TĂ©os (ville)
TĂ©os (ou ThĂ©os ou Teo, en Grec : ΀ÎÏÏ Â« aussi longtemps », « pendant tout le temps ») est une ville de l'AntiquitĂ© situĂ©e sur la cĂŽte de l'Ionie au nord d'ĂphĂšse et Ă environ 40 kilomĂštres au sud-ouest de l'actuelle Ä°zmir, prĂšs de port de SıÄacık en Turquie.
TĂ©os (grc) ΀ÎÏÏ) | ||
L'odéon | ||
Localisation | ||
---|---|---|
Pays | Turquie | |
Province | Ä°zmir | |
District | Seferihisar | |
Région de l'Antiquité | Ionie | |
CoordonnĂ©es | 38° 10âČ 38âł nord, 26° 47âČ 07âł est | |
GĂ©olocalisation sur la carte : Turquie
| ||
Histoire
FondĂ©e au cours du Ier millĂ©naire av. J.-C. par des colons venus d'OrchomĂšne, de Thessalie et d'AthĂšnes, cette citĂ© ionienne passe sous la domination des Perses aprĂšs la chute de CrĂ©sus. Cyrus envoie en effet Harpage soumettre les villes grecques qui Ă©taient auparavant sous le contrĂŽle de la Lydie, ce qui entraĂźne l'exode d'une partie de la population entre 545 et 540 av. J.-C. vers la Thrace en particulier oĂč elle participe Ă la refondation d'AbdĂšre. TĂ©os fait partie de la DodĂ©capole ionienne et s'engage ainsi dans la rĂ©volte contre la domination perse organisĂ©e par la citĂ© de Milet et son tyran Aristagoras. Elle est membre ensuite de la Ligue de DĂ©los en 476 av. J.-C. Au IIe siĂšcle av. J.-C. est construit dans cette citĂ©, qui reste prospĂšre malgrĂ© les troubles du monde hellĂ©nistique, le plus grand temple du monde antique consacrĂ© Ă Dionysos, sous la direction de l'architecte HermogĂšne. Ce temple, en partie reconstituĂ©, est consacrĂ© au culte de TibĂšre Ă l'Ă©poque romaine puis Ă celui de l'empereur Hadrien.
La citĂ© possĂšde deux ports, le principal au sud, aujourd'hui ensablĂ©, et un plus secondaire au nord toujours utilisĂ© de nos jours par les pĂȘcheurs de SıÄacık.
TĂ©os met en place une sympolitie (mise en commun des institutions et Ă©tablissement dâune citoyennetĂ© commune) (ou une isopolitie) avec la citĂ© de Kirbissos.
Des dossiers documentaires sur Téos montre la présence active du roi Séleucide et de ses armées dans la cité et en Asie Mineure Occidentale à partir de 203 avant notre Úre.
Sous le rĂšgne de Lysimaque, le gouvernement de la citĂ© de TĂ©os est confiĂ© Ă ArsinoĂ©. Câest un des rares exemples dâune fonction officielle (Ă©pistate, gouverneur) dans le royaume de Lysimaque que nous possĂ©dons.
Plus tard en 545, les Phocéens se réfugient à Téos pour fuir les Perses.
Religions
Les recherches ont montrĂ© quâil Ă©tait possible que des sanctuaires dĂ©diĂ©s aux cultes Ă mystĂšres furent prĂ©sents sur la chĂŽra de TĂ©os. On sait quâil y avait des confrĂ©ries consacrĂ©es Ă des divinitĂ©s Ă©trangĂšres : les thiases en lâhonneur de Simalion et dâAnaxipolis, la confrĂ©rie des Sabaziastai Ă lâĂ©poque hellĂ©nistique.
Ăconomie
Les revenus fiscaux de la citĂ© de TĂ©os sont trĂšs diversifiĂ©s : taxe sur les bĆufs de labour et les animaux de bĂąt, taxe sur les esclaves, taxe sur les moutons, taxe sur les ventes de bois, taxe sur les porcs, taxe sur lâentretien des mĂ©decins publics, taxe sur la vente des produits en laine milĂ©sienne, taxe sur la teinture pourpre, taxe sur les jardins et les ruches, rĂ©quisition pour les travaux publics et liturgies pour les habitants les plus riches.
Les citĂ©s se protĂšgent contre les pirates dont les attaques pouvaient ĂȘtre dĂ©vastatrices. Une inscription du IIIe siĂšcle de TĂ©os indique que les habitants ont dĂ» verser Ă des pirates leur argent et or, la vaisselle et les vĂȘtements prĂ©cieux.
Commerce
Selon Weber, le marchĂ© est lâaspect le plus important de lâĂ©conomie dâune ville. Les polis avaient une Ă©conomie de subsistance oĂč chacun produit pour sa propre consommation. Les populations venaient donc vendre leur surplus au marchĂ© contre dâautres marchandises. Les sources montrent que le blĂ© est une ressource vitale pour TĂ©os. Lorsque les polis ont besoin de sâapprovisionner, elles font appel aux produits Ă©trangers.
Le commerce des colonies bénéficie beaucoup à la cité de Téos.
