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Marbre cipolin

Le marbre cipolin est une variété de marbre utilisée par les Romains. Le nom moderne correspond en latin à marmor carystium (c.-à.-d. « marbre de Karystos »).

Fût d’une colonne en marbre cipolin, conservé à la Basilique de Maxence au Forum Romain, à Rome.
Colonnes du portique du Temple d'Antonin et Faustine au Forum romain Ă  Rome

Historique

Il était extrait de nombreuses carrières situées sur la côte sud-occidentale de l'île d’Eubée, en Grèce, entre l’actuelle cité de Styra et Karystos. Certaines de ces carrières antiques conservent des cavités d’extraction longues de plus de 100 m.

Il s'agit d'un marbre avec un fond blanc-vert, parcouru par d’épaisses nervures ondulées vert, tendant au bleuté et traversé par d'épaisses couches de mica. La couleur de fond des veines ont tendance à s'assombrir en fonction de la situation géographique de la carrière d'origine du sud au nord.

Du point de vue pétrographique, c’est une roche métamorphique, marbre saccharoïde cristalline (cristaux entre 0,2 et 0,6 mm), avec des stries colorées par l’épidote et la chlorite.

Déjà utilisé par les Grecs, il fut importé à Rome à partir du Ier siècle av. J.-C.. Pline l’Ancien, dans sa Naturalis Historia[1], raconte que les colonnes de ce marbre ornaient à Rome la maison de Claudio Mamurra, qui était un ingénieur de Jules César en Gaule. Les carrières devinrent propriété impériale et le marbre cipolin se diffusa dans tout l’Empire. L'extraction et l’utilisation continuèrent amplement au Ve siècle, sous l'Empire byzantin.

Il a été principalement utilisé pour des fûts de colonnes, même de grandes dimensions et majoritairement lisses (exemple des colonnes du portique du Temple d'Antonin et Faustine au Forum romain à Rome). Se révèlent aussi des sculptures, comme la figure du crocodile qui orne le plan d'eau la canope de la villa d'Hadrien à Tivoli et a été conçu avec ce matériau afin d'imiter la couleur naturelle des écailles de l'animal.

Des carrières de cette variété de marbre existent aussi dans la péninsule Ibérique (carrière d'Anasol[2]), sur les Alpes apuanes, en Grèce nord-orientale et en Serbie[3].

Exemples de matériaux

RevĂŞtement mural avec cipolin sur Looshaus Ă  Vienne
Cipolin rouge Luana'
  • Cipolin vert (Stouraitikon, vert de Styra), marbre extrait près de la ville de Styra en EubĂ©e, dont un exemple est prĂ©sentĂ© par le parement de « Looshaus », 3, place Michaeler Ă  Vienne en Autriche.
  • Cipolin des Alpes apuanes [4], marbre prĂ©sentant de fines bandelettes vert foncĂ© avec une structure de grandes traces blanches de calcite (en partie nodulaire) qui donne une image attrayante. De nombreuses variĂ©tĂ©s commerciales existent: cipollino apuano, cipollino apuano classico, cipollino arni, cipollino capriccioso, cipollino classico, cipollino classico grigio e verde, cipollino del cardoso, cipollino rosso sumbra, cipollino rosso zonato, cipollino verde italiano, cipollino verde versilia, cipollino zonato. Les sites d’extraction se trouvent situĂ©s principalement sur les territoires des communes de Stazzema, Careggine et Vagli Sotto.
  • Grand cipolin antique (Grand Antique de Saillon). C’est un marbre de la ConfĂ©dĂ©ration suisse du Canton du Valais. L’ancien site minier se trouve au-dessus de la ville de Saillon. Bien que le nom suggère un marbre très ancien par comparaison visuelle au cipolin antique de Karystos, pour des raisons commerciales et Ă  la suite de l'appauvrissement de l'exploitation depuis le XIXe siècle ; ce matĂ©riau est considĂ©rĂ© comme la pierre naturelle la plus coĂ»teuse. Quelques exemples :
  • Cipolin vert mandolato ou marbre Campan en France. ExploitĂ© dans les PyrĂ©nĂ©es près de Bagnères-de-Bigorre, c’est un des plus connus. Son fond est blanc et rouge foncĂ© ou isabelle ; mais il est rempli de veines vertes extrĂŞmement embrouillĂ©es entre lesquelles ressort la couleur du fond.
    • Campan vert, couleur vert d’eau, avec filet vert foncĂ©, disposĂ©s en forme de rĂ©seau, Ă  mailles allongĂ©es.
    • Campan isabelle, celui dont le fond est d’un rose tendre.
    • Campan rouge, celui qui est d’un rouge sombre, veinĂ© d’un rouge encore plus foncĂ©.
  • Vert Luana ou vert de Luni, (marmor Lunae), marbre bigarrĂ© des Alpes apuanes (Apennins), en Toscane, des carrières du hameau de Vagli di Sopra, qui sont Ă©puisĂ©es. C’est un silicate, Ă  fond d’un blanc vif Ă  structure serrĂ©e et grains très fins ; il prend un très beau poli et se prĂŞte facilement aux ouvrages les plus dĂ©licats.
  • Cipolin dorĂ©, c’est une pierre naturelle du mĂŞme type que le cipolin Apuane, mais dont les veines, au lieu de vert, sont jaune dorĂ© très prononcĂ©. L’exploitation se trouve dans la rĂ©gion de Coni (Italie).
  • Cipolin zĂ©brĂ©, pierre naturelle de la RĂ©publique tchèque, dont le nom commercial a Ă©tĂ© maintenu jusqu’en 1945. L’exploitation a Ă©tĂ© faite Ă  la montagne Jeseniky dans le village de Lipová-láznÄ›.
  • Cipolin rouge, roche dĂ©corative exploitĂ©e dans d’anciennes carrières de la rĂ©gion de MuÄźla, en Turquie,
  • Cipolin noir, sa structure est identique Ă  celle du cipolin vert. L’exploitation, depuis l’époque romaine se faisait dans l’île d’EubĂ©e, en Grèce, et on en trouve des traces isolĂ©es sur les bâtiments de la Rome antique.
  • Cipolin du Cap corse, assez proche du cipolin noir d'EubĂ©e.

Notes et références

  1. Plin., Nat. Hist., XXXVI, 48
  2. Une étude géochimique isotopique ciblée pour distinguer les variétés de marbres anasol et tipo-anasol espagnol et portugais de la variété oignons verts grec et italien, est dans Roman Quarries of Iberian Peninsula: Anasol and Anasol-Type.
  3. Une étude est en cours de la part d’un groupe de recherche de l’université de Rome « La Sapienza » sous le GABEC (Groupe géoressources, environnement et patrimoine culturel).
  4. Progetto marmi Alpe Apuane Centre de géotechnologie de l'université de Sienne

Annexes

Articles connexes

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