de la basilique Saint-Pierre Ă  Rome.
  • Porphyre serpentin noir. Il s’agit d’une trachyte-andĂ©site d’origine magmatique. Les carrières se trouvent près de celles du porphyre rouge, sur Ouadi Umm Towat, sur les pentes sud-occidentales du Djebel Dokhan.
  • Porphyre vert Ă©gyptien (nom antique lapis hieracites)[9]. Variante avec fond vert foncĂ© du porphyre rouge, provenant des mĂŞmes carrières.
  • Serpentinite mouchetĂ©e ou "marbre vert grenouille" (identifiable avec le lapis batrachites)[10]. Il s’agit d’une serpentinite d’origine mĂ©tamorphique. Les carrières se trouvent près de Ouadi Atallah.

Marbres africains

  • Marbre jaune antique (marmor numidicum). Il s’agit d’un calcaire cristallin (sparite). Les carrières se trouvent près de la citĂ© antique de Simitthus, aujourd’hui village de Chemtou, en Tunisie. Aspect des clastes très uniforme Ă  grain fin, du jaune clair Ă  plus intense et jusqu’au rosĂ©, peut ĂŞtre veinĂ© ou très brèchĂ© sur un ciment brun ou rouge. UtilisĂ© Ă  Rome depuis le IIe siècle av. J.-C. pour des statues de petites dimensions et dĂ©corations architecturales.
Statue de Dacie en marbre gris dans la cour du palais des Conservateurs (musées du Capitole)
  • Marbre gris mauresque ou « marbre noir antique numide ». Il s’agit d’un biomicrite carbonatĂ© avec micro-foraminifères et montre des tons d’un noir intense et grain très fin. Les carrières se trouvent dans la localitĂ© de AĂŻn el Ksir, non loin de celles du marbre jaune antique. Il existe aussi d’autres variĂ©tĂ©s de « marbre noir antique » d’autres provenances (Grèce et Italie (Lazio)).
  • Albâtre moutonnĂ©[11]. Il s’agit d’un albâtre travertineux, avec limonite et hĂ©matite, et se prĂ©sente en deux variantes principales : la plus commune avec strates ondulĂ©es de couleur ocre rouge foncĂ© ou jaune ocre, alternĂ©es Ă  des strates rosâtres (qui, selon la coupe, montre des bandes ou des taches irrĂ©gulières). Une seconde variante de nuances rouge clair sur fond blanchâtre qui peut donner, selon la coupe, l'impression d’une peau de mouton. Les carrières se trouvent dans la localitĂ© de Ain-Tekbalet, près de la citĂ© d’Oran, en AlgĂ©rie.