Nous avons également des traces prouvant que Téos met en place des réglementations pour lutter contre les crises frumentaires.
Associations
Ă TĂ©os, aux Ă©poques hellĂ©nistique et impĂ©riale, on grave des couronnes offertes par les associations sur les monuments funĂ©raires (associations culturelles, groupes dâusagers du gymnase, collĂšge des magistrats âŠ). On observe donc la construction de stratĂ©gie de reconnaissance sociale, culturelle et politique ainsi quâune subdivision du corps civique Ă TĂ©os car certains groupes sont plus prisĂ©s que dâautres et concentrent donc le capital social et ont une place importante dans la vie civique. Les groupes de rĂ©fĂ©rences vont avoir des fonctions normatives et comparatives. Les valeurs, les normes, les conduites et le langage sert de critĂšres, de modĂšles et de rĂ©fĂ©rence aux individus membres pour leurs opinions et objectif personnels. Cela est un moyen de sâauto-Ă©valuer et dâĂ©valuer autrui.
Ă la fin du IIIe siĂšcle av. J.-C., on a une profusion et une grande visibilitĂ© des groupes et associations culturelles dans la citĂ© et ce, jusquâĂ lâĂ©poque impĂ©riale. Ă TĂ©os, beaucoup dâassociations sont dĂ©diĂ©es au culte de Dionysies Ă cause de la prĂ©sence dâun sanctuaire et de vignobles qui rendent la citĂ© cĂ©lĂšbre.
Ă lâĂ©poque hellĂ©nistique, TĂ©os avait des koinon culturels : la confrĂ©rie des Diastai qui sont des adorateurs de Zeus (ce qui est assez rare), ÎŁÎ±ÎŒÎżÎžÏαÎșÎčÎ±Ï ÏαÎč consacrĂ©e Ă Samothrace.
Il y a des traces des groupes dâusagers au gymnase de TĂ©os notamment pour les Ă©phĂšbes et les nĂ©oi durant la haute Ă©poque hellĂ©nistique. On retrouve Ă©galement le groupe des apalestroi « ceux qui sâabstiennent ou sont exclus de la palestre ».
En revanche, rien nâatteste lâexistence dâassociations professionnelles ou de voisinage Ă TĂ©os.
Archéologie
TĂ©os est une citĂ© antique riche en vestiges antiques (monument funĂ©raires, dĂ©crets, inscriptions âŠ). Y. BĂ©quinon et A. Laumonier explique que la ville est entourĂ©e de nĂ©cropole. Ă partir du IIe siĂšcle av. J.-C., on a une multiplication des grands monuments funĂ©raires Ă TĂ©os ce qui conduit Ă une surenchĂšre dâhonneurs funĂšbres.
Notes et références
- Histoire de la littérature grecque, Suzane Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Presses Universitaires de France, 2010.
Bibliographie
- Jeanne Robert, Louis Robert, « Une inscription grecque de TĂ©os en Ionie. Lâunion de TĂ©os et de Kyrbissos, Journal des Savants, 1976, 3, p. 153-235 Lire en ligne
- Guy Rachet, Dictionnaire de l'archéologie, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1060 p. (ISBN 978-2-221-07904-1), « Téos », p. 914
- Pierre Fröhlich et Christel MĂŒller, CitoyennetĂ© et participation Ă la basse Ă©poque hellĂ©nistique ; Droz ; 2005 ; Paris.
- C. GRANDJEAN, G. HOFFMANN, L. CAPDETREY, J-Y. CARREZ-MARATRAY ; Le Monde Hellénistique ; Armand Colin ; coll. « Histoire » ; 2017 ; Malakoff.
- G. SHIPLEY ; The Greek world after Alexander (323-30 BC) ; Routledge ; coll. « History of the Ancient World » ; 2001 ; New York.
- Pierre Devambez, Bas-relief de TĂ©os ; Librairie Adrien Maisonneuve ; coll. « BibliothĂšque archĂ©ologique et historique de lâinstitut Français dâarchĂ©ologie dâIstanbul » ; 1962 ; Paris.
- Pierre Fröhlich et Patrice Hamon, Groupe et associations dans les citĂ©s grecques (IIIe siĂšcle av. J.-C.â ModĂšle:SAP-) : Acte de la table ronde de Paris INHA du 19-20 Juin 2009 ; Droz ; coll. « Ăcole pratique des Hautes Ătudes Sciences Historique et Philosophique », « Hautes Ătudes du Monde GrĂ©co-Romain » ; 2013 ; GenĂšve.
- Ăric Guerber, Les citĂ©s grecques dans lâEmpire Romain : les privilĂšges et les titres des citĂ©s de lâOrient HellĂ©nophone dâOctave Auguste Ă DioclĂ©tien ; Presses universitaires de Rennes ; coll. « Histoire » ; 2009 ; Rennes.
- Mogens Herman Hansen, Polis : une introduction à la cité grecque ; Les Belles Lettres ; coll. « Histoire » ; 2008 ; New-York.
- Raoul Lonis, La cité dans le monde grec : structures, fonctionnement, contradiction ; Nathan ; coll. « Histoire » ; 1994 ; Tours.