Marbres d’Asie Mineure

Marbre commémoratif de Iassos du musée de Iasos (Turquie)
  • Marbre de Iasos ou marbre de Carie ou marbre cipolin rouge[12], extrait près de la citĂ© de Iasos sur la cĂ´te de la Carie en Turquie (actuellement commercialisĂ© sous le nom de "marbre rouge lagune"). D’origine mĂ©tamorphique et classable comme marbre impur Ă  hĂ©matite, Ă  grain fin et compacte, sur fond rouge foncĂ©, qui est connu en trois variĂ©tĂ©s : celle plus connue prĂ©sente de larges bandes blanches ou grisâtres. Plus rare, la variĂ©tĂ© « brèchĂ©e », avec fragments clastiques blanchâtres ou gris de dimensions variables, et la variĂ©tĂ© rouge uniforme, qui se distingue difficilement du marbre rouge antique. Il Ă©tait utilisĂ© localement Ă  l’Époque hellĂ©nistique et son exportation vers Rome et autres endroits de la MĂ©diterranĂ©e orientale s'est rĂ©pandu Ă  l’époque de la dynastie des SĂ©vères jusqu’à l'Ă©poque de l’Empire byzantin, en particulier sous Justinien. Il a Ă©tĂ© utilisĂ© en particulier pour les colonnes et les plaques de parement.
  • Albâtre fleurĂ© (marmor hierapolitanum). Carrières d’albâtre fleuri (nom gĂ©nĂ©rique qui indique l’Albâtre calcaire de couleur blanchâtre ou jaune clair avec tache Ă  inflorescence plus foncĂ©e) se trouvent près de l’antique citĂ© de HiĂ©rapolis. Strabon indique son introduction Ă  l’époque d’Auguste.
  • Brèche coralline (marmor sagarium)[13]. Il s’agit d’une brèche calcaire avec hĂ©matite, avec ciment rouge corail et fragment de couleur ivoire, provenant de carrières de la Bithynie, près du village de Vezirhan (province de Bilecik en Turquie). D'autres carrières voisines ont produit les variĂ©tĂ©s de brèche nuageuse (avec tonalitĂ© rosâtre et jaunâtre et « nuages » rosâtres) et du brocart (avec ciment dans les tons brunâtre et fragments jaunes ou gris). ExportĂ© Ă  Rome Ă  partir de la fin de l’époque d’Auguste, en particulier pour les colonnes et revĂŞtements de muraux.
  • Granit violet ou "granit troadense" (marmor troadense)[14]. Il s’agit d’un quartz-monzonite, avec porphyroĂŻdes (cristaux) de feldspath potassique de couleur gris clair, avec cristaux blanc ou violet clair et petites inclusions noires, il existe aussi une variĂ©tĂ© avec grain plus fin et cristaux moins limpides. Les carrières se trouvent sur les flancs du CigrĂ© Dag, près de Neandria, antique citĂ© de la Troade en Turquie.
Portrait de femme en marbre Pavonazzetto, œuvre romaine - Musées du Capitole à Rome.
  • Granit gris de Misio. C’est un granodiorite amphibolite, avec cristaux d’Hornblende noirs, d’origine magmatique. Se prĂ©sente de couleur grise, avec grains fins et uniformes. Les carrières sont près de la citĂ© antique de Perperene, au nord-ouest de Pergame en Turquie. DĂ©jĂ  employĂ© Ă  l’époque hellĂ©nique et byzantine, fut exportĂ© Ă  Rome au dĂ©but du IIe siècle Ă  usage de colonnes, revĂŞtement muraux et sols ainsi que sarcophages.
  • Lapis sarcophagus. AndĂ©site, extrait des carrières de la citĂ© antique de Assos (aujourd’hui Behramkale, dans la Troade), mais les affleurements de la mĂŞme pierre sont aussi connus sur l’île de Lesbos et près de Pergame. Selon Pline l'Ancien[15] la pierre consumait en quarante jours les corps des dĂ©funts Ă  l’exception des dents, et cette croyance dĂ©terminera la propagation de la fabrication des Sarcophages, en particulier aux IIe et IIIe siècles, mais dĂ©jĂ  produits localement au Ve siècle av. J.-C. C’est une pierre dure difficile Ă  travailler, sur un fond gris-brun clair ou noir.
  • Ĺ“il de paon (marmor triponticum)[16]. Calcaire fossilifère avec rudistes et ciment rouge clair ("Ĺ“il de paon rouge") ou violacĂ©, extrait et diffusĂ© au IIIe siècle pour petites colonnes, plaques de revĂŞtement, petites vasques. Les carrières se trouvent près du village de Kutluca sur la route entre Constantinople et Kocaeli près du lac Sophon (aujourd’hui Sapanca Gölu).
  • Marbre Pavonazzetto ou marbre figio, appelĂ© aussi phrygien, c’est un marbre micritique brèchĂ© Ă  grain très fin. Sa couleur de fond blanc ou ivoire avec des taches et veines de couleur variable rouge, violacĂ©e, verte ou azur, rappelle la couleur du paon. Il provenait des carrières de Docimium (Dokymeinon), près de l’actuelle Afyon en Turquie centrale. Il fut utilisĂ© pendant toute l’époque impĂ©riale et prĂ©sent Ă  Rome jusqu’à la fin de l’époque de la RĂ©publique romaine, pour les revĂŞtements muraux et sols, en architecture, colonnes, sarcophages et sculptures.
  • Marbre blanc cappadocien, il Ă©tait si transparent que NĂ©ron en fit construire un petit temple sans fenĂŞtre, oĂą le jour passait Ă  travers le marbre mĂŞme qui formait les murs. Cette pierre Ă©tait sans aucun doute du sulfate de chaux analogue Ă  celui nommĂ© albâtre blanc de Volterra, car aucun marbre proprement dit ne jouit d’une pareil degrĂ© de transluciditĂ©.

Marbre de la Grèce

Diane de Versailles
  • Marbre de Paros : c’est un marbre blanc-grisâtre, Ă  gros grain confusĂ©ment disposĂ©s. On en distingue trois variĂ©tĂ©s : un très blanc Ă  grains très petits, un blanc Ă  gros grains, appelĂ© aussi moderne Paros, et un troisième jaunâtre. Les sculpteurs grecs en firent un grand usage et nous laissèrent un grand nombre de statues. Parmi elles, on peut citer la VĂ©nus MĂ©dicis (galerie des Offices Ă  Florence), la Diane de Versailles, la VĂ©nus du Capitole (musĂ©es du Capitole), la Pallas de Velletri (Louvre), l’Ariane endormie (dite aussi ClĂ©opâtre mourante, au musĂ©e Pio-Clementino), la Junon du Capitole (Rome). On trouve Ă©galement des inscriptions en marbre de Paros, comme la Chronique de Paros, dĂ©couverte sur l'Ă®le du mĂŞme nom.
Relief dit du «Trône de Saturne». Marbre, Ier siècle ou copie du XVIe siècle (Italie)
  • Marbre pentĂ©lique : il est blanc Ă  grains fins zonĂ© de verdâtre. C’est le cipolin statuaire des marbriers italiens. Les carrières sont situĂ©es sur le mont Pentelès, près d’Athènes, dont les principaux monuments de cette ville antique en sont presque tous construits. Le Torse du BelvĂ©dère, le Satyre au repos des musĂ©es du Capitole, Jason (dit Cincinnatus), le Discobole, le trĂ´ne de Saturne (Louvre), le TrĂ©pied d’Apollon et les inscriptions athĂ©niennes (dites marbre de Nointel) sont en pentĂ©lique.
  • le grechetto, d’une couleur blanc neige et plus pur que les prĂ©cĂ©dents ; se prĂ©sente sous deux variĂ©tĂ©s : une Ă  grain fin et l’autre Ă  gros grains. Bas reliefs des Nymphes Ă  Barano d'Ischia[17].
  • Le marbre de l'Hymette, d’un blanc grisâtre, prend un poli un peu luisant. Extrait des carrières du mont Hymette, il a Ă©tĂ© utilisĂ© notamment pour le MĂ©lĂ©agre du Vatican et la VĂ©nus d'Arles.
  • Marbre cipolin ou cipolin vert (marmor carystium). D’une structure plus dure que les autres, c’est une vĂ©ritable dolomie (chaux carbonatĂ©e magnĂ©sifère granulaire). Le fond est gris-verdâtre avec de larges veines ou rubans vert foncĂ© (dus au talc vert). Il Ă©tait extrait des carrières de Carystos sur l’île d’EubĂ©e et importĂ© Ă  Rome au Ier siècle av. J.-C. et diffusĂ© dans tout l’Empire pour colonnes, plaques de revĂŞtement, sculptures et vasques.
  • Marbre rouge antique (marmor taenarium). C’est un marbre impur Ă  hĂ©matite, avec un fond allant d’un rouge foncĂ© Ă  rouge vivace, veinĂ© de noir avec quelques taches ou petites veines blanches de calcite. Issu des carrières de la pĂ©ninsule du PĂ©loponnèse dĂ©jĂ  Ă  la pĂ©riode mi-Minoenne (1700 av. J.-C.), arrivĂ© Ă  Rome au Moyen Ă‚ge pour les revĂŞtements, statues et plus rarement pour les colonnes et chapiteaux.
  • Marbre portasanta (marbre de la porte sainte) ou brèche de Alep (marmor chium, marbre de Chios). Issu d’une brèche tectonique des carrières de Chios, avec, sur un fond rouge, des taches jaune-orange, brunes ou grise de formes variables ; il doit son nom au marbre qui compose quelques colonnes de la porte sainte de la basilique Saint-Pierre de Rome
  • Marbre vert antique ou Lapis atracius, (marmor thessalicum). C’est un marbre serpentineux qu’on peut classer dans les brèches de la rĂ©gion de Thessalie de couleur de fond vert pâle avec des taches d’un vert plus foncĂ©, parfois presque noir, mĂ©langĂ©s Ă  des taches blanches. Introduit Ă  Rome sous Hadrien pour des colonnes et Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs.
  • Porphyre vert antique ou serpentin (lapis lacedaemonius). C’est une andĂ©site qui prĂ©sente un fond vert foncĂ© avec de petits phĂ©nocristaux de plagioclases vert brillant tirant sur le jaune avec de rares pyroxènes noir. Issu des carrières de LacĂ©dĂ©mone (actuelle Sparte dans le PĂ©loponnèse) dĂ©jĂ  aux Ă©poques minoenne (1700 av. J.-C.) et mycĂ©nienne, il connut une grande diffusion Ă  Rome Ă  l’époque Flavii et très recherche au Moyen Ă‚ge et au Rinascimento. Sa disponibilitĂ© en petits blocs le destine vers de petites colonnes, vases, plaques de revĂŞtement et mosaĂŻques.
  • Brèche vierge ou seme santo ou brèche de Sciro, (marmor scyreticum). Roche sĂ©dimentaire, provenant de l’île de Skyros, une brèche Ă  grains fins avec une couleur mauve avec des inclusions blanches, rouges, fauve et jaunâtres qui tranchent fortement les unes Ă  cĂ´tĂ© des autres. Cette brèche, la plus rare de toutes, est ainsi appelĂ©e par les marbriers de Rome, pare que l’on n'a trouvĂ© qu’un seul bloc dans les ruines du tombeau de CaĂŻus Cestius (12 av. J.-C.) Ă  Rome et qui servit longtemps d’autel consacrĂ© Ă  la Vierge. Le terme seme santo signifie d’origine ou de race sainte.
  • Marbre fleur de pĂŞcher ou marbre rouge d’ÉrĂ©trie (marmor chalcidicum). Son aspect veinĂ©, allant du rouge au rose et du blanc au violet, lui donne son nom de fleur de pĂŞcher. Les carrières sont Ă  ÉrĂ©trie en EubĂ©e.
  • Marbre noir antique TĂ©nare (lapis taenarius ou lapis Niger). Des carrières de cap TĂ©nare en Laconie de la presqu’île de Mani (PĂ©loponnèse) en Grèce continentale.
  • Marbre noir antique, c’est un calcaire nitritique carbonĂ©, issu des carrières de Chios Ă  partir du IIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle pour la fabrication de petits objets luxueux, architecturaux et plaques tombales. Sa couleur est dominĂ©e par un fond noir Ă  grain très fin avec quelques veinures blanches de calcite.

Marbre de la péninsule Ibérique

  • Brocatelle de Tortosa ou Brocart espagnol, ("Marmor schiston"). C’est un calcaire organogène, caractĂ©risĂ© par un fond jaune dorĂ© avec des nuances rose-violacĂ© et des taches (bioclastes) jaunes ou blanc-grisâtre ou roses de forme allongĂ©e qui lui donnent l’aspect du brocart, d’oĂą il tire son nom de « brocart espagnol », localement appelĂ© « jaspi della Cinta » qui dĂ©rive de l’emploi de cette pierre qui orne la chapelle de la « Madonna della Cintura » de la cathĂ©drale de Tortosa, antique ville romaine près de l’Ebre.
  • Lumachelle carnacina. Comme toutes les lumachelles (de l'italien lumaca (limaçon)), cette roche sĂ©dimentaire contient des dĂ©bris de coraux ou de coquilles pĂ©trifiĂ©s. Carrières en Espagne.
  • Marbe de Viana Do Alentejo, marbre rose Portugal Ă  Viana do Alentejo du District d'Évora au Portugal.

Sources et notes

  • Extraits du WikipĂ©dia italien le 12/09/09
  • Extraits du Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle appliquĂ© aux arts, tome XIX, par Jacques Eustache de Sève, 1818.
  1. « Fiche et image du granit du Forum »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) sur le site du musée d'histoire naturelle de l'Académie des physiques, de Sienne.
  2. « Image du granit rouge »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), idem.
  3. Image de l'albâtre cotognino sur le site du musée de Géologie de l'université de Rome-I ("La Sapienza").
  4. « Image de la brèche verte d'Égypte »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) sur le site du musée d’histoire naturelle de l'Académie des études physiques, de Sienne.
  5. « Image du granit blanc et noir »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) idem.
  6. Image du granit vert-de-gris, idem.
  7. « Imagine du granit vert mélangé »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), idem.
  8. Image du granit vert de la chair de San Lorenzo idem.
  9. Image du porphyre vert Ă©gyptien, idem.
  10. Statue de chien en serpentine mouchetée au musée du Capitole,
  11. Image de l'albâtre moutonné sur le site du musée d’histoire naturelle de l'Académie des physiques, de Sienne.
  12. fiche sur le marbre cipolin rouge sur le site de l'ISPRA (ex-Service géologique national).
  13. fiche sur la brèche coralline sur le site du musée d’histoire naturelle de l'Académie des physiques (collection des marbres antiques) et Fiche sur la brèche coralline sur le site de l'ISPRA (ex Service géologique national).
  14. Fiche et image du granit violet, sur le site du musée d’histoire naturelle de l'Académie des physiques (collection des marbres antiques).
  15. Pline l'Ancien, Histoire naturelle (Pline l'Ancien)
  16. Fiche sur l’œil de paon rouge sur le site du musée d’histoire naturelle de l'Académie des physiques (collection des marbres antiques) et Fiche sur l’œil de paon sur le site de l'ISPRA (ex-Service géologique national).
  17. Bas reliefs des Nymphes

Bibliographie

  • Gabriele Borghini (ed.), marbres Antiques (MatĂ©riaux du groupe I de la culture artistique - Institut central pour le catalogue et la documentation), Rome 1992.
  • Sandro Lorenzatti, Riuso e ricezione estetica del Marmor Carystium (Cipollino) di Leptis Magna in Francia tra XVII e XIX, in G. Extermann – A. Varela Braga (a cura di), Splendor Marmoris. I colori del marmo, tra Roma e l'Europa, da Paolo III a Napoleone III, De Luca Editore, Roma 2016, pp.377-400
  • Lucrezia Ungaro, Marilda De Nuccio (ed.), Le Marbre de couleur de la Rome impĂ©riale (catalogue d'exposition), Rome 2002
  • Jacques Eustache de Sève Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle Article : Marbres Antiques, page 266.

Voir aussi

Articles connexes

Marbres colorés antiques en général

Carrières ou zones particulières

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